• Aujourd'hui on continue d'honorer l'inventeur des "crevettes Bigeard" Le 8 juin dernier c'étair à Cannes que ça se passait

    La technique des "Crevettes Bigeard" ? Elles resteront la sinistre image de cette époque qui perpétuera ce nom. Pour beaucoup, ce terme employé alors ne signifie rien, surtout qu’il ne figure dans aucun livre d’histoire de notre enseignement. Pourtant c’est en employant cette expression que Paul Teitgein interrogeait Massu, en 1957, sur les milliers de disparus pour lesquels il n’avait aucun rapport concernant leur "évaporation". Pour éliminer physiquement, en faisant disparaître les corps, Bigeard avait inventé cette technique : sceller les pieds du condamné (sans jugement, sinon le sien), vivant, dans un bloc de béton et le larguer de 200 ou 300 mètres d’altitude d’un avion ou d’un hélicoptère en pleine mer. Il avait perfectionné cette technique : au début les algériens étaient simplement largués dans les massifs montagneux, mais leurs corps étaient retrouvés. La seconde étape fut le largage en mer, mais quelques un sont parvenus à revenir à la nage sur la côte et échapper miraculeusement à la mort. C’est pourquoi il "fignola" le raffinement de sa cruauté en inventant le bloc de ciment. C’est par cette technique enseignée par son ami le Général Aussaresses (et les officiers supérieurs instructeurs associés Lacheroy, Trinquier…) que cette technique a été utilisée en Argentine en particulier pour les 30.000 disparus que pleuraient les "Folles de la Place de Mai".

    Inconcevable: un acteur

    de la « sale guerre » honoré

    à Cannes !

    Image1C’est avec beaucoup de surprise que nous venons d’apprendre par la presse la décision du conseil municipal de Cannes, d’appeler le square voisin de la mairie « Jardin Marcel BIGEARD ».
    Quelle mouche a donc piqué les élus cannois pour mettre ainsi à l’honneur le va-t’en guerre mais aussi tortionnaire de nos guerres coloniales ?
    A une telle proximité du monument aux morts, et tant qu’à lui donner le nom d’un illustre militaire, il eut été plus judicieux de baptiser ce jardin du nom d’un autre grand militaire de la même époque, mais qui avait eu, lui, le courage de dénoncer la pratique de la torture et de refuser de l’exercer ? Le général De la BOLLARDIERE bien que militaire, résistant, combattant en Indochine comme en Algérie était un pacifiste convaincu, une grande figure de la non-violence.
    Le conseil municipal ne s’honore pas en donnant à l’ami du général Aussaresses avec qui il a initié les fameuses « crevettes Bigeard »  reprises à leur compte par les militaires argentins pour faire disparaitre définitivement après torture les opposants politiques.
    La ville de Cannes aurait pu éviter cela.
    Après les cautions de la famille LE PEN aux tortures, voilà que la municipalité UMP 'euh je voulais dire Les Républicains ?" se situe dans le même registre et met à l’honneur un homme dont les actes sont inacceptables, ce faisant elle tend à banaliser ces exactions.
    Nous n’avons vraiment pas tous vu et compris la même chose dans le « Je suis Charlie » du mois de janvier.

     

     

    Désolé pour la mauvaise qualité du scan ci-dessous

     


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    Pendant que la famille Le Pen

    s'étripe, il y a en France

    beaucoup trop de boue puante...

     

     

    Maréchal Pétain :

    soixante-quatre ans

    après sa mort, des fans continuent

    de lui rendre hommage

    MARÉCHAL, NOUS REVOILÀ — Depuis sa mort, le 23 juillet 1951, les fidèles du maréchal Pétain vont se recueillir chaque année sur sa tombe, à l'île d'Yeu. C'est toujours le cas en 2015 : mouvance d'extrême droite et nostalgiques du Maréchal se sont passé le mot.

     
    64 ans après sa mort, des fans du maréchal Pétain lui rendent encore hommage

    Tous les ans, les amoureux du maréchal Pétain se recueillent sur sa tombe, sur l'île d'Yeu. 

    DR

    SOURCE : http://www.metronews.fr/info/marechal-petain-64-ans-apres-sa-mort-des-fans-continuent-de-lui-rendre-hommage/mogw!MKoqUY7NFhRI/

     

    Pendant que la famille Le Pen s'étripe, il y a en France beaucoup trop de boue puante...

    A partir de là jamais

     

     

    Marine Le Pen n'avait condamné

     

    son père, si elle essaye de le "tuer

     

    politiquement" maintenant c'est

     

    pour se rendre plus présentable

     

    pour la future élection

     

    présidentielle de 2017

    Pendant que la famille Le Pen s'étripe, il y a en France beaucoup trop de boue puante...

     

    ► L’odeur des Roms

    En juillet 2013, à Nice, le président d’honneur du parti frontiste présente les Roms comme une menace pour la ville et évoque une présence "urticante et disons... odorante".

    ► Les chapons du Marais

    Le 20 février 2007, lors du congrès de la Fédération nationale de la chasse, Jean-Marie Le Pen établit un parallèle avec des poulets castrés : "Dans le Marais de Paris, on peut chasser le chapon sans date d'ouverture ou de fermeture, mais dans le marais de Picardie, on ne peut chasser le canard en février".

    ► L’occupation allemande pas "inhumaine"

    "En France du moins, l'Occupation allemande n'a pas été particulièrement inhumaine, même s'il y eut des bavures, inévitables dans un pays de 550.000 kilomètres carrés". Ces propos tenus par Jean-Marie Le Pen dans l’hebdomadaire d’extrême-droite Rivarol, en janvier 2005, lui vaudront d’être condamné, 7 ans plus tard, à trois mois de prison avec sursis et 10.000 euros d'amende pour contestation de crime contre l'humanité.

    ► Le jeu de mot sur M. Durafour "crématoire"

    En 1988, dans un discours prononcé devant les militants du Front National lors de l’université d’été du parti, Jean-Marie Le Pen fait un jeu de mot avec le nom de Michel Durafour, alors ministre de la Fonction publique : "Monsieur Durafour et du moulin, obscur ministre de l'ouverture, dans laquelle il a immédiatement disparu [...] monsieur Durafour crématoire, merci de cet aveu". 26 ans plus tard, il ne regrette toujours rien. La justice le condamnera, en 1993, à une amende de 10.000 francs pour "injure publique".

     

    ► Le "détail" des chambres à gaz
     
    C’est probablement l’un de ses dérapages les plus célèbres : invité du Grand Jury - RTL- Le Monde, en septembre 1987, Jean-Marie Le Pen déclare : "Je ne dis pas que les chambres à gaz n'ont pas existé. Je n'ai pas pu moi-même en voir. Je n'ai pas étudié spécialement la question. Mais je crois que c'est un point de détail de l'histoire de la Deuxième Guerre mondiale." Une sortie qu’il ne regrettera pas, là non plus, mais pour laquelle il sera condamné, en 1991, pour "banalisation de crimes contre l'humanité" et "consentement à l'horrible".
     
     
    ► Les "sidaïques"
    En 1987, Jean-Marie Le Pen provoque une polémique en nommant les personnes atteintes du VIH de "sidaïques" et en les comparant à des lépreux : "Les sidaïques, en respirant du virus par tous les pores, mettent en cause l’équilibre de la nation. […] Le sidaïque - si vous voulez, j’emploie ce mot-là, c’est un néologisme, il n’est pas très beau mais je n’en connais pas d’autres -, celui-là, il faut bien le dire, est contagieux par sa transpiration, ses larmes, sa salive, son contact. C’est une espèce de lépreux, si vous voulez".
     

     

     


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  • La 2CV, une voiture éternelle

    Nous sommes très peu à le savoir

    mais elle a servi aussi pendant

    la guerre d'Algérie

    Il y a 25 ans, la dernière voiture deux chevaux sortait d'usine. Depuis, cette voiture est devenue mythique.

    Surnommée "la deudeuche", la voiture deux chevaux - dite 2CV - est devenue une voiture mythique. Il y a vingt-cinq ans tout juste, la dernière 2CV sortait d'usine au Portugal. Aujourd'hui, elle fait toujours rêver les Français. "C'est une voiture qui a bercé mon enfance", explique une jeune fille.

    Voiture de coeur

    Initialement prévue pour le monde agricole, la 2CV devait pouvoir aller dans les champs sans encombre. Très vite, la voiture a dépassé les frontières agricoles.  Elle a inspiré le cinéaste Jacques Tati et jouit, 70 ans après sa naissance, d'un capital sympathie intacte. "Elle a deux yeux et une bouche. La 2CV, les enfants l'adorent. Les gens sourient spontanément quand ils voient une 2CV", explique à France 2 Renaud Ricardat, chauffeur de 2CV.

    On retrouve la voiture mythique de Citroën dans l'oeuvre du cinéaste Jacques Tati mais aussi comme support de tous les inventeurs du dimanche : éolienne embarquée dessus, transformation en hors-bord, ou encore hydravion, la voiture n'a pas cessé d'inspirer.

    La 2 CV dans le film « Le Corniaud »


    La 2CV, une voiture éternelle *** Nous sommes très peu à le savoir mais elle a servi aussi pendant la guerre d'Algérie


     

    Pendant la guerre d’Algérie la 2 CV aussi…

    Saviez-vous que, pendant la guerre d'Algérie, le GHAN-1 (Groupemement d'Hélicoptères de l'Aéro-Navale n°1) a expérimenté des 2CV camionnettes modifiées pour l'emport d'une mitrailleuse de 12,7 ; d'un canon de 20mm ou d'un canon de 75mm sans-recul

     

    La 2CV, une voiture éternelle *** Nous sommes très peu à le savoir mais elle a servi aussi pendant la guerre d'Algérie


    En 1955 les hélicoptères de combat arrivent en Algérie.
    En 1956, la flottille 31F de l'aéronavale assure le transport des troupes.
    En 1957 elle forme le GHAN1 avec la 32F et la 33F: groupement d'hélicoptères de l'aéronautique navale.
    En 1959 le capitaine de corvette Eugène-Pierre Babot en prend le commandement.

    Cette même année il décide de transformer une 2CV en pick-up armé et aérotransportable.
    La 2CV ainsi allégée est bien plus légère que la jeep.
    Il retire, découpe tout ce qui est inutile, ajoute des points d'ancrage pour le transport sous hélicoptère, y met un armement mi-lourd.

    D'abord un canon de 57 mm sans recul, le même qui était utilisé sur les scooters Vespa/Acma, puis un canon de 75 mm sans recul :

     

    En arrière se trouve le capitaine de corvette Babot.

    Les vibrations occasionnées par les tirs feront abandonner ce type d'armement :


    Une autre arme est également testée, le canon de 20mm Mauser MG 151 :


    Cette 2CV est nommée Jules, indicatif radio de Babot.
    Elle sera toujours unique, un peu secret défense, d'où le peu de photos existantes.


     


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      Un lieu, une histoire. Le camp
     
    des soldats coloniaux à Quimper
     

    Un lieu, une histoire. Le camp des soldats coloniaux à Quimper

     
    Depuis 2010, l'ancien camp de prisonniers frontstalag 135, à Lanniron, est matérialisé
    par une stèle.

    Depuis 2010, l'ancien camp de prisonniers frontstalag 135, à Lanniron, est matérialisé par une stèle. Le second volet de notre série est consacré au Frontstalag 135, à Lanniron, à Quimper, où ont été emprisonnés quelque 8.000 prisonniers coloniaux, soldats originaires d'Afrique occidentale, du Maghreb et du Vietnam pendant la Seconde Guerre mondiale.Les Allemands ne voulant pas de ces prisonniers de couleur sur leur sol.
     
     
    Lanniron, au sud de Quimper, est surtout réputé pour son magnifique château qui borde l'Odet. Ancienne résidence d'été des évêques de Quimper qui profitaient ici de la nature généreuse et d'un air plus sain qu'en ville.
    C'est près de ce domaine, au cadre enchanteur, qu'ont été emprisonnés, après la débâcle, près de 8.000 soldats coloniaux ayant participé aux combats contre la Wehrmacht.
    Depuis 2010, une stèle informe les passants de ce qui s'est passé ici.
    Les Allemands, qui ne voulaient pas de ces hommes de couleur sur leur sol, par peur des maladies tropicales ou par pur racisme, les avaient enfermés dans de nombreux camps dans la zone occupée. Dont ceux de Quimper et Rennes, en Bretagne.
    En mai 1941, un rapport de la Croix-Rouge, organisme qui avait accès au camp, faisait état de 7.746 hommes prisonniers à Lanniron.
    Ces coloniaux étaient hébergés dans de longues baraques de bois. « Ils étaient 90 par bâtiment et dormaient sur des lits superposés. Les chambres étaient chauffées », explique Armelle Mabon, maître de conférences en Histoire contemporaine à l'Université de Bretagne-Sud.
    Il y a une dizaine d'années, cette universitaire a contribué au tournage de « Oubliés et Trahis », un documentaire consacré aux soldats coloniaux, réalisé par Violaine Dejoie-Robin.
     
    Des commandos de travail
     
     
    « Le rapport de la Croix-Rouge était assez positif. On peut y lire, par exemple, que Lanniron était un excellent camp. En parler en ces termes était peut-être l'assurance pour les membres de cette organisation internationale de pouvoir y revenir sans problème ». « Ces hommes étaient complètement déracinés. Malgré tout, le fait d'être dans le Finistère leur garantissait une captivité sous un climat assez clément. En Allemagne, bon nombre d'entre eux seraient morts de froid ».
    Ces prisonniers étaient au contact de la population. Ils formaient des commandos de travail forcé. Main-d'oeuvre corvéable à merci. Ils intervenaient dans les fermes, sur les voies ferrées, dans les usines d'armement. La population locale, peu habituée à voir des gens de couleur, les regardait avec curiosité.
    Un service de marraines - avec échanges de courriers, dons de vivres et même sorties accompagnées - a été mis en place pour réconforter ces hommes déracinés. Des relations d'amitié, voire même des histoires d'amour, sont nées de ces contacts.
     
    Gardés par des militaires français
     
    Quand le front de Russie est devenu trop gourmand en hommes, les Allemands ont confié la garde des camps de prisonniers coloniaux aux militaires français. Leurs anciens compagnons d'armes sont devenus, du jour au lendemain, leurs geôliers. Peu glorieux.
    Du camp de Quimper, il ne reste plus rien. Seules traces de ce passé douloureux, une vue aérienne de Lanniron, prise en 1946, sur laquelle on devine les fondations des baraquements rasés. Aux archives municipales, on a conservé des listings des prisonniers et des permis d'inhumer de ceux qui, à des milliers de kilomètres de leur terre natale, ont fermé définitivement les yeux sur le sol breton. Certains aussi ont réussi à s'échapper et ont rejoint le maquis. Les autres ont pu regagner leur pays à la fin de la guerre, dans la plus grande indifférence.
    Ce retour a parfois débouché sur des drames comme celui de Thiaroye, au Sénégal, où le 1er décembre 1944, des gendarmes français et des soldats des troupes coloniales ont tiré sur des tirailleurs sénégalais qui manifestaient pour le paiement de leurs indemnités. Ce massacre a fait des dizaines de morts.
    Pour en savoir plus « Prisonniers de guerre " indigènes ". Visages oubliés de la France occupée », d'Armelle Mabon, éditions La Découverte. Le film « Oubliés et Trahis » peut être visionné sur Dailymotion.

    SOURCE : http://www.letelegramme.fr/bretagne/quimper-le-camp-des-soldats-coloniaux-28-07-2015-10720507.php?xtor=EPR-3-[quotidienne]-20150728-[article]&utm_source=newsletter-quotidienne&utm_medium=e-mail&utm_campaign=newsletter-quotidienne

     

    Un lieu, une histoire. Le camp des soldats coloniaux à Quimper

     

    OUBLIES ET TRAHIS

     

     

    LES PRISONNIERS COLONIAUX

     

    Une véritable conspiration du silence qui visa les soldats coloniaux de l'Armée française. Ces derniers, victimes de la débâcle comme le reste de l'Armée française, ne furent pas emmenés en Allemagne mais maintenus sur le territoire français.

    En effet, les nazis craignaient les contaminations de maladies et pire encore la contamination raciale. L'un des plus grands camps fut installé à Rennes: le Frontstalag 133 abrita des soldats d'Afrique, d'Afrique du Nord et d'Indochine.
    Jusqu'en 43, ils sont gardés par des soldats allemands bientôt remplacés par des militaires français. Obligés de travailler et maintenus dans des camps dans des conditions terribles, pas de vêtements chauds, une mauvaise nourriture, ils doivent leur survie à l'aide des habitants et des assistantes sociales.
    Cette histoire invraisemblable a d'ailleurs été découverte par une historienne, auteur du film, Armelle Mabon. Cette dernière faisait une thèse sur le travail des assistantes sociales durant la Seconde Guerre mondiale en Bretagne.
    Et c'est en rencontrant certaines d'entre elles qu'elle découvre des photos de l'époque sur lesquelles figurent des hommes de couleurs. Interloquée, elle interroge ces témoins qui lui feront alors part de cette histoire. Certains des prisonniers de ces camps finiront par se marier avec des Bretonnes, leurs enfants témoignent. D'autres s'échapperont et entreront grâce aux réseaux , notamment celui du Musée de l'Homme ( témoignage fort de Germaine Tillon) .D'autres survivants retourneront dans leur pays mais la trahison ressentie ne s'arrêtera pas avec la fin de la guerre. Humiliés jusqu'au bout, ils seront enfermés, de retour à Dakar, dans le camp de Thiaroye. Les autorités françaises refusent de reconnaître leur grade dans les Forces Françaises de l'Intérieur.
    L'armée française craignant la révolte ira jusqu'à tirer sur des prisonniers.


    OUBLIES ET TRAHIS par hopto

     

     

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    L'héritage brûlant de Camus entre France et l'Algérie *** Benjamin Stora parle de son livre "Camis brûlant"

    L'héritage brûlant de Camus entre

     

    la France et l'Algérie

     

    Benjamin Stora parle de son livre

     

    "Camus brûlant"

     

    "CAMUS BRÛLANT" de Benjamin STORA & Jean-Baptiste PÉRETIÉ

     

    Camus-brulantL’affaire de l’exposition sur Camus, prévue à Aix-en-Provence pour le centième anniversaire de sa naissance en novembre 2013, a fait scandale. Sollicité pour la concevoir, ce qu’il fit avec Jean-Baptiste Péretié, Benjamin Stora fut ensuite brutalement évincé et remplacé par Michel Onfray, qui accepta puis finit par renoncer.

    Au-delà de la polémique, cette affaire est symptomatique et révèle combien les questions soulevées par l’auteur de L’Étranger restent extrêmement sensibles et provoquent des tensions toujours vives. C’est évidemment le cas de la question coloniale et de l’ombre portée de la guerre d ’Algérie dans la société française d’aujourd’hui. Nombreux sont ceux qui voudraient annexer Camus, le lire de façon univoque, l’ enrôler dans leur combat politique, notamment à l’extrême droite. Peine perdue, la complexité de cet homme entre deux rives ne saurait être réduite à une cause ou une identité.
    Dans ce texte vif et précis, Benjamin Stora et Jean-Baptiste Péretié dénoncent ces tentatives de captation multiples. Ils montrent aussi combien la position de l’écrivain pendant la guerre d’indépendance fait encore polémique en Algérie. Camus est toujours brûlant.

     


    L'héritage brûlant de Camus entre France et l... par CoolMarco4


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  • Ecrit ce 24/07/15 par Francis Gimenez :

    Assassinat d’un grand

     pied-noir : Jacques Roseau

    Roseau

    A ceux qui m’ont traité sur les réseaux sociaux de vendu au FLN, de traître, de porteur de valises des fellaghas, de provocateur, parce que j’essaie de jeter un regard objectif sur mon passé de pied-noir, je signalerai que je ne fais que mon devoir de citoyen du monde. 53 ans après la fin de la guerre d’Algérie, j’estime que je dois témoigner. Il faut que cessent tous ces propos fallacieux tenus par des personnes qui ne l’ont pas vécue. Non, nous pieds-noirs, avant la Toussaint 54, n’étions pas plus racistes que les métropolitains, je dirais même beaucoup moins. Nous n’avons pas fait suer le burnous. Ce sont les gouvernements successifs depuis le début de la colonisation qui ont répandu les germes de la rébellion.

    Mai 1945 : les « arabes » revenus vivants des combats contre le nazisme pour la liberté, au coude à coude avec les pieds-noirs, en entonnant le chant des Africains, croient naïvement pouvoir manifester pacifiquement pour obtenir plus de justice sociale, ne plus être français-musulman, mais français tout court. Plus de 1 000 morts parmi les indigènes et une centaine parmi les européens. (...)

    À la Toussaint 54, la rébellion éclatait dans le sang des pieds-noirs et débouchait sur l’indépendance le 1e juillet 62. Par ce raccourci de la guerre de libération, j’ai tenté de justifier ce que je réplique à tous les ignares qui disent que ces salauds de bicots nous ont foutus à la porte : c’est la France la responsable de notre départ d’Algérie.

    Le responsable n’est pas davantage de Gaulle. Porté au pouvoir par des militaires il a hérité d’une patate plus que chaude, il nous a menti en parlant de la France de Dunkerque à Tamanrasset et en promettant aux arabes la nationalité française, alors qu’il était raciste et ne l’envisageait pas. Mais il fallait éviter l’instauration en France d’une dictature d’extrême-droite. Les pieds-noirs ont cru au début que l’OAS (Organisation Armée Secrète) allait maintenir l’Algérie française. Mais elle n’a fait qu’ajouter du crime au crime. En tuant des intellectuels de toutes les couleurs, en plastiquant mon prof de philo Vié le Sage (nom prédestiné) parce qu’il prônait la réflexion, inconnue au bataillon, en tuant un voisin de mon âge en l’accusant à tort ou à raison de renseigner les barbouzes (police anti OAS).

    J’ai cru fugacement à l’OAS Providence. Mais ses crimes m’étaient insupportables (lynchages, plasticages, mitraillages aux arrêts de bus, exécutions sommaires). Et j’en viens à Jacques Roseau, un ancien OAS qui n’a jamais admis les crimes de cette organisation. Forcé par ses parents de terminer à 20 ans ses études en France il échappa à la prison. Il s’adapta parfaitement à son nouveau statut de rapatrié, ou de « rat pas trié », comme le surnommaient ceux qui allaient l’abattre en 93, trois vieux ratés nostalgiques de l’OAS.

    Il a payé de sa vie ses choix pragmatiques plutôt qu’idéologiques. Il avait réussi, ils ont échoué. Il croyait à l’avenir, ils n’ont cessé de remâcher le passé. Il songeait à une forme de réconciliation avec ses anciens ennemis algériens, ils ne le lui ont jamais pardonné. Il s’appelait Jacques Roseau, il avait 54 ans et une passion, le sort et la défense de ses frères rapatriés d’Algérie.

    Roseau

    Le maire de Béziers, Jacques Ménard, a préféré donner à une rue de sa ville le nom du commandant Denoix de Saint-Marc qui, bien qu’ancien héros de la Résistance, n’en a pas moins tué du viet, de l’arabe et du pied-noir. Jacques Roseau j’écris cette lettre pour ceux qui ne te connaissent pas, pour ta famille pour tes amis, tous ceux que tu as aidés en le payant de ta vie. Les mêmes ratés qui ont tué en Algérie t’ont tué en France. Vivant, tu leur faisais honte.

    Francis Gimenez


    http://www.lequotidien.re/opinion/le-courrier-des-lecteurs/296645-assassinat-un-grand-pied-noir-jacques-roseau.html

    SOUVENIRS 

    L’assassinat du président d’une association de rapatriés, Le Recours, Jacques Roseau, le 5 mars 1993, avait fait rejaillir le spectre meurtrier de l’OAS dans l’actualité. Ce que reprochaient ses meurtriers à Jacques Roseau, c’était sa volonté de se rapprocher des Algériens en effaçant les vieilles rancunes. Les milieux “ultras”, nostalgiques de l’Algérie française, l’accusèrent d’être un “traître pro-arabe”, “pro-FLN”, d’autant qu’il s’opposait vigoureusement au discours raciste du lepénisme. Dans son livre paru en 1991, Le 113e été, il écrivait : “ Assassiner les Arabes, c’est un peu nous assassiner, assassiner l’Algérie de nos villages, assassiner nos rêves.” La transgression du tabou de l’Algérie française fut fatale à Jacques Roseau. 

     

    A MONTPELLIER LE 5 MARS 2011 ILS ETAIENT BIEN PEU NOMBREUX CES RAPATRIES "MODERES" 

    Rapatriés : hommage à Jacques Roseau

     

    Roseau

    Photo : MICHEL PIEYRE

    Il a été tué le 5 mars 1993. Il y a vingt-deux ans, Jacques Roseau tombait sous les balles à quelques pas de la Maison des rapatriés. L’assassinat du porte-parole du Recours-France avait un retentissement national et constituait un coup dur pour la communauté des rapatriés.  Le 5 mars 2011, devant la stèle élevée contre le stade Sabathé, son ancien collaborateur Roland Dessy l’a répété. « Jacques est irremplaçable. Nos affaires n’ont pas beaucoup avancé depuis. » Devant un petit parterre d’une cinquantaine de personnes, Jean-Pierre Moure puis Hélène Mandroux lui ont également rendu hommage. « Jacques faisait partie des hommes de foi, de convictions, des hommes debout», s’est inclinée le maire.

    Rétrospective sur le Midi-Libre en 2014 :

    Le meurtre fait resurgir le fantôme de l'OAS

    dans la région.

     

    Roseau

    Trente et un ans après la signature des accords d'Évian, la question algérienne fait une nouvelle victime. Jacques Roseau, 55 ans, porte-parole de la Confédération des rapatriés Recours-France, est exécuté de trois balles de 11,43 au volant de sa voiture, le 5 mars, à Montpellier, près de la Maison des rapatriés, dans le quartier du Mas-Drevon.

    Membre de l'OAS en 1958, où il s'occupait de communication et dont il fut exclu du fait de son opposition aux exécutions aveugles de musulmans, Jacques Roseau avait fondé le Recours dans les années 70 pour tenter - avec succès - de fédérer une mosaïque d'organisations rivales. Jouant sur le poids de l'électorat pied-noir, il avait su user de ce levier pour négocier des compensations en faveur des rapatriés d'Algérie et n'écartait aucune carte. De fait, s'il avait appelé à voter pour le socialiste Georges Frêche à la mairie de Montpellier en 1977 et pour François Mitterrand à la présidentielle de 1981, il avait soutenu Jacques Chirac lors de la cohabitation en 1986.

    Le tireur présumé sera appréhendé le 7 avril. Il s'agit de Gérard Huntz, 58 ans, un ex-membre de l'OAS. Deux complices, Jean-Claude Lozano et Marcel Navarro, seront aussi arrêtés par la SRPJ de Montpellier.

    Après une série d'interpellations dans les milieux de rapatriés proches de l'extrême droite, Gérald Huntz, un ex-membre des «commandos Delta» de l'OAS, est passé aux aveux. Il a tué le porte-parole du Recours de trois balles de revolver.

    L'ASSASSIN présumé de Jacques Roseau est passé aux aveux. Gérald Huntz, un retraité de soixante ans, ancien membre des «commandos Delta» de l'OAS (Organisation armée secrète), a en effet reconnu hier avoir tué de trois balles le porte-parole du Recours-France, le 5 mars à Montpellier, la veille de la convention de son mouvement.

    Huntz avait deux complices, Jean-Claude Lozano et Marcel Navarro. Le premier était l'exécutant, les seconds étaient chargés de la logistique et des repérages du lieu du crime. Tous trois sont membres de l'USDIFRA (Union syndicale de défense des intérêts français repliés d'Algérie). L'USDIFRA est connue pour son hostilité au Recours et la plupart de ses membres, d'extrême droite, sont des nostalgiques de l'Algérie française.


     



     

     


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    Mort de Jean Lacouture

    le biographe des grands hommes


    Photo : Gérard Julien/AFP
    Sa devise : "Ne pas raconter sa vie telle qu'on l'a vécue, mais la vivre
    telle qu'on la racontera".
    Photo : Gérard Julien/AFP
     
    Fervent partisan de la décolonisation, journaliste, écrivain, biographe, grand reporter au "Monde", Jean Lacouture est décédé le 16 juillet 2015 à l’âge de 94 ans.

    Journaliste et écrivain, Jean Lacouture a été, pendant de longues années, grand reporter au "Monde". Auteur de nombreux ouvrages traitant de l'époque de la décolonisation et de ses acteurs, il a également publié une série de biographies qui font référence, notamment sur Nasser, Blum, Mauriac, Mendès-France, Mitterand, Malraux ou De Gaulle mais aussi l'ethnographe Germaine Tillion.

    Né le 9 juin 1921 à Bordeaux, Jean Lacouture, diplômé de l'Ecole libre des Sciences politiques de Paris, devient l'attaché de presse du général Leclerc à la fin de la seconde guerre mondiale. Il découvre l'Indochine, où il fréquente les grands acteurs de la lutte pour l'indépendance, du général Giap à Hô Chi Minh. Jean Lacouture part ensuite au Maroc, écrit les discours du Maréchal Juin, puis devient journaliste. Collaborateur de Combat, France-Soir et du Nouvel Observateur, il est chef du service Outre-Mer puis grand reporter au Monde de 1957 à 1975. Il devient ensuite un biographe prolixe, parfois controversé, et un observateur passionné de son siècle. Il est l'auteur de plus de 70 livres consacrés à de grandes figures historiques, mais aussi au rugby, à l'égyptologue Champollion, au président Kennedy, à Stendhal ou Montesquieu. Professeur à l'Institut d'Etudes politiques de Paris (1969-72), il publie de 1984 à 1986 une vaste biographie de De Gaulle en trois volumes, et en 1991-92 une histoire monumentale des Jésuites, saluées par de nombreux spécialistes.



    Le texte suivant de Jean Lacouture a été mis en ligne

    le 26 mars 2005 par la Ligue des Droits de l'Homme

    de Toulon

    Mort de Jean Lacouture, le biographe des grands hommes

    SOURCE : http://ldh-toulon.net/26-mars-1962-la-fusillade-de-la.html#nb3

     

    26 mars 1962, la fusillade de la rue d’Isly à Alger 

     

    L’OAS organise des attentats à la voiture piégée – 25 morts à Oran le 28 février, 62 morts à Alger le 2 mai –, des journées de tueries aveugles – des préparateurs en pharmacie le 17 mars, des femmes de ménage le 5 mai... Ses commandos deltas procèdent à des assassinats, comme celui, le 15 mars, de six inspecteurs de l’Éducation nationale, dirigeant les Centres sociaux éducatifs, dont Mouloud Feraoun.

    Cette violence n’est pas seulement une fuite en avant désespérée. Elle relève aussi d’une stratégie : torpiller la sortie de guerre prévue, en tentant de provoquer, par les assassinats d’Algériens, une réaction de leur part – ce qui n’aboutit pas. Le vocabulaire de l’instruction 29 de Raoul Salan, le 23 février, est significatif de cette stratégie : « l’irréversible » étant « sur le point d’être commis », c’est donc « l’irréversible » qu’il faut empêcher.

    Dès le 21 mars, les responsables de l’OAS proclament dans un tract que les forces françaises sont considérées « comme des troupes d’occupation » en Algérie. Le 22 mars, des activistes armés prennent le contrôle de Bab-el-Oued. Ils transforment le quartier en un énorme fort Chabrol, attaquent des camions militaires et tuent six soldats du contingent en patrouille, provoquant l’encerclement du quartier par les forces françaises, qui l’investissent et le coupent de l’extérieur, faisant 35 morts et 150 blessés.

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    le Figaro du 24-25 mars 1962

    Le 26 mars au matin, le commandement de l’OAS proclame la grève générale dans le Grand Alger. Il appelle les Européens à se rassembler, et à gagner ensuite Bab-el-Oued, pour briser l’encerclement du quartier. Rassemblés rue Michelet, les manifestants empruntent la rue d’Isly pour rejoindre Bab-elOued. Mais ils se heurtent en chemin à un barrage confié à des tirailleurs, qui font feu. Le bilan – 54 morts et 140 blessés – traumatise la communauté européenne, désormais certaine d’avoir perdu.

    __________________________

    Alger, le 26 mars 1962 : la fusillade de la rue d’Isly

    par Jean LACOUTURE, Le Monde du 25 mars 1972 [3]

    Appel à l'insurrection de l'OAS (fin mars 1962).Depuis un an l’OAS faisait la loi dans Alger au nom de l’Algérie française. Depuis une semaine, l’entrée en vigueur des accords d’Évian avait embrasé la grande ville, et fait de Bab-el-Oued un énorme Fort-Chabrol crépitant de chahuts enfantins, mais tragiquement hérissé d’armes. Encerclé sinon « bouclé » par une troupe qui, le 23 mars, avait perdu sept des siens, tirés comme des lapins du haut des fenêtres drapées de linge et d’étendards tricolores, le berceau du peuple « pied-noir » vit en état de siège. La veille, un des responsables du service d’ordre avait montré à l’envoyé spécial du Monde, Alain Jacob, un tract qui lui avait paru invraisemblable, à lui qui avait pourtant vu tant de choses à Alger : les chefs de l’OAS y proclamaient que les forces françaises devaient dorénavant être considérées comme des troupes étrangères d’occupation...

    Le 26 au matin, le commandement de l’OAS proclame la grève générale dans le Grand Alger et appelle ses fidèles à se rassembler, en principe sans armes, sur le plateau des Glières et au square Laferrière pour gagner ensuite Bab-el-Oued et briser l’encerclement du quartier, « où les enfants meurent de faim ». Dans la matinée du lundi 26, les généraux Ailleret, commandant en chef, et Capodano se préparent à l’épreuve de force imposée par l’OAS. Les ordres venus de Paris, et plus précisément de l’Élysée, sont nets : ne pas céder d’un pouce, couper court à l’émeute.

    Ailleret et Capodano savent pourtant que toutes les troupes ne sont pas prêtes à de telles tâches, qui exigent autant de sang-froid que de discernement. Quand il a été question, quelques jours plus tôt, de faire appel au 4e régiment de tirailleurs algériens (RTA), son chef, le colonel Goubard, a mis en garde les généraux : c’est une excellente troupe au combat mais composée de paysans naïfs qui risquent de perdre la tête dans la fournaise d’Alger. Le général Ailleret acquiesce et donne l’ordre par écrit de ne pas engager le 4e RTA dans une telle affaire : cet ordre ne devait jamais être transmis.

    Dès 14 heures, ce lundi - il fait beau, presque chaud déjà -, la foule s’amasse, très jeune, vibrante et fiévreuse. Pour elle, le problème est de crever les barrages qui interdisent l’accès du centre vers Bab-el-Oued par la rue d’Isly notamment. À l’entrée de cette artère essentielle d’Alger, un « bouchon » a été placé par le commandant Poupat, du 4e RTA : ce régiment, dont l’emploi avait été si fort déconseillé, et dont le chef est en mission à cent kilomètres de là, sera constamment au cœur de la mêlée. C’est le sous-lieutenant algérien Ouchene Daoud qui est responsable de la barricade. Lui et ses supérieurs ont voulu savoir dans quelles conditions leurs hommes pourraient le cas échéant, faire usage de leurs armes. Au siège de la X e région, on leur a répondu : « Si les manifestants insistent, ouvrez le feu... » Mais nul n’a voulu confirmer cet ordre terrible par écrit.

    À partir de 14 h 30, la foule est immense, et son audace croît. Des injures partent en direction des tirailleurs : « Espèce de fellaghas ! » Les chefs de l’OAS sentent qu’ils sont peut-être sur le point de faire sauter le verrou et poussent en avant la foule surexcitée. Le jeune lieutenant algérien et ses hommes sont roulés comme une vague. À 14 h 45, une rafale de fusil-mitrailleur claque en direction de la troupe, du balcon du 64 de la rue d’Isly. « On nous tire dessus !, lance dans son émetteur-récepteur le lieutenant Ouchene Daoud, dois-je riposter ? » Le PC du régiment donne le feu vert. Et c’est la mitraillade aveugle entrecroisée, sauvage. Puis ces cris de « Halte au feu ! Halte au feu, je vous en supplie, mon lieutenant ! », que l’on entend comme des SOS de noyés, poussés par des voix blanches et déjà perdues.

    Le carnage ne devait pas durer plus de quelques minutes. Mais ces minutes-là ont fait quarante-six morts et deux cents blessés, dont une vingtaine n’ont pas survécu, presque tous du côté des civils algérois. L’irrémédiable est accompli, les forces de la République ont tiré sur la foule - ce que chacun, d’ailleurs, pressentait depuis des mois, le tenant pour inévitable, tant du côté du pouvoir que de celui de l’OAS. Pour horrible que soit le massacre, et graves les responsabilités de ceux qui n’ont pas su éviter l’engagement des forces les moins préparées à un tel affrontement, c’est l’OAS qui devait pâtir surtout de la tuerie : non seulement parce que ses responsabilités dans le déclenchement du feu sont lourdes, mais aussi parce que, ayant voulu engager l’épreuve de force après sa défaite de Bab-el-Oued, elle a perdu.

    Les centaines de victimes de la rue d’Isly, le 26 mars 1962 jettent sur les accords d’Évian une tache de sang, une de plus. Mais cet « holocauste » marque le déclin décisif de ceux qui ont voulu éviter l’inévitable par l’émeute et la terreur. À dater du 26 mars 1962, l’OAS n’est plus qu’un fantôme qui sera réduit, moins de trois mois plus tard, à tenter de négocier pour son compte avec le FLN, non sans avoir poussé au pire sa politique du « retour à 1830 » et de la terre brûlée.

     
     
    Jean LACOUTURE

    Jean La Couture ou la position

     du biographe

    Une carrière équitablement partagée entre le journalisme et la biographie : Jean Lacouture a accompagné le demi-siècle écoulé d'un regard singulier. Journaliste de la décolonisation, il a rencontré et portraituré tous les grands dirigeants du tiers-monde (Ho Chi Minh, Nasser, Sékou, Touré, etc...). Biographe, il a choisi de raconter des hommes dont les vies mêlaient toujours intimement dessein politique et préoccupation esthétique (Malraux, Blum, Mauriac, Mendès-France, de Gaulle, Mitterrand). Témoin engagé, il a tout à la fois cultivé le concept de « l'histoire immédiate » et développé une conception « héroïque » du monde. Le film propose un portrait de Jean Lacouture qui s'attache aussi bien à ses certitudes qu'à ses doutes, à ses engagements qu'à ses contradictions. Il s'agit de cerner « la position du biographe » et celle du journaliste. Comment Jean Lacouture se situe-t-il par rapport aux personnages qu'il a élus (identification, empathie, opposition, distance.. ?). D'où parle le journaliste? Une réflexion et un dialogue inséparables de ma propre expérience personnelle de journaliste et de documentariste. Voilà le fil conducteur de ce film.

     

     

     A Jean Lacouture, l'humble hommage d'un lecteur reconnaissant

     

     

       J’ai appris à lire Le Monde en 1960 pendant mes claSses au 2ème hussard à Orléans. Journal qu’il fallait dissimuler sous ma capote lorsque je franchissais la grille de la caserne après la permission du soir. Assis devant ma tasse de café dans une brasserie  de la gare, mon regard se portait aussitôt sur l’éditorial du directeur Hubert Beuve-Méry, surtout lorsqu’il abordait la question algérienne et malgré l’immense respect que j’avais pour le grand patron de presse, j’étais déçu par ce que je considérais comme ses valses hésitations pour défendre l’indépendance de l’Algérie face à l’intransigeance de De Gaulle, chef d’Etat. Alors, combien étaient réconfortants les éditoriaux des grandes plumes du quotidien dont celle de Jean Lacouture qui m’a le plus influencé mais je pourrais aussi citer Pierre Viansson-Ponté et, plus tard, Jacques Amalric.

       De Gaulle a manqué la décolonisation, d’abord en Indochine en brisant les tentatives françaises pour donner un statut d’indépendance à cette péninsule asiatique au prix d’une guerre de huit ans très meurtrière pour nos troupes coloniales, puis ce fut à son retour au pouvoir en 1958, la poursuite de la guerre d’indépendance algérienne qui coûtera la vie à trop de jeunes appelés du contingent, classe après classe, pour une cause qui n’était pas la leur. De Gaulle n’avait fait que se ranger aux côtés de ses pairs dans l’armée française pour refuser la paix en Algérie de même qu’à partir de 1960 il a soutenu le lobby nucléaire pour les essais de la bombe atomique au Sahara sans que les français, encore aujourd’hui, en comprennent le bien-fondé pour une puissance moyenne comme la France.

       Jean Lacouture au fil de ses écrits dans Le Monde fut mon maître à penser autant pour sa liberté de jugement que pour sa connaissance des faits historiques et sa proximité avec les hommes de pouvoir. Ses analyses m’ont ouvert l’esprit sur les vrais enjeux de nos guerres coloniales qui ont coûté tant de vies des deux côtés des champs de bataille et pour des intérêts qui n’étaient pas ceux de la majorité des français. L’Algérie de Camus, je peux en parler   car mon père est né à Alger au début du siècle dernier. La séparation entre les deux peuples ne devait pas relever d’une guerre coloniale mais d’une négociation pacifique. Arabes, kabyles et berbères avaient beaucoup plus de raisons que nous français de revendiquer le droit au sol.

       Jean Lacouture fera partie de mon panthéon des grandes plumes du journalisme qui ont su avec talent m’initier à la face cachée de l’Histoire. Il a vu juste, parmi les premiers, dans le débat franco-français sur la décolonisation et les luttes pour l’indépendance. Et pourtant, ses prises de position à contrecourant de la pensée politique du moment, celle qui ralliait les majorités, souvent par ignorance des vrais enjeux, ne l’ont pas empêché de vouer une certaine admiration au promoteur de notre Vème République, qui a fait d’un chef d’Etat un Souverain comme le rappelle le titre du troisième volume de son immense biographie sur De Gaulle. La République, je connais moi aussi, et à celle de Charles De Gaulle je lui préfère de loin la IIIème de Georges Clemenceau. Mais comme le souligne l’auteur du récit de sa vie dans Le Monde : « j’ai besoin d’admirer », disait-il. Homme de l’Histoire immédiate, il sera reproché à Jean Lacouture sa fascination pour les grands personnages, tel sera le cas de Nasser et de Mao. Reconnaissant plus tard ses torts, il mérite notre indulgence de lecteur car faute avouée est déjà à demi pardonnée.

       Un grand merci Monsieur Jean Lacouture pour nous avoir apporté votre vérité au nom de l’Histoire et dans des périodes où une grande voix du journalisme comme la vôtre était, peut-être, encore écoutée du pouvoir dans ce pays.

     


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    Maurice Audin 

     
     
     

     

     
     
     

    Je désire vous transmettre le texte de la communication que j'ai faite à Alger sur Maurice Audin que j'ai bien connu.

    Cordialement

    Mohamed Rebah

    Chercheur en histoire
    Auteur

     

     

     

     
     

    -- envoyé par mohamed rebah (mrebah@yahoo.fr) 

     
     

     

     

     

    Un témoignage sur Maurice Audin par Mohamed Rebah   Chercheur en histoire

    Maurice Audin

                         brillant mathématicien

                  mort pour l’Algérie : son pays

     

    Il fut  assassiné par les parachutistes,  il y a cinquante- sept ans, le 21 juin 1957.  Comme des milliers de disparus de la Bataille d’Alger, son corps n’a pas été retrouvé.

     

                                                 xxxxxxxxxxxxxx

     

     

    Un témoignage sur Maurice Audin par Mohamed Rebah   Chercheur en histoire

    Mohamed Rebah et Félix Colozzi

    C’est un immense honneur pour moi d’évoquer, aujourd’hui, devant vous, le souvenir de ce frère et ami, de ce camarade dont j’eus le privilège d’être l’élève.

    Lorsque je me rendais chez lui, au 22 rue de Nîmes, au centre d’Alger, pour les cours de mathématiques qu’il me donnait gracieusement, je ne savais pas que j’allais à la rencontre d’un savant, tellement sa modestie était grande. Il me consacra généreusement ses samedis après-midi, alors qu’il préparait sa thèse de doctorat en mathématiques.

    J’ai connu Maurice Audin par l’intermédiaire de mon frère aîné, Nour Eddine, étudiant comme lui à l’Université d’Alger. Ils partageaient les mêmes convictions politiques. Nour Eddine est tombé au champ d’honneur le 13 septembre 1957, à Bouhandès, au sud-ouest de Chréa, au flanc sud du djebel Béni Salah.

    Maurice Audin, dont  je garde en mémoire le visage souriant, est né le 14 février 1932, dans la ville de Béja, en Tunisie, de père né en France et de mère née en Algérie.

     

    A Alger, où sa famille revint dans les années 1940, il suivit pratiquement toute sa scolarité. Il entra à la Faculté des sciences d’Alger, en 1949, à l’âge de 17 ans. Brillant étudiant, il fut appelé le 1er février 1953 comme assistant  par le professeur Possel qui le prit aussitôt en thèse et le mit en contact avec son patron de Paris, le grand mathématicien Laurent Schwartz.

     

    En plus de ses activités de chercheur, Maurice Audin, membre du Parti communiste algérien depuis 1951, était omniprésent dans les luttes syndicales et politiques. C’est à travers ces luttes que se forgea sa conscience nationale. Il intégra ainsi la nation algérienne en lutte pour sa dignité. Le 20 janvier 1956, il était aux côtés de ses camarades étudiants musulmans de l’Université d’Alger lors de la manifestation, organisée par la section d’Alger de l’UGEMA, suite à l’assassinat de l’étudiant Belkacem Zeddour et du docteur Benaouda Benzerdjeb. Cette manifestation fut d’ailleurs le prélude à la grève générale illimitée déclenchée le 19 mai 1956.

    Maurice Audin engagea sa vie dans une voie pleine de courage :

    Détruire l’ordre colonial sanglant, insultant, raciste, pour construire, avec le peuple libéré, une société juste, solidaire, fraternelle.

    Qu’est-ce qui a poussé à l’action ce jeune mathématicien qui, de par sa compétence, était appelé à une brillante carrière et à une paisible vie toute consacrée à la recherche en mathématiques ?

    Un témoignage sur Maurice Audin par Mohamed Rebah   Chercheur en histoire

     Yvette Maillot et Félix Colozzi

    Aux questions des historiens, Josette Audin, son épouse, professeur de mathématiques comme lui, répond avec sérénité : « Ce sont ses convictions communistes que je partage autant que son goût pour les sciences. Nous étions tous les deux conscients des risques que nous faisaient courir nos engagements politiques ».

     

    Pour retracer les circonstances de la disparition de Maurice Audin le 21 juin 1957, je m’appuie sur le témoignage de son épouse, ainsi que sur les écrits d’Henri Alleg, auteur de la « Question », et du Docteur Georges Hadjadj. Je me réfère également à l’ouvrage de l’historien Pierre Vidal-Naquet, « L’Affaire Audin », et aux journaux de l’époque.

     

                                                          ***

    Rappelons le contexte de son arrestation par les parachutistes le 11 juin 1957.

     

       1957 : La lutte armée pour l’Indépendance entre dans sa troisième année. Nous sommes loin des premiers coups de fusils de chasse. En cette année 1957, l’initiative appartient aux katibas et aux commandos de l’ALN.

     

       Alger, 1957. Le général Massu reçoit, le 7 janvier, les pleins pouvoirs des mains du chef du gouvernement, Guy Mollet. Il devient ainsi le chef suprême de la zone d’Alger. Il s’entoure d’officiers revenus comme lui du Viet Nam après la défaite du corps expéditionnaire français à Diên Biên Phû au mois de mai 1954, Avec ses milliers de parachutistes, il envahit Alger et sème la terreur dans la population. Il s’arroge le droit de vie et de mort. Il ouvre des centres de torture partout : La villa Sésini, l’école Sarrouy, le café-restaurant Bellan aux Deux Moulins, l’immeuble d’El Biar, le stade de Saint Eugène (Omar Hamadi à Bologhine), la villa des Tourelles. La liste est longue. A Paul Cazelles (Aïn Oussara), à 250 kilomètres au sud d’Alger, l’armée française ouvre un vaste camp de concentration où les prisonniers, entassés sous les tentes, ne sont même pas recensés.

    Nous sommes en pleine bataille d’Alger. Bataille d’Alger déclenchée par le service des renseignements français avec l’attentat monstrueux perpétré dans la nuit du 10 au 11 août 1956, à la rue de Thèbes, contre la population pauvre de la Casbah endormie.

    Dans la nuit du 11 juin 1957, des officiers du 1er régiment de chasseurs parachutistes enlèvent Maurice Audin à son domicile, à la cité des HBM de la rue Flaubert, au Champ de Manœuvres. Son épouse raconte ce qui est arrivé : «Il est 23 heures. Nos enfants – le plus jeune, Pierre, a un mois - sont à peine couchés lorsque les « paras » viennent frapper à la porte. J’ai la naïveté de leur ouvrir, sachant très bien, en réalité, ce qu’une visite aussi tardive peut signifier…Ces hommes venus prendre mon mari me diront en partant : « S’il est raisonnable, il sera là dans une heure »…Il n’a pas dû l’être, raisonnable, car je ne l’ai jamais revu ».

    De son côté, le docteur Georges Hadjadj relate sa rencontre avec Maurice Audin, dans la salle de torture d’El Biar, la nuit du 11 au 12 juin : «J’étais à ce moment-là au deuxième étage, à l’infirmerie, où j’avais été amené dans l’après-midi à la suite d’une crise titanifère que l’électricité avait provoquée.

    Le capitaine Faulques est venu me chercher pour me faire répéter, devant  Audin, dans l’appartement en face, ce que je lui avais dit, c’est-à-dire que j’avais soigné chez lui M. Caballéro. Il y avait  par terre une porte sur laquelle étaient fixées des lanières. Sur cette porte, Audin était attaché, nu à part un slip. Etaient fixées, d’une part à son oreille et d’autre part à sa main, des petites pinces reliées à la magnéto par des fils.

    Il y avait dans la pièce outre le capitaine Faulques, le capitaine Devis, le lieutenant Irulin, le lieutenant André Charbonnier et un chasseur parachutiste.

    J’ai ensuite regagné la chambre de l’infirmerie, d’où j’ai pu entendre les cris plus ou moins étouffés d’Audin.

    Une semaine après, on nous transféra, Audin et moi, dans une petite villa située à un kilomètre du lieu où nous étions détenus. Elle se trouvait en face du PC du régiment de parachutistes et il y avait un panneau accroché à l’entrée indiquant : « PC 2° bureau ».

    On nous mena là soi-disant  pour être interrogés. En fait, comme je le sus plus tard, ce déplacement était dû à une visite d’officiels dans les locaux d’El Biar. A cette occasion, j’ai pu revoir Audin. Nous étions enfermés dans une pièce avec d’autres détenus musulmans.

    Audin a pu alors me raconter les sévices qu’il avait subis. Il en portait encore les traces : des petites escarres noires aux lieux de fixation des électrodes. Il avait subi l’électricité. On lui avait fixé les pinces successivement à l’oreille, au petit doigt de la main, aux pieds, sur le bas-ventre, sur les parties les plus sensibles de son corps meurtri.

    Il avait également subit le supplice de l’eau. A cette occasion, il avait perdu son tricot parce qu’on s’en était servi pour recouvrir son visage avant de glisser entre ses dents un morceau de bois et un tuyau. Et puis, bien sûr, il y avait un parachutiste qui lui sautait sur l’abdomen pour lui faire restituer l’eau ingurgitée… ».

    Le 21 juin, Maurice Audin, âgé de 25 ans, père de trois enfants, disparaît.

     

    Un témoignage sur Maurice Audin par Mohamed Rebah   Chercheur en histoire

    Vue d'ensemble de l'inauguration

    Henri Alleg, l’auteur du livre La Question, témoigne :

     

     « Il devait être 22 heures ce soir- là, lorsque Charbonnier est venu me demander de me préparer pour un transfert…Je l’ai entendu dire dans un couloir :   

    « Préparez aussi Audin et Hadjadj… » J’ai attendu. Personne n’est venu me chercher. Dans la cour, une voiture a démarré, s’est éloignée. Un moment après, une rafale de mitraillette. J’ai pensé : « Audin ».

     

    Qu’est-il advenu de Maurice Audin ?

     

    Le rapport du lieutenant-colonel Mayer, commandant du 1° RCP, mentionne :

     

    « Le dénommé Audin Maurice, détenu au centre de triage d’El Biar, devait subir un interrogatoire par la PJ le 22 juin 1957 au matin.

    Le 21 juin, il fut décidé de l’isoler et de l’emmener dans un local de la villa occupée par le noyau Auto du régiment OP, 5, rue Faidherbe, où devait avoir lieu l’interrogatoire le lendemain.

    Vers 21 heures, le sergent  Mire, adjoint de l’officier de renseignement du régiment, partit chercher le détenu en jeep. Le prisonnier, considéré comme non dangereux, fut placé sur le siège arrière du véhicule, le sergent Mire prenant place à l’avant à côté du chauffeur.

    La jeep venait de quitter l’avenue Georges-Clémenceau et était engagée dans un virage accentué. Le chauffeur ayant ralenti, le détenu sauta du véhicule et se jeta dans un repli du terrain où est installé un chantier, à gauche de la route.

    (…) La 2° Compagnie cantonnée à El Biar fut rapidement avertie, et envoya des patrouilles en direction de Frais Vallon. Il ne fut pas possible de recueillir le moindre renseignement… »

    Josette Audin refusa de croire à cette version. Evadé, son mari eût fait l’impossible pour rassurer les siens. Aussi, le 4 juillet, elle porte plainte pour homicide contre X et se constitue partie civile.

    « Mon mari a été étranglé le 21 juin 1957 au centre de tri de la Bouzaréah, à El Biar, au cours d’un interrogatoire mené par son assassin, le lieutenant Charbonnier, officier de renseignements du 1° RCP…

    Le crime fut commis au su d’officiers supérieurs qui se trouvaient, soit dans la chambre des tortures, soit dans la pièce attenante. Il s’agit du colonel Trinquier, alors adjoint du colonel Godard, du colonel Roux, chef du sous-secteur de la Bouzaréah, du capitaine Devis, officier de renseignements attaché au sous-secteur de la Bouzaréah, et qui avait procédé par ailleurs à l’arrestation de mon mari, du commandant Aussaresses, du commandant de la Bourdonnaie ».

    Le général Massu a été, peu après, informé personnellement de cet assassinat, baptisé accident, par les officiers qui se sont rendus à son bureau de l’état-major. C’est dans le bureau du général que fut réglée la mise en scène de la prétendue évasion de Maurice Audin.

    Maurice Audin a été immédiatement inhumé à Fort - l’Empereur en présence du colonel Roux et du lieutenant Charbonnier qui l’assistait ».

    Josette Audin n’a cessé de chercher à connaître la vérité.

     

    Où se trouve le corps du supplicié ?

    Le général Massu a refusé de dévoiler le secret. Quelque mois avant la mort du général, en 2002, le commandant  Aussaresses (le commandant « O ») lui avait demandé : « Vous ne pensez pas, général, qu’après plus de cinquante ans, il faudrait parler pour Madame Audin. » Le général le rabroua : « Je ne veux plus rien entendre : compris Aussaresses ? », lui lança-t-il au téléphone.

    Le 19 juin 2007, dans une lettre ouverte, Josette Audin écrit au président de la République française pour lui demander « simplement de reconnaître les faits, d’obtenir que ceux qui détiennent le secret, dont certains sont toujours vivants, disent enfin la vérité, de faire en sorte que s’ouvrent sans restriction les archives concernant cet évènement… ».

    Elle n’a pas reçu de réponse.

    Mais, par une lettre datée du 30 décembre 2008, le président de la République française informe la fille aînée de Maurice Audin, Michèle, mathématicienne, de sa décision de lui décerner le grade de chevalier de la Légion d’honneur (pour sa contribution à la recherche fondamentale en mathématiques et la popularisation de cette discipline).

    Michèle Audin l’a refusée. « Je ne souhaite pas recevoir cette décoration…parce que vous n’avez pas répondu à ma mère… », a–t- elle écrit au chef de l’Etat français, dans une lettre ouverte qui a fait le tour du monde.

    Depuis, il y a eu les révélations du général Aussaresses faite à un journaliste peu avant sa mort. Maurice Audin est mort d’un coup de poignard porté par un officier parachutiste placé sous ses ordres, lui a-t-il confié. Josette Audin a émis des doutes sur ces déclarations. « C’est bien que le général ait dit sa vérité, mais c’est seulement sa vérité. Ce n’est pas forcément la vérité », dit-elle.

    De son côté, lors d’un travail de recherche, la journaliste Nathalie Funès révéla le nom de l’assassin. Il s’appelle Gérard Garcet, révèle un écrit du colonel Godard, retrouvé aux Etats-Unis. Au moment des faits, il était sous-lieutenant de l’infanterie coloniale détaché comme aide de camp auprès du général Massu.

    Mais Josette Audin ne sait toujours pas où est enterré son mari.

    Afin de perpétuer le souvenir du brillant mathématicien, symbole de l’intellectuel engagé, mort pour que vive l’Algérie, son pays, la République algérienne reconnaissante donna, le jour de la célébration de l’an I de l’indépendance, le nom de Maurice Audin à la place centrale d’Alger, en contre bas de l’Université où il mena de brillantes recherches. Dans l’Algérie colonisée, la place portait le nom du général Lyautey, descendant des envahisseurs de 1830.  Le 19 mai 2012, à l’occasion de la célébration de la Journée Nationale de l’Etudiant, le ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique inaugura la plaque commémorative scellée au mur de l’Université d’Alger, près de la librairie qui porte le nom du mathématicien martyr.

    Le Prix Maurice-Audin, créé en 1957 à Paris, « est décerné, chaque année depuis 2004, par l’association éponyme, établie en France, pour honorer, une fois par an, deux mathématiciens des deux rives de la Méditerranée », rappelle l’agence officielle l’APS. Au mois de mars dernier, c’est Kawthar Ghomari de l’ENST d’Oran qui l’a reçu des mains du ministre algérien de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique qui avait présidé la cérémonie.

    Avant de terminer, je voudrais associer au nom de Maurice Audin des noms propres symboliques de moudjahidine morts, comme lui, sans sépulture : Cheikh Larbi Tebessi, président de l’Association des Oulémas, Docteur Georges Counillon, le commandant Si Mohamed Bounaama, le colonel Si M’Hamed Bougara, et associer également à son nom celui de Taleb Abderrahmane, son camarade de la Faculté des Sciences d’Alger, décapité à la prison de Serkadji le 24 avril 1958.

    En citant ces martyrs, j’ai une pensée pour tous leurs compagnons d’armes arrêtés pendant la Bataille d’Alger, torturés, condamnés à mort puis passés à la guillotine, ce procédé sauvage d’un autre âge.

     Mohamed Rebah

     Chercheur en histoire

     Auteur :

        Des Chemins et des Hommes, paru en novembre 2009 ;

        Taleb Abderrahmane guillotiné le 24 avril 1958, paru en avril 2013.

     

                                                                         Juin 2014

    (PS) Sur votre demande j'ai mis en ligne, avec plaisir, votre témoignage, mais je suis obligé de complété par l'épisode du président de la République François Hollande dont vous n'avez pas dit un mot. Ci-dessous le lien d'un article d'un ami : Henri Pouillot.

     http://micheldandelot1.eklablog.fr/maurice-audin-il-y-a-58-ans-par-henri-pouillot-a117853498

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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  • Orangina aurait pu disparaître

    durant la guerre d'Algérie

    La marque Orangina est née en Algérie et aurait pu disparaître en raison de la guerre. Mais son fondateur, Jean-Claude Beton, avait anticipé l'indépendance.

    1954 en Algérie. L'indépendance devient un enjeu sanglant. Attentats, répression, massacres de population... Plus les mois passent, plus les pro et anti-Algérie française se déchirent. Une marque va très vite comprendre qu'elle va devoir quitter le pays pour poursuivre son développement : Orangina. 

    Au début des événements en Algérie, la marque n'a que quatre ans d'existence et son fondateur Jean-Claude Beton se rend compte que les tensions sont catastrophiques pour son entreprise. "Les événements étaient synonymes de grèves, il savait qu'il aurait du mal à trouver des oranges sur le marché, explique Thierry Gaillard, l'actuel président d'Orangina. Donc son cœur balançait entre le passé, le présent et ce que sera son avenir."

    Il a anticipé l'indépendance de l'Algérie en voyant que le Maroc et la Tunisie s'étaient séparés de la France en 1956. "Il savait très bien qu'il fallait 'mettre des pions' en métropole", raconte Françoise Beton, la fille du fondateur de la marque. Le succès est immédiat. Les boissons gazeuses à secouer s’arrachent en France après un coup de pub inattendu donné par les soldats de l'armée française en Algérie qui disaient apprécier la boisson.

     

     

     


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  • Ce petit homme à la mèche évocatrice a désiré pour sa ville de la France Française, "une Lolita de souche" "aux cheveux blonds et aux yeux bleus"... Au fait ça ne vous évoque rien... les blonds aux yeux bleus ?

    Fleur, reine de Béziers :

    la nouvelle "Lolita de souche"

    de Robert Ménard ?

     

    QUEEN – A Béziers (Hérault), le maire apparenté FN Robert Ménard a élu le 4 juillet, avec plusieurs personnalités locales, la toute première "Reine" de la ville. Metronews a joint Fleur Nougaret, 100 % Biterroise d'origine, qui a pour mission de représenter les traditions de la ville. Un rouage de plus dans un plan com' parfaitement maîtrisé.

     
    Elue le 4 juillet et pour une durée de deux ans, Fleur Nougaret doit représenter "les traditions" de la ville de Béziers

    Elue le 4 juillet 2015 et pour une durée de deux ans, Fleur Nougaret doit représenter "les traditions" de la ville de Béziers

    Béziers a un nouveau visage. Celui d'une jeune femme blonde aux yeux bleus, dont la famille habite la ville depuis plusieurs générations, élue "Reine" le 4 juillet dernier. Rien à voir avec une Miss qui arpente les podiums et s'envole vers les concours de beauté nationaux, non. Fleur Nougaret-Fischer a pour mission de représenter, du haut de ses 22 printemps, "l'identité Biterroise, ses traditions et sa culture", ainsi que le stipule le règlement de l'élection édité par le département Culture de la mairie. Pour être élue, la future reine devait être âgée de 18 à 24 ans, justifier d'une domiciliation à Béziers et être de nationalité française.

    Fleur a donc été choisie par le maire en personne, des adjoints et des personnalités de la ville, dans un concours où beauté physique et connaissance de l'histoire et des traditions biterroises étaient jugées à critère égal. Etudiante en troisième année de droit à Montpellier, la jeune femme doit dorénavant faire acte de présence lors des férias, des fêtes médiévales et des vœux du maire. Autre engagement à respecter : "se comporter en toutes circonstances et en tous lieux avec grâce, élégance et dignité." En attendant, la voilà qui fait la une du Journal de Béziers, bulletin municipal dont Robert Ménard, apparenté FN, est le directeur de publication. Interviewée en première page, elle confie être tellement heureuse "que sa ville aille mieux".

    Fleur, reine de Béziers : la nouvelle "Lolita de souche" de Robert Ménard ?

     

    Capture d'écran Le Journal de Béziers

    Son élection est encore toute fraîche, mais le discours, lui, est déjà bien rôdé. Contactée par metronews, la jeune femme impose ses conditions avant d'accepter l'interview. Après avoir demandé l'autorisation à la mairie - comme le veut le règlement de la reine de Béziers - elle prévient d'emblée : elle ne parlera ni "politique, ni Front national, ni Robert Ménard", uniquement "d'une ville qui bouge, qui accueille les gens, qui va de l'avant".

    Fan de chevaux et de Brigitte Bardot

    "Personnellement, je ne suis pas fan des grandes villes. Je préfère vivre dans une cité à taille humaine, c'est plus agréable. Mes amis me disent souvent : 'à Béziers, rien ne se passe', mais ce n'est pas vrai", récite-t-elle. Et de poursuivre en comparant la quiétude de sa campagne natale à la grande Marseille, où elle a étudié pendant deux ans, "une ville pas très propre et où quelques-uns de (m)es amis se sont déjà fait agresser".

    Et si la demoiselle se dit "pas intéressée par la politique", un coup d'œil sur sa page Facebook suffit pour comprendre qu'elle partage l'avis de son maire sur certains thèmes qui lui sont chers. Entre deux photos de chevaux - "sa passion numéro "1 - et quelques déclarations d'amour à Johnny Depp, on trouve en effet  des liens vers le groupe de "Soutien au bijoutier de Nice", une page intitulée "Je suis Français et fier de l'être" ou encore le site de la Fondation Brigitte Bardot s'insurgeant contre "la barbarie" et "le sacrifice sanglant de l'Aid-el-Kebir".

    Fleur, reine de Béziers : la nouvelle "Lolita de souche" de Robert Ménard ?

     

    Capture d'écran Facebook

     

    Alors qu'au mois de mai, le Journal de Béziers célébrait une "Lolita de souche" en la personne de Louane Emera, chanteuse et héroïne du film "La Famille Bélier", Robert Ménard a sans nul doute fini par dénicher là le nouveau visage d'une ville obstinément attachée à ses traditions.

    SOURCE : http://www.metronews.fr/info/fleur-nougaret-reine-de-beziers-la-lolita-de-souche-de-robert-menard/mogt!HWCvBs5Yz9jrg/

    "Lolita de souche" :

    quand le journal de Ménard

    célèbre Louane Emera

     

    CULTURE SAUCE MÉNARD - Même dans sa rubrique Culture, le journal de Béziers de Robert Ménard cherche à véhiculer une certaine idée de la France... Louane Emera, la jeune actrice de la Famille Bélier, y devient ainsi une "lolita de souche".

     
    Louane Emera

    Capture d'écran de la rubrique Culture du numéro 13 du journal de Béziers.

    DR/Le journal de Béziers


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    Témoignage de Jean Poussin

     

    militaire appelé et instituteur

     

    en Algérie.

     

     

    Une réflexion préalable en France

     

    Né en Bretagne en août 1938, j’aurais dû faire mon service militaire à partir de 1958, j’étais étudiant et sursitaire, j’ai donc été appelé avec la classe 59/2B en novembre 1959, mon frère aîné avait été rappelé en Algérie, il venait de rentrer, le cadet était resté en France comme soutien de famille, j’étais mobilisable en Algérie.

                 Lors de mes trois jours à Dinan, j’ai exprimé mon désir de ne pas rester en France, de partir en Algérie, comme tout le monde, et ma volonté de ne pas y faire la guerre, enseigner par exemple, même si j’acceptais de porter les armes. Mon dossier a été égaré, j’ai dû recommencer mes 3 jours, avec les mêmes convictions, avec les mêmes tests, si bien que la deuxième fois j’étais très bon pour la télégraphie en morse, malgré ma faiblesse d’oreille. Mon dossier a été marqué au crayon rouge.

                 Avant de partir, j’étais en relation avec des équipes de la Mission de France, nous lisions Témoignage Chrétien (nous continuerons de le recevoir en Algérie mais enveloppé dans la première page d’un quotidien local) ; nous avions fait une réflexion sur la France en Algérie, sur la torture, sur la désobéissance militaire, sur l’objection de conscience (interdite alors). J’ai pris la décision de demander à partir pour y être présent.

                 J’ai refusé de faire les écoles de gradés (EOR et ESOR), j’ai fait deux mois de classes à Dinan au 71ème régiment d’infanterie, j’ai appris à tirer et à faire la guerre, j’ai fait quatre mois de formation radio et de chiffre (code secret militaire) à St Malo, refusé les galons et suis parti en Algérie comme 1ère classe début mai 1960.

     Nous roulons pendant une longue journée au fond d’un camion bâché pour faire St Malo-Marseille. Nous embarquons aussitôt et c’est deux jours à manger des nouilles pour nourrir les poissons, à fond de cale ou lovés dans les cordages d’un rafiot pourri « Le Président de Casalet » (il a coulé peu après), et nous découvrons Oran, « Ici la France », est-il écrit sur le port.

      
    D’abord planqué en Algérie

     

    Ensuite, c’est 400 km de tortillard d’Oran à Vialar (Tissemsilt) : nous arrêtons à chaque gare (toutes incendiées), à chaque passage à niveau pour fermer puis réouvrir les barrières routières. Deux locomotives, un wagon de poteaux électriques anti-mines que nous changeons de place pour tromper l’ennemi. Mais il n’y a pas d’ennemi, il n’y a pas de guerre d’Algérie, c’est du  maintien de l’ordre.

     A ma grande surprise, malgré mes « compétences» en radio » , je suis affecté au 1er Bureau Personnel Officiers du 110ème R.I.M, dans une maison bourgeoise réquisitionnée, (au pied du minaret qui cinq fois par jour transmet l’appel à la prière ou les signes d’une prochaine opération dans l’Ouarsenis) comme secrétaire particulier du Colonel du régiment, le Colonel Puech. On vient de me planquer sous haute surveillance. J’apprends à taper à la machine, je frappe le courrier du colonel, participe à la rédaction des textes des décorations des officiers supérieurs, suit les avancements, fait le ménage du bureau du Colonel, classe ses papiers, suis chargé de détruire les brouillons de sa corbeille à papier (au lieu de la femme de ménage qui est algérienne). L’adjudant Amadazi, mon chef de bureau supporte mal mes avantages.

     Le Colonel Puech me met à l’aise tout de suite, il connaît mon dossier, il me dispense donc de le saluer militairement, me demande seulement de rectifier la position avant de lui serrer la main. Il me dit qu’il comprend mes états d’âme et me parle de son frère qui est évêque dans le sud de la France, que je peux lire et commenter tous ses papiers ; je suis, bien sûr, tenu au secret militaire.

     La ville de Vialar (Tissemsilt) est pleine de compagnies opérationnelles, il y a un deuxième bureau, un troisième, un quatrième, et un cinquième : le renseignement, les opérations, l’intendance et l’action psychologique. Il y a aussi un B.M.C.(bordel militaire de campagne privé) pour le moral de la troupe, bonjour pour les dégâts.

     Nous rencontrons parfois un aumônier militaire et le Curé de la paroisse. Je fais connaissance avec un Segréen Georges Bien qui approvisionne l’intendance.

     Nous faisons du théâtre, parlons d’action psychologique, des frigos et de la gégène du deuxième Bureau auquel sont affectés deux collègues dont un séminariste qui se dit favorable (et je crois, actif) aux interrogatoires musclés. Les retours d’opérations sont parfois suivis d’arrosages orgiaques. Ma situation de planqué involontaire ne me donne pas plus d’informations : je savais, j’étais écœuré,  mais n’avais pas d’autre solution que de m’accrocher à l’idée de scolariser les enfants algériens.

     Le Colonel me dit satisfait de mes services, je lui sers de confident pendant deux mois, ce qu’il ne peut pas faire avec le Lieutenant-Colonel (opérationnel) de St Ferjeux et autres gradés qui gravitent autour du PC. Je l’informe de ma volonté de servir comme instituteur dans le bled. J’ai un avantage dans la maison, je n’ai aucune recherche d’avancement.

     Au bout de deux mois, le Colonel me dit « Poussin, si tu tiens toujours à aller faire l’école aux algériens, tu pars demain, dans un bled paumé et dangereux, si par la suite tu regrettes, tu me fais savoir et je te reprends. »

     

                      

     

     La S.A.S. de Sahari à Nadourah, sud-est Oranais

     

     Je suis ravi de partir avec la prochaine navette à 70 Km vers le sud, via la 2ème compagnie de Burdeau (Mahdia), j’ai juste le temps de constater qu’il y a, dans cette ancienne conserverie, des frigos « réaffectés » et arrive à la S.A.S. (Section administrative spécialisée) de Sahari, à Nadourah (aujourd’hui Dayet Terfas), région de Tiaret.

     C’est une ancienne ferme (ferme Frugès) fortifiée pour les besoins du maintien de l’ordre. Ce sont 90 harkis (supplétifs) qui forment une harka montée et sont encadrés par une poignée de Français. Un jeune Capitaine marié à une Kabyle dirige le tout avec un Lieutenant appelé, un Sergent qui a fait l’Indochine et une dizaine d’appelés qui assurons les services de confiance : deux radios (l’un est de la Vallée en 49), deux cuistots, deux armuriers, deux magasiniers, un infirmier et moi-même qui vais devenir instituteur. Il y a une quarantaine de chevaux entretenus et équipés pour les patrouilles, on m’en affecte un qui me servira surtout à visiter les familles des élèves absents : j’y vais seul, en civil et sans arme.

     Le capitaine, le Sergent et leurs familles vivaient dans les maisons de maître de la ferme Frugès, l’infirmerie était installée dans un baraquement, la troupe s’était lovée dans des petites dépendances dispersées aux quatre coins de la ferme et munies de meurtrières et guérites pour prévenir des attaques éventuelles. La nuit, les harkis habitaient avec leur famille à côté et à l’extérieur de la SAS, dans des cités en parpaing. Le jour ils étaient de service dans le camp. A tour de rôle, une dizaine de harkis dormaient à l’intérieur pour monter la garde, ils étaient à la fois une protection et une menace. Les 40 chevaux étaient logés dans les anciennes étables.

     Je ne sortirai en patrouille à cheval que deux ou trois fois avec un poste radio (ANPRC.10) que j’avais fixé sur le dossier de ma selle arabe ; j’eus l’occasion de visiter des mechtas et de limiter les dégâts de collègues trop zélés dans les fouilles. Il y eut parfois des prisonniers à la SAS, ils étaient ici traités ordinairement mais ensuite expédiés ailleurs…

     Ce fut le cas, en fin 1961, de mon ami Chachoua Kuider, collègue instituteur algérien que je ne revis jamais, ainsi que quelques harkis soupçonnés d’être en même temps fellaghas (nous pensions qu’ils l’étaient presque tous, nous en avons eu la confirmation en 1988). 

     

                Instituteur et militaire à Sahari

     

     J’étais là volontaire pour ouvrir une école à l’intérieur de la SAS et accueillir les enfants non scolarisés, leur apprendre à lire, écrire et compter en français, je n’étais pas là pour obtenir du renseignement. Mon collègue infirmier appliquait la même déontologie (nous étions dans la phase ambiguë de la pacification). De juillet 1960 à décembre 1961, je fis la classe pratiquement sans interruption : pas de jeudi ni vacances, les élèves avaient une telle soif d’apprendre et nous avions pris tellement de retard. Les effectifs évoluèrent de 30 à 60 puis 90 élèves, de 6 à 12 ans, dont trois enfants français du couple de secrétaires de mairie (Les Dureng) et le fils du Sergent Faure et de madame. Avec le surnombre, on me nomma un aide, jeune algérien appelé qui avait été scolarisé (Ali Rahmani). La plupart des élèves étaient des enfants de harkis ou autres habitants du bled. Mon collègue Chachoua Kuider, instituteur normalien algérien prenait les grands dans une école construite en dehors du poste militaire, près de la mairie.

     Un bâtiment en parpaing et en cours de construction me fut affecté pour en faire l’école et me loger  (il avait d’abord été construit pour et par les collègues du contingent pour se loger ! )

     L’aménagement de ma classe se fit avec les moyens du bord : tables à tréteaux, bancs avec planches et parpaings, les abreuvoirs devinrent des lavabos collectifs, un petit et ancien château d’eau fut transformé en douche, la dotation militaire de savon de Marseille fut en partie «détournée» pour l’école, ainsi que le projecteur 16 mm du cinéma aux armées, avec le film « Crin blanc », quelques Charlot et des Laurel et Hardy.

     

         

     

     Outre mes tâches d’enseignant, j’assurais la maintenance et le démarrage ( ?) de deux moteurs Bernard diesel qui produisaient l’un  l’éclairage et l’autre le pompage de l’eau potable, lorsque l’énorme éolienne était au calme plat ou en rideau. Je participais aussi à la protection nocturne du camp en faisant fonction d’officier de quart, ce qui signifiait contrôler les sentinelles harkis qui nous « protégeaient » et assurer les liaisons radios de sécurité : tout silence radio signifiait que le camp avait été attaqué et enclenchait l’assaut des compagnies les plus proches, situées à 30 km de piste. Je portais une arme à répétition pendant ces missions et je dormais avec, sous mon oreiller, parfois « la culasse en arrière » surtout lorsque des camps comme le nôtre venaient de sauter : nous étions prêts à nous défendre si nous étions agressés. 

      En dehors de cela, je faisais la classe avec une tenue discrète et le moins possible militaire, c’est ainsi que je reçu le Colonel Puech dans ma classe avec un pantalon militaire et un pull rouge, alors qu’il venait me féliciter, sans prévenir, et m’annoncer que, malgré-moi, il me nommait caporal-chef, afin que, maintenu sous les drapeaux, (mai 1961) je puisse continuer avec une solde vitale.

     Je faisais la classe avec la méthode « Ali et Omar », manuel de lecture et de calcul à la fois, outil de travail moderne pour l’Algérie, après l’antique méthode « nos ancêtres les Gaulois ». A cause du grand nombre, j’utilisais la répétition : après la leçon, j’interrogeais quelques dix élèves qui me semblaient avoir mieux compris et ils devenaient les répétiteurs. C’est ainsi qu’une de mes répétitrices Khadra Belfedhal, fille du Caïd devint la référence de la classe. Elle nous servait d’interprète et de garde-fou. Si un élève parlait, imprudemment, de ce qui s’était passé chez lui, la veille, elle se levait et haranguait la classe sans me demander mon avis ; ensuite me menaçant de son index, elle me disait « Maître, tu n’as rien entendu», j’acquiesçais volontiers et le cours reprenait. (Elle m’a écrit en France en juin 1962, je l’ai revue en 1988 et ai échangé à ce sujet).

     

         

     

     Le Putsch d’Alger, pendant une permission

     En début 1961 l’armée « organisa » le referendum en allant chercher les électeurs en camions et en leur expliquant de mettre le bulletin blanc (Oui) dans l’urne et de jeter le bulletin violet (Non). Nos deux classes servirent de lieux de vote. 

     En Avril 1961, j’eus droit à une permission en France, mais elle fut écourtée par le Putsch d’Alger ; permissionnaires nous serons re-mobilisés à Marseille contre l’invasion en France des Putschistes et pour garder des compagnies pétrolières. Oubliés pendant 15 jours au pied des citernes d’essence, nous serons portés déserteurs dans nos affectations algériennes, notre permission étant terminée.

     J’eus aussi droit à 15 jours de vacances au bord de la Mer, à Arzew, par les services sociaux des armées. De 110ème RIM, nous étions passés 36ème Bataillon d’infanterie.

     Pendant une patrouille, un des harkis prit la fuite avec un cheval et des munitions. On apprit qu’il fut tué par la suite lors d’une opération dans l’Ouarsenis. Plusieurs harkis furent interrogés et embarqués au 2ème Bureau de Burdeau (Mahdia), ainsi que l’instituteur Chachoua Kuider.

     

                

     Après ce fut le replis, nos régiments furent déplacés vers le nord (Messouket), nous abandonnions nos positions et les gens que nous avions protégés et mouillés. Après notre départ, les Dureng, secrétaires de mairie, furent assassinés en présence de l’un de leurs jeunes enfants. Les gendarmes de Sougueur (Trezel) leur rendaient souvent visite pour  les protéger, mais toute présence française devait être alors effacée, à moins qu’il s’agisse d’un crime crapuleux. C’était des gens de passage et non pas des gens du pays ; les Dureng étaient très estimés de la population locale avec tout ce qu’ils avaient fait pour eux. Par la suite, j’ai revu les enfants, à Ussel dans leur famille, ils étaient choqués et je n’ai su quoi dire.

     Les harkis restant de la SAS de Sahari s’en sont bien tirés (sauf un), ils sont devenus Moudjahidin, ils nous l’ont confirmé en 1988. Ils avaient vécu avec la présence militaire française tout en souhaitant la libération par le FLN.

     Je serais bien resté en tant que civil, mais tout le monde m’a dit que c’était trop dangereux et que je risquais de me faire couper les c… Il y avait l’OAS, il y avait le FLN, il y avait des règlements de compte, je suis rentré en France en février 1962, quelques temps avant les accords d’Evian.

         

     Retour en France

     Je me suis retrouvé dans l’enseignement agricole, j’ai repris des formations complémentaires. Un jour que je me déplaçais avec une moto de petite qualité, des gendarmes m’ont arrêté, simple contrôle de routine. Il s’est avéré qu’ils me cherchaient de gendarmerie en gendarmerie pour me remettre une décoration « mais c’est lui ! »  Citation à l’ordre du régiment, attribution de la croix de la valeur militaire avec étoile de bronze, à remettre en mains propres. Cette décoration me fut remise par l’un des gendarmes au garde-à-vous, pendant que l’autre tenait la moto, sur la route de Rouen à St Georges sur Fontaine.

     Cité à l’ordre du Régiment, le Caporal Poussin Jean, 36° Bataillon d’Infanterie.

     « Jeune Caporal du Contingent, modèle de conscience professionnelle et de dévouement. Instituteur militaire depuis le 1er Octobre 1960 à la Section Administrative Spécialisée de Sahari, le Caporal Poussin Jean s’est dévoué entièrement à sa tâche et a rempli dans des conditions souvent difficiles la mission d’instruire et d’éduquer de jeunes musulmans analphabètes.

     A assuré en outre, le bon fonctionnement d’une cantine scolaire, la direction du foyer de jeunes et le service de l’assistance médicale gratuite avec la même joie de servir. A ainsi grandement aidé à faire apprécier l’action pacificatrice de la France. »   Signé le Général de Brigade Fayard, 4ème D.I.M., le 6 Mars 1962.

     C’était ma revanche, moi qui avais refusé la guerre et les galons, d’être décoré avec la médaille jusqu’ici destinée à ceux qui avaient tué des fellaghas.

     Cette décoration à titre pacification était accompagnée d’une lettre au ministre de l’éducation nationale, pour une décoration qui n’est jamais venue. 

               

     

            

                      

    Pèlerinage et rencontres sur les lieux, vingt-six ans plus tard

     En 1988, vingt-six ans après mon retour, j’ai eu envie de revoir les lieux et les personnes. J’ai écrit des lettres nominatives, qui sont revenues avec « n’habite pas à l’adresse indiquée. » J’ai aussi envoyé des lettres aux administrations, et là j’ai eu plusieurs réponses, car elles sont tombées entre les mains d’anciens élèves : le maire, le secrétaire de mairie, le directeur d’école… Le contact était renoué.

     Nous atterrissons à quatre, un couple d’amis, mon épouse et moi-même, à Alger le 25 Juillet 1988 pour un séjour de 15 Jours. Nous avions un passeport, des adresses, des dinars, mais pas de visas, devenus obligatoires en réaction aux lois Pasqua. On nous menace de reprendre le prochain avion pour un retour rapide. Le chef de l’aéroport prend nos papiers, nos adresses et nos recommandations, nous demande d’attendre, il nous retrouve une heure plus tard et nous interroge sur notre passé et nos intentions… il tient déjà dans la main nos visas de régulation : parmi mes anciens élèves, un nom a compté c’est celui du maire de Nadourah, (Bouharket Mohamed) qui est enseignant et politique FLN. Ouf !

     Notre ami instituteur et ancien élève, qui devait nous prendre à l’aéroport ne vient pas, mais nous rencontrons par hasard ( ?) un inconnu qui deviendra un ami, Saïd Kaci d’origine Kabyle, qui propose de nous mettre sur le chemin en nous conduisant et nous hébergeant chez lui, à Vialar (Tissemsilt). Le lendemain matin, avant son travail, Saïd nous conduit jusqu’à Burdeau (Mahdia) et là nous prenons un taxi jusqu’à Nadourah (aujourd’hui Dayet Terfas). Nous arrivons dans une petite ville qui a beaucoup construit, il y a six classes sur place, mais nous sommes au pied de notre ancien poste militaire qui n’a pas changé. La ville est encore endormie et je contemple les lieux...

     Et tout d’un coup des gamins par dizaines sortent, certains criant : « le maître est revenu , le maître est revenu ! » Je réalise soudain que, pour leurs parents, j’ai été le premier maître dans ce village. Ensuite c’est l’accueil officiel à la mairie, avec le maire et son administration, un discours en arabe (langue officielle) et traduction simultanée (j’ai peur un moment que le maire, ancien élève, ait tout oublié de la langue française), un accueil triomphal et beaucoup d’émotions. Nos bagages sont emportés chez nos hôtes qui changent chaque soir. Nous parlons de la guerre avec des anciens harkis, je dis que je savais, ils sont fiers de confirmer.

     Nous parlons de l’évolution du pays, les inquiétudes sont à peine perceptibles en campagne, alors que la crise est sous-jacente et que la tension est déjà là dans les grandes villes, jeunesse nombreuse, chômage en vue, barbes, foulards et autres insignes irano-islamiques.

     Je souhaite revoir, parmi d’autres, une ancienne élève Khadra Belfedhal, on nous-y conduit à Tiaret, avec un interprète, elle est l’épouse du principal du lycée. Nous rencontrons son mari arabisant qui ne comprend pas : « vous faites erreur, ma femme n’a jamais fréquenté l’école française »,  puis leurs deux filles qui font la transition, enfin mon ancienne élève qui ne se souvient plus de rien, mais dont la mémoire resurgit rapidement. Le langage français lui revient, elle me fredonne « alouette, je te plumerai », chanson que je lui aurai appris, elle me parle du film « Crin blanc », son mari découvre apparemment stupéfait. Je lui rappelle ses interventions de sécurité, en classe, elle se souvient.

     Après de nombreux kahoua et gâteaux, le départ est accompagné d’échanges de cadeaux pas seulement conventionnels, la bise et l’émotion vont de soi. Elle me remet, entre autre, un petit livre en français sur l’islam (1972), que je n’ai le droit d’ouvrir que plus tard ; elle y a écrit, au préalable dans la cuisine, de sa main et en français, avec la connivence de ses filles ces quelques mots « un petit souvenir, de la part de Belfedhal Khadra, votre élève bien aimée, merci ! » 

     

     Tourisme aussi

        Le couple d’amis qui nous accompagnait était déjà venu en Algérie après 1962 et avait des relations amicales aux quatre coins de l’Algérie. Nous visitons le sud, Ghardaia, l’ouest, Nemours (Ghazaouet), Oran, Alger, Tizi-Ouzou et la Kabylie.

     Partout nous sommes bien accueillis, il n’y a pas d’autres touristes, c’est la période des vacances scolaires. Nous apprécions la densité du réseau de transport en commun : les bus sont pleins ; les femmes et les enfants d’abord, nous les étrangers ensuite et les hommes s’il reste de la place. Partout les policiers nous regardent favorablement, ils paraissent informés de notre venue. La chaleur  est étouffante, en particulier dans la fournaise de Relizane

     Seule grande ligne moderne, nous découvrons le confort des trains couchettes (wagons-lits français sur des rails autrichiens) entre Oran et Alger.

     Nous sommes en 1988 : politiquement tout paraît calme, sauf à Alger où le climat est plus tendu et laisse présager les émeutes qui suivront.

     Des témoignages 47 ans après

     Suite à ce témoignage, j’ai reçu des e-mail ou des communications téléphoniques de personnes qui avaient envie d’en parler : algériens, fils de harkis, enfants de coopérants, pieds-noirs, soldats du contingent, enfants d’appelés ou de militaires de carrière.

     La guerre d’Algérie s’est mal passée, et s’est mal terminée

     Certains me parlent du départ avec « la valise ou le cercueil », mais aussi l’abandon des harkis, leur drame et celui des capitaines de S.A.S.

     Beaucoup ne parlent pas. Et c’est ce que les enfants déclarent dans les écoles « la guerre d’Algérie, mon papy il ne veut pas en parler ».

     Ce témoignage, c’est aussi un hommage à mes collègues de Sahari :

     Jean Claude Guillemot, Robert Lejeune, Robert Nicolas, Claude Coutard, Gérard Houdoin, Renévot (le bigouden) … il en manque.

     

     

     

     

     

     


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  • 19 juillet 2015 : Journée nationale à la mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites de l'État français et d'hommage aux "Justes" de France

    19 juillet 2015 : Journée nationale à la mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites de l'État français et d'hommage aux "Justes" de France

    Cette journée nationale d'hommage donne lieu à des cérémonies

    sur l'ensemble du territoire.

    19 juillet 2015 : Journée nationale à la mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites de l'État français et d'hommage aux "Justes" de France

    Instituée par le décret n° 93-150 du 3 février 1993 et la Loi  n° 2000-644 du 10 juillet 2000, cette journée est fixée au 16 juillet, si c'est un dimanche, ou au dimanche suivant. Elle correspond à la date anniversaire des rafles des 16 et 17 juillet 1942, au cours desquelles près de 13 000 personnes furent arrêtées dans Paris et sa banlieue dont plus de 8 000 furent regroupées au Vélodrome d'Hiver (le Vél' d'Hiv) avant d'être déportées. Elle donne lieu chaque année à une cérémonie commémorative dans le square des Martyrs juifs du Vélodrome d'Hiver, à Paris (XVe), devant le monument érigé à proximité de l'ancien emplacement du Vélodrome.

     

    "Pour résister" : un plaidoyer contre

    toutes les formes d'extrémisme


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  • J'AI LU "LE DERNIER TABOU" DE PIERRE DAUM

    Pierre Daum poursuit son travail de démystification. Après les Pieds-noirs restés en Algérie à l’indépendance, il a poursuivi ses recherches à propos des « harkis » et signe LE DERNIER TABOU (Actes Sud, avril 2015).

    Le terme « harki » prête à confusion. En réalité furent des harkis, les Algériens membres d’une harka engagée aux côtés des troupes françaises. La plus connue fut celle du Bachagha Boualam dans l’Ouarsenis, sous les balles de laquelle tomba notamment le militant communiste Aspirant Henri Maillot. Le terme « supplétif » lui est donc préférable et Pierre Daum nous rappelle ce que furent les diverses catégories de supplétifs recrutés par les autorités françaises pour combattre le FLN : les auxiliaires de police (GMPR qui devinrent les GMS) ; les mokhaznis employés dans les SAS ; les gardes villageois d’autodéfense (GAD) ; les gardiens (aassès) et les harkis. Auxquels il faut ajouter les soldats algériens « musulmans » réguliers (appelés ou engagés) et les civils profrançais (ils ne l’étaient pas tous) parmi les 11 500 conseillers municipaux à partir d’avril 1959 et les 350 conseillers généraux à partir de 1960. Au total, dans l’état actuel des recherches 450 000 hommes dont 250 000 supplétifs, 170 000 soldats et 30 000 notables.

    Quel fut leur sort en 1962 ?

    Les Accords d’Evian du 18 mars 1962 ne les évoquent qu’indirectement et très succinctement. Ni le Gouvernement français ni le GPRA (Gouvernement provisoire de la République Algérienne) "ne s’en étaient réellement préoccupés. », nous dit Pierre Daum (P.69). Les uns et les autres les considéraient comme des ressortissants algériens et le Premier ministre Pierre Messmer écrivit : "Il y a avantage à ce que la grande masse reste en Algérie ». La crainte était en effet qu’ils rejoignent en France l’OAS. Et De Gaulle lui-même décréta par l’Ordonnance du 21 juillet 1962 la « perte de la nationalité française à tous les « Musulmans » d’Algérie. » (P.87)

    140 000 réfugiés hommes, femmes et enfants « musulmans » dont 30 000 supplétifs furent cependant accueillis en France, dans les conditions que l’on sait. Dans des camps où avaient avant eux été parqués des Algériens qui luttaient pour l’indépendance. Les 420 000 autres, supplétifs et profrançais, et leurs familles soit environ 1 million 200 000 personnes restèrent en Algérie. « L’idée que tous auraient été « massacrés » est tellement rabâchée depuis un demi-siècle qu’un vrai effort de l’esprit devient nécessaire pour tenter d’approcher sereinement la réalité historique. » écrit Pierre Daum (P.105). Les nostalgiques de l’Algérie française s’appuient sur un rapport intitulé « Note sur les massacres de harkis dans l’arrondissement d’Akbou » remis en mai 1963 par un ancien sous-préfet d’Akbou, Jean-Marie Robert qui évaluait le nombre de morts à 150 000. « Aujourd’hui, à la suite de Sylvie Thénault, plus aucun historien ne prend au sérieux les conclusions de ce rapport " (P.138). Certes des jugements sommaires eurent lieu comme nous en connûmes en France à la Libération, au point que les anciens supplétifs préféraient être emprisonnés. Ce fut le fait de « tribunaux populaires » et de « combattants » de la dernière heure, du mois de mars 1962, ceux que les Algériens appellent des «marsiens». Et Pierre Daum rappelle cette appréciation de l’historien Gilbert Meynier : « Au sommet du pouvoir d’Etat, qu’il s’agisse du GPRA ou qu’il s’agisse de l’EMG [état-major général de l’ALN sous les ordres de Houari Boumédiene], aucun des documents consultés n’indique qu’il y a eu des ordres délibérés de représailles contre les harkis. » (El Watan, 10 mars 2005). Par contre, il est vrai qu’un certain nombre fut affecté au déminage des frontières tunisienne et marocaine où l’Armée française avait déposé 11 millions de mines antipersonnel. Ce fut évidemment une hécatombe.

    Certains ont avancé le chiffre total de 42 000 supplétifs qui auraient été éliminés au moment de l’indépendance, mais c’est le chiffre de 10 000 qui est généralement retenu par les historiens. C’est un chiffre considérable, bien loin cependant des estimations apocalyptiques des adversaires de l’indépendance. 90% ont continué à vivre en Algérie. Dans des conditions matérielles souvent difficiles et en butte à l’hostilité de leurs concitoyens, mais en vie. Plus de la moitié de l’ouvrage de Pierre Daum est d’ailleurs consacré aux 43 témoignages qu’il a lui-même recueillis sur l’ensemble du territoire de l’Algérie. Ils colorent de leur dimension humaine la matière aride et désincarnée mais indispensable des archives et des études statistiques. Ils aident à mieux comprendre la tragédie que fut la guerre d’indépendance à laquelle le peuple algérien fut acculé par l’égoïsme des possédants et l’aveuglement des gouvernants français.

    Bernard DESCHAMPS

    14 juillet 2015


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  •  

    Des pieds noirs militent pour

     

    l'apaisement des consciences

     

    "J’affirme que les PN n’étaient

     

    pas tous OAS, loin de là"

     

     

    Jacki Malléa

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    Jacki Malléa, délégué régional de l'APNPA. PHOTO/Photo Harry Jordan

     

    "La guerre d'Algérie a commencé le 8 mai 1945", insiste Jacki Malléa, délégué régional de l'APNPA (Association des pieds-noirs progressistes et leurs amis). Né à Guelma en 1940, il se souvient même des mouvements de foule ce jour de l'Armistice où les Algériens qui manifestaient ont été massacrés, comme à Sétif d'ailleurs.

    "La France avait laissé entendre aux Arabes qui s'étaient engagés à leurs côtés pendant la Seconde Guerre mondiale qu'ils auraient droit à leur indépendance", rappelle inlassablement ce militant engagé. Parce qu'il estime qu'il "est important pour lui de dire ce qu'il a vu et entendu", il s'est donc engagé aux côtés des pieds-noirs progressistes. L'association, qui compte presque 200 militants au niveau national tient des assemblées générales. L'occasion pour elle de dresser le bilan des actions menées jusqu'à présent. L'APNPA a été invitée dans des colloques partout en France, écrit de nombreuses lettres ouvertes notamment contre le projet d'implantation d'une stèle en hommage au général Bigeard à Fréjus... «Nous protestons généralement contre le laisser-aller des autorités face aux agissements des 'nostalgériques'. Nous militons également pour le rapprochement de la France et de l'Algérie". Après avoir surtout joué un rôle d'opposition, - l'APNPA a manifesté dernièrement contre la pose d'une plaque hommage à un ancien de l'OAS dans un cimetière du Jura -, l'association a décidé d'être davantage force de propositions. "Nous voulons organiser des débats autour du 8 mai 1945. Il est vraiment important de parler de ces années avant 1954 pour bien comprendre la guerre d'Algérie". A ce titre, Jacky Malléa est d'ailleurs déjà intervenu dans des collèges et lycées. Il a également souvent été interpellé par la communauté pied-noir. "J'ai reçu une lettre anonyme, des appels téléphoniques où on m'insultait sans me laisser le temps d'expliquer mon histoire et ma démarche", regrette-t-il tout en prônant "l'apaisement des consciences. 50 ans après, il est temps que la vérité ressorte". Une parole libre qui ne demande qu'à s'exprimer.

     

    Jacki Malléa, de Guelma aux Pyrénées Orientales

    De Malte aux Pyrénées Orientales

    C’est dans les années 1840 que des Maltais quittent LA VALETTE pour rejoindre l’Afrique du Nord. C’étaient mes ancêtres. Quand ils arrivent en Algérie, ils ne parlent pas les langues, Français, Arabe. Ils vivent en communauté et se marient entre eux.

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    Issu d’une de ces familles, je nais en juillet 1940 à GUELMA (Est Algérien). Je grandis dans une famille de bouchers. Je vais à l’école où on m’enseigne que mes ancêtres étaient gaulois. A l’époque je ne savais pas que ma famille était maltaise. Donc va pour les gaulois. Je me retrouve dans la cour de l’école avec des Juifs, des Arabes, des Mozabites. Je joue au basket, avec des Juifs, des Arabes. J’ai 14 ans quand "les événements commencent". Les Aurès c’est loin, on continue à jouer au basket, et on commence à regarder les filles.

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    En août 1955, "les événements" se rapprochent. Lors d’une fusillade, je dois la vie à un carrelage mal scellé sur la place de ma ville qui me fait trébucher au moment où une rafale de mitraillette est tirée dans ma direction. Là je commence à comprendre qu’ici aussi, il y a des "événements". Tant bien que mal la vie continue. Notre jeunesse commence à sentir les méfaits de cette guerre que l’on ne nomme pas encore "guerre". Le couvre-feu nous oblige à rentrer dès 20h, parfois 18h. Il n’y a plus de bals populaires, il est dangereux d’aller au cinéma. Dés le début des "événements", la famille se regroupe.

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    Deux frères de ma mère, et leurs familles viennent habiter en ville dans le logement à côté du nôtre. Nous ouvrons une cloison, pour ne faire qu’un appartement. Nous prenons tous les repas ensemble. C’est là que je commence à entendre parler du 8 mai 1945. J’apprends que le sous préfet Achiari avait constitué des milices d’européens pour répondre aux attaques des Arabes. Pendant longtemps j’ai cru que le 8 mai 1945, les Arabes étaient descendus dans les rues avec des armes et avaient attaqué les Européens. Mais je continuais à vivre avec eux. J’en rencontrais qui travaillaient avec mon père, à l’école, et dans la rue.

    A 17 ans, ayant quitté l’école, je me retrouve employé de banque. Le dimanche j’allais donner un coup de main à mon père à la boucherie. Un dimanche, un de mes anciens copains, arabe, avec qui je jouais au basket est venu me voir. Il y avait six mois que je ne le voyais plus. Il me raconta qu’il travaillait au Sahara dans le pétrole. Je sortais en ville avec lui, jusqu’au jour où il m’annonça qu’il repartait. Quelques temps plus tard, un autre copain, européen vient me chercher. Il avait quelque chose à me montrer. Arrivés sur la place, un attroupement me fit comprendre qu’il y avait quelque chose à voir. Mon copain m’incita à aller devant, sans rien me dire. Je me frayais un passage. La scène me figea sur place. A terre gisait un cadavre, celui de mon copain, qui, soi-disant, travaillait au Sahara. Habillé en militaire, il portait un écriteau "Chef FLN abattu cette nuit". Là, je prends conscience de l’absurdité de cette guerre. Comment pouvais-je considérer que ce combattant était un ennemi ? Quelques mois plus tard, c’est un copain européen qui est tué au combat, dans l’armée française. Il y avait de quoi se perdre.

    19 ans, je commence à penser que l’âge de partir à l’armée va arriver. Cela me pose problème. Je ne veux pas combattre, car je pense que cette guerre n’est pas la mienne. J’en parle un jour avec un copain juif. Quelques jours après, il me dit avoir eu connaissance de la création d’un nouveau corps d’armée "Les moniteurs de la jeunesse Algérienne". Mais pour y entrer, il faut s’engager au moins 2 ans. Je suis donc obligé de démissionner de mon poste d’employé de banque afin de pouvoir m’engager. Après un séjour de 6 mois à ISSOIRE, je retourne en Algérie, dans les Aurès, où je vais, jusqu’en mars 1962, m’occuper de jeunes Algériens. En juillet de la même année, après les recommandations d’un autre copain algérien, je me décide, à contre cœur, à quitter ce pays.

    Depuis 1977, j’y retourne régulièrement, toujours à Guelma où des liens se tissent nous rappelant que cette guerre n’était pas la nôtre. Un film sorti en 2008, de Medhi Lallaoui, Les Parfums de ma Terre retrace ce parcours. Je voulais absolument laisser une trace de cette période douloureuse afin, surtout de rétablir, des vérités.

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    Je ne suis pas un "rapatrié", car ma patrie, c’était l’Algérie. Et plus encore depuis que mes nombreuses lectures m’éclairent sur ce passé. Les atrocités du 8 mai 1945, où à Guelma, la répression a duré jusqu’au 26 juin 45. A Guelma où on a brulé des Arabes dans un four à chaux. Les morts innocents s’entassaient le long des routes. Le livre de Marcel REGGUI est éloquent. En 1989, j’ai essayé de regrouper des Guelmois au sein d’une association. Très vite en annonçant mes objectifs, à savoir, recréer des liens avec les Guelmis (Algériens), j’ai dû démissionner. Cette association existe toujours. Elle a longtemps été dirigée par un responsable du FN. Je n’ai plus fréquenté aucune association PN [Pieds Noirs], jusqu’au jour, après l’inauguration du mur des disparus à Perpignan, l’idée d’en créer une, mais avec nos idées, voit le jour, l’ANPNPA. A l’aide du film, au cours de débats très intéressants, j’affirme que les PN n’étaient pas tous OAS, loin de là.

    Je dis également que si le problème algérien avait été pris en compte bien avant 1945, si les Européens avaient voulu partager, enfin si la France avait voulu régler le problème autrement, la vie en Algérie aurait été possible. Au cours d’un de mes voyages à Guelma, un ancien copain d’école me posa cette question : Jacky, te rappelles-tu du nom de l’équipe de foot de Guelma ? Mais oui, c’était l’ESFMG. Alors, me dit-il qui voulait dire quoi ? Heu... Entente Sportive… Je venais de prendre conscience de tous ces petits faits qui en disaient long !! Entente Sportive Franco Musulmane Guelmoise. C’était dans les années 1950. Les musulmans n’étaient pas Français ? Pourquoi pas "Catholique Musulmane" ?

    Pour moi aujourd’hui, la seule consolation que j’ai, c’est celle de n’avoir pas de sang sur les mains.

    Jacky Malléa

    LES COMMENTAIRES
     

    BELAADA Hocine16/07/2015 17:17 

    Je suis très ému, très touché et même bouleversé, je n'ai pas vécu votre époque et je partage cette émotion nostalgique avec un grand honneur : " Rentrez chez vous bienvenue à GUELMA c'est votre ville" Je souahierai que vous me donniezer des nouvelles de la famille du docteur JUAN, assassiné dans la rue MOGADOR par un jeune militant Mohamed DEBBABI, je pense qu'il a eu des remords de son acte, d'après ce que ma mère m'a raconté, c'était le toubib des pauvres PIEDS NOIR DE GUELMA. JE VOUS AIME.

    Jacques CROS le 17/07/2015 à 12 h 11

    Je suis né la même année que Jacki Malléa. J'avais passé mon certificat d'études primaires et mon BEPC quelques mois avant que la guerre d'Algérie n'éclate. Je ne savais pas que six ans plus tard je serai concerné par son déroulement ! Je n'ai pas eu à souffrit du FLN ni de l'ALN mais de l'armée française alors là oui ! J'ai été écarté de toute responsabilité. Quelle absurdité que cette guerre! Enfin en 1954 / 1955 je préparais le concours d'entrée à l'Ecole Normale d'Instituteurs. Mais comme la guerre a duré plus de sept ans j'ai été enrôlé pour la faire. Oh, je n'ai pas fait de zèle ! Le moins que j'ai pu. Mais quel gâchis ces longs mois perdus quand on a vingt ans !

     


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  • Dominique Grange chante contre

    le colonialisme israélien, pour Gaza, pour la Palestine

    Dominique Grange chante contre le colonialisme israélien, pour Gaza, pour la Palestine...

    Dominique Grange, née en 1940 à Lyon, est une chanteuse française, auteur-compositeur depuis le début des années 1960.

    Dominique GRANGE - Détruisons le mur ! (ترجمة إلى العربية)

    "En 2010, je suis allée chanter à Ramallah, en Cisjordanie occupée. J’ai vu dans quelles conditions les Palestiniens vivent, confinés sur ce bout de terre… J’ai vu l’armée d’occupation israélienne dans les rues de Jérusalem-Est et ailleurs. J’ai vu les colonies squattant avec arrogance le sommet de collines volées aux Palestiniens. Et partout où je posais mon regard, j’ai vu le mur de l’apartheid, le mur de la honte... J’ai promis aux gens que j’ai rencontrés là-bas de témoigner de ce que j’avais vu et ressenti, une fois de retour en France".

    "Et puis, quatre ans plus tard, en juillet 2014, il y a eu Gaza : une nouvelle fois, la barbarie contre toute une population, 2.251 morts, 11.251 blessés, mutilés, amputés, 551 enfants dont la vie a volé en éclats dans le fracas des bombes. Parmi eux, les quatre petits de la famille Bakr - 10 ans, 10 ans, 9 ans et 6 ans -, volontairement ciblés sur la plage par un missile israélien. La destruction, les ruines, le désespoir, et pourtant, toujours, la dignité et la résistance d’une population sous blocus depuis neuf ans"…

    Cette chanson est mon témoignage et un hommage aux martyrs de Gaza.

    Dominique GRANGE

    ****************************************­*******************************************

    DETRUISONS LE MUR !
    Dis-moi c’qu’il y a derrière le mur
    Qui balafre notre horizon
    Et qui défigure la nature
    Avec ses plaques de béton ?
    -Petit, il y a nos oliviers
    Nos puits, nos sources, nos collines
    Et nos villages abandonnés
    Qui furent jadis la Palestine (bis)

    Dis-moi où est passée la mer
    Que l’on apercevait au loin
    Avant qu’ils s’emparent de nos terres
    Depuis Gaza jusqu’au Jourdain ?
    -Petit, tu ne l’as jamais vue
    Elle est derrière les barbelés
    Elle est gardée par des blindés
    La mer, on ne s’y baigne plus ! (bis)

    Détruisons le mur de séparation !
    Halte à l’apartheid, à l’occupation !
    L’exil de nos frères bientôt finira
    Palestine Vivra, Palestine Vaincra !

    Dis-moi c‘qu’il y a derrière ce mur
    Qui a coupé en deux nos vergers?
    On entend même plus le murmure
    Du vent dans les arbres fruitiers…
    -Des milliers d’arbres déracinés
    Tombés comme des héros sans gloire
    Témoignent de ce qu’ils t’ont volé,
    Petit, ton pays, ton Histoire ! (bis)

    Pourquoi les enfants de Gaza
    Assassinés par leurs missiles?
    Où sont Ahed et Zakaria
    Et Mohammad et Ismaïl ?
    -Petit, l’occupant est sans cœur
    Il prend nos terres, il prend nos vies
    Il veut imposer la terreur
    Mais nous n’avons pas peur de lui ! (bis)

    Détruisons le mur de séparation !
    Halte à l’apartheid, à l’occupation !
    L’exil de nos frères bientôt finira
    Palestine Vivra, Palestine Vaincra !

    Dis-moi combien de temps encore
    Pour que mon peuple se libère
    Mon peuple exclu, saigné à mort
    Dans sa prison à ciel ouvert ?
    -Petit, résiste à l’oppresseur
    Comme Barghouti et Georges Abdallah
    Chasse les colonisateurs
    Comme l'a fait Nelson Mandela ! (bis)

    Détruisons le mur de séparation !
    Halte à l’apartheid, à l’occupation !
    Brisons le blocus, libérons Gaza !
    Palestine Vivra, Palestine Vaincra ! (Bis)

    © Paroles et musique de Dominique Grange (Editions AMOC)

    **************

    A la mémoire de tous les enfants palestiniens assassinés par l’armée d’occupation israélienne (Juillet 2014)

     


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    Interviews en longueur de Laurent Laot, Yvon Cuzon et Jean Miossec. Ils témoignent sur l'importance de "libérer la parole" des appelés de la guerre d'Algérie.

    A partir de 11'51'' jusqu'à 21'21'' Yvon Cuzon qui est arrivé dans l'Algérie indépendante, après le 5 juillet 1962, dans un hôpital d'Oran a vu passer de nombreux morts d'appelés français victimes principalement d'accidents suite à des "beuveries du samedi soir" des camions qui tombaient dans les ravins (pire qu'à Palestro, dit-il) à des problèmes psychologiques qui ont conduit certains appelés au suicide, d'autres refusaient de se soigner et en sont morts... Yvon Cuzon a donc vu des cadavres "sans raison" mais officiellement "Morts pour la France".

    A ceux qui nous parlent sans arrêts des 534 victimes d'appelés d'après le 19 mars, accusant, sans preuves, le FLN, voilà quelques éléments de réponses.

     

     


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  • Continuité et aggravation

     

    " Continuité et aggravation " un article de Jacques CROS

    Nous avons eu connaissance du discours prononcé par Ménard le 5 juillet 2015 devant la stèle de la honte.

    " Continuité et aggravation " un article de Jacques CROS

    " Continuité et aggravation " un article de Jacques CROS

    Lien OAS : https://www.facebook.com/ville.debeziers/posts/934136466625090 

     
    Confondant comme il nous a habitués à le faire sa fonction de maire et celle de propagandiste de l’idéologie colonialiste qui est la sienne, notre élu nous a infligé un discours qui reprend ce qu’il avait dit le 5 décembre 2014 et le 14 mars 2015.

    Le colonialisme c’était le bonheur assuré. On s’interroge quand même : pourquoi les Algériens ont entrepris une guerre d’indépendance si difficile pour s’y soustraire ? Quel était donc le bilan de 132 ans d’occupation pour les autochtones ?

    Le maintien de la présence française pouvait-il être assuré autrement que par le recours à la force armée omniprésente et par les violences exacerbées qui l’accompagnaient ?

    Rappelons quelques éléments de la chronologie. Le 5 juillet 1830 c’était la prise d’Alger par la puissance envahissante.  Après une guerre cruelle qui a cristallisé pendant plus de sept ans le refus des Algériens de subir la domination de la France, c’était le cessez-le-feu qui intervenait le 19 mars 1962.

    Le sort qu’ont connu les soldats du contingent envoyés contre leur gré pour maintenir l’ordre colonial n’intéresse pas Ménard. Au passage on peut regretter qu’il intéresse assez peu l’opinion publique !

    Des référendums sont organisés en France et en Algérie sur la situation à laquelle nous étions confrontés depuis des dizaines d’années. Ils confirment que Français et Algériens en ont assez de ce que leur fait vivre le système colonial.

    En Algérie le résultat du référendum qui a lieu le 1er juillet 1962 est connu le 3 : il est sans ambiguïté et l’indépendance de l’Algérie est proclamée le 5 juillet, soit 132 ans, jour pour jour après la prise d’Alger.

    Ce jour-là c’est le drame à Oran. Des Européens sont massacrés. Il faut dire que depuis le cessez-le-feu du 19 mars la ville était à feu et à sang. Les jusqu’au-boutistes de l’Algérie française essayaient de remettre en cause la volonté populaire.

    Dans son discours Ménard fustige les traitres qui ont capitulé et abandonné à l’ennemi des départements français. Il n’était pas encore allé jusqu’à développer une telle position. Si De Gaulle n’est pas cité il est sous-jacent au réquisitoire, c’est ce qui est nouveau dans le discours tenu. Rappelons que la scène se passe devant une stèle sur laquelle figurent les portraits de quatre criminels de l’OAS dont Bastien-Thiry auteur d’un attentat contre le chef de l’Etat.

    Ménard n’en a cure et rend hommage ce 5 juillet 2015 à ceux qui se sont engagés par le sang pour défendre une cause que l’histoire a jugée, celle des activistes de l’Algérie française.

    J’ignore qui l’accompagnait dans cette affaire Cette année il ne devait pas y avoir, comme en 2014, le député de la circonscription, élu de la droite populaire. Oui électoralement, et même s’il  n’en pense pas moins, ce n’est peut-être pas porteur que de coller aux basques des thèses colonialistes de l’extrême droite ?

    Et la justice dans tout ça ? Ne devrait-elle pas se prononcer et dénoncer le thuriféraire de ceux qu’elle a condamnés ?

    Nous rappelons pour l’occasion que le 9 août prochain, le jour du 70ème anniversaire du bombardement atomique de Nagasaki aura lieu la traditionnelle Marche de la PAIX (rendez-vous à 9 h 30 au Petit Casino de Béziers ou à 10 h sur le parking de l’abbaye de Fontcaude). Outre le refus de l’arme nucléaire nous réaffirmerons notre volonté de règlement par des voies pacifistes des différends entre les peuples et les nations.

     

    Jacques Cros 


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  • Les treize complots du 13 mai

     

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    Les treize complots du 13 mai

     

    L’autre jour le commentaire posté par Danièle Ponsot sur le blog de Michel Dandelot m’a rappelé un échange que j’avais eu à la Base Arrière avec un Pied-noir, comme moi appelé du contingent. Oui Danièle réfutait le mot de « rapatriée », arguant du fait que la métropole était une « terra incognita » pour les Européens qui vivaient en Algérie. Elle a ajouté qu’elle se sentait pleinement Française, et qu’elle aimait la France.

    Donc le souvenir qu’elle a évoqué concerne un Pied-noir dont j’ai oublié le nom. Je sais que c’était un nom espagnol. Il avait dans les mains un livre que je n’ai jamais lu et dont le titre était « Les treize complots du 13 mai ». Je n’étais pas loin de penser que c’est un livre bas de gamme.

    Nous avons engagé la discussion, je n’étais pas gaulliste le moins du monde. Diantre il a fait la guerre d’Algérie pendant plus de temps que les autres dirigeants gouvernementaux réunis !

    Mon Pied-noir était sûrement de condition modeste et sympathique. Il devait, comme tous les Européens d’Algérie, souhaiter que l’Algérie reste française mais il n’était pas violent quoique sans doute conscient de l’évolution de la situation.

    J’avais noté qu’il se voulait Français et avait parlé du drapeau aux trois couleurs, précisant qu’il n’en reconnaissait pas d’autre. Je n’étais pas dans le même registre : le drapeau tricolore et la France m’avaient conduit dans une galère que je n’avais pas choisie et qui allait durer encore de longs mois !

    Je me sentais isolé dans le contexte de cette unité qu’était la Base Arrière. Je ne sais pas si elle abritait en nombre des Européens d’Algérie dont les relations avec la hiérarchie militaire leur permettaient d’être assez planqués mais j’ai eu l’impression que l’idéologie ambiante ne m’était pas favorable.

     Je ne sais absolument pas ce qu’est devenu mon interlocuteur. Je ne me souviens pas d’avoir développé plus longuement mon point de vue sur le drapeau français mais j’avais jugé paradoxal  qu’avec le patronyme qui était le sien il se soit réclamé plus que moi de la France ! Mais je dois dire que j’avais déjà à cette époque une autre idée de ce que devait être le pays des Droits de l’Homme.

    Jacques CROS

     

    Les commentaires des internautes :

     

    Michel+Dandelot le 06/07/2015
    Mon amie Danièle Ponsot fait partie de ces Pieds Noirs appelés Progressistes, amis des Algériens et rejetant ces extrémistes revanchards, genre Ménard, qui emmèneront leur haine dans leur cercueil...

    Danièle+PONSOT le 06/07/2015
    Juste un tout petit rectificatif : la France était, c'est vrai, "terra incognita" pour beaucoup de Pieds-Noirs. Pas pour tous! Je n'oublie pas tous ceux qui, depuis des années, avaient "assuré leurs arrières" en investissant dans des propriétés, en France. Nous, même si nous en avions eu le désir (ce qui n'était pas le cas) nous n'en avions pas les moyens ! Allez ! Pas de regrets, pas de rancoeur... Soyons plus grands que les revanchards !

     

     


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  • 5 juillet 1962, une journée

    si particulière

     

    C'est un jour qui ne ressemble à aucun autre. En ce 5 juillet 1962, l'Algérie fête, dans la frénésie, l'indépendance que doit proclamer le soir même le général de Gaulle. Cent trente-deux ans jour pour jour après la prise d'Alger par les Français. Hommes, femmes et enfants défilent dans les rues, au cri de "Vive l'Algérie indépendante", vêtus de leurs habits de fête, drapeaux du Front de libération nationale (FLN) au vent.

    "C'est quelque chose qu'on ne vit qu'une fois. On a vu tous les villages, toute la population venir, les hommes, les femmes. Ils dansaient, ils chantaient. On se rencontrait, on criait. C'était l'euphorie", se souvient Akli Gasmi, qui n'était alors qu'un jeune berger du village d'Oukhlou, en Kabylie maritime. La population goûte à la liberté retrouvée, les combattants de l'Armée de libération nationale (ALN) paradent dans les rues, les exilés préparent leur retour et les chefs politiques s'apprêtent à endosser le costume de gouvernants. Avec l'indépendance, arrachée après plus de sept années de guerre et la victoire du "oui" au référendum du 1er juillet, sonne l'heure de la délivrance.

    Pour les combattants de l'ALN, le 5 juillet a concrétisé une victoire acquise depuis la signature des accords d'Evian entre la France et le Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA), le 18 mars 1962. Dans le pays, le silence du cessez-le-feu a succédé au vacarme des combats, dès le 19 mars 1962 à midi. "Le fruit de nos sacrifices avait déjà commencé à se traduire au moment du cessez-le-feu. Nous vivions dans l'idée que le pays allait recouvrer sa souveraineté. Pour nous, le 5 juillet annonçait une nouvelle ère", se remémore le colonel Salim Saadi, alors commandant de la région militaire nord de la frontière algéro-tunisienne. Posté dans la région du Tarf, l'officier n'attendait plus que le feu vert pour implanter ses troupes en Algérie.

    Cette attente fiévreuse, le commandant Azzedine, alors à la tête de la Zone autonome d'Alger, ne l'a pas connue. Bien après que l'armée française eut sonné la fin des combats, il a dû mener une autre bataille. Une bataille sanglante contre la "politique de la terre brûlée" de l'Organisation armée secrète (OAS) qui, jusqu'aux derniers jours de juin, a multiplié les attentats et les attaques armées pour faire échouer l'abandon inexorable de l'Algérie française. "Le 5 juillet a été le couronnement de toute une lutte, salue-t-il. L'indépendance, contrairement à ce qui a été dit, ne nous a pas été octroyée. Je suis fier d'appartenir à ce peuple, il a fait une guerre merveilleuse."

    Mais tous les habitants d'Algérie n'ont pas vécu de la même manière cette journée particulière. Le 5 juillet, à Oran, l'indépendance affiche un visage bien plus sombre. La ville, où les communautés musulmane et européenne vivent désormais coupées l'une de l'autre, se remet à peine des mois de terreur engendrés par les affrontements entre commandos de l'OAS et fedayin du FLN. La population célèbre une indépendance qu'elle espère annonciatrice de jours meilleurs, mais, en quelques heures, le cours de l'histoire va dérailler.

    Une fusillade éclate au sein du défilé, rue d'Arzew, sous les yeux de Michel Guay, jeune appelé du contingent qui suit le cortège accompagné du photographe de son régiment. "Moi, j'étais dans une 2 CV. On s'est retrouvé à plat ventre sous la voiture. Ça pétait de partout. Tout le monde a cru que c'était l'OAS qui provoquait ces événements-là, donc il y a eu des représailles terribles contre la population européenne", raconte-t-il. Des remords dans la voix, il assène : "L'armée avait interdiction d'intervenir et même la gendarmerie n'a pas bougé d'un poil." Les massacres feront plusieurs centaines de morts et de disparus.

    Le 5 juillet à Oran est pour les Français d'Algérie une des pages les plus noires de leur histoire de l'indépendance algérienne. Pour ceux qui n'avaient pas encore pris le chemin de l'exode, la perspective de pouvoir rester vivre dans le pays nouvellement indépendant se fait plus incertaine, malgré les garanties qu'on leur avait données aux termes des accords d'Evian.

    Nombre d'entre eux imaginent déjà n'avoir plus qu'une seule alternative : "la valise ou le cercueil". Quand Pierre Massia, quatrième génération d'une famille franco-espagnole installée à Oran, embarque sur un bateau en direction de Marseille, le 4 juillet au soir, il pense que ce n'est que pour un aller-retour. "Je m'étais dit : on achètera quelque chose en France mais on travaillera en Algérie. Quitte à aller passer un mois ou deux en France avant de revenir", assure l'ancien directeur des cafés Nizière. Avant de conclure, laconique : "Et puis, ça s'est pas fait."

    Cette histoire de déracinement et d'exil, les pieds-noirs la partagent douloureusement avec ceux qui parmi les supplétifs musulmans de l'armée française ont réussi à fuir vers la France. "Le jour où j'ai pris l'uniforme, les civils ne me regardaient plus. On n'est plus algérien", regrette Saïd Derrough, un ancien moghazni, supplétif dans la Section administrative spécialisée de Hama Boutaleb, aujourd'hui installé à Pignans, dans le Var. A l'indépendance, l'avenir qu'il s'était choisi deux ans plus tôt est scellé par ses compatriotes. Incarcéré par le FLN à la prison de Lambèse, en Algérie, il comprend, ce 5 juillet, quel destin tragique l'attend. "Dehors, c'était la fête. Ils chantaient "Vive l'Algérie indépendante ! A mort les harkis !" Nous, on s'est regardés, et on a pensé qu'on était foutus."

    Les harkis se retrouvent du côté des vaincus de l'histoire, mais ils ne sont pas les seuls. Certains, même dans le camp des partisans de l'indépendance, ne profiteront pas longtemps du bonheur de la victoire et feront partie des laissés-pour-compte. Car une violente lutte pour le pouvoir se déroule au grand jour entre les soutiens du GPRA, mené par Benyoucef Benkhedda et ceux d'Ahmed Ben Bella, appuyé par l'Etat-major général (EMG) du colonel Houari Boumediene.

    Pour Moh Clichy, ancien responsable de la zone nord de Paris au sein de la Fédération de France du FLN, l'histoire du nouvel Etat s'est écrite à tort sans les militants de l'immigration. "En 1962, il y a eu une déviation. Le GPRA a été disloqué. On faisait partie de cet ensemble et quand il a été disloqué, on s'est retrouvés livrés à nous-mêmes. Et, depuis, on a été mis de côté, je dirais même marginalisés", regrette-t-il.

    Des regrets, le commandant Azzeddine n'en a pas vraiment. En août 1961, il a fait un choix. Celui de quitter son poste d'adjoint chef du colonel Boumediene, au sein de l'EMG, et de rejoindre le maquis, en signe de refus des "magouilles " qui se tramaient déjà. "Boumediene ne me l'a jamais pardonné", dit-il, soulignant, dans un sourire, l'ironie de son histoire : "En 1962, j'avais 28 ans. J'ai été éliminé. Et, par Boumediene et, par Ben Bella. Je suis le plus jeune retraité de l'Algérie... Et sans indemnités."

    Visionnez le webdocumentaire Indépendances algériennes. Neuf témoins racontent leur été 1962 à l'occasion du cinquantième anniversaire du 5 juillet. Produit par Lemonde.fr, l'INA et Elwatan.com

    Hélène Sallon
     

    SOURCE : http://www.lemonde.fr/afrique/article/2012/07/04/5-juillet-1962-une-journee-si-particuliere_1728365_3212.html


     

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  • "1954, la fin d’un monde" écrit par Benjamin Stora

    et Ben Salama, réalisation : Ben Salama.

     

    "1954, la fin d’un monde" écrit par Benjamin Stora et Ben Salama, réalisation : Ben Salama. Un documentaire à montrer dans les lycées de France.

    1954-la-fin-dun-mondeEn 1954, la France vit des jours heureux, les années noires de la Deuxième Guerre mondiale sont derrière elle, l'économie est en plein essor et les salaires augmentent. Aux confins de son empire colonial, un conflit s'achève dans la plus grande indifférence : la guerre d'Indochine. Entre les accords de Genève reconnaissant l'indépendance du Vietnam signés le 20 juillet, aux débuts du soulèvement armé en Algérie, en novembre, 100 jours font craquer l'Empire français et annoncent la fin d'un monde. S'inspirant de l'exemple vietnamien, des militants algériens, puis marocains et tunisiens, décident de passer à l'action pour obtenir l'indépendance.

     

    "1954, la fin d’un monde" écrit par Benjamin Stora et Ben Salama, réalisation : Ben Salama.

     

    Ecrit par Benjamin Stora et Ben Salama, ce documentaire de 50 minutes qui, retrace une période de l’Histoire marquée par la fin de l’empire colonial.

    C’est un documentaire à montrer dans les lycées de France. En 50 minutes, les auteurs, l’historien Benjamin Stora et le réalisateur Ben Salama, nous donnent à voir, à travers une chronologie des évènements situés sur une courte période allant de mars 1954, début de la bataille de Dien Bien Phu dans l’ex-Indochine française et le 1er novembre 1954, début de la guerre d’Algérie, comment l’ancien monde colonial français a commencé à s’effondrer moins de dix ans après la fin de la seconde guerre mondiale, prenant de court une France insouciante, qui commençait à goûter les bienfaits de la reconstruction d’après-guerre, au début des « trente glorieuses » . Et ce, à travers les regards croisés d’historiens français, Stora bien sûr et Alain Ruscio, d’un ancien officier parachutiste le colonel Allaire, mais aussi de deux historiens vietnamiens et d’un historien algérien. A travers également les acteurs de l’époque, en particulier le Président du Conseil français, Pierre Mendes-France, qui « avait compris que l’empire colonial, c’est fini » (Stora) et qui a eu l’intelligence de vouloir « sortir par le haut » du guêpier indochinois (Ruscio). Et qui non seulement ne voulait pas, dans le contexte de la guerre froide, que la France soit entraînée dans une confrontation entre les Etats-Unis et l’ex-URSS, mais qui avait également opposé un refus ferme à Foster Dulles, chef du département d’Etat américain de l’époque, qui proposait à la France l’emploi de la bombe atomique contre le « Vietminh », les combattants vietnamiens sous la conduite alors du général Giap et de Ho Chi Minh.
    Pourtant , si Mendes France entrevoyait la fin du colonialisme français, signant les accords de Genève mettant fin à la guerre d’Indochine avant d’entamer des négociations qui vont mettre fin aux conflits naissant en Tunisie et au Maroc, concernant l’Algérie, où la guerre qui venait de débuter s’intensifiait, il la considérait comme « une question exclusivement française : l’Algérie était rattachée administrativement à la France, ce qui n’était pas le cas du Maroc et de la Tunisie » explique Benjamin Stora. L’idée que « l’Algérie, c’était la France » ajoute Alain Ruscio, était partagée par de larges fractions de la classe politique y compris par une frange communiste.

    Ces « 100 jours », selon l’expression d’Alain Ruscio, allant de la fin de la guerre d’Indochine (accords de Genève en juillet 1954) au début de la guerre d’Algérie le 1er novembre de la même année, se concluent sur des images montrant l’émergence de nouveaux acteurs sur la scène internationale. La Chine de Mao, l’Egypte de Nasser, l’Inde de Nehru et l’Indonésie de Soekarno qui, au sommet de Bandung en avril 1955, vont donner naissance à une troisième force : le mouvement des non-alignés. En cette année 1954, on assiste à « une redistribution des cartes sur le plan mondial » (Stora). Un monde s’écroule, un autre apparait.

    "1954, la fin d’un monde" écrit par Benjamin Stora et Ben Salama, réalisation : Ben Salama.


    La critique TV de Télérama du 29 novembre 2014

    Qui pouvait imaginer en janvier 1954 que l'année qui débutait allait changer à jamais la face du monde ? En mars, l’Empire français se fissure. En Indochine, les premiers combats sérieux font rage dans la cuvette de Diên Biên Phu. En mai, le camp retranché tombe. En juillet, à la suite des troubles qui agitent la Tunisie, Pierre Mendès France propose une large autonomie au pays. En novembre, une vague d'attentats secoue l'Algérie. Ils sont revendiqués par un tout jeune mouvement : le Front de libération nationale (FLN)... Mais, au-delà du cas français, le bouleversement s'avère mondial. A la conférence de Genève, censée régler la question coréenne, la Chine fait officiellement son entrée sur la scène politique internationale. Quelques mois plus tard, la conférence de Bandung, en Indonésie, porte la montée en puissance des pays du tiers-monde face aux blocs occidental et soviétique...

    Rappel chronologique des événements, analyse historique délivrée par des spécialistes, focus sur quelques figures de l'époque (comme « l'ange de Diên Biên Phu » Geneviève de Galard)... ce doc didactique, écrit notamment par l'historien Benjamin Stora, retrace avec soin ces quelques mois où l'ancien monde a basculé. Il souligne surtout l'incroyable simultanéité des événements et leur rôle dans cette chute brutale. Tel un château de cartes dont les fondations fragilisées auraient emporté tout l'édifice. —

    Lucas Armati

    "1954, la fin d'un monde"

    "1954, la fin d’un monde" écrit par Benjamin Stora et Ben Salama, réalisation : Ben Salama. Un documentaire à montrer dans les lycées de France.


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  • Un pont entre deux rives :

    la ville de Mulhouse

    et la wilaya de Skikda

    Un pont entre deux rives :  la ville de Mulhouse  et la wilaya de Skikda

    C’est en discutant avec une de mes collaboratrices que j’entends parler pour la 1ère fois de Camélia. Je suis intriguée et surprise par ce qu’elle me dit : ” je pars en Algérie pour accompagner une copine en septembre 2015 pour la mise en oeuvre et la concrétisation d’un projet solidaire”.

    Curieuse, parce que dans les médias, j’entends surtout plus parler à ce moment là, de jeunes femmes qui s’envolent pour la Syrie, pour accomplir le djihad.

    Je décide de rencontrer Camélia. Elle accepte de m’accorder  une interview afin de mieux la connaître.

    Camélia BELMIR, 24 ans est une jeune “Franco Algérienne”, c’est cette appellation qu’elle choisit, cadette d’une fratrie de 9 enfants, elle est née et a grandi à Mulhouse de parents Algériens de la région de l’est. Son père était manutentionnaire dans l’usine Clemmessy dans le Haut-Rhin où il a fait toute sa carrière et sa mère était femme au foyer.

    Camélia est actuellement en 2ème année de Master en Sciences de l’Education à l’université de Haute Alsace. En parallèle, elle travaille à mi-temps auprès de jeunes enfants au Centre Social Papin situé dans un quartier populaire à Mulhouse.  Dans ce cadre, elle anime des ateliers éducatifs.

    C’est justement dans la structure du Centre Socio-culturel Papin, qu’elle fréquente dès l’âge de 11 ans jusqu’à ses 17 ans, qu’elle participe pour la 1ère fois à un projet solidaire. Elle s’investit avec d’autres dans un un chantier d’une rénovation d’une école primaire à Tanger au Maroc. Première expérience réussie, premières satisfactions personnelles de collaborer à rendre la vie meilleure à autrui. Un sentiment d’être utile et ce qui me frappe chez Camélia, un besoin d’action tangible pour faire évoluer les choses et venir en aide aux personnes dans le besoin.

    Aussi, c’est naturellement qu’elle participe activement au Forum Internationale de la Jeunesse au Québec en août 2013 en partenariat avec le Centre Socio-culturel Papin de Mulhouse. Ce forum contribue à rassembler les réflexions et les actions que peuvent entreprendre les jeunes dans leur environnement social  afin d’améliorer leur quotidien et leur ouvrir un horizon où tout est possible.

    Camélia est leader dans ce groupe de réflexions où sont réunis des jeunes venus de plusieurs pays différents. Cette rencontre est mémorable et primordiale pour elle. Elle acquière de nouvelles compétences : comment convaincre et démarcher des partenaires financiers et pédagogiques. Comment structurer un projet et fédérer des personnes autour de ce projet.

    Ce qui est essentiel pour Camélia, c’est d’agir, de rassembler les forces vives que représentent les jeunes, de développer la citoyenneté dans la cité, de manière autonome, sans les contraintes et manœuvres politiques qui peuvent entraver cette volonté.

    En 2011 et 2012, son père puis sa mère décède à une année d’intervalle. En septembre 2012, alors qu’elle se trouve à Azzaba pour assister aux obsèques de sa maman, Camélia est alors en BTS et elle doit trouver un stage dans le cadre de ses études pour novembre. Vu les événements familiaux, elle n’a pas eu le temps de prospecter pour ce stage. Elle en touche un mot à son oncle lors d’une discussion. Et là, ce dernier lui dit : “et pourquoi pas faire ton stage ici, en Algérie ? il y a une entreprise espagnole basée dans la commune. Elle n’y avait pas pensé. C’est un concours de circonstance et “hop !”, expression alsacienne, elle est prise pour le stage durant deux mois chez OHL ; elle fait signer les conventions par les deux parties, son école en France et la société en Algérie.

    C’est une autre relation avec les Algériens qui s’instaure, avec Camélia. Elle connaissait l’Algérie, le village de ses parents, pour y avoir séjourné à plusieurs reprises, pendant les vacances dans sa prime enfance, et le début de l’adolescence. Là, elle découvre les habitants de Azzaba plus en profondeur, elle côtoie différentes personnes qui lui font découvrir le village de ces parents, ce qui s’y passe. Son cercle s’agrandit, elle est agréablement surprise et enchanté par l’ouverture d’esprit des personnes qu’elle rencontre. C’est une révélation pour elle, c’est certainement à ce moment-là, qu’elle commence à devenir aussi un peu Algérienne.

    Quand je lui ai posé la question , quel rapport elle entretient avec l’Algérie, elle m’a répondu d’emblée, ” c’est mon pays de coeur! “. Aussi, Camélia s’y rend plus souvent, comme un besoin, un lien qu’elle a envie d’entretenir avec ce pays désormais de cœur et les personnes de “son réseau”.

    En septembre 2013, elle y séjourne. Et elle découvre des jeunes qui mendient des fournitures scolaires pour la rentrée des classes. Emue, elle décide de mener une action conjointement avec l’association ” NESS EL KHEIR” de Azzaba et le soutien de la ville de Mulhouse et le Centre Socio-culturel Papin. Cette action est nommée ” Educ’ Action”.

    L’objectif est d’offrir un cartable ” prêt à étudier” contenant toutes les fournitures nécessaires.

    Le coût du projet a été évalué à 2665 euros. Il a été financé à hauteur de 800 euros par la ville de Mulhouse dans le cadre de l’Opération Initiation de Jeunes. Car Camélia a souhaité impliquer les jeunes du Centre Socio-culturel Papin dans cette ce nouvel engagement. Le reste du financement a d’ailleurs été collecté par ces jeunes Mulhousiens à partir de dons et d’autofinancement.

    L’argent collecté, Melle BELMIR se rend en Algérie en septembre 2014 et après avoir étudié plusieurs devis avec les fournisseurs locaux afin d’obtenir le meilleur rapport qualité-prix, elle acquière 243 cartables qu’elle distribue aux écoliers, collégiens et lycéens de Azzaba avec les membres de l’association NESS EL KHEIR. C’est une fierté et un aboutissement pour elle qui souhaitait déjà, à 16 ans apporter une contribution en Algérie alors qu’elle venait de finir le projet solidaire au Maroc. Elle avait déjà partagé ce souhait à l’époque avec une des personnes du Centre Papin, on lui avait répondu que l’Algérie était dans la ” blacklist”. Sans doute, faisant référence à la décennie noire que ce pays a dû traverser.

    Camélia ne s’arrête pas là. Durant un autre séjour en septembre 2014, elle rencontre la Présidente d’une autre association FOREM à Azzaba, Mme GUERIB, lors de l’inauguration d’une toute nouvelle structure dédiée à l’accueil de jour pour les orphelins . Elle visite les lieux. L’espace est important et elle imagine le potentiel à offrir à ces orphelins. Elle décide d’exploiter une pièce dédiée à l’informatique qui permettrait aux jeunes de s’initier à tous ce que peux offrir le web. Educ’ Action 2 est né. Le but : acquérir une quinzaine d’ordinateurs, des imprimantes, du mobilier de bureau. Le financement est évalué à 16700 euros. Camélia prévoit également une formation d’apprentissage à l’usage de l’outil multimédia destiné aux jeunes orphelins.

    Dans le cadre de la dynamique des jeunes adultes du quartier Francklin à Mulhouse, quartier classé ZUS ( zone urbaine sensible) par la Politique de La Ville , Camélia s’entoure de Melle Emilie RIETHMULLER -27ans-, animatrice à mi-temps, et de Melle Chainez KHENNAOUI, d’origine algérienne, demandeur d’emploi, 22 ans  pour mener à bien ce projet . Elle entend par là, favoriser et initier d’autres personnes à s’impliquer dans des projets solidaires, “par et pour les jeunes”, me dit-elle. Aussi, on parle de ce projet solidaire dans la presse locale.

    A cet effet, Mme Houria YOUSFI,  Consul Algérie à Strasbourg a tenu à rencontrer Camélia et l’a félicitée pour ce future projet. Elle a fait une promesse de dons d’ordinateurs et d’imprimantes d’occasions (le nombre n’a pas été encore quantifié) et d’en assurer le transport jusqu’à Azzaba. Mme YOUSSI s’est également engagée, à titre personnel, à financer le passeport algérien à l’une des collaboratrices de Camélia.

    Algerie-focus soutient le projet de Camélia. Nous serons présent en septembre 2015 lors de l’inauguration de la salle informatique à Azzaba. Et nous ne manquerons pas alors de partager avec vous cet événement.

    Camélia a inscrit en sous-titre de son projet ” Educ’ Action 2 ” : “des projets solidaires pour un avenir moins galère”, les valeurs qui l’animent sont ” Solidarité, Fraternité et Citoyenneté”.

    Et personnellement, je suis admirative devant ce petit bout de femme de 24 ans lucide, déterminée, bien ancrée des deux côtés de la Méditerranée. Je dis Bravo et bonne chance au projet” Educ’ Action 2″.

    Pour les lecteurs d’Algérie-Focus qui veulent soutenir financièrement à ce projet camelia.belmir@gmail.com 

    Partenaires officiels du projet” Educ’ Action 2″ sont : la Ville de Mulhouse, la CAF de Mulhouse, Le centre Papin Mulhouse, Le Consulat Général Algérie de Strasbourg, Air Algérie, iMadrassa.com, Hôtel BELLE VUE de Skikda, Fatiha AFFRET.

    Fatiha AFFRET

    SOURCE : http://www.algerie-focus.com/blog/2015/07/en-attente-ne-pas-supprimer/


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  • Le témoignage d'un accompagnateur du niçois

    Hervé Gourdel, décapité par Aqmi en Algérie

    Il s'exprime pour la première fois. Hamza était l'un des cinq accompagnateurs algériens du niçois Hervé Gourdel enlevé puis décapité par les terroristes d'Aqmi le 22 septembre 2014. Un document BFMTV.

    Le témoignage d'un accompagnateur du niçois Hervé Gourdel, décapité par Aqmi en Algérie

    © VALERY HACHE / AFP

    Hervé Gourdel aurait passé sa dernière nuit d'homme libre dans un chalet appartenant à Hamza, au coeur de la montagne algérienne. C'est au retour de la randonnée, à la sortie d'une forêt, qu'ils ont rencontré le groupe terroriste.

    Retour de randonnée

    Dans un premier temps, après avoir compris qu'un étranger était présent, ils ont dit: "'Nous on ne touche pas à des civils'. Et ils ont décidé de nous libérer. On a commencé à repartir", explique Hamza. Puis, c'est la confusion, ils les rattrapent, passent de nombreux appels téléphoniques. Puis,

    "à 21h30, ils ont décidé de prendre Hervé". Il n'a rien dit. Il a jeté un coup d'oeil, un regard derrière, il nous a regardés".

    Les accompagnateurs tentent de discuter. "On va lui poser des questions, et il va revenir, pas de problème". Hervé Gourdel a été décapité le lendemain par ses ravisseurs jihadistes qui exigeaient l'arrêt des frappes françaises contre le groupe Etat islamique en Irak.


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