• François Hollande répare les erreurs de la France au Sénégal. Il était accompagné par Jean-Marc Todeschini le nouveau secrétaire d'Etat aux Anciens Combattants

    http://www.lemonde.fr/afrique/article/2014/11/30/francois-hollande-repare-les-erreurs-de-la-france-au-senegal_4531635_3212.html

    Sur les hauteurs de Dakar, le petit cimetière catholique de Bel-Air a la mémoire longue. S'y déroule pas à pas, sous ses rangées d'acacias, l'histoire de la présence française au Sénégal, depuis la conquête (« Thomas Renault de Saint-Germain, gouverneur du Sénégal, mort le 18 octobre 1833 ») jusqu'à nos jours.

    Au milieu d'une multitude de tombes immaculées, l'une tranche par son marbre rouge : celle d'un illustre catholique dans un pays à grande majorité musulmane, le socialiste Léopold Sédar Senghor, qui fut, de 1960 à 1980, le premier président du Sénégal indépendant, mais aussi l'ami indéfectible de la France, au risque de s'aliéner le soutien de ses compatriotes.

    Lorsqu'il est mort le 20 décembre 2001 à Vernon, en Normandie, la France lui a rendu hommage, mais aucun haut personnage de l'Etat, ni le président, Jacques Chirac, ni le premier ministre, Lionel Jospin, ne s'était rendu, le 29 décembre, à ses obsèques à Dakar. Les Sénégalais en avaient été profondément blessés. « J'ai honte de la petitesse de la France », s'était écrié, en écho, Erik Orsenna, l'ex-plume de François Mitterrand.

    « RECONNAISSANCE ET GRATITUDE » 

    Treize années plus tard, François Hollande, en marge du sommet de la francophonie organisé dans la capitale sénégalaise les 29 et 30 novembre 2014, a réparé cette faute. Il s'est recueilli, samedi, devant la tombe de celui qui fut aussi prisonnier de guerre des Allemands entre 1940 et 1942, en tant que fantassin d'un régiment colonial, ministre du général de Gaulle, grammairien de la Constitution française et membre de l'Académie française.

    « Au nom de l'ensemble de mes prédécesseurs et du peuple français, il était important que je vienne dire ce que nous avons comme reconnaissance et gratitude à l'égard du président Senghor », a déclaré François Hollande, devant la famille du défunt et aux côtés du nouveau secrétaire d'Etat aux anciens combattants, Jean-Marc Todeschini, nommé à la suite de la démission de Kader Arif.

    « DÉCOMBRES DU COLONIALISME » 

    Le président a en outre rappelé que Senghor était l'un des quatre pères fondateurs de la francophonie (avec le Tunisien Habib Bourguiba, le Cambodgien Norodom Sihanouk et le Nigérien Hamani Diori) à la fin des années soixante, moment où la France ne « voulait pas continuer à peser sur le destin des peuples » et s'exposer au reproche de néocolonialisme. Senghor, lui, souhaitait une communauté d'Etats unis autour de la langue française, « ce merveilleux outil trouvé dans les décombres du colonialisme ».

    Le président français et son homologue sénégalais, Macky Sall, devaient, dimanche, inaugurer à Dakar un Musée Senghor, dans son ancienne résidence privée, dont les travaux de restauration ont été pris en charge par une entreprise française.

    Soucieux de «regarder notre histoire même quand elle n'est pas à notre gloire», François Hollande devait par ailleurs rendre hommage, dimanche, aux 70 tirailleurs sénégalais qui, après s'être battus avec leur régiment lors de l'offensive allemande de 1940 en France, avoir été faits prisonniers puis rapatriés au Sénégal à la fin de 1944, ont été tués par l'armée française parce qu'ils protestaient contre le non-versement de leurs arriérés de solde. Le Parlement français a attendu novembre 2006 avant de voter la revalorisation des pensions de tous les soldats des anciennes colonies.


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  • Inauguration d’une Esplanade Maurice Audin à Tremblay-en-France

    Inauguration d’une Esplanade Maurice Audin à Tremblay-en-France

    François Hollande à Alger en 2012 devant la plaque Maurice Audin

    Inauguration d’une Esplanade Maurice Audin à Tremblay-en-France

    Le quotidien Le Parisien l’avait annoncé

    « Inauguration d'une esplanade Maurice-Audin »

     http://www.leparisien.fr/espace-premium/seine-saint-denis-93/inauguration-d-une-esplanade-maurice-audin-29-11-2014-4330841.php 

    Une esplanade Maurice-Audin sera inaugurée ce matin samedi 29 novembre à 10 h 30, à l'angle du cours de la République et de l'avenue de la Paix à Tremblay. La cérémonie aura lieu en présence de Josette Audin, la veuve de ce jeune militant communiste disparu à Alger le 11 juin 1957. Des parachutistes français avaient fait irruption dans l'appartement qu'il occupait avec sa femme à Alger et ont emmené le jeune professeur de mathématiques, qui n'est jamais revenu. Les efforts incessants de Josette Audin pour connaître la vérité sur ce qui est arrivé à son mari sont restés vains.

    Inauguration d’une Esplanade Maurice Audin à Tremblay-en-France

    L’annonce de la Ville de Tremblay-en-France

    Inauguration d’une Esplanade Maurice Audin à Tremblay-en-France

    http://www.tremblay-en-france.fr/fr/actualite/article/lesplanade-maurice-audin.html

    La ville inaugurera la nouvelle esplanade Maurice Audin samedi 29 novembre 2014 à 10h30. Les Tremblaysiens sont invités à venir partager un moment convivial dans ce nouvel espace public, attrayant et fonctionnel.

    Accessible uniquement aux piétons et aux vélos, il tient aussi lieu de parvis aux commerces nouvellement installés à l’angle du cours de la République, au pied des 58 nouveaux logements aux façades colorées réalisés par la SCI Tremblay-République et le bailleur Vilogia.

    Le réaménagement du secteur s’est aussi accompagné de la modernisation de l’aire de jeux attenante. En donnant son nom à l’esplanade, la municipalité a souhaité rendre hommage à Maurice Audin (1932-1957), mathématicien et militant de la cause anticolonialiste, assassiné en Algérie.

    Une plaque sera dévoilée à cette occasion. L’inauguration de l’esplanade, l’installation des commerçants dans des locaux neufs et l’arrivée des premiers locataires dans le nouvel immeuble marquent la fin de la première étape du projet immobilier du cours de la République.

    Prochainement, la démolition du reste de l’ancienne galerie sera réalisée. Elle laissera la place à 50 nouveaux logements et à des commerces de proximité en rez-de-chaussée.

    Maurice Audin

    En pleine bataille d’Alger, Maurice Audin, brillant mathématicien de 25 ans, est arrêté à son domicile le 11 juin 1957 par les parachutistes. Assistant à la faculté d’Alger, il est engagé au côté du peuple algérien pour son indépendance. À compter de ce jour, sa famille n’aura plus aucune nouvelle de lui. Il n’a jamais été revu vivant.

    L'armée française, le gouvernement ont longtemps nié qu’il ait été tué pendant son interrogatoire. La version officielle, pour ne pas dire le mensonge, de son évasion supposée, soutenue depuis des décennies par les autorités françaises, dénie toute responsabilité de l’armée française.

    La vérité a depuis fait son chemin : Maurice Audin, militant communiste et anticolonialiste a été enlevé, torturé et assassiné par le 10e régiment de parachutistes de l’armée française.

    Depuis 57 ans, sa famille et notre pays subissent cet assassinat sans justice. La République doit reconnaître ce crime d’État. Comme l’affirme la Ligue des droits de l’Homme : « Ce n’est pas seulement une question d’histoire, c’est un enjeu civique ». C’est dans ces pages blanches de notre histoire que se terre les racines du racisme.

    En rendant hommage à Maurice Audin,Tremblay apporte sa pierre pour que toute la lumière soit faite sur cette guerre qui n’osait dire son nom.

    Inauguration d’une Esplanade Maurice Audin à Tremblay-en-France

       Sur le site d’Henri Pouillot nous relevons ceci :

    Inauguration d’une Esplanade Maurice Audin à Tremblay-en-France

    http://www.henri-pouillot.fr/spip.php?article459&lang=fr

    Le samedi 30 novembre 2014 Monsieur le Maire de Tremblay en France, François ASENSI, a inauguré une "Esplanade Maurice AUDIN", en plein centre de la Ville, en présence de Josette AUDIN et de son fils Pierre.

    Allocution de Monsieur le Maire :

    Inauguration de l’Esplanade Maurice Audin : 29 novembre 2014 

    C’est pour moi une grande satisfaction que Tremblay donne à un lieu central de la ville le nom de Maurice Audin. Brillant mathématicien, il est assassiné par les parachutistes français en 1957, à 25 ans, parce qu’il était engagé aux côtés du peuple algérien pour conquérir l’indépendance de leur pays.

    Le 11 juin 1957, la bataille d’Alger lancée par les autorités françaises pour éradiquer la résistance algérienne bat son plein. Les parachutistes de l’armée française font irruption chez Maurice Audin, à la pointe Pescale, en bord de mer, à 11 heures du soir. Maurice Audin est emmené manu militari et son appartement transformé en souricière. Sa femme, Josette, est séquestrée avec leurs trois jeunes enfants Michèle, une fillette de trois ans, Pierre dix-huit mois et Louis né un mois plus tôt.

    Le lendemain, le journaliste et écrivain, directeur du journal Alger Républicain, Henri Alleg, passe pour prévenir Maurice Audin des vagues d’arrestation en cours. Il tombe dans le piège et est arrêté au domicile des Audin. Il est conduit au sinistre centre de torture des paras de Massu, dans l’immeuble d’El-Biar. Henri Alleg témoignera de la torture pratiquée par l’armée avec la bénédiction des autorités françaises, dont lui-même est victime un mois durant. Son livre La Question, paru aux éditions de Minuit en 1958, fait découvrir aux Français les pratiques terribles des militaires en Algérie : « J’entendais hurler, écrit-il, j’entendais les cris des hommes et des femmes pendant des nuits entières, c’est cela qui est resté dans ma mémoire ». En arrivant à la villa, Henri Alleg croise Maurice Audin qui vient d’être torturé. « C’est dur Henri ». C’est tout ce qu’a la force de dire Maurice Audin, un vague sourire aux lèvres. Henri Alleg sera le dernier ami à le voir.

    Sa famille n’aura plus jamais aucune nouvelle de lui. Il n’a pas été revu vivant après que Henri Alleg l’ait croisé au centre de torture d’El-Biar, le lendemain de son arrestation.

    Sa femme Josette ne pourra jamais croire la thèse officielle qu’on lui sert le 1er juillet 1957 selon laquelle son mari se serait évadé le 21 juin lors d’un transfert pour interrogatoire. Elle dépose plainte contre X pour homicide le 4 juillet 1957.

    Je veux saluer ici le courage, la combativité, la persévérance de Mme Josette Audin qui nous fait l’amitié d’être à nos côtés aujourd’hui. Elle ne cessera d’exiger de la justice, des autorités françaises, de l’armée et même des présidents de la République, la vérité sur la disparition de Maurice Audin. En février dernier encore, elle écrivait au président de la République, François Hollande, pour demander justice pour son mari mais au-delà pour que l’État français condamne la pratique de la torture.

    En 1957, nombre de journalistes, d’historiens, d’intellectuels sont, eux aussi, convaincus que Maurice Audin a été assassiné. Le jeune historien Pierre Vidal-Naquet, qui deviendra le grand spécialiste de la Grèce ancienne que l’on sait, mène une enquête minutieuse. Son livre, L’affaire Audin, qui défend la thèse de la mort de Maurice Audin sous la torture le 21 juin 1957, est publié en mai 1958.Dès le mois d’août 1957, des journaux comme Le Monde et L’Humanité publient des articles sur la disparition de Maurice Audin. Le premier comité Audin se constitue en novembre 1957.

    Près de 60 ans plus tard, le sinistre général Aussaresses, coordonnateur des services de renseignement pendant la bataille d’Alger, avoue, dans un livre publié après son décès, au début de 2014, qu’il aurait organisé l’exécution de Maurice Audin sur ordre de son supérieur, le général Massu. La parole d’Aussaresses est certes douteuse. En 2000 répondant à une question d’un journaliste du Monde, il avouait avoir pratiqué la torture et les exécutions sommaires en Algérie « sans remords ni regrets ». Ses déclarations confirment cependant ce que beaucoup savaient déjà : Maurice Audin a bien été assassiné.

    Malgré le maintien du secret-défense, malgré des archives militaires probablement nettoyées, la vérité fait lentement son chemin. Il n’y a aujourd’hui plus de place au doute : Maurice Audin, militant communiste et anticolonialiste a été enlevé, torturé et assassiné par le 10e régiment de parachutistes de l’armée française.
    Pourquoi ce jeune homme lumineux, passionné de mathématiques, père de trois enfants en bas âge, confiant dans l’avenir, qui aimait l’Algérie et son peuple, a-t-il payé si cher ses engagements ?

    Maurice Audin est né le 14 février 1932 à Béja, en Tunisie. Son père était gendarme, d’abord affecté en Tunisie, puis à Bayonne et Toulouse et enfin à Alger.
    En 1948, Maurice Audin renonce à une carrière militaire pour se lancer dans les mathématiques. Il obtient sa licence en juin 1953 et son Diplôme d’études supérieures en juillet. En février 1953, il devient assistant à la faculté d’Alger. Parallèlement, il prépare une thèse de doctorat sur les « équations linéaires dans un espace vectoriel ». Doctorat qu’il obtiendra, in absentia, et on le sait aujourd’hui, post mortem, dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne, en décembre 1957, avec la mention « très honorable » et les félicitations du grand mathématicien, Laurent Schwartz.

    Maurice Audin adhère au Parti communiste algérien en 1951 et rencontre régulièrement l’UGEMA (Union Générale des Etudiants Musulmans Algériens).
    En janvier 1953, il épouse Josette, enseignante dans un lycée d’Alger, avec qui il aura trois enfants. Michèle, leur fille, devient elle aussi mathématicienne. Elle est professeur à l’Institut de recherche de mathématique avancée (IRMA) de Strasbourg. Le 1er janvier 2009, elle a refusé la Légion d’honneur. Le président de la République, Nicolas Sarkozy, n’avait toujours pas donné suite à la lettre de sa mère, expédiée deux ans plus tôt, à propos de la disparition de son père.

    Maurice et Josette sont très jeunes en 1957. Ils font partie de ces Français pour lesquels l’indépendance de l’Algérie va de soi. Résolument anticolonialistes, ils soutiennent la lutte de libération nationale des Algériens. Ils sont peu nombreux dans ce cas et souvent montrés du doigt. La famille Audin participe à certaines opérations pour soutenir les Algériens. Ils hébergent notamment des dirigeants communistes de l’époque.

    Pour l’armée, ils ne sont que des « traitres ». L’armée française pratique la torture à grande échelle avec l’accord tacite des gouvernements successifs. Entre janvier et septembre 1957, 3 024 personnes arrêtées par les parachutistes ont « disparu ». Parmi eux une grande majorité d’Algériens.

    Pourtant la version officielle, pour ne pas dire le mensonge, de l’évasion supposée de Maurice Audin, soutenue depuis des décennies par les autorités françaises, dénie toute responsabilité de l’État-major militaire.

    Depuis 57 ans, sa famille et notre pays subissent cet assassinat sans justice. La République doit reconnaître ce crime d’État. Elle doit faire toute la lumière sur les responsabilités des plus hautes autorités militaires et politiques qui ont couvert, à l’époque, cet assassinat et les atrocités, au premier rang desquelles la torture.
    Josette et ses enfants ne renonceront jamais à leur quête de vérité. François Hollande a accédé à leur demande de consulter les archives, mais bien sûr ces documents ne contiennent rien d’intéressant. Ils reprennent la thèse officielle de l’évasion. A l’occasion de sa visite officielle en Algérie en décembre 2012, François Hollande a d’ailleurs rendu hommage à Maurice Audin sur la place d’Alger qui porte son nom. À l’occasion de la remise du prix de mathématiques Maurice Audin, en juin dernier – prix qui récompense tous les deux ans un mathématicien français et un mathématicien algérien –, il a envoyé un message dans lequel il reconnaissait : « Maurice Audin ne s’est pas évadé. Il est mort durant sa détention ». Des premiers pas qui méritent d’être prolongés.
    Dans sa dernière lettre au président de la République, en février dernier, Mme Audin demande qu’on « ne laisse pas perdurer la toujours officielle version de l’évasion ». Mais elle va plus loin que la recherche de la vérité sur l’assassinat de son mari. « La question qui reste, la seule qui importe, celle que je veux vous poser, c’est celle de la reconnaissance – ou non - par l’État de la responsabilité de l’État de l’époque dans la disparition, c’est-à-dire dans l’arrestation, la torture et l’exécution de Maurice Audin. Mais c’est aussi celle de la condamnation de la torture et des exécutions sommaires commandées par les gouvernements successifs de la France pendant la guerre d’Algérie. »

    Pour elle, il est temps que la France regarde son passé en face si elle veut enfin tourner la page de la guerre d’Algérie. Je la soutiens totalement.

    La reconnaissance de ce crime d’État, et de tous les autres, la condamnation de la torture et des violations des droits de l’Homme par l’armée française en Algérie, la compréhension de l’enchaînement des décisions qui ont permis que se déploient à Alger un tel arbitraire et une telle violence, le rôle des gouvernements présidés par le socialiste Guy Mollet puis par le radical-socialiste Maurice Bourgès-Maunoury doivent être dévoilés.

    Nous devons la vérité à Josette Audin, à ses enfants qui l’attendent depuis 57ans.
    Nous devons la vérité aux Algériens. Maurice Audin a payé de sa vie le combat pour leur indépendance.

    Nous devons la vérité au peuple français. Aucune démocratie ne peut se satisfaire du silence sur de si sombres pages de son histoire.

    Comme l’affirme la Ligue des droits de l’Homme : « Ce n’est pas seulement une question d’histoire, c’est un enjeu civique ». J’en suis convaincu ; c’est aussi dans ces pages blanches de notre histoire que se terrent les racines du racisme.

    La France a su reconnaître ses torts en d’autres circonstances comme pour l’affaire Dreyfus, les fusillés pour l’exemple de 1914-18 ou la déportation des juifs pendant la seconde guerre mondiale, elle doit le faire pour la Guerre d’Algérie.

    Bien sûr, ce n’est pas facile. Les blessures laissées par cette guerre sont profondes et vives encore. Lorsque je posais la question écrite pour la reconnaissance du crime d’État de Maurice Audin, à l’Assemblée nationale, en janvier dernier, un député UMP, dont je préfère taire le nom, lançait l’épithète « un traitre » pendant mon intervention.
    Il ne faut rien lâcher. Il faut regarder l’histoire en face, avec lucidité. C’est pour moi un combat d’autant plus important que la guerre d’Algérie est à la base de mon engagement militant. L’anticolonialisme, l’internationalisme sont des valeurs que je me suis forgé, en grande partie, dans cette lutte pour l’indépendance de l’Algérie.
    Robert Badinter suggérait en 2001 de mettre en place une « commission vérité » composée de personnalités indépendantes, de magistrats et d’historiens chargés « d’établir en toute clarté… la vérité sur les crimes commis par les forces de l’ordre pendant la guerre d’Algérie ». Je crois que cette solution est sage et pertinente.
    Travailler lucidement, sans a priori, sur cette période de notre histoire est une des conditions pour fonder de nouvelles fraternités des deux côtés de la Méditerranée.
    Tremblay en rendant hommage à Maurice Audin apporte sa pierre pour que toute la lumière soit faite sur cette guerre qui n’osait dire son nom.

    Cette inauguration est un moment de forte émotion, mais aussi de valorisation de la force de l’engagement.

    Maurice Audin était un militant dont les valeurs sont aujourd’hui reconnues comme pertinentes. Son engagement ne doit pas être oublié.

    En donnant à cette belle esplanade le nom de Maurice Audin, je souhaite adresser un message d’espérance pour que la fraternité, l’amitié et la coopération à égalité rassemblent le peuple français et le peuple algérien.

    Je terminerai en citant quelques vers du poète Jean Perret :
    "Maurice Audin j’écris ton nom
    Je porte ton nom dans ma colère
    Sur mon coeur et ma raison
    Ma femme porte ton nom
    Mes enfants portent ton nom."

    Cet extrait est tiré de la revue Action poétique qui, en 1961, consacrait un numéro spécial d’hommage à Maurice Audin.

    Jean-Paul Guedj vous en lira d’autres dans quelques instants. Merci à lui. J’en profite pour remercier aussi le plasticien Ernest Pignon-Ernest qui nous a autorisés à utiliser une photo du portrait en pied de Maurice Audin. Ce portrait a été affiché dans les rues d’Alger en 2003 pour rendre hommage à Maurice Audin.

    Un commentaire envoyé par Le canari_de_Retour depuis Alger

    Inauguration d’une Esplanade Maurice Audin à Tremblay-en-France

     

     
    Le canari_de_retour

     

    Très ému à la lecture du message de Mr.Le maire de Tremblay et il y a un passage qui m'a ramené à l'année 1965 durant laquelle j'eus comme Professeur Mme Audin au Lycée El-Idrissi à l'ex-Champ de manoeuvre Alger.

    Une femme sublime qui m'a profondément marqué . Je la soutiens de toutes mes forces pour son acharnement jusqu'à localiser l'endroit où son époux a été enterré.

    Maurice Audin a été assassiné parce qu'il dérangeait. Son sang a arrosé cette noble terre , terre d'histoire et de bravoure. Son sang s'est mêlé au sang de ses frères PN et Algériens. La devise de tout ce beau monde se résumait par : Liberté , j'écris ton nom.

    • J'ajoute que dernièrement un groupe de pèlerins pieds Noirs a mémorisé leur passage à Alger avec une photo en groupe sur la place Maurice Audin tout près du tunnel des facs à Alger.
    • Mes tentatives d'annexer la photo ont été vaines. Je l'envoie par mail.

     


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  • Anciens d’Algérie : le voyage pour guérir la mémoire, organisé par la FNACA et son président Guy Darmanin

    La Casbah d’Alger, 1954-2014 : une guerre commence, une mémoire reste à vif. Photo AFP

    http://www.ledauphine.com/france-monde/2014/10/31/anciens-d-algerie-le-voyage-pour-guerir-la-memoire

    De 1954 à 1962, la guerre d’Algérie a traumatisé toute une génération. Pourtant, pour pacifier le souvenir, des anciens combattants souhaitent maintenant revenir dans un pays qui, disent-ils, a gâché leur jeunesse.

    Anciens d’Algérie : le voyage pour guérir la mémoire, organisé par la FNACA et son président Guy Darmanin

    Guy Darmanin président national de la FNACA

    Il y a déjà de nombreuses pré-inscriptions pour notre croisière »… Guy Darmanin, le président de la Fédération nationale des anciens combattants d’Algérie (FNACA), a planifié des arrêts dans tous les ports algériens où, entre 1954 et 1962, débarquèrent en renfort des militaires de carrière plus d’un million de jeunes Français nés dans les années 1930-1941. Oran, Alger, Bejaïa, Skikda, Annaba…

    Au printemps 2016, si la situation politique le permet, la FNACA projette d’organiser un voyage le long des côtes algériennes. Durant dix jours, à bord d’un navire, de nombreux souvenirs vont se bousculer dans les têtes des anciens appelés du contingent. Car la mémoire est toujours vive. Sensible. « À l’été 1960, à bord du bateau ‘‘Ville d’Alger’’, je débarque à Oran. Je me rappelle très bien cette inscription géante sur la jetée ‘‘Ici, c’est la France’’. Moi, j’avais peur. J’espérais surtout rentrer vivant », se souvient Jean-Claude, 75 ans, qui durant un an a servi dans un bataillon du génie à Mecheria du côté de la frontière marocaine.

    Anciens d’Algérie : le voyage pour guérir la mémoire, organisé par la FNACA et son président Guy Darmanin

    Jeunesses gâchées

    « C’est une sorte de tourisme de la mémoire », résume Guy Darmanin qui profitera de la croisière pour montrer à son épouse le pays d’où ses nombreuses lettres ont été envoyées entre juin 1961 et la fin de la guerre.

    Le voyage pourrait également servir à refermer — définitivement ? — quelques cicatrices. « Croisière thérapeutique ? C’est fort… Mais pourquoi pas. On peut parler de jeunesse gâchée. Nos plus belles années ont été gaspillées. Cela nous permettra, encore, de parler entre nous, de faire sortir des choses », imagine Guy Darmanin. « Nous portons encore aujourd’hui des traumatismes. Nous avions 20 ans. Nous étions déracinés, paumés… Deux ans là-bas, cela laisse des traces. Il y avait la guerre évidemment, mais aussi d’autres chocs. Je découvre la mer pour la première fois. Je n’ai jamais vu de cigognes. En mars 1960, je quitte la France en plein hiver pour me retrouver dans un pays inondé de soleil. Il y a aussi une culture, des odeurs, une religion, une langue, qui me sont inconnues. Et pourtant, on me dit que je suis en France », se rappelle Serge Drouot, secrétaire national de la FNACA.

    Peu d’anciens combattants sont finalement revenus sur place. « En 1966 et 1971, j’ai fait deux visites à mes beaux-parents à Alger. La guerre n’était pas terminée depuis très longtemps, j’avais été militaire, mais j’ai toujours été bien reçu. Très courtoisement », se rappelle Serge Drouot.

    Adversaires d’hier

    En octobre 2010, une autre délégation de la FNACA, plus officielle celle-ci, avait débarqué à Alger. Accompagnant le secrétaire d’État aux anciens combattants Jean-Marie Bockel, elle avait tissé des liens avec la Fondation mémoire de la Wilaya 4 (la préfecture d’Oum El Bouaghi, au sud de Constantine, N.D.L.R.). Les adversaires d’hier avaient ouvert des relations pour tourner la page de la guerre. « Et chercher à écrire une histoire commune en croisant nos deux mémoires. Il s’agissait de constituer l’histoire réelle de la guerre d’Algérie », explique Guy Darmanin. Durant ces échanges, des sujets sensibles avaient été évoqués des deux côtés. « On a ainsi parlé des 20 jeunes soldats du 1er Groupe de Compagnies Nomades d’Algérie enlevés le 1er novembre 1956, dans la région des Abdellys vers la frontière marocaine, et dont les familles réclament toujours les corps », rappelle Serge Drouot. Reste que depuis 2010, les contacts ont été limités, surtout en raison des difficiles relations diplomatiques entre la France et l’Algérie. Si ce n’est plus la tempête sur la Méditerranée, la mer n’est toujours pas calme.

    Par Patrice BARRÈRE  

     


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  • Rosey (Saône-et-Loire)

    19-Mars-1962 : une plaque commémorative

    NON AU 5 DECEMBRE : Sur la route des 8000 lieux et liens du 19-Mars-1962, aujourd’hui à Rosey (Saône-et-Loire)

    Jean-Paul Emorine au micro avec devant lui, des élus très nombreux.

     Photo H. F. (CLP)

    Après Saint-Germain-les-Buxy, c’est Rosey qui recevait, samedi, de nombreux élus des communes voisines et anciens combattants, dont dix porte-drapeaux.

    Du sénateur Jean-Paul Emorine aux deux conseillers généraux, D. Lanoiselet et P. Voarick en passant par le président local de la FNACA, A. Montangerand, tous ont évoqué avec respect et émotion cette période de la guerre d’Algérie, immortalisée dans le village par une plaque posée au pied du monument aux morts. Puis M. Emorine est revenu sur la date du 19-Mars-1962 : « C'est ma conviction que cette date est celle qu’il fallait au-delà de toutes considérations politiques ».

    P.Voarick a constaté que « le devoir de mémoire touchait la jeunesse ».

    Après la pose de la plaque, une gerbe a été déposée. La cérémonie s’est terminée par le partage du verre de l’amitié.

    NON AU 5 DECEMBRE : Sur la route des 8000 lieux et liens du 19-Mars-1962, aujourd’hui à Rosey (Saône-et-Loire)

    Nous rappelons que Jean-Paul Emorine fait partie des 6 sénateurs UMP qui ont approuvé la proposition de loi du 6 décembre 2012.

    RAPPEL DES VOTES UMP (131)

    NON AU 5 DECEMBRE : Sur la route des 8000 lieux et liens du 19-Mars-1962, aujourd’hui à Rosey (Saône-et-Loire)



    Pour : 6 - MM. Alain Chatillon, Jean-Paul Emorine, Alain Fouché, Alain Houpert, Bernard Saugey, Jean-Pierre Vial
    Contre : 120
    Abstentions : 2 - MM. Gérard César, Bernard Fournier
    N'ont pas pris part au vote : 3 - M. Jean-Pierre Raffarin, Président de séance, MM. Gérard Bailly, Jean-Claude Lenoir
     

     


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  • Une réalisation du Collège André Malraux de Paron (Yonne-Bourgogne) les deux vidéos de cet article pour expliquer la guerre d’Algérie *** Elles sont reprises par d'autres collèges et lycées

    Les 3èmes et leurs professeurs du collège Paron, près de Sens

      La guerre d’Algérie 

    Le contexte et les principaux évènements politiques qui ont déclenché et mis fin à la Guerre d’indépendance de l’Algérie. (13mn49s)

    Une réalisation du Collège André Malraux de Paron ; projet Réalisons l'Europe. L'Europe et le colonialisme, chapitre 8, La Guerre d'Algérie rend compte du contexte et des principaux évènements politiques qui ont déclenché et mis fin à la Guerre d'indépendance de l'Algérie. Il précède le chapitre 9 sur les conséquences de la Guerre d'Algérie.

     

    Un terrible bilan algérien

    Bilan des morts pendant la Guerre. Cicatrices de la Guerre d’Algérie. (10mn50s)

    L'Europe et le colonialisme chapitre 9 et suite du chapitre 8 sur la Guerre d'Algérie. Bilan des morts pendant la Guerre. Cicatrices de la Guerre d'Algérie. Massacre et oubli des Harkis. Exil des Pieds-noirs.

    Une réalisation du Collège André Malraux de Paron (Yonne-Bourgogne) les deux vidéos de cet article pour expliquer la guerre d’Algérie *** Elles sont reprises par d'autres collèges et lycées

    LE PARDON POUR LES GENERAUX OAS... LA GAUCHE AUSSI !!! RAPPELONS-NOUS QU'EN POLITIQUE... TOUT EST POSSIBLE !!!

    Amnisties / Amnésie : Lorsque l’extrême droite... puis le général Salan ont appelé à voter : François Mitterrand… 

    "La levée des sanctions à l’égard de responsables d’atrocités commises pendant la guerre d’Algérie interdit de vider l’abcès, puisqu’il y a effacement des repères qui distinguent entre ce qui est crime et ce qui ne l’est pas. Les simples exécutants ne seront jamais déchargés d’une partie de leur culpabilité, ou de leur honte. Les responsables, jamais identifiés. Les Français ne feront donc jamais ce que les Américains ont fait pour le Vietnam : juger leurs criminels de guerre. Et, bien vite, cette loi de 1982 qui avait pour justification le pardon commencera, d’abord, par réveiller l’ardeur des nostalgiques de l’OAS. Les leaders d’une extrême droite à 0,8 % des voix, au moment de l’élection présidentielle de 1981, “réintègrent” la vie politique."

    Benjamin Stora 

    A partir de la fin de la guerre d’Algérie, les autorités françaises ont promulgué toute une succession d’amnisties et de grâces. 

    Ce furent d’abord les décrets promulgués lors des accords d’Évian (les 20 mars et 14 avril 1962) qui effaçaient à la fois les "infractions commises avant le 20 mars 1962 en vue de participer ou d’apporter une aide directe ou indirecte à l’insurrection algérienne", et celles "commises dans le cadre des opérations de maintien de l’ordre dirigées contre l’insurrection algérienne". Puis vinrent quatre lois successives. La première, du 17 décembre 1964, concernait les "événements" d’Algérie et fut suivie, le 21 décembre, d’une grâce présidentielle pour 173 anciens membres de l’OAS. Celle du 17 juin 1966 amnistiait les "infractions contre la sûreté de l’État ou commises en relation avec les événements d’Algérie". Vint ensuite, en pleine crise de Mai 68 et liée directement à elle, la grâce du 7 juin 68 concernant, cette fois, tous les membres de l’OAS qui étaient encore détenus ; elle fut suivie de la loi du 24 juillet effaçant toutes les infractions liées aux "événements" y compris celles "commises par des militaires servant en Algérie pendant la période". Cette loi, malgré le dépôt d’un amendement socialiste allant dans ce sens, ne stipulait pas encore la réintégration des intéressés dans leurs fonctions civiles ou militaires ni dans leurs droits à porter leurs décorations.

    Ce fut chose faite après l’arrivée de la gauche au pouvoir. Déjà, en 1965, l’extrême droite proche de l’OAS avait été appelée à se rallier à la candidature de François Mitterrand ; l’année suivante, un projet de loi déposé par Guy Mollet, Gaston Deferre et le même François Mitterrand avait proposé le rétablissement des condamnés de l’OAS dans leurs grades et leurs fonctions ; et, en 1972, le programme commun de la gauche ne comportait aucune référence ou allusion aux suites de la guerre d’Algérie ni à la lutte pour la décolonisation. Avant les élections présidentielles de 1981, des négociations menées par des proches du candidat François Mitterrand aboutirent à l’appel du général Salan à voter Mitterrand et, entre les deux tours, à celui de l’organisation de rapatriés le RECOURS à "sanctionner" Valéry Giscard d’Estaing. C’est donc bien dans la ligne de cette politique que fut votée le 3 décembre 1982 la dernière des lois d’amnistie réintégrant dans l’armée les officiers généraux putschistes et permettant même les "révisions de carrière" nécessaires à la perception de l’intégralité de leurs retraites. Cela, au nom de l’argument formulé par François Mitterrand : "Il appartient à la nation de pardonner.

    D’après Gilles Manceron et Hassan Remaoun 

     
    Pardon pour généraux OAS par ina


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  • La Ligue des Droits de l'Homme de Toulon communique : Guerre d’Algérie : la justice française étend l’accès aux pensions d’invalidité

    SOURCE :

    http://ldh-toulon.net/Guerre-d-Algerie-la-justice.html

     

    La Ligue des Droits de l'Homme de Toulon communique : Guerre d’Algérie : la justice française étend l’accès aux pensions d’invalidité

    Guerre d’Algérie : la justice française étend l’accès

    aux pensions d’invalidité 


    La justice française a jugé, pour la première fois, que les victimes civiles de violences pendant la guerre d’Algérie pouvaient prétendre à une pension qu’elles aient été françaises ou algériennes à la date du 31 juillet 1963. Jusqu’à présent, il fallait être de nationalité française au moment de la promulgation de cette loi du 31 juillet 1963 pour pouvoir bénéficier d’une pension d’invalidité en tant que victime civile d’un attentat ou de violences pendant la guerre d’Algérie (1954-1962).

    "La différence de situation instaurée par cette loi entre des victimes civiles de nationalité française ou algérienne ne justifie par une différence de traitement au regard de l’objet des pensions", écrit la cour d’appel de Toulouse dans un arrêt rendu le 19 novembre dernier. Dans son arrêt, la cour régionale des pensions militaires de Toulouse conclut qu’un homme aujourd’hui âgé de 71 ans, blessé par balle en 1960 dans la ville de Mostaganem à l’âge de 17 ans, est "en droit de réclamer une pension", en application de la loi du 31 juillet 1963, même s’il n’a obtenu la nationalité française qu’en 2005.

    Il est encore trop tôt pour évaluer l’étendue des conséquences de cette décision. Le ministère de la Défense peut se pourvoir en cassation contre cette décision.

    La Ligue des Droits de l'Homme de Toulon communique : Guerre d’Algérie : la justice française étend l’accès aux pensions d’invalidité 

    Une décision de la justice française : Des pensions pour les « civils algériens » victimes de violence

    par Yazid Alilat, Le Quotidien d’Oran, le 23 novembre 2014

    Un pas important pour l’indemnisation des Algériens victimes de répression durant la guerre de libération nationale a été franchi par une cour d’appel française. Dans un arrêt qui fera date et nourrira bien entendu un vif débat en France, la cour régionale des pensions militaires de Toulouse a donné raison à un plaignant d’origine algérienne qui a demandé en 2010 à être indemnisé après avoir été blessé par balle en 1960 à Mostaganem alors qu’il avait 17 ans. La cour avait conclu donc que cet homme, dont le nom n’a pas été divulgué, âgé aujourd’hui de 71 ans, est « en droit de réclamer une pension » en application de la loi du 31 juillet 1963, même s’il n’a obtenu la nationalité française qu’en 2005.

    « Cette décision fait jurisprudence car c’est la première fois qu’une cour d’appel reconnaît que des personnes ayant été victimes civiles d’attentats ou de violences pendant la guerre d’Algérie peuvent bénéficier d’une pension, qu’elles soient françaises ou algériennes », a expliqué l’avocate du requérant, Me Jennifer Cambla. En fait, la cour régionale des pensions militaires a considéré que les dispositions de la loi de 1963 qui réservaient le versement d’une pension aux seules victimes civiles de nationalité française durant la guerre de libération nationale étaient « incompatibles avec la Convention européenne des droits de l’homme » qui exclut notamment toute différence de traitement en raison de l’origine nationale de la personne.

    En clair, le jugement de la cour de Toulouse offre la possibilité pour toute personne, qu’elle soit algérienne en française à la date du 31 juillet 1963, de prétendre à une pension d’invalidité en tant que victime d’un attentat ou de violences durant la guerre de libération nationale. Car jusqu’à présent, n’était concerné que celui ou celle de nationalité française au moment de la promulgation de cette loi du 31 juillet 1963 pour pouvoir bénéficier d’une pension d’invalidité en tant que victime civile d’un attentat ou de violences pendant la guerre de libération nationale (1954-1962). « La différence de situation instaurée par cette loi entre des victimes civiles de nationalité française ou algérienne ne justifie pas une différence de traitement au regard de l’objet des pensions », écrit la cour d’appel de Toulouse dans un arrêt rendu mercredi. Car en l’espèce, la cour d’appel de Toulouse a tout simplement réformé le jugement prononcé en 2012 par le tribunal départemental des pensions militaires qui avait rejeté le recours du plaignant, qui était de nationalité algérienne au moment des faits. Cette même cour d’appel de Toulouse a donné raison à la victime, estimant qu’elle était bien « en droit de réclamer une pension ». Cet ancien Mostaganémois, qui vit en France depuis 1963, avait demandé en 2010 à bénéficier de cette pension d’invalidité, versée par le ministère français de la Défense.

    « Il est encore tôt » pour mesurer les retombées de cette mesure, estime l’avocate de la victime, ajoutant qu’ « il est difficile d’évaluer l’étendue des conséquences de cette décision ». Pour autant, elle tempère ses propos en relevant que cette décision ne va bénéficier qu’aux seules victimes de violences durant la guerre de libération nationale, algériennes et françaises, qui résidaient sur le territoire français. Car cela va éliminer de facto les centaines de milliers de victimes algériennes ne résidant pas en France, mais victimes des militaires et groupes paramilitaires français, dont l’organisation fasciste de l’OAS qui a assassiné, torturé et mutilé des milliers d’Algériens et d’Algériennes entre février 1961 à 1962.

    En France comme en Algérie. Les victimes algériennes de la violence des forces armées françaises durant la guerre de libération nationale sont nombreuses, la justice française ira-t-elle jusqu’à reconnaître les exactions de son armée en Algérie ? Peu évident, d’autant que le ministère français de la Défense qui assure le paiement des pensions aux victimes françaises de la violence armée entre 1954 et 1962, peut se pourvoir en cassation contre cette décision, qui constitue « une avancée dans la reconnaissance de la France des victimes algériennes de violence ». Ces dernières peuvent désormais prétendre à une pension, qu’elles aient été françaises ou algériennes à la date du 31 juillet 1963.

     

     


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  • « On ne sort pas indemne de 132 ans de colonialisme »

    http://www.bondyblog.fr/201110181349/%C2%AB-on-ne-sort-pas-indemne-de-132-ans-de-colonialisme-%C2%BB/#.VHOSQ2cyj0c

    Le premier livre de cette journaliste de 32 ans d’origine algérienne, diplômée en Littérature et Communication politique, née en Seine-Saint-Denis et qui a poussé dans un quartier populaire du Val d’Oise, n’a rien d’historique ou de scientifique. Il raconte des instantanés de vie, des histoires qu’elle a fait remonter à la surface et dont les héros ordinaires appartiennent, entre autres, à son entourage. En acceptant de lui confier leur mémoire et leurs souvenirs de jeunesse, ces anonymes ressuscitent une période belle et bien historique, elle, pour l’Algérie et la France : « Les événements ». Une guerre parfois fratricide qui ne disait pas son nom.

    « La liberté est une mariée dont la dot est le sang » écrit Nadia Henni-Moulaï après la série de noms, réceptacles de ses remerciements qui inaugure son récit. Ses témoins, principalement issus de villages ruraux de Kabylie ne le savent que trop bien. Qu’ils fussent jeunes mariés, adolescents ou enfants entre 1954 et 1962, tous sont encore hantés par les horreurs de la guerre. Houria, la petite fille alors âgée de 8 ans qui reste marquée à vie par ce fellaga égorgé, « son cadavre qui la fixait du regard », exhibé sur la place du village avec 20 autres corps pour décourager les nouveaux soutiens au FLN (Front de Libération Nationale).

    Sans pathos, avec un style sobre mais spontané qui en fait un ouvrage populaire accessible à tous, Nadia Henni-Moulaï nous restitue le plus fidèlement possible ces tranches de vies, la plupart brisées par les affres d’un conflit meurtrier. Un frère, un voisin, une fille : tous les personnages, à quelques exceptions près, ont perdu ou vu périr un proche sous leurs yeux.

    « On ne sort pas indemne de 132 ans de colonialisme »

    Pour Fatma et Rachida, ce sera leur chien qui sera victime de la guerre. Les fillettes doivent pendre de leurs propres mains leur fidèle compagnon pour éviter les représailles du FLN. Les aboiements du berger allemand permettent aux troupes françaises de repérer les maquisards qui rentrent au village se ravitailler pendant la nuit. Et puis il y a Zohra, élevant seule ses 3 enfants pendant que son homme, combattant du FLN, croupit en prison. Elle salit ses cheveux volontairement, porte des haillons et noircit ses joues au charbon pour avoir l’air miséreux, sale et repoussant. Stratégie qui s’avère payante pour éviter viol ou agression sexuelle dont sont parfois victimes les villageoises.

    Avec des descriptions de la vie quotidienne et des anecdotes comme celles du chien pendu, Portraits croisés nous fait pénétrer dans l’intimité de la guerre d’Algérie, au cœur de chaumières kabyles où s’organisait la résistance. Du rôle déterminant des femmes (parfois de toutes jeunes filles) qui assuraient la logistique à la peur de la trahison d’un voisin, parfois même d’un membre de la famille devenu harki, le livre permet de revivre, aux côtés de ces témoins, cette période douloureuse. Et si le contingent français représentait une menace pour la population, c’était bien les harkis, « ces indigènes » qui avaient choisi de se battre pour la France, qui les terrorisaient le plus.  Avec leurs indications, eux qui connaissaient parfaitement les montagnes et ses habitants, les arrestations et les représailles étaient facilitées pour les troupes venues de métropole.

     « Tous sont marqués. Une des personnes interviewées, encore maintenant, ne supporte pas les bruits d’hélicoptères. Elle flippe chaque fois qu’elle en entend un. Malgré tout, ils ont dépassé cette période car tous ont témoigné sans haine »  analyse Nadia, elle-même fille de militant FLN aujourd’hui décédé, et dont la transmission de la mémoire, (à ces deux jeunes enfants notamment à qui elle dédie le livre), est l’une des raisons qui l’ont incitée à écrire. « Et puis moi qui suis née en France, je porte aussi cette espèce de complexe du colonisé, comme tous les personnages du récit. Quand j’étais jeune et qu’on me disait que je faisais française, j’étais flattée sans savoir pourquoi. Avec le recul, j’ai compris. Je sais aussi « On ne sort pas indemne de 132 ans de colonialisme »qu’au temps de la colonie, plus on faisait « français », européen, et plus on était « beau »… C’était la norme à l’époque. On ne sort pas indemne de 132 ans de colonialisme, et même 50 ans après l’Indépendance, il reste des stigmates et des tabous. La preuve avec les débats houleux autour des bienfaits supposés de la colonisation… Car les routes et les hôpitaux construits et laissés par les Français l’étaient pour les colons et pas pour les indigènes. »

    Libérer la parole, transmettre des témoignages aux générations futures et apporter son regard sur ce pan de l’Histoire de ces deux pays, telle fut la démarche de Nadia Henni-Moulaï qui ne redoute aucune attaque voire procès d’intention : « Je suis légitime pour écrire sur ce thème ou sur les actions et l’attitude de la France pendant la guerre d’Algérie. Car si je suis Algérienne, je suis toute autant Française. J’ai le droit de critiquer mon pays sur la façon dont il s’est comporté dans ses colonies… »

    Sandrine Dionys


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  • Hélène Duc actrice et Juste parmi les Nations est décédée à 97 ans

    Hélène Duc actrice et Juste parmi les Nations est décédée à 97 ans. Pendant la guerre d’Algérie elle a soutenu le peuple algérien pour son indépendance

     http://www.ouest-france.fr/helene-duc-actrice-et-juste-parmi-les-nations-elle-est-decedee-97-ans-2997948?utm_source=of_newsletter-generale&utm_medium=email&utm_campaign=of_newsletter-generale&utm_content=20141124&vid=043052043055049042061053035042047042021050050058039054046033109035061 

    Hélène Duc, actrice française célèbre notamment pour son rôle de Mahaut d'Artois dans la série télévisée "Les rois maudits" de 1972, est morte dimanche 23 novembre 2014 à 97 ans.

    « Hélène Duc est décédée hier matin à Paris », a déclaré Arlette Petitjean, son agent artistique.

    « C'est un grand personnage. Une femme tout à fait étonnante, comme artiste et comme citoyenne. Son rôle de Mahaut d'Artois dans Les rois maudits, 40 ans après, on s'en souvient encore », a-t-elle ajouté.

    Les Rois Maudits, Tanguy...

    Née en 1917 à Bergerac, en Dordogne, Hélène Duc la Mahaut de 1972, était revenue sous les traits de Madame de Bouville, un rôle de second plan, lors de la nouvelle adaptation télévisée des « Rois maudits », en 2005 pour France 2.

    La réalisatrice Josée Dayan s'attaquant alors au « remake » d'une des oeuvres de fiction majeures de l'ORTF, dirigée en 1972 par Claude Barma.

    Ces dernières année, Hélène Duc avait également endossé le rôle de la grand-mère dans la comédie d'Etienne Chatiliez « Tanguy ».

    Juste parmi les nations

    En 2005, elle est reconnue « Juste parmi les nations » pour avoir, à Bergerac et à Marseille, avec sa mère Jeanne, institutrice, sauvé des dizaines de juifs.

     

    « Je ne me sens pas héroïne. Ce que j'ai fait est normal. C'était le fruit de mon éducation », affirmait en 2006 à l'AFP Hélène Duc, alors âgée de 89 ans, lors d'une cérémonie à Paris. La date de ses obsèques n'était pas encore connue, a précisé Arlette Petitjean.

    Hélène Duc actrice et Juste parmi les Nations est décédée à 97 ans. Pendant la guerre d’Algérie elle a soutenu le peuple algérien pour son indépendance

    Ce que Ouest France ne dit pas

    Pendant la guerre d’Algérie

    Hélène Duc et son mari René Catroux (le fils du général) ont soutenu sans relâche et dans la fidélité à leurs principes, le combat du peuple algérien pour son indépendance. Ils organisaient des réunions à Villiers-le-Bel, dans leur résidence avec les chefs de willayas du FLN et ce qu’on appelle « les porteurs de valises ». Ils ont témoigné avec sacrifice et courage, pour la dignité du peuple français et l'honneur de la France… Patrie des Droits de l’Homme… et refusant la France coloniale.

    SOURCES : http://www.oasisfle.com/culture_oasisfle/maurice_laban_elbeskri.htm

    http://www.algerie-francaise.org/valise/collabos.shtml



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  • Jacques Pradel, président de l'Association Nationale des Pieds Noirs Progressistes et leurs Amis (ANPNPA), et l'historien Jean-Jacques Jordi, spécialiste de l'Algérie, ont commenté le regard porté par les Français sur la guerre d'Algérie, 60 ans après la "Toussaint Rouge". - Le débat de RTL Midi, du 31 octobre 2014

    Le temps semble venu de jouer la carte de l'apaisement, 60 ans après la "Toussaint Rouge". Selon un sondage Ifop réalisé pour Le Monde et la Fondation Jean-Jaurès, l'Indépendance de l'Algérie est actuellement perçue comme un événement bénéfique aux deux pays.
    D'après cette étude, deux tiers des Français (68%) pensent que la fin de la colonisation était une bonne chose pour l'Algérie. Et 65% d'entre eux estiment qu'elle l'est aussi pour la France. En d'autres mots, les Français portent aujourd'hui un regard plus distancié, voire dépassionné, à l’égard de la guerre d'Algérie. Est-ce qu'on peut dire que le temps a fait son œuvre en apaisant les esprits ?

    La radio RTL vous propose un débat sur le thème : "Guerre d'Algérie : est-ce que le temps a joué son rôle sur le regard des Français ?"


    Jean-Jacques Jordi, historien et spécialiste de l'Algérie, confirme que les ardeurs s'estompent avec le temps. Cela s'explique notamment par le fait que la plupart des acteurs et témoins de la guerre d'Algérie vieillissent et commencent à disparaître.

    Plus de 70% des Algériens ont moins de 50 ans. Ils n'ont donc pas connu cette histoire-là.

    Jean-Jacques Jordi, historien et spécialiste de l'Algérie 

    La radio RTL vous propose un débat sur le thème : "Guerre d'Algérie : est-ce que le temps a joué son rôle sur le regard des Français ?"

    Jacques Pradel, président de l'Association Nationale des Pieds Noirs Progressistes et leurs Amis (ANPNPA), estime de son côté que la France et l'Algérie ont encore un long chemin à faire avant de parvenir à un véritable apaisement. Pour autant, une certaine évolution positive est ressentie chez les "pieds noirs".

    "Les pieds noirs" ne sont plus des écorchés vifs qui ont débarqué en France avec leurs valises.

    Jacques Pradel, président de l'ANPNPA 

    La radio RTL vous propose un débat sur le thème : "Guerre d'Algérie : est-ce que le temps a joué son rôle sur le regard des Français ?"

    MERCI DE CLIQUER SUR LE LIEN CI-DESSOUS POUR ECOUTER LE DEBAT

    JACQUES PRADEL ET JEAN-JACQUES JORDI

    http://www.rtl.fr/actu/societe-faits-divers/guerre-d-algerie-est-ce-que-le-temps-a-joue-son-role-sur-le-regard-des-francais-7775110818 

    La radio RTL vous propose un débat sur le thème : "Guerre d'Algérie : est-ce que le temps a joué son rôle sur le regard des Français ?"

    La radio RTL vous propose un débat sur le thème : "Guerre d'Algérie : est-ce que le temps a joué son rôle sur le regard des Français ?"

    Le  réseau Sortir du Colonialisme parlait en 2011 de l’historien  JEAN-JACQUES JORDI :

    "Monsieur Jordi vous oubliez l'OAS"

    C’est dans un contexte d’offensive revancharde que l’hebdo de droite Valeurs Actuelles fait en Novembre 2011, la promotion d’un livre dont la thèse centrale semble être : C’est lui qui a commencé ! Commis par l’historien Jean-Jacques Jordi, Un silence d’État, les disparus civils Européens de la Guerre d’Algérie, ce livre exempte de tout crime l’OAS, qui n’aurait fait que répondre à la barbarie du FLN. Aidé dans cette mission par l’État qui a ouvert à Jordi des archives pourtant encore interdites au public. Absence totale de contextualisation dans le cadre d’une guerre d’indépendance et de libération nationale, qualifiant de « terrorisme » le combat d’un peuple pour se libérer de l’occupant. Jordi soutient que le FLN n’a fait preuve que de violence aveugle, usant et abusant de torture systématique perdurant longtemps après l’Indépendance, afin de légitimer, voire d’excuser les crimes de l’OAS et de l’armée coloniale française. Le tout à base de conditionnel, d’approximations et de témoignages pour le moins flous, des renseignements d’origine civile et privée, Il avance même l’hypothèse de collusion entre la Mission Choc, envoyée par De Gaulle et FLN, après les accords d’Evian, contre les Européens. La réécriture de l’Histoire est en marche, et il est à craindre que cette année électorale (2012) ne lui soit d’autant plus propice.


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  • Depuis début septembre : Michel Sabourdy rédacteur en chef de "l'Ancien d'Algérie" a des problèmes de santé… Nous lui souhaitons un prompt rétablissement...

    Les soldats instituteurs

    Michel Sabourdy est né le 6 mai 1940 à Abrac en Gironde.Géomètre de formation, il effectue son service militaire en Algérie où il arrive Michel Sabourdy rédacteur en chef de "l'Ancien d'Algérie" a des problèmes de santé… Nous lui souhaitons un prompt rétablissement...en mai 1960. Il sert dans le 57e régiment d’infanterie en tant qu’instituteur. Michel Sabourdy rentre en France en septembre 1962. Il finit la guerre avec le grade de caporal. Depuis 1970, il est rédacteur en chef de « L’ancien d’Algérie », le journal officiel de la FNACA, la Fédération nationale des anciens combattants d’Algérie, du Maroc et de Tunisie dont il est le vice-président délégué.

    Voici un Edito de Michel Sabourdy écrit en 2012

    Depuis début septembre : Michel Sabourdy rédacteur en chef de "l'Ancien d'Algérie" a des problèmes de santé… Nous lui souhaitons un prompt rétablissement...

     


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  • DERNIERE MINUTE  : Le secrétaire d'Etat aux Anciens Combattants, Kader Arif, a présenté sa démission du gouvernement, il est remplacé par Jean-Marc Todeschini sénateur de Moselle..

    Kader Arif, secrétaire d'Etat aux Anciens Combattants. Photo Archives

    Il est mis en cause dans des affaires d'attributions de marchés publics à des entreprises dirigées par des proches.

    DERNIERE MINUTE (INFO NON CONFIRMEE) : Le secrétaire d'Etat aux Anciens Combattants, Kader Arif, a présenté sa démission du gouvernement.

    http://www.leparisien.fr/politique/gouvernement-kader-arif-a-presente-sa-demission-a-hollande-et-a-valls-21-11-2014-4310719.php

    Selon iTélé, le secrétaire d'Etat aux Anciens combattants a présenté jeudi 20 novembre 2014 sa démission à Manuel Valls et ce matin à François Hollande. | Etienne Laurent

    Pris dans la tourmente judiciaire, Kader Arif quitte le gouvernement. Selon une information d'iTélé, confirmée par plusieurs médias, le secrétaire d'Etat aux Anciens combattants a présenté sa démission à Manuel Valls et François Hollande. Cette décision intervient au lendemain de la révélation d'une perquisition menée le 6 novembre dans un service du ministère de la Défense, auquel il est rattaché.

    Cette perquisition a été menée dans le cadre d'une enquête préliminaire sur des marchés publics attribués à certains de ses proches.

    Ce vendredi 21 novembre 2014 en début d'après-midi, l'AFP a confirmé que le président de la République l'avait acceptée.

     LeParisien.fr

    Kader Arif est remplacé par Jean-Marc Todeschini

    DERNIERE MINUTE  : Le secrétaire d'Etat aux Anciens Combattants, Kader Arif, a présenté sa démission du gouvernement, il est remplacé par Jean-Marc Todeschini sénateur de Moselle..

    Retrouvez l'intervention de Jean-Marc TODESCHINI, Premier Questeur du Sénat et sénateur de la Moselle, le 8 novembre 2012 lors de la discussion autour de la Proposition de loi relative à la reconnaissance du 19 mars 1962 comme journée nationale du souvenir et de recueillement à la mémoire des victimes civiles et militaires de la guerre d'Algérie et des combats en Tunisie et au Maroc.


    19 mars 1962 : intervention de Jean-Marc... par Dabojp

     

     



     

     

     


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  • Une plaque en mémoire du 19 mars 1962

    http://www.ladepeche.fr/article/2014/11/20/1995124-une-plaque-en-memoire-du-19-mars-1962-1962.html

    NON AU 5 DECEMBRE : Sur la route des 8000 liens et lieux du 19-Mars-1962 : aujourd’hui à Saint-Michel-Loubéjou (LOT)

    De gauche à droite, Francis Ayroles, Yves Cubaynes et Solange Cances.

    En inaugurant une nouvelle plaque, samedi 15 novembre 2014, la FNACA de Bretenoux continue d'enraciner dans le canton la mémoire du cessez-le-feu en Algérie, fixée par la loi de 2012 au 19 mars 1962.

    La quasi-totalité des maires du canton avaient répondu à l'invitation de la maire de Saint-Michel, Solange Cances, et du président cantonal de la FNACA, Yves Cubaynes, aux côtés des membres de la FNACA et des habitants.

    Devant cette nombreuse assemblée, Yves Cubaynes a rappelé la longue mobilisation de la FNACA avant que soient «qualifiés de guerre» les «événements d'Afrique du Nord», ayant entraîné «tant de drames, de blessés, de vies brisées à jamais». «Nous devons favoriser la réconciliation, même si les rancunes sont tenaces ; c'est la seule solution pour construire un monde solidaire et de paix», a encore déclaré Yves Cubaynes.

    La Dépêche du Midi

     


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  • Ce matin vendredi 21 novembre 2014 j’ai reçu ce courriel de Roger MAJKA : Article sur Roger OUDIN (Mars 1962 Algérie)

     

    Bonjour,
    Merci pour votre article sur mon camarade Roger OUDIN dont je viens de prendre connaissance.
    J'ai retrouvé ce camarade d'école "Etienne Mimard " à Saint-Etienne le 2 Janvier 1962 sur les quais de la gare... (Bonjour... que fais-tu là ?... Je suis incorporé en Algérie... moi aussi… Nous allons faire le voyage ensemble…) Après une très mauvaise traversée sur le " SIDI MABROUK " nous sommes enfin arrivés à Alger. Nous nous sommes alors séparés. Roger partait à Béni-Messous vers le centre de formation du Train et moi à Alma dans le matériel.
    Mes dix-huit mois de service terminés je suis rentré en métropole.
    Plus tard en lisant : " L'heure des Colonels d'Yves Courrière " j'ai pris connaissance de son tragique destin.

    Pour faire suite à votre article, je ne comprends pas ce " mois de classe dans le Vaucluse."  

    Avec toutes mes amitiés

    Roger MAJKA.

    (PS) Si quelqu’un peut répondre à la dernière question de Roger Majka voici son adresse :

     

    roger.majka@orange.fr

     

     

    Ce matin vendredi 21 novembre 2014 j’ai reçu ce courriel de Roger MAJKA : Article sur Roger OUDIN (Mars 1962 Algérie)

     

    RAPPELONS-NOUS DE  L’ARTICLE DONT PARLE ROGER MAJKA :

    http://www.dandelotmije.com/article-roger-oudin-a-ete-tue-par-l-oas-quatre-jours-apres-le-cessez-le-feu-117524061.html

    Roger Oudin a été tué par l’OAS, quatre jours

    après le cessez-le-feu

    Le 22 mars 1962 au soir, des commandos de l’OAS attaquent une patrouille de la gendarmerie mobile qui sortait du tunnel des Facultés – bilan : 18 gendarmes tués. Le lendemain ils ouvrent le feu sur un véhicule de transport de troupes tuant 7 soldats appelés du contingent : Roger Oudin, Robert Nogrette, Jean Grasset, Philippe François, Daniel Doutre, Messaoud Secuh et Saïd Belmiloud, tous 2ème classe. Voici un article consacré à l’un de ces jeunes appelés assassinés par les terroristes et criminels de l’OAS :

     http://www.leprogres.fr/haute-loire/2012/03/12/roger-oudin-a-ete-tue-par-l-oas-quatre-jours-apres-le-cessez-le-feu

    Dans le décompte officiel des militaires du département tués dans le conflit en Algérie figure Roger Oudin, de Saint-Maurice-de-Lignon, où une rue porte son nom depuis les années quatre-vingt. En fait, il avait vu le jour à Saint-Étienne, rue des Teinturiers où vivaient ses parents : Maxime Oudin, né en 1905 à Saint-Maurice-de-Lignon, infirmier à l’hôpital Bellevue, et Doménica Passarin, Saint-Mauriçoise d’origine italienne, que tout le monde appelait « Renée », et qui œuvrait dans la confection à domicile.

    Le couple avait gardé des liens forts avec les habitants de la cité lignonnaise où il venait régulièrement dans une maison de famille du quartier de la « Basse-Vialle ».

    Roger Oudin, fut l’un des plus jeunes appelés tombés au Maghreb puisqu’il n’avait pas 20 ans. Né le 19 avril 1942, il a été terrassé le 23 mars 1962, quatre jours seulement après les accords d’Évian.

    Simple soldat, arrivé depuis peu, et seulement après un mois de classe dans le Vaucluse, il effectuait une surveillance avec plusieurs de ses camarades (cinq ou huit selon les sources), lorsque leur camion a été pris en embuscade par un groupe qui voulait s’emparer de leurs armes : acte isolé de « rebelles » comme on disait alors, ou geste d’extrémistes de la fameuse «armée secrète»?

    Denise Suzat, à l’époque fiancée de Roger Oudin – elle était la fille des boulangers et voisins de quartier des Oudins – se souvient que la version officielle donnée à ses parents affirmait qu’il s’agissait d’un « attentat de l’OAS ». Les soldats auraient refusé de livrer leurs équipements, raison pour laquelle ces compagnons d’armes avaient tous été abattus. Atteint à cinq reprises par la mitraille, le petit Stéphanois était mort sur le coup.

    Dans la pièce officielle datant de septembre 1962 et portant attribution de la croix de la valeur militaire avec palme à titre posthume, il était dit : « Jeune conducteur du contingent affecté à une compagnie d’instruction […], a été mortellement blessé par balle au cours d’une embuscade tendue par des éléments subversifs dans le quartier de Bab El Oued (zone Alger-Sahel). »

    En mai 1962, après des funérailles célébrées à Valbenoite, Roger Oudin fut inhumé dans le caveau familial du cimetière de Saint-Maurice-de-Lignon lors d’une cérémonie empreinte de beaucoup d’émotion puisque, en cinq ans, le petit bourg venait de perdre trois des siens : Pierre Favier en octobre 1957, Victor Robin en septembre 1958 et donc Roger Oudin en mars 1962.

    Denise Suzat n’a pas oublié le destin tragique de Roger dont elle parle aujourd’hui encore en toute sérénité. D’autant qu’elle avait remplacé le soldat disparu dans le cœur d’un papa profondément marqué, mort en 1967, et surtout d’une maman, décédée en juillet 2009 : Denise avait d’ailleurs fait spécialement le voyage depuis Paris pour assister à ses obsèques.


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    Algérie-France : comment dire le passé d’une même voix ? - Les mardis des Bernardins

    Mardi des Bernardins du 18 novembre 2014 - Collège des Bernardins

    Le Collège des Bernardins, est un lieu de recherche & de débat autour de l’expression artistique, expositions, musique, conférences, colloques, séminaires, formation théologique et formation biblique.
    Sur la question de l'homme et son avenir.

    Histoire et mémoire entretiennent une relation difficile, mais nécessaire. Plus de cinquante ans après les accords d’Evian, où en sommes-nous ?
    Face à un épisode historique controversé, la construction d’une mémoire collective, mais aussi des mémoires individuelles est-elle possible ? Sommes-nous au contraire condamnés à ériger l’absence de mémoire en mémoire ?
    Sans reconnaissance du conflit, sans connaissance réciproque du traumatisme, le passé ne saurait passer. Dire le passé d’une même voix, une nécessité ? Un défi ? Qui peut le relever et comment ?
    Ce Mardi fera dialoguer récit historique et récits de vie issus des deux rives de la Méditerranée.

    INTERVENANTS

    Sylvie Arkoun
    auteure de Les vies de Mohammed Arkoun

    Ben Salama
    auteur-réalisateur de films documentaires

    Benjamin Stora
    historien, professeur à l’université Paris XIII et inspecteur général de l’Éducation nationale

      
    Algérie-France : comment dire le passé d’une... par college-des-bernardins


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  • Renneville (31)

    L'espace du Souvenir dévoilé

    NON AU 5 DECEMBRE : Sur la route des 8000 lieux et liens du 19-Mars-1962, aujourd‘hui à Renneville (Haute-Garonne)

    Jean-Luc Morel, les représentants de la FNACA et la section JSP villefranchoise durant le dévoilement de la plaque de l'espace du souvenir./Photo DDM, L. G

    SOURCE : http://www.ladepeche.fr/article/2014/11/20/1994823-l-espace-du-souvenir-devoile.html 

    Ce samedi 15 novembre 2014 a eu lieu l'inauguration de l'espace du Souvenir ainsi qu'à la cérémonie commémorant le 96e anniversaire de l'Armistice de 1918. Aux côtés des porte-drapeaux des anciens combattants locaux et des jeunes sapeurs pompiers de la section JSP de Villefranche encadrés par les pompiers volontaires Alba, Pinel et le chef de centre le lieutenant Jérôme Candeil était inauguré une plaque où figuraient les dates du 11 Novembre 1918, du 8 Mai 1945 et du Cessez-le-feu du 19 mars 1962 de la guerre d'Algérie.

    Après les allocutions officielles portées par la citation de Jean Jaurès «Sur la paix on en fera jamais trop», un dépôt de gerbe et un instant de recueillement venaient honorer la mémoire des dix Rennevillois disparus lors de la Grande Guerre : Pierre Birebent (maire), Émile Escaffre (conseiller municipal), Jean-Marie Larroque, Jean-Marie Argans, Jean Argans, Pierre Calmettes, Frère Calmettes, Paul Sylvestre, Jean-Marius Barthes et Paul Monserat. Un vin d'honneur servi à la maison des associations clôturait cette cérémonie.

    La Dépêche du Midi


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  • L'ancien maire d'Oradour-sur-Glane Raymond Frugier décoré par l'Allemagne

    © EPA/MAXPPP Raymond Furgier (à droite) avait accueilli au printemps 2013 les deux présidents, François Hollande et Joachim Gauck pour le 50ème anniversaire du traité de l'Elysée, destiné à sceller la réconciliation entre la France et l'Allemagne.

     http://france3-regions.francetvinfo.fr/limousin/2014/11/19/l-ancien-maire-d-oradour-sur-glane-raymond-frugier-decore-par-l-allemagne-595890.html

    L'ancien maire d'Oradour-sur-Glane sera fait chevalier de l'Ordre du Mérite de la République fédérale d'Allemagne. La décoration lui sera remise demain, jeudi 20 novembre avec la présence d'une délégation allemande. 

     

    200 personnes seront présentes aujourd’hui, jeudi 20 novembre, à 18h pour la remise de la Croix de chevalier de l'Ordre du Mérite de la République fédérale d'Allemagne à l'ancien maire d'Oradour-sur-Glane. "Je suis le premier surpris de cette décoration, cette reconnaissance m'a beaucoup touché", précise Raymond Frugier, contacté par téléphone. Une délégation allemande composée de députés de Bavière, et de la députée de la région de Dachau sera présente demain à la préfecture de Limoges. "Je ne pensais pas qu'ils viendraient à Limoges, c'est un honneur pour moi", affirme l'ancien maire d'Oradour-sur-Glane (1995-2014).

    Cette décoration est le résultat pour Raymond Frugier de longues années de travail pour entretenir la réconciliation de l'Allemagne et de la France. "Ce que j'ai essayé de faire, même modestement, cela a été pris en compte". Pour l'ancien maire, l'important n'est pas de dire une fois par an "plus jamais ça", il faut rapprocher les esprits pour que cela ne se reproduise jamais, pour rendre hommage aux 642 victimes du massacre d'Oradour-sur-Glane.


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  •  Mesnac  :  Inaugurées samedi 15 novembre 2014, taguées dimanche 16 novembre 2014

    L’une des deux plaques – avant qu’elle ne soit taguée - dévoilée samedi.

     © Photo

    Mesnac  :  Inaugurées samedi 15 novembre 2014, taguées dimanche 16 novembre 2014

    Rappelez-vous de notre article récent :

    http://micheldandelot1.eklablog.fr/non-au-5-decembre-sur-la-route-des-8000-lieux-et-liens-du-19-mars-1962-a113317916

    Mesnac  :  Inaugurées samedi 15 novembre 2014, taguées dimanche 16 novembre 2014

    Lors de l'inauguration du square du 19 Mars 1962 (cessez-le-feu en Algérie), les deux plaques marquant les entrées du lieu ont été dévoilées officiellement par les personnalités présentes à cette cérémonie digne et respectueuse.

    Dimanche, vers 16 heures, de passage dans le bourg de Mesnac, Frédéric Delmas, adjoint municipal, a constaté que les deux plaques avaient été recouvertes de peinture, les rendant totalement illisibles.

    Hier, le maire Didier Gois a porté plainte auprès de la gendarmerie de Cognac, considérant que, quel que soit le motif de ce geste de vandalisme, «cet acte est ignoble». Il a souhaité que cette attitude soit connue du public et qu'une suite soit donnée à cette affaire.

    SOURCE : http://www.sudouest.fr/2014/11/18/inaugurees-samedi-taguees-dimanche-1739424-998.php


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  • Inauguration des lieux de mémoire

    NON AU 5 DECEMBRE : Sur la route des 8000 lieux et liens du 19-Mars-1962, aujourd’hui à Lias (32)

    La plaque du square du 19-Mars-1962 à Lias dévoilée par A. Casabonne, G. Biémouret, G. Demu, G. Paul. / Photo DDM, S. S.-C.

    http://www.ladepeche.fr/article/2014/11/20/1994798-inauguration-des-lieux-de-memoire.html 

    C'est samedi 15 novembre 2014, à 15 heures, qu'ont eu lieu les inaugurations du square du 19-Mars-1962 et du monument aux morts, à la mairie, suivies de la commémoration du 11-Novembre. En présence de nombreuses personnalités, la manifestation a débuté par le dévoilement de la plaque du 19-Mars-1962. Gérard Paul, maire de Lias et conseiller général du Gers, a justifié le choix de ce nom «pour amener nos jeunes d'aujourd'hui à se poser des questions» autour du cessez-le-feu de la guerre d'Algérie.

    Un peu plus tard dans l'après-midi a été inauguré le nouveau monument aux morts venant remplacer l'ancien «qui n'était plus à la hauteur de la mémoire des victimes», précise le maire. Ce cénotaphe en granit du Sidobre est né de la forte volonté de la municipalité de rappeler l'importance du devoir de mémoire et la nécessité de conserver «ce bien si précieux qu'est la paix», comme a pu le souligner Gérard Demu, président de la FNACA, lors de son discours.

    C'est enfin autour du nouveau monument aux morts que la commémoration du 11-Novembre a pu se dérouler selon le protocole en vigueur. La lecture des noms gravés sur la plaque en marbre a pris un sens particulier en cette année mémorielle du centenaire de la Première Guerre mondiale. Cultivateurs pour la plupart, ouvrier, instituteur ou maréchal-ferrant, ils étaient tous originaires de Lias.

    La Dépêche du Midi

     

     


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  • Pour la FNACA une seule date

    est importante

    NON !!! NON !!! DEFINITIVEMENT NON !!! AU 5 DECEMBRE !!! UNE SEULE DATE COMPTE : LE 19 MARS

    Il y a 11 ans, le regretté Maurice Sicart, secrétaire général

    de la FNACA s'exprimait ainsi :

    Commémorations : les Français ont toujours récusé

    la date abracadabrantesque du 5 décembre

      (Abracadabrantesque ce mot rendu célèbre par notre autre regretté Vladyslas Marek)

    NON !!! NON !!! DEFINITIVEMENT NON !!! AU 5 DECEMBRE !!! UNE SEULE DATE COMPTE : LE 19 MARS

    Maurice Sicard et Vladyslas Marek : leur grand regret aura sans doute été de ne pas avoir pu connaître l’officialisation de la date du 19 mars, cessez-le-feu de la guerre d’Algérie, comme journée du Souvenir et du Recueillement en hommage aux trente mille soldats tombés en Afrique du Nord entre 1952 et 1962.

     

        NON !!! NON !!! DEFINITIVEMENT NON !!! AU 5 DECEMBRE !!!

    Pourquoi le 5 décembre qui ne correspond à aucun événement connu de la guerre d’Algérie ?

    Uniquement parce que, Jacques Chirac était libre ce jour-là ! Le président de la République avait alors inauguré un mémorial, quai Branly à Paris, consacré aux 24000 militaires et représentants des forces de l'ordre « morts pour la France ». « En fonction de l’agenda du Président, ça aurait aussi bien pu être le 4 ou le 6 décembre...», avait déclaré Hamlaoui Mekachera, ancien secrétaire d'Etat aux Anciens Combattants.

    Le point de vue d'un adhérent d e la FNACA :

     NON !!! NON !!! DEFINITIVEMENT NON !!! AU 5 DECEMBRE !!! UNE SEULE DATE COMPTE : LE 19 MARSNON !!! NON !!! DEFINITIVEMENT NON !!! AU 5 DECEMBRE !!! UNE SEULE DATE COMPTE : LE 19 MARS

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    NON !!! NON !!! DEFINITIVEMENT NON !!! AU 5 DECEMBRE !!! UNE SEULE DATE COMPTE : LE 19 MARS 


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  • Jean-François Kahn un interview récent pour le quotidien algérien « Liberté »

    Né en 1938, Jean-François Kahn est journaliste. Après une licence d'histoire, il travaille au tri postal, puis dans l'imprimerie. Envoyé couvrir la guerre d'Algérie, il entame une grande carrière de journaliste. Jean-François Kahn mène, en particulier, l'enquête qui aboutit à la révélation de l'affaire Ben Barka. Il travaille pour Paris-Presse, L'Express, Europe 1 et Le Monde. Nommé directeur de la rédaction des Nouvelles Littéraires, en 1977, il devient directeur du Matin de Paris, en 1983. Jean-François Kahn crée alors l'Événement du Jeudi et, en 1997, l'hebdomadaire d'information Marianne, dont il est le directeur.


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  • Cluny (Saône-et-Loire) : L’écrivain-historien Jean-Pierre Gaildraud est venu une nouvelle fois à l’invitation du comité Fnaca parler de la guerre d’Algérie

    Jean-Pierre Gaildraud au micro, entouré des responsables du comité FNACA du Clunisois, Roland Gelet et Georges André, et de l’adjoint au maire Claude Taïeb. Photo J.-C. V. (CLP)

    L’écrivain-historien Jean-Pierre Gaildraud est venu une nouvelle fois à l’invitation du comité FNACA parler de la guerre d’Algérie, à laquelle il a participé comme officier du contingent. Le conférencier a évoqué vendredi soir la journée du 1er novembre 1954 : la “Toussaint Rouge”, marquant pour l’histoire le début du conflit, il y a juste 60 ans. Avant d’aborder le déroulement de cette journée où de nombreux attentats ont été commis en différents lieux du territoire algérien, J.-P. Gaildraud a d’abord insisté sur différents points permettant de mieux comprendre : le colonialisme au début du XXe siècle, l’attentat de Sétif un certain 8 mai 1945, la décolonisation qui se met en marche, la voie ouverte avec la guerre d’Indochine… Il a ensuite évoqué la situation en 1954 des “indigènes” en Algérie face à la minorité des Européens, la venue du ministre de l’intérieur François Mitterrand en octobre et la création du FLN par ses six chefs historiques.

    Et puis arrive donc ce 1er novembre, jour retenu pour le début de l’insurrection des nationalistes. Le FLN avait donné pour ordre de s’en prendre aux militaires, policiers et musulmans pro-français, mais pas aux civils. Et c’est pourtant un jeune instituteur qui sera tué dans les Aurès : Guy Monnerot, originaire de Limoges, la ville natale de J.-P. Gaildraud. « En fait, il y a eu déjà plusieurs civils tués la veille, fait remarquer ce dernier : Laurent François le tout premier, un garde forestier et un chauffeur de taxi. »

    Cluny (Saône-et-Loire) : L’écrivain-historien Jean-Pierre Gaildraud est venu une nouvelle fois à l’invitation du comité Fnaca parler de la guerre d’Algérie

    Jean-Pierre Gaildraud

     et la guerre d'Algérie

    Quand il raconte la guerre d'Algérie, Jean-Pierre Gaildraud fascine, en particulier pour sa parfaite connaissance du sujet. Il fascine aussi pour la passion avec laquelle il détaille la chronologie des faits. Ancien professeur d'histoire, ce très dynamique retraité de 76 ans propose souvent une rétrospective de la guerre d'Algérie, « dans laquelle il ne faut surtout pas être manichéen », a-t-il précisé. « Quand on fait un travail d'historien, on essaie de rassembler tous les faits, et on sort de son propre vécu pour les analyser. »

    Son propre vécu, Jean-Pierre Gaildraud en parle aussi, mais seulement quand on lui demande. « J'étais militaire du contingent, chef d'une harka, en Kabylie. Je dirigeais des harkis, et je les ai abandonnés à leur triste sort, en 1962. Je garde toujours un moulin à huile que m'avait fabriqué un de mes gars, à l'époque… » Quand on lui demande s'il est plus facile de parler d'Histoire que de parler de soi, Jean-Pierre Gaildraud confirme. « Parler de soi, c'est évoquer toute la douleur, toute la souffrance de cette époque. Un historien doit parler de faits, sans s'écrouler devant son public », confie-t-il. Pour Jean-Pierre Gaildraud, les erreurs de la guerre d'Algérie ont commencé bien avant 1955. « Quand à l'époque, les Algériens n'étaient pas des vrais Français, mais des indigènes. Ils avaient des devoirs, mais aucun droit. Il y a eu le nationalisme : plutôt que d'envoyer la police, comme suite à tout attentat indépendantiste, on a envoyé l'armée : l'enchaînement de la violence… »
    Et quand il intervient dans un collège de banlieue parisienne, ou la classe entière n'est composée que de jeunes d'origine maghrébine, adapte-t-il son discours ? « Il n'y a pas grande différence : dans les deux cas, les jeunes ne savent pas grand-chose de cette guerre, car leurs parents n'en parlent pas. »


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  • Saint-Brieuc *** Retour d’Algérie : « Comment je suis devenu pacifiste »

    Rémy Cozic a livré son témoignage dans « Guerre d’Algérie, guerre d’indépendance » aux éditions L’Harmattan.

    http://www.lepenthievre.fr/2014/11/06/retour-d%E2%80%99algerie-%C2%AB-comment-je-suis-devenu-pacifiste-%C2%BB/

    Rémy Cozic est membre des « Anciens Appelés d’Algérie et leurs amis contre la guerre ».

    « Vous voulez savoir comment je suis devenu pacifiste ? » Rémy Cozic, 78 ans, ne tourne pas autour du pot. Originaire du centre Bretagne, il a connu tout jeune les affres de la Seconde Guerre mondiale, les violences de l’occupation mais aussi de la libération.

    Adolescent pendant la guerre d’Indochine, il a rencontré à l’âge de 18 ans le quartier-maître Henri Martin qui avait été condamné pour avoir dénoncé la torture. « Il ne serait pas sorti de prison sans les manifestations populaires qui ont pris fait et cause pour lui », se souvient-il. « C’est en allant voir une pièce de théâtre, accompagné d’un ancien résistant, que j’ai découvert son histoire. »

    Rémy Cozic a ensuite rejoint les jeunesses républicaines de France et lorsque la guerre d’Algérie a éclaté, le 1er novembre 1954, il militait clairement contre. « On nous disait : vous avez peur d’y aller… J’étais sursitaire parce que je passais mon diplôme d’instituteur. Mais j’ai été appelé aussitôt titularisé. »

    « J’ai eu une chance inouïe »

    Le jeune instituteur fait ses classes en 1960 dans une section d’artilleurs à la frontière algéro-marocaine. « C’était terrible pour le pacifiste que j’étais d’apprendre le maniement des armes, d’apprendre à tuer… On a été envoyés sur un piton pour surveiller un village regroupé. C’était sinistre mais j’ai eu une chance inouïe. À côté des saloperies qu’elle faisait, l’armée menait aussi des actions humanitaires. Là c’était la construction d’une école. L’instituteur est parti, je l’ai remplacé. »

    Rémy Cozic a publié son témoignage dans le livre « Guerre d’Algérie, guerre d’indépendance » aux éditions L’Harmattan : « Dans ce village quelques centaines de femmes, de vieillards et d’enfants vivotaient dans une misère et un dénuement inimaginables. Où étaient les hommes ? au maquis ? au Maroc voisin ? dans les fosses communes ? »

    Il décrit aussi l’ambiance dans sa section : « Le climat était lourd, délétère, la méfiance permanente entre les groupes qui la composaient : des Français métropolitains, des pieds-noirs, des Français de souche nord-africaine (que je plaignais beaucoup de devoir combattre leurs frères), des harkis… »

    Livré à lui-même pendant 11 mois

    Puis la section est partie, le laissant livré à lui-même pendant 11 mois. « Je refusais de porter une arme en présence des enfants. Un moment j’ai cru qu’on m’avait oublié mais bien vite on m’a rappelé à Oran. J’ai eu une demi-heure pour me préparer. J’ai alors connu une des plus fortes émotions de ma vie d’enseignant. Liani Rachid (13 ans), dont des anciens m’avaient rapporté que son père avait été tué pendant la guerre, l’élève le plus brillant de l’école, a fait se lever tous ses camarades et leur a fait réciter une série de prières. Puis me regardant fixement, dans une attitude proche du garde-à-vous, il me dit d’un ton solennel : « Monsieur, vous êtes un soldat français mais vous nous avez toujours défendus et vous avez été gentil avec nous. Nous demandons à Allah de vous protéger… »

    À Oran, Rémy Cozic a vu des innocents tomber sous les balles mais n’a jamais été directement confronté à la torture, érigée en système. Le général de Bollardière, le père d’Armelle Bothorel (maire de La Méaugon, vice-président de Saint-Brieuc Agglo), s’était opposé au général Massu sur ce terrain.

    Directeur d’école à Ploufragan

    Mars 1962, l’indépendance de l’Algérie est proclamée. La quille pour les appelés. Une humiliation pour les militaires de carrière. Rémy Cozic est devenu directeur d’école à Ploufragan, laissant de côté pour un temps son militantisme.

    Celui-ci a refait surface en 2002 au moment de percevoir sa retraite d’ancien combattant. « J’ai dit à ma femme que je ne voulais pas toucher d’argent pour une guerre de colonisation. Je distribuais ma pension à mes petits-enfants et à des œuvres caritatives. »

    Puis il a eu vent des « Anciens Appelés d’Algérie et leurs amis contre la guerre » qui partageaient ses convictions. « Certains ont vécu des choses horribles Le réalisateur Emmanuel Audrain a réuni tout ça dans un film. Plusieurs voyages ont été organisés pour rencontrer d’anciens maquisards du FLN et des associations en Algérie. C’est quelque chose de voir ces groupes qui se faisaient la guerre fraterniser maintenant, tandis que la réconciliation officielle tarde à venir. »

    « On n’attaque personne »

    Ils sont entre 350 et 400 anciens appelés à reverser l’intégralité de leur pension (environ 650€) au profit de villages algériens : accompagnement de femmes et de jeunes dans la création de micro-entreprises à Tizi Ouzou, plantations, irrigation et transport scolaire en Kabylie, etc. L’association intervient aussi dans le sud Maroc et en Palestine.

    « On ne s’est pas fait que des amis. Pourtant on n’attaque personne. Des gars ont participé à des choses difficiles sur ordre. On respecte toutes les opinions. Certains de nos membres sont aussi adhérents à la FNACA (Fédération Nationale des Anciens Combattants en Algérie, Maroc et Tunisie). Il n’y pas d’incompatibilité. Le conseiller général Jean Le Floch par exemple est aussi à l’UFAC (Union Française des Associations de Combattants et de Victimes de guerre). » 

    Conscient que des crimes épouvantables ont été perpétrés de part et d’autre, Rémy Cozic et ses amis ne jugent ni ne condamnent. Mais sans ambiguïté ils dénoncent la violence sous toutes ses formes et ont fait leur cette maxime : « En chacun de nous il y a un enfant qui pleure. »

    Documentaire : « Retour en Algérie » (2014) est un recueil de témoignages de ces anciens appelés devenus militants pour la paix. Emmanuel Audrain, le réalisateur, est aussi l’auteur du « Testament de Tibhirine » qui a influencé le film « Des hommes et des dieux ».

     

    Saint-Brieuc *** Retour d’Algérie : « Comment je suis devenu pacifiste »

    Rémy Cozic entouré des élèves auxquels il a fait classe pendant 17 mois.

     


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  • Un square pour la mémoire et la paix

    à Mesnac (Charente)

    NON AU 5 DECEMBRE : Sur la route des 8000 lieux et liens du 19 Mars 1962, aujourd’hui à Mesnac (Charente)

    http://www.sudouest.fr/2014/11/15/un-square-pour-la-memoire-et-la-paix-1737322-998.php

    Le 15 novembre 2014, une cérémonie digne et respectueuse a marqué l'inauguration d'un "square du 19 mars 1962", pour le cessez-le-feu en Algérie. Population, élus et personnalités, 35 porte-drapeaux de toute la Charente, tous ont célébré la mémoire de l'événement et appelé à la confiance et la paix.

    NON AU 5 DECEMBRE : Sur la route des 8000 lieux et liens du 19 Mars 1962, aujourd’hui à Mesnac (Charente)

    Arrivée des drapeaux dans les rues du bourg de Mesnac © Photo Pierre Barreteau

    NON AU 5 DECEMBRE : Sur la route des 8000 lieux et liens du 19 Mars 1962, aujourd’hui à Mesnac (Charente)

    Installation des drapeaux près de l'église et du monument aux morts © Photo PB

    NON AU 5 DECEMBRE : Sur la route des 8000 lieux et liens du 19 Mars 1962, aujourd’hui à Mesnac (Charente)

    Une assistance nombreuse pour l'événement © Photo PB

    NON AU 5 DECEMBRE : Sur la route des 8000 lieux et liens du 19 Mars 1962, aujourd’hui à Mesnac (Charente)

    Dans une ambiance digne, avec la présence de quelques enfants © Photo PB

    NON AU 5 DECEMBRE : Sur la route des 8000 lieux et liens du 19 Mars 1962, aujourd’hui à Mesnac (Charente)

    Les personnalités avant la cérémonie © Photo PB

    NON AU 5 DECEMBRE : Sur la route des 8000 lieux et liens du 19 Mars 1962, aujourd’hui à Mesnac (Charente)

    Le dévoilement des plaques du square © Photo PB

    NON AU 5 DECEMBRE : Sur la route des 8000 lieux et liens du 19 Mars 1962, aujourd’hui à Mesnac (Charente)

    Après le dépôt des gerbes au nom de la commune et de la FNACA © Photo PB

    NON AU 5 DECEMBRE : Sur la route des 8000 lieux et liens du 19 Mars 1962, aujourd’hui à Mesnac (Charente)

    Les personnalités saluent les porte-drapeaux © Photo PB

    NON AU 5 DECEMBRE : Sur la route des 8000 lieux et liens du 19 Mars 1962, aujourd’hui à Mesnac (Charente)

    Didier Gois, maire de Mesnac, reçoit la médaille d'honneur de la FNACA © Photo PB

    NON AU 5 DECEMBRE : Sur la route des 8000 lieux et liens du 19 Mars 1962, aujourd’hui à Mesnac (Charente)

    Jojo Renou et ses amis du 4° régiment des Chasseurs d'Afrique © Photo PB

    NON AU 5 DECEMBRE : Sur la route des 8000 lieux et liens du 19 Mars 1962, aujourd’hui à Mesnac (Charente)

    Pour les anciens du 4° RCA, un véhicule militaire a rappelé leurs engins blindés de 1960 © Photo PB

    NON AU 5 DECEMBRE : Sur la route des 8000 lieux et liens du 19 Mars 1962, aujourd’hui à Mesnac (Charente)

    L'olivier de la paix, planté par les anciens combattants d'Algérie © Photo PB

    NON AU 5 DECEMBRE : Sur la route des 8000 lieux et liens du 19 Mars 1962, aujourd’hui à Mesnac (Charente)

    Le square du 19 mars 1962, lieu de mémoire et de paix © Photo PB


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  •  14-18 « Les fusillés pour l’exemple » toujours pas de réhabilitation

     

    Intervention pour la réhabilitation des fusillés pour l'exemple

    La LDH s’associe le plus naturellement du monde à ce rassemblements du 11 novembre.  Ce jour du souvenir nous rappelle la fin d’une guerre qui fera plus de 9 millions de morts. Il doit aussi nous rappeler que cette absurdité qu'est la guerre continue encore aujourd'hui à plusieurs endroits du monde. 

    Aujourd'hui, je ne peux qu'avoir une pensée émue pour mon arrière-grand-père mort lors du premier assaut de la bataille de la Somme le 1er juillet 1916. Il n'était que de la chair à canon pour des officiers qui ne lui promettaient que la boucherie. 

    Les fusillés pour l’exemple hantent encore la mémoire de notre République. Ils sont le symbole de la barbarie et de l'absurdité de la guerre, où des hommes défendant la raison et l'humanité se voient exécuter au nom d’une prétendue justice d’exception… 

    La réhabilitation de ces hommes, que la LDH a défendu dès la fin de la guerre, pourrait paraître un combat lointain, dépassé. Mais il est de notre devoir de ne pas oublier ces victimes de l'arbitraire. 

    Ce combat fait écho à notre monde actuel : les fusillés pour l’exemple sont légions, peu importe le théâtre de guerre, qu’il soit militaire, économique ou social. 

    Cette demande de réhabilitation des fusillés pour l’exemple est aussi une certaine idée de la société : 

    • quelques-uns ne peuvent disposer de la vie humaine pour leurs seuls intérêts ; 
    • aucun tribunal ne saurait déclarer coupable un individu dont le seul crime est de s’opposer à la bêtise ou tout simplement de se révéler humain, avec ses angoisses et ses peurs. 
    • aucun nationalisme ou patriotisme ne peut revendiquer le sang des autres et des siens… 

    Alors que le Ministre en charge des Anciens Combattants vient d'élever un fusillé pour l'exemple à la mention de "mort pour la France", nous demandons la réhabilitation immédiate de toutes ces victimes de l’arbitraire. 

    Cette réhabilitation, c’est rendre justice à ces Hommes, mais c’est aussi un hommage aux victimes de toutes les guerres. 


     

    14-18 « Les fusillés pour l’exemple » toujours pas de réhabilitation

    "L'aumônier allait tomber dans les pommes, le médecin-major avait la mine sombre. C'est lui qui a dû épingler le morceau de feutrine sur la poitrine d'Hart pour indiquer le coeur... Le peloton était déprimé mais nul, même pas fichu de tirer droit. Le soldat n'est pas mort tout de suite... Emmett a dû abréger ses souffrances !"

    Ce témoignage tiré de l'excellent Retour du capitaine Emmett reflète le sort réservé à plus de 750 soldats français de la Grande Guerre. Beaucoup d'entre eux ont été fusillés "pour l'exemple" durant les deux premières années du conflit. 100 ans après, la France n'est toujours pas fixée sur le nombre réel de ces soldats, "héros" malgré eux d'un épisode bien sombre de la guerre 14-18.

    Selon Antoine Prost historien et président du conseil scientifique de la Mission du centenaire de la première guerre mondiale, ils pourraient être plus nombreux encore.

    Les identifier serait tout à l'honneur de la France. Les réhabiliter aussi. C'est tout le sens des actions menées ces derniers jours par La Libre Pensée, la Ligue des droits de l'homme et une association d'anciens combattants, l'ARAC. Une proposition de loi -n° 2012 (2011-2012)- a déjà été déposée pour obtenir une réhabilitation collective. Mais 100 ans après, rien n'est fait. Pour arrêter sa décision -puisqu'elle lui appartient- le chef de l'Etat pourra s'appuyer sur le rapport, remis le 1er octobre 2013 au ministre délégué aux anciens combattants, Kader Arif, par Antoine Prost. Il met en lumière l'urgence d'une réparation.


     

    A quelques jours des commémorations du 11 novembre 2014, Kader Arif, secrétaire d’Etat auprès du ministre de la Défense, chargé des Anciens Combattants et de la Mémoire, a inauguré, jeudi 6 novembre, l’espace consacré aux fusillés de la Grande Guerre, au musée de l’Armée. Entre 1914 et 1918, 639 soldats ont  été fusillés « pour crimes et délits militaires ». Parallèlement, plus de 1 008 de soldats fusillés dossiers seront mis en ligne sur le site internet  

    http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/article.php?laref=1


    Les fusillés de 14-18 mis à l’honneur au musée... par ministeredeladefense


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  • "Monsieur le Président je vous fais cette lettre..." par Henri POUILLOT

    Monsieur le Président je vous fais cette lettre...

    16 novembre 2014 |  Par Henri POUILLOT 

    « Oui, Monsieur le Président de la République, vous avez raison de condamner les crimes contre l’humanité. Un otage décapité, simplement parce qu’il est étranger, et peut-être un "mécréant" (ou parce qu’il est considéré comme tel) ce n’est pas acceptable et mérite la plus vive des condamnations. Je suis tout aussi révolté que vous de cette infamie.

    Mais, Monsieur le Président, votre indignation serait plus crédible si la France avait reconnu et condamné les crimes d’état et crimes contre l’humanité commis en son nom, comme en particulier entre 1954 et 1962 en Algérie.

    Ma réaction est d’autant plus vive que, à l’occasion du 60ème anniversaire du Déclenchement de la Guerre de Libération de l’Algérie, je viens de passer 10 jours à Alger. Toute la ville était pavoisée de centaine de milliers de petits drapeaux algériens accrochés à chaque lampadaire, aux balcons..., et de deux types d’affiches et banderoles rappelant cette date historique.

    Ce sont de multiples manifestations honorant les centaines de milliers de victimes de cette Guerre de Libération qui se sont déroulées à Alger mais aussi dans toutes les villes et villages d’Algérie rendant hommage aux victimes de la barbarie française.

    Le 17 juin dernier, vous avez "reconnu" officiellement que Maurice Audin ne s’était pas évadé mais était mort en détention. Vous n’avez pas eu le courage de dire qu’il avait été la victime d’un crime contre l’humanité ou un crime d’état (en fonction de la responsabilité). Vous n’avez pas voulu le dire, officiellement, malgré "les documents et témoignages concordants" (évoqués dans votre déclaration mais non communiqués, toujours restés secrets). Vraisemblablement, selon les informations connues à ce jour, Maurice Audin a certainement été assassiné, sans doute au couteau, froidement, par des militaires sur ordre de qui ? Est-ce que ce crime est moins odieux que celui de l’otage qui vient d’être exécuté ? Quel outil de mesure utilisez vous pour évaluer le degré de barbarie ?

    Pour ce 60ème anniversaire du déclenchement de la Guerre de Libération Algérienne les autorités françaises ont fait preuve d’un silence assourdissant, sur l’ensemble des responsabilités de la France dans ce conflit. Je vous rappelle que notre pays s’est "distingué" par les tortures, les viols, les crevettes Bigeard, les villages rasés au napalm (près de 800), l’utilisation du gaz sarin et VX, les essais nucléaires, les camps d’internement pudiquement appelés de regroupement...

    Pendant ce séjour à Alger, lors des manifestations de cette commémoration, j’ai rencontré de nombreuses victimes, victimes de la torture en particulier, j’ai été interrogé sur l’affaire Maurice Audin (j’ai donné une longue interview à El Watan à ce sujet), à chaque fois, la même question : quand est-ce que la France va reconnaître sa responsabilité, Monsieur Pouillot, quand allez-vous être entendu ?

    Oui, Monsieur le Président, avant de donner à tout moment des leçons de droits de l’homme, la France serait plus crédible et sa voix mieux entendue si elle avait enfin reconnu et condamné les crimes commis en son nom. »

    Henri POUILLOT

    "Monsieur le Président je vous fais cette lettre..." par Henri POUILLOT

    INTERVIEW A EL WATAN D’HENRI POUILLOT

    "Monsieur le Président je vous fais cette lettre..." par Henri POUILLOT

    http://www.elwatan.com/hebdo/magazine/il-faut-une-volonte-politique-de-part-et-d-autre-pour-faire-la-lumiere-sur-la-mort-de-maurice-audin-13-11-2014-277567_265.php

    Henri Pouillot, Témoin de la Torture et auteur de deux livres-témoignages sur la guerre de libération

    «Il faut une volonté politique de part et d’autre pour faire la lumière sur la mort de Maurice Audin»

    Henri Pouillot, ancien appelé pendant la guerre, est l’un des témoins de la torture et viols ayant révélé les exactions effectuées par les militaires français dans la tristement célèbre Villa Sésini d’Alger. Il milite aujourd’hui pour que la France reconnaisse ses crimes et fasse enfin la lumière sur les affaires de torture en Algérie.

    -Où en est aujourd’hui l’affaire Maurice Audin ? 

    Pour moi, l’affaire Maurice Audin est encore dans une impasse. Il y a eu une petite avancée le 17 juin dernier à la veille de la remise du prix Maurice Audin lorsque François Hollande a reçu Josette Audin à l’Elysée. Il lui a expliqué le texte du communiqué qu’il a remis à la presse le lendemain qui disait, en substance, qu’en fonction des témoignages et des documents consultés récemment, Maurice Audin ne s’est pas évadé mais qu’il est mort en détention. Or, le Président français s’est engagé précédemment à ce que Josette puisse avoir accès à toutes les pièces d’archives de France pour avancer sur le sort de son mari.

    Dans ce communiqué, il explique qu’il y a des documents et des témoignages mais ceux-ci n’ont été ni publiés ni explicités nulle part depuis le mois de juin. Le tout petit pas effectué consiste à dire qu’il ne s’est pas évadé, mais qu’il est mort en détention. Comment ? Est-ce de vieillesse à 24 ans ou de crise cardiaque ?  On l’ignore. Peut-être que la parution de l’ouvrage La vérité sur la mort de Maurice Audin de Jean-Charles Deniau a été l’élément qui a fait avancer François Hollande dans ce domaine. Jean-Charles Deniau y a interviewé avec acharnement le général Paul Aussaresses qui était dans l’unité dans laquelle Audin a été arrêté et torturé et d’où on n’a plus trouvé aucune trace. Les confessions d’Aussaresses quelques semaines avant sa mort donnent un certain nombre d’éléments concrets sur les possibilités dont serait mort Maurice Audin  et où il aurait pu être enterré.

    -Quelles sont ces hypothèses ? 

    Il serait mort assassiné probablement  par un coup de couteau. Aussaresses reste prudent et évasif dans l’ouvrage de Deniau et ne va pas jusqu’à confirmer cet aspect. En revanche, un témoignage du colonel Godard, dans les archives américaines dont Nathalie Funes, journaliste au Nouvel observateur,  a publié quelques extraits sont plus explicites. Yves Godard met en cause le lieutenant Garcet, qui était dans le groupe des officiers sous Aussaresses, comme le responsable de l’exécution de Maurice Audin. Ces deux pièces maîtresses sont une petite avancée dans la connaissance de la vérité sur la disparition de Maurice Audin.

    -Le lieutenant Garcet est-il encore vivant ? 

    Oui, mais il refuse systématiquement tout échange et tout contact. Il y a d’autres militaires qui sont encore de ce monde. J’ai provoqué François Hollande, en tant que militant de l’association «Sortir du colonialisme», à la suite de la publication du livre de Jean-Charles Deniau sur la question de Maurice Audin. Je pense qu’il y a une possibilité de faire avancer le dossier. J’ai fait une autre intervention auprès de Devilliers, nouvel état-major. Dans ce courrier, j’affirmais très fort qu’aujourd’hui il y a un certain nombre de témoins vivants qui savent tout de A à Z : comment se sont déroulées l’arrestation, l’exécution puis la disparition du corps de Maurice Audin. Une personne en particulier ne peut être contestée si elle dit la vérité, c’est le général Maurice Schmitt, un des officiers de renseignement d’Alger qui était à cette époque capitaine à Alger.  Tous les officiers de renseignement se rencontraient chaque jour pour faire le point sur les Algériens arrêtés, ainsi que  le bilan de leurs actions de recherche des responsables du FLN. Il n’est pas possible que l’affaire Audin n’ait pas été discutée dans tous les détails possibles, y compris comment ils ont procédé pour faire disparaître toutes les traces.
    Le général Maurice Schmitt est encore vivant, il habite Marseille et s’exprime assez souvent, y compris sur des aspects liés à la guerre d’Algérie.

    -Y a-t-il une volonté du gouvernement Hollande de faire la lumière sur les affaires de torture ? 

    Je n’y crois pas trop pour plusieurs raisons : Sous Sarkozy, une stèle du colonel Château Joubert a été inaugurée dans la caserne de Pau. Celui-ci a été l’un des déserteurs de l’armée, putschiste et l’un des responsables du commando de l’Ouarsenis qui voulait remettre en cause le cessez-le feu du 19 mars 1962. Condamné à mort par contumace pour son activité OAS, il a été gracié de fait, comme pour tous les anciens de l’OAS. Sachant qu’au mois d’octobre, et comme chaque année, ils font une cérémonie en hommage à Château Joubert, j’ai interpellé Hollande à ce sujet en soulignant que cette stèle n’avait pas sa place dans la caserne de Pau et que l’hommage était malvenu, le conseiller de Hollande m’a répondu, au nom du Président, que cette stèle a été érigée officiellement et qu’il était, de ce fait, normal qu’elle y reste. Cela est la démonstration concrète de la volonté de changer — ou pas — dans ce domaine.

    Autre exemple de la volonté de ne pas changer de l’actuel Président : lors des primaires socialistes, alors qu’il était en concurrence avec Martine Aubry au deuxième tour, le vote se déroulait le 16 octobre 2011, la veille de la commémoration du massacre du 17 octobre 1961 à Paris. En tant qu’animateur du collectif du 17 Octobre, on avait fait une lettre à Hollande lui demandant de confirmer sa signature de la pétition qu’on avait mise en ligne sur le site Mediapart dans laquelle on demandait à ce que l’Etat français reconnaisse cet événement comme un crime d’Etat et qui avait recueilli plusieurs milliers de signatures, Hollande l’a signée une heure après qu’Aubry l’ait fait.

    Etant près de la façon dont son voyage à Alger en 2012 s’est préparé, je sais que son déplacement à la place Maurice Audin a été programmé la veille de son départ. Il y est resté pas plus de 5 minutes et n’a pas évoqué le problème de la torture. Il aurait été judicieux, s’il y avait une volonté politique dans ce domaine, de reconnaître tout ce qui s’est passé durant la guerre d’Algérie et la responsabilité de la France, d’autant qu’il y a beaucoup de sollicitations. Deux semaines avant son séjour à Alger, il a eu des centaines d’interpellations qui se prononçaient dans ce sens. Le fait est qu’il n’y a pas de volonté politique de base qui remettrait en cause la politique de droite précédente.

    -Y a-t-il des pistes sur le lieu dans lequel serait enterré Maurice Audin ? 

    Pour l’instant, il n’y en a aucune. Le témoignage paru dans la presse algérienne (selon lequel Maurice Audin aurait été enterré près de Ben Salah) est une piste très intéressante qui pourrait faire avancer le dossier. Même si c’est un autre Européen qui a été enterré à cet endroit-là, cela mériterait qu’on y regarde de plus près.

    -Pourquoi cette piste est-elle intéressante, selon vous ? 

    Le lieu coïncide avec les échos qu’on peut avoir dans ce domaine. C’est le secteur dans lequel la plupart du temps les corps des suppliciés d’Alger y étaient enterrés, tout comme Le Ravin de la femme sauvage ou dans le secteur de Koléa dans lequel il y avait des fermes et dans lequel étaient camouflés des petits charniers des corps dont on se débarrassait. Le lieu et la période me semblent des éléments qui peuvent être intéressants et qui méritent d’être regardés de près et voir comment on peut aller plus loin.

    -Quels sont les aspects de ce témoignage  sur lesquels vous exprimez des réserves ? 

    Les deux aspects du témoignage, tel qu’il est exprimé,  qui me font réserve, concernent le fait qu’Aussaresses ne s’est pas exprimé à la télévision là-dessus, car il était incapable de le faire à ce moment-là. C’est dans le livre de Jean-Charles Deniau, sorti récemment, qu’il donne certains éléments. L’autre point important qui pose question est lié au fait que le lieutenant Pierre Lagaillarde n’était pas chargé des interrogatoires et des exécutions. Il fut, certes, un sanguinaire qui, pendant des patrouilles, n’hésitait pas à faire des exécutions sommaires, mais il n’était pas tortionnaire. Je ne disculpe pas le criminel Lagaillarde, mais je conteste le fait qu’il ait été tortionnaire et qu’il se débarrassait des personnes qu’il avait suppliciées. Ce témoignage mérite d’être approfondi. C’est aux autorités algériennes de faire des recherches concrètes pour savoir qui est enterré de façon anonyme dans ce lieu-là. Et que les autorités françaises donnent leur accord pour des recherches complémentaires.

    Après, c’est un problème entre deux pays de déterminer les responsabilités. Il faut des recherches précises et affinées qui permettront  d’en savoir davantage. Il y a eu  un certain nombre d’Européens qui ont été exécutés de façon sommaire après torture. Beaucoup moins d’Algériens, c’est évident, mais il y en a eu un certain nombre. Si c’est un autre Européen qui y est enterré et dont on peut avoir l’identification, on pourra découvrir dans un environnement proche le lieu où est enterré Mairice Audin.

    -Y a-t-il déjà eu des cas de faux  témoignages dans la recherche — ô combien difficile — de la vérité sur la guerre de Libération nationale ? 

    Dans la préface de l’ouvrage de Stanislas Hutin, l’historien Pierre Vidal Naquet me cite comme faux témoin. D’après les recherches qu’il avait faites, il estimait qu’après 1960 il n’y avait plus de torture à Alger. Je l’ai rencontré quelques semaines avant son décès et nous avions prévu de fixer un rendez-vous. La vie en a voulu autrement puisqu’il est décédé quelques semaines plus tard. C’est pour cela que je dis qu’il faut faire attention à l’accusation de faux témoignage.  Dans le premier témoignage que j’ai écrit sur «la villa Sésini», il est des choses dont je ne me rappelle pas exactement quarante ans plus tard car il n’y a pas de repère précis. Je me souviens de la date de mon départ de la villa Sésini parce que c’était deux jours avant mon anniversaire et que je n’ai pas pu le fêter car j’étais  dans la cave du bateau un jour de tempête. Il y a des dates qu’on peut mémoriser avec certitude, d’autres pas.

    -Est-ce qu’on pourra connaître un jour toute la vérité sur ces histoires de torture ? 

    Probablement pas. A la villa Sésini, il y avait peut-être 3000 ou 4000 fiches qui ont été jetées. Il n’y a pratiquement  plus d’archives. Ne restent plus que les témoignages des personnes qui ont vécu cette  période. Il y a des officiers qui m’ont confié que jamais ils ne témoigneront sur cette affaire, car ils ont des liens avec la hiérarchie militaire. Pour ce qui est de l’affaire Audin, je suis convaincu que les fiches liées à l’interrogatoire ont disparu aussitôt. Il reste des traces orales, mais l’essentiel a dû être éliminé dès le départ. Il y a peut-être un espoir. Il faut savoir que la technique d’Aussaresses consistait à faire des triplicata de ses activités quotidiennes : il en gardait un exemplaire qui doit être dans ses archives personnelles, — à moins qu’ils aient disparu —, il y en avait un qui était transmis au général Massu et un autre au gouverneur général d’Algérie. Ce serait aujourd’hui étonnant que les trois documents aient disparu.

     

    Amel Blidi

    "Monsieur le Président je vous fais cette lettre..." par Henri POUILLOT

    Rappelez-vous de ce témoignage *** Henri POUILLOT a rencontré le témoin

    http://micheldandelot1.eklablog.fr/voici-un-temoignage-recu-par-courriel-en-provenance-d-algerie-que-j-ai-a112544862

    Jean-Yves LE DRIAN, ministre de la Défense répond à une question au Gouvernement

    http://micheldandelot1.eklablog.fr/l-assassinat-de-maurice-audin-57-ans-de-mensonge-d-etat-a112526438

     

            

     

     


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  • C'est au 1er novembre 1954 que commencent les troubles qui allaient déboucher sur ce qu'on finira par appeler la ''guerre d'Algérie". Témoignages de chrétiens...

    Pendant la guerre d'Algérie, des chrétiens ont joué un rôle important dans la mobilisation contre la torture et la lutte pour l'indépendance. Des hommes d'Eglise, conscients de leur mission, vont ainsi témoigner de la justesse d'une cause : l'égalité des hommes bafouée par un ordre colonial injuste. Etude historique qui met notamment en valeur le rôle décisif de prêtres de la Mission de France. ©Electre 2014

    Confronté à la question de la torture, comment le jeune soldat chrétien Jacques Julliard a-t-il réagi ? Historien et journaliste, il avait 27 ans quand il part faire son service en Algérie. Il raconte.

    http://www.lejourduseigneur.com/Web-TV/Focus/60-ans-de-la-Guerre-d-Algerie/Jacques-Julliard-soldat-chretien-pendant-la-guerre-d-Algerie

    Pourquoi Jacques Julliard a-t-il si peu parlé de la guerre d'Algérie ? Pourquoi l'expérience vécue se transmet-elle difficilement ? Comment peut-on résister à des ordres qui ne rejoignent pas nos convictions ?

    Née en 1932, Colette Gallais a choisi de vivre sa foi catholique dans un pays arabe. Ce fut l'Algerie où elle a rejoint en 1955 une équipe féminine de la Mission de France. A soutenir l'indépendance, elle a reçu la nationalité algérienne. 52 ans après la fin de la guerre, de retour en France, elle évoque quelques souvenirs marquants.

    La guerre d'Algérie a tiraillé les soldats entre leur devoir militaire et leur devoir de conscience, voire entre leur foi et leur devoir d'obéissance. Mais quelle position les prêtres et l'Eglise ont-ils pris dans ce conflit ? Etaient-ils pour la colonisation ou pour l'indépendance des Algériens ?

    “Torture : ce que j’ai vu en Algérie”

    par Jacques Julliard

    Article écrit en 2000

    Par la Ligue des Droits de l’Homme

    De Toulon (Var)

    http://ldh-toulon.net/torture-ce-que-j-ai-vu-en-Algerie.html

    Si nous voulons empêcher le retour de cette honte, il faut la regarder en face. Il ne faut pas que les fils retrouvent un jour l’horreur sur leur chemin parce que leurs pères auront menti.

    Ma première rencontre avec la torture au cours de la guerre d’Algérie fut en quelque sorte pédagogique. J’étais alors élève officier à l’école militaire de Cherchell, au titre de l’instruction militaire obligatoire (IMO) qui obligeait les élèves des grandes écoles - pour moi, l’Ecole normale supérieure - à faire leur service comme aspirants officiers, puis comme sous-lieutenants. En février 1960, nous fûmes envoyés à Arzew, petite ville côtière à l’est d’Oran, pour un stage de formation à la guérilla, au tir instinctif, aux actions commando.

    C’est durant un cours sur le renseignement que l’incroyable se produisit et que l’innommable fut nommé. L’officier instructeur, un capitaine dans mon souvenir, se lança tout bonnement dans une leçon sur la torture devant quelque 150 élèves officiers médusés. Il y fallait un local discret, en sous-sol de préférence, propre à étouffer les bruits. L’équipement pouvait être sommaire : un générateur de campagne couramment appelé "gégène", l’eau courante, quelques solides gourdins. Cela suffisait. Il s’adressait à des garçons intelligents, ils comprendraient...

    A la sortie, des groupes se formèrent. Nous avions beau être sans illusions, c’était trop, un pas supplémentaire venait d’être franchi. Je fis partie de la délégation qui demanda à être reçue par le colonel commandant le camp. Nous lui fîmes part de notre indignation : de telles instructions étaient contraires au code militaire et à l’honneur. Je me rappelle avoir ajouté que nous envisagions une lettre au "Monde", pour faire connaître l’incident. La lettre au "Monde" était alors une arme absolue.

    Le colonel nous déclara immédiatement qu’il s’agissait d’un regrettable débordement, d’une initiative personnelle de l’instructeur. Le jour même, il réunit tous les élèves pour faire une mise au point qui prit la forme d’un désaveu et même d’excuses. De telles paroles étaient en effet contraires au code militaire et ne se renouvelleraient pas. Nous restâmes sceptiques sur ce dernier point mais c’était une victoire psychologique, y compris sur ceux parmi nous qui ne réprouvaient pas le capitaine, au nom de l’éternel argument qui veut que l’on ne fasse pas d’omelette sans casser des oeufs. Les oeufs étaient des hommes et, surtout, pour quelle omelette ?

    Les discussions se poursuivirent les jours suivants, notamment avec le lieutenant qui dirigeait notre section depuis Cherchell. Beaucoup d’autorité et de stature, de la culture, le visage et le corps couturés de cicatrices reçues au combat, il jouissait chez nous d’un grand prestige. Ce baroudeur, qui était aussi un chrétien convaincu, nous déclara qu’il n’avait jamais pratiqué la torture, ne la pratiquerait jamais, et que l’on pouvait faire cette guerre sans se déshonorer. J’ai plaisir à citer le nom de cet officier qui est resté mon ami, et qui devait ensuite commander les forces de l’ONU au Liban, où il fut de nouveau blessé : c’est le général Jean Salvan. Les noms des autres, je les ai oubliés.

    "L’histoire montre que la torture a existé
    avant le terrorisme et qu’elle est inefficace

    Ma seconde rencontre avec la torture fut infiniment plus dramatique. A quelques semaines de là, je rejoignis l’unité à laquelle j’étais affecté sur un piton éloigné de tout, dans la montagne kabyle. A l’issue du repas d’accueil, au cours duquel se déroulèrent les blagues habituelles en pareille circonstance (inversion des grades entre le capitaine et son ordonnance, incidents factices, récits effrayants de la guerre), on me demanda en guise de dessert si, comme dans " les Plaideurs ", je ne voulais pas " voir donner la question ". On interrogeait une vieille femme soupçonnée d’en savoir long. Je refusai avec horreur. " Dommage, me répondit le capitaine, je pensais à vous comme officier de renseignement ! " Le soir, je rejoignis ma chambre, une soupente dans une mechta kabyle, à laquelle on accédait par une échelle. Au pied de celle-ci, il n’y avait pas d’électricité bien sûr, je trébuchai sur une masse informe. C’était, enveloppé dans des guenilles, le corps de la vieille femme que l’on avait abandonné là. Au matin, le cadavre avait disparu.

    Toute ma vie, je me suis demandé si je n’aurais pas dû accepter d’assister à la séance. Peut-être la femme aurait-elle eu la vie sauve. Aux moralistes de trancher. Cette nuit-là, bouleversé, impuissant, je me fis à moi-même le serment absurde de ne jamais faire de politique. De la recherche, du syndicalisme, du journalisme, mais pas de politique ! Pour moi, c’était une évidence : les vrais auteurs de ce meurtre, ce n’étaient pas les bourreaux, c’étaient les hommes politiques qui nous avaient envoyés là, et notamment Guy Mollet et la SFIO. Depuis, j’ai eu beaucoup d’amis au Parti socialiste : il faut qu’ils sachent que jusqu’à mon dernier souffle, je ne serai jamais en paix avec leur parti ni avec François Mitterrand.

    La torture, mais de façon "modérée" et contrôlée 

    Mon troisième contact avec la torture fut moins désespérant. A quelques mois de là, je fus envoyé, toujours en Kabylie mais sur la côte, dans une autre unité où je fus chargé de l’encadrement de chefs de villages ralliés. On était à l’automne 1960 et, à la suite de l’opération "Jumelles", la Kabylie était beaucoup plus calme. On ne dira jamais assez que dans la révolte d’une partie des officiers contre de Gaulle, l’année suivante, il y avait le sentiment qu’on leur avait volé leur victoire après leur avoir fait pratiquer une guerre sale et compromettre des milliers de harkis qui le paierait de leur vie. Eux aussi allaient connaître la torture.

    A l’automne de 1960, il y avait quelques combats, quelques prisonniers aussi. Le commandant P. qui commandait l’unité où je venais d’être détaché, était un ancien déporté de Dachau, où il avait connu Edmond Michelet, auquel il vouait un véritable culte. Cela ne l’empêchait pas de faire ou de laisser pratiquer la torture mais de façon "modérée" et contrôlée. Nous en avons parlé des soirées entières, entre deux parties de tarot dont il était, autant que moi, un passionné. Un soir où nous avions fait deux prisonniers, je lui demandai : "Naturellement, vous allez les interroger ? - Il le faut bien... - Croyez-vous qu’Edmond Michelet approuverait cela ?" Le commandant P. ne me répondit pas mais changea de visage. Le lendemain, comme je le croisai au mess, il me jeta négligemment "Vous savez, vos deux fellaghas, on ne leur a rien fait". Ce fut à mon tour de ne pas répondre. Je n’ai jamais revu le commandant P., mais je sus que c’était un homme honnête et si, par hasard, il tombe sur ces lignes et s’y reconnaît, qu’il y trouve aussi mes amitiés.

    Edmond Michelet est mort en 1970. Après avoir sauvé tant de vies à Dachau, il en avait sauvé encore comme garde des Sceaux sous de Gaulle. Jean-Marie Domenach écrivit alors que Michelet était un saint laïque et qu’il fallait le canoniser. Puisqu’il faut, dit-on, pour cela trois miracles, je lui dis que j’en avais au moins un à sa disposition...

    Tant de choses qu’il faudrait maintenant dire ou raconter 

    La vie, alors, tenait à peu de chose et à de grands hasards. Dans cette même unité, quelque temps avant mon arrivée, s’était déroulée la scène suivante. Le commandant fait venir un sergent et lui dit : "Prenez huit hommes avec vous et descendez le prisonnier à la ferme B" (c’était la base arrière de l’unité).

    Le sergent salue réglementairement et s’en va. Puis revient sur ses pas. "Mon commandant, non, décidément je ne veux pas faire ce sale boulot. - Quel sale boulot ? - Eh bien "descendre" un prisonnier ! Vous n’avez pas le droit de me demander cela ! - Imbécile ! Je ne t’ai pas dit de le descendre tout court, mais de le descendre à la ferme !"

    Celui-là faillit mourir à cause d’un jeu de mots. Si j’étais romancier, j’en aurais fait une nouvelle dans le goût du "Mur" de Sartre. Cela prouve en tout cas que la liquidation des prisonniers, la fameuse "corvée de bois", était chose assez banale et assez courante pour expliquer la méprise du sergent.

    Je n’accable pas, on le voit, les militaires, fussent-ils à l’occasion des tortionnaires. Tous n’étaient pas des barbares. Loin de là. J’ai passé des nuits à discuter avec des officiers paras, ou des légionnaires. Ils ne me traitaient pas de "gonzesse" ou de "pédé" parce que je leur disais réprouver absolument la torture. Beaucoup disaient me comprendre.

    Je ne fais pas le malin. Je ne cherche pas à me donner le beau rôle, loin de là. Tout cela n’est pas brillant et, comme tous mes camarades, j’ai pendant quarante ans enfoui mes souvenirs. La torture a ceci de commun avec le viol qu’elle donne un sentiment de salissure à ceux qui la subissent ou même à ceux qui la combattent presque autant qu’à ceux qui la pratiquent.

    Tant de choses qu’il faudrait maintenant dire ou raconter. Les crimes des nationalistes algériens contre les "colons", contre les Algériens eux-mêmes, contre les harkis. Ces crimes qui continueront, comme on le voit aujourd’hui en Algérie, aussi longtemps que le pouvoir algérien ne les aura pas reconnus. Cela ne suffira peut être pas, mais aussi longtemps que l’Algérie ne regardera pas en face ses propres crimes, elle ne connaîtra pas la paix.

    Dire la vérité, la vérité politique sur la torture 

    Je reviens aux crimes de l’armée française, ceux que nous avons commis. Directement ou indirectement, ils sont l’oeuvre du pouvoir politique. La preuve, c’est que le contingent ne se révolta jamais contre la torture - elle faisait partie à leurs yeux du mandat implicite et inavouable de la nation - mais qu’il se leva comme un seul homme contre le putsch des généraux, en 1961. Quand je demandais aux appelés pourquoi cette différence de comportement, tous me répondaient : dans le premier cas, on nous fait faire un sale boulot, c’est tout. Dans le second, on veut nous couper de la nation, de nos parents, de nos amis, de nos fiancées...

    Voilà pourquoi je ne demande pas le jugement des militaires, même les plus compromis. Mais je demande fermement et sans hésitation que le pouvoir politique reconnaisse solennellement que c’est la France qui est responsable, que c’est elle qui a torturé en Algérie. L’histoire, dit Renan à propos de la mort de Jésus, a oublié le nom des bourreaux mais elle a retenu celui du magistrat responsable. C’est de Ponce Pilate qu’il s’agissait alors. Ici, du pouvoir politique.

    Mon seul souci dans cette affaire est de comprendre comment un peuple civilisé peut retomber dans la barbarie. Si nous voulons empêcher le retour de cette honte, il faut la regarder en face. Dire la vérité, la vérité politique sur la torture. Nous ne voulons pas que les fils retrouvent l’horreur sur leur chemin et la honte au fond de leur coeur, tout cela parce que leurs pères ont menti.

    Jacques Julliard 

     

     


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  • En mémoire de ces «Poilus d'ailleurs» Vous pourrez visualiser le documentaire dans son intégralité grâce à MEDIAPART

    En mémoire de ces «Poilus d'ailleurs» Vous pourrez visualiser le documentaire dans son intégralité grâce à MEDIAPARTEn mémoire de ces «Poilus d'ailleurs»

    Ils venaient de tous les coins du monde, enrôlés de gré ou de force pour se battre dès 1914 contre la Triple Alliance, en défense d'un pays qui les avait colonisés. Avec ce documentaire, Mehdi Lallaoui rend hommage à ces combattants oubliés qui, en ce centenaire de la Première Guerre mondiale, n'ont même pas eu droit à une véritable reconnaissance.

    Alors que l'on commémore en grande pompe le centenaire de la Première Guerre mondiale, que reste-t-il dans notre mémoire collective des 700 000 combattants venus d'Algérie, d'Indochine, de Madagascar, des Antilles, de Nouvelle-Calédonie ? Ces hommes ont été enrôlés de gré ou de force pour soutenir, contre la Triple Alliance de 1914 (Allemagne, Autriche-Hongrie et Italie), le pays qui les avait colonisés et dont ils étaient bien souvent sujets et non citoyens. 80 000 ont été tués ou portés disparus sur les champs de bataille.

    Mehdi Lallaoui s'est plongé dans les archives, a retrouvé certains témoins, a découvert l'utilisation de certains de ces combattants comme cobayes pharmaceutiques, et ne passe pas sous silence les révoltes contre le recrutement des « indigènes », révoltes qui furent totalement occultées par l'histoire officielle.

    Ce film est produit par l'association au Nom de la mémoire qui, outre la diffusion de ce film, a édité un livre et organisé une exposition itinérante du même nom.

    Lire également dans Le Club le texte de Gilles Manceron : Les soldats coloniaux de 14-18, éternels oubliés ? 

     Cliquez sur le lien ci-dessous pour voir "Les Poilus d'ailleurs"


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  • "La Villa Susini" d’Henri POUILLOT est désormais édité en Algérie

    http://www.elwatan.com/culture/chut-on-torture-13-11-2014-277543_113.php

    "Pour le SILA 2014 (Salon International du Livre Algérien) qui s’est tenu à Alger du 28 octobre au 8 novembre 2014, les Éditions "El Kalima" viennent de publier ce livre pour l’Algérie.

    Le jeudi 6 novembre 2014, ce sont près de 50 dédicaces que j’ai dû faire à ce SILA en une demi-journée".

    Henri POUILLOT

    La villa Susini d’Henri Pouillot

    Chut ! on torture

    Les éditions El Kalima viennent de faire paraître le témoignage d’un appelé sur les horreurs qui ont eu lieu dans la Villa Susini durant la guerre de libération. L’auteur du livre y a passé dix mois, soit de juin 1961 à mars 1962.

    «Ces dix mois à la Villa Susini à Alger furent vraiment un enfer, une galère qui marque une vie d’une façon indélébile», écrit-il au début du livre. Il y a vu ce que son pays, celui des droits de l’homme, était capable de faire subir à l’être humain. ça n’a pas de nom ! «Originaire d’une famille de condition très très modeste», selon ses propres propos, l’auteur raconte sa vie paisible dans la campagne, en Sologne, entre Orléans et Gien, celle d’écolier, puis celle de lycéen.

    Cet élément jugé «subversif» — pour avoir participé à des manifestations contre la guerre en Algérie —, qui espérait ne pas passer son service militaire dans ce pays, y a été dirigé exprès, dirait-on, et, en plus, en tant que tortionnaire, dans une belle villa de rêve, devenue à tout jamais sinistre, pour assister, s’adonner avec ses compagnons, une vingtaine en moyenne, non pas aux «interrogatoires poussés», selon la trouvaille du général Massu, mais aux liquidations sommaires, toutes les techniques et autres inventions de torture, les viols…

    Plusieurs années après l’indépendance de l’Algérie, en France, tout ce qui touchait aux méfaits du colonialisme était un sujet tabou. La preuve, le mot «guerre» n’a été «reconnu», utilisé, — on parlait lors de cette guerre et bien plus tard encore d’«opérations de police», de  «maintien de l’ordre», «événements d’Algérie», etc.   qu’après une quarantaine d’années. Henri Pouillot trimballera ces horreurs et leurs retombées traumatisantes, après sa démobilisation, jusqu’au moment où, dans les années 2000, certaines langues s’étant déliées, il dénoncera la torture, — plus grave encore —, la torture érigée en institution.

    De fait, en 2001, il fera paraître ce témoignage aux éditions Tirésias, à Paris. «L’armée française en Algérie et certains corps de police ont perpétré des crimes de guerre là où ils étaient censés rétablir l’ordre, c’est un fait indiscutable. Et si des hommes ordinaires ont commis des forfaits, souvent à contrecœur, c’est sous la pression consciente d’intérêts politiques et économiques incarnés dans des personnalités profitant d’une totale impunité», écrit dans la préface Bernard W. Sigg, psychanalyste, vice-président de l’Association républicaine des anciens combattants pour l’amitié, la solidarité, la Mémoire, l’antifascisme et la paix.

    En ce temps-là, l’armée française, qui avait essuyé plusieurs défaites, avait carte blanche, pour redorer son blason, de «pacifier» l’Algérie, comme le dit si bien le général Paris de la Bollardière, qui s’était élevé contre la torture et avait refusé de la pratiquer, et qui, de ce fait, vivra de redoutables représailles. Les autorités civiles et militaires savaient tout ce qui se passait dans ce sinistre lieu, mais l’omerta et le mensonge étaient la règle.

    Aussi, l’auteur écrit-il ceci : «On ne rendait jamais de comptes, ni à la police, ni à la gendarmerie, ni à la justice… on avait TOUS les DROITS.» (en majuscules dans le texte). Tous les droits de faire subir aux indigènes, aux suspects, tout ce qu’on voulait ! Dans son analyse, l’auteur, qui incite l’Etat français à reconnaître cette pratique de la torture et les exactions commises, en est amené à dire que si le racisme fait des ravages en France vis-à-vis des communautés maghrébines, c’est parce qu’il n’est que le fruit du colonialisme, que «tant que subsistera cet arriéré, l’intégration des communautés restera difficile à réaliser», et que, pis encore, «le ferment du racisme continuera de se développer tranquillement». Plus jamais ça ! Un livre qui se veut «un cri d’espoir » !

    Abdelwahab Boumaza

    Rappelez-vous de nos deux articles précédents concernant Henri Pouillot en déplacement en Algérie : 

    http://micheldandelot1.eklablog.fr/henri-pouillot-temoin-de-la-torture-et-auteur-de-deux-livres-temoignag-a113272082

    http://micheldandelot1.eklablog.fr/long-temoignage-d-henri-pouillot-avec-video-au-quotidien-algerien-libe-a113258078 

     

     

     

     

     


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  • Henri Pouillot, témoin de la torture et auteur de deux livres-témoignages sur la guerre de libération en déplacement en Algérie

    «Il faut une volonté politique de part et d’autre pour faire la lumière sur la mort de Maurice Audin»

    http://www.elwatan.com/hebdo/magazine/il-faut-une-volonte-politique-de-part-et-d-autre-pour-faire-la-lumiere-sur-la-mort-de-maurice-audin-13-11-2014-277567_265.php

    Henri Pouillot, ancien appelé pendant la guerre, est l’un des témoins de la torture et viols ayant révélé les exactions effectuées par les militaires français dans la tristement célèbre Villa Sésini d’Alger. Il milite aujourd’hui pour que la France reconnaisse ses crimes et fasse enfin la lumière sur les affaires de torture en Algérie.

    -Où en est aujourd’hui l’affaire Maurice Audin ? 

    Pour moi, l’affaire Maurice Audin est encore dans une impasse. Il y a eu une petite avancée le 17 juin dernier à la veille de la remise du prix Maurice Audin lorsque François Hollande a reçu Josette Audin à l’Elysée. Il lui a expliqué le texte du communiqué qu’il a remis à la presse le lendemain qui disait, en substance, qu’en fonction des témoignages et des documents consultés récemment, Maurice Audin ne s’est pas évadé mais qu’il est mort en détention. Or, le Président français s’est engagé précédemment à ce que Josette puisse avoir accès à toutes les pièces d’archives de France pour avancer sur le sort de son mari.

    Dans ce communiqué, il explique qu’il y a des documents et des témoignages mais ceux-ci n’ont été ni publiés ni explicités nulle part depuis le mois de juin. Le tout petit pas effectué consiste à dire qu’il ne s’est pas évadé, mais qu’il est mort en détention. Comment ? Est-ce de vieillesse à 24 ans ou de crise cardiaque ?  On l’ignore. Peut-être que la parution de l’ouvrage La vérité sur la mort de Maurice Audin de Jean-Charles Deniau a été l’élément qui a fait avancer François Hollande dans ce domaine. Jean-Charles Deniau y a interviewé avec acharnement le général Paul Aussaresses qui était dans l’unité dans laquelle Audin a été arrêté et torturé et d’où on n’a plus trouvé aucune trace. Les confessions d’Aussaresses quelques semaines avant sa mort donnent un certain nombre d’éléments concrets sur les possibilités dont serait mort Maurice Audin  et où il aurait pu être enterré.

    -Quelles sont ces hypothèses ? 

    Il serait mort assassiné probablement  par un coup de couteau. Aussaresses reste prudent et évasif dans l’ouvrage de Deniau et ne va pas jusqu’à confirmer cet aspect. En revanche, un témoignage du colonel Godard, dans les archives américaines dont Nathalie Funes, journaliste au Nouvel observateur,  a publié quelques extraits sont plus explicites. Yves Godard met en cause le lieutenant Garcet, qui était dans le groupe des officiers sous Aussaresses, comme le responsable de l’exécution de Maurice Audin. Ces deux pièces maîtresses sont une petite avancée dans la connaissance de la vérité sur la disparition de Maurice Audin.

    -Le lieutenant Garcet est-il encore vivant ? 

    Oui, mais il refuse systématiquement tout échange et tout contact. Il y a d’autres militaires qui sont encore de ce monde. J’ai provoqué François Hollande, en tant que militant de l’association «Sortir du colonialisme», à la suite de la publication du livre de Jean-Charles Deniau sur la question de Maurice Audin. Je pense qu’il y a une possibilité de faire avancer le dossier. J’ai fait une autre intervention auprès de Devilliers, nouvel état-major. Dans ce courrier, j’affirmais très fort qu’aujourd’hui il y a un certain nombre de témoins vivants qui savent tout de A à Z : comment se sont déroulées l’arrestation, l’exécution puis la disparition du corps de Maurice Audin. Une personne en particulier ne peut être contestée si elle dit la vérité, c’est le général Maurice Schmitt, un des officiers de renseignement d’Alger qui était à cette époque capitaine à Alger.  Tous les officiers de renseignement se rencontraient chaque jour pour faire le point sur les Algériens arrêtés, ainsi que  le bilan de leurs actions de recherche des responsables du FLN. Il n’est pas possible que l’affaire Audin n’ait pas été discutée dans tous les détails possibles, y compris comment ils ont procédé pour faire disparaître toutes les traces.
    Le général Maurice Schmitt est encore vivant, il habite Marseille et s’exprime assez souvent, y compris sur des aspects liés à la guerre d’Algérie.

    -Y a-t-il une volonté du gouvernement Hollande de faire la lumière sur les affaires de torture ? 

    Je n’y crois pas trop pour plusieurs raisons : Sous Sarkozy, une stèle du colonel Château Joubert a été inaugurée dans la caserne de Pau. Celui-ci a été l’un des déserteurs de l’armée, putschiste et l’un des responsables du commando de l’Ouarsenis qui voulait remettre en cause le cessez-le feu du 19 mars 1962. Condamné à mort par contumace pour son activité OAS, il a été gracié de fait, comme pour tous les anciens de l’OAS. Sachant qu’au mois d’octobre, et comme chaque année, ils font une cérémonie en hommage à Château Joubert, j’ai interpellé Hollande à ce sujet en soulignant que cette stèle n’avait pas sa place dans la caserne de Pau et que l’hommage était malvenu, le conseiller de Hollande m’a répondu, au nom du Président, que cette stèle a été érigée officiellement et qu’il était, de ce fait, normal qu’elle y reste. Cela est la démonstration concrète de la volonté de changer — ou pas — dans ce domaine.

    Autre exemple de la volonté de ne pas changer de l’actuel Président : lors des primaires socialistes, alors qu’il était en concurrence avec Martine Aubry au deuxième tour, le vote se déroulait le 16 octobre 2011, la veille de la commémoration du massacre du 17 octobre 1961 à Paris. En tant qu’animateur du collectif du 17 Octobre, on avait fait une lettre à Hollande lui demandant de confirmer sa signature de la pétition qu’on avait mise en ligne sur le site Mediapart dans laquelle on demandait à ce que l’Etat français reconnaisse cet événement comme un crime d’Etat et qui avait recueilli plusieurs milliers de signatures, Hollande l’a signée une heure après qu’Aubry l’ait fait.

    Etant près de la façon dont son voyage à Alger en 2012 s’est préparé, je sais que son déplacement à la place Maurice Audin a été programmé la veille de son départ. Il y est resté pas plus de 5 minutes et n’a pas évoqué le problème de la torture. Il aurait été judicieux, s’il y avait une volonté politique dans ce domaine, de reconnaître tout ce qui s’est passé durant la guerre d’Algérie et la responsabilité de la France, d’autant qu’il y a beaucoup de sollicitations. Deux semaines avant son séjour à Alger, il a eu des centaines d’interpellations qui se prononçaient dans ce sens. Le fait est qu’il n’y a pas de volonté politique de base qui remettrait en cause la politique de droite précédente.

    -Y a-t-il des pistes sur le lieu dans lequel serait enterré Maurice Audin ? 

    Pour l’instant, il n’y en a aucune. Le témoignage paru dans la presse algérienne (selon lequel Maurice Audin aurait été enterré près de Ben Salah) est une piste très intéressante qui pourrait faire avancer le dossier. Même si c’est un autre Européen qui a été enterré à cet endroit-là, cela mériterait qu’on y regarde de plus près.

    -Pourquoi cette piste est-elle intéressante, selon vous ? 

    Le lieu coïncide avec les échos qu’on peut avoir dans ce domaine. C’est le secteur dans lequel la plupart du temps les corps des suppliciés d’Alger y étaient enterrés, tout comme Le Ravin de la femme sauvage ou dans le secteur de Koléa dans lequel il y avait des fermes et dans lequel étaient camouflés des petits charniers des corps dont on se débarrassait. Le lieu et la période me semblent des éléments qui peuvent être intéressants et qui méritent d’être regardés de près et voir comment on peut aller plus loin.

    -Quels sont les aspects de ce témoignage  sur lesquels vous exprimez des réserves ? 

    Les deux aspects du témoignage, tel qu’il est exprimé,  qui me font réserve, concernent le fait qu’Aussaresses ne s’est pas exprimé à la télévision là-dessus, car il était incapable de le faire à ce moment-là. C’est dans le livre de Jean-Charles Deniau, sorti récemment, qu’il donne certains éléments. L’autre point important qui pose question est lié au fait que le lieutenant Pierre Lagaillarde n’était pas chargé des interrogatoires et des exécutions. Il fut, certes, un sanguinaire qui, pendant des patrouilles, n’hésitait pas à faire des exécutions sommaires, mais il n’était pas tortionnaire. Je ne disculpe pas le criminel Lagaillarde, mais je conteste le fait qu’il ait été tortionnaire et qu’il se débarrassait des personnes qu’il avait suppliciées. Ce témoignage mérite d’être approfondi. C’est aux autorités algériennes de faire des recherches concrètes pour savoir qui est enterré de façon anonyme dans ce lieu-là. Et que les autorités françaises donnent leur accord pour des recherches complémentaires.

    Après, c’est un problème entre deux pays de déterminer les responsabilités. Il faut des recherches précises et affinées qui permettront  d’en savoir davantage. Il y a eu  un certain nombre d’Européens qui ont été exécutés de façon sommaire après torture. Beaucoup moins d’Algériens, c’est évident, mais il y en a eu un certain nombre. Si c’est un autre Européen qui y est enterré et dont on peut avoir l’identification, on pourra découvrir dans un environnement proche le lieu où est enterré Mairice Audin.

    -Y a-t-il déjà eu des cas de faux  témoignages dans la recherche — ô combien difficile — de la vérité sur la guerre de Libération nationale ? 

    Dans la préface de l’ouvrage de Stanislas Hutin, l’historien Pierre Vidal Naquet me cite comme faux témoin. D’après les recherches qu’il avait faites, il estimait qu’après 1960 il n’y avait plus de torture à Alger. Je l’ai rencontré quelques semaines avant son décès et nous avions prévu de fixer un rendez-vous. La vie en a voulu autrement puisqu’il est décédé quelques semaines plus tard. C’est pour cela que je dis qu’il faut faire attention à l’accusation de faux témoignage.  Dans le premier témoignage que j’ai écrit sur «la villa Sésini», il est des choses dont je ne me rappelle pas exactement quarante ans plus tard car il n’y a pas de repère précis. Je me souviens de la date de mon départ de la villa Sésini parce que c’était deux jours avant mon anniversaire et que je n’ai pas pu le fêter car j’étais  dans la cave du bateau un jour de tempête. Il y a des dates qu’on peut mémoriser avec certitude, d’autres pas.

    -Est-ce qu’on pourra connaître un jour toute la vérité sur ces histoires de torture ? 

    Probablement pas. A la villa Sésini, il y avait peut-être 3000 ou 4000 fiches qui ont été jetées. Il n’y a pratiquement  plus d’archives. Ne restent plus que les témoignages des personnes qui ont vécu cette  période. Il y a des officiers qui m’ont confié que jamais ils ne témoigneront sur cette affaire, car ils ont des liens avec la hiérarchie militaire. Pour ce qui est de l’affaire Audin, je suis convaincu que les fiches liées à l’interrogatoire ont disparu aussitôt. Il reste des traces orales, mais l’essentiel a dû être éliminé dès le départ. Il y a peut-être un espoir. Il faut savoir que la technique d’Aussaresses consistait à faire des triplicata de ses activités quotidiennes : il en gardait un exemplaire qui doit être dans ses archives personnelles, — à moins qu’ils aient disparu —, il y en avait un qui était transmis au général Massu et un autre au gouverneur général d’Algérie. Ce serait aujourd’hui étonnant que les trois documents aient disparu.

    Amel Blidi

    Rappelez-vous de notre article précédent concernant Henri Pouillot en déplacement en Algérie :

    http://micheldandelot1.eklablog.fr/long-temoignage-d-henri-pouillot-avec-video-au-quotidien-algerien-libe-a113258078

           

     

     

     


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  • Les pieds-noirs, 52 ans après… c’est une réussite d’intégration…

    Alger en 1962

    En 1962, comme si un barrage s'était rompu, 700.000 Français d'Algérie déferlent sur la métropole. Drame national à leur arrivée, cet exode, vu avec cinquante-deux ans de recul, a connu un épilogue heureux : la réussite de leur intégration.

    Quelques lignes sur le terme pied-noir. En général, les Français d'Algérie ne l'aiment pas… Pourtant certains se disent « pieds-noirs et fiers de l’être ». On leur a collé cette étiquette au moment de l'exode. Ses origines sont contestées. Les uns affirment que le mot remonte aux soldats français débarqués en 1830 qui portaient des guêtres noires. Les autres pensent que le sobriquet vient des colons viticulteurs qui écrasaient le raisin en le piétinant et sortaient du pressoir les pieds noircis par le jus. Quelle que soit son étymologie, l'expression va s'imposer en France et éclipser les autres.

    En 1962, au moment des accords d'Evian, la métropole les appelle déjà rapatriés. Un secrétariat d'Etat aux Rapatriés a été créé l'année précédente, confié à Robert Boulin. Dans la foulée, des décrets ont été publiés prévoyant l'accueil des Français d'Algérie ainsi que leur accès à des aides spécifiques. Mais ce dispositif, copié sur celui mis en place pour les Français du Maroc, de Tunisie et d'Indochine, va être totalement submergé.

    Depuis la Toussaint 1954, cela fait plus de sept ans que l'Algérie vit dans la guerre. D'abord dans les campagnes puis dans les villes avec, pour ne citer que quelques épisodes, la bataille d'Alger, le terrorisme, les assassinats, sans oublier les fameuses nuits bleues où les explosions succèdent aux explosions.

    Quand des négociations, à l'initiative du général de Gaulle, aboutissent aux accords du 18 mars 1962 conduisant à un cessez-le-feu en vigueur le 19 mars à midi, prélude à l'indépendance, fureur et désespoir se mêlent dans le coeur des Européens d'Algérie. L'Organisation armée secrète (OAS), créée un an auparavant dans le but de maintenir l'Algérie française, redouble de violence.

    À Alger, le 26 mars 1962, l'armée impose un blocus au quartier (européen) de Bab el-Oued et en bombarde certains bâtiments. Des soldats français tirent sur d'autres Français rue d'Isly, ces derniers, manipulés par l’OAS, avaient participé à une manifestation interdite et tenté de forcer un barrage de l’armée française… Il y eut des victimes…

    Pour une immense majorité de pieds-noirs, ces combats fratricides, qui s'ajoutent aux exactions récurrentes du Front de libération nationale (FLN), donnent le signal du départ. L'armée n'est plus là pour les défendre et ils refusent de rester dans un pays gouverné par leur ennemi FLN. Les massacres d'Oran (plusieurs milliers de victimes), perpétrés le 5 juillet, jour de la proclamation de l'indépendance, sans que la garnison française n'intervienne, emporteront les doutes de ceux qui hésitaient encore. C'est «la valise ou le cercueil»… et pourtant cette terrible menace ne provenait pas du FLN mais de l’OAS… et les 250000 pieds-noirs qui restèrent après l’indépendance ne furent jamais inquiétés.

    Cette pied-noir a fait le choix de rester en Algérie… elle n’a jamais été inquiétée

     

    Les pieds-noirs, 52 ans après… c’est une réussite d’intégration…

    En juillet 1962, alors que l’Algérie vient d’obtenir son indépendance, des centaines de milliers de pieds-noirs quittent le pays. Yvette Maillot, une Française a fait le choix de rester… comme 250.000 autres pieds-noirs

    Les pieds-noirs, 52 ans après… c’est une réussite d’intégration…

    Yvette Maillot dans le jardin de sa villa du Clos-Salembier, à Alger. (photo Mehdi Chebil)

     

     Certains pensent encore revenir pour un vrai déménagement

    Entre mars et septembre 1962, villes et villages d'Algérie se vident de leur population européenne comme si un barrage s'était rompu. Des rotations incessantes de navires vers Marseille et Port-Vendres ainsi qu'une noria d'avions déversent près de 700.000 rapatriés sur le sol de la métropole - 70 % de la population française d'Algérie.

    Rares sont ceux qui ont pu déménager. La plupart sont partis dès qu'ils ont décroché un passage maritime ou un billet d'avion. On a bourré les valises à la hâte et chaque membre de la famille en transporte une ou deux. Certains songent à revenir plus tard pour effectuer un déménagement en bonne et due forme. Mais beaucoup croient ce départ définitif.

    Dans son émouvant ouvrage La Traversée, l'écrivain Alain Vircondelet raconte: «On savait que sitôt partis, la porte serait fracturée et qu'une famille, peut-être déjà aux aguets, occuperait les lieux.» Ainsi, nombre de portes resteront ouvertes et des voitures abandonnées avec les clés sur le tableau de bord - d'autres, au contraire, incendieront leur véhicule plutôt que de le laisser aux «vainqueurs»… C’était d’ailleurs la politique de la terre brûlée de l’OAS.

    Les pieds-noirs, 52 ans après… c’est une réussite d’intégration…

    Adieu l'Algérie française

    Quand ils embarquent et jettent un dernier regard vers cette terre d'Algérie qui les a vus naître, ces rapatriés éprouvent le goût amer de la trahison. Le gouvernement, remâchent-ils, a précipité leur perte, détruit leur existence et bradé «leur» pays. Jetés sur les routes de l'exil, beaucoup espèrent trouver le réconfort en gagnant la «mère patrie». C'est De Gaulle qui les a trahis, pas la France, veulent-ils croire pendant leur traversée sans retour. Du moins la France des livres d'histoire et des manuels de géographie. Car ce peuple d'artisans, d'employés, de commerçants, de fonctionnaires cher à Albert Camus n'a, dans sa majeure partie, jamais foulé le sol de l'Hexagone. Ceux qui l'ont visité n'y ont souvent passé que quelques semaines de vacances et n'en ont donc rapporté que des souvenirs heureux. Leur vision idyllique ne résistera pas aux premières heures passées sur les quais de Marseille ou dans les salles de débarquement d'Orly. Policiers suspicieux - l'Intérieur traque les hommes de l'OAS - et douaniers pinailleurs transforment les premiers instants en une attente interminable.

    Les rapatriés découvrent soudain une France marquée par la guerre d'Algérie, mais pas comme ils l'ont été eux-mêmes. Ces Français-là les accueillent souvent mal, parce que des dizaines de milliers d'appelés du contingent ont été envoyés dans les Aurès «à cause d'eux» ; parce que l'OAS a commis des attentats en métropole et qu'on les tient pour responsables ; et parce que des généraux ont organisé un putsch un an plus tôt contre la République. L'hostilité a été amplifiée par la presse qui les présentent tous comme des «colons» : propriétaires latifundiaires exploitant de pauvres fellahs ou bourgeois nantis dont les Arabes ciraient les chaussures aux terrasses des cafés. En réalité, les trois quarts des Français d'Algérie avaient des revenus inférieurs de 20 % à ceux des métropolitains. Et les riches colons ne représentaient que... 3 % des pieds-noirs.

    Mais Defferre le socialiste aurait dû avoir un comportement plus républicain…

    Gaston Defferre, alors maire de Marseille, se place au premier rang du «comité d'accueil». Supporter de l'indépendance, il n'éprouve pas de sympathie pour ces intrus qui débarquent par milliers chaque jour dans la cité phocéenne. Le 2 juillet 1962, dans une interview à Paris-Presse, il déclare: «Au début, le Marseillais était ému par l'arrivée de ces pauvres gens, mais, bien vite, les pieds-noirs ont voulu faire comme ils le faisaient en Algérie quand ils donnaient des coups de pieds aux fesses des Arabes. Alors les Marseillais se sont rebiffés. Vous-même, regardez en ville: toutes les voitures immatriculées en Algérie sont en infraction!» «Halte au péril pied-noir», peut-on lire sur des affiches placardées sur les murs du port. Dans ce climat tendu, des pieds-noirs verront même leurs caisses jetées dans les bassins.

    Le gouvernement n'est pas en reste. Le général de Gaulle observe cet exode avec inquiétude : il discrédite les accords d'Evian qui stipulaient des garanties pour les Français d'Algérie et rejette vers la métropole ses plus farouches détracteurs. Louis Joxe, ministre des Affaires algériennes, qui a mené les négociations avec le FLN, voit ces arrivées massives comme une catastrophe. Robert Boulin, secrétaire d'Etat aux Rapatriés, tente de minimiser l'événement. En Conseil des ministres, il explique que cet afflux cache un grand nombre de vacanciers qui retourneront en Algérie à la rentrée et que seulement 160.000 pieds-noirs sont partis pour de bon...

    En fait, quelles qu'aient été les arrière-pensées politiques des uns ou des autres, l'afflux soudain de pieds-noirs prend le gouvernement et l'administration au dépourvu. Ni le secrétariat d'Etat, ni le ministère de l'Intérieur, ni les préfectures ne sont prêts à y faire face. Le problème est énorme. Il faut loger, nourrir, scolariser des milliers de Français arrivés en six mois.

    Les plus argentés, une minorité, possèdent une maison ou un appartement en métropole et peuvent s'y installer. Mais que faire des autres ? Quand ils ont encore des liens familiaux, les pieds-noirs campent chez des parents. Mais ces solutions de fortune, à cinq ou six dans une pièce, ne sont pas durables. Elles ne font que repousser le problème et grossir les rangs des mécontents.

    Quant à ceux qui n'ont pas de famille en France - c'est par exemple le cas des pieds-noirs d'origine espagnole ou des juifs séfarades -, ils n'ont rien. La question du logement est la plus urgente. Hélas, en ce début des années 60, la France se débat déjà avec ce problème. Les dossiers des rapatriés vont donc épaissir le fichier des mal-logés et s'ajouter aux cohortes de demandeurs de HLM. À l'été 1962, on les héberge dans des internats, vides durant les vacances scolaires, dans des entrepôts désaffectés ou d'anciennes casernes, voire dans de petits hôtels sans confort réquisitionnés par les préfectures. La Croix-Rouge, le Secours catholique, la Cimade (protestante), le Fonds social juif déploient leurs bénévoles pour assister les pieds-noirs.

    Ces «solutions» relèvent toutes de l'expédient ou de la charité plutôt que du plan réfléchi et concerté. Longtemps encore, ils furent des milliers à occuper des logements insalubres en payant des loyers prohibitifs au regard de l'état des locaux. Il faudra des années pour régler le relogement des pieds-noirs en France. Le chercheur Yann Scioldo-Zürcher, auteur d'une étude détaillée sur l'intégration des rapatriés d'Algérie (Devenir métropolitain, éditions EHESS), souligne néanmoins que l'État a veillé à ce que les rapatriés n'échouent pas dans les bidonvilles, nombreux autour des grandes villes françaises de l'époque.

    Attirés par le climat du midi de la France

    L'objectif d'origine - veiller à éviter des concentrations trop importantes dans certaines régions de France - n'a pas été atteint. Le midi de la France, notamment le pourtour méditerranéen, concentre la majorité des pieds-noirs. Viennent ensuite la région parisienne, puis le Rhône et l'Isère. Une répartition géographique qui révèle deux tendances fortes. Premièrement, beaucoup de pieds-noirs ont privilégié le climat. N'oublions pas que cette population composite, mêlant Français, Espagnols, Maltais, Italiens, Grecs, Séfarades, représentait une sorte de concentré de Méditerranée qui n'avait que peu, ou pas du tout, de racines en France. D'où l'envie de s'établir près de la «grande bleue» ou, en tout cas, d'éviter les hivers trop rudes.

    Deuxièmement, les zones de forte expansion ont accueilli de nombreux pieds-noirs. Le constat est vrai pour l'Ile-de-France et la région Rhône-Alpes. Mais il l'est aussi pour les grandes villes du Midi : Marseille, Nice, Montpellier, Perpignan, Toulon. L'arrivée des pieds-noirs a correspondu avec le moment fort des Trente Glorieuses, marqué par une croissance annuelle supérieure à 6 % jusqu'en 1965. Ils y prirent leur part.

    Dans l'agriculture, une réussite moins harmonieuse

    Il est bien entendu très difficile de mesurer la réussite spécifique de la population rapatriée une fois installée sur le territoire de la métropole. A leur arrivée, l'économie française en général et le marché de l'emploi en particulier n'avaient pas forcément besoin d'eux.

    Artisans, petits commerçants, modestes employés, agriculteurs, ils faisaient irruption dans une France en pleine mutation: exode rural, industrialisation, avènement des grandes surfaces commerciales. Au départ, les autorités ont attribué des aides aux indépendants pour qu'ils se réinstallent tout en octroyant des surprimes, substantielles, à ceux qui optaient pour un emploi salarié.

    La rabbia, ce mot italien utilisé à Bab el-Oued qui signifie rage, animait-elle les rapatriés à leur arrivée ? En tout cas, ces Français qui avaient tout perdu ont tracé leur chemin en créant des PME, notamment dans le bâtiment, dans la confection et dans les services. Dans les professions libérales, médecins, vétérinaires, dentistes, avocats, notaires, les réussites sont patentes. Dans le monde agricole, le tableau est moins harmonieux. À côté de grands succès, notamment en Corse avec la viticulture et les agrumes ou sur la Côte d'Azur avec les pépiniéristes, on déplore de nombreux échecs.

    Les pieds-noirs, parfois incités par les pouvoirs publics ou les chambres d'agriculture, ont repris des exploitations abandonnées par des paysans qui avaient gagné la ville. Payées au prix fort, les terres n'ont pas produit les revenus attendus et ont plongé leurs acquéreurs dans les difficultés, voire la faillite.

    Les fonctionnaires sont un cas particulier. Les administrations les ont intégrés, parfois avec quelques retards dans la carrière, et les agents des organismes locaux ont fini par être réaffectés au sein de services publics en France. Exemple célèbre dont beaucoup de lycéens des années 60 se souviendront : les infirmières des hôpitaux d'Algérie que l'on réorienta vers la médecine scolaire.

    N'oublions pas la musique, le cinéma et le show-business où les réussites sont légion. C'est vrai pour les Séfarades qui dominent la comédie, au grand dam de certains qui se sentent caricaturés par leur genre d'humour.

    Mal partis et finalement bien arrivés, les rapatriés auront quand même obtenu de réelles compensations de la République - ce que certains extrémistes ont semblé oublier. En 1970, le Sénat chiffrait à 26 milliards de francs le total des aides et allocations. Quant aux indemnisations au titre des lois de 1970, 1974 et 1978, elles se montent à près de 29 milliards de francs. Des sommes obtenues de haute lutte, bien après que le Général eut quitté le pouvoir, notamment sous Giscard. Au bout du compte, les pieds-noirs n'ont pas «tout» perdu.

    La France, quant à elle, a gagné des citoyens qui ne demandaient qu'à l'intégrer. C'est une réussite.


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