• Il y a 61 ans, "la Toussaint rouge"...

    Il y a 61 ans, "la Toussaint rouge"...

     Par Vingtras de Médiapart

    Chaque année, le 1er novembre, il m'est impossible de ne pas me souvenir des événements qui ont marqué le début de la décolonisation de l'Algérie, dont le déroulement sanglant allait durer plusieurs années. Puisque cette guerre a amputé ma jeunesse de deux ans.

    En 1954, après cent-vingt-quatre ans de colonisation, les Algériens dont le sentiment national naissant était exacerbé par l'exemple du colonel Nasser qui rendait son autonomie et son honneur à l'Egypte, les élites de ce beau pays qui avaient bien compris que la France ne tiendrait pas ses promesses de "collège unique" et de co-gestion démocratique, et aussi tout un peuple qui observait l'enlisement de l'armée française en Indochine.. les Algériens décidèrent de créer un Front de Libération Nationale afin de conquérir leur droit à l'indépendance.

    Et le 1er novembre, des actions sporadiques furent entreprises dans la plupart des régions de l'Algérie, à l'Est comme à l'Ouest, dont le bilan officiel se chiffra à une dizaine de victimes, quatre militaires, deux civils musulmans et quatre civils non musulmans dont un couple d'instituteurs Jacqueline et Guy Monnerot.

    Le gouvernement français réagit avec l'aveuglement d'une puissance coloniale mettant les doigts dans un engrenage qui devait durer près de huit ans et devait faire de très nombreuses victimes civiles et militaires tant du côté français que pour les Algériens.

    Résultat : environ 800 000 "pieds noirs" déracinés et rapatriés en métropole. Le produit intérieur brut français dilapidé en pure perte et le visage de la France considérablement altéré sur la scène internationale.

    Ce 1er novembre 2015, où la jeunesse algérienne fête l'anniversaire de la libération de son pays, je forme personnellement tous mes voeux pour qu'elle réussisse à surmonter les problèmes qui obèrent le bon fonctionnement d'une démocratie naissante et que la République algérienne devienne le grand pays qu'elle mérite d'être.

    SOURCE : http://blogs.mediapart.fr/blog/vingtras/011114/il-y-60-ans-la-toussaint-rouge 

    Il y a 61 ans, "la Toussaint rouge"...

    Car des problèmes il doit y en avoir en Algérie si l’on consulte l’article d’Algérie-Focus.com :

    Il y a 61 ans, "la Toussaint rouge"...

    1er Novembre/Ne dites rien à nos Martyrs

    Il y a deux nations dont l’histoire contemporaine a forcé l’admiration du monde : Le Vietnam et l’Algérie. Deux pays arriérés et pratiquement illettrés, peuplés de paysans dont on a confisqué les terres et dont les enfants sont partis mourir en Europe pour la liberté des autres. Deux peuples qui ont juré de se libérer et qui n’ont eu peur ni du froid ni de la faim, ni des barbelés, ni de la gégène, ni du napalm. Deux peuples qui savaient qu’au bout de l’enfer il y avait la liberté et qu’il valait mieux mourir libre que de vivre asservi. Le Vietnam est venu à bout de la France puis des USA et l’Algérie a renvoyé la France. De la part des deux peuples, ce n’était plus du courage. Ce n’était plus de l’audace. C’était de l’insolence. Le pot de terre avait brisé le pot de fer. Le monde était abasourdi.

    Nos combattants à nous méritent notre dévotion éternelle. Nos jeunes et nos moins jeunes ont-ils au moins idée de ce qu’a enduré notre peuple ? Des villages entiers rayés de la carte, des exécutions collectives, des bombardements au napalm, des charniers, de la torture et des viols. Du reste les mots ont-ils un sens pour ceux qui ne savent pas de quoi on leur parle ? Qui parle aujourd’hui du Premier Novembre ? Qui d’entre nous prend un moment pour penser à nos chouhadas. Qui d’entre nous réunit une fois par an sa famille, ses enfants, ses voisins pour leur rappeler ce que notre peuple a enduré ? Qui leur raconte les rafles, les GMC qui s’arrêtent à l’aube, les soldats qui fracassent les portes, les fouilles et les humiliations, les coups de pataugas dans les reins et les crosses sur les tempes ? Les hélicoptères qui pourchassent, qui bombardent, qui font du rase-motte dans les douars et qui empoisonnent les puits ?

    Chaque Premier Novembre, ce jour-là, tout le pays devrait s’arrêter deux ou trois minutes dans un silence total, à l’appel des sirènes comme au Japon, pour penser à nos morts et nous rappeler ce pour quoi ils sont morts. Ce jour-là, nous devrions faire une prière pour les absents, déposer des gerbes de fleurs partout, même si les stèles et les monuments à leur gloire ne sont pas encore là.

    Ce jour-là, nous devrions emmener nos enfants visiter les musées qui racontent notre révolution. Mais au fait où sont-ils ces musées ? Où sont les témoignages de notre gloire passée ? Où sont les films et les murs d’images pour nous rafraîchir la mémoire et marquer celle de nos enfants ? Leur dire que des hommes ont préparé ce grand jour dans le plus grand secret, durant de longues années de clandestinité et de trouille au ventre. Que de jeunes paysans ont rejoint les montagnes avec pour tout bagage, la moitié d’une galette, quelques dattes sèches et du courage à revendre. Que le pays entier s’est soulevé ce jour-là, sans télex, sans morse, sans Internet et sans portable et avec de vieux fusils de chasse. Que les femmes préparaient et posaient les bombes dans les villes.

    Qu’un million et demi d’hommes de femmes et d’enfants sont morts dans un pays qui comptait moins de neuf millions d’habitants. Qu’il faut se rappeler le prix de la liberté. Que nos représentants qui sont partis négocier la paix avec les Français avaient moins de vingt huit ans de moyenne d’âge. Que rien ne les faisait douter de l’indépendance inéluctable. Qu’ils étaient culottés et que c’étaient nos champions.

    Mais il ne faut pas leur dire que notre révolution a été trahie, que nos députés et sénateurs sont analphabètes, que nous avons oublié le pays profond, qu’il y des enfants qui font des kilomètres à pied pour aller à l’école, que cette école ne les mène à rien, que dans les montagnes on attend toujours l’électricité, qu’il y a des gens qui volent l’argent public, que les fils de riches se font soigner à l’Etranger, qu’on vend du pétrole pour acheter des manches à balai en Chine, que nous faisons venir des étrangers pour construire nos maisons, que nous allons en Tunisie pour nous faire soigner les dents et que nous n’avons même pas le droit de nous baigner l’été, quand il fait chaud, que les enfants sont en vacances et que nous ne savons pas quoi en faire. Ne leur dites rien de tout cela même si vous vous doutez bien qu’ils le savent. Pour ne pas les faire souffrir. Pour ne pas les faire désespérer et pour qu’ils restent fiers de leur pays.

    Dites-leur seulement que  nos parents sont des héros, qu’ils sont morts pour nous, pour que nous vivions libres et ne plus jamais subir l’injustice, l’arbitraire et le fait du Prince. Cela fait toujours du bien.

    Aziz Benyahia

    SOURCE : http://www.algerie-focus.com/2015/10/1er-novembrene-dites-rien-a-nos-martyrs/


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    Oradour, le Procès de l’impossible

    Le 10 juin 1944. 642 habitants d'Oradour-sur-Glane, petit village du Limousin, sont exterminés par des soldats SS dont une majorité de femmes et d'enfants.  Le procès va révéler une réalité effroyable. A suivre samedi 31 octobre 2015, à 15h20 sur France3.

    Oradour, le Procès de l’impossible *** A suivre samedi 31 octobre 2015, 15 h 20, sur France3

    © Archives Sud-Ouest

     

    Un village détruit par le feu, la barbarie et l'incompréhension... On pensait qu'on allait arrêter les coupables, que le deuil était possible.
    Mais au moment de juger au tribunal de Bordeaux en 1953, on découvre que les bourreaux sont aussi des victimes. Sur le banc des accusés, on trouve majoritairement des Alsaciens enrôlés de force par l'armée d'Hitler. La question de l'incorporation de force durant la seconde guerre mondiale surgit violemment.
    Le procès du massacre d'Oradour-sur-Glane prend alors une autre tournure : on assiste, dans la presse, au Parlement, dans la rue, dans les familles, à un affrontement entre les partisans de l'irresponsabilité des accusés alsaciens et les tenants de leur culpabilité, du fait de leur présence dans la division SS le 10 juin 1944.
    Film de : Jean BONNEFON, Antoine LAURA , Guillaume PÉRÈS
    Réalisation : Antoine LAURA - Coproduction : France Télévisions / Grand Angle
     
    Oradour, le procès de l'impossible (bande annonce)
     

     


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  • Décès de Claudine Chaulet, acteur et témoin du combat pour la liberté des Algériens

     

    Décès de Claudine Chaulet, à l’âge de 84 ans

    acteur et témoin du combat pour la liberté des Algériens

    Les militants de Novembre que sont les Chaulet partent en octobre. Ce n'est pas un choix, c'est ainsi. Une sorte de prédestination. Pierre est parti le 5 octobre 2012. Claudine vient de le rejoindre en ce jeudi 29 octobre 2015. Paix aux braves.

    A ceux qui partent à la veille de novembre, de ce ce grand mouvement qu'ils ont fait avec les autres militants de la cause nationale. De ce grand mouvement qui nous a fait et dont on cherche encore l'accomplissement.

    En ces jours sacrés de veille de novembre, comment ne pas s'incliner bien bas devant la grandeur paisible de cette dame. Allah Yerahmak Claudine Chaulet.

    La militante de la cause nationale Claudine Chaulet est décédée jeudi 29 octobre 2015 à Alger, trois ans après son compagnon dans la lutte et dans la vie, Pierre Chaulet, parti le 5 octobre 2012.

    Née en en 1931 à Longeau en Haute-Marne, fille d’un officier de gendarmerie et d’une enseignante, Claudine est arrivée en Algérie en 1941. Etudiante à Alger, elle suit les cours d’André Mandouze, homme exceptionnel venu en Algérie en 1946 pour préparer une thèse sur Saint-Augustin, un grand chrétien, un ancien résistant pour qui l’insoumission était un "acte de foi".

    Un homme que sa droiture pousse à s’engager du côté des militants de l’indépendance et qui deviendra la bête noire des ultras de l’OAS et qui finira par être expulsé d’Algérie après avoir signé le " Manifeste des 121 ".

    Bifurcation décisive 

    C’est chez André Mandouze, à Hydra, le 21 décembre 1954, que Claudine Guillot rencontre Pierre Chaulet. Elle devait discuter du contenu du dernier numéro de la revue "Consciences Maghribines" elle se retrouve dans une sorte de bifurcation décisive où le cheminement personnel épouse celui de l’histoire.

    Décès de Claudine Chaulet, acteur et témoin du combat pour la liberté des Algériens

    Elle le raconte dans le livre "Le choix de l’Algérie" : "Ce soir-là sont venus les deux Pierre (Chaulet et Roche) et deux personnes non prévues qui avaient besoin d’asile, Abdelhamid Mehri et Salah Louanchi (…) Quand vers la fin de mon séjour, le 6 janvier 1955, Pierre Chaulet m’a demandé si j’étais d’accord pour continuer avec lui, j’ai dit oui".

    Une épopée 

    Le couple Chaulet venait de se constituer. C’est ensemble qu’ils feront la révolution. Une épopée. Une action guidée par un engagement pour la justice sociale qui se prolongera par la lutte pour l’indépendance.

    "J’étais syndicaliste en essayant de défendre les intérêts des étudiants. J’avais compris que le 1er Novembre était un événement extraordinaire qui allait donner enfin un sens aux luttes. C’est donc tout naturellement que je me suis engagée aux côtés de Pierre...".

    En septembre 1955, c’est la rencontre avec Abane Ramdane, homme un "peu enveloppé, très sympathique et direct" qui pose la question de confiance. "Est-ce que l’organisation peut compter sur nous ?". Nous répondons ensemble et séparément "oui".

    Transports de tracts, évacuation de militants recherchés, le récit de ces jours extraordinaires est raconté dans le livre à deux voix paru chez Barzakh avec l’humilité de ceux qui ont pleinement conscience d’avoir été dans un mouvement d’une ampleur gigantesque une révolution.

    De la plate-forme de la Soummam transportée dans les langes de son bébé au récit de l’exfiltration de Abane Ramdane vers Blida le jour même où Pierre était arrêté par la DST. Une évacuation faite en compagnie du bébé. Ce n’est qu’après avoir déposé Abane Ramdane à l’entrée de Blida qu’elle se laisse aller. "C’est alors seulement que j’ai pu pleurer, mon bébé dans les bras".

    Ensuite ce fut l’exil, la poursuite du combat à partir de Tunis. Et cet engagement de sociologue-militante après l’indépendance par le même élan de justice pour cette paysannerie qui a été la force de la révolution.

    Claudine Chaulet nous quitte la veille du 1er novembre, trois ans après Pierre Chaulet. Cette grande dame a choisi l’Algérie. On ne lui sera jamais assez reconnaissant. Sans elle, Pierre et d’autres, on serait encore des indigènes, a écrit quelqu’un, hier, en guise d’hommage.

    Beaucoup le savent. Beaucoup garderont le souvenir d’une femme discrète, économe de paroles, dont les yeux pétillaient d’un humour très fin. D'une femme qui était belle surtout. De la beauté des justes.

    SOURCE : http://www.huffpostmaghreb.com/2015/10/30/claudine-chaulet_n_8427384.html?1446168975 

    Pierre et Claudine Chaulet, un choix d'attachement (*)

    Décès de Claudine Chaulet, acteur et témoin du combat pour la liberté des Algériens

    Le 21 novembre 1954, Pierre Chaulet fait la connaissance de Claudine Guillot chez le professeur André Mandouze où avec un ami, il avait amené, dans l'urgence, Abdelhamid Mehri et Salah Louanchi dont la planque était grillée.

    C'est dans l'introduction du livre, "Le choix de l'Algérie" de Pierre et Claudine Chaulet (**), le récit de la formation d'un couple singulier au moment où l'histoire de l'Algérie - et du monde - s'accélère.

    On peut choisir voir dans ce livre le récit du détachement qui s'opère entre deux individus avec ce qui pouvait constituer leur groupe "naturel", celui des européens issus du peuplement colonial. Mais ce serait une grosse erreur d'optique.

    Ce livre est plutôt le récit d'un attachement fondamental à la justice, à la dignité humaine qui est la trame profonde d'un cheminement personnel. Et à cette terre... Le détachement à l'égard du groupe est une conséquence logique de cet attachement à des valeurs supérieures.

    C'est cela la singularité de ce couple. Claudine et Pierre Chaulet ont choisi d'être ce qu'ils sont. Ils ont choisi l'Algérie. "Nous nous sommes voulus Algériens " à part entière". Et "nous avons vécu comme tel"

    Décès de Claudine Chaulet, acteur et témoin du combat pour la liberté des Algériens

    Le récit, où la chronique de la vie familiale, professionnelle, émaillés de noms de personnes et de lieux, finit par se confondre avec l'histoire du combat des algériens, est passionnant. Dans la sobriété du récit, on retrouve tant de personnages attachants et remarquables de ce pays entrant, au forceps et dans la douleur, dans une autre histoire.

    Le basculement définitif dans le mouvement de libération car il n'y a pas de "problème algérien" mais un "problème posé par la présence de la France en Algérie". Un engagement " à cause de ce qu'il faut changer, radicalement : le mépris et l'humiliation de l'homme, les bidonvilles d'Alger... ". Cinquante après l'indépendance, cela semble encore si actuel...

    Ce livre est un cadeau précieux dans un cinquantenaire qui semble lourd à porter par les gouvernants. On y rencontre des femmes et des hommes remarquables. Et de noms qui continuent à inspirer un immense respect... Il suffit d'aller à l'index de noms pour se retrouver de plain-pied dans l'histoire d'un combat...

    La grandeur morale d'un André Mandouze osant apporter publiquement, à Paris, le "salut des résistants algériens" et qui lui vaudrait la rage haineuse des ultras. Les rencontres avec Abane Ramdane d'Alger jusqu'à l'ultime rencontre à Tunis où il se "sentait traqué".

    Derrière le récit, d'une grande sobriété, on sent la colère toujours intacte au sujet du sort réservé par les « frères » à Abane Ramdane. On découvre dans quelle circonstance l'article sur la "mort au champ d'honneur" de l'organisateur du congrès de la Soummam a été passé dans El Moudjahdid.

    On redécouvre Franz Fanon qui sait qu'il ne verra pas l'indépendance de l'Algérie et tant d'autres. Ce récit, qui sera utile aux historiens, nous touche. Il évoque des noms connus mais aussi une multitude de militants et d'hommes de bonne volonté de "souche européenne" qui ont apporté, dans la discrétion, leur obole à ce combat...

    Le récit se poursuit après l'indépendance jusqu'à l'exil contraint dans les années 90 et le retour au pays. Avec, en filigrane, un constat que l'Algérie d'aujourd'hui n'est pas celle que beaucoup attendaient. Ou dont ils rêvaient. Mais jamais le doute n'a atteint ce choix de l'Algérie malgré les tumultes post-indépendance.

    "L'histoire a fait de nous des personnes libres" constatent-ils et le récit est destiné à raconter "pourquoi, comment, et en quoi nous avons choisi de ne pas suivre la majorité". Remercions Claudine et Pierre Chaulet pour ce cadeau où l'on retrouve bien le meilleur de notre histoire. Et ils font partie de ce meilleur...

    (*) Article publié le 29 mars 2012 dans le Quotidien d'Oran sous la signature de K.Selim

    (**) Pierre & Claudine Chaulet : Le choix de l'Algérie - Deux voix, une mémoire. Editions Barzakh

    http://www.huffpostmaghreb.com/said-djaafer/pierre-et-claudine-chaule_b_8427748.html?1446168537 

     

     

     

     


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  • "Putain de camion", quand le maire de Porchères cite Renaud en hommage aux victimes de Gironde

    "Putain de camion", quand le maire de Porchères cite Renaud en hommage aux victimes de Gironde

    Lors de l'hommage à Petit-Palais ce mardi 27 octobre 2015 aux victimes de l'accident mortel en Gironde, le maire de Porchères David Redon a tenu à soutenir les familles des victimes et a notamment cité Renaud lors de la mort de Coluche en 1986 : "Putain c'est trop con, ce putain de camion, qu'est-ce qu'il foutait là ?".

     

    Désolé pour la pub... merci de patienter !!!


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  • Pierre Daum à TV5 Monde samedi 24 octobre 2015  pour parler des « Harkis restés en Algérie après l’indépendance »

    Pierre Daum à TV5 Monde samedi 24 octobre 2015  pour parler des « Harkis restés en Algérie après l’indépendance »

    Certaines plaies de la guerre d'Algérie ne sont pas encore refermées. Que sont devenus les Harkis restés en Algérie après l'indépendance ? Le journaliste Pierre Daum, spécialiste du passé colonial de la France, publie "Le dernier tabou. Les Harkis restés en Algérie après l'indépendance", (éd. Actes Sud). Il est l'invité de notre Grand angle.
    Présentation Xavier Lambrechts.


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  • Un monument aux morts à Lyon fait lieu

    de mémoire de l’Algérie française

     
     

    Le maire de Lyon s’est envolé cette semaine pour l’Algérie en vue de tisser des relations, économiques principalement, entre les deux rives de la Méditerranée. Gérard Collomb se rendra à Sétif, à Alger, puis à Oran pour finir le 29 octobre. 

    Cette dernière ville a entretenu avec Lyon des liens particuliers qui restent tangibles avec le monument aux morts de 14/18 rapatrié à la Duchère en 1968.

    Un monument aux morts à Lyon fait lieu de mémoire de l’Algérie française

                         Monument aux morts d’Oran transplanté à la Duchère en  1968. Photo du 25 septembre 2015. ©LB/Rue89Lyon

    Les lieux de mémoire de la guerre d’Algérie à Lyon


    Avec cet article sur le monument aux morts d’Oran-la Duchère, Rue89Lyon entame une série sur les lieux de mémoire de la guerre d’Algérie à Lyon. A venir notamment, un article sur la prison de Montluc, là où furent incarcérés les 112 condamnés à mort algériens de la région lyonnaise ; 11 furent guillotinés dans la cour de cette même prison.

    Il faut se rendre à la Duchère un 25 septembre pour comprendre la charge mémorielle autour de ce monument aux morts, fait de pierre et de béton.
    A 17 heures pétante, au milieu des barres du sous-quartier de Balmont, une fanfare militaire et des soldats en armes encadrent une quinzaine de harkis toutes médailles dehors. Face à eux, « les autorités civiles et militaires ».

    Pour cette quatorzième « Journée nationale d’hommage aux harkis », créée par Jacques Chirac en 2001, on trouve notamment quatre députés et un sénateur du Rhône, ainsi que le maire du 9e arrondissement.

    Un monument aux morts à Lyon fait lieu de mémoire de l’Algérie française

                   17 harkis rassemblés devant le monument aux morts de la Duchère le 25 septembre 2015. ©LB/Rue89Lyon

    Aujourd’hui, ce monument aux morts ne sert pas qu’à rendre hommage aux « anciens combattants français musulmans », comme on nomme autrement ces Algériens qui ont combattu dans l’armée française au moment de la guerre d’Algérie.

    Il marque également un lien entre harkis et rapatriés d’Algérie, comme l’explique Mohamed Rabehi, vice-président de l’Union Nationale des Anciens Combattants Français Musulmans (UNACFM) et 1er adjoint (Les Républicains) de la municipalité de Décines :

    « A la fin des années 1990, quand l’idée a été avancée de rendre hommage aux harkis, on a cherché le lieu le plus approprié pour mettre une plaque. Le monument aux morts de la ville d’Oran transféré à la Duchère s’est imposé. D’une part parce que de nombreux harkis sont des enfants de ces soldats qui se sont battus pour la France pendant les deux guerres mondiales. D’autre part, parce que l’idée était de faire un lien entre les harkis et les rapatriés d’Algérie. »

    Et pour renforcer encore le symbole, les représentants des associations de rapatriés et de harkis déposent la première gerbe, ensemble, lors du 25 septembre.


    « Rappeler l’Algérie »

    Pour comprendre pourquoi le monument aux morts de la ville d’Oran se retrouve dans le quartier populaire de la Duchère, il faut revenir sur l’histoire du peuplement de ce « nouveau » quartier de Lyon.

    La Duchère, comme d’autres villes nouvelles, a poussé au début des années 60 pour faire face à la crise du logement. Ses fameuses barres monumentales n’ont donc pas été érigées pour accueillir les pieds-noirs mais leur construction a été accéléré avec l’indépendance de l’Algérie. A partir de 1962, plus du tiers des 6 000 logements que compte la troisième colline de Lyon vont aux rapatriés d’Algérie.

    En 1966, raconte l’historien Jean-Luc Pinol dans un article, le maire de Lyon de l’époque, Louis Pradel, veut créer un monument qui rappellerait l’Algérie pour ces Duchérois pieds-noirs. La municipalité choisit le monument aux morts d’Oran inauguré en 1922, au lendemain de la première guerre mondiale :

    « Louis Pradel charge Napoléon Bullukian, un industriel du bâtiment, de procéder, en accord avec une entreprise d’Oran, à la dépose du monument et à son transfert. Les démarches sont longues mais le monument quitte le port d’Oran le 15 décembre 1967. Il arrive à Lyon avant la fin décembre 1967. »

    Un monument aux morts à Lyon fait lieu de mémoire de l’Algérie française

                                                                                   Carte postale du Monument aux morts d’Oran

    Transplanté, le monument est donc installé à Balmont, au cœur de la Duchère. Cette sculpture d’Albert Pommier représente deux poilus avec, de dos, ce qui serait (il y a débat) un combattant Nord-Africain portant un fez.

    Un monument aux morts à Lyon fait lieu de mémoire de l’Algérie française

    Le dos du monument aux morts d’Oran avec les inscriptions ajoutées depuis qu’il est implanté à la Duchère : « En souvenir de leur terre natale, la Ville de Lyon à ses enfants d’Afrique du Nord qu’elle a accueillis ». ©LB/Rue89Lyon

    Le monument a été transféré sans son socle de huit mètres qui est resté en Algérie. Il est devenu le support de mosaïques appelées « Stèle du Maghreb » qui ont gommé cette trace de la colonisation.

    Un monument aux morts à Lyon fait lieu de mémoire de l’Algérie française

    La Stèle du Maghreb à Oran qui a recouvert le socle du monument aux morts ©Martine Scherrer Faugas

    Pour l’inauguration, deux cérémonies ont lieu.

    La première se tient le 13 juillet 1968, en présence de Roger Fenech, président de la Fédération nationale des rapatriés, et du maire de Lyon, Louis Pradel. La cérémonie est même filmée. Dans le petit commentaire que l’on trouve sur le site de l’Ina, il est dit que « la moitié des habitants de la Duchère sont des rapatriés ».

    La seconde cérémonie se tient quelques mois plus tard, le 9 novembre 1968. Cette fois-ci en présence du général Edmond Jouhaud, ancien n° 2 de l’Organisation Armée Secrète (OAS), amnistié en juin 1968. On retrouve à ses côtés, comme le note l’historien Jean-Luc Pinol, le Bachaga Boualem, chef traditionnel algérien partisan de l’Algérie française. Par la suite, la place où est installée la statue prend le nom de place Bachaga Boualem.


    Quand Lyon « parrainait » Oran

    Lyon n’est pas la seule ville à avoir rapatrié un monument aux morts après l’indépendance de l’Algérie. Une poignée de villes françaises l’ont fait, à l’image de Toulouse avec le monument de Philippeville, aujourd’hui Skikda, transféré en 1969.

    Le choix de ces villes est fonction du lien qui a pu être créé avant 1962. Lyon, comme Toulouse, ont respectivement « parrainé » les villes dont elles ont récupéré les monuments aux morts.

    Comme l’expose l’historien Marc André dans un article du Bulletin municipal de Lyon de mars 2012, Lyon, comme d’autres villes françaises, a répondu à l’initiative du Mouvement national des élus locaux de 1956 pour soutenir les villes des départements algériens.

    Il s’agit d’un « parrainage » et non pas de « jumelage » puisque les deux villes sont, à l’époque, du même pays.

    A Lyon, si le choix se porte sur Oran, c’est pour des raisons personnelles : les parents d’Edouard Herriot avaient une propriété dans les environs d’Oran et sont enterrés au cimetière de la ville.

    Les cérémonies de « parrainage » ont lieu, en grande pompe, le 14 juillet 1956 à Oran et le 11 novembre à Lyon. Dans les discours retrouvés par l’historien Marc André, il est clair que l’objectif de ce parrainage vise le maintien de l’Algérie française. Edouard Herriot déclare ainsi le 11 novembre :

    « La Ville d’Oran, qui compte près de 300 000 âmes, renferme un peu plus de 200000 Européens, pour 80000 Musulmans. Énoncer ces chiffres, c’est signaler le caractère de ce prolongement de la France Métropolitaine ».

    Et de développer :

    « L’Arabe a bien des défauts, comme nous, mais c’est un peuple chevaleresque, et il finira par se rendre compte qu’il a tout intérêt à être bien avec la France ».

    « Le terme de « harki » reste une insulte dans certains quartiers »

    Aujourd’hui, la population de la Duchère a changé, et les jours de cérémonies d’hommage aux harkis, ce n’est plus la « moitié du quartier » qui converge vers le monument de Balmont.

    Le 25 septembre dernier, il n’y avait qu’une centaine de personnes à avoir fait le déplacement, pour la plupart en provenance de l’ensemble de la région lyonnaise.

    « On pouvait être 1 500 personnes au début des années 2000 » se rappelle Mohamed Rabehi, vice-président de l’Union Nationale des Anciens Combattants Français Musulmans (UNACFM).

    Les enfants de harkis cherchent toujours à faire reconnaître les responsabilités du gouvernement français de l’époque dans l’abandon qu’ont subi leurs parents. Ils espèrent aussi que le regard change sur les harkis, poursuit Mohamed Rabehi :

    « Le terme de « harki » est toujours synonyme de « traître » en Algérie et reste une insulte dans certains quartiers en France ».

    Pour les rapatriés, ce monument aux morts garde la mémoire du temps jadis, qu’ils essaient notamment de faire vivre à travers les cérémonies.

    Outre le 25 septembre, une autre cérémonie rassemble depuis une dizaine d’années ces rapatriés autour du monument aux morts d’Oran-La Duchère. Le 5 juillet, les rapatriés commémorent le « massacre du 5 juillet 1962 » qui s’est précisément déroulé à Oran où plusieurs centaines d’européens et d’Algériens ont été tués.

    Germaine Fabricator, 82 ans, habite la Part-Dieu. Originaire de Tlemcen dans l’oranais, elle est aujourd’hui présidente de délégation du Rhône de la Fédération Nationale de Rapatriés. Elle explique son attachement à ce monument aux morts :

    « A chaque cérémonie, c’est une émotion intense. On a un très grand attachement pour ce monument car nos ancêtres morts pour la France y avaient leur nom. Ces noms sont restés sur le socle à Oran. Le monument marque le souvenir, un souvenir commun avec les harkis également. Et le souvenir, c’est tout ce qui nous reste de l’Algérie ».

    Roland Albert, 72 ans, de Grigny, vice-président de l’association, prolonge :

    « Le monument aux morts est le concentré de toute notre existence en Algérie. Car on nous a effacés de là-bas. Contrairement à vous, on ne peut plus voir où on a grandi et c’est terrible. Notre pays, c’est l’Algérie française ».

    A la demande de l’association des rapatriés, le maire PS du 9e arrondissement, Hubert Julien-Laferrière, envisage de créer un lieu d’exposition et de mémoire à la Duchère pour « se souvenir au-delà des opinions ».

     

    Un monument aux morts à Lyon fait lieu de mémoire de l’Algérie française

    4 commentaires postés

     

    1. Avant de vouloir leur indépendance les Algériens voulaient simplement avoir les mêmes droits dans leur pays que les Français … Je ne juge pas les Harkis dans leur globalité, certains aidaient même les populations et le FLN … Mais leur faire honneur peut s’avérer blessant et provocateur vis-à-vis d’autres Algériens qui ont subi tortures (gégène et autres horreurs), bombardements, et pertes de proches durant cette « sale guerre ». D’autant plus que beaucoup d’Algériens ont combattu aussi aux côtés de la France durant la 1ère et la 2ème guerre mondiale avant de se battre pour leur indépendance. Mon grand-père a été torturé puis tué, ainsi que mes tantes… Mes parents ont été traumatisés par cette guerre, et notre éducation en a souffert… Pour moi les Harkis qui ont participé directement aux actes de tortures et de barbarie ne sont autres que de vils traîtres et ne méritent aucun honneur.

     Hacène Rabah Bouguerra @insomnie. Les harkis sont aussi des victimes du colonialisme : la misère que nul ne peut imaginer, les contraintes, les manipulations... les ont Un monument aux morts à Lyon fait lieu de mémoire de l’Algérie françaiseconduits à la barbarie. Certains ont suggéré une explication de cet engagement par l'amour pour la France... Une explication que le gouvernement français n'admet pas. Hélas notre Nelson Mandela a été emprisonné dès les premiers jours de l'indépendance... et l'Algérie continue à vivre avec des plaies inguérissables. Si cela peut vous rassurer, je n'ai aucun lien particulier avec les harkis ...

     

    Absolument d’accord ! De plus ces harkis ne manifestent aucun regret dans leur comportement ; ils auraient pu, depuis longtemps reconnaître leurs erreurs, plutôt que de vouloir à tout prix attendre de se faire reconnaître comme des Français ayant combattu pour « leur patrie » qui n’a jamais été la leur et ne le sera jamais (il suffit de se rappeler comment " leur patrie " les a reçus en 1962 ! parqués comme au temps des funestes SAS). Cela dit, les enfants des harkis, généralement beaucoup plus instruits que leurs parents qui, pour la grande majorité n’ont jamais été scolarisés par leur patrie, non responsables du comportement de leurs parents devraient, petit à petit, reconnaître les faits et se déconnecter de certaines associations qui ne leur rapportent rien, bien au contraire.

    Un monument aux morts à Lyon fait lieu de mémoire de l’Algérie françaiseCros Jacques

    Très forts les colonisateurs : ils avaient réussi à enrôler pour leur horrible guerre de 14 - 18 les gens qu'ils opprimaient !

    Pour ce qui est des harkis c'était génial aussi de les recruter pour se battre contre leurs compatriotes ! Et de les abandonner ensuite à leur sort, quand l'histoire a eu tranché, prouvant qu'on s'était simplement servi d'eux dans l'espoir illusoire d'inverser le sens de la marche des événements.

     

    SOURCE : http://www.rue89lyon.fr/2015/10/26/monument-aux-morts-lyon-fait-lieu-de-memoire-de-lalgerie-francaise/


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    A  Béziers le 1er Novembre 2015 le maire Robert Ménard va s’incliner devant la stèle de la honte  Pendant ce temps des Républicains reçoivent des lettres de mort…

    Photo : Hérault-Tribune

    A  Béziers, le 1er novembre 2015 le maire

    Robert Ménard va, une fois de plus, s’incliner

    devant la stèle de la honte, entouré de tout ce

    qu’il y a de plus nostalgériques extrémistes…

    Pendant ce temps des Républicains reçoivent des

    lettres contenant  des menaces de mort…

     

    Une honte dans le cimetière

    de Béziers

    Les détails de cette stèle



    Photos : Henri POUILLOT
     

    Sur cette stèle figurent donc les photos des 4 tueurs de l’OAS condamnés à mort et fusillés. Ils sont présentés comme des héros victimes de leur engagement pour l’Algérie Française, et ce dans un espace public. Figurent aussi ces références aux 2 drames dont l’OAS porte la responsabilité essentielle en ayant organisé ces manifestations des 26 mars et 5 juillet et orchestré les provocations devant déclencher les réactions sanglantes, et ce, dans le seul but de tenter de remettre en cause le cessez le feu signé qui avait mit fin à la Guerre d’Algérie.

    A  Béziers le 1er Novembre 2015 le maire Robert Ménard va s’incliner devant la stèle de la honte  Pendant ce temps des Républicains reçoivent des lettres de mort…

    Pendant ce temps des Républicains biterrois

    reçoivent des lettres contenant des menaces

    de mort : prenons connaissance de l'article

    de Jacques CROS

     

    A  Béziers le 1er Novembre 2015 le maire Robert Ménard va s’incliner devant la stèle de la honte...  Pendant ce temps des Républicains reçoivent des lettres de mort…

    La dérive fascisante de notre ville, intimement liée à ses problèmes économiques et sociaux, prend des dimensions inquiétantes. Un malade mental vient d’envoyer une lettre contenant des menaces de mort au 2 de la rue Voltaire. Ces menaces visent Aimé Couquet, Linda Mendy et Medhi Roland, engagés pour la solidarité avec les réfugiés, pour la paix, contre le  racisme et la xénophobie.

    Oui il s’agit d’un détraqué mais son acte imbécile n’est pas sorti du néant. Il est en conformité avec le climat entretenu par  le maire de Béziers. Si ce dernier n’a pas la folie du demeuré qui se réclame du Ku-Klux-Klan pour menacer de mort ceux qui résistent à l’emprise fascisante, il est responsable de cette ambiance délétère à laquelle nous sommes confrontés.

    Si on fait le bilan de toutes les dispositions prises ou qu’il essaie de prendre, on voit que Ménard cultive la violence, la haine, particulièrement à l’encontre des pauvres gens. C’est son fonds de commerce ! La bourgeoisie peut dormir sur ses deux oreilles,  ce ne sont pas les idées de l’extrême droite qui permettront que soit élevé le niveau de conscience de ce qui est en cause dans la crise que nous vivons.

    Bien sûr que celui qui a posté cette lettre de menace est taré. Mais le nazisme s’est servi de ce genre d’individus pour se développer en Allemagne. On connait le résultat, la guerre et des souffrances horribles. Alors oui il faut trouver le coupable qui à coup sûr donne dans la démence et il faut combattre l’idéologie qui permet à ce genre de personne d’émerger. Cela passe par une autre politique que celle que nous subissons au plan national, européen et mondial. Elle est insupportable pour l’immense majorité des gens.

    Jacques CROS

    A  Béziers le 1er Novembre 2015 le maire Robert Ménard va s’incliner devant la stèle de la honte...  Pendant ce temps des Républicains reçoivent des lettres de mort…

    Les trois personnes menacées par le fameux tract du KKK avec Aimé Couquet au centre

    Photo Pierre SALIBA

    A  Béziers le 1er Novembre 2015 le maire Robert Ménard va s’incliner devant la stèle de la honte...  Pendant ce temps des Républicains reçoivent des lettres de mort…

    Ce n'est pas la première fois que l'élu

    Aimé Couquet reçoit des menaces de mort

     

    EN 2014

    La bête immonde : Huit mois de gestion

    de Robert Ménard à Béziers

     

     

    JRCF antifaVoici un autre visage de la fascisation de notre pays. Que ceux qui ne croient pas que la fascisation est en cours lise donc ce que nous dit A Couquet.

    Le FN cristallise sur son nom la colère sociale. Avec l’aide consciente ou imbécile des médias, il apparait comme le parti du peuple, « populiste », comme le parti anti UE, ce qu’il n’est évidement pas (il suffit de le voir adouber R Ménard qui se revendique comme « europhile proclamé »), comme un parti anti système, alors qu’il œuvre à sauvegarder le système capitaliste, comme un parti patriote alors qu’il est par ses origines historiques et ses positions anti-national.

    Parti qui se prétend républicain le FN n’est qu’un parti d’extrême-droite anti-républicain dont le comportement réel montre sa vraie nature anti-démocratique.

    Il suffit de regarder pour comprendre. Ménard est le digne représentant de ce pont entre la droite et l’extrême-droite qui menace notre France. No Pasaran !

    Huit mois de gestion de Robert Ménard à Béziers

    A  Béziers le 1er Novembre 2015 le maire Robert Ménard va s’incliner devant la stèle de la honte...  Pendant ce temps des Républicains reçoivent des lettres de mort…

     

    Aimé Couquet est conseiller municipal de Béziers.
    Le 4 Avril 2014, en tant que doyen, il est président de la séance d’investiture de Robert Ménard. On verra dans la vidéo ci-dessous le courage dont il a fait preuve pour s’exprimer en Conseil municipal devant une horde de frontistes qui l’ont hué dès ses premiers mots, l’obligeant à reprendre à plusieurs reprises sa première phrase.

    Imaginons ce que serait une France aux mains de cette engeance.


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  • Enrico Macias : "Je le dis aux musulmans et aux juifs, si Marine Le Pen arrive au pouvoir, ne restez pas en France"

    Enrico Macias : "Je le dis aux musulmans

    et aux juifs, si Marine Le Pen arrive au pouvoir

     ne restez pas en France"

     

    Mais en Israël, où vous dites vouloir vous rendre,

    c'est aussi l'extrême droite qui est

    au pouvoir... Qu'en pensez-vous Enrico ?

     

    Et puis les Républicains entreraient en RESISTANCE

    mais ne quitteraient jamais la France !!!

     

    Merci de cliquer sur voir la vidéo maintenant après quelques secondes de pub...

    Des milliers d'Israéliens manifestent

    pour la paix

    avec les Palestiniens

    Des milliers d'Israéliens manifestent pour la paix avec les Palestiniens
    Photo : AFP/JACK GUEZ

    Des milliers d'Israéliens ont manifesté ce samedi à Tel-Aviv pour une reprise des négociations avec les Palestiniens à l'occasion du 20e anniversaire de l'assassinat de l'ancien Premier ministre Yitzhak Rabin, grande figure de l'effort de paix, a constaté un journaliste de l'AFP.

    L'organisation la Paix maintenant et d'autres groupes favorables à une solution "à deux Etats" appelaient au rassemblement alors que les perspectives de règlement de l'un des plus vieux conflits de la planète ont rarement paru plus sombres. Une récente vague de violences fait même craindre une nouvelle intifada.

    Les manifestants sont partis de la place portant le nom M. Rabin, devenu Premier ministre en 1992 et tombé le 4 novembre 1995, à 73 ans, sous les balles d'un fanatique juif orthodoxe, Yigal Amir.

    Celui-ci s'opposait aux accords d'Oslo de 1993 qui créaient l'Autorité palestinienne, préfiguration d'un Etat. Ils avaient valu en 1994 le Nobel de la paix à M. Rabin, au président israélien Shimon Peres et au leader palestinien Yasser Arafat.

    Le 20e anniversaire de l'assassinat du Premier ministre travailliste qui provoqua un choc immense en Israël commence samedi soir selon le calendrier juif.

    "La voie qui s'est arrêtée en 1995 (avec l'assassinat de Rabin) reste plus que jamais celle à suivre aujourd'hui", a dit à l'AFP une porte-parole de la Paix maintenant, Anat Ben Nun. Les violences "que nous voyons aujourd'hui sont complètement liées à la voie qui n'a pas été prise après 1995".

    Tova K., 62 ans, dit être venue manifester "contre le gouvernement, la violence, les incitations à la haine, la colonisation et pour le retour aux négociations entre Arabes et Israéliens". Pour elle, "la situation n'a jamais été aussi mauvaise et le principal problème, c'est Netanyahu".

    "Il joue avec la peur des gens", renchérit Sharon, 47 ans.

    "C'est bien plus facile pour les gens de répondre à l'appel de la peur et de la haine. Nous ne haïssons ni ne redoutons personne", estime de son côté Dov Kredo, 60 ans, alors que la foule reprend en choeur "Les juifs et les Arabes ne veulent pas se haïr".

    Jérusalem, les Territoires occupés et Israël sont en proie à un enchaînement de violences qui a fait 53 morts Palestiniens et Arabes israéliens et huit morts israéliens depuis le 1er octobre.

    L'absence de tout horizon politique et la concomitance entre ces violences et la date anniversaire du 4 novembre 1995 ont favorisé en Israël une réflexion historique sur les accords d'Oslo. Elles ont aussi donné lieu aux parallèles entre le climat d'antagonisme politique de l'époque et celui d'aujourd'hui.

    La signature des accords d'Oslo, l'appel à un retrait des soldats israéliens d'une partie des Territoires palestiniens et la poignée de mains historique entre Rabin et Arafat sous le regard du président américain Bill Clinton le 13 septembre 1993 avaient profondément divisé les Israéliens.

    L'actuel Premier ministre de droite Benjamin Netanyahu est accusé par la gauche d'avoir encouragé indirectement la haine en brandissant des images de Rabin dans l'uniforme nazi au cours de discours devant des foules.

    La crainte de nouveaux agissements d'extrémistes de droite a été ravivée ces derniers mois par une série d'attaques qui ont culminé cet été avec la mort d'un bébé palestinien et de ses parents dans un incendie criminel en Cisjordanie.

    SOURCE : http://actu.orange.fr/monde/des-milliers-d-israeliens-manifestent-pour-la-paix-avec-les-palestiniens-afp_CNT000000eU8qc.html


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  • Le regard des Français sur la guerre d’Algérie... par la Fondation Jean-Jaurès

    Le regard des Français sur la guerre d'Algérie...

    par la Fondation Jean-Jaurès

     

    "Tout ce qui a été enfoui, caché, autour de la

    guerre d'Algérie a servi, aussi et entre autres, au

    développement fulgurant du FN, du moins dans

    certaines régions de France "

     

    "Les démons... c'est par la lumière qu'on va les

    chasser et non pas en maintenant l'obscurité"

     


    Le regard des Français sur la guerre d’Algérie... par fondationjeanjaures


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    Commémoration du 17 octobre 1961 à Rennes

    Commémoration du 17 octobre 1961 à Rennes

    Hubert Rouaud membre de la 4acg écrit :

    « Cette année, au-delà du traditionnel jeté de fleurs pour commémorer le massacre parisien du 17 octobre 1961, et au moment où des relents de racisme envahissent le paysage politique, le collectif rennais  (4ACG, ACBB, ARAC35, LDH35, MIR, Mouvement de la Paix, MRAP, Association de Jumelage Rennes-Sétif et UFACARO...) a voulu donner plus d'éclat à cette commémoration :

    Commémoration du 17 octobre 1961 à Rennes

    -  En sollicitant le témoignage d'un militant algérien qui a vécu, à Paris, ce triste épisode ;

    - En accueillant une représentation de la pièce de théâtre "Monique H. Nanterre 1961" qui replace la manifestation du 17/10/61 dans son contexte social et rappelle la présence solidaire de la  militante Monique Hervo.

    Commémoration du 17 octobre 1961 à Rennes

    Commémoration du 17 octobre 1961 à Rennes


    Des extraits de ces trois aspects apparaissent dans la vidéo »

    Hubert ROUAUD

     


    Rennes,17 octobre 2015 par smallflume

    "Monique.H... Nanterre 1961" de Mehdi Lallaoui Extraits

    Cette pièce s'inspire de l'engagement militant de Monique Hervo dans le bidonville de Nanterre où elle commence à travailler comme volontaire bénévole du Service Civil International, en 1960.

    En octobre 1960 elle décide d'y demeurer avec d'autres volontaires du SCI et y restera de nombreuses années pour venir en aide aux habitants (200 familles en 1960):
    réparation des baraques, alphabétisation, aide administrative, loisirs des 400 enfants. etc...

    La pièce est concentrée autour de la manifestation des algériens à Paris,le 17 octobre 1961 et des massacres causées par les violences policières.

    Ces violences se poursuivront dans le bidonville et Monique Hervo les affrontera jusqu' à la démolition du bidonville en 1971.

     


    "Monique.H... Nanterre 1961" de Mehdi Lallaoui... par smallflume
     


    Entretien avec Monique Hervo

    L'héroïne de la pièce, Monique Hervo, qui a aujourd'hui 87 ans, et vit très modestement dans une caravane, raconte par ailleurs cet épisode de sa vie dans une interview au Musée de l'immigration, il y a 2 ans :


    Entretien avec Monique Hervo par cite_histoire_immigration 


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  • Michel Pierre, historien et ancien conseiller culturel à l’ambassade de France à Alger : «L’intérêt stratégique du Sahara a fait prolonger la Guerre d’Algérie»

    Michel Pierre, historien et ancien conseiller culturel à l’ambassade de France à Alger : «L’intérêt stratégique du Sahara a fait prolonger la Guerre d’Algérie»

    Le Sahara, son intérêt et l’enjeu qu’il constituait pour la France ont fait prolonger la Guerre d’Algérie. C’est ce que pense Michel Pierre, historien spécialiste en art et archéologie et ancien conseiller culturel à l’ambassade de France à Alger.

    Michel Pierre, historien et ancien conseiller culturel à l’ambassade de France à Alger : «L’intérêt stratégique du Sahara a fait prolonger la Guerre d’Algérie»

    « Sans la question du Sahara, l’Algérie aurait eu son indépendance bien avant 1962 »

    Auteur du Sahara, le grand récit, ouvrage paru chez Belin en 2014, il a retracé, mardi lors d’une conférence animée à l’Institut français d’Alger (IFA), l’histoire de cet immense espace qui repose sur 9,4 millions km2, et qui va de l’Atlantique à la mer Rouge.

    Bien qu’au début de son exposé Michel Pierre insistera sur le regard porté par la France et l’Occident sur le Sahara, depuis des siècles, tout en relevant un « intérêt stratégique », il n’osera, cependant pas, aller dans le détail lorsqu’il arrivera à la période où la France a mis les pieds dans cette région, notamment au Sahel à travers ses interventions au Mali et au Tchad.
    Le conférencier s’est contenté presque de faire un récit d’un point de vue artistique, puisqu’il est allé relater les œuvres réalisées, les ouvrages, les films et les traversées d’explorateurs occidentaux.

    C’est lorsqu’il sera interrogé par l’assistance qu’il glissera quelques phrases en ce qui concerne les enjeux politiques de la présence des pays occidentaux au Sahara, plus particulièrement la France en Algérie.

    Sans la question du Sahara, l’Algérie aurait eu son indépendance bien avant 1962, a-t-il dit, estimant que l’enjeu de ce « désert » « a fait prolonger la guerre de plusieurs mois ».

    A l’arrivée de Charles de Gaulle au pouvoir en 1958, l’indépendance de l’Algérie n’était qu’une question de temps, puisque l’homme en était favorable.

    Cependant, ce qui a retardé la concrétisation de cette indépendance «c’étaient trois éléments et enjeux importants aux yeux de Charles de Gaulle : le pétrole du Sahara, les essais nucléaires et les fusées satellitaires».

    Le président français de l’époque portait un « grand intérêt » pour la question du Sahara, au moment des négociations avec le GPRA et il tenait à bénéficier des richesses pétrolières qu’il recèle, de son espace immense pour effectuer les essais nucléaires, ce qui se concrétisera en 1960 à Reggane, et pour le lancement de la première fusée satellitaire française dans l’espace. «Il faut dire, insiste le conférencier, que les essais nucléaires avaient constitué un gigantesque investissement pour la France.»
    Sur le plan géostratégique du Sahara, pourtant soulevé au début de sa conférence, Michel Pierre, tout en reconnaissant que « l’on est devant un chaudron du monde », avec des tensions partout et trois missions des Nations unies : au Sahara occidental, au Mali et au Darfour, n’a pas voulu s’étaler sur les intérêts qui font courir les puissances occidentales dans ce «désert».
    Un intérêt qui remonte au XIIe siècle, dit-il, « avec l’or du Soudan » au moment où les Occidentaux avaient besoin de cette richesse pour faire face à leur crise économique. Sinon, le conférencier est longuement revenu sur les explorations faites à travers les années pour cet immense espace, les livres qui ont été écrits et, surtout, les films réalisés, et que l’on continue de réaliser sur cette partie du monde. 

    SOURCE : http://www.reporters.dz/index.php/actualites/2015-03-15-21-29-31/item/53117-michel-pierre-historien-et-ancien-conseiller-culturel-a-l-ambassade-de-france-a-alger-l-interet-strategique-du-sahara-a-fait-prolonger-la-guerre-d-algerie

     


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  • Pieds-noirs : “Voyager en Algérie, un véritable bonheur”

    Pieds-noirs : “Voyager en Algérie, un véritable bonheur” 

    L’Algérie, un pays inhospitalier, angoissant et terrifiant ? Pas du tout d’après de nombreux Pieds-noirs, ces Français âgés nés en Algérie pendant la colonisation, revenus dans leur pays natal grâce à des circuits organisés par des associations de Français qui veulent retrouver leurs souvenirs d’enfance dans notre pays.  

    Ils ne font pas l’apologie du colonialisme et n’expriment aucune nostalgie vis-à-vis de l'”Algérie Française” dans laquelle ils sont nés et ont grandi avant que nos parents et grands-parents n’arrachent l’indépendance au prix de grands sacrifices. Au contraire, ces Pieds-noirs qui revisitent l’Algérie découvrent un tout autre pays : “une Algérie colorée, surprenante, fraternelle et chaleureuse”, témoignent plusieurs d’entres-eux dans les colonnes du Quotidien de la Vienne, un média régional français. “Quel bonheur de voyager dans un pays où la bienvenue est souhaitée à chaque coin de rue et où les portes s’ouvrent chaleureusement”, témoigne même Michel Raison, membre d’une association d’anciens combattants en Algérie. Ce dernier avoue n’avoir ressenti aucune rancune de la part de ces Algériens qui ont été, naguère, torturés et tués par les forces coloniales françaises.

    Après le succès de plusieurs voyages organisés, une association française, “l’Association du souvenir en Algérie” organise encore un nouveau circuit au départ de Poitiers, dans le centre de la France, qui aura lieu du 18 au 29 avril prochain. “Ce voyage n’est pas réservé qu’aux seuls anciens combattants. Il est ouvert à tous ceux qui souhaitent découvrir un pays magnifique, plein d’histoire et accueillant”, indiquent les organisateurs de ce voyage qui ne se fient nullement aux clichés accablant notre pays dans les médias français.

    SOURCE : http://www.algerie-focus.com/blog/2015/10/retour-des-pieds-noirsvoyager-en-algerie-un-veritable-bonheur/

    Pieds-noirs : “Voyager en Algérie, un véritable bonheur”

    SOUVENIRS

    C'était en 2012

    Pieds-noirs : “Voyager en Algérie, un véritable bonheur”

     

     
    La Villedieu-du-Clain

    Circuit du souvenir en Algérie

     
     

    Un voyage se termine après 11 jours en Algérie : « Les années passent ne l'oublions pas, explique Michel Raison, ancien combattant d'Algérie. Nous avons pu voir un pays transformé, un accueil chaleureux. » Déjà le prochain circuit est évoqué car il faut le préparer avec soin : « Au printemps 2013 fin avril après la saison des pluies et avant l'arrivée de la chaleur pour 11 à 12 jours, selon la date retenue. »

    Le programme détaillé du circuit sera transmis sur demande. Le voyage est encadré par un service de sécurité durant tout le circuit. « Comme les années précédentes, nous limiterons le nombre de places afin d'assurer à chacun un minimum de confort au bon déroulement du voyage. » La demande est forte et les inscriptions seront prises dans l'ordre d'arrivée. Un CD du voyage est offert à chaque participant et les personnes intéressées, ancien d'Algérie ou autres, seront les bienvenues.


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  • Le massacre d’octobre 1961 et ces Français

     qui ne sont pas Charlie

    On vient de commémorer la mort de dizaines de "Français musulmans d'Algérie", dans un contexte d'anti-"repentance" qui interdit tout bilan de la colonisation. Par Fabrice Riceputi.

    Le massacre d’octobre 1961 et ces Français   qui ne sont pas Charlie

    Une manifestation, pour le 50e anniversaire de la répression sanglante

     du 17 octobre 1961. (©SEVGI/SIPA)

    Certains citoyens français, notamment parmi ceux qu’on persiste à distinguer comme «issus de l’immigration» postcoloniale, ne s’identifient pas à la République française. C’est le constat qu’on fit une fois de plus, en janvier 2015, lorsque certains osèrent déclarer qu’ils ne se sentaient pas «Charlie».

    Cela aurait pu être l’occasion d’une prise en considération lucide du vif ressentiment provoqué par l’exclusion systémique dont sont l’objet dans notre pays des «citoyens diminués». Il fut nettement plus commode de diagnostiquer une faillite de l’école et des enseignants dans leur fonction supposée de transmission de l’amour de la République.

    Le ministère compétent prescrivit un remède d’une criante absurdité: la morale et le bâton. Des cours d’éducation morale et des cérémonies patriotiques, assortis du signalement des «déviants» (fussent-ils âgés de 8 ans, comme le petit Ahmed), aux procureurs. Une fois de plus, l’occasion fut magistralement manquée.

    1961, "l'événement-matrice"

    La France s’est en réalité construit ces dernières années un nouvel ennemi intérieur : une prétendue «communauté musulmane», collectivement suspecte d’une déloyauté qu’elle feint de découvrir sans jamais chercher à la comprendre. Alors qu’on a commémoré ces jours-ci l’anniversaire du massacre de dizaines de manifestants « Français musulmans d’Algérie » par la police parisienne le 17 octobre 1961, saisissons l’occasion pour rappeler que cette stigmatisation obsessionnelle relève largement de l’impensé colonial français.

    À la charnière des histoires coloniales et postcoloniales de la France, la sanglante répression « au faciès » de 1961 est « l’événement-matrice », selon le mot de Pierre Vidal-Naquet, de bien des «ratonnades» réelles ou symboliques. Parmi ses causes, on trouve une hantise qu’on n’appelait pas encore islamophobie: celle de la dangerosité, construite dans l’imaginaire colonial français, des musulmans.

    Pour justifier les violences policières et la rafle géante qu’il dirigea ce jour-là, Maurice Papon invoquait déjà l’essence fanatique et violente des «Français musulmans» immigrés en métropole. Le fantasme de l’hétérogénéité radicale de l’islam et le traitement des musulmans comme gibiers de police sont des héritages coloniaux.

    Patriotisme et négationnisme

    Il y a près de trente ans, Jean-Luc Einaudi entama un long et difficile combat pour faire connaître et reconnaître le crime d’État du 17 octobre 1961. L’existence même de l’évènement ne fut officiellement admise qu’après cinquante-et-un ans, mais, pour ainsi dire, du bout des lèvres. En 2012, le président reconnut une «tragédie» et «la douleur des victimes». Mais il s’arrêta au seuil d’une vérité historique politiquement inavouable, ne mentionnant ni la nature raciste de la répression, ni la barbarie du modus operandi, ni, surtout, les écrasantes responsabilités politiques au plus haut niveau.

    Ainsi l’État français procède-t-il chaque fois qu’il est obligé de reconnaître un «drame» colonial: les massacres de Thiaroye (1944), de Sétif (1945), la torture et les disparitions pendant la guerre d’Algérie sont évoqués, la souffrance des victimes déplorée, mais pas question d’admettre qu’ils furent le produit du colonialisme républicain.

    Ce refus, lourd de conséquences, s’est fait plus obstiné encore depuis quelques années. Le vent mauvais de la xénophobie et du racisme qui nous fait suffoquer à nouveau comme jamais depuis la fin de la guerre d'Algérie a en effet un pendant mémoriel dans l'anti-«repentance».

    Une doxa patriotique négationniste qui voudrait effacer tout ce qui entache l'histoire de France et qui considère curieusement toute expression de la vérité, y compris à l’école, comme une dangereuse concession faite à la population française «issue de l'immigration» postcoloniale, à nouveau tenue pour une cinquième colonne. On a pu en constater la vigueur lors de la récente crise d’hystérie identitaire provoquée par une réforme assez anodine des programmes d’histoire au collège.

    Pour un bilan complet du colonialisme

    On fait donc comme si cette histoire n'intéressait que les «minorités» françaises issues de l'immigration postcoloniale. Comme si la colonisation et ses sanglantes répressions n’avaient pas été menées au nom même du peuple français, et par des hommes et des institutions clairement identifiés. Comme si ce n’était pas le droit élémentaire de tous les citoyens, comme aimait à le dire Einaudi, de savoir ce qui fut commis en leur nom. Comme si, une fois la compassion rituellement exprimée, aucune leçon n’était à tirer sur le système dont résultèrent ces explosions de violence coloniale et raciste et dont nous sommes les héritiers.

    L’Allemagne vient de qualifier officiellement de «génocide» les massacres coloniaux qu’elle commit au début du XXe siècle dans l’actuelle Namibie. Pour nous aussi, la reddition des comptes dans un bilan complet du colonialisme est inéluctable et urgente.

    Ce n’est ni d’incantation morale ni de traitement sécuritaire que nous avons besoin, pour que tous aient vraiment part à l’histoire de France. C’est d’honnêteté et de vérité. Celles-ci consisteraient à admettre ce que nous savons fort bien et à en examiner lucidement la portée ; à sortir de l’aphasie française sur l’origine du racisme qui imprègne depuis la fin de l’empire notre société et qui flambe aujourd’hui.

    Dans le colonialisme, la République piétina gravement ses valeurs proclamées. En le reconnaissant, cette République réduirait un tant soit peu l’écart vertigineux entre ce qu’elle prétend être et ce qu’elle est réellement.

    Fabrice Riceputi 

     


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  • Saint-Denis, le 16 décembre 2015

     en mémoire de Fatima Bédar, assassinée

     à 15 ans par la police française

     le 17 octobre 1961

    Les "amis" je vous fais part d'un événement étonnant qui a eu lieu mercredi 16 décembre 2015 dans la ville de Saint-Denis dans le square Fatima Bedar, la plus jeune victime du massacre du 17 octobre 1961. Ce square est situé à 200 mètres de l'écluse du canal Saint-Denis où on a retrouvé son corps et son cartable de collégienne le 31 octobre 1961.
    Nous avons inauguré ce square Fatima Bedar ce 17 octobre 2015 mais la république algérienne a tenu à honorer la mémoire de cette martyre représentée par le ministre de l'intérieur algérien ainsi que l'ambassadeur d'Algérie en France et le consul du département et, fait majeur, la république française était représentée par Madame la sous-préfète de Seine-Saint-Denis qui a déposé une gerbe de fleurs en mémoire de Fatima et des centaines de victimes des exactions policières dirigée par le Préfet Papon. Et voilà ce que j'ai vu:
    La représentante de la république française flanquée de deux officiers de haut grade, les trois en habits de grand apparat, ont salué militairement la mémoire de Fatima et des algériens massacrés par la police.
    Un petit pas pour la politique mais un grand pour la vérité.
    J'ai pensé, à ce moment-là, à Jean-Luc Einaudi et j'ai échangé un sourire avec Djoudi Bedar, le petit frère de Fatima qui se bat inlassablement pour ce travail mémoriel. (J'aurai bientôt les images).Inauguration du jardin Fatima-Bedar   à Saint-Denis  17 octobre 1961 : la commémoration  d’hommage aux victimes de la meurtrière  répression policière *** MISE A JOUR 20/12/2015

    Patrick Karl

     

     

     

    Inauguration du jardin Fatima-Bedar   à Saint-Denis  17 octobre 1961: la commémoration  d’hommage aux victimes de la meurtrière  répression policière prendra cette année   un caractère particulier.

    Inauguration du jardin Fatima-Bedar

     à Saint-Denis

    17 octobre 1961: la commémoration

    d’hommage aux victimes de la meurtrière

    répression policière prendra cette année

     un caractère particulier.

    (A suivre... l'inauguration)

    Saint-Denis, depuis une quinzaine d’années, rend hommage aux Algériens assassinés par la police française le 17 octobre 1961 à Paris, mais aussi en banlieue comme dans le quartier Gare à proximité du canal. En 2007, le conseil municipal a donné le nom de place des Victimes-du-17-octobre-1961 au parvis est de la gare. Samedi 17 octobre, la commémoration se fera en deux temps et prendra un éclat particulier. Après la cérémonie traditionnelle à 11h sur l’esplanade, avec les discours du maire, du consul d’Algérie et de représentants d’association comme le Cercle de réflexion citoyen, les participants se rendront en cortège au niveau du 4, quai de Seine, dans le nouveau quartier Néaucité. Là, à 11h30, le jardin Fatima-Bedar sera inauguré. 

    Ce square, financé par le groupe Brémond et réalisé en partenariat avec Plaine Commune, portera le nom de cette jeune fille de 15 ans qui avait vécu à Stains, puis à Aubervilliers, et qui étudiait à Saint-Denis quand son corps a été retrouvé dans le canal Saint-Denis. Le 17 octobre 1961, pour protester contre le couvre-feu frappant les Algériens, Fatima avait bravé l’interdit parental de manifester. C’est en 2012 que le choix de son nom a été arrêté après une consultation des Dionysiens visant à mettre en avant le rôle des femmes sur les plaques des rues de ce nouveau quartier. Pour l’inauguration, Djoudi Bedar, son frère de dix ans son cadet, sera évidemment présent. Didier Daeninckx, l’écrivain du célèbre Meurtre pour mémoire sera là aussi tout comme Patrick Karl, auteur et réalisateur de théâtre qui a écrit Octobre 61, j’ai vu un chien. Avec trois comédiens, il jouera des extraits de cette pièce qui traite l’histoire emblématique de cette enfant.

     

    D.Sz

     

    Un lieu, une inscription :

    La plaque du 17 octobre 1961 à Saint-Denis

    Inauguration du jardin Fatima-Bedar   à Saint-Denis  17 octobre 1961: la commémoration  d’hommage aux victimes de la meurtrière  répression policière prendra cette année   un caractère particulier.

    Saint-Denis. La plaque en hommage aux victimes du 17 octobre 1961. (LP/N.P.)

    La plaque fut posée en mars 2007 sur la passerelle qui passe au-dessus du canal à Saint-Denis et rejoint le parvis de la gare. Elle rappelle ce jour tragique du 17 octobre 1961. La manifestation des Algériens en faveur de l’indépendance fut réprimée dans le sang.

    Le nombre exact de victimes n’a jamais pu être établi. On sait que des cadavres furent retrouvés dans la Seine et dans le canal de Saint-Denis — notamment une jeune fille d’Aubervilliers, âgée de 15 ans à peine, Fatima Bedar. L’événement, effacé de la mémoire officielle, est désormais célébré chaque automne. A Saint-Denis, on jette des roses dans le canal en souvenir des victimes.

     

    Inauguration du jardin Fatima-Bedar   à Saint-Denis  17 octobre 1961: la commémoration  d’hommage aux victimes de la meurtrière  répression policière prendra cette année   un caractère particulier.

    31 octobre 1961 : Fatima Bedar, collégienne, noyée par la police, est retrouvée dans le canal Saint-Denis

    Témoignage du petit frère et de la petite soeur de Fatima 

    Ce soir, (17 octobre 1961) Fatima n’est pas à la maison. Adolescente à la longue chevelure très brune, toujours bien habillée. Fatima a 15 ans depuis le mois d’août. Elle est née en Algérie, à Bougie. C’est à l’âge de 5 ans qu’elle est venue en France, avec sa mère. Son père, Hocine, est ouvrier à Gaz de France. Fait prisonnier en 1940, il s’est évadé et a participé à la campagne d’Italie. Il a été démobilisé en 1945. En France, Fatima a eu deux sœurs et un frère. La famille a d’abord habité Sarcelles et, cette année, elle vient de s’installer à Stains.

    Fatima est l’aînée. Elle aide beaucoup sa mère à la maison, s’occupe des plus petits. Aux yeux de sa sœur, Louisa, elle fait figure de véritable femme. Souvent, elle accompagne son petit frère, Djoudi, à l’école maternelle. Il est émerveillé par ses gros dictionnaires. Elle est élève du collège commercial et industriel féminin, rue des Boucheries, à Saint-Denis.

    Ce matin, Fatima et sa mère se sont vivement disputées. Les parents de la jeune fille ne voulaient pas qu’elle aille aux manifestations. Le ton monte : sa mère, très énervée, a jeté quelque chose dans sa direction. Elle a voulu retenir sa fille. Louisa a vu sa grande sœur partir en courant. Ni le lendemain ni les autres jours Fatima ne reviendra à la maison. Chaque matin, son père partira de bonne heure pour la chercher.

    Souvent, sa mère emmènera Djoudi dans les rues de Stains, à sa recherche. Et puis, un soir, le père rentrera à la maison, le cartable de Fatima à la main. Le 31 octobre, on retrouvera le corps de Fatima, noyé dans le canal de Saint-Denis.

    Qui a tué Fatima Bédar ? On ne le saura jamais. Mais ce que l’on sait, c’est qu’au commissariat de Saint-Denis au poste de police de Stains, dépendant de Saint-Denis, des policiers avaient, depuis des semaines, pris l’habitude de jeter les gens dans le canal et dans la Seine.

    Enquête El Moudjahid

    Jetée à la Seine le 17 octobre 1961 

    Née à Bejaïa, en petite Kabylie, Fatima était la fille d’un ouvrier à Gaz de France, Hocine Bedar. Cette élève au Collège commercial et industriel féminin, rue des Boucheries, à Saint-Denis, avait 15 ans lorsqu’elle fut noyée, le 17 octobre 1961, par la police, comme de nombreux Algériens.

    La jeune collégienne avait de qui tenir. Son père, Hocine Bedar, mobilisé au début de la seconde guerre mondiale, a été fait prisonnier en 1940. Le jeune soldat s’évade, rejoint le forces françaises et participe à la libération, dans la campagne d’Italie, puis en France, au sein des tirailleurs algériens, avant d’être démobilisé en 1945.

    A la Libération, Hocine Bédar, qui s’installe à Stains, puis à Sarcelles, fait venir sa famille, avant que la guerre d’Algérie ne le rattrape. Fatima avait cinq ans à son arrivée en France. Elle grandit au sein d’une famille de militants nationalistes, son père milite à la fédération de France du FLN.

    Cette jeune fille n’avait rien d’une avant-gardiste, d’une militante née avant l’heure. Mais quand le FLN lance son appel à une manifestation pacifique, elle brave l’interdit parental pour y prendre part.

    Faisant mine de se rendre au collège, emportant avec elle son cartable, la jeune fille se rend à la manifestation. Elle n’en reviendra jamais. Le 31 octobre 1961, on retrouvera le corps de la jeune collégienne noyé dans la canal de Saint-Denis.

    A l’instar de nombreux Algériens, elle a été victime de la répression ordonnée par Maurice Papon. « Mon père a combattu pour la France durant la seconde guerre mondiale, on lui a enlevé sa fille » a déclaré, Djoudi, le frère de Fatima. C’est dire.

    Hassane Zerrouky

    Inauguration du jardin Fatima-Bedar   à Saint-Denis  17 octobre 1961: la commémoration  d’hommage aux victimes de la meurtrière  répression policière prendra cette année   un caractère particulier.

    Fatima Bedar, fille de tirailleur algérien, "noyée" le 17 octobre 1961

     

    C’est l’une des nombreuses victimes de la répression du 17 octobre 1961. Le corps sans vie de Fatima, 15 ans, est retrouvé dans le canal de Saint-Denis le 31 octobre 1961. Témoignage de Djoudi Bedar, le frère de la victime. 

    Fatima avait 15 ans en octobre 1961. Son frère Djoudi avait 5 et demi. Il se souvient très bien de sa sœur : “C’est elle qui m’accompagnait chaque matin à l’école. Elle avait de très longs cheveux noirs. Je me souviens de son cartable et de ses livres. J’étais émerveillé à l’époque par ses gros livres et ses gros dictionnaires”. En 1946, leur père arrive en France pour travailler. Il vit dans des hôtels comme de nombreux travailleurs. En 1951, il construit un baraquement au sein du bidonville Pleyel à Saint-Denis. Puis, il fait venir sa fille Fatima et sa femme. En 1954, il a les moyens d’acheter une habitation en dur à Aubervilliers : “Je suis né dans cette maison en 1956. Nous avons ensuite habité à Sarcelles en 1959-1960 pour enfin arriver en avril 1961 à Stains dans le quartier de l’Avenir. Nous étions voisins avec Monsieur Beaumale, le maire actuel de la ville” ajoute Djoudi. Fatima accompagne chaque matin Djoudi à l’école. Elle étudie au collège industriel et commercial féminin rue des Boucheries, à Saint-Denis.

    Octobre 1961. Fatima Bedar veut répondre à l’appel lancé par la fédération de France du Front de Libération Nationale (FLN) pour se rendre à la marche pacifique afin de lutter contre le couvre-feu raciste instauré par le Préfet de police Maurice Papon, sous la présidence du Général de Gaule. Djoudi confie : “Mon père soutenait le mouvement de l’indépendance en Algérie, il se rendait régulièrement à des réunions clandestines du FLN, accompagné parfois de ma sœur Fatima ou de mon autre grande sœur qui avait dix ans et demi. C’est sûrement dans ces réunions que ma sœur, qui comprenait le kabyle, connaissait exactement l’intention des Algériens de l’époque et leurs difficiles conditions de vie et de travail en région parisienne.”

    Le matin même du  17 octobre, Djoudi assiste à une brève altercation entre sa mère et Fatima qui souhaite se rendre à la manifestation le soir du 17. “Mes parents y étaient opposés puisque c’était elle qui devait nous garder à la maison. Nous étions sept frères et sœurs. Mes parents devaient se rendre à cette manifestation pacifique. Elle n’en a fait qu’à sa tête, et le 17 au soir, elle n’est pas rentrée à la maison. Mes parents ont commencé à s’affoler. Ils se sont d’abord rendus dans les différents lieux qu’elle fréquentait, notamment chez les cousines et cousins. Mais impossible de savoir où elle était” se souvient-il. Le père de Fatima ne va pas immédiatement au commissariat à cause de l’ambiance bouillante qui règne alors. Ils attendent chez eux le retour de Fatima. Le lendemain, il se rend au commissariat de Stains et Saint-Denis pour signaler sa disparition. “Mon père a été très mal reçu par la police avec des insultes, des bousculades ainsi que des coups. La police lui a dit qu’elle n’avait pas de nouvelles. Le 18 octobre 1961, mon père a déposé une déclaration de disparition au sujet de ma sœur”.

    “Mon père a été invité à regarder l’ensemble des corps pour reconnaître celui de ma sœur” 

    Quinze jours durant, le père de Fatima, aidé d’un cousin et de sa femme française, essaient d’avoir plus d’informations en se rendant dans plusieurs commissariats, notamment, celui du 8e arrondissement pour demander de faire une recherche nationale. “Pendant quinze jours, ma mère me prenait par la main. Je me souviens, comme si s’était hier, des rues qu’on arpentait dans les villes de Saint-Denis mais surtout celles  de Stains : rue des Hucailles, Aristide Briand, Jean Jaurès et rue du Repos…  Je me demandais pourquoi ma mère me ramenait tous les jours comme cela et je la voyais pleurer et prier durant ces deux semaines. Mais le 31 octobre, mon père est arrivé à la maison avec le cartable de Fatima à la main en annonçant la nouvelle : ma sœur avait été retrouvée noyée dans le canal de Saint-Denis” livre Djoudi. Le père de Fatima a été convoqué par le commissariat de Saint-Denis à 8h30. Djoudi explique : “On lui a signalé que le corps d’une femme avait été découvert et qu’il pouvait s’agir de sa fille”. C’est un éclusier de Saint-Denis qui a découvert le corps de Fatima. “Elle était agrippée, les jambes coincées dans la grille de la turbine de cette écluse. L’éclusier a donc appelé les pompiers et la police » ajoute t-il.

    Le père de Fatima s’est donc rendu à l’institut médico-légal de Paris. “Arrivé là-bas, il a eu droit à une fouille au corps. Puis, on l’a fait entrer dans une grande salle où il y avait entre une quinzaine et une vingtaine de corps allongés à même le sol dans des sacs plastiques. C’étaient des corps d’Algériens qui ont été repêchés dans le canal. Mon père a été invité à regarder l’ensemble des corps pour reconnaître celui de ma sœur. Il a regardé les corps un par un pour arriver sur celui de Fatima. Elle était méconnaissable. Elle était gonflée et de couleur violette. Il a reconnu sa fille grâce à ses longs cheveux noirs”. Les policiers ont conclu à un suicide. “Ce n’était pas le cas, ma sœur n’avait aucune raison de se suicider. Elle était pleine de vie. A l’époque, c’était l’omerta ! Mon père était sous la pression de la police, ils ont fini par le faire signer un procès verbal dans lequel une petite histoire a été racontée” explique Djoudi.

    Fatima a été enterrée le 3 novembre 1961 au cimetière communal de la ville de Stains en présence de camarades de classe, de professeur ainsi que de la directrice. “A partir de ce jour là, ça a été le black out total. Une chape de plomb s’est posée sur ma famille et sur les événements du 17 octobre 1961. Moi, je ne voyais plus ma sœur me déposer à l’école. Je demandais à mes parents et à mes sœurs ou était Fatima. Ils me répondaient qu’elle ne reviendrait jamais. Pendant vingt ans, nos familles ont occulté ces événements. Nous ne savions pas dans quelles conditions Fatima avait disparu. Mes sœurs avaient entendu parler des événements qui ont eu lieu à Charonne car ceux- ci avaient été médiatisés. Nous avons finalement conclu que Fatima s’était rendue à cette manifestation dans laquelle il y avait eu des morts” raconte t-il.

    Meurtres pour mémoire 

    La Famille Bedar connaîtra la vérité sur la mort de Fatima des années plus tard : “Didier Daeninckx a écrit un article dans le journal L’Humanité en 1986, deux ans après la publication de son roman “Meurtres pour mémoire”. Ce roman revient justement sur les événements du 17 octobre 1961. C’était la première fois qu’on en parlait”. Sa sœur Louisa travaillait  à EDF en tant que secrétaire de direction. C’est une collègue de travail qui a lu l’article de ce journal. “En lisant le nom  Bedar, elle a demandé à Louisa si c’était sa sœur. Etonnée, elle a immédiatement  écrit à Didier Daeninckx afin de lui demander ce qui le faisait croire que sa sœur était morte durant les événements du 17 octobre 1961″. Didier Daeninckx a contacté l’historien Jean-Luc Einaudi qui connaissait bien ce sujet pour y avoir travaillé depuis plusieurs années. Djoudi expose :”A partir de là, Jean-Luc Einaudi m’a contacté pour essayer d’avoir un témoignage. Je lui ai donc donné le 27 décembre 1987, ainsi que ma sœur Louisa en janvier 1988. Je suis resté en contact permanent avec Jean-Luc Einaudi qui a fait d’autres recherches notamment dans les cimetières, l’institut médico-légal. Il a également contacté l’éclusier, la directrice du collège de Fatima mais aussi ses camarades de classe, en vain car ces personnes étaient décédées pour la plupart. Par la suite, nous avons pu contacter une amie de sa classe qui a accepté de témoigner. Cette amie nous a affirmé qu’il était fort possible que Fatima ait participé à la manifestation du 17 octobre. Cette amie s’y était elle-même rendue avec sa mère. Ce témoignage était important car il contredisait complètement un autre témoignage qui était indiqué dans le rapport de police de l’époque”.

    Jean-Luc Einaudi a souhaité obtenir les témoignages des parents de Fatima. Mais, Djoudi ne savait pas trop s’ils devaient leur en parler : “Evoquer ces événements à mes parents les rendraient encore plus tristes. Après le drame de 1961, ma mère est tombée malade et s’est rendue dans plusieurs maisons de repos. Elle a eu toutes les maladies possibles et imaginables. Toutes ces maladies l’ont suivi jusqu’à sa mort, en 2003. J’ai posé la question à mon père qui m’a dit de laisser tomber car rien ne pouvait faire revenir ma soeur. A la suite du drame, mon père ne voulait plus entendre parler de cette histoire.”

    “Fatima est morte à l’époque où les policiers français jetaient les Algériens à la Seine” 

    Adolescents, Djoudi et ses sœurs allaient régulièrement au cimetière. Ses sœurs posaient des questions à leur mère pour essayer d’en savoir un peu plus. Elle répondait simplement : “Fatima est morte à l’époque où les policiers français jetaient les Algériens à la Seine”. Djoudi ajoute, “Pour la police, il n’y a eu que deux morts officiellement durant la manifestation. Par la suite, 200 à 300 cadavres ont été découverts. Il y a eu plus de 300 disparus. Pour la police, ces cadavres étaient ceux d’Algériens qui ont bizarrement  décidé comme ma  sœur le 17 octobre 1961 de se donner la mort, ou bien de gens qui ont été victimes de règlement de compte entre le MNA et le FLN. On sait très bien que tous ces morts là sont décédés le 17, 18 ou 19 octobre 1961 et que les corps ont été balancés dans la Seine. Beaucoup de corps n’ont jamais été retrouvés. Certains ont été transportés par le courant jusqu’à Rouen et au Havre, voire même jusqu’à la mer”.

    Le 17 octobre 2006, la famille Bedar  a décidé d’exhumer le corps de Fatima pour le rapatrier en Algérie afin de l’inhumer au carré des martyrs. Pour Djoudi ” il est important pour ma famille que Fatima soit enterrée dans sa terre natale.” En 2012, François Hollande, lors du 51e  anniversaire des événements du 17 octobre 1961, a reconnu dans un communiqué de presse que “le 17 octobre 1961, des Algériens qui manifestaient pour le droit à l’indépendance ont été tués lors d’une sanglante répression. La République reconnaît avec lucidité ces faits. Cinquante et un ans après cette tragédie, je rends hommage à la mémoire des victimes”. Djoudi salue cette reconnaissance, “elle permet à ma famille de tourner une page, pas de la déchirer, mais simplement de la tourner et de commencer le véritable deuil “.

    Fille de tirailleur algérien 

    Pour comprendre l’histoire de Fatima, il faut aussi s’intéresser à celle du père. Il est né en 1917 en petite Kabylie. A son adolescence, il travaillait dans les champs pour le compte de colons. “Etant jeune homme, il a voulu faire autre chose et est parti à Bougie (aujourd’hui, Bejaïa) pour travailler en cuisine. En 1938, les gendarmes sont venus le chercher au village pour qu’il effectue son service militaire.”, à la caserne de Constantine de 1938 à 1940. A la seconde guerre mondiale, l’Armée française l’amène en France pour y faire la guerre.” Il n’a pas combattu longtemps car le 17 juin 1940 son unité a été faite prisonnière par les Allemands. Il est resté en captivité dans le camp de Chevagnes, dans l’Allier, durant un an. Comme, il savait cuisiner, on l’a mis dans les cuisines du camp pour préparer les repas des gardes Allemands et des SS” confie Djoudi.

    Le 21 juillet 1941 après un an de captivité, son père s’échappe. Djoudi raconte : “Il se rendait au village du coin qui se trouvait à proximité du camp pour faire le réapprovisionnement. Il a profité de l’inattention de ses  gardes pour entrer dans l’église qui se trouvait tout près de son lieu de détention. En voyant mon père, le curé lui a donné des vêtements de civils et un vélo pour qu’il puisse s’évader et arriver à joindre la ligne de démarcation. C’est une fois qu’il a réussi à dépasser cette ligne qu’il a pu être rapatrié en Algérie. Mais il a été mobilisé une seconde fois en 1943 pour être muté au sein du troisième régiment de tirailleurs algériens de l’infanterie du Général de Monsabert. Et c’est au sein de ce régiment qu’il a participé au combat en Tunisie et à la campagne d’Italie avec les batailles de Sienne et de Rome. Puis le 15 août 1944, il a embarqué en Italie avec son unité du troisième régiment de tirailleurs algériens pour débarquer à Saint-Tropez “.

    Des villes comme Toulon et Marseille ont pu être libérées grâce à la participation dans les combats du troisième régiment des tirailleurs algériens. “Son unité a aussi poursuivi les Allemands à travers les Alpes et le Jura et s’est battue dans les Vosges et en Alsace. Mon père m’a dit qu’il avait beaucoup souffert du froid et de la neige dans cette région. Il a terminé ses combats en mai 1945 à Stuttgart en Allemagne. Bon nombre de ses camarades sont retournés en Algérie en 1945. Ils ont retrouvé leurs familles complètement décimées par un autre massacre qui avait eu lieu à l’époque, le 8 mai 1945, jour de capitulation nazi. Mon père, en fin de compte, était en quelque sorte en sursis car seize ans après Sétif, la France coloniale lui a enlevé sa fille” conclut Djoudi.

    Née en 1946, Fatima serait aujourd’hui  âgée de 67 ans. Elle a disparu, comme des centaines d’autres Algériens un certain 17 octobre pour avoir osé défier l’interdiction de sortir après de 20h30. Fatima souhaitait simplement que les droits des Algériens soient reconnus en France et que l’Algérie devienne un pays indépendant.

    Hana Ferroudj


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  • Danièle Delorme est décédée samedi 17 octobre 2015… Plusieurs aspects de la vie et de la carrière de la comédienne sont méconnus...

    Danièle Delorme est décédée samedi 17 octobre 2015… Plusieurs aspects de la vie et de la carrière de la comédienne sont méconnus...

    Elle est décédée samedi dans son sommeil mais sa disparition n’a été annoncée publiquement que ce lundi. Danièle Delorme avait 89 ans. L’actrice laissera dans la mémoire collective des Français ses rôles dans Colette, Voici le temps des assassins ou Nous irons tous au paradis. Mais certains aspects de sa vie et de sa carrière demeurent méconnus du grand public.

    Danièle Delorme est un pseudonyme 

    Pour l’état civil, elle est Gabrielle Girard, née le 9 octobre 1926. Elle a opté pour le pseudonyme Danièle Delorme – Danièle est son deuxième prénom – afin de fuir la Gestapo, indique Première. Durant la Seconde Guerre mondiale, son père, le peintre et affichiste André Girard, avait créé un réseau de résistance, le réseau CARTE, l’un des plus importants de la zone sud de la France.

    Danièle Delorme  a été une femme engagée 

    Danièle Delorme a signé le Manifeste des 121. Ce texte, paru en septembre 1960 dans le magazine Vérité-Liberté, est titré Déclaration sur le droit à l’insoumission dans la guerre d’Algérie. Les signataires, des artistes aussi bien que des intellectuels, prenaient position contre la guerre d’Algérie et pour son indépendance. « La cause du peuple algérien, qui contribue de façon décisive à ruiner le système colonial, est la cause de tous les hommes libres », stipule le manifeste. Par ailleurs, Danièle Delorme était membre du comité d’honneur de l’ADMD, l’Association pour le droit à mourir dans la dignité.

    Comme Danièle Delorme, François Maspero qui est décédé en avril 2015 nous expliquait ce qu’est le Manifeste des 121. Il fut un éditeur courageux, risquant saisies et inculpations, pour s'opposer à la guerre d'Algérie, défendre l'objectif d'indépendance, et soutenir les insoumis.
    C'est à ce titre qu'il s'associa au Manifeste des 121, signé début 1961 par de nombreuses personnalités des universités, de la presse, de l'art, de l'édition et du spectacle.

    Lorsqu’il  est décédé j’avais mis en ligne cet article :

    http://micheldandelot1.eklablog.fr/deces-de-l-editeur-et-ecrivain-francois-maspero-a-83-ans-message-d-hub-a117230986


    Cet extrait concerne son interview dans le film de Mehdi Lallaoui consacré au Manifeste des 121.

     


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  • Granville  : Evénements du 17 octobre 1961. La Ligue des droits de l'Homme commémore

    Granville (Manche)

       Evénements du 17 octobre 1961

    La Ligue des Droits de l'Homme commémore

     

    Une quarantaine de personnes ont participé ce samedi 17 octobre 2015 au rassemblement devant la mairie puis à la marche vers le bassin du port où des fleurs ont été jetées symboliquement.

    17 octobre 1961 : aujourd’hui… qui se souvient ? ». C’est par cet appel que la Ligue des Droits de l’Homme (LDH) de Granville a commémoré les évenements du 17 octobre 1961.

    Ce jour-là, des dizaines de milliers d’Algériens manifestaient pacifiquement en habit du dimanche et sans armes, avec femmes et enfants à Paris contre le couvre-feu discriminatoire qui leur avait été imposé par le préfet de Police de Paris, Maurice Papon », a rappelé Françoise Verdier, la présidente de la section de Granville, devant la mairie, samedi à 10 h, où une quarantaine de personnes ont participé au rassemblement. « Ce jour-là, et les jours qui suivirent, des milliers de manifestants furent arrêtés, emprisonnés, torturés, notamment par la force de Police auxiliaire. Des centaines perdirent la vie […] Des corps jetés à la Seine furent retrouvés à Rouen, les mains attachées dans le dos avec du fil électrique. […] »

    La LDH réclame notamment la création d’un lieu de mémoire, l’accès des historiens aux archives. Elle veut que soit condamnée toute complaisance vis-à-vis de l’OAS et des nostalgiques de l’ordre national, que soit refuser les discours xénophobes, racistes et colonialistes.

    SOURCE : http://www.ouest-france.fr/evenements-du-17-octobre-1961-la-ligue-des-droits-de-lhomme-commemore-3773735

     
    Commémoration des événements du 17 octobre 1961 par OuestFranceFR



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  • Le 17 octobre 1961 : un crime d’État trop longtemps occulté !

      17-octobre-1961-euroalgerie

     

    Durant les dernières années de la guerre d’Algérie, les Algériens de France étaient soumis à la loi d’un couvre-feu qui leur était spécialement appliqué. Ils n’avaient pas le droit de sortir entre 20h30 et 5h30. Les cafés et restaurants dont ils étaient propriétaires devaient fermer à 19h. Face à ces pratiques et restrictions discriminatoires, plus de 30 000 algériens avaient décidé, le 17 octobre 1961, de manifester pacifiquement dans les rues de la capitale française.

    Ce jour-là, ils étaient loin d’imaginer que Maurice PAPON, connu pour avoir été fidèle fonctionnaire et serviteur zélé du régime de VICHY sous l’occupation nazie lors de la deuxième guerre mondiale, devenu Préfet de Police de Paris, allait ordonner une répression sauvage et sanguinaire pour stopper leur marche pour la dignité et la liberté.

    La décision de Maurice PAPON avait-elle reçu, à l’époque, l’aval des plus hautes autorités de l’État ? La réponse relève encore aujourd’hui de l’énigme …et de l’amnésie politiquement entretenue.

    Toujours est-il que 54 ans après, tous les citoyens français, la diaspora algérienne en France et notamment sa jeunesse française d’origine algérienne, aimeraient savoir pourquoi, dans la capitale du « pays des droits de l’homme et du citoyen » et de la Révolution de 1789, plus de 11 000 Algériens furent arrêtés et plus de 200 d’entre eux furent tués et jetés dans la Seine le jour du 17 octobre 1961.

    Au même titre que d’autres pays européens, la France reste encore confronté aux dates sombres de son passé. Ailleurs, comme par exemple en Belgique, un véritable débat a été ouvert pour mieux regarder le passé colonial en face et l’assumer.

    Au Royaume-Uni, le Gouvernement de David CAMERON vient de prendre une importante décision qui risque de faire jurisprudence pour tous les pays d’Europe qui ont été colonisateurs.

    Au-delà des mots dits ou tus au nom de tous les citoyens de la République française, la jeunesse française d’origine algérienne de notre diaspora en France attend des Représentants de la Nation, du Gouvernement et du Président de la République – Monsieur François HOLLANDE, un acte politique fort, de la même portée historique que le discours du Vel d’Hiv, prononcé par l’ancien Président de la République – Monsieur Jacques CHIRAC -, reconnaissant pour la première fois, au nom du peuple français, et après des années de tergiversation, sa responsabilité dans la déportation des juifs par le régime de Vichy.

    Cette demande est d’autant plus légitime pour le crime d’État commis le 17 octobre 1961 que la France ne peut pas ignorer la décision du Gouvernement de sa majesté britannique qui vient de signer la fin d’un combat judiciaire qui aura duré plusieurs années. En effet, Londres s’est engagé à financer l’érection au Kenya d’un monument du Souvenir et les 5.228 victimes africaines défendues par le cabinet d’avocats londonien Leigh DAY à toucher la somme de 19,9 millions de livres (23,5 millions d’euros) que l’État de Grande-Bretagne devra leur verser en guise de réparation.

    C’est, en effet, en octobre 2012 que la Haute cour de Londres avait autorisé trois anciennes victimes, à poursuivre le gouvernement du Royaume-Uni après que ce dernier eut tenté, en vain, de plaider la prescription de l’action pour des faits remontant aux années 50.

    Si vous n’avez jamais entendu parler de la révolte des Mau-Mau, il y a des fortes chances que l’accord qui a sanctionné le règlement du différend dont il est question ne vous dise pas grand-chose. Il est encore plus plausible que vous ne sachiez pas qui sont ces victimes qui viennent de remporter une victoire sans précédent contre un ancien État colonisateur devant ses propres juges, ni de quels abus se sont rendues coupables les forces impériales britanniques au cours de la décennie qui accoucha de l’indépendance du Kenya en 1963.

    Les réparations que s’apprête à verser le gouvernement de David CAMERON concernent les survivants et les ayants cause des victimes tombées sous la répression menée par les forces britanniques contre les membres du mouvement de résistance anti-coloniale Mau-Mau et contre les personnes soupçonnées de fournir une aide directe ou indirecte à ces derniers.

    Malgré tout cela, il semble que l’État français ne semble pas pressé de rétablir la vérité sur des crimes et des atrocités, commis en son nom, ou sur la domination barbare du système colonial en Algérie qui doit être présentée, sans maquillage, à tous les Français pour que la mémoire de ses victimes ne soit plus insultée par tous ceux qui veulent la minimiser, l’occulter et même la valoriser.

    Il ne s’agit pas de tomber dans le piège de la critique stérile de la France ou de son peuple. Il ne s’agit pas non plus d’évoquer une forme de repentance d’opportunité ou qui serait ritualisée. Mais même si la France n’a pas eu le monopole de la brutalité criminelle du colonialisme qui a sévit un peu partout dans le monde, il est légitime pour l’écrasante majorité des citoyens de sa république de demander qu’on arrête de leur mentir ainsi qu’à leurs enfants au sujet des crimes et des atrocités engendrés et perpétrés par le système colonial en Algérie.

    L’histoire et le passé d’un pays ou d’un peuple ne s’effacent pas. Il doit être tout simplement expliqué et assumé. Surtout lorsque le devoir de mémoire l’exige.

    Lors de son voyage officiel en Algérie du 19 et 20 décembre 2012, le Président François HOLLANDE, déclara au nom du peuple français, dans un discours historique devant les deux chambres du Parlement algérien, « qu’il reconnaissait les souffrances que la colonisation a infligées au peuple algérien(…), pendant 132 ans. L’Algérie, a-t-il tenu à affirmer, a été soumise à un système profondément injuste et brutal ».

    Toujours devant les parlementaires algériens, il précisa également que : «la relation franco-algérienne à laquelle il aspire au nom de la France, doit reposer sur un «socle de vérité» car «rien ne se construit sur des dissimulations, dans l’oubli ou le déni». Et cette vérité, a-t-il encore souligné, passe par la reconnaissance «des injustices», «des massacre» et de «la torture».

    Parmi ces massacres et ces crimes, celui du 17 octobre 1961 est d’autant plus et à jamais imprescriptible parce qu’il s’agit, d’après beaucoup d’historiens, d’un véritable crime d’État.

     

    Pour le Président de la République – Monsieur François HOLLANDE :

     

    « Le 17 octobre 1961, des Algériens qui manifestaient pour le droit à l’indépendance ont été tués lors d’une sanglante répression. La République reconnaît avec lucidité ces faits. Cinquante et un ans après cette tragédie, je rends hommage à la mémoire des victimes. »

     

    Ces centaines d’algériens évoqués par le Président de la République française, alors qu’ils manifestaient pacifiquement en portant fièrement la vie, élevée au rang sacrée de valeur humaine et universelle à défendre pour qu’elle soit toujours libre et digne pour tous, ont été sauvagement massacrés sur ordre du Préfet de Police – Maurice PAPON, donc au nom de l’État français.

    Il ne faut plus qu’il continue d’être broyé par l’oubli devenu aujourd’hui impossible parce que le cri de leur douleur et de leur supplice résonne encore dans les eaux de la Seine et au-delà.

    Leur cri est notre cri à tous, Algériens et Français. C’est le cri, soutenu par une exigence citoyenne de vérité, pour que soit interrogée la politique de l’amnésie sur le crime d’État dont ils ont été les victimes et que soit également soulevée la question des pratiques de l’État français vis à vis des algériens à cette époque.

    Beaucoup de ces Algériens, massacrés le 17 octobre 1961, avaient eux-mêmes ou leur parents été mobilisés durant la Guerre 1939-1945 et firent l’objet de nombreux reportages vantant cette « force nouvelle », venue d’Algérie, capable de vaincre le nazisme et le fascisme.

    Ne plus laisser l’oubli et l’indifférence les exterminer à nouveau, c’est faire œuvre de justice, honorer tous les combats pour la liberté et la dignité, tous les combats contre le nazisme et le fascisme

    Ne plus ignorer le crime, commis par un haut fonctionnaire de l’État le 17 octobre 1961, c’est aider tous les Français à regarder en face les pages, noires ou tachées de sang, de leur histoire car il s’agit, comme l’avait si bien formulé l’ancien Président de la République – Jacques CHIRAC :

     

    « Témoigner encore et encore. Reconnaître les fautes du passé, et les fautes commises par l’État », car « Ne rien occulter des heures sombres de notre Histoire, c’est tout simplement défendre une idée de l’Homme, de sa liberté, de sa dignité ».

     

    Alliance Nationale des Associations des Algériens de France – ANAAF

     

    SOURCE : http://www.euroalgerie.org/2015/10/14/le-17-octobre-1961-un-crime-detat-trop-longtemps-occulte/

     


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  • Vérité et Justice pour les victimes  des massacres du 17 octobre 1961

     

    SOURCE : http://ldh-toulon.net/Verite-et-Justice-pour-les,6481.html

     

    Vérité et Justice pour les victimes

    des massacres du 17 octobre 1961


    Comme chaque année à pareille époque, la commémoration des massacres du 17 octobre 1961 à Paris donne lieu à des manifestations. En particulier à Paris :

     

    Rassemblement le 17 octobre 2015, à 17h30

    au Pont Saint-Michel

     

    Vérité et Justice

    Le 17 octobre 1961, des dizaines de milliers d’Algériens manifestaient pacifiquement à Paris contre le couvre-feu discriminatoire qui leur avait été imposé par Maurice Papon, préfet de police de Paris et le Gouvernement de l’époque. Ils défendaient leur droit à l’égalité, leur droit à l’indépendance et le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Ce jour-là, et les jours qui suivirent, des milliers de ces manifestants furent arrêtés, emprisonnés, torturés – notamment par la « force de police auxiliaire » – ou, pour nombre d’entre eux, refoulés en Algérie. Des centaines perdirent la vie, victimes d’une violence et d’une brutalité extrêmes des forces de police.

    54 ans après, la Vérité est en marche. Cependant, la France n’a toujours pas reconnu sa responsabilité dans les guerres coloniales qu’elle a menées, - en particulier la Guerre d’Algérie - non plus que dans le cortège de drames et d’horreurs qu’elles ont entraînés, comme ce crime d’État que constitue le 17 octobre 1961. Le 17 octobre 2012, le Président de la République a certes fait un premier pas important, en déclarant «  Le 17 octobre 1961, des Algériens qui manifestaient pour le droit à l’indépendance ont été tués lors d’une sanglante répression. La République reconnaît avec lucidité ces faits. Cinquante et un ans après cette tragédie, je rends hommage à la mémoire des victimes.  » Mais le terme de crime n’est pas repris, et la responsabilité, sous entendue, n’est pas clairement définie.

    Nous demandons une parole claire aux autorités de la République, au moment où certains osent encore aujourd’hui continuer à parler des « bienfaits de la colonisation », à célébrer le putsch des généraux à Alger contre la République, à "honorer" les criminels de l’OAS.

    Dans ce domaine, il est donc nécessaire que des mesures significatives soient prises : 

    • Que la création d’un lieu de mémoire voué à cet évènement, demandée dans la résolution votée par le Sénat en octobre 2012 qui reconnaissait elle aussi ce massacre, soit rapidement mise en œuvre par les autorités de l’État, de la Ville de Paris et la Région Ile-de-France
    • Pour être fidèles à leur mission scientifique, les historiens ont besoin de pouvoir accéder librement aux archives, échapper aux contrôles des pouvoirs ou des groupes de pression et travailler ensemble, avec leurs homologues de l’autre rive de la Méditerranée.
    • La vérité doit être dite sur l’organisation criminelle de l’OAS que certains, comme à Béziers avec le Maire Robert Ménard, et au sein de l’ancienne majorité présidentielle veulent la réhabiliter.

    Ce n’est qu’à ce prix que pourra disparaître la séquelle la plus grave de la Guerre d’Algérie, à savoir le racisme dont sont victimes aujourd’hui nombre de citoyennes et citoyens, ressortissants d’origine maghrébine ou des anciennes colonies, y compris sous la forme de violences policières récurrentes, parfois meurtrières.

    On ne construit pas la démocratie sur des mensonges et des occultations. Après un demi-siècle, il est temps : 

    • Que le Président de la République, au nom de la France, confirme, par un geste symbolique, la reconnaissance et la condamnation de ce crime d’État
    • que l’État français reconnaisse sa responsabilité dans l’internement arbitraire, pendant la Guerre d’Algérie, d’Algériens dans des camps.
    • que l’État français reconnaisse sa responsabilité dans l’abandon des harkis, les massacres et l’enfermement dans les camps en France en 1962.
    • que la liberté d’accès aux archives soit effective pour tous, historiens et citoyens.
    • que la recherche historique sur ces questions soit encouragée, dans un cadre franco-algérien, international et indépendant.

    A l’occasion de ce 54e anniversaire, nous exigeons Vérité et Justice

    Rassemblement le 17 octobre 2015, à 17h30

    au Pont Saint-Michel, à Paris 

     

    Signataires au 9 octobre 2015 : 

    Associations : 4ACG (Anciens Appelés en Algérie et leurs Amis Contre la Guerre), 17 Octobre contre l’oubli, 93 Au Cœur de la République, ACCA (Association contre le Colonialisme Aujourd’hui), Les Amis de Max Marchand, de Mouloud Féraoun et de leurs compagnons, ANPROMEVO (Association Nationale pour la Protection de la Mémoire des Victimes de l’OAS), APVC (Agence de Promotion des Cultures et du Voyage), ARAC (Association Républicaine des Anciens Combattants), Association Rennes-Sétif, Au nom de la Mémoire, Emancipation, FNACA - Paris (Fédération Nationale des Anciens Combattants AFN), LDH (Ligue des Droits de l’Homme), MRAP (Mouvement contre le Racisme et pour l’Amitié entre les Peuples), Les ORANGES, Sortir du Colonialisme

    Syndicats : FSU (Fédération Syndicale Unitaire), SNS (Syndicat national des enseignements du second degré), URIF-CGT (Union Régionale Ile de France de la Confédération Générale du Travail)

    Partis Politiques : PCF (Parti Communiste Français), PG (Parti de Gauche)

    —————————————

    Signature : Tél. 01 56 55 51 00 – Fax : 01 42 55 51 21 — ldh@ldh-france.org 

     


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  • Rivesaltes : cinquante ans après, le camp révèle ses mémoires enfouies *** Le musée-mémorial inauguré vendredi 16 octobre 2015

    En cliquant sur le lien ci-dessous vous pourrez suivre l’inauguration du musée-mémoire de Rivesaltes, en direct à partir de 16 h, aujourd'hui 16 octobre 2015, sur FR3 Languedoc-Roussillon :

    http://france3-regions.francetvinfo.fr/languedoc-roussillon/pyrenees-orientales/perpignan/suivez-en-direct-l-inauguration-du-memorial-du-camp-de-rivesaltes-831133.html

    Rivesaltes : cinquante ans après, le camp révèle ses mémoires enfouies *** Le musée-mémorial inauguré vendredi 16 octobre 2015 *** A 16 h suivez, en direct, l'inauguration

    Rivesaltes : cinquante ans après, le camp révèle ses mémoires enfouies *** Le musée-mémorial inauguré vendredi 16 octobre 2015

    Rivesaltes : cinquante ans après, le camp révèle ses mémoires enfouies

    Rivesaltes : cinquante ans après, le camp révèle ses mémoires enfouies

    Le Premier ministre Manuel Valls inaugure vendredi 16 octobre 2015 le musée-mémorial dans les Pyrénées-Orientales, où échouèrent 60 000 Espagnols, juifs, tziganes et harkis.

    Source AFP

    Cinq décennies après sa fermeture, le Premier ministre Manuel Valls inaugure vendredi le musée-mémorial du camp de Rivesaltes (Pyrénées-Orientales), où échouèrent près de 60 000 Espagnols, juifs, tziganes et harkis, un lieu de mémoires "enfouies" qui entend résonner avec les migrants du XXIe siècle. L'historien Serge Klarsfeld l'a appelé le "Drancy du Sud" mais Rivesaltes n'était pas seulement un camp de déportation de Juifs de France. "C'est un cas unique en Europe", selon Agnès Sajaloli, directrice du mémorial. "C'est le plus grand camp d'internement de l'Europe de l'Ouest, qui recouvre trois guerres : une guerre civile, une guerre coloniale, une guerre mondiale".

    Le site militaire Joffre de 600 hectares est transformé à partir de 1941 en camp pour une dizaine de milliers de républicains espagnols fuyant la dictature de Franco. Très vite, il renferme également 5 000 Juifs, dont la moitié seront déportés en Allemagne, des tziganes puis des collaborateurs et prisonniers de guerre, avant l'arrivée, vingt ans plus tard, de plus de 20 000 harkis au sortir de la guerre d'Algérie. Leur point commun : être des "indésirables" du XXe siècle. "Ce sont toutes des populations considérées comme potentiellement dangereuses", déclare à l'Agence France-Presse Abderahmen Moumen, coauteur avec Nicolas Lebourg de Rivesaltes, le camp de la France (Trabucaire, 2015).

    "Énorme fardeau"

    À Rivesaltes, "on devenait invisibles", se souvient ainsi Fatima Besnaci-Lancou, fille de harki, qui avait 8 ans à son arrivée. Aujourd'hui sexagénaire, Fatima Besnaci-Lancou veut "symboliquement" déposer cet "énorme fardeau" au mémorial, parmi les témoins dont l'exode se projette sur les murs en béton du nouveau musée. "D'un côté, il y a l'histoire, et de l'autre, les porteurs de mémoire, héritiers d'histoires très douloureuses", souligne Pierre Daum, spécialiste du passé colonial. Le musée "regarde le XXe siècle à hauteur d'homme, à hauteur de déplacé, dans le regard de la souffrance des hommes", commente le réalisateur José Alcala, responsable de l'iconographie du mémorial.

    Près de 21 millions d'euros d'investissements et neuf mois de recherches ont été nécessaires pour "tirer les conséquences de l'histoire". "Le plus difficile était de retracer la rudesse des conditions de vie dans le camp, et la répression", affirme-t-il à l'Agence France-Presse. Car dans les baraquements de l'armée, où s'engouffrent les vents violents, les déplacés luttent contre la vermine, la gale, la tuberculose, les maladies liées au manque d'hygiène. Il y a aussi le froid, la faim et le manque d'eau. Et puis les punaises qui "rentraient dans la bouche, dans les oreilles", se rappelle Antonio De la Fuente, républicain espagnol.

    "Seul camp à être encore debout"

    L'architecte du mémorial, Rudy Ricciotti, a voulu témoigner de "la mémoire enfouie". Il a conçu un monolithe de béton "un peu lourd sur la conscience", auquel le visiteur accède par une rampe partiellement enterrée. "C'est aussi le symbole de la destruction de la mémoire", déclare à l'Agence France-Presse Denis Peschanski, qui préside le conseil scientifique du mémorial. "Après la Libération, on avait les camps mais on n'avait pas la mémoire. Depuis 1980, on a la mémoire mais on n'a plus les camps."

    Or, Rivesaltes, fermé officiellement en décembre 1964, est "le seul camp à être encore debout", souligne le directeur de recherches au CNRS, "le seul en France où l'on se rend compte de ce qu'a pu être l'internement". Son inauguration vendredi par le Premier ministre Manuel Valls intervient à peine un mois et demi après la publication de la photo du petit Aylan, enfant syrien retrouvé mort sur une plage turque, qui a secoué les consciences sur l'accueil des réfugiés du XXIe siècle. "Le Syrien d'aujourd'hui n'est pas le juif d'hier, mais les réactions de peur, de rejet et de fermeture des États démocratiques, c'est le même mécanisme", estime Denis Peschanski. "L'histoire convoque le présent et nous éclaire sur l'avenir."

    SOURCE : http://www.lepoint.fr/societe/rivesaltes-cinquante-ans-apres-le-camp-revele-ses-memoires-enfouies-15-10-2015-1973688_23.php 

     

    Des barbelés au mémorial :

    Rivesaltes, l'histoire d'un camp

    Par Anne Jocteur Monrozier, France Bleu Roussillon et France Bleu

    Camp de Rivesaltes, 1941-42 : enfants faisant la queue pour le goûter Camp de Rivesaltes, 1941-42 : enfants faisant la queue pour le goûter - Fonds Auguste Bohny

    Le mémorial de Rivesaltes est inauguré ce vendredi par Manuel Valls avant son ouverture au public le 21 octobre. L'occasion de retracer, en témoignages et en photos, l'histoire de ce camp où ont été internés ou accueillis plus de 60 000 Espagnols, juifs, tsiganes et harkis de 1941 à 1964.

    C'est "un cas unique en Europe", explique Agnès Sajaloli, directrice du mémorial de Rivesaltes (Pyrénées-Orientales). 

    "C'est le plus grand camp d'internement de l'Europe de l'ouest, qui recouvre trois guerres : une guerre civile, une guerre coloniale et une guerre mondiale".

    A partir de 1941, les 600 hectares du site militaire Joffre accueillent aux portes de Perpignan une dizaine de milliers de républicains espagnols fuyant la dictature de Franco.

    A la même époque, il sert de camp d'internement pour quelque 5 000 juifs, dont la moitié seront déportés en Allemagne, et des tsiganes, des collaborateurs ou des prisonniers de guerre.

    Vingt ans plus tard, plus de 20 000 harkis y logeront au sortir de la guerre d'Algérie, avec tous les "indésirables" du XXe siècle. Le camp a été officiellement fermé en 1964. Mais dans la mémoire de ceux qui y ont vécu, la plaie est toujours ouverte.

    Enfants juifs, espagnols et tsiganes dans le camp de Rivesaltes en 1941-1942 - Aucun(e)

    David Korn, interné juif

    David Korn n'a que cinq ans lorsque sa mère et lui, tous deux juifs, sont internés à Rivesaltes. "La tramontane vous arrachait la tête, on se baladait avec des couvertures sur la tête", frissonne-t-il. "Et en été il faisait une chaleur à crever."

    Il se souvient de sa première frayeur, en pleine nuit, en 1941 ou 1942 : "J’ai entendu des cris stridents. Une femme s’était fait attaquer par un rat. Je la vois encore, elle tirait la queue du rat qui lui bouffait le nez, elle était couverte de sang." Les conditions de vie au camp étaient "dégueulasses, y a pas d’autres mots".

    Il se souvient aussi de la faim : "On recevait à manger juste assez pour pas crever de faim." Quand les enfants allaient au réfectoire, il se rappelle qu'il cachait toujours un morceau de pain dans sa culotte pour sa mère. A la sortie, c'était fouille obligatoire et David réussissait toujours à se faufiler et à passer inaperçu grâce à sa petite taille. "Mais je me souviens qu’un enfant de neuf ans s’est fait prendre. Il a reçu une paire de baffes et le gars a jeté le pain par terre. Ça marque."

    Antonio de la Fuente, réfugié espagnol

    La famille De la Fuente a fui le franquisme au début des années 40. Quand sa mère et ses enfants débarquent à Rivesaltes, Antonio a 13 ans. La vie au camp, il la résume ainsi : "Nous avons eu faim, nous avons eu froid et nous avons eu peur." Faim parce que la nourriture était inexistante, froid parce que les hivers étaient rudes et peur car ils étaient sans nouvelles de leurs père, oncle et frères.

    Il se souvient des matinées d'étude avec sa soeur et des jeux avec ses camarades : "Comme tous les enfants du monde, qu’ils soient dans des camps ou ailleurs, on s’occupait en racontant des histoires ou en jouant à saute-mouton, à cache-cache." Féru de billes, Antonio tente même d'en fabriquer avec de la terre glaise, "mais dès qu’on jouait avec, elles se cassaient. Après on a fabriqué un four dans lequel on faisait brûler quelques brindilles et on faisait cuire les billes, elles résistaient un peu mieux."

    Antonio a été marqué par les privations matérielles : "On trouvait pas un clou, même pas un bout de ficelle, rien." Et les privations de nourriture : "Normalement nous avions droit à 300 à 400 grammes de pain, mais ce n’était pas la réalité, nous avions deux doigts de pain", se souvient-il.

    Antonio de la Fuente et sa sœur Maria, internés à Rivesaltes en 1941-1942 - Aucun(e)

    Hacen Arfi, réfugié harki

    Hacen Arfi est âgé d'à peine cinq ans quand il arrive avec ses parents en France. Il se souvient des tentes où s'entassent les familles. En novembre 1962, les harkis sont accueillis dans des tentes provisoires à Rivesaltes. Il faudra attendre le printemps 1963 pour que des baraques en dur soient aménagées. "A part le froid rien n’avait changé, j’avais l’impression que nous étions toujours en Algérie, toujours en guerre."

    Il se souvient d'images traumatisantes pour un petit garçon de son âge : des piqûres de vaccins, des enfants en larmes. Et surtout d'un drame familial : la mort d'un nourrisson, né quelques jours plus tôt dans la tente de ses parents : "Mon père nous a réveillé très tôt le matin, il a pris une pioche, il a creusé un trou, nous avons enveloppé le bébé dans un linge, il a posé le bébé et nous avons remis la terre."

    Hacen reconnaît être marqué à vie par l'année qu'il a passé à Rivesaltes. "Le récit de ces années pourrait nous faire croire à une autre époque, à un autre lieu", conclue-t-il. "Mais c’était en France à la fin du XXe siècle. Dans le pays des droits de l’homme."


    Hacen Arfi est marqué à vie par ce qu'il a vécu au camp.

    Une fille harkie devant une tente militaire dans le camp en 1962  - Aucun(e)

    Marie-Thérèse, épouse de tirailleur guinéen

    A l'indépendance de la Guinée, Marie-Thérèse et son mari militaire reviennent en France. "On ne pouvait plus revenir chez nous, où nous étions considérés comme des traîtres. On n’avait plus de patrie", confie-t-elle. "Ils nous ont dit qu’on serait mieux là, en France. Mais on ne s’attendait pas à ce qu’ils nous mettent dans des camps, on a rien compris."

    A son arrivée à Rivesaltes en décembre 1964, Marie-Thérèse se souvient du froid. "C'était la première fois qu’on voyait la neige", raconte-t-elle. Au camp, il n'y a ni chauffage, ni eau, ni toilettes et des lits en fer sans matelas. "Il fallait qu’on se débrouille même pour manger." Marie-Thérèse vit sa première grossesse dans des conditions pénibles : "Ma première fille est née ici dans le camp. J’ai failli la perdre."

    Et puis un jour, c'est le grand ras-le-bol : "Nos maris se sont révoltés, ils ne supportaient plus de vivre dans des conditions comme ça avec leurs enfants et leurs femmes." Alors comme l’armée ne savait plus quoi faire des 800 réfugiés, "ils ont décidé de nous faire partir du camp dans les 4 coins de la France". C'était en 1966.

    Marie-Thérèse est revenue à Rivesaltes 50 ans plus tard. "Ça a réveillé des mauvais souvenirs... C'est important que les gens sachent qu’on a souffert ici, que nos enfants ont souffert, que nos maris ont souffert. On n’est pas prêts d’oublier ça."

    SOURCE : https://www.francebleu.fr/infos/societe/des-barbeles-au-memorial-rivesaltes-l-histoire-d-un-camp-1444828500

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    Rivesaltes : cinquante ans après, le camp révèle ses mémoires enfouies *** Le musée-mémorial inauguré vendredi16 octobre 2015


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  • Livre d'histoire au feu !

    Publié le 14/10/2015 à 04:05 par cessenon
    Livre d’histoire au feu !

     

    Nous avions déjà parlé du 40ème congrès du Cercle algérianiste. Il se tiendra à Carcassonne les 13, 14 et 15 novembre 2015. Au programme il est fait état d’un colloque sur l’histoire de France et de ses colonies. Dans l’invitation figure la photographie d’un ouvrage signé Aimé Bonnefin et Max Marchand destiné aux élèves algériens du cours élémentaire 1ère année. Précision : le livre d’histoire est présenté en train de brûler. Oui cet autodafé évoque des choses que l’on connait : l’Inquisition, les nazis, les franquistes, les Taliban, les djihadistes de DAESH… C’est révélateur et significatif de ce que sont les algérianistes !

    Dans le texte qu’il a produit Thierry Rolando, le président du Cercle algérianiste, a, de l’histoire des colonies, une autre vision que celle présentée dans le livre de Bonnefin et Marchand. Le colonialisme c’était le bonheur « clé en mains » pour les Algériens. Fallait-il qu’ils soient ingrats pour brandir l’étendard de la révolte et entreprendre une guerre si difficile pour obtenir leur indépendance ? Qu’il ait fallu envoyer en Algérie des centaines de milliers d’appelés du contingent pour maintenir par la force armée cette structure de la société dans laquelle il y avait deux catégories de citoyens, les Français à part entière et les Indigènes, ne traumatise pas les algérianistes !

    Non, pour parodier La Fontaine on dira à propos de Marchand « Rien que la mort n’était capable d’expier son forfait ». Et on ajoutera « On le lui fit bien voir ». Effectivement Max Marchand et ses cinq compagnons furent assassinés le 15 mars 1962 à El  Biar dans la banlieue d’Alger par un commando de l’OAS. Un commando « Delta », une organisation terroriste dont le portrait de son fondateur figure avec trois autres criminels sur la stèle de la honte érigée dans le cimetière neuf de Béziers. A juste titre Jean-Philippe Ould Aoudia, fils d’une des victimes de la tuerie  de Château-Royal à El Biar, a réagi en dénonçant dans une lettre adressée à Thierry Rolando le comportement de l’association qu’il préside. Fort heureusement tous les Pieds Noirs ne sont pas dans ce registre !

    Jacques CROS

    " Livre d'histoire au feu ! " Un article de Jacques CROS

    Avec l'aimable autorisation

    de Jean-Philippe OULD AOUDIA

    Voici la lettre de protestation qu'il a envoyée

    au dénommé Thierry Rolando

    " Livre d'histoire au feu ! " Un article de Jacques CROS

     

    ASSOCIATION LES AMIS DE MAX MARCHAND

                          DE MOULOUD FERAOUN

    ET DE LEURS COMPAGNONS

     

     

                                                                                                                 Le 12 octobre 2015

     

    Association déclarée d’intérêt général

      n°1150/200

    Siège social : UNSA-éducation
    87 bis, rue Georges Gosnat

    IVRY-SUR-SEINE  94853

     

                                                                                                                                              Monsieur Thierry Rolando

                                                                                                                                              Président du Cercle
                                                                                                                                               algérianiste national

                                                                                                                                                                                                                                                                                       66 000 Perpignan

     

     

    Monsieur le président,

     

    Des pieds-noirs, adhérents de notre association, m’ont fait parvenir la couverture du programme du 40è congrès national du Cercle algérianiste, qui représente le manuel scolaire de Bonnefin et Marchand, « Histoire de France et d’Algérie », cours élémentaire 1ère année, en train de brûler.

    Brûler le livre est une pratique usuelle chez les  intolérants de tout poil.
    Le premier autodafé nazi eut lieu le 10 mai 1933 à Berlin où les livres de Brecht, Freund et Zweig furent brûlés.

    La phalange franquiste organisa le 30 avril 1939 un autodafé à l’université de Madrid où furent détruits des ouvrages de Lamartine, Rousseau et Voltaire.

    Entre 1998 et 2001 les talibans ont détruit les 55 000 livres rares de la plus vieille fondation afghane.

    En janvier 1973, des milices djihadistes brûlent à Tombouctou des manuscrits précieux de l’Institut Ahmed-Baba.

    En janvier 2015, des miliciens de l’Etat islamique brûlent 2000 livres à Mossoul, en Irak.

    Cyniquement, je pourrais me réjouir qu’en reproduisant en train de brûler un ouvrage français à visée éducative,  le Cercle algérianiste se déconsidère car il singe les nazis, les fascistes espagnols, les talibans et autres djihadistes.

    Toutefois je ne peux m’y résoudre parce que toute ma famille maternelle est pied-noire et ne se reconnaît pas dans ces agissements. Comme ne s’y reconnaissent pas non plus les pieds-noirs qui adhèrent à notre association.

    Et surtout, je n’oublie pas que « Là où on brûle des livres, on finit par brûler des hommes ».

    Or, le 6 juin 1962, l’OAS incendia la bibliothèque d’Alger détruisant près de 500.000 volumes, parmi lesquels un grand nombre d’incunables.

    Cette même OAS qui avait assassiné le 15 mars précédent, à El Biar, six enseignants, dirigeants des Centres sociaux éducatifs, sur leur lieu de travail et dans leur mission d’Education. Et parmi eux Max Marchand, co auteur du livre que vous détruisez par le feu.

    A ma connaissance, le Cercle algérianiste n’a désavoué ni  le crime, ni les assassins qui l’ont perpétré : Degueldre, Rizza, Anglade et consort.

    Le montage de la couverture du programme du 40è congrès national du Cercle algérianiste relève bien de votre hostilité à des enseignants comme Max Marchand, Mouloud Feraoun, Marcel Basset, Robert Eymard, Ali Hammoutène et Salah Ould Aoudia. 

    Cette affiche déshonore ceux qui l’ont conçue, la diffusent et les pieds-noirs que vous prétendez représenter.

                                                                                                                          Jean-Philippe Ould Aoudia

    Président

                                                                                                                                                                  

     " Livre d'histoire au feu ! " Un article de Jacques CROS

    " Livre d'histoire au feu ! " Un article de Jacques CROS

     Ils furent assassinés par l'OAS

     

    La stèle de la honte à Béziers

    " Livre d'histoire au feu ! " Un article de Jacques CROS

    " Livre d'histoire au feu ! " Un article de Jacques CROS

    " Livre d'histoire au feu ! " Un article de Jacques CROS


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  • J'ai lu votre article sur Roger Oudin assassiné le 23.3.1962. Je suis un ancien AFN adhérent FNACA Paris 12ème. J'ai écrit un roman "Secteur Postal 14200" édité par L'Harmattan qui relate ces événements. Vous trouverez une vidéo sous ce titre. Je suis prêt à partager sur ce sujet. Claude Zen :

    claudezen@orange.fr

    SECTEUR POSTAL 14 200

    Un jeune appelé, Roland, est envoyé à Aïn Sakra, SP 14 200. Blessé au cours d'une embuscade, il est transporté à l'hôpital d'Alger où il retrouve Vica, une infirmière qu'il avait connue à Aïn Sakra. Cette histoire amoureuse se déroulera en marge de la guerre. Vica, qui devait le rejoindre en France après sa libération ne sera pas au rendez-vous, de graves événements s'étant produits à Alger après le cessez-le-feu. Cinq ans plus tard, Roland reçoit une lettre de Vica qui va bouleverser sa vie.


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  • La violente répression du 17 octobre 1961 donnera lieu à des commémorations dans plusieurs villes de France

    La violente répression du 17 octobre 1961 donnera lieu

    à des commémorations dans plusieurs villes de France

    Dimanche 11 octobre 2015, par Michel Berthelemy  

    Le 17 octobre 1961, en pleine guerre d’Algérie, le Front de libération nationale avait appelé à une manifestation nocturne à Paris pour protester contre le couvre-feu imposé aux Algériens, alors appelés “Français musulmans”. Des milliers de manifestants bravèrent l’interdiction du préfet de police de l’époque, Maurice Papon. 

    Le défilé fut sévèrement réprimé par la police française, faisant entre 30 et 200 victimes, selon les estimations. Le 17 octobre 2012, François Hollande déclare dans un communiqué émanant de l’Elysée : “Le 17 octobre 1961, des Algériens qui manifestaient pour le droit à l’indépendance ont été tués lors d’une sanglante répression. La République reconnaît avec lucidité ces faits. Cinquante et un ans après cette tragédie, je rends hommage à la mémoire des victimes”.

    Dans le sillage de l’ancien ambassadeur à Alger, Hubert Colin de Verdière, qui avait qualifié les événements du 17 octobre 1961 de “tragédie inexcusable”, le candidat Hollande avait opté,pendant sa campagne électorale de 2012, pour un geste fort en allant déposer une gerbe de fleurs sur le pont de Clichy.

    La responsabilité écrasante de l’Etat français 

    Ce qui s’est passé ce jour-là, et les jours suivants, a marqué profondément les relations entre les communautés algérienne et française. Des violences d’une extrême gravité se sont en effet déroulées, immédiatement suivies d’un déni de la part des autorités françaises, aussi bien du préfet Papon que du premier ministre Michel Debré et du chef de l’état, le général de Gaulle, qui ne parlaient pratiquement que des policiers blessés, alors que les disparitions d’Algériens se comptaient par dizaines, sinon davantage. Il a fallu attendre, pour commencer à entrevoir l’ampleur de la tragédie, que des journalistes publient photos et enquêtes, et que des témoins osent dire ce qu’ils avaient vu. Plus tard, les historiens se sont chargés d’établir la vérité, non sans parfois quelques difficultés et menaces. Aujourd’hui, grâce à leur travail, à celui de plusieurs documentaristes et cinéastes, et à celui, essentiel, de Jean-Luc Einaudi, on parvient à avoir une idée plus précise des événements de ce sinistre épisode.

    Dans son livre La police parisienne et les Algériens (1944-1962) , Emmanuel Blanchard écrit : Le 17 octobre 1961, ce ne fut pas un service de maintien de l’ordre qui fut mis en oeuvre, mais une véritable “chasse à l’homme” fondée sur des critères raciaux . Après avoir rappelé que outre celui de “ratonnades”, c’est le terme de “pogrom” qui fut utilisé pour qualifier cette soirée, l’historien conclut que la qualification de “massacre colonial” rend mieux compte de ce que ces utilisations des forces de l’ordre participaient de techniques de gouvernement impérial..

    En commémoration de cette tragédie, plusieurs rassemblements sont prévus en France dans les jours à venir :

    A Paris, la population est appelée à se retrouver le samedi 17 octobre au Pont Saint-Michel, à partir de 17h30.

    A Rennes, le samedi 17 octobre à 18h : rassemblement, prise de parole unitaire et jeté de fleurs dans la Vilaine, sur la Passerelle des Jumelages, quai Chateaubriand.
    Toujours à Rennes, le lundi 19 octobre à 18h : Témoignage de Mohammed Ghafir dit « Moh Clichy ». Et à 19h30, représentation théâtrale : « Monique H, Nanterre 1961 », une pièce écrite par Mehdi Lallaoui, avec Myriam Allal et Leila Guérini. (Espace international Pierre Jaffry, Maison Internationale de Rennes, 7 quai Chateaubriand. Métro et bus République. Entrée et participation libres)

    A Besançon (25)  : le 17 octobre, projection du film « Les balles du 14 juillet 1953 », de Daniel Kupferstein, suivie d’un débat à l’occasion de la sortie du livre de Fabrice Riceputi : « la bataille d’Einaudi, comment la mémoire du 17 octobre 1961 revint à la République ».
    Projection du film à 18H30 à la librairie l’Autodidacte 5, rue Marulaz. Débat à la librairie Le Marulaz, 20, rue de Vignier (de l’autre côté de la rue) en présence de Fabrice Riceputi.

    A Noisy-le-Sec (Seine-Saint-Denis) : le vendredi 16 octobre à 19h, projection du film « Les balles du 14 juillet 1953 », de Daniel Kupferstein
    Le MRAP 93 et le MRAP Noisy le Sec organisent une soirée débat autour de la thématique des « crimes d’Etat » à 19 H, salle Gérard Philipe - 105 rue Jean Jaures - 93130 Noisy le Sec, en présence de Pierre Mairat (président du MRAP), Anthony Caille (CGT Police SGAP Paris) et Henri Pouillot (Sortir du colonialisme, appelé pendant la Guerre d’Algérie).

    A Bobigny : jeudi 15 octobre à 20h30, la Cie théâtrale Parlons-en, de Bernard Gerland, propose une représentation de C’était un 17 octobre, ou le drame du 17 octobre 1961 à Paris et en région parisienne
    Salle Max-Jacob, 35 rue de Vienne. Entrée gratuite sur réservation au : 01 48 96 25 75
    www.culture.bobigny.fr 

    A Tournon : lundi 12 octobre à 20h, C’était un 17 octobre, spectacle par la Cie Parlons-en de Bernard Gerland
    Lycée Marius Bouvier, 69 route de Lamastre à Tournon. Réservations :
    comitepaix2607@orange.fr 

    A Grenoble  : samedi 17 octobre à 20h30, représentation théâtrale par la Cie de Bernard Gerland : C’était un 17 octobre. Soirée proposée par l’ANPNPA.
    Salle Olivier-Messiaen, 1 rue du Vieux-Temple, Grenoble. Réservation :
    contact@anpnpa.org 

    SOURCE : http://www.4acg.org/La-violente-repression-du-17-octobre-1961-donnera-lieu-a-des-commemorations

     


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  • MIGRATIONS *** Cinquante ans après : Rivesaltes, mémoire d’autres réfugiés

    MIGRATIONS *** Cinquante ans après : Rivesaltes, mémoire d’autres réfugiés

    Le camp de Rivesaltes, fermé officiellement en décembre 1964. AFP

     

    Le Premier ministre Manuel Valls inaugurera vendredi 16 octobre 2015, cinq décennies après sa fermeture, le musée-mémorial du camp de Rivesaltes (Pyrénées-Orientales), où échouèrent près de 60 000 Espagnols, juifs, tziganes et harkis.

    L’historien Serge Klarsfeld l’a appelé le « Drancy du Sud » mais Rivesaltes n’était pas seulement un camp de déportation de juifs de France. « C’est le plus grand camp d’internement de l’Europe de l’ouest, qui recouvre trois guerres : une guerre civile, une guerre coloniale, une guerre mondiale », raconte Agnès Sajaloli, directrice du mémorial.

    Le site militaire Joffre de 600 hectares fut transformé à partir de 1941 en camp pour une dizaine de milliers d’Espagnols fuyant la dictature de Franco. Très vite, il renferma également 5 000 juifs dont la moitié seront déportés en Allemagne, des tziganes puis des collaborateurs et prisonniers de guerre, avant l’arrivée, vingt ans plus tard, de plus de 20 000 harkis au sortir de la guerre d’Algérie. Leur point commun : être des «indésirables» du XXe siècle. À Rivesaltes, « on devenait invisibles », se souvient ainsi Fatima Besnaci-Lancou, fille de harki, qui avait 8 ans à son arrivée.

    « Le même mécanisme qu’aujourd’hui »

    Ce camp, fermé officiellement en décembre 1964, est aujourd’hui « le seul à être encore debout », souligne Denis Peschanski, directeur de recherches au CNRS, « le seul en France où l’on se rend compte de ce qu’a pu être l’internement ».

    L’architecte du mémorial, Rudy Ricciotti, a voulu témoigner de « la mémoire enfouie ». Il a conçu un monolithe de béton « un peu lourd sur la conscience », auquel le visiteur accède par une rampe partiellement enterrée.

    Dans le contexte actuel, marqué par la plus grave crise migratoire depuis la seconde guerre mondiale, cette inauguration revêt un caractère particulier. « Le Syrien d’aujourd’hui n’est pas le juif d’hier, mais les réactions de peur, de rejet et de fermeture des États démocratiques, c’est le même mécanisme », estime M. Peschanski. « L’Histoire convoque le présent et nous éclaire sur l’avenir ».

    SOURCE : http://www.ledauphine.com/societe/2015/10/11/rivesaltes-memoire-d-autres-refugies

     


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  • Inauguration d'un nouveau monument

    pour l'Algérie française

    Mais pour une fois ça ne se passe pas en France

     mais en Italie

    Inauguration d'un nouveau monument  pour l'Algérie française  Mais pour une fois ça ne se passe pas en France  mais en Italie

    Statue commémorant les colons italiens

    A chacun ses héros

    Une statue commémorant les colons italiens à Lakhdaria (ex-Palestro) a été inaugurée en grande pompe en Italie. Un journaliste italien, originaire du Nord, a mené bataille pour glorifier ses aïeuls qui s’étaient installés sur les terres des Algériens expropriés par Napoléon III.

    Gian Antonio Stella, écrivain et journaliste du plus grand quotidien Italien, Corriere Della Sera, en a fait sa bataille personnelle, usant de ses contacts pour patiner l’image d’un colon italien qui n’avait de mérite que celui d’avoir profité du malheur des autres. Domenico Bassetti était allé en Algérie comme soldat de la Légion étrangère de l’armée française. Ayant découvert un paradis, à portée de la main, il y entraîna une trentaine de parents et d’amis de son village natal, Lasino, situé dans le sud du Tyrol (au nord de l’Italie).

    Nommé maire du village colonial, Palestro, construit sur les terres des tribus des Ammal et des Beni Khalfoune qui en furent dépossédées par les Français. Bassetti, qui était un entrepreneur en travaux publics, était détesté par les Algériens, car il les exploitait et les méprisait ouvertement, se faisant ainsi beaucoup d’ennemis. Et la création, sur son initiative, d’un énorme marché ouvert, qui a tué les deux marchés de la communauté autochtone, a augmenté la colère contre lui. Car les deux marchés représentaient beaucoup pour les habitants musulmans et surtout un lieu de liens sociaux et de convivialité. Bassetti, connu comme Nico, est tombé durant l’insurrection de 1871, menée par El Mokrani contre les forces d’occupation.

    Les récits de cette bataille racontent comment les combattants algériens avaient accepté de laisser partir les colons et leurs familles, mais à cause du geste belliqueux d’un gendarme français, l’accord a mal tourné et il s’en est suivi un affrontement armé, où périrent combattants et colons. Bassetti, lui-même, aurait tué quatre insurgés. «Nos grands-pères furent balayés par cette vague de violence», c’est ainsi que le journaliste italien résume l’épopée de l’insurrection du bataillon d’El Mokrani. Les Français avaient érigé une stèle pour commémorer leurs victimes. La statue représentait le maire colon, Nico, portant un fusil, et à ses pieds une femme et un enfant apeurés. Grâce à un riche mécène, le vœu de Stella a été exaucé et la statue que tous les habitants de Lakhdaria détestaient a revu le jour.

    Sous ce titre pompeux et un peu ridicule, «Bassetti et les martyrs de l’Algérie, la statue du massacre renaît», le célèbre journaliste publie un article sur son journal, se réjouissant de cette «œuvre», de ce «monument». Il nous apprend donc que c’est à partir d’une photo d’«enfants de Palestro» que cette stèle a été reconstituée par le sculpteur Enrico Pasquale et présentée à Marmomacc, la Foire internationale du marbre qui se tient à Vérone. Silvio Xompro et Franco Masello, patrons d’une célèbre maison de transformation du marbre, ont financé ce «monument». L’auteur ignore peut-être que ce morceau de pierre représentait pour les Algériens le symbole de l’oppression sanguinaire du colonisateur français et de la sauvage exploitation dont ils ont été victimes de la part des colons européens.

    Sans parler de la barbare répression qui s’est abattue sur leur ville, au lendemain de l’insurrection, lorsque les militaires français ont mené une féroce vengeance contre les habitants de cette localité, les expropriant, les emprisonnant et en déportant des dizaines d’entre eux en Nouvelle-Calédonie. Ce qui explique que dès l’indépendance, les habitants de Palestro (rebaptisée Lakhdaria, du nom du héros (un vrai) de la guerre de libération, Si Lakhdar), n’ont pas attendu longtemps pour la pulvériser.

    Le journaliste, sans doute sous l’emprise de l’affection filiale et d’un sentiment tribal, a perdu de vue une vérité écrasante  : les colons italiens qui étaient partis pour l’eldorado algérien n’étaient pas des volontaires de la Croix-Rouge, mais des rapaces qui ont occupé sans scrupules des terres qui leur ont été cédées presque au franc symbolique par l’occupant français illégitime qui, à son tour, les avait volées aux propriétaires légitimes, expropriés par la force, déplacés, arrêtés, torturés et tués, eux et leurs familles.

    En ces temps de crise économique, de vide spirituel et de médiocrité morale, les Italiens ont besoin de s’inventer des héros… Même si pour cela, il faut faire violence à l’histoire de lutte pour la libération du colonialisme de tout un peuple, le peuple algérien. Stella voudrait même que le chef de la République italienne inaugure cette statue, quand elle sera transportée dans le village natal de Bassetti. Espérons que le président Matarella aura mieux à faire ce jour-là…

     

    Nacéra Benali

    SOURCE : http://elwatan.com/culture/a-chacun-ses-heros-10-10-2015-305139_113.php

     

     


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  • « Ne nous racontez plus d’histoires ! »

     ROBERT TERZIAN LMRS - (c) Copyright Journal La Marseillaise

    Elle est française fille de pied-noir. Lui Algérien, né en Kabylie. Ils se sont mariés 60 ans après le début d’un conflit dont leurs familles conservent une mémoire très différente.

    Dans l’embrasure de la porte, Aghilas, « tigre » en Kabyle, le chat de Carole Filiu et Ferhat Mouhali, guette les visiteurs. Facétieux, il n’aura de cesse de distraire ses maîtres décidés à évoquer leurs deux routes qui se sont croisées malgré des histoires familiales et des mémoires officielles antagonistes.

    Née à Marseille en 1986 d’un père pied-noir et d’une mère lorraine, Carole Filiu a baigné toute son enfance dans les récits d’une Algérie française vécue «comme un paradis perdu». Sa famille d’origine catalane s’est implantée au début du siècle dernier à Burdeau, village dénommé ainsi en hommage à un ministre de la Marine et des Colonies de la IIIe République, désormais appelé Mahdia. Dans cette région d’élevage, son arrière-grand-père fonde une usine de viande congelée dont le principal client est l’armée. Après une période prospère, l’usine fait faillite et les Filiu quittent Burdeau pour Alger dans les années 1950.

    Mémoire traumatique 

    En 1954 débutait la guerre d’Algérie. Pendant 8 ans elle allait bouleverser la vie de l’autre côté de la Méditerranée et déboucher sur l’Indépendance, poussant les pieds-noirs au « retour » dans un pays souvent inconnu : la France. Déracinés, nombreux sont ceux qui ont trouvé un nouveau port d’attache dans le Sud de l’Hexagone. Une part de ces rapatriés qui a soutenu l’Organisation de l’armée secrète (OAS) dans son recours au terrorisme pour maintenir la domination coloniale, a progressivement confisqué la mémoire et la parole pieds-noires. D’autres ont suivi un tout autre cheminement. 60 ans après le déclenchement de la guerre, la Marseillaise est allée à leur rencontre pour une série en sept épisodes intitulée « 1954-2014 : souvenirs d’Algérie ». Après Michelle Foulquier, Carole Filiu et Ferhat Mouhali qui appartiennent à une génération nouvelle travaillant à dépasser les rancœurs, achèvent cette suite de portraits.

    Les grands-parents de Carole y mènent une vie douce. « Très attachés à l’Algérie, il ne voulaient pas partir, ils ont attendu jusqu’au dernier moment pour la quitter », rapporte-t-elle. « Mon père qui avait 14 ans et ma tante plus jeune ont été envoyés en France un peu plus tôt. Ça a été une grande douleur, un choc pour lui », résume la jeune fille. Les silences de la société française sur la guerre d’Algérie la laisse face à cette « mémoire traumatique ». Du CP à la terminale, elle passe sa scolarité à l’école Provence, « 12 ans chez les jésuites c’est trop », plaisante-t-elle. « Dans ce milieu très blanc et très catholique on ne croisait pas beaucoup d’immigrés », confie-t-elle. Difficile de se représenter « l’autre », celui que l’on croisait dans tous les récits familiaux mais le moins possible dans les rues de Marseille. « Il n’y avait pas de racisme mais peut-être une peur intériorisée depuis les événements tragiques vécus en Algérie », témoigne Carole.

    Ferhat Mouhali, lui aussi est né en 1986, du côté de Béjaïa en Kabylie. Il grandit dans une famille qui a pris part à la guerre d’Indépendance. « Nous n’en parlions pas beaucoup à la maison sauf ma grand-mère qui m’a montré le lieu où son frère est mort, tué par l’armée française », raconte le jeune homme. C’est avant tout à l’école qu’il entend parler du conflit. « Le récit officiel qu’on nous enseigne est une glorification de la guerre. C’est un monde en noir et blanc dans lequel l’ensemble des Algériens s’est levé d’un coup face à l’ensemble des méchants Français », ironise Ferhat aujourd’hui. Derrière le manichéisme officiel, il perçoit au fil des ans l’auto-justification d’un régime sénescent. À son arrivée à l’Université de Béjaïa, il découvre peu à peu la complexité de la guerre : les porteurs de valises mais aussi les Harkis, les massacres, la diversité de la résistance algérienne, les assassinats entre Algériens.

    Il s’investit « dans le militantisme des droits de l’Homme » et prend des responsabilités dans l’association de gauche Rassemblement actions jeunesse (RAJ). Très attaché à l’identité kabyle, il s’agace d’ailleurs qu’entre autres préjugés « les Français voient l’Algérie comme un bloc, un pays uniquement "arabe" ».

    Dans le même temps, Carole étudie l’histoire à Aix puis le journalisme à Bordeaux. Après un passage par SudOuest.fr « le travail derrière un ordi ne me plaisait pas du tout », une copine dont le mémoire portait sur l’Algérie et la résurgence de son histoire familiale, lui donne envie de réaliser un webdoc sur l’autre rive de la Méditerranée. Ce sera Fatea, «femmes au travail en Algériguerre e», un voyage à la rencontre d’Algériennes qui témoignent de leur quotidien.

    Lorsque Carole se rend en Algérie pour le réaliser, l’universitaire de Béjaïa qui devait l’aiguiller sur place est indisponible et la met en contact avec Ferhat, un étudiant formé par la documentariste progressiste Habiba Djahnine. C’est le début d’une belle histoire à deux.

    « Quand je suis allée en Algérie ma famille était un peu inquiète, une copine m’a même dit au revoir comme si je ne reviendrais jamais... Mais ça été une super découverte, partout lorsqu’on m’interrogeait sur la raison de mon intérêt pour l’Algérie et que je parlais de mon père, on me disait "bienvenue chez vous" », se remémore Carole, enthousiaste. Ferhat qui vient de réaliser un court métrage sur le délabrement du système hospitalier algérien, qui sera primé à Tizi Ouzou et Paris, décide de s’engager avec Carole pour la réalisation et le montage de Fatea. « Ce projet m’a plu parce qu’il proposait un regard nouveau sur les femmes algériennes, une approche qui dépasse la victimisation et qui sort des alentours d’Alger », indique-t-il.

    En 2012, le jeune homme participe à l’université d’été de la Fémis, prestigieuse école de cinéma parisienne, au cours de laquelle il réalise un court-métrage sur les porteurs de valises et rencontre la famille de Carole. « Il est venu aux 90 ans de ma grand-mère lorraine et quand il lui a dit son prénom, elle a répondu "ah bon ? C’est pas français ça" », rapporte-t-elle avec un sourire plein d’affection. Dans la branche pied-noire les présentations s’opèrent également sans difficulté majeure. « Bien sûr j’ai senti quelques préjugés mais il y en a des deux côtés », reconnaît Ferhat.

    Lorsqu’ils se marient en février 2013 après un cheminement administratif de plusieurs mois, le père de Carole ne parviendra pourtant pas à traverser la Méditerranée. « Je ne lui en veux pas, il refuse absolument de revenir. Je comprends sa décision au regard de ce qu’il a vécu », affirme Carole.

    Entourée par sa mère, une amie et son frère, la voilà en Algérie pour se marier. « Tout le monde l’a acceptée même si mon grand-père s’est inquiété que son frère qui devait la "présenter" ne soit pas musulman », se souvient Ferhat avec un geste de la main qui renvoie la remarque au rang d’anecdote.

    Pas encore de bébé en vue si ce n’est un film en préparation : « ne nous racontez plus d’histoires ! », un message adressé à leur pays respectif et aux mémoires sélectives.

    Hervé Gourdel et les haines qui montent 

    Après l’enlèvement d’Hervé Gourdel, Carole et Ferhat ont parlé des possibles répercussions dans les sociétés algérienne et française. « Ce qui me touche, c’est qu’on voit l’Algérie comme un abattoir. Il faut arrêter les généralisations. Il y a 35 millions d’Algériens et beaucoup ont été les premières victimes de l’intégrisme », insiste Ferhat.

    Quant aux rancœurs issues de la guerre, le couple a bon espoir de les voir s’estomper. Pour Carole, « un changement de génération est nécessaire. Je ne crois pas que tous les enfants des nostalgiques de l’OAS dont la mémoire est encore aujourd’hui instrumentalisée politiquement aient la même haine des Algériens ». Quant à Ferhat, il estime « qu’au delà des discours officiels, le peuple algérien a largement dépassé la haine des Français ».

    Avec fracas, Aghilas le chat tigré interrompt une dernière fois la discussion en poursuivant à travers la pièce un petit papier rose. « On a récupéré ça aux voiles de la paix », s’amuse Carole en le déroulant. Une citation de Clémenceau y est inscrite : « Il est plus facile de faire la guerre que la paix ».

    Léo Purguette

    Alors Carole et Ferhat vont créer un documentaire

    “Ne nous racontez plus d’histoires”:

    la vérité sur la guerre d’Algérie

    Carole Filiu et Ferhat Mouhali : l’amour pas la guerre

    Journaliste et réalisateur, Carole Filiu et Ferhat Mouhali lancent une levée de fonds et invitent les internautes à participer au projet de leur prochain documentaire sur “ce que la France et l’Algérie ont toujours caché à propos de la guerre d’Algérie” : ” Ne nous racontez plus d’histoires”.  

    Elle est journaliste, il est réalisateur. Elle est française, fille de pieds-noirs,  il est Algérien. Ils ont vécu la même guerre mais ont en mémoire des souvenirs différents. Un départ précipité et douloureux pour l’une. “Le récit mythifié d’une indépendance glorieuse” pour l’autre. Ensemble à la vie comme à la scène, Carole Filiu et Ferhat Mouhali sont animés par un projet commun : réaliser un film pour tenter de faire la lumière sur “ce qui a été caché au sujet de la guerre d’Algérie” en donnant la parole aux “discours des témoins volontairement oubliés, des historiens qui se battent contre la guerre des mémoires pour faire entendre une vérité qui agace. Un chemin qui nous mène vers la remise en question de notre passé, la réponse à nos incertitudes et une meilleure compréhension de l’autre”, peut-on lire sur kisskissbankbank.com, une plateforme de financement participatif à laquelle les réalisateurs ont fait appel pour permettre aux internautes de contribuer financièrement afin que le projet puisse se concrétiser.

    Voici un avant-goût du synopsis :

    Carole Filiu et Ferhat Mouhali : l’amour pas la guerre

    Le 5 juillet 1962, l’Algérie se libère après sept ans d’une guerre meurtrière et cruelle. Depuis, la France et son ancienne colonie manipulent l’écriture de l’histoire de ce conflit. L’armée algérienne a fait de cette guerre le mythe fondateur qui légitime sa place au pouvoir. La France a rendu tabou la torture, l’abandon des harkis, le refus des soldats à participer à cette guerre, le soutien de certains Français au FLN. Aujourd’hui, la guerre des mémoires enflamment toujours certains extrémistes, Il est temps d’éclairer l’histoire pour qu’Algériens et Français construisent ensemble une relation plus apaisée.
    « Ne nous racontez plus d’histoires ! » vous fait découvrir ce que ces deux Etats nous ont caché sur cette guerre depuis cinquante-quatre ans.

    Carole Filiu et Ferhat Mouhali : l’amour pas la guerre

    Deux mémoires, une histoire commune

    Carole Filiu et Ferhat Mouhali : l’amour pas la guerre

    Je suis Française, il est Algérien. Toute notre enfance a été bercée par la guerre d’Algérie. Souvenirs traumatisants d’un départ forcé pour moi, journaliste fille de pieds-noirs, récit mythifié d’une indépendance glorieuse pour lui, réalisateur militant des droits de l’Homme ; chacun a eu droit à sa version de l’Histoire.

    Je suis Carole Filiu, il est Ferhat Mouhali. Couple dans la vraie vie et réalisant ensemble des projets documentaires, c’est au fil de notre nouveau film, des voyages et des rencontres de chaque côté de la Méditerranée que nous voulons retracer l'histoire vécue de ce conflit. Loin de l’historiographie officielle, nous partons à la rencontre des témoins aux discours volontairement oubliés, des historiens qui se battent contre la guerre des mémoires pour faire entendre une vérité qui agace. Un chemin qui nous mène vers la remise en question de notre passé, la réponse à nos incertitudes et une meilleure compréhension de l’Autre.

     Le film 

    Le film sera composé de deux parties de 45 minutes chacunes. Ces parties seront liées par une introduction, une transition et une conclusion générale. Afin de se répondre, chaque partie sera construite sur le même récit en France et en Algérie : celui de notre recherche d’une histoire plus objective de notre passé.

    Nous ne cherchons pas à faire un documentaire historique compilant des images d’archives et des entretiens d’historiens. Notre histoire est celle de milliers de jeunes qui cherchent à mieux comprendre leurs origines. Le film sera intimiste en ce sens que nous mettons en scène notre démarche : à l’aide de la voix-off et via notre présence devant la caméra. Nous présenterons des membres de notre famille (en particulier la famille pied-noir de Carole), des images de notre passé (photographies de villages coloniaux, de moudjahid), témoins d’une mémoire qui refuse d’autres aspects de l’histoire.

    Carole Filiu et Ferhat Mouhali : l’amour pas la guerre

    Village d'Agmoun en Kabylie, détruit par les bombardements français 

    Nous montrerons des paysages, des lieux chargés de cette histoire collective empruntés par nos personnages : ports d’Alger et de Marseille, bâtiments français abandonnés en Algérie, camps de harkis en France, métros parisiens parcourus par les porteurs de valise,  ... L’idée de voyage, de découverte sera prégnante tout au long du film : nos parcours en bateau, en train, en voiture seront intégrés, telle une enquête. Les interventions des témoins de la guerre, des historiens permettront de répondre au fur et à mesure à nos questions. La parole des jeunes, essentielle, donnera une valeur universelle à notre questionnement : bien qu’intime, ce film veut mettre en lumière les questionnements de toute une génération envers son passé. En mettant face à face deux utilisations opposées de l’Histoire, «Ne nous racontez plus d’histoires !» souligne l’importance du geste citoyen d’aller au-delà du récit officiel.

    Carole Filiu et Ferhat Mouhali : l’amour pas la guerre

    Camp de harkis de Bourg-Lastic peu après leur arrivée en France 

    Pourquoi un tel film aujourd'hui ? 

    En Algérie, la guerre est un mythe

     qu'on ne peut remettre en cause 

    Depuis 1962, l’État algérien surveille l'Histoire de la guerre de Libération. Une guerre qui l'a vu naître et qui a justifié la prise du pouvoir par un certain nombre de ses participants. Une guerre dont il faut surveiller son récit pour légitimer, au fil des ans, un système, une politique, une armée. Au fil de son écriture, cette Histoire institutionnalisée devient un mythe et oublie des grands pans de la réalité.

    Dans les manuels scolaires, la plupart des concepteurs de la guerre disparaissent, les luttes intestines pour accéder au pouvoir se volatilisent, le massacre des harkis justifié et les Français qui ont aidé les Algériens à se libérer sont oubliés.  

    Aujourd'hui, la société entière est victime de cette instrumentalisation de l'Histoire de la guerre d'Algérie. Les jeunes ignorent la plupart du temps comment la guerre s'est réellement passée : il leur faut aller par eux-mêmes à la recherche de la véritable Histoire, à travers des livres, des articles de journaux, des reportages et documentaires le plus souvent diffusés à l'étranger. Internet permet un meilleur accès à cette information mais l'enseignement distillé à l'école façonne les manières de penser.

    Aujourd'hui encore, il n'est pas possible de réaliser un film historique en Algérie sans passer par le filtre du ministère des Moudjahidin. Au plus haut sommet du pouvoir, l'Histoire continue d'être manipulée : le président Abdelaziz Bouteflika s'est autoproclamé « Abdelkader El Mali » et aurait, selon les textes officiels, mené la guerre de Libération sur le front Sud de l'Algérie. Les témoignages historiques ne lui accordent que quelques semaines passées sur place avant qu'il ne se réfugie dans des lieux plus tranquilles à l'étranger, mais peu importe. Écrite noire sur blanc, l'Histoire est transformée selon la volonté des gouvernants.

    Carole Filiu et Ferhat Mouhali : l’amour pas la guerre

    Dans la casbah d'Alger 

    En France, une guerre des mémoires qui n'en finit pas 

    Jusque dans les années 1980, la guerre d'Algérie est un tabou en France. Éliminée des manuels scolaires, quasi-inexistante à la télévision et au cinéma, le sujet qui avait déstabilisé la société et le monde politique français de 1954 à 1962 est absent du discours officiel. Mais que ce soit au sein des harkis, des immigrés algériens, des anciens combattants, des rapatriés ou des nostalgiques de l'OAS, tout un chacun porte le souvenir de cette guerre et affirme sa propre vision de cette Histoire. Ce n'est qu'au début des années 2000 et suite aux longs efforts des historiens que l’État s'empare enfin du sujet.

    En 1999, ce dernier reconnaît que les « événements d’Algérie  » constituaient véritablement «  une guerre  ». Les témoignages sur l'utilisation de la torture se multiplient et la population découvre alors un visage masqué de son Histoire.  Mais l'Assemblée nationale, en votant la loi du 23 février 2005 indiquant dans son article 4 les « bienfaits d'une colonisation positive  », prend ouvertement position en faveur des pieds-noirs et provoque une réelle « guerre des mémoires » au plus haut de l’État. Sous les déclarations d'hostilité, le président de la République abroge cet article en janvier 2006.

    Aujourd'hui encore, symboles, dates anniversaires, création de lieux mémoriels, tout est sujet à tensions et crispations. Depuis le début de la guerre, les communautés affectives s'affrontent pour que l'écriture de l'Histoire corresponde à leur point de vue. Bien que la guerre soit enseignée au collège et au lycée, peu de jeunes Français sont aujourd'hui au courant des réalités de ce conflit  : pratique de la torture, déplacements massifs de populations, abandon et enfermement dans des camps des harkis, participation de certains Français à la libération de l'Algérie etc. La guerre d'Algérie est apprise telle une guerre de décolonisation comme une autre alors qu'elle a profondément transformé la société et le paysage politique français, et ce depuis cinquante ans. Cette génération d'aujourd'hui a soif de connaissances et de découvertes. Elle cherche à connaître ses origines, à comprendre un conflit qui a modifié la vie de son entourage.  

    A la découverte de notre passé 

    Un film, deux parties et deux visages pour comprendre comment, des deux côtés de la Méditerranée, l'Histoire officielle a caché, dissimulé ou glorifié certains aspects d'une guerre commune. A travers notre regard, celui d'un militant algérien des droits de l'Homme et celui d'une journaliste fille de pieds-noirs, nous voulons mettre en avant ce qui a été caché, pourquoi et comment cette utilisation de l'Histoire à des fins politiques se poursuit encore aujourd'hui. Chacun, par son parcours et sa recherche de vérité sur un conflit qu'il ne connaît que partiellement et qu’il découvre au fur et à mesure du film, met en exergue les conséquences d'une telle politique mémorielle sur les jeunes algériens et français. Sur leur manque de connaissances de leur passé, et sur leur absence de compréhension de l'Autre. A travers ce fil rouge de notre recherche, nous rencontrerons des anciens soldats, militants,  ou politiques qui témoigneront. Des historiens et sociologues qui étaieront leurs propos. Mais aussi et surtout des jeunes, récit vivant et direct de deux sociétés qui veulent connaître la réalité sur leur passé commun.

    Carole Filiu et Ferhat Mouhali : l’amour pas la guerre

    A Ghardaia 

    Les réalisateurs 

    Carole Filiu : Diplômée de l’école de journalisme de Bordeaux en 2009, je travaille d’abord pour le journal régional Sud Ouest puis pour le site de celui-ci, SudOuest.fr que je gère pendant huit mois. Durant deux ans, j’écrit, réalise et monte le webdocumentaire Fatea (Femmes au travail en Algérie) constitué de neuf portraits de femmes sur l’ensemble du territoire algérien. Ce webdoc qui est diffusé en décembre 2012 sur le site de TV5 Monde leur donne la parole et offre à l’internaute la possibilité d’entrer dans leur quotidien. Elles expriment leurs espoirs et désirs de changement d’un État en crise.

    Carole Filiu et Ferhat Mouhali : l’amour pas la guerre

    Après ce projet, soutenu par le CNC, hébergé par TV5 Monde et diffusé par les sites d’El Watan et Youphil, je souhaite interroger les sociétés algériennes et françaises sur leur point commun : une guerre de sept ans qui a bouleversé, de part et d’autre de la Méditerranée, des systèmes politiques, culturels et sociétaux. Avec Ferhat, nous échangeons nos visions, nos paroles avec le même objectif: celui de mieux appréhender notre passé et faire connaître des vérités jusque là cachées. Un objectif ambitieux qui correspond au parcours de deux jeunes réalisateurs souhaitant aller plus loin que le discours officiel qui les a forgé.

    Ferhat Mouhali : Dès mon entrée en 2005 à l’université de Bejaia, où j’obtiens une licence en sciences économiques, mon parcours est rythmé par mon engagement militant. J’adhère à l’association nationale RAJ (Rassemblement Actions Jeunesse) : j’y occupe le poste de secrétaire général de la section de Bejaia. En parallèle, je suis une formation au théâtre durant deux ans. En 2010, je participe à la formation Bejaia Doc, mise en place par la documentariste Habiba Djahnine. J’y réalise mon premier documentaire, un court-métrage intitulé «Heureusement que le temps passe » sur le délabrement du système hospitalier algérien En 2012, j’obtiens avec celui-ci le prix du jury au festival national du film amazigh de Tizi Ouzou et en 2013 le coup de coeur du public du festival parisien Point Doc.

    Durant l’université d’été de la Fémis qui s’est tenue en juin-juillet 2012 à Paris, je réalise le court-métrage « Des vies sous silence» où j’interroge la participation des Français à la libération de l’Algérie. Je travaille également avec Carole Filiu sur la réalisation et le montage du webdocumentaire Fatea. «Ne nous racontez plus d’histoires !» est l’occasion de faire connaître notre passé à mes compatriotes, afin que chacun puisse faire le bilan de cette guerre et avoir les moyens et outils de réflexion face à un pouvoir autoritaire.

     


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    Leny Escudero, qui chantait "Pour une amourette", est mort aujourd'hui vendredi 9 octobre 2015,à l'âge de 82 ans

     

    Leni Escudero (ou Leny Escudero) est un acteur, chanteur et auteur-compositeur-interprète français né le 5 novembre 1932 à Espinal (Espagne).

    En 1939, le jeune Leny et ses parents quittent leur pays ravagé par la guerre civile en 1939 et s'installent à Paris dans le quartier de Belleville.

     Après avoir fait de nombreux petits métiers, Leny Escudero commence sa carrière de chanteur en 1957.

    En 1962, Leny Escudero sort un album avec son premier titre : "Pour une amourette".

    Mais il était aussi l’auteur de chansons plus graves et plus engagées sur la guerre d’Espagne ou les dictatures. Il est mort « des suites d’une insuffisance respiratoire aiguë», d’après son épouse.

     

    Leny Escudero, qui chantait "Pour une amourette", est mort aujourd'hui vendredi 9 octobre 2015,à l'âge de 82 ans

    La station de Métro Charonne s'appelle désormais Charonne - 8 février 1962 en mémoire des 9 morts du massacre de Charonne.

    En une période où le besoin d'histoire est si fort dans la société française, et où est légitimement revendiquée une exigence de vérité, en particulier sur les deux moments clefs de notre histoire nationale récente que sont l'Occupation et les guerres coloniales, il n'est pas inutile de se souvenir de Charonne.

    Hommage aux neuf victimes de la répression sauvage du 8 février 1962 lors de la manifestation contre l'OAS et la guerre d'Algérie.

    Leny Escudero leur rend hommage avec cette chanson "Je t'attends à Charonne"


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  • Aujourd'hui 6 octobre 2015, à 11 h 30, Cimetière du Père-Lachaise,  4e anniversaire du dévoilement de la stèle de la Ville de Paris aux victimes de l’OAS *** MISE A JOUR 07/10/2015

     

     Le 6 octobre 2015, à 11 h 30 

     

     Cimetière du Père-Lachaise 

     

      4e anniversaire du dévoilement 

     

    de la stèle de la Ville de Paris 

     

    aux victimes de l’OAS

     

    Aujourd'hui 6 octobre 2015, à 11 h 30, Cimetière du Père-Lachaise,  4e anniversaire du dévoilement de la stèle de la Ville de Paris aux victimes de l’OAS *** MISE A JOUR 07/10/2015

     

     

    Afin de marquer le quatrième anniversaire du dévoilement par le Maire de Paris, au cimetière du Père-Lachaise, de la première stèle dédiée par une institution publique à l’ensemble des victimes des crimes et attentats terroristes commis par l’OAS en Algérie et en France, les membres, amis et correspondants de l’ANPROMEVO domiciliés dans l’agglomération parisienne ou s’y trouvant à la date de ce 6 octobre étaient appelés à se réunir à 11 h 30 pour un moment de recueillement autour de ce lieu de mémoire.

    Parmi les personnes dont la présence était annoncée à cet hommage anniversaire, celle du directeur général et porte-parole de l'Association française des victimes du terrorisme (AfVT.org), M. Guillaume Denoix de Saint-Marc.

    C’est l'occasion pour mon blog, avec l'autorisation de l'ANPROMEVO, de rendre pour la première fois accessible la vidéo de la cérémonie inaugurale du 6 octobre 2011. 

     

    Aujourd'hui 6 octobre 2015, à 11 h 30, Cimetière du Père-Lachaise,  4e anniversaire de l'inauguration de la stèle de la Ville de Paris aux victimes de l’OAS

     

    En ce moment même, les participants tournent leurs pensées vers M. le député-maire d’Alençon (Orne) et Mme le maire du Touvet (Isère) en considération des initiatives qu’ils ont su prendre, respectivement le 6 octobre 2012 et le 6 octobre 2014, à l’égard des victimes de l’OAS. 

     

     

    Alençon

     

    Aujourd'hui 6 octobre 2015, à 11 h 30, Cimetière du Père-Lachaise,  4e anniversaire de l'inauguration de la stèle de la Ville de Paris aux victimes de l’OAS

     

      Le Touvet

     

    Aujourd'hui 6 octobre 2015, à 11 h 30, Cimetière du Père-Lachaise,  4e anniversaire du dévoilement de la stèle de la Ville de Paris aux victimes de l’OAS *** MISE A JOUR 07/10/2015

    6 octobre 2012

    6 octobre 2014

     

    Les adhérents et amis de l’ANPROMEVO auxquels il n'aura pas été possible d’être présents aujourd’hui au cimetière du Père-Lachaise auront la faculté de prendre part, le 31 octobre, à une cérémonie officielle en préambule de laquelle le Secrétaire d'État chargé des anciens combattants et de la mémoire auprès du ministre de la défense, M. Jean-Marc Todeschini, se recueillera devant la stèle commémorative du sacrifice des quelque 2.700 personnes tombées sous les coups d’une organisation idéologiquement criminelle et, dans ses actes, barbare.

    Michel Dandelot

     

    Aujourd'hui 6 octobre 2015, à 11 h 30, Cimetière du Père-Lachaise,  4e anniversaire du dévoilement de la stèle de la Ville de Paris aux victimes de l’OAS *** MISE A JOUR 07/10/2015

    Hommage du monde combattant, des élus et préfets de Paris aux victimes de l’OAS

    le 19 mars 2015 

     

    Aujourd'hui 6 octobre 2015, à 11 h 30, Cimetière du Père-Lachaise,  4e anniversaire du dévoilement de la stèle de la Ville de Paris aux victimes de l’OAS *** MISE A JOUR 07/10/2015

     

     

    Rappelons-nous, c'était le 6 octobre 2011

     

    6 OCTOBRE 2011 from ANPROMEVO on Vimeo.

     

    Aujourd'hui 6 octobre 2015, à 11 h 30, Cimetière du Père-Lachaise,  4e anniversaire du dévoilement de la stèle de la Ville de Paris aux victimes de l’OAS *** MISE A JOUR 07/10/2015

     

     

    Revenons à la cérémonie

     du 6 octobre  2015

     

    La cérémonie s’est déroulée en présence d’une quarantaine de personnes, parmi lesquelles : 

     - M. Guy Darmanin, président national de la FNACA ; 

    - M. Robert Créange, ancien secrétaire général de la FNDIRP ; 

    - M. Jean Laurans, président de la FNACA de Paris ; 

    - M. Henri Pouillot, président du comité départemental des Yvelines de l’ARAC ; 

    - M. Jean-Philippe Ould Aoudia, président de l’association "Les Amis de Max Marchand, de Mouloud Feraoun et de leurs Compagnons" ; 

    - M. Guillaume Denoix de Saint Marc, porte-parole et directeur général l’Association française des Victimes du Terrorisme ; 

    - M. Gilles Manceron, représentant la Ligue des droits de l’Homme ; 

    - M. Michel Levallois, préfet honoraire, président de la Société des Études saint-simoniennes ; 

    - M. Jacques Ould Aoudia, président de "Migrations & Développement" ; 

    - Mme Michèle Decaster, secrétaire générale de l'Association française d'amitié et de solidarité avec les peuples d'Afrique ; 

    - M. Michel Reynaud, éditeur (Éditions Tirésias). 

    Le porte-drapeau national de la FNACA, M. Jacques Cazaux, par sa présence au côté de la stèle, incarnait celle des quelque 325.000 adhérents de la fédération et leurs familles et conférait à cet hommage une solennité particulière. 

    Vous trouverez, reproduit ci-dessous, le propos que j’ai tenu dans le cadre de cette cérémonie dont le bon déroulement a été facilité par les personnels du cimetière du Père-Lachaise. 

      

    Jean-François Gavoury 

    Président de l’Association nationale 

    pour la protection de la mémoire 

    des victimes de l’OAS

     

    Aujourd'hui 6 octobre 2015, à 11 h 30, Cimetière du Père-Lachaise,  4e anniversaire du dévoilement de la stèle de la Ville de Paris aux victimes de l’OAS *** MISE A JOUR

     

    Hommage du 6 octobre 2015 aux victimes de l’OAS

    Cimetière du Père Lachaise - Paris

    Propos de Jean-François Gavoury,

    Président de l’Association nationale pour la protection de la mémoire des victimes de l’OAS

     

    En guise de préambule, un grand merci, pour leur fidélité militante, aux représentants des associations ayant appelé, dès 2007, à l’édification de cette stèle : Association républicaine des anciens combattants ; Comité Vérité et Justice pour Charonne ; Fédération nationale des anciens combattants en Algérie, Maroc et Tunisie ; Fédération nationale des déportés et internés, résistants et patriotes ; Les Amis de Max Marchand, de Mouloud Feraoun et de leurs Compagnons, Ligue des droits de l’Homme, Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples.

    Cette conception qui est nôtre de "la mémoire en action" est conforme à celle de la FNACA, dont j’accueille avec un réel plaisir le président national, M. Guy Darmanin, venu de Toulouse.

     

    Mesdames et Messieurs,

    Pourquoi l’ANPROMEVO a-t-elle appelé ses adhérents, amis et correspondants à se réunir ici ce 6 octobre 2015 ?

    Pour trois raisons, que je vais énumérer et expliciter brièvement.

    C’est d’abord afin de fustiger une organisation idéologiquement criminelle et, dans ses actes, barbare, pour reprendre les paroles que M. Bertrand Delanoë, Maire de Paris, a prononcées ici-même, il y a tout juste quatre ans, avant de procéder au dévoilement de cette première stèle dédiée par une institution publique aux victimes de l’OAS.

    Certes, l’OAS a subi tant l’anathème judiciaire dans les mois suivant sa création que la sentence de l’Histoire depuis lors : une sentence définitive, qu’aucune loi d’amnistie ni aucune mesure de grâce ne pourra effacer. Mais il se trouve encore des admirateurs inconditionnels de ceux qui, défiant la démocratie, se sont dressés contre l'autorité légitime d'un gouvernement légal et ont retourné contre la République les armes qui leur avaient été confiées : telle était l’OAS, et il ne faut ménager aucun effort pour le faire savoir, notamment aux plus jeunes de nos concitoyens.

    C’est ensuite pour dénoncer les menées révisionnistes du lobby nostalgérique.

    Certes, aux plus hauts niveaux de la justice tant administrative que pénale, les tentatives de réhabilitation politique de l’OAS, les actes de glorification visant ses anciens activistes, les initiatives de ceux d’entre eux qui ne cessent de réassassiner leurs victimes en en diffamant la mémoire ont été, ces temps derniers, sanctionnés plus efficacement que sous l’effet de la censure verbale. Mais il se trouve des élus pour continuer à faire publiquement l’éloge des responsables des forfaits inexpiables auxquels l’OAS s’est livrée : ces comportements, qui relèvent du détournement de pouvoir, doivent être combattus sans relâche en raison de leur perversité intrinsèque et de leur toxicité au regard de la cohésion sociale.

    Si nous sommes ici réunis, c’est enfin et surtout pour imprimer plus profondément la marque du 6 octobre comme celle de l’hommage dû à l’ensemble des victimes, militaires et civiles, de l’OAS après leur mise à l’honneur ici-même il y a quatre ans, puis à Alençon le 6 octobre 2012, à nouveau autour de ce monument le 6 octobre 2013 et au Touvet, dans l’Isère, le 6 octobre 2014.

    Oui, en effet, le principal objet de ce rassemblement auquel vous avez été conviés consiste en un hommage ritualisé autour de l’événement référent qu’a constitué l’inauguration de cette stèle le 6 octobre 2011 : un hommage citoyen, un hommage républicain et l’hommage de la vérité historique dont nous sommes conjointement redevables à l’égard de cette catégorie si particulière à la fois de victimes du terrorisme et de victimes de la guerre d’Algérie.

     Ce mémorial au pied duquel, le 19 mars dernier, le préfet de police et le préfet de la région d’Ile-de-France se sont, pour la première fois, joints à la maire de Paris et aux représentants du monde combattant, FNACA en tête, accueille aujourd’hui une délégation de l’Association française des Victimes du Terrorisme : j’en salue le porte-parole et directeur général, M. Guillaume Denoix de Saint Marc, dont je sais la compassion solidaire à l’égard de Delphine Renard, ici présente.

    À la fin de ce mois, le 31 octobre à 11 h 00, en préambule ou à l’issue d’une cérémonie à la mémoire de vingt jeunes soldats métropolitains, appelés du contingent, disparus dans les Abdellys à la veille de la Toussaint 1956, le Secrétaire d'État chargé des anciens combattants et de la mémoire auprès du ministre de la défense sera présent à l’endroit même où nous sommes : l’occasion de rappeler à M. Jean-Marc Todeschini, que, de journée inter-associative du souvenir, le 6 octobre doit devenir une journée officielle de recueillement aux termes d’une loi tendant à la reconnaissance par l’État et par la Nation des souffrances subies par l'ensemble des victimes des actes terroristes commis par l'Organisation armée secrète (OAS) ou en son nom, en Algérie et en France, depuis février 1961 jusqu’au-delà même de la fin de la guerre d’Algérie.

    Pour le moment, je propose que nous fleurissions cette stèle, puis que nous observions une minute de silence EN HOMMAGE À TOUTES LES VICTIMES DE L’OAS EN ALGÉRIE ET EN FRANCE : CIVILS, MILITAIRES, ÉLUS, MAGISTRATS, FONCTIONNAIRES, DÉFENSEURS DES VALEURS ET DES INSTITUTIONS DE LA RÉPUBLIQUE.

     

    Aujourd'hui 6 octobre 2015, à 11 h 30, Cimetière du Père-Lachaise,  4e anniversaire du dévoilement de la stèle de la Ville de Paris aux victimes de l’OAS *** MISE A JOUR

    J-P. Ould Aoudia, D. Renard, J-F. Gavoury, G. Darmanin

    Aujourd'hui 6 octobre 2015, à 11 h 30, Cimetière du Père-Lachaise,  4e anniversaire du dévoilement de la stèle de la Ville de Paris aux victimes de l’OAS *** MISE A JOUR

    Aujourd'hui 6 octobre 2015, à 11 h 30, Cimetière du Père-Lachaise,  4e anniversaire du dévoilement de la stèle de la Ville de Paris aux victimes de l’OAS *** MISE A JOUR

    Aujourd'hui 6 octobre 2015, à 11 h 30, Cimetière du Père-Lachaise,  4e anniversaire du dévoilement de la stèle de la Ville de Paris aux victimes de l’OAS *** MISE A JOUR

    R. Créange, M. Reynaud

    Aujourd'hui 6 octobre 2015, à 11 h 30, Cimetière du Père-Lachaise,  4e anniversaire du dévoilement de la stèle de la Ville de Paris aux victimes de l’OAS *** MISE A JOUR

    Aujourd'hui 6 octobre 2015, à 11 h 30, Cimetière du Père-Lachaise,  4e anniversaire du dévoilement de la stèle de la Ville de Paris aux victimes de l’OAS *** MISE A JOUR

    G. Darmanin, J-F. Gavoury, D. Renard, J-P. Ould Aoudia

    Aujourd'hui 6 octobre 2015, à 11 h 30, Cimetière du Père-Lachaise,  4e anniversaire du dévoilement de la stèle de la Ville de Paris aux victimes de l’OAS *** MISE A JOUR

    Aujourd'hui 6 octobre 2015, à 11 h 30, Cimetière du Père-Lachaise,  4e anniversaire du dévoilement de la stèle de la Ville de Paris aux victimes de l’OAS *** MISE A JOUR

    Le 6 octobre 2015, à 11 h 30, Cimetière du Père-Lachaise,  4e anniversaire du dévoilement de la stèle de la Ville de Paris aux victimes de l’OAS ***

     

    Le 6 octobre 2015, à 11 h 30, Cimetière du Père-Lachaise,  4e anniversaire du dévoilement de la stèle de la Ville de Paris aux victimes de l’OAS ***

    SAMEDI 31 OCTOBRE 2015

    AU CIMETIÈRE DU PÈRE-LACHAISE

    INAUGURATION DE LA STÈLE DEDIÉE

    AU SOUVENIR DES DISPARUS DES ABDELLYS

    PAR  JEAN-MARC TODESCHINI, SECRETAIRE D'ETAT

    AUX ANCIENS COMBATTANTS

      QUI SE RECUEUILLA AUSSI DEVANT LA STELE

    EN MEMOIRE DES VICTIMES DE L’OAS 

     

    Ils furent nombreux à participer, avec leurs drapeaux, aux côtés des familles en présence des autorités parisiennes et nationales.

    Rappel : dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre 1956, 20 jeunes soldats du 1er Groupe de Compagnie Nomades d’Algérie sont enlevés par l’ALN dans la région des Abdellys, entre Tlemcen et Sidi Bel Abbès, et emmenés vers la frontière marocaine. Personne ne les a plus revus.

    Photos : A. Duclos

    Le 6 octobre 2015, à 11 h 30, Cimetière du Père-Lachaise,  4e anniversaire du dévoilement de la stèle de la Ville de Paris aux victimes de l’OAS ***

    Le 6 octobre 2015, à 11 h 30, Cimetière du Père-Lachaise,  4e anniversaire du dévoilement de la stèle de la Ville de Paris aux victimes de l’OAS ***

    Le 6 octobre 2015, à 11 h 30, Cimetière du Père-Lachaise,  4e anniversaire du dévoilement de la stèle de la Ville de Paris aux victimes de l’OAS ***

    Le 6 octobre 2015, à 11 h 30, Cimetière du Père-Lachaise,  4e anniversaire du dévoilement de la stèle de la Ville de Paris aux victimes de l’OAS ***

    Le 6 octobre 2015, à 11 h 30, Cimetière du Père-Lachaise,  4e anniversaire du dévoilement de la stèle de la Ville de Paris aux victimes de l’OAS ***

    Le 6 octobre 2015, à 11 h 30, Cimetière du Père-Lachaise,  4e anniversaire du dévoilement de la stèle de la Ville de Paris aux victimes de l’OAS ***

     Le 6 octobre 2015, à 11 h 30, Cimetière du Père-Lachaise,  4e anniversaire du dévoilement de la stèle de la Ville de Paris aux victimes de l’OAS ***

    Le 6 octobre 2015, à 11 h 30, Cimetière du Père-Lachaise,  4e anniversaire du dévoilement de la stèle de la Ville de Paris aux victimes de l’OAS ***

    Le 6 octobre 2015, à 11 h 30, Cimetière du Père-Lachaise,  4e anniversaire du dévoilement de la stèle de la Ville de Paris aux victimes de l’OAS ***

    Le 6 octobre 2015, à 11 h 30, Cimetière du Père-Lachaise,  4e anniversaire du dévoilement de la stèle de la Ville de Paris aux victimes de l’OAS ***

    Le 6 octobre 2015, à 11 h 30, Cimetière du Père-Lachaise,  4e anniversaire du dévoilement de la stèle de la Ville de Paris aux victimes de l’OAS ***

    Le 6 octobre 2015, à 11 h 30, Cimetière du Père-Lachaise,  4e anniversaire du dévoilement de la stèle de la Ville de Paris aux victimes de l’OAS ***

    Le 6 octobre 2015, à 11 h 30, Cimetière du Père-Lachaise,  4e anniversaire du dévoilement de la stèle de la Ville de Paris aux victimes de l’OAS ***

    La stèle en mémoire des Victimes de l'OAS

    Le 6 octobre 2015, à 11 h 30, Cimetière du Père-Lachaise,  4e anniversaire du dévoilement de la stèle de la Ville de Paris aux victimes de l’OAS ***

    Le 6 octobre 2015, à 11 h 30, Cimetière du Père-Lachaise,  4e anniversaire du dévoilement de la stèle de la Ville de Paris aux victimes de l’OAS ***

     

     


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  • L'Edito d'Henri POUILLOT : Les "Harkis" : Un tabou bien ancré, un mépris

    Les "Harkis" : Un tabou bien ancré, un mépris

    Un tabou règne sur ce drame des "Harkis" depuis 1962, la fin de la Guerre d’Algérie. Tous ces supplétifs, enrôlés dans l’armée française sont pour l’essentiel des victimes du colonialisme. Environ 25.000 (sur une estimation de 250.000) ont été rapatriés en France avec leurs familles, dont la majorité dans des conditions exécrables dans des camps comme Rivesaltes, Jouques… La grande majorité est restée en Algérie. Des milliers y ont été massacrés. La récente étude de Pierre Daum montre que la majorité est restée généralement dans leur village d’origine et d’ailleurs des dizaines de milliers d’entre eux perçoivent maintenant une pension d’anciens combattants. Beaucoup continuent, y compris leurs enfants, voire leurs petits enfants, d’être victimes de discrimination : le terme "Harki" est une insulte. Heureusement les choses commencent à changer.

    En France, une partie de la droite et de l’extrême droite, en particulier animée par la nostalgie de l’Algérie Française et de l’OAS, considérant qu’ils avaient "choisi" le drapeau français, tente de les assimiler à des sympathisants à cette cause, et annoncent des chiffres farfelus de victimes.

    Le 25 septembre 2003, le président Jacques Chirac a instauré une Journée nationale d’hommage aux harkis en reconnaissance aux "sacrifices qu’ils ont consentis pour la France" lors de la guerre d’Algérie. Depuis douze ans, des cérémonies sont organisées tous les 25 septembre à Paris et dans de nombreuses villes de province. Mais elles ne règlent pas la question fondamentale de leur droit à réparation. Cette journée "dédiée" aux Harkis est en fait discriminatoire. En effet, la tradition française est de commémorer les victimes d’un conflit, à la date de signature lui mettant fin. C’est pourquoi la date 19 du mars est la seule, de fait, à pouvoir commémorer TOUTES les victimes, militaires, appelés et supplétifs (quelque soient les contrats qui les ont liés à l’armée française), sans discrimination.

    La France doit reconnaître sa responsabilité dans la manière dont ont été traités les Harkis rapatriés, dans son refus d’accepter la venue en France, au même titre que les pieds-noirs, de ceux qui le souhaitaient. Les candidats à la présidence de la République, Nicolas Sarkozy le 31 mars 2007, puis par François Hollande le 5 avril 2012 avaient fait la promesse d’une reconnaissance officielle de "la responsabilité de la France dans l’abandon et le massacre des harkis" en 1962 : promesses abandonnées !!!

    Une censure honteuse, inacceptable...

    Cette question reste donc ultra sensible. A Mouans Sartoux (Alpes Maritimes), Pierre Daum était Invité au Salon du livre pour y présenter son livre sur les harkis. Au dernier moment, il a été brusquement déprogrammé, censuré !!!
    La direction municipale de cette ville n’accepte pas le débat. Pour elle, il n’est pas question de contester le cliché de la nostalgie de l’Algérie Française, de l’OAS. Comme au temps de la Guerre d’Algérie, la censure est donc rétablie : interdit de réfléchir sur cette question si douloureuse, d’exprimer divers avis, pourtant nécessaires pour apaiser cette plaie, de pouvoir écrire correctement, avec un regard critique une page sombre de l’histoire commune de la France et de l’Algérie.

    Il serait temps !!!

    Le refus plus général des plus hautes autorités de la France de reconnaitre la responsabilité des crimes d’état et contre l’humanité… commis en son nom, en particulier pendant la Guerre d’Algérie, de les condamner, reste un blocage pour l’établissement de relations apaisées entre nos deux pays, et pour les descendants de ces victimes.

    Henri POUILLOT


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  • Censure au salon du livre de Mouans-Sartoux : Pierre Daum jugé indésirable pour son livre sur les Harkis

    Censure au salon du livre de Mouans-Sartoux :

    Pierre Daum jugé indésirable pour son livre

    sur les Harkis

    Censure au salon du livre de Mouans-Sartoux : Pierre Daum jugé indésirable pour son livre sur les Harkis

    Samedi 3 octobre 2015, par Michel Berthelemy de la 4 acg

    Pierre Daum, auteur du livre « Le dernier tabou : les Harkis restés en Algérie après l’indépendance », invité ce 4 octobre 2015 au Salon du livre de Mouans-Sartoux, a vu son invitation annulée au dernier moment, sur décision de l’adjointe à la culture. Nous avions annoncé cet événement dans un article daté du 12 avril 2015 :
    http://www.4acg.org/Le-Dernier-Tabou-un-livre-enquete-a-l-encontre-des-idees-recues

    J’ai été invité au salon du livre à Mouans-Sartoux, ville qui compte une importante communauté harkie et qui porte depuis toujours un intérêt particulier à la guerre d’Algérie, a indiqué M. Daum à l’AFP.
    Mais avant l’ouverture du salon, M. Daum a été averti par l’adjointe à la culture, Marie-Louise Gourdon, que sa présence n’était pas souhaitée à ce salon dans une commune qui compte 20% de harkis et d’enfants de harkis, des gens qui ont beaucoup souffert, selon les propos rapportés par M. Daum.

    L’élue, qui est également responsable du salon du livre, n’avait pas pu être jointe par l’AFP jeudi matin. Parce que la municipalité a toujours essayé de créer un débat équilibré sur ce sujet sensible, M. Daum qui avait présenté, en 2012, un ouvrage sur les Pieds-noirs restés en Algérie après l’indépendance, devait participer à des tables rondes autour de son dernier livre, publié au printemps, « Le dernier tabou, les harkis restés en Algérie après l’indépendance », qui recueille les témoignages de harkis restés en Algérie après 1962.

    J’ai découvert qu’il y étaient très nombreux, rapporte M. Daum. Selon des chiffres qu’il a obtenus auprès de l’office national des anciens combattants (ONAC), près de 60.000 harkis ont demandé, fin 2014, au consulat de France en Algérie, la pension militaire de 660 euros par an à laquelle ils ont droit depuis une loi de 2010 sur les supplétifs ayant servi dans l’armée française et résidant à l’étranger. S’il y a eu des milliers d’assassinats de harkis en Algérie au moment de l’indépendance,et si la France est certainement responsable de leur abandon et du mauvais traitement infligé à leur arrivée en France, à près de 25.000 d’entre eux, l’auteur remet en cause la réalité d’un massacre à grande échelle. Une analyse rejetée par de nombreuses associations de harkis et enfants de harkis qui demandent à la France une reconnaissance de leur abandon et de leur massacre.

    « Le dernier tabou » de Pierre Daum, est sorti le 2 avril aux Éditions Actes Sud.


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  • Marine Le Pen a tué le père, mais elle a gardé

    le pire

    Marine Le Pen a tué le père, mais elle a gardé le pire.  Après Morano, Marine Le Pen dérape sur de Gaulle et l'Algérie française.

    Image ajoutée

    Marine Le Pen a tué le père, mais elle a gardé le pire.  Après Morano, Marine Le Pen dérape sur de Gaulle et l'Algérie française.

    Après Morano, Marine Le Pen dérape sur de Gaulle

    et l'Algérie française.

    Par Bruno Roger-Petit

    Sur Europe 1, Marine Le Pen a pris ses distances avec Nadine Morano, mais aussi avec le général de Gaulle, coupable d'avoir renoncé à l'Algérie française. Un dérapage politique qui montre que le gaullisme du FN est un trompe l'oeil.

    Le gaullisme de Marine Le Pen est un gaullisme d’opérette. Vertu collatérale de la sortie de Nadine Morano sur la France, "pays de race blanche", Marine Le Pen a dérapé au micro d’Europe 1, jeudi 1er octobre. Pour le moment, la machine médiatique ne retient que la formule "Morano s’est pris les pieds dans le buzz", passant à côté de l’essentiel politique : l’aveu par Marine Le Pen qu’en dépit de ses efforts, sa conversion aux valeurs du gaullisme est un trompe-l’œil.

    Interrogée sur la polémique Morano, Marine Le Pen a pris une double distance. Avec la députée européenne perdue dans sa tourmente, mais aussi et surtout avec le général de Gaulle, dont elle se réclame depuis peu.

    "Ce sont les propos du général de Gaulle, avec lesquels je suis en désaccord, puisqu’il les a tenus précisément pour justifier son refus de l’Algérie française" a déclaré Marine Le Pen, ajoutant : "Or nous, nous étions pour l’Algérie française car nous considérions qu’au-delà des races et des religions, l’on pouvait être Français pour peu, encore une fois, que l’on se sente Français, que l’on adopte l’histoire, que l’on adopte la culture, que l’on ait le souhait de participer à un avenir commun, que l’on adopte le mode de vie".

    L'héritage des fascistes français

    Sortie passionnante, en ce qu’elle démasque le gaullisme d’opérette de Marine Le Pen, inspiré par Florian Philippot. Il est difficile de se défaire d’un habitus hérité du maréchalisme. D’un coup, dans la bouche de Marine Le Pen, le "nous" marque l’appartenance à l’histoire de son camp, de l’extrême droite française qui, de l’affaire Dreyfus en passant par le 6 février 34, Vichy et l’OAS mène à la création du Front national de 1972, celui de Jean-Marie Le Pen. Marine Le Pen est l’héritière de ces fascistes français (car ici nous pensons comme Raymond Aron, qu’il y a eu des fascistes français, mais qu’il n’y a jamais eu de fascisme français) qui se sont toujours trompés, ont toujours échoué, et ont toujours été nuisibles à la France.

    Le propos mérite d’autant plus d’être relevé qu’il démontre que Marine Le Pen n’a rien compris à ce que de Gaulle avait confié à Alain Peyrefitte, et que ce dernier a rapporté dans son "C’était de Gaulle". Pas plus que Nadine Morano (qui ne cite même pas bien de Gaulle, qui parle d’un "peuple européen de race blanche" et non d’un "pays de race blanche") la présidente du FN ne comprend ce que signifie de Gaulle, à ce moment précis de l’histoire, quand il sait que l’indépendance de l’Algérie est inéluctable. A savoir que l’intégration du peuple algérien est impossible dans un espace de citoyenneté française, compte tenu du poids de l’histoire, des cultures, mais aussi des impératifs sociaux et économiques de l’époque, est une lubie insensée, porteuse d’une contradiction qui mènerait à l’implosion de la France.

    Il n’y a pas de lecture racialiste chez de Gaulle, confronté à une situation de crise exceptionnelle et qui s’exprime en un temps où l’immigration venue d’Afrique du nord vers la France n’a même pas débuté. Bien au contraire. En 1959, le général, qui a déjà compris que le concept "d’Algérie française" est un oxymore politique, s’apprête à en tirer les conséquences, au nom de l’intérêt des deux peuples, français et algérien. Il agit en Homme d'Etat, position que Marine Le Pen, cinquante ans plus tard, est encore incapable d’appréhender. Il est sidérant de contempler l’expression d’une vision de l’histoire, aussi datée et obsolète, étayée par des références qui pointent une faiblesse politique peu digne d’une personnalité qui postule à la présidence de la République.

    Mieux encore, Marine Le Pen avoue implicitement qu’elle porte en elle une vision post-coloniale de l’histoire et des rapports entre les peuples. Elle conçoit la France comme un modèle supérieur de civilisation, dont la bienveillance s’exprime par la coercition politique. C’est absurde. Certes, il est évident que Marine Le Pen évoque sa nostalgie française et réfute de Gaulle pour mieux stigmatiser, de manière sournoise, ceux qui sont aujourd’hui présents en France et ne seraient pas des Français selon les vues qui sont les siennes, mais cette évocation dit aussi le danger que représente la présidente du FN, qui estime qu’être Français, c’est adopter l’histoire et la culture du pays.

    Gaullienne? gaulliste? Ni l'un ni l'autre

    Et pourtant, on peut être Français et refuser d’adopter des pans entiers de l’histoire de France, ou ne pas se sentir lié par des éléments de culture. On peut être Français et vibrer au souvenir du sacre de Reims et lire avec émotion le récit de la Fête de la fédération et rejeter le Bonapartisme impérial, le Maréchalisme et Vichy, l’OAS et l’Algérie française… On peut même être Français, et ne pas être gaulliste, tout en refusant d’être anti-gaulliste, comme l’écrivait François Mitterrand dans "La Paille et le grain", au nom même de ce que représente le général, porteur des valeurs du Conseil national de la Résistance…

    A cela, Marine Le Pen objectera sans doute qu'elle se prétend gaullienne, plus que gaulliste. Mais le distingo ne trompera personne. Marine Le Pen n'est ni gaulliste, ni gaullienne, tout simplement parce qu'un nostalgique de "l'Algérie française" ne peut pas l'être, c'est ontologique.

    Sur Europe 1, Marine Le Pen a renoué, elle, avec l’anti-gaullisme traditionnel de d’extrême droite ; celui qui a toujours préféré la Révolution nationale au programme du Conseil national de la Résistance ; celui qui n’a jamais pardonné au général le procès de Pétain, l’exclusion de Maurras de l’Académie, l’exécution de Brasillach, la fin de l’utopie Algérie française et le châtiment de Bastien-Thiry [à l'origine de l'attentat du Petit-Clamart contre de Gaulle en 1962]…

    Car c’est bien à cette conscience politique de l’extrême droite traditionnelle, façonnée par un siècle et demi de feu et de sang, de violences et de tumultes, de haine de la République et de la Nation que renvoie le "Nous, nous étions pour l’Algérie française" de Marine Le Pen.

    Le vol de l'héritage des Républicains

    Que faire de cet aveu de renonciation au Gaullisme, à ses pompes et à ses œuvres? La question vaut pour ceux qui sont, en principe, les dépositaires du legs politique du Général, "Les Républicains". De ce point de vue, leur manque d’empressement à défendre ce qui leur revient de droit et de tradition ne lasse pas d’étonner.

    Depuis que le FN a entamé son opération de triangulation du gaullisme, Nicolas Sarkozy, François Fillon, Alain Juppé et les autres laissent faire. Ni révolte, ni combat contre le vol d’un héritage qu’ils devraient défendre bec et ongle. Combien de temps encore supporteront-ils le dépôt de la gerbe Philippot sur la tombe du Grand homme enterré à Colombey-les-deux-églises, chaque 10 novembre, date anniversaire de sa disparition? L’affaire n’est pas anecdotique, elle est politique. Qui de la nouvelle génération, Bruno Le Maire ou un autre, aura un jour le courage de signifier à Philippot, sur la tombe du général et devant les caméras, en novembre prochain, qu’il n’est pas légitime à s’en réclamer?

    Le FN ne prospère pas seulement sur les peurs sociales, économiques et culturelles, il est aussi passé maître dans l’art de préempter un univers mental politique et historique qui n’est pas le sien, parce que les autres, inconscients et émollients, laissent faire.

    La présidente du FN fait ainsi coup triple, qui assume et revendique l’héritage politique de son père, se proclame gaulliste tout en niant, sans que personne ne relève ses contradictions, la vertu même du gaullisme. En dépit de ses proclamations, inspirées par Florian Philippot, à la gloire du général de Gaulle, elle montre que dans les tréfonds de sa conscience, elle est la dépositaire d’une histoire politique, d’une tradition, qui la relie, sans contestation possible, aux heures les plus sombres de l’histoire contemporaine de ce pays.

    Marine Le Pen a tué le père, mais elle a gardé le pire.

    SOURCE : http://www.challenges.fr/politique/20151001.CHA0011/apres-morano-marine-le-pen-derape-sur-de-gaulle-et-l-algerie-francaise.html

     

     


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