• L'HOMMAGE DU PRÉSIDENT BOUTEFLIKA

     AUX AMIS FRANÇAIS DE LA RÉVOLUTION

    ALGÉRIENNE

    Audin, Fanon et les autres....

    Maurice Audin et Frantz Fanon

    Le ministre des Moudjahidine leur a rendu un vibrant hommage en présence de Pierre, fils de Maurice Audin.

    Le ministre des Moudjahidine, Tayeb Zitouni, a rendu mercredi soir à Paris, au deuxième jour de sa visite de travail en France, un vibrant hommage aux Français amis de la Révolution algérienne.
    Au cours d'une réception organisée au Centre culturel algérien en l'honneur des moudjahidine de France et des Français amis de la Révolution algérienne, le ministre a tenu à rendre un hommage «solennel», «au nom du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, à tous ceux, Algériens et Français, guidés par les valeurs nobles de la liberté et de la justice, qui se sont impliqués et sacrifiés pour l'indépendance de l'Algérie».
    «Amis français, votre présence aujourd'hui, témoigne de votre attachement à l'Algérie et je puis vous assurer de la reconnaissance éternelle des Algériens à votre égard», a affirmé le ministre qui a rappelé que la cause algérienne dépassait largement les frontières géographiques, religieuses et autres.
    Il a relevé devant Pierre, fils de Maurice Audin, qui était présent en compagnie de l'avocat de la famille, Roland Rappaport, que «le combat et le sacrifice de héros tels que Maurice Audin et Frantz Fanon, à jamais inscrits dans notre panthéon, démontrent l'universalité des valeurs du 1er Novembre 1954 qui ont conduit des hommes et des femmes de tous les horizons à rejoindre le combat du peuple algérien». Pour Zitouni, «il est important, pour les jeunes générations algériennes et françaises, de savoir et comprendre cette histoire que nous avons en partage». Dans sa mission de sensibilisation du pouvoir législatif sur le règlement de la question de la mémoire, «sans arrière-pensées, ni tabous, ni complexes», Zitouni s'est entretenu avec le président du Sénat, Gérard Larcher, et avec le président de l'Assemblée française, Claude Bartolone. A chaque occasion, Zitouni n'a cessé de répéter qu'il était porteur d'un message «clair» à la France et aux Français, tout en les assurant de la «volonté de l'Algérie d'établir un climat de confiance pour construire un avenir prometteur pour les relations entre les deux pays».
    Avec le secrétaire d'Etat chargé des Anciens combattants et de la Mémoire, Jean-Marc Todeschini, trois grands dossiers ont été mis sur la table des négociations et des discussions. Il s'agit de ceux relatifs aux archives, aux disparus et aux essais nucléaires dans le Sud algérien durant la colonisation. Avant de regagner Alger, il a eu également des entretiens avec le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian.
    Le ministre Zitouni a lancé, par ailleurs, un message fort, disant qu'il n'y avait «aucun différend» entre l'Algérie et la France, se félicitant d'un changement d'attitude et de ton de la France au sujet des questions liées à la mémoire. «Nous n'avons, avec la France, aucun différend. Nous avons seulement, entre nous, des dossiers en suspens qui empoisonnent constamment nos relations», a-t-il précisé devant les moudjahidine de France et les Français amis de la Révolution algérienne, au Centre culturel algérien de Paris.

    Source : http://www.lexpressiondz.com/actualite/234260-audin-fanon-et-les-autres.html 

     


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  • Nos amis Les Pieds-Noirs Progressistes nous annoncent le décès de Denise Buonomano le 26 décembre 2015

    Denise Buonomano : Itinéraire d’une « Pied-Noir »

     

    Denise Buonomano : Itinéraire

    d’une « Pied-Noir »

     

    Itinéraire d’une « Pied-Noir »

    Denise Buonomano relate le passage difficile de la culture d’une Pied-noir en Algérie à celle d’une Algérienne pied-noir en France. Les deux associations 4ACG et ANPNPA y ont joué un certain rôle.

    Itinéraire d’une « Pied-Noir »

     

    Mon grand-père paternel, naturalisé français à l’âge de cinq ans, était le fils d’un matelot corailleur de Naples. Le père de ma grand-mère paternelle arriva de métropole en Algérie dès les années 1860. Quant à la branche maternelle de ma famille, elle est originaire de Corse. De vrais méditerranéens donc, comme la grande majorité des Pieds-Noirs, ce qui explique peut-être le côté viscéral des affrontements à la fin du conflit.

     Au commencement : comment enseigne-t-on le racisme ?

     Souvenir de petite enfance : je m’étais prise d’affection pour une dame de notre quartier ; je me précipitais vers elle pour l’embrasser quand je la voyais. Jusqu’au jour où la parole paternelle tomba comme un couperet : « Je ne veux pas que tu l’embrasses, c’est une Arabe ».

    Perplexité: elle n’avait pas deux têtes ni quatre mains, mais il y avait sûrement quelque chose, puisque le père le disait. A partir de ce moment, je cherchai des différences. Tout en ressentant une impression d’injustice quelque part. Ce sentiment, il n’était ni avouable, ni analysable.

    Rejet, indifférence : les Arabes étaient là, en toile de fond  (sept fois plus nombreux que les « Européens » à Souk-Ahras, ville proche de la frontière tunisienne). Miséreux pour la plupart, ils nous importunaient. Ce qu’ils étaient, c’était « dans l’ordre » des choses.

    La parole est ce qui structure notre condition d’êtres humains. J’ai toujours entendu des désignations injurieuses au sujet des Arabes. Tant et tant d’années qui ont fait que cette population perdait son statut d’humanité pour devenir un ramassis de sous-hommes.

    Je précise qu’il s’agit de mon expérience familiale et que sans doute d’autres familles pied-noires n’étaient  pas aussi extrémistes.

     Quel statut pour les Arabes ?

    Ils n’étaient pas français  par le droit du sol. Ils n’étaient pas algériens, car cette nationalité n’existait pas. En fait, ils étaient apatrides sur leur sol et privés de terres,  puisque la IIIème république avait fait disparaître l’organisation clanique que Napoléon III avait protégée. Dans les conseils municipaux ils existaient en tant que 2ème collège.

    Comment les désignait-on ? Nous disions : « les Arabes, les Indigènes ». Le terme, s’il nous avait été attribué (avec justesse),  aurait été ressenti  comme une injure.  Les journalistes, pendant « les  évènements »,  disaient : « coreligionnaires ». On disait aussi « Musulmans d’Algérie ». Un comble pour cette République si éprise de laïcité que de définir une population par sa religion.

    Malgré tout cela, il se nouait des rapports cordiaux individuels entre Pieds-Noirs et Arabes.

     Souvenirs de violences

     Novembre 54. Premières victimes : un instituteur arrivé de métropole, et le Bachaga (administrateur musulman) qui voulut s’interposer. Dans les journaux, litanie quotidienne des horreurs commises par les fellaghas.

    Guérilla urbaine : jets de grenades ; une de mes copines de lycée, musulmane, reçoit une balle dans un pied.

    Nuit de terreur sous notre balcon, à Annaba (Bône). Une opération menée par les bérets rouges : quartier bouclé ; grenades et tirs de mitraillettes ; les camions de l’armée  pleins de cadavres. Et pour l’ambiance : les you-you des femmes ;  les casseroles scandant les slogans ;  le projecteur faisant sa ronde.

    Pourtant, ma mère et moi, nous avons eu l’occasion de constater que tous les Musulmans n’étaient pas des égorgeurs .Le lendemain de cette nuit sanglante, tout le quartier était bouclé. Nous avons insisté auprès des soldats pour pouvoir sortir. Ils nous ont averties que sortir, c’était possible,  mais qu’il ne fallait pas compter rentrer ensuite. Nous avons pu voir que ce n’était pas une plaisanterie. Deux heures après, tout le monde était bloqué à l’extérieur. C’est alors que notre voisine, musulmane, nous a entraînées dans un dédale de petites rues, à peine larges pour deux personnes. En arrivant devant un portail en bois, nous avons vu  qu’il ne s’agissait pas de l’entrée d’une maison, mais de l’accès à trois rues, tracées comme une patte d’oiseau. De quoi permettre aux gens du quartier de se perdre dans la nature. Evidemment, pas un Français. D’ailleurs, qu’aurait-il pu faire ? Nous n’avons pas été agressées. Et miraculeusement nous nous sommes retrouvées à l’intérieur de la zone encerclée. De quoi réfléchir sur les chances de réussite de l’armée dans cette guérilla urbaine.

     Et  l’OAS ?

    L’OAS (Organisation de l’Armée Secrète) se positionne comme rempart contre l’armée française, qui nous laissait tomber. Un colleur d’affiches de  l’OAS se fait abattre par un soldat. Chapelle ardente, climat d’émeute. On rapatrie vite le soldat. Pour les Pieds-Noirs, voilà un nouvel ennemi : l’armée.   

     Le départ : pourquoi ?

     Un vent de panique : la valise ou le cercueil

    Dans ce climat irrespirable, chaque jour pouvait apporter un nouvel évènement ou une nouvelle rumeur. Tout était plausible, le contraire de tout également. L’avenir ne ressemblait à rien et nous n’avions jamais imaginé concrètement ce qui pourrait nous arriver. La France était adorée comme une divinité, mais quelle France? Quel climat, quel accueil des Français de métropole, quel travail, quel logement ?

    La rumeur (la valise ou le cercueil) nous faisait peur. Il faut dire que les attentats de l’OAS et ses promesses de prendre le pouvoir ne nous mettaient plus en position de dicter nos exigences. Qu’il y ait des vengeances n’aurait rien eu de surprenant. Pourtant, à Bône, dans l’ensemble les choses se sont bien passées. A Oran, ce ne fut pas le cas.

     Ne pas accepter de travailler sous les ordres d’Arabes.

    Pour les gens alors en activité, toute la hiérarchie de la société était inversée. Comme dans d’autres pays colonisateurs, les colonisés étaient pensés comme incapables, paresseux. Il faut dire qu’il aurait été dangereux d’initier les Arabes à faire ce que nous faisions. Nous nous disions civilisateurs, mais je pense que nous étions surtout utilisateurs.

    Nous avions compris que, rien que par leur démographie galopante, les Arabes nous auraient bientôt supplantés aux postes clés. Pourquoi pas la présidence de la République ? Impossible donc de mettre sur pied une société multiculturelle.

    Accepter de nous laisser commander, céder notre pouvoir : cette seule idée, c’était du délire.

    Dans l’ouvrage Portrait du colonisé (Ed.  Jean-Jacques Pauvert), Albert Memmi explique le fonctionnement du couple indestructible « colonisé- colonisateur ». Chacun des deux secrète l’autre, dont la nature est entrée dans son mental.

    Bien des conflits du passé et du présent pourraient trouver leur source dans le regard qu’un peuple porte sur un autre peuple : Israël,  France-Afrique, la guerre d’Irlande, l’exode  des Français du Québec, les enfants aborigènes « volés » pour connaître la civilisation, les zoos humains….

    Partout le fonctionnement est  le même.

    Cette impossibilité de reconnaître l’autre comme une variante de nous-mêmes venait de nos entrailles. La conception inverse aurait été du domaine de la raison. Mais aucun espoir de ce côté-là.

    Voilà pourquoi nous sommes partis.

     Plus de place pour les fonctionnaires dans la jeune République. 

    Administrativement, je ne sais pas comment s’est passée la mise en place des travailleurs pieds-noirs  restés sur place. Mais les employés des chemins de fer en Algérie, par exemple,  ne faisaient plus partie de la SNCF, qui avait disparu. Quant à moi, il me fallait intégrer une Ecole Normale en France.

     La France : de la chimère à la réalité

    Nous étions partis avec presque rien. Nous n’étions plus la classe dominante. « Dilués », nous étions devenus discrets. Notre notion de « la Patrie » était un rien anachronique. Que voulait dire « nos ancêtres les Gaulois » pour nous qui avions à 95% des noms italiens, espagnols, maltais ? L’école Jules Ferry était, plus qu’en Métropole, la règle d’or. Elle émanait d’une République au service du système colonial et ne pouvait que nous conforter dans notre impression de domination légitime.

    Je suis arrivée dans un lycée huppé de Nantes, fréquenté par la bourgeoisie et la noblesse. Mon niveau scolaire était très moyen. Mais je commençai à découvrir plein de choses. Pour nous, les jeunes (j’avais 18 ans), nous avions un avenir à construire. C’était certainement plus facile que pour des gens de 50 ans et plus.

    En outre, le premier hiver (62-63) fut glacial. Il  fallait nous adapter aux fluctuations du climat et apprendre la complexité des choses. J’ai toujours fait un lien entre le côté immuable d’un climat et la mentalité des populations concernées. Même dans la littérature (corse, ou grecque par exemple), les choses semblent figées, impossibles à réorienter. Les changements incessants du temps, si naturels aux yeux des Nantais, me mettaient en rage, comme une injustice. J’ai su que j’étais « intégrée » quand j’ai pu admettre qu’à Nantes il fait beau plusieurs fois par jour.

    La chasse à la location pour nous loger dura longtemps, car les locations à Nantes étaient rares. La guerre 39-45  n’était pas si loin que ça. 

    Nous découvrions un pays apaisé, posant sur notre tragédie un regard …disons « intellectuel».

    Mais nous recherchions la fréquentation de Pieds- Noirs. Les communautés se forment quand les individus essaient de se tenir chaud au cœur. Je ne me souviens pas avoir vu des Nantais venir en visite chez nous.

     Le virage

    Il se fit à travers les études. En histoire, nous avons étudié le fascisme, le colonialisme. Il y avait aussi la présence d’Arabes  différents  des « nôtres ».  A cette époque il y avait de la solidarité entre ouvriers arabes et français. Je comparais les parents de copines nantaises avec les miens, à la mentalité figée et totalement inadaptée.

    Dans le cadre de ma formation d’institutrice, il était rappelé le respect de chaque enfant, de chaque famille,  au nom de la laïcité. Curieusement, on parlait beaucoup de laïcité, car on avait des difficultés à trouver un consensus en France. J’entrais dans un corps de métier où la sensibilité - en raison d’une certaine histoire - était orientée à gauche.

    En Algérie, le mot « laïcité » ne faisait pas débat car la chose était là, tout simplement ; les établissements, même religieux, recevaient des musulmans et j’ai eu toujours eu des copines arabes.

    Dans le cadre de l’école, les frontières étaient abolies. Je rappelle que la guerre d’indépendance n’a jamais été une guerre de religion. Mon premier poste,  dans le nord de la Loire Atlantique, m’a beaucoup interrogée. Pourquoi donc nos  enfants, tous chrétiens, étaient-ils haineux en face d’enfants de l’ «autre » école, également chrétiens ?  Dressera-t-on des barrières éternellement ?

    J’ai compris que,  dans notre culture, quitter les idées du groupe équivalait à quitter le groupe : rupture sociale, rupture affective. On peut consulter à ce sujet l’ouvrage de Fernand Braudel,  La Méditerranée, les hommes et l’héritage (Ed. France loisirs). L’individu est dans le clan. Les moutons noirs ne sont pas admis. C’est dans ce cadre que l’on comprend les « crimes d’honneur », la vengeance de famille, dans les pays musulmans ou la vendetta corse… J’ai alors pris conscience d’un immense gâchis : être passé à côté d’une société multi-culturelle et harmonieuse, comme celle qui exista en Espagne. Car il y a plus d’affinités entre un Pied-Noir, un Juif ou un Arabe,  qu’entre un Pied-Noir et un Alsacien, par exemple.

    Cette remise en cause fut bien sûr quelque chose de lent, de douloureux, mais aussi de réconfortant, en ce sens qu’être en accord avec soi-même permet d’ouvrir des perspectives, de se reconstruire en découvrant d’autres rapports sociaux. Il n’y a rien de plus stérilisant que le rejet de tout ou le positionnement dans  « l’entre-deux-chaises».

                                   Les associations 4ACG et ANPNPA.

    Longtemps j’ai eu honte de me définir comme pied-noire. Je m’identifiais comme faisant partie d’un bloc irresponsable et va-t-en guerre, grandement responsable de la tournure des choses. Une petite bouffée d’oxygène me fut apportée par l’association 4ACG. Son rôle réparateur est immense : réparation des terres, des villages, et surtout des esprits. On espère repartir vers d’autres à venir (avenirs) et donner aux Français et aux Algériens une occasion de créer ce qui ne l’a pas été en 130 ans.

    Quant à l’association ANPNPA (Association Nationale des Pieds-Noirs Progressistes et de leurs Amis),  elle m’a permis de connaître des gens rejetant enfin le simplisme du racisme au profit de la complexité des choses et des hommes ; cela au profit de l’avenir. Je ne me sens plus « a-normale », en revendiquant le droit d’appartenir autant à l’Algérie qu’à la France, mes pays du cœur et de l’esprit. Mes deux moitiés peuvent dorénavant se rejoindre.

    Avec la 4ACG,  nous avons une occasion de redécouvrir les Algériens, la reconnaissance (il y a dans ce mot  « connaissance et naissance ») de la richesse et de la souffrance de chacun d’entre nous. Avec l’ANPNPA,  c’est nous qui nous reconstruisons ;  ceci pourrait enfin faire disparaître le syndrome du colonisé-colonisateur. À présent, je peux me présenter comme « une Algérienne pied-noire. »

     Denise Buonomano.

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  • Algérie, les oubliés de l'Histoire

     

     

    Algérie, les oubliés de l'Histoire

    Les promeneurs du quai Branly à Paris, à la hauteur du musée du même nom consacré aux arts africains, passent devant une dalle en béton surmontée de trois colonnes lumineuses aux couleurs du drapeau tricolore, signalant aux passants que là est le monument aux morts de la guerre d’Algérie. A cette célébration est associé le souvenir des opérations militaires au Maroc et en Tunisie.

    Sur la première colonne défilent les noms des soldats morts pour la France et qui étaient en large partie des appelés du contingent, jeunes hommes fauchés par cette sale guerre qui, à l’époque, ne portait même pas son nom car pour nos hauts responsables politiques, de Guy Mollet le socialiste à de Gaulle le tribun de droite, l’intervention militaire en Algérie s’apparentait à une «opération de maintien de l’ordre ».

    Rappelons le temps de l’histoire de la décolonisation, 1er novembre 1954 – 19 mars 1962 pour la guerre d’indépendance de l’Algérie, soit plus de sept années de combats au cours desquels des milliers de jeunes appelés et rappelés trouvèrent la mort. Il suffit de lire leurs noms sur les monuments aux morts jusque dans nos villages de la France profonde. Dans ma petite commune de la Vienne, ils sont deux, leurs noms déjà bien oubliés comme le sont ceux de leurs camarades victimes du même drame qui mit fin au passé colonial de la France. Cet oubli, je ne peux que le ressentir chaque fois que je m’arrête devant le Mémorial dit de la guerre d’Algérie et des combats du Maroc et de la Tunisie. Promeneurs, vous passez devant le monument aux morts sans y prêter la moindre attention et, encore moins, y marquer un arrêt en signe d’intérêt ou de respect. 

    Si j’évoque, ici,  ce témoignage du souvenir français pour ces morts, victimes innocentes de la fin de notre empire colonial dont sont responsables, pour l’essentiel, nos dirigeants politiques de la IVe puis Ve République, c’est aussi pour rappeler un autre oubli de l’Histoire, celui des irradiés des campagnes d’essais nucléaires conduits par la France en terre algérienne, au Sahara. Le point d’orgue des méfaits de l’atome militaire sera la catastrophe du tir Béryl, le 1er mai 1962, dans le Hoggar. Ce jour-là, nous le savons, suite à l’échec du confinement de l’explosion de la bombe sous la montagne du Tan Affela, le nuage radioactif échappé de la galerie du tir a fait de nombreuses victimes au sein des équipes civiles et militaires les plus exposées sur le site, ainsi que parmi les populations du monde touareg, aussi bien celles des centres de culture que les nomades. Victimes non pas en danger de mort immédiate mais irradiées pour la vie avec les conséquences fatales qui ont pu en résulter.

    Quel en est le bilan ? Existent-ils des statistiques fiables permettant de mesurer l’ampleur des pertes humaines attribuables aux essais nucléaires dont cette terre algérienne a fait les frais avec ses victimes non déclarées, non identifiées comme le sont les hommes du contingent, principalement des soldats du Génie envoyés sur ces sites comme celui d’In Ecker dans le Hoggar ? A quand donc, un mémorial pour rappeler le sacrifice de ces victimes du nucléaire français, sans oublier d’y associer celui des populations sahariennes dont la France, en dépit de son devoir, semble toujours vouloir ignorer le sort ? 

    Notre pays s’est doté de l’arme atomique pour assurer son rôle de grande puissance dans le monde. Il en est fier mais son abandon des irradiés ternit cette image de conquérant de l’atome militaire puis civil. Au-delà de cette mise en cause des responsabilités de la France dans les séquelles laissées par ses campagnes d’essais nucléaires non maîtrisés sur le sol algérien, est posée la question de son engagement dans la sûreté nucléaire. L’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), par la voix de son président, ne vient-elle pas de dénoncer les faiblesses des acteurs du nucléaire civil (EDF,  Areva, CEA) pour la protection de leurs installations face aux risques d’accidents !

    SOURCE :  https://blogs.mediapart.fr/louis-bulidon/blog/280116/algerie-les-oublies-de-lhistoire 

    Algérie, les oubliés de l'Histoire

    Pour les irradiés du Sahara

    Par Louis Bulidon , Vétéran français  

    Honte à mon pays, la France, qui ne reconnaît pas ses victimes, entre autres les irradiés de Béryl, catastrophe nucléaire survenue en Algérie, à In Ekker dans le Hoggar, le 1er mai 1962, peu après les accords de cessez-le-feu du 19 mars avec le FLN algérien. Cette catastrophe s’insère dans l’ensemble des essais de bombes nucléaires, effectués dans un premier temps au Sahara, puis en Polynésie.

    L’action des vétérans de ces essais, tant militaires que civils, a conduit à la promulgation de la loi Morin en 2010, destinée à indemniser les vétérans subissant des séquelles sanitaires. Seulement cette loi fut vidée de sa substance par des décrets d’application restrictifs et injustifiés. Par exemple, sont imposés pour une prise en compte d’une pathologie radio induite, des relevés dosimétriques significatifs, alors que seuls les personnels situés dans une «zone contrôlée» étaient attributaires de détecteur, et alors que le nuage sortant à In Ekker du Tan Affela, lors du tir non confiné du 1er mai 1962, ne respectait pas la consigne administrative, irradiant et contaminant tous ceux qui se trouvaient sur son passage. La base-vie d’In Amguel y eut droit, ainsi que les populations locales.

    En Polynésie, il a été admis que la population d’une très large zone est concernée par cette loi. Par contre au Sahara, aussi bien dans la région de Reggane, où eurent lieu les quatre premiers tirs aériens que dans celle d’In Ekker où plusieurs tirs souterrains furent «fuyards», il y a un déni de responsabilité de l’Etat français à l’égard de ces populations.

    Ce 1er mai 1962, nous en avons été les témoins (1), le nuage radioactif échappé de la montagne du Tan Affela à In Ekker a, sur son passage, sévèrement irradié des cohortes de civils et de militaires présents sur les lieux et cherchant à fuir par la seule route carrossable d’évacuation, en direction de la base-vie, seul refuge du site d’expérimentation, route sous le passage du nuage radioactif. L’intensité de l’irradiation a été mesurée par le service technique des armées, auquel j’appartenais, et dont je peux encore témoigner.

    Il est encore temps pour les survivants de ce désastre, et il revient à l’Etat d’aller au-devant des éventuelles victimes, de convoquer ces rescapés, militaires et civils, pour un bilan de santé afin de s’assurer que leur fin de vie n’est pas assombrie par les séquelles des radiations qu’ils ont subies et si c’est le cas, de les indemniser. La France a une dette envers eux, et s’honorerait de s’en acquitter. Que la France n’oublie jamais que c’est au prix des sacrifices de mes camarades irradiés qu’elle dispose d’une arme nucléaire de dissuasion.

    Notre combat rejoint celui des anciens mineurs de Lorraine, qui ont aussi donné leur vie et leur santé pour permettre à la France de se relever, et qui demandent la reconnaissance du dommage d’«anxiété», leur reste de vie étant conditionné par une éventuelle émergence d’une maladie liée à leur activité professionnelle, anxiété analogue à celle des anciens irradiés et/ou contaminés craignant le déclenchement d’une maladie radio induite.

    (1) «Les Irradiés de Béryl» aux éditions Thaddée, 2011.

    Louis Bulidon Vétéran français  

    SOURCE :  http://www.liberation.fr/planete/2014/12/25/pour-les-irradies-du-sahara_1170090 

          


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  • Ce soir jeudi 28 janvier 2016 France Inter présente   dans l’émission « Affaire Sensibles »  17 octobre 1961 : une nuit pour mémoire  Un massacre en plein Paris

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    LIEN A LA FIN

     

     

    Cet après-midi, jeudi 28 janvier 2016, à 15 h, France Inter présente

     dans l’émission « Affaires Sensibles »

    17 octobre 1961 : une nuit pour mémoire

    Un massacre en plein Paris 

     

    Ce soir jeudi 28 janvier 2016 France Inter présente   dans l’émission « Affaire Sensibles »  17 octobre 1961 : une nuit pour mémoire  Un massacre en plein Paris

    2011/10/17 : Commémoration du 50 ème anniversaire de la répression sanglante du 17 octobre 1961 © MaxPPP - 2016 / Gaël Dupret

     

    Le 17 octobre 2001, à Paris, sur le pont Saint-Michel, le maire de la capitale, Bertrand Delanoë, accompagné d’une centaine de personnes, inaugure une plaque commémorative. Elle est dédiée : « À la mémoire des Algériens, tués lors de la sanglante répression de la manifestation pacifique du 17 octobre 1961. » Les mots, choisis avec précision, s’inscrivent sur les murs parisiens. Mais à quelques encablures de là, une autre manifestation est organisée. Des représentants politiques, des militants de droite et d’extrême droite, se sont réunis pour protester contre l’hommage rendu. Signe que, quarante-ans après les faits, la plaie ouverte dans cette nuit tragique du 17 octobre 1961 n’était toujours pas refermée.  

    Ce soir-là, entre vingt et trente milles Français musulmans d’Algérie, comme on disait à l’époque, manifestent dans Paris. La répression policière qui s’abat sur eux est d’une violence inouïe : de nombreux Algériens meurent sous les coups des forces de l’ordre. Immédiatement, une chape de plomb recouvre cette nuit sanglante. Pendant des années, un insupportable silence voilera la réalité d’une date charnière de la guerre d’indépendance algérienne.

    Comment une telle violence a-t-elle pu se produire en plein cœur de la capitale, alors même que la guerre touche à sa fin ? Comment cet événement a-t-il pu être tu pendant toutes ces années ? Au cours de ce récit, nous entendrons les manifestants, les policiers, les journalistes présents le 17 octobre 1961. Ces témoignages, tous postérieurs aux événements, seront ici replacés au cœur de la chronologie, comme une tentative de restitution de ces voix extraites des décombres de « notre » histoire.     

    En seconde partie d’émission, nous recevrons Sylvie Thénault, historienne, spécialiste de la guerre d’Indépendance algérienne. Son dernier ouvrage, collectif, s’intitule Histoire de l’Algérie à la période coloniale, publié en 2014 aux éditions La Découverte.

    SOURCE : http://www.franceinter.fr/emission-affaires-sensibles-17-octobre-1961-une-nuit-pour-memoire

    La rafle et le massacre du 17 octobre 1961 à Paris | Archive INA

     

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  • VICTIMES DES ESSAIS NUCLÉAIRES, LES DISPARUS

    ET LE 17 OCTOBRE 1961

    Alger et Paris ouvrent les dossiers

     

    VICTIMES DES ESSAIS NUCLÉAIRES, LES DISPARUS ET LE 17 OCTOBRE 1961 : Alger et Paris ouvrent les dossiers

    Le ministre des Moudjahidine, Tayeb Zitouni, a entamé hier, une visite de travail de trois jours en France qui sera consacrée à trois principaux dossiers: les archives, les disparus algériens durant la guerre de Libération nationale et les indemnisations des victimes des essais nucléaires effectués dans le Sahara algérien.

    Au cours de cette visite, la première d'un ministre algérien des Moudjahidine effectuée en France, M.Zitouni aura des entretiens avec le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, le secrétaire d'Etat auprès du ministre de la Défense, chargé des Anciens combattants et de la Mémoire, Jean-Marc Todeschini, le président du Sénat, Gérard Larcher, et le président de l'Assemblée nationale française, Claude Bartolone. Il effectuera au cours de son séjour des visites au musée de l'Armée (les Invalides) et à Verdun, commune française située en Lorraine, théâtre de la très meurtrière bataille de Verdun lors de la Première Guerre mondiale (1914-1918), pour se recueillir devant les 592 stèles des combattants algériens morts pour la France. A titre de rappel, environ 20 000 Algériens ont pris part à cette bataille qui avait duré 300 jours. Des milliers d'entre eux ont péri et ceux identifiés (592) ont été enterrés à Verdun. Le ministre se recueillera aujourd'hui au pont Saint-Michel à la mémoire des Algériens tués et jetés dans la Seine par les forces de l'ordre, le 17 octobre 1961, avant de rencontrer les anciens moudjahidine installés en France et les Français amis de la révolution algérienne. Lors d'un point de presse à Alger, Tayeb Zitouni, avait indiqué qu'il est «grand temps» pour l'Algérie et la France de se pencher sur les dossiers en suspens, notamment ceux relatifs aux archives nationales, depuis le début de l'occupation française de l'Algérie jusqu'au recouvrement de la souveraineté nationale, aux disparus algériens durant la guerre de Libération nationale et aux indemnisations des victimes algériennes des essais nucléaires effectués à Reggane.
    Il a affirmé que l'Algérie «ne renoncera pas à ses revendications relatives à la récupération des archives» inhérentes aux différentes révoltes populaires contre l'occupant français, rappelant à cet effet la mise en place d'une commission mixte scindée en plusieurs sous-commissions chargées de l'examen des questions techniques relatives à la récupération des archives de l'Algérie.
    Il a également indiqué que sa visite en France sera l'occasion d'évoquer le dossier des disparus algériens lors de la guerre de libération, citant notamment quelques cas tels que Larbi Tebessi, Maurice Audin et d'autres.

    SOURCE : http://www.lexpressiondz.com/actualite/234156-alger-et-paris-ouvrent-les-dossiers.html

     

    Le ministre algérien des Moudjahidine en visite

    en France, une première depuis l'indépendance

     

    © Jean-Christophe Verhaegen, AFP | Tayeb Zitouni, ministre des Moudjahidine, et Jean-Marc Todeschini, secrétaire d’État chargé des Anciens combattants et de la Mémoire, le 27 janvier 2016 à l'ossuaire de Douaumont.

    Texte par Stéphanie TROUILLARD

    Pour la première fois depuis l'indépendance de l'Algérie, un ministre des Moudjahidine, équivalent des anciens combattants, est en visite en France. Avec son homologue français, il s'est rendu à Verdun pour honorer la mémoire des soldats algériens.

    C’est dans l’ossuaire de Douaumont, près de Verdun, devant la flamme du souvenir, que Jean-Marc Todeschini, secrétaire d'État français chargé des Anciens combattants et de la Mémoire, et son homologue algérien Tayeb Zitouni, ministre des Moudjahidine, se sont recueillis, mercredi 27 janvier, en hommage aux soldats algériens tombés durant la Première Guerre mondiale. Les deux hommes se sont également rendus dans le carré musulman de l'ossuaire où reposent 222 Algériens parmi les quelque 20 000 qui ont participé à cette bataille de la Grande Guerre.

    Cette cérémonie a eu lieu dans le cadre d’un séjour historique de trois jours en France de Tayeb Zitouni. "Jamais un ministre des Moudjahidine algérien n'est venu en France dans une visite officielle. C'est là le sens de l'apaisement de nos mémoires respectives", a souligné la veille Jean-Marc Todeschini après un premier entretien entre les deux hommes, comme le rapporte l’agence de presse algérienne (APS).

    Le ministre des Moudjahidine a lui aussi salué la "forte volonté" affichée actuellement par l'Algérie et la France, à la faveur du Traité d'amitié, signé en 2012 par leurs chefs d'État respectifs, pour assainir toutes les questions restées en suspens. "Il est grand temps pour nous [Algériens et Français] de traiter tous les dossiers liés à la question de la mémoire commune et de les prendre sérieusement en charge et en toute responsabilité", a-t-il déclaré.

    Trois dossiers mémoriels polémiques

    Selon le journal El Watan, cette visite est avant tout consacrée à trois principaux dossiers : la récupération des archives nationales de la période de l’occupation française, la question des disparus lors de la guerre d’Algérie, comme Larbi Tébessi ou Maurice Audin, et les indemnisations des victimes des essais nucléaires effectués dans le Sahara algérien.

    Le ministre Zitouni a déjà annoncé que "les deux parties ont convenu que la question des archives serait abordée lors de la prochaine réunion de la Commission inter-gouvernementale de Haut niveau (CIHN), prévue en mars à Alger". Concernant les disparus et les indemnisations des victimes, "une commission mixte sera mise en place et devrait se réunir le 11 février prochain".

     La délicate question des excuses

    Alors que des avancées semblent déjà acquises entre les deux pays sur ces dossiers, la question de la repentance est plus délicate. En Algérie, de nombreuses voix s’élèvent pour demander à la France d’exprimer officiellement des excuses au peuple algérien pour les souffrances infligées lors de la colonisation, mais le ministre des Moudjahidine pense que ce débat n’est pas à l’ordre du jour. "Le règlement des dossiers en suspens passe avant, ensuite on pourra parler d’excuses", avait-il résumé avant son départ pour la France. Et de relever "une avancée dans la position française concernant la mémoire nationale" comme en témoigne la visite en avril dernier de son homologue français à Sétif, 70 ans après le massacre de milliers d'Algériens.

    Pour le journal Le Temps d'Algérie, il faut voir dans cette déclaration de Tayeb Zitouni un double sens. "Dans un contexte de réchauffement sans précédent entre Alger et Paris, il n'est pas bon d'évoquer les questions qui fâchent", explique le quotidien. Une position partagée par El Watan qui estime aussi "qu’Alger et Paris préfèrent donner, depuis ces deux dernières années, un traitement dépassionné des pages de l’Histoire commune". Cette pacification des enjeux mémoriels est la conséquence, selon le quotidien algérien, du "réchauffement dans les rapports bilatéraux à la fois sur les plan politique et économique" entre les deux pays. "Paris, qui a offert tout son appui politique à Bouteflika, reçoit les meilleurs égards d’Alger et s’offre de juteux contrats économiques. Les échanges acerbes du temps du président Sarkozy ne sont qu’un vague souvenir", résume El Watan.

    SOURCE : http://www.france24.com/fr/20160127-ministre-moudjahidine-algerie-france-tayeb-zitouni-guerre-algerie-centenaire

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    Le ministre des Moudjahidine se recueille

    à la mémoire des victimes algériennes

    du 17 octobre1961

    PARIS - Le ministre des Moudjahidine, Tayeb Zitouni, s’est recueilli mercredi après-midi à Paris à la mémoire des victimes algériennes des massacres du 17 octobre 1961 à Paris.

    Au deuxième jour de sa visite en France, la première du genre, le ministre s'est recueilli au pont Saint-Michel, où une plaque commémorative a été apposée sur le mur du quai à partir duquel des centaines d’Algérien ont été jetés dans la Seine. Il était accompagné du secrétaire d’Etat français chargé des Anciens combattants et de la Mémoire, Jean-Marc Todeschini.

    La police française dirigée à l’époque par le préfet Maurice Papon, avait tué et jeté dans à la Seine des dizaines d’Algériens qui manifestaient pacifiquement à Paris contre le couvre-feu imposé au seuls Algériens.

    Auparavant, Tayeb Zitouni a déposé une gerbe de fleurs au pied de la tombe du Soldat inconnu de la Première Guerre mondiale à l’Arc de Triomphe (Paris).

    Dans la matinée le ministre s’est rendu à Verdun, commune française située en Lorraine, théâtre de la très meurtrière bataille de Verdun, lors de la Première Guerre mondiale (1914-1918), où il s’est recueilli devant les 592 stèles des soldats algériens enrolés dans l'armée coloniale et morts pour la France.

    Environ 20.000 Algériens avaient pris part à cette bataille qui avait duré 300 jours. Des milliers d’entre eux avaient péri et ceux identifiés (592) avaient été enterrés à Verdun.

    Todeschini, qui a accompagné le ministre algérien à Verdun, a rappelé que "beaucoup de soldats venus d'Algérie sont morts lors de la Première Guerre mondiale et de la Seconde Guerre mondiale pour notre liberté, la liberté de la France, la liberté de l'Europe aujourd'hui".

    En visite de travail de trois jours qui prendra fin jeudi par un entretien avec le président de l’Assemblée française, Claude Bartolone, le ministre des Moudjahidine a eu des rencontres mardi avec le secrétaire d’Etat français chargé des Anciens combattants et de la Mémoire et le président du Sénat, Gérard Larcher.

    Il aura également, jeudi, des pourparlers avec le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian.

    Le ministre des Moudjahidine a affirmé mardi, qu’il est "grand temps" pour les deux pays de traiter tous les dossiers liés à la question de la mémoire commune et de les prendre "sérieusement" en charge et en "toute responsabilité".

    "Il est grand temps pour nous de traiter tous les dossiers liés à la question de la mémoire commune et les prendre sérieusement en charge en toute responsabilité", a déclaré le ministre à la presse à l’issue de son entretien avec le secrétaire d’Etat français, chargé des Anciens combattants et de la Mémoire, Jean-Marc Todeschini, révélant qu’il a pu constater "une réaction positive" de la partie française.

    Il a ajouté qu’aujourd’hui, une "forte volonté" existait des deux pays, (...) pour régler toutes questions restées en suspens, soutenant que la France et l’Algérie doivent se baser sur la question de la mémoire, par le biais d’une "lecture responsable", pour "construire l’avenir des générations actuelles et prochaines et au profit des deux peuples et des deux pays".

    "Ma visite s’inscrit dans le cadre de l’instauration de la confiance entre les deux pays. Vous savez tous que les relations algéro-françaises connaissent un développement visible et sensible dans les domaines politique, économique, industriel, commercial et culturel. Il ne restait cependant que la question de mémoire qui pourrait nuire à l’image des solides relations entre les deux pays", a-t-il précisé.

     


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  • C'était le temps de la sale guerre d'Algérie, c'était le temps

    de la France coloniale, des Français ont aidé les Algériens...

    voici le témoignage de Clémence... (en vidéo)

    Clémence / la soeur des frères, ainsi que la biographie de Janine Cahen, militante anti colonialiste

    Mais aussi Janine Cahen

    Militante contre la politique coloniale française

     Le Réseau bien organisé contre son propre pays pour leurs intérêt personnel ..

    Photographie de Janine Cahen – prise à l’époque où elle était lycéenne – fournie par les services de police lors de son arrestation en février 1960. Issue d’une famille de résistants, Janine Cahen s’engage dans un des réseaux d’aide au FLN. Ceux que l’on appellera les « porteurs de valise » se chargent, entre autres, des fonds versés par les ouvriers algériens de métropole. Quand Janine Cahen, 29 ans, professeur de lettres au lycée de jeunes filles de Mulhouse, est arrêtée, elle transportait une somme de 50 000 nouveaux francs, destinée au FLN. Au moment du démantèlement du réseau Jeanson (l’un des plus connus), en février 1960, les Français découvrent l’engagement radical de certains de leurs compatriotes contre la guerre d’Algérie. Le procès des « porteurs de valises », défendus par Mourad Oussedik, Roland Dumas et de nombreux autres avocats, devient une arène politique où s’ouvre le débat sur la légitimité de la «guerre», mot que le président du tribunal interdit de prononcer. De nombreuses personnalités, comme Jean-Paul Sartre, André Mandouze, Claude Bourdet et Paul Teitgen, interviennent pour soutenir l’engagement des militants en faveur de la cause algérienne.

        Sa photo de nos jours de Janine Cahen 

     Le Réseau bien organisé contre son propre pays pour leurs intérêt personnel ..

    (PS) Janine n'est pas Clémence dans le film ci-dessous, mais c'était le même combat contre le colonialisme et la guerre d'Algérie. Concernant Janine il convient d'apporter ces précisions :

    Discrète, lumineuse, Janine Cahen, qui exerça plusieurs métiers - parmi lesquels celui de correctrice au Monde - et participa activement, dans les années 1960, à la lutte contre la guerre d'Algérie, s'est éteinte, mercredi 10 août 2011, en région parisienne, des suites d'un cancer du poumon. Elle allait avoir 86 ans.

    Née le 10 septembre 1931, à Mulhouse (Haut-Rhin), elle assiste, avec ses yeux d'enfant, à l'invasion de l'Alsace par l'armée allemande. Quand sont introduites les lois raciales antijuives, son père, l'avocat Edmond Cahen, décide d'installer sa famille à Valence, dans la Drôme. Lui-même entre dans la Résistance. Les cousins de Janine Cahen, restés à Lyon, seront déportés avec leur mère à Auschwitz ; aucun n'en reviendra.

    La petite Janine ainsi que ses frères et soeurs sont placés dans un home d'enfants dans le Vercors - haut lieu de la Résistance et des maquis, et théâtre, entre juin et août 1944, de violents combats.

     


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  • Lumineuse Leila Alaoui
    A toi nous restons liés
    Sur les mêmes sentiers nous continuerons

     à te rendre hommage

     

     Lumineuse Leila Alaoui A toi nous restons liés Sur les mêmes sentiers nous continuerons   à te rendre hommage

    Cette jeune femme de 33 ans est devenue en France le symbole des attentats perpétrés au coeur de la capitale du Burkina Faso, un nouveau visage de toutes ses vies fauchées par le terrorisme.

    Un avenir radieux, pour lequel elle travaillait dur depuis plusieurs années déjà, l'attendait. Mais le fanatisme l'a brutalement fait disparaître vendredi 15 janvier 2016. Leila Alaoui, franco-marocaine de 33 ans se trouvait en effet à bord d'une voiture à proximité du restaurant Capuccino lorsque des terroristes ont ouvert le feu sur la clientèle de l'établissement ainsi que sur celle du bar Taxi Brousse dans le centre de Ouagadougou, tous deux principalement fréquentés par des étrangers. La jeune femme, grièvement touchée, a été transportée d'urgence dans une clinique privée, mais malheureusement, après s'être battue pour la vie pendant deux jours, elle a finalement succombé à ses blessures et à une crise cardiaque lundi 18 janvier 2016.
    Si cette nouvelle attaque meurtrière, revendiquée par l'AQMI (Al-Qaïda au Maghreb Islamique) a une fois de plus bouleversé le monde, le sort de cette photographe de talent a tout particulièrement symbolisé en France l'horreur de ce drame.

    Leila Alaoui n'était pas seulement une ressortissante française, elle symbolisait avant tout, tout ce que le terrorisme cherche effectivement à faire disparaître : la jeunesse, la liberté, la diversité et l'humanité. C'est deux derniers concept était d'ailleurs au coeur de son travail. Si elle se trouvait au Burkina Faso ce jour-là, c'est justement parce qu'elle participait à un projet de documentaire sur les violences faites aux femmes en Afrique de l’Ouest, initié par l’ONG Amnesty International. Avant cela, elle avait présenté une magnifique série de photos à la Maison européenne de la photographie. Intitulée "Les Marocains", elle était composée de portraits, les yeux dans les yeux, d'hommes et de femmes en costumes traditionnels, représentant la richesse et la diversité des identités du pays. Exposé jusqu'à la veille de sa mort, son travail avait été choisi pour illustrer la première Biennale des photographes du monde arabe. Toutefois, elle voyait en ses clichés autre chose que de l'art. "Ma mission, avant tout, est sociale", expliquait-elle il y a plusieurs années au magazine marocain TelQuel.

     

     Lumineuse Leila Alaoui A toi nous restons liés Sur les mêmes sentiers nous continuerons   à te rendre hommage

    © DR  

    Rayonnante et lumineuse

    Les hommages rendus à cette artiste reconnue internationalement, grande voyageuse partageant sa vie entre Paris et Beyrouth au Liban et grande humaniste, ont été nombreux. "Elle était jeune, elle était belle, elle avait du talent. C’était une artiste rayonnante. Elle menait un combat pour redonner vie aux oubliés de la société, aux sans-abris, aux migrants, avec pour seule arme la photographie. C’était une correspondante de paix", ont ainsi souligné dans un communiqué Jack Lang, Président de l’Institut du Monde Arabe, où elle avait également exposé, et Jean-Luc Monterosso, Directeur de la Maison Européenne de la Photographie.

    "Je garde le souvenir d’une amie lumineuse. Qu’elle repose en paix, et que maudite soit la haine”, a écrit sur Twitter le critique d’art et commissaire des Photaumnales de Beauvais, Paul Ardenne, annonçant que cette exposition, prévue en octobre prochain, lui serait dédiée.
    Pour découvrir le travail de cette brillante photographe, rendez-vous sur son site :
    www.leilealaoui.com

    SOURCE : http://www.aufeminin.com/news-societe/leila-alaoui-brillante-photographe-tuee-a-ouagadougou-s1721115.html

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     


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  • Ne pas oublier le massacre de Charonne

    Ici c’était le 8 février 2015… mais donnons-nous rendez-vous le 8 février 2016… malgré l’état d’urgence… le Pouvoir socialiste n’a pas intérêt à  interdire ce rassemblement commémoratif…

     

    Ne pas oublier le massacre de Charonne

    AFP

    Le 8 février 1962, 20 000 personnes participent à Paris à une manifestation contre les attentats de l'OAS et pour la paix en Algérie. A l'issue de ce défilé pacifique, les forces de l'ordre chargent les manifestants aux abords de la station de métro Charonne (11e). Un déchaînement de violences policières qui fera neuf morts et plus de 250 blessés.

    Pour ne pas oublier,  la CGT, le PCF et le Comité vérité et justice Charonne, une cérémonie d’hommage aux neuf victimes  du 8 février 1962 s'est déroulée ce samedi 7 février au métro Charonne.

    Ne pas oublier le massacre de Charonne

     « En une période où le besoin d’histoire est si fort dans la société française et où est légitimement revendiquée une exigence de vérité, en particulier sur les deux moments clefs de notre histoire nationale récente que sont l’Occupation et les guerres coloniales, il n’est pas inutile de se souvenir de Charonne. », précisait leur appel.

    En pleine vague d'attentats commis sur le territoire métropolitain par l'OAS (l'Organisation de l'Armée Secrète, créée en 1961, dont l'objectif était de maintenir l'Algérie française à tout prix) plusieurs syndicats et organisations politiques de gauche appellent à manifester pour la paix en Algérie. Le rassemblement pacifique a lieu place de la Bastille et le cortège, composé essentiellement de jeunes et en particulier de jeunes femmes, se dirige ensuite en direction de la place Voltaire.

    ... férocement réprimée par la police

    Aux abords de la station Charonne (11e) et alors que les organisateurs s'apprêtent à déclarer la dispersion de la manifestation,  les brigades spéciales de la police sous les ordres du préfet Maurice Papon chargent à coup de matraque les manifestants qui cherchent alors à se réfugier dans le métro. En contre-bas des marches se déroulent des scènes d'une violence extrême. Des témoins rapportent que des policiers vont se saisir et jeter des personnes dans l'escalier par dessus la rampe de la bouche du métro, ou encore lancer des grilles en fonte sur les manifestants tentant de fuir. Bilan : neuf victimes mortes étouffées ou le crâne fracturé et 250 blessés.

    Les victimes des violences policières du 8 février 1962 au métro Charonne :

    - Jean-Pierre BERNARD, 30 ans, dessinateur aux PTT;

    - Fanny DEWERPE, 30 ANS, sténodactylographe;

    - Daniel FERY, 15 ans, employé de presse;

    - Anne GODEAU, 24 ans, agent d'exploitation aux PTT;

    - Edouard LEMARCHAND, 40 ans, employé de presse;

    - Suzanne MARTORELL, 40 ans, employé de presse;

    - Hippolyte PINA, 58 ans, militant du PCF et de l'Union Syndicale du Bâtiment de Seine et Oise CGT;

    - Maurice POCHARD;

    - Raymond WINTENGS, 44 ans, imprimeur typographe.

    SOURCE : http://www.humanite.fr/ne-pas-oublier-le-massacre-de-charonne-564933

     

    Mourir à  Charonne, pourquoi ? from Daniel Kupferstein on Vimeo.

     


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  • L’état d’urgence... jusqu’à quand ? 

     

    Source / http://ldh-toulon.net/l-etat-d-urgence-jusqu-a-quand.html


    Alors que la menace de prolongation sans fin de l’état d’urgence commence à se préciser, il faut prendre connaissance des déclarations de Pierre Tartakowsky, président d’honneur de la LDH, dans le journal « 28´ » d’Elisabeth Quin, sur Arte le 21 janvier 2016.

    « Ne pas gouverner avec les sondages,
    c’est la différence entre un homme politique et un homme d’Etat.
     »

    Adage attribué à François Mitterrand (1)

    __________________

    L’exécutif va-t-il prolonger l’état d’urgence jusqu’à la fin de la guerre contre Daech ?

    par Alexandre Boudet, Le HuffPost, le 22/01/2016 12h37

     

    L’Etat d’urgence, jusqu’à quand ? Décrété dans la foulée des attentats du 13 novembre, le dispositif se terminera à la fin du mois de février. Sauf si François Hollande et Manuel Valls décident de le prolonger. A Claude Bartolone qu’il recevait mercredi 20 janvier, le chef de l’Etat aurait affirmé que cette prolongation était "probable". On évoquait alors trois mois de plus.

    Ce vendredi 22 janvier, Manuel Valls semble aller nettement plus loin. Dans une interview à la BBC, le premier ministre laisse entendre que l’état d’urgence pourrait être prolongé "jusqu’à ce que nous puissions nous débarrasser de Daech". Voilà en tout cas la formule utilisée par le média britannique qui n’a pas publié l’extrait vidéo de la séquence.

    "Aussi longtemps que la menace est là", nous devons utiliser tous les moyens nécessaires pour assurer la sécurité des Français, a-t-il expliqué. Une telle décision reviendrait à instaurer un état d’urgence permanent, ce qui ne manquerait pas de déclencher de vifs débats politiques.

    "Décision dans les prochains jours" 

    "L’exécutif prendra sa décision dans les tous prochains jours", avait précisé en cours de semaine une source élyséenne. Le temps presse car une éventuelle prolongation ne peut se décider au dernier moment. Elle ne peut intervenir qu’après le vote d’une loi qui nécessite un temps parlementaire de plusieurs semaines et un avis du Conseil d’Etat, plus haute juridiction administrative du pays.

    Mais alors que la première prolongation de trois mois, dans la foulée des attentats avait été votée de manière quasi-consensuelle, les doutes sur l’utilité de maintenir cet état d’urgence s’étalent de plus en plus ouvertement. La Ligue des droits de l’Homme a ainsi annoncé avoir saisi le Conseil d’Etat pour mettre fin, totalement ou en partie, aux mesures contraignantes de l’état d’urgence, qui ne sont selon elle plus justifiées et portent "une atteinte grave et manifeste aux libertés publiques".

    Il y a quelques jours, c’est Jean-Jacques Urvoas, président de la commission parlementaire chargée du contrôle de cet état qui avait émis des doutes sur l’efficacité d’un tel maintien, au vu de l’essoufflement des mesures. Mais s’il notait que l’intérêt estompait du fait que les principaux objectifs ont été atteints, le député du Finistère notait que sortir de ce régime d’exception serait "un acte délicat à prendre".

    Les Français largement favorables 

    C’est peu dire que François Hollande devra (une fois encore) jouer les équilibristes. "Tout sera évaluée", a promis Stéphane Le Foll à l’issue du conseil des ministres. Dans l’esprit du Président et de ses conseillers, c’est l’imminence de la menace terroriste qui sera observée en premier lieu. "Elle est toujours là et elle est même extrêmement élevée", a répété le porte-parole du gouvernement. Et on voit mal comment cette affirmation deviendrait caduque d’ici à la fin février.

    En clair, le chef de l’Etat réfléchit aux meilleurs dispositions pour assurer la sécurité des Français. Et la prolongation de l’état d’urgence est une mesure qui semble leur convenir. Selon la vague de janvier du baromètre YouGov pour Le HuffPost et iTélé, 65% des personnes interrogées estiment que la prolongation de l’état d’urgence se justifie, car il faut "accepter une certaine limitation des libertés fondamentales des individus pour mieux garantir la sécurité de tous". En conséquence, près de sept personnes interrogées sur dix (69%) se déclarent favorables à une prolongation de l’état d’urgence au-delà de février.

    A l’Elysée, la crainte réside en effet dans la survenue d’un nouvel attentat. Si cette dramatique hypothèse venait à se concrétiser, François Hollande veut être sûr que tout a été fait pour l’éviter. En attendant que les lois ordinaires (notamment la révision de la procédure pénale), il s’interroge donc pour savoir si le maintien de l’état d’urgence n’est pas la meilleure riposte. Argument à double tranchant dans la mesure où les opposants -de plus en plus nombreux- ne manqueront pas de dire que le maintien de l’état d’urgence n’a pas permis d’empêcher une nouvelle attaque.

    Notes

    (1) Cité dans « Les valeurs de gauche dans le brouillard », Le Monde du 16 janvier 2016.

     


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  • A tous les internautes de ce blog et vous êtes plus de 500 chaque jour je voulais vous dire que cet article n'a rien à voir avec ce qui vous pouvez lire habituellement... c'est un article qui me concerne et ne peut pas me laisser indifférent car c'est 40 années de ma vie professionnelle et l'Entreprise dans laquelle je travaillais qui disparaît presque incognito, sans bruit... et là je suis extrêmement surpris... lire mon commentaire à la fin, j'aimerais que l'on me réponde aux questions que je pose, car des entreprises qui disparaissent il y en a beaucoup mais ce n'est pas sans réaction des personnels et des syndicats. Je remercie donc Daniel Dériot et "vivre-à-chalon.com" pour cette information. Je m'excuse auprès de mes lecteurs habituels car je sais bien que cet article est hors sujet pour ce blog.

    Michel Dandelot

     

     

     

    « Le Bien Public « imprimé à Chassieu...

    le J.S.L va suivre dans 4 semaines

    20 janvier 2016 - Daniel Dériot

    Révolution au sein de la presse départementale, changements en douceur mais bien réels... Depuis une semaine déjà, le quotidien Côte-d'Orien « Le Bien public » n'est plus imprimé à Châtenoy-le-Royal mais dans la périphérie de Lyon à Chassieu. Suivra le 17 février prochain, « Le Journal de Saône-et-Loire «  avec à la clef une nouvelle formule. Un seul titre demeurera imprimé dans la région « L'Yonne Républicaine » à Auxerre... qui dépend du groupe « Centre Presse ».


    UN SEUL QUOTIDIEN IMPRIME EN BOURGOGNE
    Cela n'a pas fait de bruit, presque passé inaperçu, sauf du côté de la zone verte à Châtenoy-le-Royal et à la rédaction du « Bien Public  à Dijon... Le B.P est donc édité depuis mercredi dernier à Chassieux. L'unique quotidien de Côte-d'Or était imprimé à Châtenoy depuis une quinzaine d'années déjà.
    Une page d'histoire se tourne, certains diront un nouvel épisode dans ce qui s'apparente à une nouvelle « concentration ». En tout cas, c'est bien une longue histoire qui prendra fin dans quelques semaines dans le chalonnais pour le « Journal de Saône-et-Loire »... imprimé jusqu'alors en zone verte après avoir quitté le siège historique de l'ancêtre du « Courrier de Saône-et-Loire » dont l'imprimerie se trouvait dans les sous sols de l'immeuble de la Rue des Tonneliers.


    QUOTIDIEN CHALONNAIS DEPUIS... 1870
    « Le Journal de Saône-et-Loire » paraît tout d'abord à Mâcon, le 2 Juillet 1826. En 1832, paraît à Chalon, « Le Drapeau Tricolore » qui prend le titre du « Courrier de Saône-et-Loire » le 5 septembre 1840. Il devient quotidien le 13 décembre 187O.
    C'est en 1956, que René Prétet devient PDG du « Courrier » après avoir été rédacteur en chef du Journal qu'il saborda en Juin 1940 pour assurer sa reparution le 6 septembre 1944, quelques heures seulement après la libération de Chalon.
    René Prétet passa le flambeau ensuite à François Prétet qui développa le titre, puis assurant une fusion absorption des rédactions départementale et locales du quotidien lyonnais « Le Progrès » en 1989. L'actuel titre Journal de Saône-et-Loire apparaît en 1991.
    En 2006 ,Le Journal de Saône-et-Loire était le plus important journal de Bourgogne : 72000 exemplaires imprimés chaque jour, plus de 200 000 lecteurs quotidiens. C’est aussi une PME performante : 303 personnes, dont 61 journalistes, 300 correspondants et informateurs, 33,5 M€ de CA ; plus de 70 pages sont réalisées chaque jour tous les jours de l’année ! éclatées en 7 éditions calquées sur nos Pays de Saône-et-Loire.

    C’est une entreprise moderne, basée sur les nouvelles techniques de communication (numérisation, informatique, transmission haut débit, Internet) qui, à l’occasion du lancement de sa nouvelle formule en 2000 (construction modulaire en cahiers thématiques), a fait le pari du procédé naissant de l’encartage “on-line “ grande vitesse


    CONCURRENTS D'HIER... DANS LE MÊME GROUPE DEPUIS DIX ANS DÉJÀ
    Depuis 2006, déjà le « Journal de Saône et Loire » est l'un des quotidiens appartenant au puissant premier groupe de presse quotidienne régionale français (EBRA) en nombre de lecteurs, avec le rachat du pôle Rhône-Alpes de la Socpresse, comprenant notamment les titres historiques «Le Progrès » (Lyon) et Le Dauphiné libéré (Grenoble).

    Les concurrents d'hier qu'étaient dans notre département « Le Courrier de Saône-et- Loire », « Le Progrès » et « le Dauphiné Libéré » dépendent donc directement de ce groupe, il est vrai que la « Hache de guerre » des années 70-80 a été définitivement enterrée... A Lyon comme à Chalon demeure dans une moindre mesure peut-être, celle d'une concurrence ou complémentarité des sites d'informations sur internet ….

     

     

    Commentaires

    • J'ai travaillé au Courrier de Saône-et-Loire qui a pris le nom de Journal de Saône-et-Loire pendant une quarantaine d'années. Bien sûr l'arrivée des nouvelles technologies et principalement d'Internet ont précipité les Entreprises de Presse et d'autres à des concentrations massives. Mais j'ai plusieurs questions à poser, qui peut me répondre ? Pendant une grande partie de ma carrière professionnelle j'étais délégué syndical et secrétaire du Comité d'entreprise, tous mes collègues et la direction du moment le savent. C'est pourquoi je suis extrêmement surpris que ces transferts ont pu ou vont pouvoir se faire sans bruit et inaperçu ? Incroyable cependant vrai !!! Alors que vont devenir les personnels ? Pourquoi n'ont-ils pas réagi ? Pourquoi les syndicats n'ont-ils pas levé même le petit doigt ? Pleins d'employeurs aimeraient avoir des employés aussi dociles ? En tout cas je suis toujours abonné à ce Journal et la nouvelle Direction devrait informer ceux qui achètent ce quotidien, ce serait quand même la moindre des choses.
      par Michel Dandelot le 22 janvier 2016

    SOURCE : http://www.vivre-a-chalon.com/lire_-%C2%A0Le-Bien-Public--%C2%A0imprime-a-Chassieu...-le-J.S.L-va-suivre-dans-4-semaines,2303c90fa3ad58297a0d6bb66cf3fddc4f1eabf2.html


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  • Une professeure de confession musulmane

    ridiculise Finkielkraut en direct

     sur France 2 :

    Une professeure de confession musulmane  ridiculise Finkielkraut en direct   sur France 2 :

     " Bravo Madame, je vous ai vu et entendu hier soir, vous avez été formidable, sachez que je suis comme vous et avec vous, contre tous les racismes et notamment celui qui est le plus attaqué, d'après le ministre de l'Intérieur les actes anti musulmans ont augmenté de 223 % en France en 2015, ceux qui ont voulu une guerre civile ont toujours perdu, les terroristes de l'OAS en ont su quelque chose"                                                               

    Michel Dandelot

     

    Pour le bien de la France

    Taisez-vous Finkielkraut !!!

    Dans le débat soporifique entre Daniel Cohn-Bendit et Alain Finkielkraut diffusé hier sur France 2 dans l’émission « Des paroles et des actes », le moment le plus intéressant a été sans conteste l’intervention de Wiam Berhouma, une professeure d’anglais de confession musulmane (présentée ainsi par Pujadas), qui a littéralement ridiculisé Alain Finkielkraut. Conviée initialement pour « échanger » avec l’extrémiste Finkielkraut, Wiam Berhouma a parfaitement compris que cet échange n’en serait pas un, dans la mesure où ce plumitif islamophobe est un habitué des plateaux télés et de ses codes, pouvant s’exprimer quand il le souhaite et bénéficiant d’un temps de parole nettement supérieur aux autres intervenants, lesquels sont invités par France 2 dans le but unique de servir de faire-valoir.

    Wiam Berhouma a donc préféré placer son propre propos en rappelant quelques vérités sur ce représentant intégriste de la pensée dominante. Dans un discours bien construit et avec un grand calme, elle a souligné l’influence néfaste de ce pseudo-intellectuel qui contribue en permanence par sa présence dans les médias à banaliser le racisme anti musulman. Elle a terminé cette intervention percutante en invitant le philosophe de comptoir, qui ne tenait plus sur sa chaise et tout tremblotant, à se taire: « Taisez-vous pour le plus grand grand bien de la France », lui a-t-elle asséné avec beaucoup d’aplomb devant un Pujadas gagné par un début de panique, qui a cherché à l’interrompre à plusieurs reprises.


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  • Voilà 61 ans, les intellectuels s'élevaient contre la torture en Algérie

    Voilà 61 ans, les intellectuels s'élevaient contre la torture en Algérie commenté par Benjamin Stora

     


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  • Sylvie THENAULT

    Chargée de recherche au CNRS, Sylvie Thénault est spécialiste du droit et de la répression coloniale en Algérie. Elle a d'abord travaillé sur la guerre d’indépendance, en s'intéressant aux législations d'exception alors mises en oeuvre, ainsi qu'aux procès, aux condamnations L'état d'urgence plonge ses racines dans la guerre d'Algérieet aux centres de détention. Elle a récemment élargi ses recherches à l’ensemble de la période 1830-1962, en restituant, sur cette longue durée, l'histoire de l'internement administratif.

    Elle a notamment publié Algérie : des "événements" à la guerre. Idées reçues sur la guerre d'indépendance algérienne (Le Cavalier Bleu, 2012), Histoire de la guerre d’indépendance algérienne (Flammarion, 2005, rééd. coll. « Champs », 2012), Violence ordinaire dans l'Algérie coloniale. Camps, internements, assignations à résidence (Odile Jacob, 2012).

     

    L'état d'urgence plonge ses racines

    dans la guerre d'Algérie

     

    Au moment où l’on s’interroge sur la prolongation de l’état d’urgence, qui devrait prendre fin le 26 février, l’historienne Sylvie Thénault, invitée de Thomas Snegaroff, revient sur une mesure qui prend racine pendant la guerre d’Algérie. Quelles sont les différences avec la situation actuelle ? Quels enseignements pouvons-nous tirer de l’Histoire ?

    Le premier novembre 1954, le Front de Libération Nationale (le FLN), lance l’insurrection contre le pouvoir français en Algérie, une période appelée : la Toussaint rouge. Les troupes se déploient contre les maquis, et les militants fichés sont arrêtés. Mais l’Algérie comporte alors trois départements français. Le gouvernement de l’époque, qui a du mal à répondre à ces attaques, refuse de déclarer l’état de guerre, il crée donc un état intermédiaire « plus libéral et plus souple » selon Edgar Faure, président du Conseil en mars 1955 : l’état d’urgence est né. Son but est de permettre au gouvernement de prendre des décisions plus rapidement.

    Trois ans en plus tard en 1958, Charles de Gaulle est à la tête du pays. En Algérie quatre généraux prennent le pouvoir : c’est le putsch d’Alger, l’état d’urgence est étendu à toute la France par l’article 16 de la nouvelle constitution. Le gouvernement peut désormais prendre des décisions sans passer par la voie parlementaire.

    « L’Etat d’urgence était un moyen de lutter contre le FLN, sans déclarer la guerre , explique l’historienne Sylvie Thénault, avec l’état d’urgence, les pouvoirs spéciaux restent aux mains du pouvoir civil et ne sont pas transférés à l’armée. C’est la différence avec l’état de guerre ».

    La mesure provoque un important débat à l’Assemblée, les socialistes et les communistes s’y opposent fermement. Pour eux, il s’agit d’un prétexte pour lutter contre le mouvement ouvrier. Derrière cet état d’urgence se posait donc la question des vraies raisons qui ont poussé le gouvernement à le déclarer, et des décisions qui peuvent être prises dans ce cadre exceptionnel.

    Aujourd’hui, c’est l’interdiction de se rassembler qui fait débat. Par exemple, pendant la COP 21, les zadistes ne pouvaient pas manifester. L’Etat d’urgence aurait-il d’autres usages ? « Nous ne pouvons pas prévoir à quoi il sera utilisé », indique l’historienne.

    Au total, l'état d'urgence aura duré deux ans, il prend fin en mai 1963, soit un an après la fin de la guerre. A noter qu'il duré principalement en France métropolitaine, puisqu’il n’a été en vigueur que pendant trois mois en Algérie. Mais pouvons-nous comparer cette période à notre situation actuelle ? « Nous pouvons tirer les enseignements de cette expérience, même si les univers historiques sont très différents, l’état d’urgence reste un appel à la vigilance », souligne Sylvie Thénault.

    SOURCE : http://www.publicsenat.fr/lcp/politique/letat-durgence-plonge-racines-guerre-dalgerie-1205636 

    MERCI DE COUPER LA VIDEO APRES L'INTERVIEW

    DE SYLVIE THENAULT, CE QUI SUIT N'A RIEN A VOIR

     
    COP21 & Etat d'urgence - L'info dans le rétro... par publicsenat


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  • "J'aurais pu faire le choix de partir mais..."

    le témoignage de Didi, responsable de la sécurité

    du Bataclan

    Par Fanny Lechevestrier et Joanna Yakin, France Bleu 107.1 et France Bleu

    vendredi 15 janvier 2016  

    © Maxppp

     

    Deux mois après les attentats de Paris, voici un témoignage poignant au micro France Bleu 107.1 : celui de Didi, responsable de la sécurité du Bataclan. Ce vendredi 13 novembre, il a permis à des centaines de spectateurs d'être sauvés. Une pétition circule aujourd'hui pour qu'il soit honoré.

    Il s'appelle Didi, il a 35 ans et est Algérien et habite la France depuis l'âge de 6 mois. Il fait partie de ceux sans qui ce vendredi 13 novembre, le bilan des attentats de Paris aurait été beaucoup plus lourd. Didi était le responsable de la sécurité du Bataclan. Il travaillait pour la salle de spectacle depuis près de dix ans. Ce soir-là, il a ouvert les issues de secours et est retourné à l'intérieur de la salle de spectacle pour mieux guider les personnes vers les sorties. Grâce à lui, des centaines de spectateurs ont été sauvés. Aujourd'hui, il témoigne au micro de France Bleu 107.1. de Joanna Yakin, alors qu'une pétition circule sur internet pour qu'il soit honoré en étant naturalisé français et récompensé de la Légion d'Honneur.

    Pour moi, les héros, cela reste les morts et leurs familles qui doivent porter le deuil

    Didi refuse le terme de héros. "Je parlerais plus d'acte de bravoure ou de sang froid plutôt que d'acte héroïque" confie-t-il d'une voix très posée. Pour lui, " les héros, cela reste les morts et leurs familles qui doivent porter le deuil.(...) Dans toute cette terreur, il y a eu énormément de solidarité, il y a eu beaucoup d'anonymes qui ont eu des actes de bravoure. Moi, ce que j'ai fait, c'est vrai, c'est à plus grande échelle mais pour moi, il y a eu beaucoup d'actes de bravoure".

    Repartir et ouvrir la sortie de secours des loges, là, où je me suis retrouvé bloqué

    Didi aurait pu partir mais.** Au moment de l'attaque terroriste, Didi se trouvait devant le Bataclan. "J'aurais pu faire le choix de partir à l'opposé**" dit-il toujours aussi calmement, "quand on a commencé à évacuer les spectateurs vers la sortie de secours, j'aurais pu et même j'aurais dû partir à ce moment-là en évacuant les premiers spectateurs mais instinctivement, l'idée était de repartir et d'ouvrir la sortie de secours des loges, à l'opposé, là où je me suis retrouvé bloqué ensuite, dans la salle, avec tout le monde" et Didi raconte alors les très longues minutes :"tout le monde était allongé. J'ai dû m'allonger aussi" jusqu'à ce que son talkie-walkie sonne : "je l'ai éteint tout de suite, par chance, on n'a pas été remarqué parce qu'ils continuaient à tirer et il y avait quand même du bruit" (...) Au bout de dix minutes à peu près, quand j'ai vu qu'ils commençaient à recharger et qu'ils étaient à l'opposé de moi, je me suis levé et les gens juste autour de moi se sont levés aussi et on est sorti dans la ruelle."

    Je suis encore là, je suis encore vivant

    Les images, le son de ces tirs. Aujourd'hui, Didi reste traumatisé, toujours en arrêt maladie. Ce qui reste? "les images, le son de ces tirs assourdissant, de ces gémissements, de ces morts tout simplement." Quant à la pétition qui circule aujourd'hui pour qu'il soit honoré, Didi déclare timidement "je ne vous cache pas que cela me fait plaisir de voir tous ces gens qui souhaitent m'honorer par rapport aux actes que j'ai pu faire, cela m'a fait chaud au coeur (.) mais moi, je suis encore là, je suis encore vivant (...) On essaie de se reconstruire du mieux qu'on peut avec sa famille, sa femme, ses amis." Didi a également pu revoir quelques personnes qu'il a sauvées, des moments qu'il qualifie pudiquement de "très émouvants, plein d'émotion. De revoir, vous essayez de reconstruire votre puzzle de cette soirée. (...) Cela me réconforte et ça m'aide à me dire tout simplement que ce que j'ai fait, ce n'était pas pour rien."

    Dans toute cette terreur, il y a eu beaucoup de solidarité et d'actes de bravoure

    La pétition pour honorer Didi est en ligne sur la plateforme Change.org Pour la signer CLIQUEZ ICI. Elle avait déjà recueilli ce jour 20 janvier 2016 à 13 h : 75366 signatures.


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  • Bonne nouvelle : le Tribunal administratif 

    de Montpellier juge illégale la milice de Ménard 

    qui prend là son premier vrai revers 

    et on en attend d’autres… notamment 

    la suppression du nom de la rue 

    d'un putschiste anti républicain 

    qui a remplacé la rue du 19-Mars-1962  

    Bonne nouvelle : le Tribunal administratif de Montpellier juge illégal la milice de Ménard

     

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    Montpellier

    Béziers : La « garde biterroise » de Robert Ménard

    est jugée illégale par le Tribunal administratif

    de Montpellier

    Bonne nouvelle : le Tribunal administratif de Montpellier juge illégal la milice de Ménard

    Robert Ménard, maire FN de Béziers, pose le 21 mai 2015 à Paris - JOEL SAGET AFP

    Ce mardi matin 19 janvier 2016, le tribunal administratif de Montpellier a tranché : la « garde biterroise » de Robert Ménard est illégale, et ordonne la suspension de la délibération du conseil municipal, prise en décembre.

    Le dispositif avait fait l’objet d’un recours de la préfecture de l’Hérault, après que le maire de Béziers ait refusé d’annuler son projet, malgré les injonctions du préfet d’alors, Pierre de Bousquet.

    Non armée et bénévole

    Adoptée en conseil municipal le 15 décembre, cette « garde » devait être composée de « citoyens volontaires, dont l’expérience et la qualification (anciens gendarmes, militaires, policiers ou sapeurs pompiers) les amènent à apporter leur aide à la collectivité dans un contexte marqué par l’état d’urgence ». Non armée et bénévole, cette « garde » avait été qualifiée de « milice » par de nombreux opposants.

    Robert Ménard donnera une conférence de presse, ce mardi à 14 h, dans son bureau à l’hôtel de ville de Béziers, pour commenter cette décision.

    SOURCE : http://www.20minutes.fr/montpellier/1768659-20160119-beziers-garde-biterroise-robert-menard-jugee-illegale-tribunal-administratif-montpellier

     


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  • La Réaction qui vient

     par Olivier Le Cour Grandmaison

    La Réaction qui vient   par Olivier Le Cour Grandmaison

    Olivier Le Cour Grandmaison, politologue spécialiste des questions de citoyenneté. photo archives la marseillaise LMRS - (c) Copyright Journal La Marseillaise

    Les attentats terroristes de janvier et novembre 2015 ont révélé ceci : l’épuisement de toute politique progressiste défendue par le chef de l’Etat, le gouvernement et le Parti socialiste. Nous sommes les témoins non d’un « compromis historique », que certains appelaient de leurs vœux, mais d’une compromission désormais généralisée et assumée avec les forces de la réaction.

    La guerre d’Algérie a précipité la ruine de la SFIO, corrompue politiquement par son soutien sans faille à l’empire colonial qu’elle a toujours défendu, y compris à l’époque réputée glorieuse du Front populaire. Si ce dernier a amélioré le sort des travailleurs métropolitains, il n’a pas réformé, si peu que ce soit, la condition des « indigènes » privés, dans les possessions françaises, des droits et libertés fondamentaux, et soumis à des dispositions répressives discriminatoires. «Sujets français» ils étaient, « sujets français » ils sont demeurés jusqu’en 1945. Onze ans plus tard, les très socialistes Guy Mollet et Robert Lacoste présentaient la loi relative aux pouvoirs spéciaux, votée le 12 mars 1956 par une large majorité de députés à laquelle se sont ralliés les élus communistes. Défenseurs zélés de l’Algérie française, ces deux responsables politiques ont couvert tous les moyens employés par l’armée pour combattre le FLN, tortures comprises ; ils furent ainsi les fossoyeurs de l’organisation dirigée au début du siècle par Jean Jaurès.

    Comparaison n’est pas raison, assurément, mais ce bref rappel historique n’en éclaire pas moins la situation présente. Les attentats terroristes de janvier et novembre 2015 ont révélé ceci : l’épuisement de toute politique progressiste défendue par le chef de l’Etat, le gouvernement et le Parti socialiste. Plus que jamais, ce dernier se soumet au nouveau cap – « à droite toute » – décidé par l’Elysée puis exécuté par Matignon. Nous sommes les témoins non d’un « compromis historique », que certains appelaient de leurs vœux, mais d’une compromission désormais généralisée et assumée avec les forces de la réaction lesquelles triomphent par la grâce de celui qui affirmait en 2012 : « Le changement, c’est maintenant. » A son aversion rhétorique et feinte pour la finance a succédé la politique économique et sociale que l’on sait. S’y ajoute désormais une conversion brutale à l’état d’exception permanent. Du poing et de la rose, adoptés comme symbole du Parti socialiste au congrès d’Epinay en 1971, le premier seul demeure sous la forme d’un poing menaçant : celui des forces de l’ordre bientôt dotées de pouvoirs exorbitants.

    Le projet de loi transmis au Conseil d’Etat le 23 décembre 2015 en témoigne puisque l’un de ses objectifs est d’assouplir les règles relatives à l’usage des armes à feu par les policiers. Comme les gendarmes, ils pourraient bénéficier de « l’irresponsabilité pénale » lorsqu’ils auront tiré en « état de nécessité. » L’extrême droite d’abord, Nicolas Sarkozy ensuite et les syndicats professionnels les plus virulents défendent cette mesure depuis longtemps ; tous obtiennent gain de cause. Si elle est adoptée, l’impunité des forces de l’ordre ne sera plus seulement de facto établie, et trop souvent confirmée par une justice dont la mansuétude en la matière vient d’être sinistrement confirmée (1), elle deviendra la règle.

    Des perquisitions de nuit, des fouilles plus aisées des bagages et des véhicules, des contrôles d’identité permanents sans présomption d’infraction ni limite géographique complètent ce projet. De plus, sur décision du ministre de l’Intérieur, les individus soupçonnés de vouloir « se rendre sur un théâtre d’opérations de groupements terroristes » pourront être assignés à résidence pendant un mois alors que faute d’éléments tangibles il est impossible d’ouvrir une information judiciaire. Les preuves manquent pour établir la matérialité de cette préparation ? Qu’importe. La suspicion et quelques notes des Services suffiront pour priver ceux qui sont visés d’une liberté fondamentale : celle d’aller et de venir. Cette assignation peut être renforcée par un contrôle administratif – six mois maximum – des déplacements, des moyens de communication – ordinateur et téléphone – et des personnes fréquentées ; telles sont les dispositions principales arrêtées par le gouvernement. L’objectif poursuivi ? Permettre la levée de l’état d’urgence en inscrivant dans la loi certaines des mesures qu’il autorise puisque la police, la gendarmerie, les préfets et le ministre de l’Intérieur disposeront de prérogatives nouvelles et considérablement étendues. Permanence et banalisation de l’exception.

    Ce projet de loi nous éclaire sur la défense de la déchéance de la nationalité par le président de la République. Défense qui n’est sans doute pas un accident mais un précédent désormais érigé en méthode. Elle peut se résumer ainsi : puiser dans les programmes du Front national et des Républicains quelques propositions sécuritaires afin d’empêcher tout procès en laxisme, et imposer à la majorité socialiste des mesures qu’en d’autres temps elle aurait violemment combattues. Nul doute que cette manière de procéder est justifiée en haut lieu, comme on dit, par la gravité de la situation et la nécessité de lutter contre « l’angélisme » supposé de certains.

    Angélique, l’Union syndicale des magistrats qui dénonce, dans un communiqué en date du 8 janvier 2016, une « forme d’état d’urgence permanent » rendu possible par le projet de loi précité ? Angélique, Céline Parisot, la secrétaire générale de cette organisation, qui constate qu’un « Etat policier s’instaure de manière pérenne » en raison des pouvoirs nouveaux confiés à « l’exécutif » qui peut ainsi porter « atteintes aux libertés [individuelles] sans autorisation ni contrôle judiciaire préalable » ? Angélique, le New York Times du 4 janvier 2016 qui condamne le « profilage des minorités par la police » française, la multiplication des opérations des forces de l’ordre contre « des maisons, des entreprises, des mosquées et des salles de prières de musulmans », et met en garde contre les atteintes « aux libertés civiles » ? Angélique, lord Johan Steyn, juge à la Cour d’appel de la Chambre des Lords qui, peu après l’adoption de dispositions d’exception par les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, suite aux attentats du 11 septembre 2001, écrivait : « des lois expéditives et mal conçues sont votées pour accorder des pouvoirs excessifs à l’exécutif, qui limitent les droits et libertés individuels au-delà des exigences de la situation » ?

    Observer la politique du chef de l’Etat, de son gouvernement et de la majorité qui les soutient depuis les attaques meurtrières de janvier et novembre 2015, c’est parcourir les pages d’un précis de décomposition politique au cours de laquelle les dernières velléités progressistes ont été abandonnées par celui-là même qui prétendait les incarner. Son fidèle chef de cabinet, qui siège à Matignon, le sert bien dans cette tâche et il remplit sa mission de liquidation avec une détermination exemplaire.

    A cette offensive, Manuel Valls ajoute une note singulière : la dénonciation réitérée des sciences sociales et humaines au motif « qu’expliquer, c’est déjà vouloir un peu excuser », comme il l’a déclaré le 9 janvier dernier à l’occasion de la cérémonie à la mémoire des victimes de l’attentat antisémite perpétré contre l’Hyper Cacher. A l’extrême-droite, à droite et chez certains essayistes, qui se croient amis de la connaissance alors qu’ils ne sont que les ventriloques des opinions les plus communes, cette antienne démagogique est classique. Elle est désormais celle du Premier ministre que nul, au gouvernement ou à l’Elysée, n’a publiquement critiqué. Pas même le diaphane et muet sous-secrétaire d’Etat à l’Enseignement supérieur et à la Recherche qui est supposé présider aux destinées de nombreux universitaires et chercheurs versés dans les différentes disciplines mises en cause. Belle victoire de la réaction, de l’obscurantisme et de l’idéologie, laquelle, écrivait le philosophe Claude Lefort, se reconnaît, entre autres, à ceci qu’elle est injonction à ne « pas penser. » Nous y sommes. La grossièreté politique appelle la grossièreté intellectuelle, et réciproquement ; toutes deux fraient la voie aux multiples régressions présentes.

    N’oublions pas le secrétaire général du Parti socialiste qui pourrait faire sienne la formule des moines cénobitiques : perinde ac cadaver ! Par obéissance absolue à la Providence divine, l’un d’entre eux, Jean de Lycopolis, s’est rendu célèbre, dit-on, en arrosant pendant plusieurs années un morceau de bois mort. Sur le fond et pour servir des fins assurément différentes, Jean-Christophe Cambadélis ne fait pas autre chose, la sainteté en moins. Il dirige, ou croit diriger, ce qui n’est plus qu’une formation politique épuisée qui structure – mais pour combien de temps encore sous sa forme présente ? – un système partisan français bouleversé par la progression du Front national. Avec une constance qui ne laisse pas de surprendre, le Parti socialiste donne raison à ses plus farouches adversaires. Jour après jour, il fait la démonstration remarquable qu’il est effectivement ce qu’ils disent : un rassemblement bureaucratique de coteries diverses qui, en dépit de leurs divergences, partagent un même appétit du pouvoir, et une machine électorale dont le seul but est d’être au service de l’actuel président de la République, quoi qu’il dise et quoi qu’il fasse. Si volonté de changement il y a encore, au sommet de l’Etat comme du côté de la rue de Solferino, c’est pour adapter toujours plus les projets des uns et des autres au monde tel qu’il est. Et cette soumission, qu’ils défendent, ils la nomment de ces termes flatteurs que sont la modernisation et la réforme. Radieuses perspectives.

    L’heure est crépusculaire mais ce n’est pas le doux crépuscule du matin qui annonce une journée lumineuse et légère ; c’est le crépuscule du soir, prélude à une nuit longue et froide. S’y résoudre ? Jamais.  

    O. Le Cour Grandmaison, universitaire. Dernier ouvrage paru : L’Empire des hygiénistes. Vivre aux colonies, Fayard, 2014.

     


    (1) Le 15 janvier de cette année, le policier D. Saboundjian a été acquitté par la Cour d’assises de Bobigny alors que l’enquête conduite par l’IGPN puis les conclusions de l’avocat général ont établi qu’il avait tiré dans le dos de la victime.

     

    Olivier Le Cour Grandmaison 

    Université d'Evry-Val d'Essonne, sciences politiques et philosophie politique

    SOURCE : https://blogs.mediapart.fr/olivier-le-cour-grandmaison/blog/180116/la-reaction-qui-vient-2

     

     


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  • De Marignane à l'Egypte, avec Enrico Macias

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    "Cela me paraît intéressant, en effet de relier l’histoire de Marignane, l’engagement d’Enrico Macias pour la paix et une actualité internationale plus que brûlante !"

     

    Jean-François Gavoury

    31/12/2011

     

    Quatre années se sont écoulées et la montée de

    l'extrême-droite en 2015 fait réagir Enrico Macias

     

    Ce blog contient de nombreux articles concernant Enrico Macias, l'un des premiers date du 31 janvier 2011 communiqué par Jean-François Gavoury

    Mais ce soir dimanche 17 janvier 2016 Enrico Macias sera sur la scène de l'Olympia et pourtant...

    Enrico Macias et le décès de Suzy : "Je me sens parfois si seul..."

    Monstre sacré de la musique, "amoureux de la patrie (mais) déçu par la France qui ne sait plus se montrer généreuse à l'égard des sans-papiers et des migrants" selon ses propres mots, Enrico Macias a retenu toute l'attention du quotidien Libération qui a décidé de réaliser son portrait en quatrième de couverture de son édition du vendredi 15 janvier 2016.

    Aujourd'hui, Enrico Macias se fait rare en télévision et, plus globalement, dans les médias. Après 50 ans de carrière et autant de millions de disques vendus, le chanteur oriental semble fatigué par les tracas de la vie.

    Avec l'âge, Enrico, 77 ans, se sent de plus en plus seul. "Plus on avance en âge, plus le cercle d'amis se réduit forcément. Et plus on se sent parfois un peu seul", déplore-t-il dans les colonnes du quotidien. Autrefois, il y avait son épouse Suzy... Cette femme qu'il a aimée de façon inconditionnelle pendant quarante ans. En 2008, la vie a repris ses droits, Suzy s'en est allée laissant Enrico veuf. "La cicatrice aurait pu se refermer depuis le temps mais oui, ce retour raté me hante, surtout quand je vois le temps qui passe, cet appartement trop grand. C'est bien pour les petits-enfants. Enfin, quand ils sont là...", souligne le chanteur.

    Désormais, Enrico n'a plus pour seule compagnie que son fidèle public. Celui-là même qui l'applaudira sur la scène de l'Olympia jusquà ce soir, dimanche 17 janvier 2016 : "J'ai toujours eu peur d'être lâché par mon public." D'ailleurs, Enrico souffre parfois de ne pas renvoyer l'image de l'homme qu'il est vraiment au travers de ses chansons. "Je crois que j'ai donné une image qui n'est pas forcément la mienne, celle du type joyeux. Les gens me voient toujours comme un homme gai", déplore-t-il. Toujours est-il qu'Enrico transmettra sa joie au public encore et encore en ce week-end, quel que soit son vrai visage.

    Joachim Ohnona

    SOURCE : http://www.purepeople.com/article/enrico-macias-et-le-deces-de-suzy-je-me-sens-parfois-si-seul_a171012/1

     

     


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  • 29 profs de Béziers demandent à Ménard

    de ne plus "torturer la mémoire de Jean Moulin"

    29 profs de Béziers demandent à Ménard de ne plus "torturer la mémoire de Moulin"   Jean Moulin est une figure de Béziers, présent désormais sur le trompe l’œil,
    rue Mairan. 
     

    Dans une lettre, les enseignants d'histoire-géographie demandent à Robert Ménard, maire de Béziers, de prendre une résolution pour cette année 2016 : "Que vous cessiez de “torturer” la mémoire de Jean Moulin et que vous laissiez ses mânes reposer définitivement en paix."

    "C'est une démarche de professeurs et de citoyens, nous ne sommes absolument pas dans une visée politique." Les enseignants ayant pris la plume pour s'adresser à Robert Ménard tentent de couper l'herbe sous le pied à toute attaque sur le registre partisan ou politique (*). Ils sont 29 à avoir signé une lettre (lire ci-dessous) pour présenter leurs vœux au premier magistrat et lui demander de prendre une résolution pour cette année 2016 : "Que vous cessiez de “torturer” la mémoire de Jean Moulin et que vous laissiez ses mânes reposer définitivement en paix."

     
     Treize enseignent au lycée Jean-Moulin

    Cette démarche, née bien avant la publication du dernier bulletin municipal offrant le héros de la résistance à la Une, a réuni 13 professeurs d'histoire en activité au lycée Jean-Moulin, 11 d'autres établissements et cinq retraités. "Si désormais, grâce à notre démarche, le maire peut réfléchir à deux fois avant d'utiliser des références historiques, nous serons ravis, expliquent les pédagogues avant d'interroger : Si ce ne sont pas des profs d'histoire qui dénoncent l'attitude d'un maire qui retricote l'histoire, qui le fera ?"

    La lettre des professeurs

    Monsieur le Maire,
    En ce début de 2016, permettez-nous, tout d’abord, de vous adresser nos vœux de bonne année. Par votre intermédiaire, nous les souhaitons aussi à tous les Biterrois.
    Professeurs d’histoire- géographie et d’éducation civique, nous constatons depuis bientôt deux ans au travers des publications du bulletin municipal ou des interventions médiatiques du premier édile de notre cité, un “certain” intérêt pour l’Histoire et le patrimoine. En tant que professeurs et pédagogues, nous devrions nous en féliciter. Hélas, l’instrumentalisation et le retricotage de l’Histoire à des fins strictement polémiques confinent désormais à une orientation idéologique telle qu’il nous a paru relever de notre devoir de citoyens d’exprimer publiquement notre désaccord. Précisément parce que nous sommes des professeurs profondément attachés à la rigueur de la démarche historique.
    Alors, en ce début d’année 2016, permettez-nous, Monsieur le Maire, au nom de l’ensemble (1) des professeurs d’histoire-géographie du lycée Jean-Moulin, de vous adresser les trois vœux qui suivent en forme de requêtes. Le premier vœu sera celui de l’apaisement et de la sérénité. Parce qu’"ici, c’est Béziers" et que la situation nationale est déjà suffisamment tragique, les Biterrois ont, plus que jamais, un besoin impérieux de concorde et de confiance en l’avenir. Aussi, débaptiser un nom de rue pour rouvrir des plaies et raviver de vieilles rancœurs en faisant de Béziers la vitrine de la réhabilitation de l’OAS ou créer un raccourci historique inapproprié en référence implicite à la crise des migrants, "quand les Barbares envahissaient l’empire romain (2)", ne nous paraît pas concourir à l’établissement d’un climat serein au cœur de notre cité. De la même manière, ressusciter d’entre les morts les poilus biterrois dans un mauvais tour de spiritisme lors de la traditionnelle commémoration du 11-Novembre et leur prêter une interrogation sur ce qu’ils diraient "en voyant certaines rues de nos communes où le Français doit baisser la tête ? (3)" nous paraît relever d’une utilisation pour le moins abusive et peut-être indécente de l’histoire. Parce qu’"ici, c’est Béziers", ville méditerranéenne de tradition républicaine pétrie de tolérance, le deuxième vœu sera celui du rassemblement et de l’unité : rassembler plutôt que diviser. Ainsi, tenons-nous à rappeler, Monsieur le Maire, que l’organisation de manifestations religieuses dans un espace semi-public ne s’inscrit pas dans la tradition laïque garante de cohésion sociale et protectrice des libertés. Nous savons que Mairie et École sont deux piliers fondateurs de notre République laïque ; en ce qui nous concerne, nous sommes scrupuleusement attachés au respect des obligations de réserve et de neutralité qui nous incombent sur notre lieu de travail et dans notre enseignement. De même, se réclamer de Charles Martel - "Je veux retrouver notre France, celle de Charles Martel" -, ne peut, selon nous, contribuer à renforcer l’unité des Biterrois. Au sujet de cette dernière et bien malheureuse référence historique (4), il convient de rappeler qu’en son temps, ledit Charles Martel fut le plus grand spoliateur de l’Église et surtout le bourreau de notre cité qu’il mit à sac, pilla et incendia en 737 (5).
    Enfin, le troisième et dernier vœu sera pour nous le plus cher : celui du respect de la mémoire. Parce qu’"ici, c’est Béziers", nous devons paix, respect et déférence à la mémoire de Jean Moulin, enfant de Béziers et unificateur de la Résistance française."Trop souvent, ceux qui nous attaquent se dissimulent derrière la figure de Jean Moulin. Ces gens-là sont des faussaires", twittait le premier magistrat, le 9 décembre dernier, mettant en garde ceux qui voudraient récupérer l’héritage du plus célèbre des Biterrois. Mais quelques heures plus tard, le même jour, le premier édile poursuivait dans un autre tweet : "Dimanche, au nom de Jean Moulin, au nom de la République, nous ferons barrage à la gauche (6)".
    Nous rappellerons, Monsieur le Maire, qu’en son temps, Jean Moulin - dont le père était professeur d’histoire à Béziers - avait fait le choix lucide et courageux de ne pas se soumettre à une idéologie reposant sur l’exclusion, la division et la fascination malsaine pour un passé idéalisé. Homme de tolérance et de conviction, il avait su rassembler autour de lui et du général De Gaulle, les résistants de toutes obédiences et de toutes origines, refusant de transiger avec le régime collaborateur de Vichy, dictature antisémite, xénophobe, régime d’ordre et d’exclusion aux antipodes de la République et de ses valeurs. Nous n’avons pas la prétention d’être les dépositaires de la mémoire de Jean Moulin. Mais nous savons que si son cénotaphe se trouve au Panthéon, c’est parce qu’il était le visage de la France républicaine.
    Alors, Monsieur le Maire, de grâce, précisément parce qu’"ici, c’est Béziers", les citoyens que nous sommes, professeurs d’histoire- géographie du lycée de votre ville qui porte cet illustre nom, font le vœu, à l’orée de cette année 2016, que vous cessiez de "torturer" la mémoire de Jean Moulin et que vous laissiez ses mânes reposer définitivement en paix. Recevez, Monsieur le Maire, nos meilleures salutations.
    1. Citoyens-professeurs du LPO auxquels se sont joints d’anciens citoyens-professeurs d’histoire-géographie ayant enseigné au lycée Jean-Moulin de Béziers.
    2. Tweet de R. Ménard du 23/11/2015 recommandant l’article du Figaro-Histoire.
    3. Extrait du discours de M. le Maire lors de la commémoration du 11 novembre 2015 : "Ceux qui sont morts pour sauver la France de la victoire allemande, que diraient-ils en voyant certaines rues de nos communes où le Français doit baisser la tête ?"
    4. Extrait du discours de R. Ménard lors du meeting de Marion Maréchal-Le Pen, à Toulon, le 1er décembre 2015. Nous faisons le vœu, Monsieur le Maire, qu’au regard du triste sort de Béziers en 737, vous cherchiez encore longtemps "la France de Charles Martel".
    5. Henri Julia, Histoire de Béziers, Paris, Maillet, 1845, page 22, reprint Éditions de la Tour Gile, Péronnas, 1997 et dom Claude Devic et dom Joseph Vaissette, Histoire Générale du Languedoc, Tome 1, édition accompagnée de dissertations & notes nouvelles, Toulouse, Édouard Privat, 1872, page 807.
    6.Tweet du 9/12/2015 lors du second tour des élections régionales.

    Le Résistant à la Une du dernier "Journal de Béziers"

    La lecture du dernier bulletin municipal, distribué à partir de ce vendredi 15 janvier, va profondément décevoir les signataires : "Jean Moulin n'appartient à personne. N'en déplaise à tous ceux qui ont essayé de le récupérer, sans vergogne", peut-on y lire... en ouverture de sept pages consacrées à l'intérêt que porte la mairie à la figure de la résistance.

    #(*) L'un des signataires, Laurent Galy, était membre de l'association Atouts Béziers d'Agnès Jullian et N. 36 sur la liste d'Élie Aboud, lors des Municipales 2014.

    #Deux professeurs d'histoire-géographie du lycée Jean-Moulin ne sont pas signataires de cette lettre. Parmi eux, Gilles Ardinat, par ailleurs conseiller régional de la liste FN.

     

    Robert Ménard : "Ce sont des militants de gauche"

    Le premier magistrat n’a pas apprécié le courrier reçu. Et n’est pas tendre avec ses signataires : "Ce n’est pas une lettre de profs, c’est une lettre de militants de gauche", affirme sans détour Robert Ménard. Même si tous les professeurs d’histoire du lycée Jean-Moulin (à l’exception de deux) ont signé la lettre ? "Lisez la lettre. Je n’ai pas de leçon d’histoire à recevoir de militants de gauche. Ils ne sont pas légitimes, ils font de la politique. Sur la laïcité et la crèche, qui a raison ? Eux ou la justice ?", poursuit le maire de la ville. "Sur le 19-Mars-1962, qu’ils aillent expliquer aux familles des milliers de morts qu’il y a eu après le 19 mars que la guerre s’est terminée ce jour, invective Robert Ménard avant d’aller plus loin. Le discours qu’ils tiennent est un discours de porteurs de valise." "Je m’inquiète sur la façon dont est enseignée l’histoire à nos enfants. Je connais une dizaine d’historiens, plus légitimes que ceux-là, qui ont une tout autre vision de l’Histoire." Le premier magistrat se dit même prêt à débattre avec les professeurs signataires de la lettre. Avant de revenir sur Jean Moulin : "Oui, on fait la Une du Journal de Béziers avec Jean Moulin, parce qu’on est fier d’avoir fait un musée en sa mémoire, parce que les Biterrois sont fiers, ils sont contents..." Avant de contester avoir tenté un nouveau “buzz” : "Ce sont toujours les mêmes qui polémiquent... J’ai fait beaucoup plus qu’eux pour Jean Moulin", conclut Robert Ménard.

    Ménard et Jean Moulin

    Béziers le 13 janvier 2016,

      Communiqué :

    Robert Ménard a encore frappé. Il présente Jean Moulin, héros de la résistance, en train de lire le journal municipal dont il est le directeur de publication. Est-ce de la provocation ou du révisionnisme ? Certainement les deux. Jean Moulin, natif de Béziers, a été l'unificateur de la résistance en France face aux nazis et au régime fascisant de Pétain. Il a été capable de réunir les gaullistes, les communistes et autres résistants dans le cadre du Conseil National de la Résistance dont le programme appliqué en grande partie à la libération a permis à notre pays de devenir une nation libre et prospère. Jean Moulin ne pourrait pas lire ce journal sans avoir envie de le jeter à la poubelle tant il contient toutes les quinzaines son lot de xénophobie, de racisme, d'anti-pauvre, d'islamophobie et d'idées liées à l'extrême droite, à l'opposé des idées du programme du CNR. Une fois de plus Robert Ménard veut nous embarquer dans une confrontation stérile pour faire oublier ses difficultés dans la gestion de la ville.

    Aimé COUQUET, Conseiller Municipal communiste de Béziers.

     

    Jean Moulin : pour J.-M. du Plaa (PS), "R. Ménard retourne la réalité"


    Robert Ménard, dénonce l'abandon, par la gauche et la droite, de la maison d'enfance de Jean Moulin à Béziers. "Complètement fantasmagorique", lui répond le conseiller municipal socialiste Jean-Michel du Plaa.

     

    Robert Ménard
    ©PASCAL GUYOT / AFP
    Robert Ménard

    Robert Ménard crée une nouvelle fois la polémique avec son bulletin municipal. Sur la une du prochain numéro, le maire de Béziers dénonce le peu d'intérêt de la gauche et de la droite pour la maison d'enfance de Jean Moulin, avec le titre "Nous, on ne l'a pas oublié".

    Totale invention, lui répond ce jeudi Jean-Michel du Plaa, conseiller municipal socialiste de Béziers et invité du 5/9 Info Sud Radio. Il explique que la maison a été achetée par la précédente équipe municipale, UMP, il y a 4 ans. Mais entre temps, de nombreuses autres personnes ont vécu dans le lieu et "il n'y a rien qui soit caractéristique" du résistant dans ce lieu.

    Un conseil scientifique a été mis en place, explique l'élu socialiste, pour trouver la meilleure manière d'évoquer "le souvenir de Jean Moulin".

    "Les élections municipales sont arrivées entre temps, Robert Ménard a été élu et pendant 18 mois, la question ne s'est pas posée. Là, il a décidé de vendre à un promoteur la maison et le promoteur va céder à la ville l'appartement où a vécu Jean Moulin", a expliqué Jean-Michel du Plaa, qui ajoute que le maire de Béziers prévoit simplement d'y afficher des photographies des dessins et des tableaux de Jean Moulin qui font partie des collections du musée de Béziers.

    Ecoutez l'interview de Jean-Michel du Plaa, conseiller municipal socialiste de Béziers, invité du 5/9 Info Sud Radio

     
     

    CLIQUEZ SUR CE LIEN POUR ECOUTER J.M. DU PLAA CONSEILLER MUNICIPAL PS DE LA VILLE DE BEZIERS

    http://www.sudradio.fr/Actualite/France/Jean-Moulin-pour-J.-M


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     Que pensent de cette brève nos amis

    du Cercle Jean Moulin ?

     

    Nouvelle polémique à Béziers avec Robert Ménard qui met Jean Moulin en Une du journal de la ville

     

     

    C'est une nouvelle polémique, une de plus, qui est déclenchée par Robert Ménard.

    Le maire de Béziers, a dévoilé sur son compte Twitter la nouvelle Une du journal municipal de sa ville avec un dessin de Jean Moulin.

    "Nous, on ne l'oublie pas", titre ainsi la publication pour son édition à paraître vendredi 15 janvier 2016.

    Sur Twitter, de nombreux internautes ont dénoncé une récupération politique de l'élu apparenté Front national.

    Dans un précédent message, daté du 18 décembre 2015, Robert Ménard avait d'ailleurs souligné que l'habitation de Jean Moulin avait été laissée "en ruine par les précédentes municipalités de droite et de gauche".

    Des propos qui ont provoqué la colère des réseaux sociaux mettant Robert Ménard et Jean Moulin dans la liste des sujets les plus discutés de la twittosphère, mardi 12 janvier 2016.

     

     

    Dans l'une des villes les plus pauvres de France, le maire de Béziers continue à faire son cirque...

     

     Est-ce une riposte à cette information ?

    En tout cas c'est une provocation ridicule

    Garde biterroise : le nouveau préfet

     de l'Hérault en visite de travail à Béziers

    Le nouveau préfet de l'Hérault Pierre Pouëssel s'est rendu à Béziers pour une visite de travail. Le contexte n'est pas anodin : son prédécesseur s'est vivement opposé à la "garde biterroise" proposée par le maire Robert Ménard.

    Dans l'une des villes les plus pauvres de France, le maire de Béziers continue à faire son cirque...

     © BIM/MAXPPP Vue aérienne de Béziers.

    Le nouveau préfet de l'Hérault Pierre Pouëssel s’est rendu lundi 11 janvier 2016 à Béziers, à deux jours de l'examen par le tribunal administratif de Montpellier du recours déposé par son prédécesseur contre la "garde biterroise" de Robert Ménard.
    Ce déplacement non ouvert à la presse "est placé sous le signe du travail avec le sous-préfet de Béziers et des premiers entretiens avec élus et parlementaires", ont fait savoir ses services. L'ancien préfet Pierre de Bousquet avait entretenu des relations tendues avec M. Ménard, maire de Béziers et proche du Front national, notamment autour de la question de la création d'une "
    garde biterroise".

    Vers la fin de la garde biterroise ?

    Il avait déposé le 23 décembre dernier un référé pour annuler la décision du Conseil municipal de Béziers avalisant cette initiative controversée et un référé en urgence pour la suspendre et s'assurer qu'elle ne s'applique pas sur le territoire de la commune. Ce recours doit être examiné le 13 janvier.
    La "
    garde biterroise", qualifiée de "milice" par des opposants de M. Ménard, serait composée de "citoyens volontaires, dont l'expérience et la qualification (anciens gendarmes, militaires, policiers ou sapeurs pompiers à la retraite) les amènent à apporter leur aide à la collectivité dans un contexte marqué par l'état d'urgence", selon le texte adoptée par 35 voix contre 13 le 15 décembre 2015.

    Hommage à Jean Moulin

    "Je me déplace à Béziers le 11 janvier, avec impartialité, et avec la détermination du respect de la loi", avait déclaré à la presse le 5 janvier M. Pouëssel."Ceux qui s'en écartent, ça se termine devant le tribunal administratif." M. Ménard "prétend donner du fil à retordre à l'Etat", avait-il poursuivi. "A cet égard, je m'en remets à la justice administrative".
    Le nouveau venu avait également tenu à saluer la mémoire de Jean Moulin, préfet et figure de la résistance, né à Béziers. "Pour nous, préfets, Jean Moulin, c'est un peu notre patrie", avait-il dit.

    SOURCE : http://france3-regions.francetvinfo.fr/languedoc-roussillon/herault/beziers/garde-biterroise-le-nouveau-prefet-de-l-herault-en-visite-de-travail-beziers-901913.html

     

     
    La légalité de la garde biterroise réexaminée

    Concernant la garde biterroise de Béziers

    Décision mardi 19 janvier 2016

    Le Tribunal administratif de Montpellier examinait hier 13 janvvier 2016 la légalité de la garde biterroise proposée par le maire FN Robert Ménard, après une demande du préfet de l'Hérault. La décision a été mise en délibéré au 19 janvier 2016.

     

    Dans l'une des villes les plus pauvres de France, le maire de Béziers continue à faire son cirque...

    © France 3 LR Tribunal administratif de Montpellier

    SOURCE : http://france3-regions.francetvinfo.fr/languedoc-roussillon/herault/beziers/la-legalite-de-la-garde-biterroise-reexaminee-mardi-903527.html 

    La légalité de la garde biterroise réexaminée

    Le Tribunal administratif de Montpellier a examiné la légalité de la garde biterroise proposée par le maire FN Robert Ménard, après une demande du préfet de l'Hérault. La décision a été mise en délibéré au 19 janvier 2016. Reportage d'Emilien Jubineau et Nicolas Chatail

    Le Tribunal administratif de Montpellier, qui a examiné mercredi le recours de la préfecture de l'Hérault contre la création d'une "garde biterroise", a mis sa décision en délibéré au mardi 19 janvier.

    La préfecture avait déposé le 23 décembre dernier un référé pour annuler la délibération municipalité créant cette garde et un référé en urgence pour la suspendre et s'assurer qu'elle ne s'applique pas sur le territoire de la commune.
    La préfecture a également réclamé le retrait de toutes les publications et communications sur tous les supports ayant trait à cette "garde". L'ancien préfet Pierre de Bousquet, remplacé depuis par
    Pierre Pouëssel, avait entretenu des relations tendues avec Robert Ménard, maire de Béziers et proche du Front national, notamment autour de la question de la création de cette "garde", actée par le Conseil municipal le 15 décembre.
    La "garde biterroise", qualifiée de "milice" par des opposants de M. Ménard, serait composée de "citoyens volontaires, dont l'expérience et la qualification (anciens gendarmes, militaires, policiers ou sapeurs pompiers à la retraite) les amènent à apporter leur aide à la collectivité dans un contexte marqué par l'état d'urgence", selon la délibération municipale.

    Une structure floue

    Pour M. Nicolas Tinier, responsable des relations avec les collectivités locales au sein de la préfecture, "l'exercice d'un service public n'est pas contestable" dans le projet de "garde" de la ville de Béziers. Or "les pouvoirs de police sont strictement encadrés", a-t-il rappelé. Le conseil municipal "est-il compétent pour créer un tel service ? Quid de son organisation, de son fonctionnement, de ses liens avec les autorités de police locales ?", s'est-il interrogé. "Aucune autorité publique ne sait strictement rien sur les conditions de recrutement", a-t-il insisté, soulevant la question de la "capacité du maire à créer un groupement privé" ayant des compétences en matière de sécurité. 
    Le représentant de la préfecture a par ailleurs estimé que "le choix de la terminologie" - le mot "garde", n'était pas "innocent" et contribuait à "entretenir le doute" sur ce projet. Il demande que l'acte du conseil municipal soit "censuré" au regard d'un "doute sérieux sur sa légalité". Une telle création serait, a-t-il conclu, "un motif d'inquiétude" et "un précédent préjudiciable".
    En l'absence de M. Ménard, l'avocate de la ville a en revanche plaidé la légalité de la mesure, basée selon elle sur la notion de "collaborateurs bénévoles" ayant un "rôle de vigilance visuelle". La municipalité de Béziers a versé au dossier à la dernière minute les récentes déclarations du premier secrétaire du Parti socialiste Jean-Christophe Cambadélis, favorable à la création d'une "garde nationale" pour "épauler" les forces de sécurité.

     

    Si ce sont les propos du socialiste Cambadélis qui sauve l'extrémiste Ménard dans cette affaire ce sera un scandale de plus !!! J'espère que non.

     

     

     


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  • A Villejuif, finalement, le parvis

     Georges-Marchais gardera son nom

    A Villejuif, finalement, le parvis   Georges-Marchais gardera son nom

    A Villejuif, finalement, le parvis   Georges-Marchais gardera son nom


    Le parvis Georges Marchais garde le même nom

    Villejuif gardera son parvis Georges-Marchais : le tribunal administratif de Melun, en Seine-et-Marne, a annulé, mercredi 13 janvier 2016, le changement de nom voté en conseil municipal il y a un peu plus d'un an.

    La justice a tranché ce mercredi en faveur de la famille de l’ancien dirigeant du PCF sur la décision contestée du maire de droite de Villejuif de débaptiser le parvis Georges-Marchais de la ville.

    Le tribunal administratif de Melun (Seine-et-Marne) a donné raison à la famille de l'ancien dirigeant du Parti communiste français. "Le parvis continuera à s'appeler Georges-Marchais", s'est félicité l'avocat de la famille Me Guillaume Delarue.

    Depuis son accession à la tête de la ville, la nouvelle équipe municipale (Les Républicains) de Villejuif  et son maire Franck le Bohellec, voulaient rebaptiser le parvis du nom d’un grand cancérologue et résistant : Georges Mathé. La place longe l'hôpital Paul-Brousse de Villejuif, où Georges Mathé, décédé en 2010 à l'âge de 88 ans, a accompli presque toute sa carrière. Elle avait été baptisée du nom de Georges Marchais par l'ancienne maire PCF, Claudine Cordillot, en mai 2013. La plaque commémorative n'a jamais été changée par la commune.

    Cette décision est conforme à l'avis exposé par le rapporteur lors de l'audience mi-décembre. Celui-ci avait estimé que la délibération était fondée sur "une erreur manifeste d'appréciation", puisqu'elle ne reposait sur "aucun intérêt public local". Il avait rappelé "le rôle important de Georges Marchais dans l'essor de Villejuif", qui relève de la première circonscription du Val-de-Marne, dont l'ancien secrétaire général du PCF (1972-1994) a été le député jusqu'en 1997, année de son décès.

    Un an de bataille

    Pendant toute l'instruction qui a duré un an, la famille de Georges Marchais avait reçu des soutiens de tous bords dont celui du président de l'Assemblée nationale Claude Bartolone et des députés Alain Bocquet (PCF), Bernard Debré (Les Républicains), André Santini (UDI) et Roger-Gérard Schwartzenberg (Radical de gauche) ainsi que l'écologiste Noël Mamère.

    Six députés de gauche et de droite avaient

    demandé à Villejuif de ne pas débaptiser

     le parvis Georges Marchais

    Six députés de droite et de gauche avaient demandé dans une lettre ouverte à la municipalité de Villejuif de revenir sur sa décision de débaptiser un parvis portant le nom de Georges Marchais, ancien secrétaire général du Parti communiste.

    Claude Bartolone (PS), président de l'Assemblée nationale, Alain Bocquet (PCF), Bernard Debré (Les Républicains), André Santini (UDI) et Roger-Gérard Schwartzenberg (Radical de gauche), qui ont siégé à l'Assemblée aux cotés de Georges Marchais (député du Val-de-Marne de 1973 à 1997, année de son décès) ainsi que l'écologiste Noël Mamère, ont signé le texte d'une lettre ouverte, le mardi 2 juin 2015.

    Dans cette lettre, les six députés expliquaient : « Cette décision qui revient à opposer ces deux personnalités qui ont marqué l'Histoire, scientifique et politique, de notre pays est illégitime (...) Notre tradition républicaine d'honorer après leur disparition les élus de la Nation qui ont marqué la politique de notre pays ne peut être bafouée au nom de l'adversité politique. (...) Que l'on partage ou non les combats de Georges Marchais, nous considérons la décision de débaptiser la place éponyme inconvenante tant elle porte atteinte à l'esprit républicain et au respect dû à la mémoire de ce parlementaire d'envergure nationale qui a marqué de son empreinte la ville de Villejuif. (...)  C'est pourquoi, ensemble et au delà de nos différences politiques, nous vous demandons de revenir sur cette délibération. La dignité de la vie publique impose d'honorer ces deux personnalités dans un esprit de rassemblement de toutes les sensibilités françaises et non de division.»

     

    C'était en juin 2015 le fils de Georges Marchais

    interpelait le maire de Villejuif

    Georges Marchais c’était aussi « Le Programme commun

    de la Gauche (1972-1977) »

    Le Programme commun était le contenu de la stratégie d'union de la gauche, imaginée par François Mitterrand pour reconquérir et exercer le pouvoir en France. C'est cette perspective qui commande la " prise " du pouvoir par le futur président en 1971 à Epinay.

    Depuis 1958, la Gauche était écartée du pouvoir et le Parti communiste, malgré un réel et durable enracinement local, était de plus en plus coupé des exigences d'une jeunesse radicale, anticolonialiste et antistalinienne. La surprise de 1965 où la gauche rassemblée derrière Mitterrand avait mis de Gaulle en ballottage montrait qu'il existait un réel espace pour une gauche démocratique de prendre le pouvoir si elle était unie. La vieille SFIO divisée et affaiblie restait malgré tout la matrice d'un renouveau de la gauche si elle redevenait le premier parti de gauche. Ce qui était possible puisque le PCF, stalinien, ne représentait pas les aspirations de la gauche démocratique. La première étape est donc la reconstruction d'un parti socialiste, ancré à gauche. C'est ce que réalise Mitterrand en 1971. L'année suivante, au terme d'épuisantes négociations, les socialistes et les communistes se mettent d'accord sur un programme de gouvernement. Ils sont rejoints par la minorité de gauche du Parti radical, qui devient, du coup le Mouvement des radicaux de gauche, dirigé par Robert Fabre ­ ancêtre du PRG d'aujourd'hui.

     


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  • Français d'Algérie: deux soeurs, une mer

    Francais d'Algérie: deux soeurs, une mer

    Alors que des centaines de milliers de pieds-noirs ont quitté l'Algérie en 1962, Germaine, ici à Arzew en février 2012, a décidé de rester.

    C.Sebiaa pour L'EXPRESS

    SOURCE : http://www.lexpress.fr/actualite/monde/afrique/francais-d-algerie-deux-soeurs-une-mer_1094027.html


    Il y a cinquante-quatre ans, après les accords d'Evian, des centaines de milliers de pieds-noirs quittent l'Algérie. Parmi eux, Yvette, qui vit aujourd'hui à Palavas, dans l'Hérault. Sa cadette, Germaine, a choisi de rester à Arzew, près d'Oran. Rencontres entre deux rives.

    J'espère que cela ne sera pas de sitôt, mais, quand mon heure arrivera, c'est là-haut que je veux être enterrée. Face à la mer, pour la regarder, comme au premier jour, se balancer d'une crique à l'autre. Je suis née dans ce pays, je lui ai toujours appartenu. C'est logique que ma dernière demeure soit ici". Germaine montre du doigt le vieux cimetière marin, construit en terrasses sur la Méditerranée et peuplé de sépultures chrétiennes dont certaines sont en piteux état. Il n'est qu'à quelques minutes en voiture du modeste pavillon que la vieille dame occupe depuis les premiers jours de l'indépendance algérienne, au lieu-dit de la Fontaine-des-Gazelles, non loin d'Arzew. Française d'Algérie depuis quatre générations, Germaine tient avec son fils, Pierre, sur la place centrale de cet ancien port de pêche devenu après l'indépendance la grande ville pétrolière de l'Ouest algérien, un restaurant aux nappes à carreaux rouges et blancs, la Germainerie. Elle l'a ouvert au début des années 1960, à la place du bar acheté en 1930 par ses parents. 

    Les Pieds-noirs

    L'expression désigne les Européens et les juifs d'Algérie, c'est-à-dire les non-musulmans qui vivaient en Algérie au moment de l'indépendance. Tous jouissaient en 1962 de la pleine nationalité française. 

    Germaine Ripoll, 87 ans, est l'une des quelque 200.000 pieds-noirs qui ont fait le choix en 1962, au moment de l'indépendance, de rester en Algérie. Cette année-là, sa soeur Yvette, de deux ans son aînée, s'est installée avec sa famille en France, où leur mère l'a rejointe peu après. Aujourd'hui, Yvette coule ses vieux jours, elle aussi, au bord de la Méditerranée, mais sur l'autre rive. Elle et son mari habitent depuis quelques années un appartement dans une petite résidence à l'entrée de Palavas-les-Flots (Hérault). Yvette confie que le port de Palavas, "avec les pêcheurs qui vendent leurs poissons sur les quais", lui rappelle celui d'Arzew - avant la raffinerie construite dans les années 1970 par la Sonatrach et l'alignement des tankers dans la rade... "Arzew, se souvient pour sa part Germaine, était ouverte sur la mer. Il n'y avait que le soleil, la plage, les criques, le phare et les pêcheurs". Les photos qu'elle conserve des années 1946-1947 la montrent en pin-up, souriant à la vie et au bleu du ciel et de l'eau. "Ma mère m'a tricoté le maillot deux-pièces que je portais. Mouillé, il était lourd. Mais il m'allait bien".

     

    Francais d'Algérie: deux soeurs, une mer

     

    Yvette et Germaine descendent d'une vieille famille catalane, installée en Algérie peu après la conquête du territoire par l'armée française en 1830. Leurs quatre grands-parents comme leurs parents sont nés dans cette partie du littoral oranais qui s'étend d'Arzew à Gdyel, l'ex-Saint-Cloud. Leur grand-père paternel dirigeait à El-Guessiba, à 4 kilomètres d'Arzew, une ferme qui appartenait à un colon français; converti à l'islam, il était devenu un marabout respecté. C'est là que les deux soeurs voient le jour, l'une en 1923 et l'autre en 1925. Un frère, Vincent, né en 1922, sera engagé volontaire et mourra à la guerre, à 21 ans, en 1943.

     

    Lorsque leurs parents s'installent à Arzew, Yvette et Germaine ont 5 et 3 ans. Inscrites aux Enfants de Marie, un patronage, elles apprennent leurs premiers mots de français, avant de rejoindre l'école communale. L'une et l'autre donnent ensuite un coup de main à leurs parents, qui tiennent, outre le bar, un entrepôt de vins et liqueurs. Yvette rêve déjà d'aller en métropole. A l'époque, cependant, une jeune fille ne voyage pas seule... Au milieu des années 1940, elle fait la connaissance d'Alain Chauderlot, un fusilier marin, de trois ans son aîné, alors basé à Arzew avec son régiment. C'est en jeune mariée qu'elle découvrira peu après l'Hexagone, et d'abord les Ardennes, dont il est originaire. Mais le couple décide de rester en Algérie. Alain entre aux Affaires maritimes, devient syndic des gens de mer. Trois enfants naissent, un garçon et deux filles. 

    Amoureuse de la mer, excellente nageuse, Germaine réussit à se faire accepter dans un club d'aviron où, précise-t-elle, "il n'y avait que des hommes". Elle y rencontre celui qui deviendra son mari, un Français de métropole, originaire du Creusot et descendant d'une famille russe ayant fui la révolution de 1917. "Il était beau, il m'a plu et nous nous sommes mariés au cours de l'été 1950". Ensemble, ils auront un fils unique, Pierre. Né en 1956 et aujourd'hui marié à Leila, native d'Oran et originaire d'une famille berbère du Maroc, ce père de quatre enfants, deux garçons et deux filles, dirige désormais la Germainerie. 

    Jeunes mères de famille, les deux soeurs traversent les années de guerre sans vraiment s'en rendre compte. "A Arzew, il n'y avait pas de problèmes, affirme Yvette. Juste quelques Français de souche qui se poussaient un peu du col... Nous nous entendions bien avec les Arabes, comme avec les Juifs. Les violences, ce sont des Arabes venus de Tunisie [l'armée des frontières] qui les ont commises". A l'époque, pour les deux soeurs, l'Algérie, c'est la France. Et elle doit le rester. L'une et l'autre auront le sentiment d'avoir été trahies par le général de Gaulle. 

    Yvette n'est revenue qu'une fois après l'indépendance

    Francais d'Algérie: deux soeurs, une mer


    Le 18 mars 1962, le gouvernement français et la rébellion algérienne signent les accords d'Evian, premier pas vers l'indépendance. Le texte précise que les droits et les biens des Européens d'Algérie seront respectés. Mais tout se précipite au cours de l'été: l'OAS bascule dans un combat de plus en plus désespéré. Face à cette "politique de la terre brûlée", les chefs du FLN ne parviennent pas à empêcher de sanglantes représailles. Faut-il partir? Peut-on rester? Les 6 000 pieds-noirs d'Arzew, comme tous les autres, s'interrogent. 

    Yvette et son mari, Alain, sont inquiets. Lui qui parcourt tous les jours la route qui sépare Arzew d'Oran, voit monter l'insécurité. Des Arabes sont tués par des pieds-noirs, pêcheurs d'Arzew. Des Français sont enlevés. "Tout le monde s'en prenait à tout le monde", résume Yvette. Et puis il y a les journaux, de plus en plus alarmistes. Le couple décide de mettre les enfants, alors âgés de 12 à 16 ans, à l'abri chez leurs grands-parents, dans les Ardennes. Yvette les accompagne. Aujourd'hui encore, elle se souvient du bateau pour Marseille, bondé, des familles entassées sur le pont, des gens malades... Le retour, en avion, est plus facile. Mais la situation, sur place, est de plus en plus tendue.  

    Début juillet, à Oran, des coups de feu sont tirés contre des Algériens qui défilent pour fêter l'indépendance. Convaincus qu'il s'agit de l'OAS, ils se lancent dans une sanglante chasse aux Européens. Au lendemain de cette tuerie, Yvette et Alain décident de partir, pour toujours. "J'aimais ce pays. Si j'avais été seule, je serais restée. Mais il y avait les enfants. Leur sécurité et leur avenir étaient en jeu." Le couple prend place dans un petit convoi en direction de l'aéroport d'Oran, manque les deux premiers vols, pour Bordeaux et Toulouse, et finit par embarquer à bord d'une Caravelle pour Paris. Après des semaines dans les Ardennes, Alain obtient un poste à Marennes, en Charente-Maritime. Il sera ensuite muté à Fouras, près de La Rochelle. "J'ai souffert de l'humidité et du froid", confie Yvette, heureuse d'avoir, quelque trente ans plus tard, retrouvé sa chère Méditerranée. Aujourd'hui, ses trois enfants ont fait leur vie, en France. Et elle est une grand-mère comblée. 

    La Grande Bleue, Germaine ne l'a jamais quittée. Lorsque survient l'indépendance, elle est sur le point de divorcer et décide d'envoyer son fils, pour un temps, chez son père, qui a trouvé refuge à Toulon. Elle restera. "Bien sûr, il y avait l'OAS, les représailles et les morts... Mais ça se passait à Oran, qui nous semblait à des milliers de kilomètres. A Arzew, la vie était plutôt tranquille. Quand l'indépendance a été proclamée, des Arabes sont descendus de leurs quartiers vers le centre-ville européen, mais ils n'ont rien fait. Ils avaient presque peur d'y mettre les pieds, et ne voulaient pas que les Européens partent et abandonnent leur pays! Certains se sont dirigés vers mon restaurant. Je suis sortie sur le trottoir. Nous nous sommes regardés, puis embrassés. Je me souviendrai toujours de cet instant". Un demi-siècle plus tard, Germaine avoue qu'elle n'a toujours "ni compris ni digéré" l'exode massif des pieds-noirs. 

    Accords d'Evian

    Signés le 18 mars 1962, les accords d'Evian aboutissent à la proclamation d'un cessez-le-feu dès le lendemain sur tout le territoire algérien. Ils prévoient l'organisation d'un référendum d'autodétermination permettant aux Algériens de choisir l'indépendance. 

    Après son départ, Yvette n'est revenue qu'une seule fois en Algérie, trois ans après l'indépendance: la jeune femme est retournée à Arzew pour récupérer un chien de chasse que son mari avait dû laisser en 1962. L'ancien facteur, devenu maire d'Arzew, lui a offert un poste d'institutrice. Elle a poliment décliné. 

    Germaine, elle, a envisagé un temps de partir, à la fin des années 1960. Sa soeur lui avait trouvé un bar non loin de Fouras. Elle a fait le voyage et a même versé des arrhes. Mais elle a rapidement compris qu'elle ne se ferait pas à cette nouvelle vie et a repris le chemin d'Arzew. En 1993, pendant les années de sang, elle a reçu une lettre de menaces, la sommant de quitter l'Algérie. Les services consulaires français lui ont alors conseillé de faire ses bagages. Elle a refusé. "Je ne pouvais pas abandonner mon pays. Ni cette mer que je regarde chaque matin". 

    Ceux qui sont restés

    Le témoignage de Germaine Ripoll figure en bonne place dans un ouvrage publié il y a deux mois par le journaliste Pierre Daum. Son livre est le premier entièrement consacré aux pieds-noirs qui ont choisi, en 1962, de ne pas gagner la France et de tenter le pari de l'indépendance. Au total, quelque 200.000 Européens et juifs sont restés après l'été 1962, soit pour y finir leurs jours, soit pour finalement quitter le pays, peu à peu, au cours des décennies suivantes. Leurs motivations, comme leurs opinions, étaient diverses. Une réalité trop passée sous silence. Aujourd'hui encore, quelques centaines de pieds-noirs vivent en Algérie. La plupart ont conservé leur nationalité française. Pour le journaliste, 15 d'entre eux ont accepté de témoigner. Leur histoire permet de découvrir un aspect méconnu du passé colonial de la France.

     CLIQUEZ SUR LE LIEN CI-DESSOUS POUR VOIR UNE VIDEO DE GERMAINE RIPOLL

    https://www.youtube.com/watch?v=HYx_pVBoSrw

     


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    Benjamin Stora :

    « La décolonisation

    des imaginaires n’est pas

    une question achevée »

     

    Photo : Patrick Nussbaum
     
     
    Dans les "Mémoires dangereuses. De l’Algérie coloniale à la France d’aujourd’hui" (Albin Michel), 
le spécialiste de la guerre d’Algérie lance un plaidoyer en faveur d’une bataille culturelle contre la radicalisation et l’obscurantisme par la réappropriation en commun d’une histoire coloniale refoulée. 
Il sera l’hôte des Agoras de l’Humanité, accueillies samedi, au musée de l’histoire de l’immigration à Paris.

    La réédition de votre essai Transfert d’une mémoire, avec vos Mémoires dangereuses, se veut un acte engagé. Quels enjeux attachez-vous à cette intervention dans le débat public actuel ?

    Benjamin Stora : Ce livre, je l’ai écrit en 1998, à mon retour du Vietnam. À l’époque, j’avais trouvé un paysage politique français inquiétant. J’avais quitté la France à un moment marqué par la montée du FN. Tout au long de mes études sur l’histoire de l’Algérie et du Maghreb contemporain, j’avais déjà pointé une série de passages de mémoire d’une rive à l’autre de la Méditerranée et j’avais, à l’époque, décidé d’écrire cet essai pour montrer comment se formaient des comportements, des réflexes et des mémoires que j’ai qualifiés de « sudistes ».Il s’agissait pour moi d’intervenir, au travers d’un essai historique, dans le contexte de l’époque. Le problème, c’est que quand cet essai a été publié en 1999, la plupart des commentateurs l’ont négligé parce qu’ils se disaient que la crise du FN ouverte par la scission de Jean-Marie Le Pen et de Bruno Maigret allait entraîner une crise de l’appareil et qu’un effacement, ou même une disparition du FN, était à l’ordre du jour. Dans leur perspective, le FN, qui, à l’époque, faisait 15 % des voix, devait descendre à 5 % ou à 8 %. De fait, ces commentateurs se disaient que mon projet d’établir des parallèles, des passerelles et des correspondances entre le passé lointain de Jean-Marie Le Pen, l’histoire de la guerre d’Algérie et la situation de l’époque était inopportun. Par ailleurs, c’était l’époque où l’on se disait qu’au fond, la guerre d’Algérie appartenait au passé. La reconnaissance officielle par la France, en juin 1999, à l’Assemblée nationale, du fait que la France avait mené effectivement une guerre en Algérie semblait clore la bataille mémorielle livrée sur la question et il fallait tourner la page. Plus de quinze ans plus tard, face à la nouvelle poussée du FN, je me suis laissé convaincre de le rééditer sous l’impulsion d’Alexis Jenni, prix Goncourt en 2011 pour l’Art français de la guerre, afin de répondre à l’urgence de montrer que les racines du FN se plongent en partie dans l’imaginaire colonial.

    Vous montrez que la France souffre aujourd’hui de la rumination de cette histoire coloniale. Pourquoi un tel rapport de la société française avec cette histoire, et avec celle de la colonisation de l’Algérie en particulier ?

    Benjamin Stora : Il y a plusieurs raisons à cela. D’abord, le fait que la France était un grand empire colonial, l’Algérie française étant le centre névralgique de cet empire. N’oublions pas que l’Algérie française était considérée comme un département français. La perte de l’Algérie a été un coup porté au nationalisme français parce que ce nationalisme, ce que j’essaie d’expliquer dans ce livre, s’était en grande partie construit sur la notion d’empire. La fin de l’Algérie française, la décolonisation, a donc été une blessure infligée au nationalisme français qui a entraîné la volonté de ne pas regarder la chose en face, d’oublier, de tourner la page. Mais c’était difficile d’oublier dans la mesure où sont venus en France comme travailleurs immigrés des gens qui appartenaient à cette histoire, que ce soit d’Afrique du Nord ou d’Afrique subsaharienne, à la différence des immigrés espagnols, italiens ou portugais. La grande question pour l’extrême droite française a été d’entretenir une mémoire de revanche et de ressentiment sur la question de l’empire. Cette mémoire a pu d’autant mieux fonctionner qu’existait l’oubli. L’oubli volontaire de la société, qui voulait effacer le traumatisme de ce conflit qui a entraîné le départ vers l’Algérie de plus d’un million et demi de jeunes soldats. Oubli organisé par l’État, qui a organisé une chaîne d’amnisties empêchant de juger les responsables d’exactions commises. À ce double oubli, il faut ajouter que le reste du monde politique français, des gaullistes aux communistes, considérait que la question de la décolonisation était finie, dépassée, réglée.

    C’était aussi la période de la mobilisation contre la guerre du Vietnam...

    Benjamin Stora : Oui, absolument. Il y avait d’autres grandes causes, d’autres batailles qui apparaissaient bien plus importantes dans l’actualité de l’époque. Moi, par exemple, je suis entré en politique avec la guerre du Vietnam. Si je prends mon itinéraire personnel, arrivé d’Algérie à Sartrouville en 1964 dans une banlieue ouvrière – ma mère a travaillé en usine pendant 25 ans dans une filiale de Peugeot –, la question, en 1967 ou 1968, c’était le Vietnam, le gaullisme, la société de l’époque très fermée, étouffante. La mémoire de la guerre d’Algérie était effacée. L’Algérie indépendante n’était plus une cause qui mobilisait. J’évoquerai à ce sujet une anecdote. En mai 1968, il y a eu une grande manifestation organisée par la Jeunesse communiste à Paris contre la guerre du Vietnam. Il y avait 100 000 jeunes qui étaient venus défiler à Paris. À cette époque, j’étais lycéen. Devant nous, en tête de cortège, des militants qui s’étaient mobilisés contre la guerre d’Algérie se sont mis à scander : « Charonne ! Charonne ! Charonne ! ». Personne parmi nous n’a repris. Tout le monde s’est regardé en s’interrogeant. C’était cinq ans après les événements de Charonne. Cinq ans plus tard, la jeunesse lycéenne qui descendait dans la rue n’avait pas le souvenir de la guerre d’Algérie. La guerre d’Algérie était passée.

    Vous montrez que le retour de cette mémoire s’est fait sous une forme fractionnée et que des mémoires communautarisées forment le terreau de la situation actuelle de la montée de l’hégémonie de l’extrême droite sur une partie de la société française. Pourquoi ?

    Benjamin Stora : À partir des années 1990, la guerre d’Algérie revient sur la scène culturelle et politique française, mais pas de manière unifiée et consensuelle. Elle revient dans une situation où les groupes porteurs de cette mémoire, qui ont une vision différente de l’Algérie, effectivement, vont s’affronter. On connaît les grands groupes porteurs de la mémoire de la guerre d’Algérie. Il y a bien sûr les Européens d’Algérie, ceux qu’on appelle les pieds-noirs. Certains, pas tous, mais une grande partie d’entre eux, entretiennent la nostalgie de la période coloniale. Il y a aussi certains officiers français à la retraite dont la parole s’est trouvée libérée en 1982 avec l’amnistie proposée par François Mitterrand des généraux putschistes de 1961. Les officiers et sous-officiers impliqués étaient en nombre beaucoup plus important qu’on le croit en général. De Gaulle avait fait croire que c’était un « quarteron de généraux » en 1961. Or, ce n’était pas un « quarteron de généraux », mais plusieurs centaines d’officiers supérieurs qui avaient été démis de leurs fonctions. La grande nouveauté, au milieu des années 1980, c’est la demande de mémoire des enfants de l’immigration algérienne. La mobilisation politique pour l’égalité renvoie à la mémoire des pères avec une date symbolique qui est celle du 17 octobre 1961. Apparaît aussi la mémoire des enfants de harkis, qui mettent en accusation la France dans la politique d’abandon de leurs parents. Cette volonté de sortie du silence se fait ainsi dans le désordre. Elle se produit dans une forme de communautarisation, où chacun veut sa mémoire de la guerre d’Algérie dans une mise en accusation commune de l’État français, que ce soit le fait de l’extrême droite ou que ce soit le fait des enfants de harkis ou de l’immigration algérienne. Ce mouvement de communautarisation des mémoires a été contemporain de l’entrée en crise des deux grandes idéologies politiques qui structuraient la vie politique française depuis la libération en 1945, le gaullisme et le communisme. Ce processus a été poussé des deux côtés de la Méditerranée avec la montée des intégrismes identitaires mémoriels, au début des années 1990, du FN d’un côté et du FIS de l’autre, le Front islamique du salut. La guerre des mémoires s’est exacerbée après 2005 notamment, avec le vote de l’Assemblée nationale sur le rôle positif de la colonisation.

    Quels points communs entre fanatiques islamistes et islamophobes en France quant à cette histoire et mémoire ?

    Benjamin Stora : Leur point commun, c’est le fait que l’explication historique se réduit pour eux à des questions d’identité à base religieuse ou culturelle éliminant tout ce qui a trait à la question sociale, aux rapports sociaux existants, aux questions de classe. Du côté de l’extrême droite française, c’est ce que j’ai appelé une mémoire de type « sudiste » venant irriguer l’ensemble de la société à la manière de la mémoire sudiste qui s’est imposée aux États-Unis. Il s’agit d’une forme compliquée de paternalisme et de ségrégation, à partir d’une conception ethnique de la société, de la nation. La conception citoyenne de la nation n’est pas envisagée. De l’autre côté, vous avez l’entrée en politique, dans les banlieues, dans les quartiers populaires à l’abandon, de gens qui subissent le racisme au quotidien et qui se disent que dans le fond, leur place n’est ni dans le pays de leurs parents, ni en France et qui ne la trouvent que dans la religion. C’est terrible. Ce n’est pas simplement en disant qu’il faut être plus laïque qu’on va régler la question. Il y a aussi des mesures sur la discrimination sociale et ethnique, la discrimination quant à l’accès aux loisirs, au travail, à la possibilité de voyager, de s’éduquer et de se cultiver qui doivent être prises d’urgence. La question des combats à livrer contre la ségrégation spatiale et le contrôle au faciès, les difficultés d’embauche qui frappent tout particulièrement les jeunes issus des immigrations postcoloniales doit être associée à la bataille culturelle pour sortir de l’impasse actuelle. Cette lutte contre cette culture qui tend à dominer les esprits demande un travail très long à mener aussi bien dans les programmes scolaires, le mouvement associatif que dans les programmes télévisés.

    Vous évoquez, à la suite des événements de janvier 2015, un « réveil », parmi les Français musulmans et plus généralement les musulmans de France, pour défendre la République. Vous précisez, « à leur manière ». Qu’entendez-vous par cette expression ?

    Benjamin Stora : À leur manière, c’est-à-dire à partir de leur propre histoire et mémoire. Les gens n’ont pas tous la même manière de défendre la République. Les uns le font à partir d’une mémoire sociale, familiale, d’une mémoire de résistance mais cela peut être aussi à partir d’une mémoire anticoloniale. La question de la laïcité et de la République se pose aussi à partir des combats qui ont pu être menés outre-mer ou sur le terrain de la question de la décolonisation. Pour moi, la question de la décolonisation n’est pas une question achevée. La décolonisation, bien sûr, elle est effective sur le plan de l’existence d’États, de nations, etc., mais la décolonisation des imaginaires n’est pas achevée. Je ne dis pas que la France est une société coloniale. Pas du tout. En cela, je ne suis pas d’accord avec une série de gens qui le disent. Mais la question de la décolonisation des imaginaires est fondamentale dans la société française d’aujourd’hui. On peut combattre pour la République à partir d’une autre histoire qu’une simple histoire hexagonale. On peut le faire à partir de sa propre histoire. Sinon, la République n’a pas de sens universel. On peut combattre pour elle, chacun à partir de sa propre expérience. C’est ce que nous faisons au Musée national de l’histoire de l’immigration. En connaissant l’histoire des autres, on peut enrichir, irriguer le récit républicain.

    Un historien,  la France et l’Algérie 

    Né le 2 décembre 1950 à Constantine 
en Algérie, Benjamin Stora enseigne l’histoire du Maghreb contemporain 
(XIXe et XXe siècles), des guerres de décolonisation et de l’immigration maghrébine en Europe à l’université Paris-XIII et à l’Inalco (Langues orientales, Paris). Auteur d’une quarantaine d’ouvrages et de centaines d’articles sur ces sujets, il a été nommé président du Conseil d’orientation de l’Établissement public du palais de la Porte-Dorée, qui réunit le Musée de l’histoire de l’immigration et l’Aquarium de la Porte-Dorée, le 1er août 2014.

    SOURCE : http://www.humanite.fr/benjamin-stora-la-decolonisation-des-imaginaires-nest-pas-une-question-achevee-594851

     


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  • Marc Trévidic : “Nous luttons contre

     le nazisme tout en invitant Hitler

     à notre table”

    Marc Trévidic : “Nous luttons contre   le nazisme tout en invitant Hitler   à notre table”

    Mediapart, France 2, TF1, Le Télégramme ou encore Le Dauphiné libéré. Après les attentats de Paris et de Saint-Denis, Marc Trévidic, ancien juge d’instruction du parquet antiterroriste de Paris, aujourd’hui au tribunal de grande instance de Lille, s’est beaucoup exprimé. Interrogé cette fois-ci par Les Echos, il évoque l’état des services de renseignements et des services judiciaires français, et ce qui adviendra de cette “guerre” contre les terroristes de l’Etat islamique.

    Ne pas créer un Guantanamo français 

    Le juge a loué le recours à l’état d’urgence mais appelle, une fois encore, à ne pas créer un Guantanamo français, c’est-à-dire à ne pas “interner toutes les personnes susceptibles d’être radicalisées”. Ce serait “contraire à la Constitution française et à la Convention européenne des droits de l’homme” et ça inciterait bon nombre de “musulmans modérés” à se sentir persécutés et à se radicaliser. “C’est ce qu’ont cherché les islamistes d’Al Qaida par le passé, et l’OEI (Organisation Etat islamique, ndlr) aujourd’hui”, indique-t-il.

    “Comment faire une distinction entre un radical non violent et un radical prêt à commettre des attentats ? s’interroge-t-il. Nous n’avons pas une échelle de Richter du radicalisme.” 

    Les renseignements renforcés mais la justice ne suit pas 

    Consulter sur les capacités des services de renseignement français, il a reconnu que “beaucoup d’efforts ont été entrepris ces deux dernières années avec, notamment, le vote de la loi sur le renseignement”. Mais, le problème, c’est que derrière, le système judiciaire ne suit pas :

    “Malheureusement, nous n’avons pas voulu mettre le renseignement au service du judiciaire. Le système n’a pas été conçu en ce sens. Nous faisons face à un goulet d’étranglement : quand près de 2 500 personnes travaillent au renseignement, en face, il n’y a que 150 personnes du côté judiciaire. Ce déséquilibre signifie, en clair, que les juges n’ont pas les moyens de traiter les renseignements qui leurs sont transmis.”

    Une position plus ferme face à la Turquie, la Syrie

    et l’Arabie saoudite 

    Concernant la politique extérieure de la France, Marc Trévidic souhaite que François Hollande pose des conditions à certains pays dont les relations avec l’Etat islamique ne sont pas très clairs, comme la Turquie. Il considère également que la France n’a pas besoin de changer d’attitude face à Bachar al-Assad pour lutter contre Daesh. Il dénonce vivement la coopération de la France (et des autres pays de la coalition) avec Riyad :

    “La France n’est pas crédible dans ses relations avec l’Arabie saoudite. Nous savons très bien que ce pays du Golfe a versé le poison dans le verre par la diffusion du wahhabisme. Les attentats de Paris en sont l’un des résultats. Proclamer qu’on lutte contre l’islam radical tout en serrant la main au roi d’Arabie saoudite revient à dire que nous luttons contre le nazisme tout en invitant Hitler à notre table.”

    SOURCE : http://www.lesinrocks.com/2015/11/news/marc-trevidic-nous-luttons-contre-le-nazisme-tout-en-invitant-hitler-a-notre-table/

     


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  • Source : http://www.henri-pouillot.fr/

    Jamais je n’oublierai le message reçu de Georges Wolinski en 1985

    Il y a 30 ans, en novembre 1985, j’étais délégué au 42ème congrès de la CGT à Lille, dans la délégation UGICT (Union Générale des Cadres et Techniciens de la CGT).
    A cette occasion,Georges Wolinski réalisait un dessin spécialement dédié pour cet évènement.Chaque délégué eut droit à une sérigraphie numérotée (le numéro 750 pour moi).


     
    Ce dessin, tellement explicite, restait pour moi tout un symbole, que j’ai conservé, évidemment, avec beaucoup de précautions, de nostalgie.

    30 plus tard, cet humaniste était assassiné avec les autres collaborateurs de Charlie Hebdo. C’est le premier anniversaire de ce crime odieux, de son assassinat, aussi, je ne peux rester indifférent.

     Je n’avais jamais été personnellement un fan de Charlie-Hebdo. Je dois même dire que la caricature qu’il avait reproduite montrant le prophète avec son turban dissimulant une bombe m’avait choqué. Cela laissait donc sous-entendre, d’une certaine façon, que l’islam était, par nature, propagandiste du terrorisme. La une publiée après les attentats m’avait dérangé puisqu’elle pointait encore les musulmans comme étant au centre de l’idéologie qui aurait armé ces barbares. Certes, le graphisme était moins violent, mais dans le contexte, il semblait quand même induire que c’est l’islam qui inspirai t cette violence odieuse.

    La provocation d’une catégorie de citoyens à partir de leurs croyances religieuses n’est pas acceptable. Elle peut tomber sous le coup de la loi si la provocation est considérée comme raciste ce qui est alors un délit, mais plus un droit d’expression. Il est concevable de critiquer les pratiques religieuses, même de les contester, comme il peut être admissible de mettre en cause l’athéisme. Le concept de laïcité doit être le fil conducteur permettant à tout citoyen de croire ou ne pas croire, pratiquer ou ne pas pratiquer une religion : c’est la garantie d’un vivre ensemble apaisé. Mais la laïcité ne veut pas dire anti-religion, simplement respecter la liberté de penser, pour tout citoyen, de façon différente de la vôtre.

    Rien ne peut justifier un assassinat, surtout pas pour des idées. Et très loin de moi le moindre soupçon que les dessins, même contestables (selon mon point de vue personnel) pourraient être une excuse pour ces criminels barbares.

    Un an après cet attentat, et après ceux de novembre dernier, il semble bien que le pouvoir politique en place instrumentalise la peur générée par ce terrorisme sans prendre les mesures appropriées pour le contrer. Le laisser faire face au racisme, avec le développement de l’islamophobie (de plus en plus d’actes islamophobes en 2015), n’est pas étranger au "recrutement" de français qui se sentent exclus dans leur pays, prêts à le mettre en cause.

    Après les attentats du 13 novembre dernier, le tapage médiatique orchestré par le pouvoir, instrumentalisant les émotions naturelles pour susciter un climat de peur, d’inquiétude pour des bas calculs politiciens est indigne. La "provocation" envers le commissariat de la Goutte d’Or à Paris montre bien que des réactions insensées peuvent y trouver une inspiration.

    Les mesures proposées : état d’urgence, déchéance de la nationalité... devant être gravées dans le marbre de la constitution sont une caution aux pires risques des atteintes aux libertés individuelles, collectives, aux principes même de la République Française et ses valeurs de droits de l’homme vantées comme un exemple au plan mondial. Cela est d’autant plus inconcevable de la part de François Hollande ou de Manuel Valls qu’ils s’étaient très clairement exprimés et très fermement opposés à de telles mesures en 2010 et 2012. Aujourd’hui c’est sans doute l’application du slogan "Le changement, c’est maintenant" ???. En plus, ces mesures sont totalement inefficaces, elles ne font que distiller une illusion de sécurité,

    Oui, Georges, toi l’humaniste, toi qui soutenait le MRAP, le Mouvement de la Paix...(et bien d’autres organisations défendant les valeurs humaines les plus nobles de la République Française...) tu es mort il y a un an, et tu risques bien d’être l’un des premiers d’une liste qui n’est certainement pas terminée puisque rien n’est fait pour éradiquer les causes de la génération de fanatiques prêts à commettre les pires infamies parce qu’ils se trouvent exclus de leur société, la France.

    Ton combat mérite d’être poursuivi avec opiniâtreté. Ce message que j’ai reçu de toi en novembre 1985, il est resté, il restera pour moi une motivation essentielle. La résistance à l’injustice, au racisme,... que tu as sans cesse défendue, doit être l’urgence, pour permettre le vivre ensemble, en opposition à l’état d’urgence qui nous guette.

    Henri POUILLOT


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     “Le socle idéologique du FN vient
     
    de la guerre d’Algérie”
    Marie Lemonnier

    SOURCE : http://bibliobs.nouvelobs.com/idees/20160108.OBS2466/le-socle-ideologique-du-fn-vient-de-la-guerre-d-algerie.html

    Le grand historien du Maghreb contemporain et le prix Goncourt 2011 racontent comment le logiciel FN continue à véhiculer un modèle de société coloniale qui obstrue nos imaginaires. Entretien avec Benjamin Stora et Alexis Jenni.

    Les fantômes de l'Algérie, vus par Olivier Marboeuf. (©Olivier Marboeuf pour L'OBS) 
     
    Les fantômes de l'Algérie, vus par Olivier Marboeuf. (©Olivier Marboeuf pour L'OBS)
     
    L'OBS. Dans "les Mémoires dangereuses", vous évoquez la persistance d’un malaise identitaire français lié au traumatisme non digéré de la guerre d’Algérie. Comment vous est venue l’idée de réaliser ensemble cet ouvrage composé, dans un premier volet, d’un lumineux dialogue entre vous deux et, dans un autre, de la réédition de votre essai, Benjamin Stora, «le Transfert d’une mémoire», qui identifiait les sources coloniales du frontisme?

    Benjamin Stora. Tout est parti de l’intérêt d’Alexis pour ce livre qui était initialement sorti en 1999. J’en étais bien entendu très fier, mais aussi très étonné parce qu’il s’agissait du moins connu de mes travaux et qu’il n’avait remporté aucun succès. Il faut dire qu’à l’époque on pensait que les jours du FN étaient comptés, puisque la plupart de ses cadres dirigeants avaient suivi Bruno Mégret contre le père fondateur, Jean-Marie Le Pen.

    Alexis Jenni. Au moment où je préparais "l'Art français de la guerre" [prix Goncourt 2011, NDLR], j’étais en effet tombé sur ce livre de Benjamin à la bibliothèque municipale de Lyon. Il a produit sur moi un effet détonant parce que j’y retrouvais des idées dont j’avais eu l’intuition par d’autres biais. En m’intéressant au fonctionnement très concret de la colonie algérienne, j’avais l’impression de découvrir une sorte d’utopie FN mise en application.

    Il n’est pas évident pour tout le monde de repérer un lien direct entre le discours idéologique produit aujourd’hui par le FN et l’Algérie française. Comment le définir?

    B. Stora. Disons que le Front national a grosso modo dans son réservoir d’histoire deux séquences fondamentales : Vichy et l’Algérie française. On a beaucoup travaillé sur la première, sans insister sur le fait qu’avec la fille la référence à l’Algérie pouvait perdurer. Et mon problème n’était pas de concevoir ces séquences comme des moments «fascistes» qui conduiraient à un autre, mais de penser le modèle de société proposé.


    L'historien Benjamin Stora (Ibo / SIPA)

    Pour décrire ce modèle justement, vous parlez du «sudisme de la France». Qu’entendez-vous par là?

    B. Stora. Ça fait référence à ce rapport très particulier des Blancs américains aux Noirs, aux minorités, aux indigènes, avec cette coexistence de paternalisme, d’affection et en même temps de mépris et de ségrégation. C’était ça que j’avais moi-même vécu enfant en Algérie et que j’ai retrouvé plus tard dans la littérature d’un Tennessee Williams.

    C’était tout un climat, un modèle fondé sur la force, la virilité, la fausse amitié et ce type de responsabilité du suzerain vis-à-vis du vassal. Le «sudisme», ce n’est donc pas la répétition d’un modèle fasciste d’une période à une autre (Vichy-Algérie, collaborateurs- OAS), c’est une mentalité apparue en France dans les combats désespérés pour la sauvegarde de l’Algérie française et qui se perpétue dans les combats actuels contre l’islam.

    A. Jenni. Pour le dire autrement, le père Le Pen peut bien être mis de côté avec son vieil antisémitisme, ça ne change rien à la nature profonde du Front national, qui est une vision alternative à la République, complètement liée à cette société très spéciale, créée dans les trois départements de l’Algérie : officiellement membre de la République, mais dans laquelle tous ses principes ne s’appliquaient pas vraiment et où l’origine ethnique était un destin.

    B. Stora. Seulement la France n’est pas une société coloniale aujourd’hui, c’est pour cela que j’ai emprunté le mot de «sudisme» à l’histoire américaine. La décolonisation a eu lieu, mais subsiste un rapport au monde qui n’est ni tout à fait colonial ni tout à fait républicain.

    A. Jenni. Parce que ce monde-là a été mal compris, il continue à nous obséder. Il y a un vrai fantôme de l’Algérie coloniale dans la France contemporaine. Et non seulement le mal se transmet de génération en génération, mais il se répand. Cette histoire devient quelque chose que tout le monde connaît sans plus rien y connaître. Sauf que tout cela est fondateur de l’identité algérienne bien évidemment, mais aussi de l’identité française.

    B. Stora. C’est d’ailleurs ce qu’on ne veut pas s’avouer.

    A. Jenni. C’est comme si en 1962 de Gaulle, faute de pouvoir résoudre le problème, avait procédé à une amputation, qu’il avait tranché. Et, depuis, on a le syndrome du membre-fantôme. Car énormément de gens concernés au premier chef, tous les appelés, les militaires, les harkis, les pieds-noirs, les émigrés, sont en France avec un souvenir à vif. Et depuis 20 ans, dans notre rapport aux «Arabes» – à l’Algérien ultimement –, nous vivons une sorte de retour délirant du moment colonial.


    L’écrivain Alexis Jenni (Baltel / SIPA)

    B. Stora. Rappelons que 1999 a aussi été l’année où l’Assemblée nationale a reconnu en France l’existence de la guerre d’Algérie. On m’a alors dit : «Tu vas te retrouver au chômage.» En fait, c’est le contraire qui s’est produit : on entrait dans une sortie du silence, mais pas d’apaisement et, plus encore, on entrait dans une période d’affrontement des mémoires, parce que chacun se sentait victime.

    La sortie de l’occultation ne nous amenait pas à la cicatrisation, elle nous a amenés à la séparation. Et, parce qu’on ne cherche pas véritablement à appréhender cette chose éminemment complexe qui s’est passée, la guerre continue. Elle se rejoue contre l’étranger, contre l’immigré, et donc contre l’Algérien. La montée du FN, c’est aussi cela.

    A. Jenni. Nous ne prétendons pas expliquer pourquoi ce parti recueille aujourd’hui 30% des voix, la sociologie le fait très bien en analysant le chômage, la précarisation, le déclassement. Mais nous voulions éclairer la nature de cet imaginaire colonial, montrer comment il a constitué le socle idéologique sur lequel le Front national s’est construit, et pourquoi il fonctionne encore comme un recours possible, au point que des intellectuels médiatisés en reprennent la rhétorique.

    Un air de déjà vu

    On oublie en effet parfois d’où viennent, par exemple, des concepts aussi couramment débattus que celui d’«assimilation».

    B. Stora. Le dernier qui a utilisé le mot «assimilation» dans la guerre d’Algérie, c’est Jean-Marie Le Pen, à l’Assemblée nationale en janvier 1958. Pendant très longtemps, droite et extrême droite ont été partisanes du différentialisme. Le leitmotiv classique était le suivant : eux, c’est eux, nous, c’est nous, donc, chacun chez soi, double collège, citoyenneté pour les uns, pas pour les autres...

    Cela change avec la guerre d’Algérie, parce que le nationalisme algérien se durcit face au nationalisme français. Jacques Soustelle, nommé gouverneur général d’Algérie par la gauche en 1955, parle le premier d’«intégration» pour permettre l’accès des Algériens à la citoyenneté française.

    L’extrême droite va pour sa part proposer l’intégration totale de l’Algérie par une assimilation radicale. C’était évidemment une ruse de Jean-Marie Le Pen : en exigeant l’abandon des origines et de la religion, il savait que les autres ne pourraient que refuser. A partir de là, l’extrême droite a dit: «Ils sont inassimilables, on vous l’avait bien dit !»

    On retrouve la même stratégie aujourd’hui vis-à-vis des musulmans. Les discours assimilationnistes placent la barre si haut qu’ils démontrent une impossible intégration. Alors que la multiplicité d’appartenances n’est pas inconciliable avec la République.

    A. Jenni. Il y a même une phobie maladive du moindre détail qui serait justement la preuve de la non-intégration.

    B. Stora. Il faut souligner un autre problème, c’est que les deux grands univers politiques qui défendaient le principe de la décolonisation en 1962, à savoir les gaullistes et les communistes, se sont effondrés. Et le fait que les gaullistes historiques ne défendent plus cet héritage a ouvert un boulevard à l’extrême droite.

    Cet effacement des frontières entre gaullisme traditionnel et extrême droite qu’a réalisé Nicolas Sarkozy est très grave. Car finalement, les seuls à être constants, c’est l’extrême droite qui dit : «La décolonisation a été une erreur, la France d’avant c’était tellement mieux, on était respectés, on était puissants, on était un empire, et on a été trahis par le général de Gaulle qui nous a bradés.»

    Mais aujourd’hui, hélas, il n’y a plus personne pour dire : «La décolonisation n’était pas une erreur, cela a permis à la France de se redéployer, notamment sur le plan culturel, avec la francophonie, et sur le plan économique.»

    A. Jenni. Sans compter que c’était en réalité intenable, on ne pouvait pas gérer un pays avec des statuts si différents, avec huit millions de sujets coloniaux à côté d’un million de citoyens, c’était insensé !

    Mais le rejet de De Gaulle, c’est aussi le rejet d’une certaine forme de démocratie un peu raide, institutionnelle, pour finalement prôner une société plus féodale, «à la bonne franquette», avec un rapport direct entre le Peuple avec un grand P et le Dirigeant avec un grand D...

    Une société qui ressemblerait finalement à ce qu’était la colonie et qui fonctionnerait comme l'OAS sur la fin, c’est-à-dire avec des sortes de notables qui n’étaient capables d’aucun projet politique consistant, mais qui s’imposaient par la force, la violence, et des liens personnels sur le modèle du caïdat. Ce n’est pas sans similitudes avec le FN, qui est incapable de produire un programme cohérent tenant compte de la réalité.

    En quoi les djihadistes français affiliés à  Daech sont-ils, au moins pour une part, les produits de ces ressentiments coloniaux?

    B. Stora. Eux se revendiquent d’une sortie de l’Histoire et d’un discours millénariste qui entend court-circuiter les processus historiques et politiques. Et les djihadistes ne sont bien sûr pas dans un héritage algérien conscient, mais c’est par retour du refoulé que la situation se rejoue.

    Alexis rappelle une certaine fierté chez eux d’une guerre qu’ils croient gagnée par les armes contre la France en 1962. (Et, entre parenthèses, c’est la dernière victoire du monde arabe contre une grande puissance occidentale.) Mais, dans les dernières générations,  il y a aussi des ruptures dans la chaîne de transmission mémorielle qui génèrent des malaises. Et l’absence, dans les programmes scolaires actuels, de l’histoire de l’immigration participe de ce processus de rupture.


    Des Parisiens lisent l'édition de "Dimanche-Soir" annonçant, le 18 mars 1962, qu'un cessez-le-feu a été conclu à Evian lors des négociations pour le règlement de la guerre d'Algérie. Débutée en octobre 1954, la guerre d'Algérie s'est définitivement achevée quelques mois après la signature des Accords d'Evian. (STF / AFP)

    Il n’est pas si étonnant ensuite que certains viennent trouver un refuge transnational et nihiliste à travers des récits fantasmés sans rapport avec l’histoire réelle, mais avec une rage au présent contre l’histoire, y compris contre celle des pères, qui ont finalement, à leurs yeux, accepté l’ordre établi.

    A. Jenni. J’ajoute qu’il n’y a pas nécessité d’avoir un lien généalogique ou familial avec cette histoire de la guerre d’Algérie pour en être imprégné. Ce sont des récits disponibles, qui circulent et qu’on s’approprie. Ce récit colonial, que personne ne connaît vraiment, flotte dans la société française.

    Comment avez-vous perçu l’annonce du projet d’extension de la déchéance de nationalité pour les binationaux convaincus de terrorisme?

    B. Stora. Je suis évidemment contre. Cela nous ramène, encore une fois, au débat sur l’identité nationale, avec la nation conçue de manière étroite, alors qu’il faut au contraire décloisonner les imaginaires et «agrandir l’histoire», comme nous le proposons dans ce livre.

    A. Jenni. Je suis moi-même binational, suisse et français, du coup ça me touche au plus profond. Mais, surtout, cela ne sert à rien du tout pratiquement, du point de vue de la lutte antiterroriste. En revanche, c’est une mesure symbolique qui veut abonder dans le sens d’une droite nationaliste obsédée par l’identité française.

    Le message envoyé est qu’il y a des Français moins français que d’autres, et que la nationalité se mérite... Mais qui la mérite, parmi les 65 millions que nous sommes ? Pas beaucoup, pas moi en tout cas. Cela ne sert donc qu’à fonder juridiquement cette idiotie qu’est la notion de «Français de souche», et à mettre une faille soupçonneuse dans la nation. Le modèle colonial est de nouveau là...

    Ce qui me chagrine, c’est que l’on est en train de jeter l’opprobre sur cette binationalité, de l’essentialiser, comme si elle était une double appartenance, alors qu’elle est simplement une histoire individuelle complexe, que l’on veut nier au nom d’un raidissement identitaire.

    Propos recueillis par Marie Lemonnier


    Comprendre les origines de la guerre d'Algérie par LeNouvelObservateur


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  • « La marche pour Charlie Hebdo a aussi

    démontré la fragilité du lien national

     en France »

    « La marche pour Charlie Hebdo a aussi  démontré la fragilité du lien national   en France »

    Que reste-t-il de l'extraordinaire mobilisation populaire après les attentats de janvier 2015 ? La France de « Charlie » restera-t-elle encore debout, après le séisme du 13 novembre ? Oui, si l'on ne se contente pas de commémorer, juge l'historien Benjamin Stora

    Spécialiste de la question coloniale, l'historien Benjamin Stora nous reçoit au Musée de l'histoire de l'immigration qu'il préside, à proximité du bois de Vincennes, non loin de l'Hyper Cacher, pris d'assaut par Amedy Coulibaly le 9 janvier 2015. Sur la façade de cet imposant bâtiment construit pour l'exposition coloniale de 1931, les fresques sculptées peignent l'ex Empire français et ses formidables ressources humaines, minières et commerciales. Sur le mur de son bureau, l'affiche d'époque du film « La Bataille d'Alger » de Gilles Pontecorvo, longtemps interdit en France. Une de ces « mémoires dangereuses » auxquelles notre interlocuteur vient de consacrer un livre passionnant, lui qui a été l'un des premiers à mettre en garde, le 11 janvier 2015, contre l'absence des jeunes de banlieue dans les immenses cortèges des « Je suis Charlie ». 

    Le Temps : Le 11 janvier 2015, vous êtes « Charlie », avec des millions de Français. Très vite, vous alertez toutefois sur le risque d'une trop grande naïveté face à ce formidable élan de solidarité... 

    Benjamin Stora : J'ai marché tout le dimanche après-midi boulevard Voltaire à Paris, de la place de la République à la Nation. Plein de copains à moi s'y trouvaient aussi. Nous n'étions pas des millions de fieffés réactionnaires, comme ont pu l'écrire certains après-coup. Les gens étaient émus aux larmes, bouleversés. On se sentait portés par la vague d'émotion et d'indignation. Et puis j'ai regardé autour de moi : les jeunes de banlieue étaient absents du cortège. Cela m'a frappé. Leur absence formaient comme un trou béant dans cette marée humaine. Ils ne sentaient pas concernés. Ils n'étaient pas « Charlie ». Cette marche du 11 janvier, presque panthéonisée aujourd'hui, prouvait donc aussi la fragilité du lien national en France, au lendemain des attentats les plus terribles infligés au pays. 

    - Vous êtes historien. Ce 11 janvier 2015 restera-t-il dans la mémoire française ?  

    - C'est la séquence entière de janvier 2015 qui restera. N'oubliez pas que les attentats contre «Charlie Hebdo» et l'Hyper Cacher sont, alors, les plus meurtriers de l'histoire de la France contemporaine. Le 7 janvier - et le  13 novembre le confirmera en pire  - la France renoue avec la guerre alors qu'elle s'était installée dans la paix depuis l'indépendance de l'Algérie en 1962. J'insiste sur cette séquence historique. Entre 1939 et 1962, sur des théâtres différents, le pays est en guerre : d'abord contre l'Allemagne, puis en Indochine et en Algérie, où 1,5 million de jeunes conscrits sont envoyés, ce qui fait débarquer le conflit dans presque toutes les familles. Puis ce cycle de douleur s'interrompt en 1962. Le soulagement est immense. La guerre devient celle des autres, et les attentats de 1995 à Paris, commis par des groupes liés au GIA Algérien, n'interrompent pas cette période, car l'Hexagone se vit alors victime d'un conflit qui n'est pas le sien, par ricochet. Le 7 janvier clôt dans le sang cette séquence, lorsque des terroristes assassinent, de surcroit, l'incarnation par excellence de l'esprit critique français à travers Wolinski et Cabu. Deux dessinateurs qui, chacun, racontaient l'histoire de France. 

    - Pourquoi le slogan «Je suis Charlie» porte-t-il autant, aussi loin? 

    - Parce que la France est une patrie culturelle. «Je suis Charlie» rime avec «Nous sommes la France» : ce petit pays nommé France que l'on critique, ou fustige parfois, mais que l'on regarde avec affection et admiration parce qu'il conserve, quand même, un rapport singulier au monde. La mémoire est affaire de symboles. Wolinski et Cabu ne sont pas si loin, dans l'imaginaire français contemporain, de Zola ou Hugo. C'est le rapport au sexe, à la rigolade, aux fondamentaux de l'économie que l'on continue de moquer. Les attentats du 13 novembre sont, en ce sens, une abominable continuation. Après ce massacre de l'esprit français, le massacre de la jeunesse au nom d'une vision du monde qui n'est pas la nôtre. La mobilisation du 11 janvier demeure, mais sous les pieds de cette foule, un gouffre s'est creusé en un an.

    - Vous décrivez, dans «Les mémoires dangereuses» (Ed. Albin Michel), les raisons historiques pour lesquelles les questions difficiles de l'islam et de l'immigration sont au coeur du débat public français. De quelle mémoire sont porteurs les tueurs de «Charlie» ou du Bataclan ? 

    - Ces jeunes Français musulmans ne sont pas porteurs d'une mémoire coloniale. Ils n'adressent pas, contrairement  aux générations précédentes qui se battirent pour l'indépendance, de revendications à l'Etat. Ils se pensent comme victimes. Ils s'en prennent avec violence aux autres communautés. Je ne partage pas l'avis de ceux qui voient l'islam comme le fil conducteur absolu de leur rébellion nihiliste. L'islam est le vecteur le plus porteur de leur révolte contre une histoire nationaliste. Ils sont dans le «transnational». Ce qu'ils veulent, c'est tout casser, éradiquer. Se situer hors de l'histoire de France et de celle de leurs pères. J'en ai vu, en tant que professeur, beaucoup de jeunes comme eux, qui tentaient d'apprendre l'arabe à l'université, avant de renoncer la plupart du temps. Ce qu'ils veulent, c'est s'affronter aux identités nationales élaborées. Comme certains avaient commencé à le faire lors des révoltes des banlieue, en 2005... 

    - De 2005 à 2015, vous voyez un lien ? 

    - Bien sûr! Il ne faut jamais oublier ces émeutes, car il y avait derrière une révolte. On sentait monter ce nihilisme, cette volonté de détruire pour détruire. Or comment a-t-on répondu à l'époque ? Par la proclamation de l'état d'urgence...

    - Comment répondre alors, au-delà des mesures sécuritaires ? 

    - En s'occupant vite de recréer du lien national  au lieu de se contenter de commémorer à tout va. C'est une bataille difficile, complexe, longue, mais il n'y  pas d'alternative. Il faut faire partager l'émotion du 11 janvier. La France, il faut le rappeler, n'a pas été que dans la colonisation. Elle a aussi été dans la décolonisation ! Une partie des élites intellectuelles françaises - celles qui se sentaient sans doute le plus proche de «Charlie» - s'est battue pour que l'Algérie accède à l'indépendance. Il faut le redire et l'expliquer. Il faut aussi rappeler que les élites politiques algériennes, marocaines, tunisiennes qui ont obtenu l'émancipation de la France, n'étaient pas religieuses. Ce n'est pas l'islam qui a délivré les peuples de la férule coloniale ! Il faut démonter enfin le mythe de ceux qui croient possible la séparation dans la République. Qui peut croire qu'aujourd'hui, en France, dans une République égalitaire, les communautés peuvent vivre séparées, chacune chez soi. Ce que propose le Front national est, ni plus ni moins, le retour d'une société de type colonial dans l'Hexagone, avec des citoyens de seconde zone qui seraient cantonnés dans des territoires séparés. Jean-Marie Le Pen le revendiquait: «Moi, j'ai été Algérie française, j'ai pensé Algérie française, ma vision est impérialiste, nationale et coloniale» avouait-il jadis. Or le FN n'a pas rompu avec cette part d'ombre de l'extrême-droite, qui est un non sens historique absolu. 

    - La férocité de l'islamisme radical et transnational ne peut-elle pas l'emporter ? 

    - Historiquement, les fondamentalismes religieux ont toujours perdu lorsqu'ils ont cherché à sortir de l'histoire nationale. C'est ce qui s'est passé avec l'islamisme durant la guerre civile en Algérie. A partir du moment où le GIA a brûlé le drapeau algérien, tout a basculé. Dès qu'ils se placent hors de la nation à laquelle ils appartiennent, les musulmans radicaux se retrouvent marginalisés, et à terme battus. Tout l'enjeu est donc de parvenir, au vingt-et-unième siècle, à ce que les musulmans français aient leur place dans la nation. C'est d'ailleurs déjà largement le cas. De très nombreux élus locaux, départementaux ou régionaux sont musulmans. Les deux instances les moins représentatives, de ce point de vue, sont l'Assemblée nationale et le Sénat. 

    - Un an après, vous êtes toujours «Charlie» ? 

    - Je serai toujours «Charlie» car je suis du côté de la liberté. Le défi des caricaturistes est celui que posait jadis le groupe de la révolution surréaliste d'André Breton à qui Trotsky, défenseur de la révolution communiste, avait répondu «Toute licence en art». Cette liberté-là n'est pas négociable. 


    Repères 

    L'historien

    Né en 1950 à Constantine (Algérie), Benjamin Stora est l'un des spécialistes les plus reconnus de l'histoire de la guerre d'Algérie et du choc des mémoires qui a résulté de la décolonisation au Maghreb et en Indochine. Il préside depuis 2014 le comité d'orientation de la Cité nationale de l'histoire de l'Immigration, à Paris. 

     
    Les livres

    Benjamin Stora vient de publier avec le romancier Alexis Jenni «Les mémoires dangereuses» (Ed. Albin Michel). Parmi les nombreux livres publiés sur les attentats de janvier et leurs conséquences, citons: «Et soudain, ils ne riaient plus» (Ed. les Arènes); «Ce que dit Charlie» de l'historien Pascal Ory (Ed. Gallimard) et «Terreur dans l'Hexagone» de Gilles Kepel (Gallimard)

    SOURCE : http://www.letemps.ch/opinions/2016/01/07/marche-charlie-hebdo-demontre-fragilite-lien-national-france 

     


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  • Joseph Begarra. Un socialiste oranais dans la guerre d’Algérie

    par Claire Marynower

    Claire Marynower, diplômée de Sciences Po Paris, agrégée d’histoire, a reçu le Prix de la Fondation Jean-Jaurès 2007. Elle prépare actuellement, sous la direction de Marc Lazar, un doctorat sur la gauche en Algérie dans l’entre-deux-guerres, au Centre d’histoire de Sciences Po.

    Cette biographie politique exploite des archives inédites et éclaire, à hauteur d’homme, la guerre d’Algérie vécue par un pied-noir socialiste de 1954 à 1962, entre une Algérie « rêvée » et les combats de la guerre d’indépendance.

    Avril 1956 au Caire : Joseph Begarra est chargé par Guy Mollet alors président du Conseil de prendre des contacts avec des chefs du FLN pour explorer les conditions d’un cessez-le-feu et les voies d’une solution aux «événements d’Algérie ». Il rencontre secrètement à cinq reprises Mohamed Khider, l’un des chefs de l’extérieur du FLN : un moment, « l’émissaire » entrevoit la possibilité d’un accord, mais très vite c’est l’impasse.

    Pourquoi Begarra pour cette mission? Ce militant socialiste s’est fait connaître dans les congrès de son parti quand il dénonçait les abus d’un certain colonialisme, et évoquait les perspectives d’une Algérie où toutes les communautés vivraient à égalité dans les valeurs de la République.

    Fils d’un jardinier, né en Oranie en 1908, instituteur, militant depuis 1930, responsable de la fédération d’Oran, Joseph Begarra a vécu la guerre d’Algérie dans sa chair. Secrétaire fédéral, résistant, conseiller de l’Union française et membre du comité directeur de la SFIO depuis le début des années 50, il est aussi une personnalité à Oran où la fédération socialiste plus qu’ailleurs recrute dans la population musulmane. Jusqu’en 1958 il se refuse à perdre espoir : des réformes peuvent encore sauver la situation. Il devient en 1961 la cible des ultras de l’OAS et assiste au basculement de l’Oranie dans la violence, jusqu’à son départ et celui de sa famille.

    Cet ouvrage reprend en grande partie le master de recherche mention histoire et théorie du politique soutenu par Claire Marynower à Sciences Po Paris, lauréate du Prix de la Fondation Jean-Jaurès 2007.

    SOURCE : http://www.jean-jaures.org/Publications/Livres/Joseph-Begarra.-Un-socialiste-oranais-dans-la-guerre-d-Algerie

     


    Claire Marynower par fondationjeanjaures


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    RAPPELEZ-VOUS : nous avions signalé

    cette information

    Aujourd'hui André Théret nous autorise de mettre

    en ligne sa lettre qu'il avait envoyée

    au ministre de la Défense

    RAPPELEZ-VOUS ; nous avions présenté cet article, aujourd'hui André Théret nous autorise de mettre en ligne sa lettre qu'il avait envoyée au ministre de la Défense

    Un ancien combattant d’Algérie rend sa décoration à M. Le Drian 

    André Théret, 80 ans, proteste contre « l’esprit guerrier » du gouvernement. Pour lui, c’est autrement qu’il faut lutter contre le terrorisme.

    Il s’appelle André Théret et a renvoyé à Monsieur Le Drian, ministre de la défense, la décoration (Croix de la valeur militaire) qu’il avait reçue pour une action qu’il avait conduite pendant la guerre d’Algérie. Il était alors sous-lieutenant et servait dans l’aviation. Aujourd’hui âgé de 80 ans il est retiré à Wignicourt, une toute petite commune des Ardennes.

    Il était enseignant quand, en 1958, il a été appelé pour effectuer son service militaire et dans ces circonstances participer aux opérations de « Maintien de l’ordre » en Algérie. Eh non, on ne désignait pas cela par le nom de guerre !

    Pourtant André Théret a été confronté à la réalité de ce qui se passait là-bas. Il a notamment vu les effets du napalm utilisé par l’armée française en violation des accords signés. S’il n’a pas été témoin de la torture il a eu à convoyer des suspects qui allaient être interrogés. Il a eu aussi l’occasion de ramener en hélicoptère les corps de soldats tués au cours d’accrochages.

    Il conteste la politique guerrière conduite aujourd’hui par la France au nom de la lutte contre le terrorisme. Le déploiement de militaires en uniformes dans les lieux publics a pour effet d’entretenir l’illusion de mesures sécuritaires. Ce n’est certainement pas efficace pour l’objectif affiché. Mais peut-être le but véritable est de redorer le blason terni de ceux qui soutiennent la politique du pouvoir ?

    Notre ancien d’Algérie porte un regard critique sur les hommes politiques qui l’avaient amené à se trouver mobilisé pour une guerre qu’on a fini par reconnaître comme étant de « décolonisation ». Je dirais plus clairement qu’elle avait pour but de maintenir l’ordre colonial ! Dans ce cadre Guy Mollet, qui est mort dans son lit souligne-t-il, est mis en accusation. André Théret reproche à ses héritiers spirituels d’être engagés dans la même voie !

    Le journal Le Monde a publié dans son édition du 31 décembre un article rendant compte de la décision de cet ancien d’Algérie de renvoyer sa décoration et d’en expliciter les raisons.

    Jacques CROS

    *********************************************************************************

    DEUX REMARQUES PERSONNELLES

    M. Théret, j’ai lu avec attention votre lettre adressée au ministre de la Défense, vous dites que les hommes politiques rendent hommage aux anciens combattants de la guerre d’Algérie le 11 novembre et le 5 décembre, sur ce point je suis obligé de vous rappeler que la loi du 6 décembre 2012 a fait du 19 mars 1962 la date officielle (chaque 19 mars) de la commémoration des victimes de la guerre d’Algérie, même si le 5 décembre n’a jamais été abrogé par le président «  du changement c’est jamais » Vous venez de m'informer que la date du 19 mars est un oubli de votre part, dont acte.

    D’autre part en respect au droit fondamental de la liberté d'expression, bien que certains de vos propos soient contraires à mes convictions anti colonialistes, j'accepte  en l'état l'ensemble de votre lettre.

    Michel Dandelot

    *********************************************************************************** 

     

     

    André THERET                                                                Le 2 décembre  2015

    Le Moulin

    08270 WIGNICOURT

    andre.theret08@orange.fr

                                                                             Monsieur  Jean-Yves LE DRIAN

                                                                                         Ministre de la défense

                                                                                         14, rue Saint Dominique

    Objet: Croix de la valeur militaire                              75007 PARIS

               en retour.

     

    Monsieur le Ministre,

     

    Je vous renvoie la citation avec attribution de la croix de la valeur militaire qui m'avait été remise le 30 mai 1960. Comme vous le savez, cette croix  a été créée par décret du 30 avril 1956 pour récompenser les "actions d'éclat" lors des évènements d'Algérie. Elle servait de substitut à la croix de guerre qui ne pouvait être attribuée puisqu'il n'y avait officiellement pas de guerre. J'y faisais du "maintien de l'ordre"…avec du napalm!

    Il aurait fallu, en 1999, lors de la reconnaissance officielle de l'état de guerre en Algérie, attribuer  la croix de guerre aux militaires qui s'étaient vu remettre la croix de la valeur militaire. Symboliquement, cela aurait signifié qu'ils avaient combattu au service de la France, comme ceux de 1914-1918, comme ceux de 1940-1945. J'aurais apprécié ce geste.

    Cet abandon de décoration est, pour moi,  un acte grave, je vous prie de le croire.

    J'ai beaucoup réfléchi avant de passer à l'acte. Je souhaite donc vous donner les raisons de ma décision, prise au retour de la cérémonie du 11 novembre 2015 où j'ai entendu lire le message du Secrétaire d'Etat aux anciens combattants.

    Je vous prie de m'excuser pour la longueur de ce courrier, mais vous n'êtes pas obligé de le lire. Ce n'est pas un document officiel. Je ne suis qu'un simple citoyen.

    A la demande du gouvernement, j'ai servi mon pays, la France, en Algérie.

    Je viens d'avoir 80 ans. Né en 1935, j'ai donc fait partie des classes qui ont fait la guerre d'Algérie. Comme plus de deux millions de jeunes français, j'ai répondu à l'appel de mon Pays, en février 1958.  Je quittais ma famille, pour plus de deux ans. J'abandonnais mon travail d'enseignant spécialisé titulaire. Je n'ai perdu que 18 mois de salaire car, par la suite,  j'ai perçu une solde de sous-lieutenant. Mes camarades de combat ont, eux, perdu 30 mois de salaire.

    Nommé officier de réserve de l'Armée de l'Air, j'ai été muté en Algérie.

    L'Armée de l'Air en Algérie manquait  de personnel. Après une courte formation, j'ai été affecté dans un PCA (Poste de Commandement Air). En fait, j'ai assuré sur le terrain, avec les troupes au sol, les fonctions de responsable de PGA (Poste de Guidage Avancé)

    C'était normalement une fonction tenue par un pilote. Mais il n'y avait pas assez de pilotes et ils préféraient tous voler plutôt que de "crapahuter" avec les troupes au sol.

    Mon travail consistait, en liaison avec les commandants des unités terrestres, à mettre en œuvre les moyens aériens dont je disposais localement (escadrille de T6, alouette) et ceux que je devais faire venir et guider, la chasse lourde par exemple. J'étais aussi responsable du balisage des cibles, par fumigène. Les évacuations sanitaires pouvaient aussi faire partie de mon travail.

    C'était une "vraie" guerre: 25 000 jeunes français dont une majorité d'appelés y ont perdu la vie. J'ai fait mettre "hors de combat", comme dit ma citation, des rebelles lors des nombreuses opérations auxquelles j'ai participé. Quand j'avais du  faire intervenir les avions de la chasse lourde armés de "Bravo Sierra," le code radio pour les bidons spéciaux, le napalm, je savais, en allant aux résultats en fin d'opération, qui était en partie responsable des conséquences de l'intervention. Un mort par balles ne peut être confondu avec un mort brûlé.

    Moralement, ce n'était pas des moments faciles à vivre. Je savais, par exemple, que l'emploi du napalm était interdit par les conventions internationales. Il m'était interdit de prononcer ce mot à la radio. La guerre d'Algérie, c'est la guerre des tabous.

    Mais je répondais par la violence à l'horreur. En allant rechercher en hélico les corps de camarades tombés dans une embuscade, j'ai constaté que "le sourire kabyle", la gorge tranchée avec les testicules fourrés dans la plaie, ce n'était pas une légende.

    Je n'ai pas participé à des actes de torture mais il m'est arrivé, en cours d'opération, de transporter avec l'hélico des "colis," c'était le terme utilisé pour désigner les rebelles capturés.

    Je les remettais dans les mains des gendarmes du DOP, le Détachement Opérationnel de Protection. Comme tous les appelés, je savais…

    Tous les dirigeants politiques, de Guy MOLLET en 1956 au Général de GAULLE en 1958 m'ont dit que je me battais pour défendre les intérêts de la France.

    Pour me le prouver, on m'a fait visiter, le 11 mars 1959, avec un groupe d'officiers, les installations du champ pétrolier d'Hassi Messaoud. Ces visites avaient pour but de remonter le moral des officiers qui s'interrogeaient sur l'évolution de cette guerre et son épilogue. La  lutte pour le maintien de l'indépendance énergétique de la France constituait une réelle motivation.

    Tous les dirigeants  politiques de l'époque ont couvert "les évènements", l'emploi du napalm, la disparition des "colis", la torture.

    Aujourd'hui, 60 ans après, la classe politique a "oublié" ce qu'elle a fait à l'époque.

    La notion de permanence des principes lui est étrangère, le PS de 2015 ignore celui de 1956.

    Depuis plusieurs décennies, à travers les livres et les articles de journaux sur la guerre d'Algérie, je constate que les hommes politiques tentent de se défausser de leurs responsabilités.

    Ils jouent un double jeu. D'une part, ils rendent hommage aux anciens combattants de la guerre d'Algérie, le 11 novembre, le 5 décembre. D'autre part, ils prennent des mesures et tiennent des discours qui témoignent de leur souhait de "ne pas tremper" dans les eaux troubles de cette "guerre sans nom", de cette "sale guerre". Que les anciens combattants se débrouillent avec cette période sombre de l'histoire de France…

    Parmi tous les faits qui  prouvent ce double langage, je vais vous en citer quatre : 

    1) L'ancien secrétaire d'Etat aux anciens combattants, Monsieur Kader ARIF, a pris le 24 septembre 2013 un décret qui réduisait de 20% la participation de l'Etat à la retraite mutualiste des anciens combattants. Cette mesure impactait environ 400 000 anciens combattants, essentiellement ceux ayant combattu en Algérie.

    Le gouvernement a battu en retraite, sous la pression des parlementaires et en particulier de la députée des Ardennes que j'avais alertée. Par décret du 27 décembre 2013, il a rétabli le taux initial avec effet au Ier janvier 2014.

    Je n'aurais perdu qu'une cinquantaine d'euros par an. Ce n'est rien, financièrement par rapport aux 18 mois de salaire perdus à 25 ans, mais, moralement, ce fut un rude coup sur ma tête.

    2) Le dimanche 18 octobre 2015, j'ai vu à 20h30 sur la chaîne "LCP Public Sénat" un documentaire de Jean-Michel MEURICE et Benjamin STORA intitulé "Algérie, notre histoire." Un débat a suivi, au cours duquel une journaliste a conclu  en disant que nous avions  fait en Algérie "une guerre inutile et honteuse." Personne n'a réagi.

    Il s'agit pourtant d'une chaîne publique, d'une chaîne parlementaire. 

    J'ai très mal dormi cette nuit-là. Impossible de chasser de ma tête les images de corps brûlés.

    3) Dans le journal "Le Monde" du jeudi 5 novembre 2015 j'ai lu, sur une demi page, un article de Amir AKEF nous informant de la mort de Madame Claudine CHAULET.

    Le titre est explicite "Claudine CHAULET Militante de la cause algérienne."

    Le journaliste écrit que la nouvelle de sa mort a provoqué une grande émotion en Algérie où des hommages spontanés lui ont été rendus. Claudine CHAULET, avec son mari Pierre, avait  le droit, sur le plan idéologique, de militer pour l'indépendance de l'Algérie. D'autres l'ont fait, y compris en France, en particulier les signataires du manifeste des 121.

    Mais Claudine CHAULET, d'origine européenne, de culture française, avec un père officier de gendarmerie et une mère enseignante, prêtera allégeance aux chefs du FLN dès septembre 1955. Elle accomplira de nombreuses missions pour eux. La plus importante sera l'exfiltration d'Abane RAMDANE caché dans la casbah d'Alger quadrillée par les paras.

    Il était à la fois le théoricien du FLN et l'organisateur des pires attentats contre les européens et les forces de l'ordre. Il fut aussi cruel contre les musulmans en décidant, entre autres, le massacre de plus de 300 civils à Mélouza. 

    Claudine CHAULET a été, les faits sont implacables, la complice de terroristes qui ont beaucoup de sang sur les mains. Pourquoi le silence sur ces aspects de la personnalité de Madame CHAULET. Pourquoi le silence des associations d'anciens combattants sur cet article partisan paru dans un grand quotidien français ?

    4) Le 11 novembre 2015, comme chaque année, j'ai assisté à la cérémonie aux monuments aux morts de mon village. Le message du Secrétaire d'Etat aux anciens combattants a été lu. J'ai entendu les mots "guerres de décolonisation". Je ne pouvais pas le croire. Le maire m'a donné une copie de ce message.

    Il est écrit: "Tous les morts "pour la France", hier dans la grande guerre, dans la seconde guerre mondiale, dans les guerres de décolonisation, aujourd'hui dans les opérations extérieures, sont désormais réunis dans le souvenir et l'hommage de la nation."

    Que les dirigeants algériens disent que l'ALN, l'Armée de Libération Nationale, a fait une guerre de décolonisation, c'est normal. Mais je n'admets pas qu'un ministre français laisse penser la même chose de l'Armée de son pays.  Comme deux millions de jeunes français, j'ai fait, en 1959 et en 1960 en ce qui me concerne, à la demande des représentants du peuple français, une guerre pour la défense des intérêts de la France. En 1954, l'Algérie, c'était la France. Aucun homme politique français, de gauche ou de droite, ne m'a dit que j'allais y combattre pour maintenir un état de colonisation. J'aurais refusé d'aller faire cette guerre-là.

    Je peux admettre que des historiens disent aujourd'hui, avec le recul, que c'était une guerre inutile. J'ai pensé comme eu, dans les années 1990, lorsque la guerre civile en Algérie a fait plus de 500 000 morts.

    Je peux admettre qu'ils disent aujourd'hui, 60 ans plus tard, hors du contexte des horreurs vécues par les soldats en Algérie, que la torture n'était pas une réponse au terrorisme.

    Je leur demande seulement de bien situer les responsabilités. Ce ne sont pas les deux millions d'appelés qui ont décidé de faire la guerre. Ce sont les hommes politiques, des socialistes.

    Monsieur le Secrétaire d'Etat est leur héritier spirituel. Il est né une vingtaine d'années après moi. A 20 ans, comme moi, il était instituteur. Mais lui, il a eu l'immense chance de ne pas faire une guerre qu'il qualifie de "guerre de décolonisation". Je veux lui dire qu'avec ce terme, il a ajouté de la souffrance à celle que je vis chaque fois que les images de la guerre d'Algérie remontent dans ma mémoire. Il aurait pu, il aurait du, dans son message, ne pas employer des mots qui stigmatisent les anciens combattants d'Algérie.

    Il suffisait qu'il dise: " dans la guerre d'Indochine, dans la guerre d'Algérie."

    Je ne peux admettre que les responsables politiques, ceux qui ont envoyé le contingent en Algérie, fassent porter à l'armée française, me fasse porter, tout le poids de cette guerre.

    J'étais un civil, j'étais un enseignant, je n'étais pas fait pour tuer. J'ai tué à cause d'eux.

    J'ai donc décidé de passer à l'acte, de vous rendre la croix de la valeur militaire qui m'a été attribuée le 30 mai 1960.

    J'ai estimé que je devais le faire pour nos morts en Algérie, pour les 25 000 jeunes français de métropole. Je le fais pour tous mes compagnons d'armes, des milliers, qui, après la guerre d'Algérie ont passé leur vie dans les hôpitaux psychiatriques. Un sujet tabou en France ! 

    Je le fais aussi pour les 70 000 harkis honteusement abandonnés par la France, au plus haut niveau de l'Etat, et cruellement exterminés, avec leur famille, par le FLN.

    Je n'oublie pas, je n'oublierai jamais, que le 18 juin 1959, c'est la harka de Zaafrane, une vingtaine de harkis à cheval, qui a probablement sauvé la vie de mon radio et la mienne.

    Comme lui, il me l'a dit après, j'ai eu peur, sur le moment, de finir avec le sourire kabyle.

    L'analyse du passé doit nous servir pour éviter, en 2015, de nouvelles erreurs.

    En 1962, nous avons perdu la guerre d'Algérie.

    Et pourtant, nous étions près de 600 000 soldats présents, en même temps, sur le sol algérien, soit deux fois les effectifs actuels de l'armée française.

    Et pourtant, nous avons employé les grands moyens, le napalm par exemple.

    Et pourtant, l'armée avait pratiquement tous les pouvoirs. C'était le régime des "pouvoirs spéciaux" votés le 12 mars 1956 par 455 députés, dont les députés communistes.

    Et pourtant, les méthodes utilisées étaient expéditives. Pendant la guerre d'Algérie, les 2000 suspects qui ont aujourd'hui une fiche "S" n'auraient pas survécu. Ils auraient tous fini rapidement comme "colis", comme les 3000 disparus pendant la bataille d'Alger.

    Et pourtant, il n'y avait pas de kamikazes en face de nous. Les poseurs de bombes, souvent des femmes, dissimulaient leurs engins de mort dans les cafés et s'éclipsaient discrètement.

    Et pourtant la société française était solide. Elle sortait de la deuxième guerre mondiale, elle a accepté le départ à la guerre de plus de 2 millions de ses enfants. Elle a accepté la mort de 25 000 d'entre eux. Elle a accepté la mort  en métropole de plus de 3000 victimes civiles, dont une majorité de musulmans, lors des attentats terroristes.

    Et pourtant, la France était en croissance économique, à l'aube des "trente glorieuses."

    Combien de familles françaises accepteraient de vivre  aujourd'hui ce que leurs parents ont vécu ? Je souhaiterais que des sociologues répondent. Ils sont silencieux…

    Aujourd'hui, je vois des jeunes brandir des pancartes "Même pas peur." Ils ont plus de courage que nous en Algérie. Une petite différence : eux, ils n'ont pas à prouver leur courage !

    Je pense, mais je n'ai l'expérience que d'une seule guerre contre le terrorisme, que l'option militaire ne peut constituer une solution à long terme dans ce type de conflit asymétrique.

    L'histoire moderne fourmille d'exemples. Les gens de mon âge peuvent en témoigner.

    Comme nous en Indochine et en Algérie, les américains ont perdu au Vietnam, en Afghanistan et  en Irak. Les russes ont perdu aussi en Afghanistan. On ne gagne jamais quand on veut faire une guerre "traditionnelle" contre le terrorisme, quelles que soient ses causes.

    Notre société actuelle a peut-être besoin de plus de militaires, de gendarmes, de policiers, de douaniers. Elle a surtout besoin d'une meilleure utilisation des moyens actuels. Tous les militaires en uniforme qui déambulent dans les lieux publics à Paris, dans les gares, ne servent à rien sur le plan technique. C'est une sécurité de façade. Tous les appelés apprenaient un principe de base: "voir sans être vu."  Dans la lutte contre le terrorisme, c'est essentiel.

    Il faut multiplier le nombre de policiers, de gendarmes, de militaires en tenue civile, armés.

    Mais cette discrétion, utile pour la sécurité, ne permet pas de remonter dans les sondages. 

    La population est rassurée quand elle voit des uniformes, mais on peut mourir "rassuré."

    Il faut donc l'éduquer, lui expliquer que la protection invisible est la plus efficace.

    Mais notre société a surtout besoin de philosophes,  de sociologues, d'économistes. Je ne les entends pas. Je n'entends que les "experts" militaires qui se répandent dans les médias.

    Le 6 septembre 1960, 121 intellectuels s'étaient opposés à la guerre en signant un manifeste pour le droit à l'indépendance de l'Algérie. L'histoire leur a donné raison…

    Où sont les intellectuels aujourd'hui ? Leur silence est aussi inquiétant que le bruit des armes.

    On dépense beaucoup d'efforts et d'argent pour traiter les conséquences du terrorisme. Il faudrait en dépenser aussi pour en étudier et en traiter les causes.  

    Je suis inquiet pour mon pays, le pays que j'ai servi au mieux, comme militaire, comme civil.

    Je revis aujourd'hui, à 80 ans, ce que j'ai vécu à 20 ans, en 1956. Je suis inquiet.

    A l'époque, j'ai vu le Président du Conseil, Guy MOLLET, se transformer en chef de guerre. 

    Il a envoyé le contingent à la guerre, il m'a envoyé à la guerre. Une guerre gagnée sur le plan militaire mais perdue sur le plan politique, au niveau international.

    Mais lui, il est mort dans son lit. Il a de rues et des places à son nom. C'est en France !

    Aujourd'hui, je vois le Président de la République suivre le même chemin, prendre la tête d'une coalition militaire pour abattre l'Etat Islamique. C'est une sorte d'état kamikaze qui nous provoque pour que nous tombions dans le piège de la guerre. Il est prêt se laisser détruire pour que son idéologie se répande sur tous les continents.

    Il faudrait peut-être mieux que la France tente de créer une coalition politique pour "l'assécher" diplomatiquement, financièrement au niveau des ventes de pétrole, militairement au niveau des livraisons d'armes.    

    Je vous prie de croire, Monsieur le Ministre, à l'expression de mes salutations distinguées.

     

     

                                                                                                        André THERET

    PJ: Citation du 30 mai 1960, en retour.

     

    NB: 1) J'adresse une copie de ce courrier:

                - aux associations d'anciens combattants.

                - au rédacteur en chef du journal "Le Monde."

            2) Je pourrais vous envoyer ce courrier par mail

                mais je n'ai pas votre adresse personnelle.                               

     


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  • Julien Salingue

    J'ai soutenu en 2013 une thèse de doctorat en Science politique à l'Université Paris 8. Mes recherches, auxquelles un autre blog est consacré (www.juliensalingue.fr), portent sur la question palestinienne. Je suis en outre membre de l'observatoire critique des médias Acrimed (www.acrimed.org), pour lequel j'écris des articles en partie reproduits ici.

    Pourquoi mon blog ?

    J'ai pris la décision de créer ce blog après deux violents événements, rapprochés dans le temps, qui en disent long sur la période actuelle : le meurtre de Clément Méric, tombé sous les coups des fascistes, et la fermeture brutale, par les autorités grecques, des radios et télévisions publiques du pays.

    Les réactions à ces événements démontrent que même s'il souffle un vent mauvais sur une France, une Europe et un monde en crise, le pire n'est pas certain. Les peuples arabes, malgré les difficultés auxquelles est confronté le processus révolutionnaire, nous le montrent chaque jour.

    Nous traversons une époque dans laquelle tout est possible, qu'il s'agisse du meilleur, mais aussi du pire. Rien n'est joué. Ce blog s'inscrit dans ce contexte : j'y publie ou re-publie des articles qui tentent de contribuer, à leur modeste échelle, à alimenter la "résistance à l'air du temps".

    SOURCE : http://resisteralairdutemps.blogspot.fr/2015/11/vos-guerres-nos-morts.html 

    Retour au samedi 14 novembre 2015

    Vos guerres, nos morts

     

     
    Ce sont les nôtres qui sont morts la nuit dernière.
     
    À la terrasse d’un restaurant, dans un bar, dans la rue, dans une salle de concert.
     
    Les nôtres.
     
    Morts parce que des assassins ont décidé de frapper en plein Paris et de tirer dans la foule, avec pour objectif de faire le plus de victimes possible.
     
    11h30. Sarkozy vient de déclarer : « Nous sommes en guerre ».

     

    Pour une fois je suis d’accord avec lui. Ils sont en guerre. 

    Vous êtes en guerre, vous les Sarkozy, Hollande, Valls, Cameron, Netanyahou, Obama.

    Vous êtes en guerre, vous et vos alliés politiques, vous et vos amis patrons de multinationales.

    Et vous nous avez entrainés là-dedans, sans nous demander notre avis.
     
    Afghanistan, Iraq, Libye, Mali, Syrie… Nous n’avons pas toujours été très nombreux à protester. Nous n’avons pas suffisamment réussi à convaincre que ces expéditions militaires ne feraient qu’apporter toujours plus d’instabilité, de violences, de tragédies.
     
    Là-bas, et ici.
     
    Car la guerre n’a pas commencé hier soir. Et elle n’avait pas commencé en janvier lors des tueries de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher. Elle avait commencé bien avant.
     
    En janvier, j’écrivais ce qui suit :

    L’une des causes de la sidération qui a touché de larges secteurs de la population, y compris les cercles militants, est la (re-)découverte de cette vérité : oui, la France est en guerre. Une guerre qui ne dit pas toujours son nom, une guerre dont on discute peu dans les assemblées, dans les médias et plus généralement dans l’espace public, une guerre contre des ennemis pas toujours bien identifiés, une guerre asymétrique, mais une guerre tout de même. Les récentes tueries l’ont rappelé de manière brutale à qui l’ignorait, refusait de le voir ou l’avait oublié : la France est en guerre, la guerre fait des morts, et les morts ne se comptent pas toujours chez l’adversaire.

    Contre qui la France est-elle en guerre ? Selon les discours et les périodes, contre le « terrorisme international », contre le « jihadisme », contre la « barbarie intégriste », etc. Ce texte n’a pas vocation à discuter de ces dénominations imprécises, des généralisations abusives qu’elles impliquent et des paradoxes qu’elles sous-tendent (alliances à géométrie variable, soutien à des régimes dont les politiques favorisent le développement des courants « jihadistes », participation à des interventions militaires qui renforcent ces courants, etc.). Il s’agit plutôt de souligner que la France a, en réalité, emboîté le pas aux États-Unis de George W. Bush dès septembre 2001 (guerre en Afghanistan, législation « antiterroriste ») et fait sienne, sans toutefois le dire, la rhétorique et la politique du « choc de civilisation ».

    Voilà près de 14 ans que la France était en guerre sans l’assumer.

    Aucune raison de modifier une ligne de cet extrait. Et dire cela, ce n’est pas manquer de respect aux victimes ou à leurs proches.
     
    L’émotion, l’indignation et la douleur sont évidemment légitimes. Et les assassins qui ont bousillé des centaines, des milliers de vies hier soir, sont inexcusables.
     
    12h. Daech vient de revendiquer. Évidemment. Eux aussi, ils sont en guerre.
    D’après l’AFP, citant un témoin présent au Bataclan, l’un des assaillants aurait crié : « C’est la faute de Hollande, c’est la faute de votre président, il n’a pas à interveniren Syrie ».

     

     

     

    On peut fermer les yeux et se boucher les oreilles. Et se laisser enfumer par la rhétorique dépolitisante du « terrorisme aveugle », forcément inexplicable.
     
    Mais les assassins de Paris ne sont pas des pauvres types irresponsables, « fous » ou manipulés par je-ne-sais-quels-services-secrets. On en saura plus dans les heures et les jours qui viennent, mais nul doute qu’ils auront un profil et un discours à peu près similaires à celui des Kouachi et de Coulibaly, à propos desquels, toujours en janvier, j’avais écrit ça :
     
    Les tueurs ont un discours (voir leurs interviews et vidéos, dans lesquelles ils parlent de la Syrie, de l’Iraq, des offenses faites aux musulmans en France et dans le monde, etc.) ; un corpus théorique (voir notamment l'article publié par Mediapart) ; des références organisationnelles (État islamique, al-Qaeda dans la péninsule arabique).

     (…) Ils se pensent, rationnellement, en guerre contre une certaine France, et ils se considèrent, rationnellement, en situation de légitime défense. En témoigne cette déclaration de Coulibaly dans sa vidéo posthume : « Vous attaquez le Califat, vous attaquez l’État islamique, on vous attaque. Vous ne pouvez pas attaquer et ne rien avoir en retour ».

    Oui, Daech fait de la politique. Ce sont des assassins, mais ils font de la politique.
     
    Et hier soir ils ont frappé fort, très fort.
     
    Aveuglément ? Oui et non.
     
    Oui, parce qu’ils s’en sont pris à des gens qui ne sont pas directement impliqués dans cette guerre, des gens dont le seul crime était d’être là, des gens qui auraient pu être ailleurs et être encore parmi nous aujourd’hui.
     
    Non, parce que frapper de la sorte, c’est lancer un message : « Votre pays est en guerre contre nous, et tant que cette guerre durera, aucun d’entre vous ne sera en sécurité ».
     
    Ils font de la politique. Détestable, mais de la politique.
    Nous vivons dans un monde en guerre. La Russie, la France et les États-Unis bombardent la Syrie. L’Arabie Saoudite bombarde le Yémen. Les « opérations » françaises se poursuivent au Mali. Obama a annoncé que ses troupes ne quitteraient pas l’Afghanistan. 
     
    D’après le Haut Commissariat aux Réfugiés, il n’y a jamais eu autant de réfugiés et déplacés qu’aujourd’hui, et il n’y a aucune raison que les choses s’améliorent.
     
    Le bilan, à l’heure actuelle, est de 129 morts. 129 morts de trop.
     
    Le 13 novembre 2015, 129 morts.
     
    129, c’est beaucoup. C’est effrayant.
     
    C’est presque autant que la moyenne quotidienne des morts en Syrie depuis mars 2011.
     
    Presque autant que la moyenne quotidienne, oui : 250.000 morts depuis mars 2011, ça fait presque 4500 morts par mois, soit près de 150 morts par jour.
     
    Avis au prochain qui nous expliquera qu’il ne comprend pas pourquoi les Syriens fuient vers l’Europe : depuis plus de 4 ans et demi, c’est le 13 novembre tous les jours en Syrie. Et c’est votre nouvel allié Assad qui en porte la responsabilité première, en ayant réprimé sauvagement un soulèvement alors pacifique.   
     
    Nous vivons dans un monde en guerre. Et cela permet à certains de faire des affaires.

     

    La France se félicite de vendre ses machines de guerre à l’Égypte. La France se félicite de vendre ses machines de guerre à l’Arabie Saoudite. La France se félicite de vendre ses machines de guerre aux Émirats arabes unis.
     
    Mais la France s’étonne, s’indigne, s’insurge d’être elle aussi ciblée.
     
    Hypocrisie. Lâcheté. Mensonge.  
     
    Les chiens sont lâchés. Leurs babines écument.

    Il va falloir tenir bon.

    Toute réponse guerrière, sécuritaire, stigmatisante ou aveugle aux réalités économiques, politiques et sociales de la France de 2015 est non seulement condamnée à échouer mais, qui plus est, un pas supplémentaire vers les tueries de demain.

    Nous y sommes. Demain, c’était hier soir.
     
    13h. Cambadélis annonce que « la France en guerre vient de subir une épreuve de guerre ».
     
    Ils disent et ils répètent que la France est en guerre. Mais quand ils disent ça, c’est pour dire « nous sommes en guerre ». Un « nous » dans lequel il voudrait nous impliquer.
     
    Non. 14 ans de votre guerre n’ont apporté, aux quatre coins du monde, que toujours plus de violences, de tragédies, et de nouvelles guerres.
     
    Si l’Iraq n’avait pas été rasé, Daech n’existerait pas.
     
     
    Paul Valéry disait que « la guerre est un massacre de gens qui ne se connaissent pas, au profit de gens qui se connaissent mais ne se massacrent pas ».
     
    Il avait raison. Ce sont toujours les mêmes qui trinquent
     
    Et si on veut que tout ça s’arrête, il va falloir, une fois le choc passé, tout faire pour mettre un terme à cette fuite en avant vers la barbarie généralisée.
     
    Il n’est pas trop tard. Il est encore temps de passer à autre chose. Radicalement.
     
    En refusant l’injonction « avec nous, ou avec les terroristes ».
     
    En refusant les appels à l’unité avec les bourreaux et les fauteurs de guerres qui construisent chaque jour un monde plus barbare.
     
    En refusant leur monde fondé sur l’exploitation, le vol, la violence, l’injustice, les inégalités, la mise en concurrence de ceux qui devraient s’unir.
     
    Se battre pour un autre monde, qui est non seulement possible, mais plus que jamais nécessaire. 
     
    Garder le cap et ne rien concéder sous la pression de l’émotion ou de la sidération.

    Tu pourras me taxer d’angélisme si tu veux. Mais mon angélisme n’a jamais tué personne. Contrairement à ton « pragmatisme ».  

    Il est plus que jamais temps de « résister à l’irrésistible ». Sinon on va tous y passer.
     
    Alors, non, Cambadélis. Non, Sarkozy. Non, Hollande. « Nous » ne sommes pas en guerre.
     
    Ce n’est pas ma guerre, ce n’est pas notre guerre. C’est votre guerre.
     
    Et une fois de plus, ce sont nos morts. Comme à Madrid en 2004, comme à Londres en 2005, comme en Égypte il y a quinze jours, comme à Beyrouth cette semaine.

    Et comme partout où vous semez la terreur.

    Vos guerres, nos morts.

     


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  • " Même pas peur " Appel au rassemblement avec Christophe Alévêque et les « 1000 Colombes »

    "Même pas peur" Appel au rassemblement avec Christophe Alévêque et les « 1000 Colombes »

     

    Oyez oyez ! Faites circuler le message ! Et retrouvons nous tous ensemble !
    "Jeudi 7 janvier 2016, 18 heures, Place de la République.
    Appel au rassemblement avec Christophe Alévêque et les « 1000 Colombes ».
    Quels que soient votre religion ou pas, votre couleur de peau, votre fiche de paye, votre âge, votre orientation sexuelle ou politique et la marque de vos sous-vêtements.
    Pour ne pas oublier et célébrer la vie.
    Pour toutes les victimes de 2015.
    Pour la liberté, l’égalité et la fraternité.
    Pour ne pas céder à la terreur.
    Nous déposerons une banderole sur la statue de la République : « MÊME PAS PEUR », qui remplacera celle que nous avons déjà déposée.
    Cela n’a rien d’officiel, c’est un geste populaire et le peuple est souverain, donc le souverain c’est nous !
    Et hop !"

     


    "2016, ah ça ira, ah ça ira" - La drôle d... par franceinter


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  • 8 février 1962 : c'était aussi dans le cadre

    d'un état d'urgence

    A la manoeuvre : le sinistre Papon

    8 février 1962 : c'était aussi dans le cadre d'un état d'urgence  A la manoeuvre : le sinistre Papon

     

    1955-2015 : ce que nous avons à craindre

     de l’état d’urgence

    Par Marius Loris, doctorant en Histoire 

    L'auteur de ce texte, Marius Loris, est doctorant en histoire et travaille sur l'armée pendant la guerre d'Algérie à l'Université Paris 1. Il fait également partie du comité de rédaction de la revue Vacarme, sur le site de laquelle a d'abord été publié ce texteXavier de La Porte

    SOURCE : http://rue89.nouvelobs.com/2015/11/21/1955-2015-avons-a-craindre-letat-durgence-262204 

    L’état d’urgence a été voté en 1955, pendant la guerre d’Algérie. Rappelant à ses opposants de l’époque le régime de Vichy, ses conséquences furent terribles. Comment ne pas craindre qu’elles le soient une nouvelle fois aujourd’hui ?

    L’état d’urgence procède d’une loi votée le 3 avril 1955. Cet état a été en vigueur trois fois durant la guerre  : 1955, 1958 au moment de la crise de la IVe République et en 1961 durant le putsch des généraux.

    Dès le départ, il y a une ambiguïté dans les termes de la loi. L’état d’urgence est choisi plutôt que l’état de siège, afin de taire l’existence de la guerre d’Algérie mais aussi de nier le statut de combattants aux nationalistes algériens. Aujourd’hui, cette ambiguïté demeure. Ainsi, selon les mots de l’historienne de la guerre d’Algérie Sylvie Thénault :

    « L’état d’urgence est introduit dans le droit français en tant que nouvel état juridique à mi chemin entre le droit commun (qui caractérise la paix) et l’état de siège qui caractérise la guerre. »

    Il est étendu aux départements algériens comme à la métropole pour éviter la critique selon laquelle il serait fait un traitement discriminatoire de l’Algérie. Notons que le gouvernement actuel a étendu l’état d’urgence aux départements et territoires d’outre-mer.

    L’état d’urgence est né d’une réflexion menée sous les gouvernements Pierre Mendès France et Edgar Faure. C’est en réalité la synthèse des propositions des inspecteurs généraux de l’administration en mission extraordinaire en Algérie et de son gouvernement général Jacques Soustelle, farouche partisan de l’Algérie française. La genèse de l’état d’urgence est coloniale. Le but pour le gouvernement Faure est de mater par la force le mouvement nationaliste algérien en sortant la répression de son cadre légal.

    Assignation à résidence et régime de Vichy

    Contrairement à la séance du 19 novembre 2015, il y a dès l’examen du projet de loi à l’Assemblée de fortes critiques de députés socialistes et communistes, notamment en raison des mesures qui mettent en péril les libertés fondamentales (la loi prolongeant l’état d’urgence de trois mois a été adoptée à une écrasante majorité de 551 voix contre 6 et une abstention...).

    En 1955, l’état d’urgence permet d’instaurer le couvre-feu, d’interdire les réunions, de fermer les salles de spectacles ou les cafés, de procéder à des perquisitions de nuit sans contrôle judiciaire, de contrôler la presse, les publications et les émissions de radios. La mesure qui suscita le plus de critiques fut l’assignation à résidence. En effet, l’article 6 de la loi stipule que  :

    «  Le ministre de l’Intérieur dans tous les cas peut prononcer l’assignation à résidence dans une circonscription territoriale ou une localité déterminée de toute personne résidant dans la zone fixée par le décret visé à l’article 2 dont l’activité s’avère dangereuse pour la sécurité et l’ordre publics des circonscriptions territoriales visées audit article.

    L’assignation à résidence doit permettre à ceux qui en sont l’objet de résider dans une agglomération ou à proximité immédiate d’une agglomération. »

    Certains députés ayant connu le régime de Vichy rappellent, comme le communiste Pierre Fayet, que l’assignation à résidence ouvre la voie à la création de camp  :

    «  Sous le régime de Vichy, les arrêtés pris pour interner les personnes dans un camp de concentration ne parlaient également que de résidence.  »

    Si le ministre de l’Intérieur de l’époque, Bourgès-Maunoury, les rassure en disant qu’il n’y aura pas de camp, les premiers camps ouvrent en Algérie dès le mois de mai 1955 (cette pratique de l’assignation à résidence est également un héritage de la période coloniale. Avant 1944, le gouverneur général d’Algérie pouvait assigner des Arabes à résidence). Mensonge du gouvernement qui contourne facilement les oppositions parlementaires.

    La même logique aujourd’hui ?

    La similitude avec la situation actuelle a de quoi faire frémir. En continuité totale avec la guerre d’indépendance algérienne, l’idée a été soulevée dès samedi 14 novembre par Laurent Wauquiez, Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen, proposant de créer des camps d’internement pour les citoyens français ayant une fiche S. Et ce projet n’a pour l’instant pas été démenti par François Hollande et Manuel Valls.

    8 février 1962 : c'était aussi dans le cadre d'un état d'urgence  A la manoeuvre : le sinistre Papon

    Paris le 27 octobre 1960, un manifestant est arrêté par un policier lors d’incidents quand un meeting à la Mutualité pour « la paix en Algérie » est organisé par l’Union nationale des Etudiants de France (Unef) et perturbé par une contre-manifestation - AFP PHOTO

    Plus inquiétant encore est le projet de loi sur l’état d’urgence déposé jeudi 19 novembre à l’Assemblée nationale sans aucune concertation ni de temps de débat. Il va plus loin encore dans la dénomination de ceux qui pourraient être assignés à résidence  :

    «  Le régime des assignations à résidence est modernisé et élargi à toute personne à l’égard de laquelle il existe des raisons sérieuses de penser que son comportement constitue une menace pour la sécurité et l’ordre public.  »

    Ceci va plus loin puisqu’on passe de la notion «  d’activité  » dans la loi de 1955 à celle de «  comportement  », bien plus floue. Ceci signifie donc que toute une gamme de personnes peuvent être assignées à résidence, pourquoi pas des opposants à la COP21, en passant par les récents squatteurs du quartier des Moulins à Lille, qui ont connu une descente du Raid mardi 17 novembre au matin afin d’évacuer le squat  !

    On sait que l’état d’urgence a servi dès 1955 à interner des milliers d’Algériens, à saisir des journaux, à perquisitionner, à établir des couvre-feu (notons que le gouvernement a supprimé le contrôle des médias, mesure aujourd’hui inapplicable à cause des réseaux sociaux notamment). Et si aujourd’hui la création de camp pour des citoyens français est interdite par la loi, rien n’interdit leur possible création suite à la multiplication des assignations à résidence comme ce fut le cas durant la guerre d’Algérie.

    Rappelons que l’assignation à résidence en elle-même est une mesure administrative privative de liberté. Le gouvernement a décidé d’assigner 12 heures par jour les suspects. Le gouvernement prévoit des recours devant le juge administratif, mais pour quels délais et quelle efficacité  ? Et aussi pour combien d’erreurs qui seront à coup sûr traumatisantes pour les individus assignés à résidence  ?

    Légalisation de l’arbitraire

    Une des conséquences majeures de l’état d’urgence durant la guerre d’Algérie fut que l’encadrement par la loi et les magistrats des forces de police, devint très difficile. Car l’état d’urgence permet bien de légaliser l’arbitraire (les perquisitions peuvent notamment être totalement arbitraires sans contrôle de l’autorité judiciaire). C’est bien l’état d’urgence qui permit notamment aux policiers dès 1955 d’user de violences illégales contre les Algériens suspectés de sympathies nationalistes. C’est l’habitus de la répression coloniale contre les Algériens qui explique entre autre le déchainement de violence dans les rues de Paris en 1961.

    Comment ne pas faire le parallèle avec la situation actuelle  ? Car ceux qui sont visés par la police comme étant supposés «  terroristes  » sont dans la mentalité policière «  arabes  » ou «  noirs  ». Les contrôles au faciès étant déjà une règle dans la police française, quelle sera l’étape suivante si la police dispose de tous les pouvoirs d’arrêter, interroger et assigner à résidence des individus suspectés pour leur couleur de peau  ? Comment ne pas voir dans la décision du gouvernement d’autoriser le port des armes en dehors du service pour les fonctionnaires de police le danger d’abus et de violences policières parallèles  ?

    Et que dire de la création encore floue d’une garde nationale composée de réservistes ou la possibilité d’étendre les pouvoirs de police à la police municipale  ? Ces corps moins professionnalisés, qui dans le cas de la police municipale sont dirigés localement par le maire, peuvent être plus violents. Dans les communes dirigées par des maires d’extrême droite, on imagine le pire. A Charonne en 1962, ce sont les compagnies d’intervention issues de la police municipale parisienne qui seront les principaux auteurs du massacre.

    Aujourd’hui on peut imaginer une gradation des mesures répressives car d’après le gouvernement le plafond n’est pas atteint. Dans un premier temps, il est prévu d’ici trois mois d’inscrire l’état d’urgence auprès de l’état de siège dans la Constitution (article 36), ce qui donnerait plus de marge à l’exécutif, et permettrait de contourner d’éventuelles oppositions parlementaires. Et ensuite  ? On sait que ces mesures ont été totalement inefficaces et surtout meurtrières pendant la guerre d’Algérie (rappelons aussi que le contexte était différent, notamment parce que les élites politiques de la France de la IVe République ne pouvaient / ne voulaient reconnaître le caractère légitime et inéluctable de l’indépendance algérienne).

    1956, les pouvoirs spéciaux et la torture

    Dans le contexte actuel, on peut imaginer une fuite en avant, à plus ou moins court terme, à cause d’un nouvel attentat ou de l’élection d’un nouveau gouvernement encore plus à droite (2017). En effet, le 16 mars 1956, le socialiste Guy Mollet, soutenu par François Mitterrand (ministre de la Justice) et Bourgès-Manoury (ministre de l’Intérieur) fit voter la loi dite des pouvoirs spéciaux.

    8 février 1962 : c'était aussi dans le cadre d'un état d'urgence  A la manoeuvre : le sinistre Papon

    Gégène (dynamo électrique manuelle, employée par des militaires français pour torturer en Algérie) - PRA/Wikimedia Commons/CC 

    Cette loi autorisa les camps d’internement pour les assignés à résidence et la traduction sans délais d’un individu devant la justice (qui est alors militaire). Ces pouvoirs spéciaux donnaient aussi les pouvoirs de police aux militaires, soit notamment les pouvoirs d’arrêter, d’interner et d’interroger des suspects. Ces pouvoirs furent l’origine de la généralisation de la torture et des exécutions sommaires en Algérie mais aussi en France.

    L’état d’urgence est bien un dispositif qui permet de sortir du droit commun et d’organiser un contrôle radical et disciplinaire des populations. C’est aussi une mise au pas des contestataires de tout type. A l’heure où l’armée française intensifie la guerre en Syrie, il serait impossible de manifester contre les opérations militaires en cours. Enfin, on constate que l’état d’urgence permet d’anesthésier les luttes en cours, comme celle des migrants à Paris. Les migrants en lutte depuis des mois pour obtenir des lieux d’hébergement et des titres de séjour se sont vus interdire par la préfecture de se réunir à Gare du Nord le 14 novembre mais aussi le 22 novembre.

    Le déploiement de l’armée dans les banlieues a déjà commencé, notamment à Saint-Denis durant l’opération du 15 novembre. Des soldats ont obligé sous la menace de leur mitraillettes de jeunes hommes (arabes est-il nécessaire de le rappeler) à s’arrêter dans la rue, s’agenouiller et soulever leur vêtement pour montrer qu’ils ne portaient pas de gilets explosifs. Comment ne pas penser au comportement des forces de l’ordre durant la bataille d’Alger (1957)  ?

    « Est-il si sûr que rien ne puisse recommencer  ? »

    En 1984, l’état d’urgence avait été décrété en Nouvelle-Calédonie pour combattre la lutte des indépendantistes Kanaks. En 2005, l’état d’urgence a été prononcé dans le cadre des émeutes des banlieues, se traduisant par l’instauration d’un couvre-feu dans certaines communes et l’arrestation de 3 000 personnes pour plus de 500 détentions. Il est frappant d’observer que l’état d’urgence fut toujours utilisé dans des contextes coloniaux ou néocoloniaux. Car ce qui est à craindre sont bien les violences policières dans un état d’exception et de psychose policière, notamment à l’encontre des personnes perçues comme musulmanes. On objectera qu’il vaut mieux être mis en joue et contrôlé à Saint-Denis en 2015 que torturé dans la Casbah ou abattu sommairement dans un djebel. Et c’est parfaitement vrai. Pourtant, les mots de Pierre Vidal-Naquet, historien et opposant à la guerre d’Algérie qui a lutté contre la torture et les crimes de l’armée française, résonnent avec un écho inquiétant dans la situation actuelle  :

    «  Mais est-il si sûr que rien ne puisse recommencer, que le danger militaire soit nul et que Bigeard, au lieu de faire jeter à la mer les corps de ceux qu’il avait tués avec ce qu’il appelle ses “ méthodes de travail ”, se contentera de dialoguer à la télévision avec Charles Hernu, Georges Brassens et Bernard Clavel, et de faire repeindre les guérites, non en tricolore comme le général Boulanger mais avec des couleurs psychédéliques  ? Est-il sûr que demain, face à n’importe quel mouvement de “ l’adversaire intérieur ”, le cycle infernal qui conduit à l’établissement d’un ordre totalitaire, à la faveur d’une crise économique, ne se déroulera pas  ? Et les “ gégènes ” pourront, au besoin, rester au vestiaire. Il y aura pour infliger des “ tortures propres ” suffisamment de psychologues et de techniciens comparables à ceux que l’armée avait commencé à former en Algérie.  »(« Les crime de l’armée française », éditions La Découverte, 2001)

    Oui, l’état d’urgence est bien la marque de la répression arbitraire et de l’instauration d’un régime sécuritaire. Il ouvre la porte à des violences racistes aggravées, la possibilité de créer des camps d’internement, sans prémunir les populations du danger de nouveaux attentats. Nous avons beaucoup à perdre et à craindre de cet état d’exception.

     


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