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    Défense d'Abdeslam. Le rôle difficile des avocats de grands criminels et la torture pendant la guerre d'Algérie

    Défense d'Abdeslam. Le rôle difficile

     des avocats de grands criminels  

    Comment peut-on défendre des gens pareils ? Qualifiés de monstres, d'ennemis publics numéro un, les grands criminels, terroristes ou tueurs d'enfants ont tous eu des avocats. Faut-il rétablir la peine de mort ? La guillotine ? Où comme le préconise Gilbert Collard reprenant des propos de Marine Le Pen en préconisant la torture, lui qui a défendu Aussaresses tortionnaire pendant la guerre d'Algérie, comme Massu ou Bigeard l'inventeur des "crevettes Bigeard"... Nous y reviendrons mais d'abord écoutons l'avocat défenseur d'Abdeslam. 

    Fan de Trump, l'Américain, Gilbert Collard légitime la torture dans certains cas

    Invité ce jeudi 28 avril face à Jean-Jacques Bourdin sur BFMTV, le député frontiste Gilbert Collard a expliqué que s'il "abhorre" la torture, il "n'aurait pas hésité une seconde" à la pratiquer dans certains cas en matière de terrorisme. En prenant bien sûr un exemple qui ne se produit jamais…
     
    Gilbert Collard était l'invité de jeudi 28 avril de Jean-Jacques Bourdin. Capture d'écran BFMTV.

    Décidément, le FN semble avoir un problème de refoulé avec la torture… Invité ce jeudi 28 avril dans la matinale de BFMTV, le député rattaché au FN Gilbert Collard a de nouveau mis cette obsession sur la table face à Jean-Jacques Bourdin. La discussion porte sur Salah Abdeslam, le terroriste présumé des attentats du 13 novembre qui vient de passer sa première nuit dans une prison française. Gilbert Collard, avocat de profession, explique pourquoi il aurait refusé de le défendre et prend pour appuyer son propos cet exemple :

    "J'ai accepté de défendre le général Aussaresses. Je rappelle, pour ceux qui l'ignoreraient, que c'est lui qui - à la demande de Guy Mollet, un socialiste - a appliqué la torture (en Algérie, ndlr). J'ai été amené à le défendre…"

    La démonstration semble mal partie mais à ce moment-là, l'élu précise sans ambiguïté : "J'abhorre la torture, c'est pour moi un système qui est inconcevable". Ouf. Avant d'en venir à l'objet de son exemple : "Il n'empêche qu'à un moment donné, dans la défense d'Aussaresses, j'ai dû justifier la torture, avec un embarras évident, des ressources rhétoriques inouïes mais je suis entré dans le débat sur la torture, j'ai expliqué jusqu'à y croire (...) il ne faut pas se mentir, quand on défend quelqu'un qui est engagé idéologiquement, à un moment donné, on prend sur son dos son idéologie". CQFD.

    "- Vous ne voteriez pas Donald Trump, alors ?, relance Jean-Jacques Bourdin.

    - Si, rétorque Gilbert Collard ('Ah oui je l'aime bien', ajoutera-t-il plus tard).

    - Mais pourtant, il défend la torture…

    - Oui mais et alors ? Il a le droit de défendre la torture.

    - Par simulation de noyade, il dit même il aurait fallu torturer Abdeslam pour éviter les attentats de Bruxelles !"

    C'est à cet instant de l'échange que la parole se libère. L'ex-avocat frontiste se penche vers le micro et prend le ton de la confidence :

    "Mais dites-moi, je vais vous poser une question, entre nous, avec tous les gens qui nous écoutent : si vous aviez eu le moyen d'éviter l'attentat en le torturant, vous auriez préféré la paix de votre conscience à la vie de ces victimes ? Moi j'aurais pas hésité une seconde, hein."

    Alors évidemment, Gilbert Collard précise immédiatement qu'il ne valide la torture qu'en cas de certitude absolue : "Je dis que lorsqu'on a la certitude que l'individu qu'on tient sait où est posée la bombe qui va tuer des innocents, il faut qu'il nous dise où elle est !" Sauf qu'évidemment encore, les choses ne se passent jamais comme cela… D'ailleurs à Bruxelles, les autorités n'ont su que des bombes allaient exploser... que lorsqu'elles ont explosé.

    Mais qu'importe, Gilbert Collard vient de flatter les bas instincts dans le sens du poil. Rappelant une certaine Marine Le Pen, : "Il peut y avoir des cas où quand une bombe doit exploser dans une heure ou dans deux heures et peut faire 200 ou 300 victimes civiles, il est utile de faire parler la personne pour savoir où est la bombe". "Même sous la torture ?", avait insisté Jean-Jacques Bourdin, déjà. Et la présidente du FN de répondre  : "Avec les moyens qu’on peut…". Avant de crier un peu plus tard sur Twitter, alors qu'elle était accusée d'avoir fait l'apologie de la torture, à une "interprétation malveillante" de ses propos.

    La guerre d’Algérie et la torture : si Massu a reconnu et même regretté qu’elle existait, si Aussaresses l’a même écrit, nous prendrons le cas de Bigeard qui, lui a prétendu ne l’avoir jamais pratiquée. Menteur ! 

    La torture, les crevettes Bigeard, un modèle français !!!

    C’était le temps où l’Etat voulait déposer les cendres du Général Bigeard aux Invalides à Paris, c'est bien le message qui voulait être délivré.

    Marcel Bigeard a acquis sa principale notoriété pendant la guerre d'Algérie, et tout particulièrement pendant la "Bataille d'Alger".

    Bigeard, lui, défend ses hommes. La torture ? Bien sûr qu'elle existait, répondait-il, mais pas chez lui : "Les interrogatoires musclés, c'était un moyen de récolter des infos. Mais ces interrogatoires étaient très rares et surtout je n'y participais pas. Je n'aimais pas ça." Il n'aimait pas ça, et il n'aimait pas que la presse en parle autant. Venu décorer des anciens d'Algérie, il coupe court aux questions des journalistes : "Je n'ai pas dit que ça n'existait pas, tout le monde le sait qu'il y a eu de la gégène [...]. M'emmerdez pas avec ça, on en parle toute la journée, ça suffit."

    La technique des "Crevettes Bigeard" ? Elles resteront la sinistre image de cette époque qui perpétuera ce nom. Pour beaucoup, ce terme employé alors ne signifie rien, surtout qu'il ne figure dans aucun livre d'histoire de notre enseignement. Pourtant c'est en employant cette expression que Paul Teitgein interrogeait Massu, en 1957, sur les milliers de disparus pour lesquels il n'avait aucun rapport concernant leur "évaporation". Pour éliminer physiquement, en faisant disparaître les corps, Bigeard avait inventé cette technique : sceller les pieds du condamné (sans jugement, sinon le sien), vivant, dans un bloc de béton et le larguer de 200 ou 300 mètres d'altitude d'un avion ou d'un hélicoptère en pleine mer. Il avait perfectionné cette technique : au début les algériens étaient simplement largués dans les massifs montagneux, mais leurs corps étaient retrouvés. La seconde étape fut le largage en mer, mais quelques-un sont parvenus à revenir à la nage sur la côte et échapper miraculeusement à la mort. C'est pourquoi il "fignola" le raffinement de sa cruauté en inventant le bloc de ciment. C'est par cette technique enseignée par son ami le Général Aussaresses (et les officiers supérieurs instructeurs associés Lacheroy, Trinquier...) que cette technique a été utilisée en Argentine en particulier pour les 30.000 disparus que pleuraient les "Folles de la Place de Mai".

    Regardons donc Bigeard s'expliquer face à des Anciens Combattants faisant partie de quelle association ? Nous ne donnerons pas de réponse... 

     

    Le prêtre Alain de La Morandais :

    "J'ai été témoin des méthodes

    du Général Bigeard"

     


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    La tragédie du 8 mai 1945

    en Algérie

    Jeudi 28 avril 2016, par 4ACG

    Le 8 mai 1945, alors que la France manifeste sa joie d’être enfin libérée du nazisme, plusieurs villes algériennes célèbrent elles aussi la signature de l’armistice et la fin d’une guerre de six ans à laquelle ont participé des dizaines de milliers de soldats algériens.

    Ce jour-là, une manifestation pacifique est organisée à Sétif. Un jeune scout brandit le drapeau algérien, signifiant ainsi le désir d’indépendance qui commence à poindre en Algérie. C’est alors qu’un policier français sort son arme et tire. Saal Bouzid est tué sur le coup. En réaction, des manifestants s’en prennent aux européens, dont une centaine seront assassinés par la foule. La répression sera terrible, sanglante, démesurée. Durant plusieurs semaines, la région de Sétif, Guelma et Kherrata verra se dérouler les massacres les plus horribles, perpétrés par l’armée française et des milices civiles composées d’européens. Des villages entiers sont rasés, leurs habitants arrêtés, torturés, exécutés.

    Soixante-et-onze ans après, la plupart des historiens français parlent de milliers, voire de dizaines de milliers de morts parmi la population algérienne. Cette date du 8 mai 1945 est souvent considérée par ces mêmes historiens comme le véritable début, neuf ans plus tard, de la guerre d’Algérie.

    Le 19 mars 2016, le Président de la République a reconnu « injuste » le système colonial. Aujourd’hui, le Collectif  L’autre 8 mai 45, composé de nombreuses associations dans toute la France, dont la 4ACG, demande aux plus hautes autorités de l’Etat de reconnaître enfin ces assassinats de masse en tant que crimes d’Etat.

    Depuis l’an dernier, plusieurs municipalités ont déjà voté et adopté un vœu allant dans ce sens. Le conseil municipal de Paris l’a adopté en mai 2015 à l’unanimité.

    Outre cette reconnaissance officielle, le Collectif L’Autre 8 mai 45  demande avec insistance l’ouverture de toutes les archives concernant cette période, ainsi que la période de la guerre d’Algérie, afin que la vérité soit dite et que les relations entre les peuples algérien et français soient débarrassées de tous les non-dits et de toutes les ambiguïtés qui les empêchent encore aujourd’hui de se développer dans l’amitié et la fraternité.

    Dans de nombreuses villes de France, des manifestations seront organisées le 8 mai 2016 pour que la tragédie du 8 mai 45 en Algérie soit reconnue par l’Etat français. A Paris, le rassemblement aura lieu à 16h sur le Parvis de l’Hôtel de Ville, avec notamment une prise de parole d’un membre de la 4ACG. A la même heure, un rassemblement est prévu à Rennes au square de Sétif, suivi à 17h30 à l’auditorium de la MIR, de la projection d’un film sur le général de Bollardière (voir document joint).


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     Travail forcé et exploitation coloniale : souvenons-nous  !

     

    Travail forcé et exploitation coloniale : souvenons-nous !

    Et rappelons-nous aussi des massacres

    du 8 mai 1945 en Algérie

    Jeudi 28 avril 2016, par 4ACG

    Par Olivier Le Cour Grandmaison

    Il y a soixante-dix ans, le 11 avril 1946, après de nombreux atermoiements, l’Assemblée nationale constituante votait enfin la proposition de loi de Félix Houphouët-Boigny tendant à la suppression « immédiate » du travail forcé dans les colonies françaises.

    Travail forcé et exploitation coloniale : souvenons-nous !

    Quelques jours auparavant, ce député était intervenu à la tribune pour dénoncer la situation des « indigènes » toujours soumis à des formes exceptionnelles et particulièrement brutales d’exploitation. Usant d’une anaphore qui lui a permis de brosser un tableau précis des pratiques coloniales, il déclarait : « il faut avoir vu ces travailleurs usés, squelettiques, couverts de plaies, dans les ambulances ou sur les chantiers ; il faut avoir vu ces milliers d’hommes rassemblés pour le recrutement, tremblant de tout leur corps au passage du médecin chargé de la visite ; il faut avoir assisté à ces fuites éperdues (…) vers la brousse ; (…) il faut avoir vu ces théories d’hommes, de femmes, de filles, défiler silencieusement, le front plissé, le long des chemins, qui mènent au chantier. (…) L’indigène ne peut plus comprendre ni admettre ce servage, cent cinquante après la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen et cent ans après l’abolition de l’esclavage. »

    Légitimé par des juristes et des personnalités politiques

    Précision essentielle : ce travail forcé – tâches de construction, transport de marchandises, entretien des agglomérations… - est imposé de façon autoritaire et souvent violente aux autochtones qui n’ont commis ni crime ni délit. En effet, les hommes et les femmes visés ne sont pas des individus condamnés à une peine privative de liberté prononcée par un tribunal, à laquelle viendrait s’ajouter celle des travaux forcés ; cette obligation concerne les populations civiles de l’empire dont les membres sont « sujets indigènes », soit l’écrasante majorité des individus. Légitimé et défendu, sous la Troisième République, par de nombreux hommes politiques, juristes et professeurs d’université notamment, le travail forcé a, sous différentes formes, été la règle dans les possessions françaises jusqu’à son abolition tardive le 11 avril 1946.

    Le chemin de fer Brazzaville-Pointe Noire : 17000 morts

    Ainsi fut construit, par exemple, le chemin de fer destiné à relier Brazzaville à Pointe-Noire, sur la côte atlantique. Bilan de cet “exploit”, réputé témoigner de la glorieuse « mise en valeur » du Congo français : 17000 morts « indigènes » pour la réalisation des 140 premiers kilomètres et un taux de mortalité sur ce chantier de 57% en 1928. Qui a livré ce dernier chiffre ? Un anticolonialiste farouche ? Non, le ministre des Colonies, André Maginot, dans une déclaration faite devant une commission ad hoc de la Chambre des députés. L’entreprise chargée des travaux ? La Société de construction des Batignolles dont la prospérité est en partie liée aux nombreux contrats remportés dans les possessions françaises. Son héritier et successeur n’est autre que le groupe bien connu aujourd’hui sous le nom de SPIE-Batignolles. En 2013, Jean Monville, ancien PDG de ce groupe, rappelait benoîtement « la fierté de ce qu’on avait fait dans le passé, de notre professionnalisme et de notre engagement dans nos “aventures” d’outre-mer ». (Le Monde, 21 mai 2013). Nul doute, les descendants de ceux qui sont morts à l’époque apprécieront la délicatesse de ces propos.

    Réformé mais jamais véritablement supprimé, le travail forcé a ainsi perduré sous la Troisième République, le régime de Vichy et dans les colonies passées aux côtés de la France libre. A preuve, les orientations soutenues par Félix Eboué, gouverneur général de l’Afrique équatoriale française, pendant la Seconde Guerre mondiale. Souvent présenté comme un grand humaniste, qui a toujours défendu les droits de l’homme, Eboué, comme la majorité de ses pairs, ne s’est jamais prononcé dans ses écrits pour l’abolition immédiate du travail forcé. De même les résistants prestigieux qui, à partir du 30 janvier 1944, se réunissent à Brazzaville pour définir la politique à mettre en œuvre dans les territoires d’outre-mer.
    Inaugurée par le général de Gaulle, cette conférence doit prendre une décision relativement à cette forme particulière de labeur. En raison de « l’effort de guerre », les représentants de la France libre, rassemblés dans la capitale du Congo français, décident de prolonger le travail forcé pour une durée de cinq ans ! En métropole, ils n’ont de cesse de dénoncer le Service du travail obligatoire (STO) établi par les autorités de Vichy le 16 février 1943 ; dans les colonies, ils trouvent normal d’imposer aux « indigènes » de vingt à vingt-cinq ans reconnus aptes, mais non incorporés à l’armée, un Service obligatoire du travail (SOT). Subtilité des sigles et triomphe du relativisme politico-juridique. De là ces indignations sélectives et hexagonales cependant que dans les possessions ultra-marines la condamnation cède le pas à l’acceptation.

    La colonisation : entreprise généreuse ou criminelle ?

    Rares sont ceux qui, comme la philosophe Simone Weil, ont dénoncé « les déportations massives » des « indigènes » et le recours meurtrier au travail forcé en Afrique française et en Indochine. En dépit de ses protestations, exprimées dès 1943 alors qu’elle a rejoint la Direction de l’Intérieur de la France libre dans la capitale du Royaume-Uni, S. Weil n’a pas été entendue. Tout comme André Gide et Albert Londres une quinzaine d’années auparavant. Voilà qui aide à comprendre les lenteurs de l’Assemblée nationale constituante à la Libération.
    Joli tableau, n’est-il pas, de la très glorieuse colonisation française toujours présentée, par de nombreux contemporains, comme une entreprise généreuse destinée à apporter la civilisation aux peuples qui en ignoraient jusque-là les bienfaits. Cette sinistre réécriture de l’histoire prospère avec la caution de quelques faiseurs de livres – A. Finkielkraut, P. Bruckner et E. Zemmour, notamment – qui prennent leur ignorance et leurs audaces prétendues pour de brillantes découvertes. Ils n’hésitent pas à se dire amis de la connaissance et de la vérité ; sur ces sujets, comme sur beaucoup d’autres, ils ne sont que de vulgaires idéologues qui traitent les faits établis en chiens crevés. Demeurent de pauvres écholalies qui réhabilitent un discours impérial-républicain forgé sous la Troisième République. Audaces intellectuelles ? Stupéfiante régression et grand retour du roman national.

    Olivier Le Cour Grandmaison, politologue et historien de la colonisation, a publié récemment « L’Empire des hygiénistes, Vivre aux colonies » (Fayard, 2014)

     

    Et rappelons-nous aussi des massacres

    du 8 mai 1945 en Algérie


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    Le 25 novembre 2007 un mur à la mémoire des

    disparus de la guerre d’Algérie a été inauguré

    à Perpignan en présence de M. Marleix, secrétaire

    d’Etat aux anciens combattants de l’époque.

    Ce mur commémoratif n’a pas vraiment cessé,

    depuis, d’alimenter la discorde.

     

      le-mur-des-disparus.jpg

     

    Plus récemment, le « mur » a refait parlé de lui puisque la famille Donnat (bien vivante) a découvert son nom gravé à plusieurs reprises. Comble de l’ironie – macabre – le père, Gaston Donnat , décédé depuis, était un militant anti-colonialiste. Sa famille a refusé que son nom reste gravé aux côtés de ceux de membres de l’OAS. Ces noms ont été effacés.

     

    hommage-aux-francais-civils-morts-ou-disparus-en-a-copie-1.jpg

     LE MUR DE LA MÉMOIRE CRÉE

     LA DISCORDE

     A l’heure où le « devoir de mémoire » prend souvent la forme d’injonctions venues d’en haut et se focalise sur des événements «consensuels», cette inauguration a été l’occasion d’écouter des mémoires différentes d’une guerre si peu oubliée dans une région qui a accueilli nombre de pieds-noirs et de harkis.

    Figurent ici les témoignages et réflexions de Roger Hillel et Jacky Malléa, membres du collectif « Pour un centre de documentation à Perpignan sur l’histoire franco-algérienne », de Djelloul Mimouni président de Ajir 66, et d’Eric Savaraise, maître de conférence à l’université de Perpignan.

    La polémique porte sur la liste de 2.619 disparus français et harkis, contestée

    Sur ce mur sont gravés les noms de personnes enlevées essentiellement par le Front de Libération Nationale combattant pour l’indépendance de l’Algérie. N’y figure pas par exemple le nom de Maurice Audin enlevé, torturé par l’armée française, puis disparu. Devaient y être gravés aussi le nom des Harkis ayant combattus aux cotés de l’armée française et qui ont été abandonnés aux mains du FLN, au lendemain de l’indépendance Encore faudrait-il pouvoir obtenir ces noms auprès des autorités algériennes.

    Au-delà ; ce qu’on reproche à ce projet de mur, c’est qu’il ait été porté par une association et une seule, le Cercle algérianiste de Perpignan, fortement appuyé par M. Pujol adjoint au maire, M. JP Alduy. Au mépris des historiens, par exemples de l’université de Perpignan.

    Dans ces locaux restaurés du couvent des Clarisses, devrait voir le jour un musée-centre de documentation de l’Algérie française. Au moment de l’inauguration, il a été impossible d’obtenir une quelconque position de la part du Cercle algérianiste. De ce côté là, on se défend de vouloir faire un musée mais bien un centre de documentation ouvert aux étudiants et historiens.
    Ce projet est contesté par un collectif « Non au mur-musée » réunissant des partis politiques de gauche (mais pas le parti socialiste), des syndicats et des associations de défense des droits de l’homme qui soulignent que les ressources documentaires du Cercle algérianiste sont empreintes de nostalgie de l’Algérie française, et ne pourraient constituer le fond d’un centre documentaire non partisan.

    Plus récemment, le « mur » a refait parlé de lui puisque la famille Donnat (bien vivante) a découvert son nom gravé à plusieurs reprises. Comble de l’ironie – macabre – le père, Gaston Donnat , décédé depuis, était un militant anti-colonialiste. Sa famille a refusé que son nom reste gravé aux côtés de ceux de membres de l’OAS. Ces noms ont été effacés.

     

    Agnès Petit-Gilles

     


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  • Le 5 mars 1959, un certain Général de Gaulle disait (ou Le 5 mars 1959, un certain Général de Gaulle disait  avec des propos racistes… « Vous croyez que le corps français peut absorber dix millions de musulmans, qui demain...plutôt prédisait déjà) avec des propos racistes… « Vous croyez que le corps français peut absorber dix millions de musulmans, qui demain seront vingt millions et après-demain quarante ? » Nous y sommes mon général !!! 

    L’Algérie compte 40,4 millions d’habitants en 2016 et passera à 41,2 millions en 2017 !

    L’économie nationale est à l’épreuve de la croissance démographique. Avec plus de 40 millions de bouches à nourrir, les responsables du pays seront confrontés dans les prochaines années aux besoins croissants d’une population plus nombreuse. Avec une économie dont les relents sociaux sont prononcés, l’impact est considérable.

    Selon l’Office national des statistiques (ONS), l’accroissement naturel de la population a presque doublé sur les quinze dernières années et le taux brut de natalité est passé de 19% à 26%. Au lendemain de l’Indépendance, l’Algérie comptait environ 10 millions d’habitants. En 2020, ce chiffre aura plus que quadruplé.

    Quelles sont les conséquences économiques et sociales de la croissance démographique en Algérie ? Qu’en est-il de l’équilibre entre le développement et l’évolution de la population ? Des questions qui reviennent régulièrement dans les débats et s’invitent de nouveau après le dernier bilan de l’Office national des statistiques.

    Les décideurs actuels ont-ils anticipé sur les changements à venir pour préparer les réponses adéquates ?

    Mais ces 40 millions d’Algériens n’ont pas envie d’envahir le pays où résident les Morano, Zemmour et l’extrême droite en général… 

    “La France est un pays de race blanche” :

    quand Morano instrumentalise

     le général de Gaulle

    Sur le plateau d’ “On est pas couché”, Nadine Morano a fait référence au général de Gaulle pour asséner que la “France [était] un pays de race blanche”. Mais le chef de la France libre a t-il vraiment prononcé cette phrase ?

    Sur le plateau d’On n’est pas couché, Nadine Morano a répété à plusieurs reprises que “la France était un pays de race blanche”. Face au scandale provoqué par ses propos, l’ancienne ministre de Nicolas Sarkozy a ajouté qu’elle ne faisait que répéter des propos du général de Gaulle.

    Depuis plus de vingt ans, la citation en question est récupérée par la droite extrême. En 2009, le Front national de la jeunesse l’avait utilisée sur des affiches pour une campagne sur le thème de l’identité nationale. Deux ans plus tôt, Eric Zemmour l’avait également employée sur le plateau d’I-Télé et dans les colonnes du Figaro.

    Une citation rapportée par un ancien ministre 

    Mais contrairement à ce que pense Nadine Morano et Zemmour et l’extrême droite ou la droite extrême il ne s’agit pas d’une déclaration publique mais d’une citation tirée du livre d’Alain Peyrefitte C’était de Gaulle. La voici en intégralité :

    “C’est très bien qu’il y ait des Français jaunes, des Français noirs, des Français bruns. Ils montrent que la France est ouverte à toutes les races et qu’elle a une vocation universelle. Mais à condition qu’ils restent une petite minorité. Sinon, la France ne serait plus la France. Nous sommes quand même avant tout un peuple européen de race blanche, de culture grecque et latine et de religion chrétienne. Qu’on ne se raconte pas d’histoires ! Les musulmans, vous êtes allés les voir ? Vous les avez regardés avec leurs turbans et leurs djellabas ? Vous voyez bien que ce ne sont pas des Français ! Ceux qui prônent l’intégration ont une cervelle de colibri, même s’ils sont très savants. Essayez d’intégrer de l’huile et du vinaigre. Agitez la bouteille. Au bout d’un moment, ils se sépareront de nouveau. Les Arabes sont des Arabes, les Français sont des Français. Vous croyez que le corps français peut absorber dix millions de musulmans, qui demain seront vingt millions et après-demain quarante ? Si nous faisions l’intégration, si tous les Arabes et Berbères d’Algérie étaient considérés comme Français, comment les empêcherait-on de venir s’installer en métropole, alors que le niveau de vie y est tellement plus élevé ? Mon village ne s’appellerait plus Colombey-les-Deux-Églises, mais Colombey-les-Deux-Mosquées !”

    Cette citation a été rapportée par Alain Peyreffite, dans ses mémoires publiées en 1994. Soit plus de 24 ans après la mort du général de Gaulle. Dans ses carnets, l’ancien ministre raconte que De Gaulle aurait prononcé cette phrase le 5 mars 1959, en pleine guerre d’Algérie.

    “Cette phrase n’engage pas le Général de Gaulle” 

    Pour l’historien Jean-Paul Bled, ancien président des Cercles universitaires d’études et de recherches gaulliennes, directeur de la revue Études gaulliennes, cette phrase ne peut pas engager le Général de Gaulle :

    “Le général de Gaulle considérait qu’il n’y a que l’écrit qui pouvait engager sa personne. Or cette phrase a été prononcée à l’emporte-pièce dans une conversation privée mais il n’y a aucune trace écrite dans ses mémoires ou ses discours. Le général de Gaulle ne peut donc en être comptable”, conclut l’historien.

     


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  • Les gens âgés d'André Sylvain

    On est tous des vieux
    Qu'on le veuille ou non
    On s'ra un jour comme eux
    Même riches à millions
    On est tous des vieux
    C'n'est qu'une question de temps
    Heureux ou malheureux
    D'avoir eu des enfants.

    Les gens âgés

    - 1 -
    Les gens âgés écoutent la radio
    Mais on ne joue jamais des chansons pour eux
    Ce n'est pas payant.
    On leur vend des calmants, des pilules, des onguents,
    Mais ce n'est que l'amour dont ils ont besoin
    Comme médicament.
    Les gens âgés on les a oubliés
    Tout au fond des foyers où les gouvernements
    Les ont enfermés
    Bien souvent une fois par an, on viendra les visiter
    Des parents, c'est occupé...
    Une seule fois tous les ans on viendra les embrasser
    Ça oblige, le Jour de l'An.


    Refrain
    On est tous des vieux
    Qu'on le veuille ou non
    On s'ra un jour comme eux
    Même riches à millions
    On est tous des vieux
    C'n'est qu'une question de temps
    Heureux ou malheureux
    D'avoir eu des enfants.
    - 2 -
    Les gens âgés ne parlent même plus
    Ils ont trop à dire: leur vie à raconter...
    Qui va les écouter?
    Ils se courbent le dos et regardent leurs pieds
    Se demandent pourquoi au bout du chemin
    Ils sont arrivés.
    Ils ont tout donné: leur amour, leur santé
    Tout ça pour les enfants, ils ont tout sacrifié
    Même les rêves les plus grands
    Et du fond de leur prison ils relèvent parfois le front
    Quand ils viennent pour signer
    C'est quand vient la fin du mois et le chèque de leur
    pension
    Qu'on fait semblant de leur donner.

    - 3 -
    Les gens âgés ont le goût de pleurer
    Car ils ont tout le temps de renaître au passé
    Revivre leurs vingt ans...
    Ils n'ont rien oublié si leur dos a courbé
    C'est qu'ils ont trop souvent
    Porté les chagrins et les peines des enfants.
    Les gens âgés ont le temps de prier
    Car ils sont devenus au fil des années
    De simples enfants
    Ils demandent au bon Dieu de parfois penser à eux
    S'il a une minute ou deux
    Ils demandent souvent à Dieu pourquoi il a oublié
    De venir fermer leurs yeux...


    Dernier Refrain
    On est tous des vieux
    Qu'on le veuille ou non
    On s'ra un jour comme eux
    Même riches à millions
    On est tous des vieux
    C'n'est qu'une question de temps
    Chaque jour que l'on vit
    Nous rapproche du temps.


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  • Emouvant retour au pays

     pour Martine Dubois

    Emouvant retour au pays   pour Martine Dubois

     Martine Dubois, deuxième à partir de la gauche

    Née à Constantine en 1940 et ayant grandi, vécu et travaillé en tant qu’institutrice à Zeribet El Oued et à Biskra jusqu’en 1967, année où elle est définitivement partie s’installer en France avec son mari, Martine Dubois, née Fuchs, n’a jamais oublié la reine des Zibans (Les Zibans forment une contrée d'Algérie, située à cheval sur l'Atlas saharien et le Sahara, dont la ville principale est Biskra) et les années de bonheur qu’elle y a passées.

    Pour immortaliser ses souvenirs, elle a écrit un beau livre, Biskra au gré des souvenirs, illustré de superbes photographies de l’époque. Un livre qu’elle a présenté, vendredi dernier, à Biskra, à l’occasion d’une visite touristique en Algérie qu’elle effectue avec sa fille, elle-même née à Biskra. «Je suis une Biskrie de cœur et de famille puisque ma grand-mère y est née. Je suis la petite-fille de Mme Roigt, qui tenait une librairie tabacs-journaux rue Berthe.

    J’ai voulu écrire ce livre pour mes enfants afin qu’ils connaissent cette ville mythifiée et toutes ses spécificités à travers mes souvenirs et ceux de ma famille. L’Algérie me manque plus en vieillissant que quand j’étais jeune. Je suis stupéfaite et hyper émue par l’accueil chaleureux et la bonté des gens de Biskra», a-t-elle confié.

    A propos des événements de la guerre d’Algérie ayant mené au schisme entre les deux communautés et au départ en masse des pieds-noirs vers l’Hexagone, cette auteure pense que l’OAS a mis la terre à feu et à sang, mais aussi que des atrocités ont été commises des deux côtés. «Ma famille n’a jamais été touchée et notre départ n’était pas un acte militant ou politique», explique-t-elle en prônant l’apaisement des relations entre l’Algérie et la France «unies qu’elles sont par des relations historiques et humaines encore vivaces», pense-t-elle.

    Organisée par le comité des fêtes de la ville de Biskra, sur une proposition de Mohamed Slimani, militant infatigable de l’amitié entre les peuples et le développement d’une culture universelle, cette rencontre littéraire, qui s’est déroulée à la salle des conférences de la maison de la Culture Réda Houhou, s’est transformée en un moment d’émouvantes retrouvailles entre Martine, qui n’a pu retenir ses larmes, et ses anciens élèves, collègues et voisins.

    A noter qu’elle a promis de céder ses droits d’auteure à l’APC de Biskra, laquelle pourra rééditer cette monographie pour une meilleure diffusion en Algérie. En plus du maire actuel de Biskra, Azzedine Slimani, trois autres anciens édiles de la reine des Zibans, Mohamed-Salah Guerfi, Selim Aloui et Louardi Zerari ont honoré le retour de Martine Dubois dans la ville de son enfance en l’accueillant à bras ouverts. 

     

                                                        

     Hafedh Moussaoui

    http://www.elwatan.com/regions/est/biskra/emouvant-retour-au-pays-pour-martine-dubois-25-04-2016-319498_131.php 

     

    Colloque sur l’histoire de Biskra

    Regards occidentaux sur la reine des Zibans

    Emouvant retour au pays   pour Martine Dubois

    Biskra a beaucoup inspiré les peintres orientalistes du temps

     de l’Algérie française

    Marx, Gide, Picasso, Régis, Fromentin, Leeder, Maupassant, Blanc, Daumas, Baffi, Nelson et des dizaines de personnalités de cette époque ont séjourné à Biskra. Dans leurs écrits, poèmes, tableaux et compositions musicales, l’influence de l’ensorcelante Reine des Ziban transparaît indubitablement.

    Dans le cadre d’une série de colloques nationaux consacrés à l’histoire de Biskra qu’elle organise régulièrement, l’association Khaldounia a choisi pour la 13e édition de cette manifestation de s’intéresser à «Biskra à travers le regard des voyageurs occidentaux des XIXe et XXe siècles» Des professeurs, historiens et chercheurs universitaires venus de tout le pays se sont penchés sur ce thème et ont mis en avant l’attrait exercé par cette ville du Sud algérien sur ses visiteurs y «ayant trouvé les caractéristiques d’un paradis terrestre avec ses paysages fascinants et ses palmeraies luxuriantes irriguées au moyen d’un système de seguias savant, son climat doux et tempéré, ses habitants d’une hospitalité et d’un sens de l’honneur innés et les vertus curatives de ses eaux thermales», a-t-on souligné.

    Elle était un centre de tourisme et de loisirs couru par la haute société européenne et américaine, un lieu de ralliement des artistes-peintres, des poètes, des comédiens et des penseurs, intellectuels et mêmes des écorchés de la vie à la recherche d’un havre de paix et de repos, d’inspiration et de ressourcement.

     

     

     

     

     

     


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     La montagne de l'Atakor, où a été effectué l'essai nucléaire français, le 1er mai 1962, dans le Sahara algérien (ici photographiée en 2010). (Photo Zohra Bensemra. Reuters)

     

    Louis BULIDON Ingénieur chimiste et Raymond SENÉ Physicien nucléaire, anciens scientifiques du contingent en Algérie, témoins de l’essai du 1er mai 1962

    Il y a cinquante et trois ans, la France du général de Gaulle a procédé, le 1er mai 1962 en Algérie, au cœur du Sahara dans le massif montagneux du Hoggar, au nord des sommets de l’Atakor, à deux pas de l’ermitage du père de Foucauld, à son second essai nucléaire souterrain. Il avait pour nom de code «Béryl» et pour parrains d’éminents représentants de l’Etat français en la personne de Pierre Messmer, ministre de la Défense, et Gaston Palewski, ministre de la Recherche scientifique. La publicité de ce tir expérimental n’eut pas l’écho retentissant de celui du premier tir aérien de Reganne, deux ans plus tôt, salué par le cocorico enthousiaste du président de la République. A cela au moins une bonne raison, le tir Béryl s’était transformé en catastrophe nucléaire.

    La montagne, sous laquelle avait été placée la bombe dans son labyrinthe de galeries en profondeur, s’était ouverte sous l’effet de l’explosion et un nuage très radioactif s’en était échappé enveloppant sous sa chape de particules irradiantes les centaines de militaires et civils présents sur les lieux face à la montagne tragique du Tan-Affela. Tous sans exception à des degrés divers furent touchés par les fuites de produits radioactifs. Les changements brutaux du régime des vents autour de ce massif montagneux ont fait en sorte qu’aucune direction géographique ne fût épargnée même si dans l’heure qui a suivi le tir, le nuage le plus dangereux a pris la direction plein sud de la base-vie des installations militaires, atteignant ensuite les centres de culture des populations locales jusqu’à Tamanrasset et au-delà. Tout cela sans compter les groupes isolés de Touaregs nomadisant dans ces territoires et à leur tour touchés par les retombées du nuage radioactif. Nous sommes encore quelques-uns, une poignée du contingent dont des scientifiques, à pouvoir témoigner sur l’ampleur de la catastrophe du tir Béryl dont les conséquences tant humaines qu’environnementales ont été ignorées par les responsables de l’Etat français jusqu’à la promulgation de la loi Morin en 2010 mais sans apporter, comme escomptée par les victimes, la réponse qui s’imposait à leurs souffrances.

    La République a un devoir de mémoire et de reconnaissance à l’égard de ces hommes appelés en service commandé ou civils engagés dans l’aventure du nucléaire français qui ont exposé vies et santé en participant à cette campagne d’essais dont le point d’orgue fut la montagne éclatée du tir Béryl. La dimension de ce désastre écologique se mesure au no man’s land que la France a laissé dans son ancienne colonie, l’Algérie, autour de la montagne du Tan-Affela. Nous qui avions à peine plus de 20 ans à cette époque savions avant même d’y être envoyés quelle était la beauté extraordinaire et incomparable de ces horizons sahariens célébrés par l’ermite de l’Assekrem. Mais c’est bien au-delà du Hoggar que le sol algérien a été contaminé par les fuites radioactives de Béryl car nous pouvons témoigner de nos missions à Djanet près de la frontière libyenne, voire pour certains d’entre nous jusqu’au Niger, afin d’en expertiser la radioactivité après Béryl.

    Quel sort a été celui des populations sahariennes ainsi exposées à la radioactivité et qui s’en est soucié en France ? Monsieur le Président, au terme de nos vies, nous voulons dire que notre pays ne peut continuer à se soustraire à son devoir de mémoire et de réparation face aux conséquences de ces campagnes de tirs nucléaires et nous en sommes encore les témoins pour dénoncer sa passivité. L’Histoire, nous en sommes convaincus, rattrapera la France pour ce déni de justice.

    Raymond Sené et Louis Bulidon sont d'anciens scientifiques du contingent en Algérie, témoins de l’essai du 1er mai 1962.

    Louis Bulidon est auteur des «Irradiés de Béryl», éd. Thaddée, 2011.

    Par Louis Bulidon Ingénieur chimiste (1) et Raymond Sené Physicien nucléaire

    BERYL, la catastrophe cachée

      de la bombe A française

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     Il y a quelque chose qui a foiré .....

     "Ce 1er mai-là ne fut pas une fête. Par cette chaude journée de 1962 où de fortes rafales de vent balaient le Hoggar, l’essai nucléaire Béryl vire à la catastrophe. Mené par la France en Algérie, deuxième d’une série de 13 essais souterrains portant de jolis noms de gemmes (Agate [sic], Saphir, Améthyste…), la bombe atomique ébranle si bien la montagne Tan Affela qu’en sort « un nuage très noir […] qui grossit à vue d’œil ». Le nuage radioactif « atteint une hauteur égale à celle de la montagne » Il va irradier ceux venus assister à l’explosion, outre les deux ministres Pierre Messmer (Armées) et Gaston Palewski (Recherche scientifique), qui s’enfuient alors plein sud, vers la base-vie d’In-Amguel, à 45 kilomètres de là. Ce «cataclysme», selon le terme choisi par l’auteur, est « le plus grave accident au cours des 36 années » d’essais nucléaires français. Peut-être jusqu’à 5000 personnes, dont des villageois et nomades du désert, sont alors affectées par des « doses radioactives très handicapantes, voire mortelles ». 

    C’est pour « donner enfin la parole aux militaires du STA Y présents sur le terrain et disposant des équipements […] capables de mesurer l’ampleur des fuites radioactives » que l’ingénieur chimiste Louis Bulidon publie ces lignes. Un demi-siècle après, l’appelé du contingent alors préposé aux mesures de radioactivité dénonce « le silence de l’Etat et de l’armée ». Veut témoigner, car « nous ne sommes que quelques dizaines aujourd’hui » à pouvoir le faire. De ces pages, on ressort effaré. Effaré d’apprendre que dans le périmètre fortement contaminé de la montagne, comme le dénonce le physicien nucléaire Raymond Sené, des équipes ont travaillé « jusqu’au dernier tir du 1er décembre 1965 ». Effaré d’apprendre que récemment, sur le site, des membres de l’Association des vétérans des essais nucléaires ont relevé « avec de simples détecteurs “grand public” un niveau important de radioactivité à certains endroits ».

     

     

     


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  • Télévision  

    Ecran opaque pour révisionnisme éculé

    Les huit soirées de la chaîne Histoire (dirigée par le sinistre Patrick Buisson) sur la Guerre d’Algérie auront grugé et trompé les téléspectateurs ordinaires.

    La volonté était claire : rembobiner le film de l’histoire, 54 ans après l’indépendance, pour véhiculer une nouvelle fois le rejet de l’Algérie algérienne. Mais où sont donc l’antique Algérie, les tribus, la vie d’avant et l’Algérie combattante ? Où sont les Algériens qui se sont soulevés un certain 1er novembre 1954 ? De quelle classe sociale et intellectuelle provenaient-ils ? Comment s’est peu à peu développée, au lendemain de la Première Guerre mondiale, l’idée de nation algérienne ? Quelle organisation politique nationaliste est née, puis s’est transformée au fil des décennies 1920, 1930, 1940 pour aboutir au déclenchement de la Lutte de libération ? La colonisation et la spoliation ne sont-elles pas la source de la soif de chasser l’occupant ?

    Rien de tout cela. Pourtant, le programmateur a été habile. Huit fois trois heures de programme, cela fait 24 heures de télévision. Nous avons tout visionné, avec au bout le sentiment qu’un seul faux héros est volontairement mis en avant, ou plutôt deux : les officiers de l’armée française, d’abord, qui se sont levés contre le gouvernement français coupable de brader l’Algérie française, et ensuite l’OAS, son émanation directe. Et une seule victime : la communauté européenne avec ses harkis dont on feint de pleurer le sort.

    Tout ce qui est dit dans les films, même ce qui va à leur encontre et les critique, comme la torture et les bavures, les place comme des combattants dont le seul objectif était de conserver l’Algérie à la France. Et les paras après leur dernier putsch chantent Non je ne regrette rien en rentrant dans leur casernement de Zéralda, sur un bout de film d’actualité d’époque…

    Face à l’absence palpable d’une Algérie de chair et de sang, préexistante à la colonisation, l’idée générale des documentaires et films proposés du samedi 9 au vendredi 15 avril apparaît peu à peu limpide dans ce détournement de la vérité historique. Ainsi, l’épisode de la prétendue fraternisation de mai 1958, la séquence des barricades, la fusillade de la rue d’Isly, les témoignages des harkis, les souvenirs émus des Français d’Algérie… la liste est longue.

    De plus, la chaîne Histoire a donné la parole à l’OAS avec L’OAS raconte l’OAS (2011) dans lequel les criminels se glorifient de leurs crimes et attentats, notamment en 1962 pour entraver le processus de sortie de la guerre après le 19 mars 1962. De même pour l’armée et notamment dans le documentaire Dans les pas de Bigeard où les paras sont quasiment déifiés.

    Ces huit soirées (du jamais-vu en France) n’ont fait qu’éveiller des vieux démons.

    Outre le peuple algérien, un autre intervenant historique majeur est descendu de son piédestal, le général de Gaulle qui a amené à leur terme les négociations de paix, heurtant des Français d’Algérie qui étaient là de toute éternité…

    Aucun documentaire ou film qui replace la lutte algérienne dans sa réalité émancipatrice — et il y en a —  n’a été choisi dans ces huit soirées, hormis le beau De l’Algérie coloniale à l’Algérie algérienne signé de Marie Colonna et Malek Bensmaïl (2011) et d’une certaine manière le documentaire La guerre d’Algérie (1984) de l’Anglais Peter Batty, diffusé en cinq épisodes. Et bien sûr La bataille d’Alger de Pontecorvo.

    Qu’auront retenu les téléspectateurs de cette propagande ? Pour notre part, c’est d’abord un dégoût progressif. Un dégoût redoublé par le fait qu’à part quelques modules, la majorité de la programmation n’était pas inédite. C’est dire ce que l’opinion publique a gobé cette vision durant cinq décennies, entretenant une désinformation continue, ce que la chaîne Histoire a regroupé en un best-off du pire.

    Walid Mebarek

    SOURCE : http://www.elwatan.com/hebdo/france/ecran-opaque-pour-revisionnisme-ecule-19-04-2016-319083_155.php

     

     

    France/Algérie : 19 Mars 1962, que reste-t-il des Accords d’Evian ?

    Patrick Buisson avait convaincu

     Nicolas Sarkozy 

    de dénoncer les accords d'Evian

     avec l'Algérie 

     

    PRESIDENTIELLE 2012 - Le titre a décidément été bien trouvé. Dans "Le Mauvais Génie" (Fayard), livre consacré à Patrick Buisson, les journalistes du Monde Ariane Chemin et Vanessa Schneider dévoilent une anecdote qui en dit long sur l'influence qu'a exercée le conseiller préféré de Nicolas Sarkozy avant les révélations scandaleuses sur ses enregistrements clandestins. 

    A en croire les auteurs, Patrick Buisson avait convaincu l'ancien président de la République, en pleine campagne présidentielle de 2012, de dénoncer les accords d'Evian, qui mirent fin à la guerre d'Algérie. 

    "Je ne l'ai pas senti"  

    "Qui peut imaginer que, en 2012, Nicolas Sarkozy a failli proposer de dénoncer les accords d'Evian qui ont mis fin à la guerre d'Algérie?" "C'est l'idée qui a germé à quelques semaines du premier tour, dans le cerveau du conseiller", écrivent les deux journalistes. 

     Réputé pour ses positions ultra-droitières, l'ancien journaliste de Minute et de Valeurs Actuelles, ex-conseiller de Philippe de Villiers, aurait ainsi suggéré et même convaincu Nicolas Sarkozy de revenir sur le titre de séjour spécifique que peuvent obtenir les Algériens depuis ces fameux accords. 

    "Un temps déconcerté, le candidat finit par se laisser convaincre" et indique qu'il en parlera sur France2 le 26 avril 2012, poursuivent les deux auteurs. Finalement, Nicolas Sarkozy n'annonce rien. "Je ne l'ai pas senti", dit-il à son équipe en sortant… etc. 


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  • Aujourd’hui nous sommes le 21 avril 2016… On ne parle pas tous du même 21 avril : j’ai choisi, pour ma part, de vous parler du 21 avril 1961, le putsch des généraux

    Aujourd’hui nous sommes le 21 avril 2016… On ne parle pas tous du même 21 avril : j’ai choisi, pour ma part, de vous parler du 21 avril 1961, le putsch des généraux,  parce que c’est celui qui correspond le mieux à la ligne éditoriale de mon blog d’où l’article mis en ligne ce matin.

    Aujourd’hui nous sommes le 21 avril 2016… On ne parle pas tous du même 21 avril : j’ai choisi, pour ma part, de vous parler du 21 avril 1961, le putsch des généraux

    Mais avant de m’occuper de mon blog, en ouvrant la radio sur France Info, une nouvelle me fit sursauter : 500 migrants morts en Méditerranée. Pas très loin. Juste de l’autre côté du sommeil et de la couette. C’est ma première info dans l’oreille. 500 regards. 500 peurs. 500 cris. 500 silences. 500 petits Alan, pères, mères. Pendant que je dormais. Les traces de ma nuit sur mon oreiller. A quelques centimètres du radio-réveil, premier lien au monde. Ce monde où la mer continue d’avaler des fuyards des guerres... Qui est responsable ? Moi ? Vous ? Ceux qu’on nomme grands ? Les réponses ne ressusciteront pas les noyés. L’odeur du café, flottant dans l’air, m’éloigne du naufrage. Peu à peu, après ma tartine et  ma douche, les 500 morts seront noyés sous le linceul des nouvelles infos égrénées…

    Aujourd’hui nous sommes le 21 avril 2016… On ne parle pas tous du même 21 avril : j’ai choisi, pour ma part, de vous parler du 21 avril 1961, le putsch des généraux

    Et puis, en ouvrant Internet sur Facebook : un député de Saône-et-Loire parle d’un autre 21 avril : Le 21 avril 1944, les femmes obtiennent le droit de vote, elles sont électrices et éligibles.

     

    Alors en conclusion je terminerai en vous parlant du 21 avril 2002, voici donc un article lu sur Médiapart :

    Aujourd’hui nous sommes le 21 avril 2016… On ne parle pas tous du même 21 avril : j’ai choisi, pour ma part, de vous parler du 21 avril 1961, le putsch des généraux

    #21Avril, le mot clef de la politique couchée

    Je n'en peux plus d'entendre cette référence de calendrier érigée au même rang qu'un 11 septembre. Je n'en peux plus que ce chiffon rouge soit le seul argument pour continuer à faire comme avant, et non un encouragement à renverser la table. Je n'en peux plus que le mot #21avril veuille dire « soit gentil d'arrêter de rêver ».

    Qu'on se mobilise pour rendre le monde meilleur et plus doux, réduire les inégalités, changer le système, éviter le mur, ça oui, mille fois oui. Mais qui peut croire «qu'éviter un nouveau 21 avril» puisse être un objectif qui mobilise quand il tourne en boucle dans la bouche de celles et ceux qui alimentent la désespérance ou la commentent ?
    Ce qui s'est passé le 21 avril 2002 était une surprise et une première fois. Mais depuis des années les sondages indiquent que le second tour de 2017 sera probablement FN-UMP/LR, tout le monde s'y est habitué. L'effet 21 avril ce n'est pas juste le FN au second tour, c'est l'élimination surprise de la gauche. Or cela ne surprend plus personne. D'ailleurs, dans un nombre très significatif de cantons et plusieurs régions, la gauche n'était pas présente au second tour. C'est finalement une chose vécue plusieurs fois par #LesGens. S'émouvoir du « 21 avril » c'est d'une certaine manière Paris qui découvre qu'il y a l'eau courante en province, car ce n'est pas neutre compte tenu du centralisme français, les parisiens n'ont pas de cantonales, un FN plus faible qu'ailleurs, et une gauche qui résiste encore.
    D'ailleurs, qui emploie cette expression  « 21 avril » ? Avez-vous déjà entendu des gens "normaux" parler de « 21 avril » ? Jamais pour ma part. C'est une expression type de journalistes et de politiciens ou militants politiques aguerris. Prononcer  « 21 avril » c'est utiliser un langage de caste pour parler à la caste... que "les gens" détestent le plus. C'est donc une formule marquée par le système, comment mobiliser avec un tel étendard ?
    Car la référence « 21 avril » ne parle de toutes les manières uniquement qu'aux gens qui votent, à ceux qui votent à gauche et pensent que n'importe qui à gauche est mieux que n'importe qui à droite. Finalement ce n'est plus grand monde. L'expression « 21 avril » n'est donc en aucun cas un épouvantail qui parle à ceux que l'on voudrait toucher pour changer le rapport de force et mettre de nouveau la France en mouvement. Elle n'est pas du tout non plus un signe de rejet de la dichotomie droite-gauche à laquelle plus grand monde n'attache d'importance tant ces mots sont galvaudés. Dire que l'on fait quelque chose « pour éviter un 21 avril » c'est finalement intégrer qu'on abandonne l'idée de faire rêver et qu'on se résout à gérer le déclin politique. C'est dépressif, un pur langage d'insiders qui tournent le dos à ceux qui déjà ne veulent plus participer à ce jeu là, ne s'en portent pas plus mal, le revendiquent et font autre chose, ou pas, pour essayer de changer la vie. Voilà pourquoi #21Avril est un peu le mot clef de la politique couchée.
    L'épouvantail FN comme argument politique est un échec. Lorsque l'eau franchira la digue, elle monte à chaque marée, elle sera une vague submersive. Mettre en avant le «danger d'un 21 avril» c'est finalement renforcer cet argument, le seul du PS canal officiel. C'est aussi renoncer à parler aux électeurs du FN alors qu'ils serait possible de les faire bouger avec un projet qui fasse rêver.
    C'est pour changer la France en mieux qu'il faut mobiliser notre pays. Pour porter un projet qui rend heureux et fier. Parce que l'on croit que c'est possible de fédérer les énergies les idées et la créativité de cette France qui ne se résigne pas à simplement gérer la crise et avoir peur. Parce que l'on pense qu'il faut dépasser les divisions qui existent et qui sont entretenues par des appareils qui défendent leur part de marché. Parce qu'il faut libérer les françaises et les français de cette logique institutionnelle qui empêche de faire ensemble. Parce qu'on aime la France et celles et ceux qui y vivent, qu'on pense qu'ils méritent mieux que le projet nationalo-régressiste du FN, nationalo-libéral de l'UMP ou libéralo-social de ceux qui nous gouvernent aujourd'hui. Parce que l'on mesure l'aspiration à vivre mieux, la force des idées pour que ce soit possible, mais aussi parce qu'on ne peut pas baisser les bras devant la morgue résignation qu'illustre parfaitement la photo catastrophique de La Belle Alliance Populaire.
    C'est pour tout cela qu'il faut renverser la table, faire péter les partis, faire de la politique debout, pas pour « éviter un nouveau 21 avril ».

    Alexis Braud

     


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    Comme l’aurait déclaré de Gaulle

     « cinq cent mille gaillards munis

    de transistors » du contingent ont entendu cet appel

    à la désobéissance légitime

    Le plan initial comportait des coups de force simultanés à Alger et à Paris. Mais le général Challe ordonne au général Faure de ne rien entreprendre à Paris sans son ordre. A Alger, Challe, Zeller et Jouhaud, rejoints par Salan le 23, proclament un "Conseil supérieur de l'Algérie" pour tenir leur serment de garder l'Algérie française. Cette tentative de putsch échoue en quatre jours. A Paris, l'arrestation du général Faure décapite le complot dès le matin du 22 avril.

    De Gaulle attend le soir du 23 pour improviser une allocution qui rappelle en termes énergiques les soldats du contingent à leur devoir d'obéissance. Peu après, le Premier ministre Michel Debré dramatise la situation en appelant les Parisiens à se rendre vers les aéroports, "à pied ou en voiture", pour empêcher le débarquement des parachutistes. Le 25, Challe se rend. Il sera condamné par le Haut Tribunal militaire à quinze ans de détention, comme le général Zeller qui se rendra plus tard. Salan et Jouhaud rejoignent l'OAS dans la clandestinité.

    Il y a 54 ans, dans la nuit du 21 au 22 avril 1961, le 1er REP s'empare d'Alger, arrête le général en chef Gambiez et le délégué général Morin

     

    Le putsch des généraux

     un échec cuisant

    Toujours dans ce même contexte il y a lieu de revenir au putsch des généraux, d’avril 1961 et qui a été à l’origine de l’escalade des violences et des tueries commises par les extrémistes de l'Algérie française, et la naissance de l’OAS à Madrid quelques mois plus tôt.

    Il y a 54 ans, dans la nuit du 21 au 22 avril 1961, le 1er REP s'empare d'Alger, arrête le général en chef Gambiez et le délégué général Morin

     

    Il était clair que ces extrémistes ne pouvaient se laisser faire, après 132 ans de colonisation et il était inacceptable de quitter l’Algérie, en voie de désespoir, cette Organisation recrutera des Français d’Algérie et d’anciens officiers d’Indochine pour s’opposer par les armes aux négociations et à la signature du cessez le feu et qui sera suivi par les accords d’Evian, du 19 mars 1962. Dans ses calculs de coups d’état, le général Salan avait misé,  sur les partisans de l’extrême droite Française, qui était contre l’indépendance de l’Algérie et surtout croyait au  soulèvement des français d’Algérie et de la métropole, mais la réaction de certains hommes politiques ne se fit pas attendre, tels que les communistes, qui bien au contraire seront contre puisque  le coup de force tenter par les putschistes sera dénoncé par certaines personnalités politiques. Aussi le putsch organisé par Challe, Jouhaud, Salan et Zeller pour prendre le pouvoir à Alger, et s’opposer à la politique algérienne du général de Gaulle, était le seul moyen de diviser les français et la classe politique française en fin de provoquer le FLN et le pousser dans ses retranchements, mais le plan des trois généraux à la tête de ce complot ne pouvait réussir du fait que le gouvernement français s’était engagé et ne pouvait plus faire machine arrière. C’est ainsi pour rappel, que dans la nuit du vendredi 21 avril 1961, le 1er Régiment étranger de parachutistes,  sous les ordres d’Hélie Denoix de Saint-Marc s’emparera, à Alger, du gouvernement général, de l’hôtel de ville, de l’aéroport, aussi a-t-il suffit de trois jours pour que la ville tombe  aux mains des putschistes.

     

    Chronologie des événements

     

    Le samedi 22 avril, les Algérois sont réveillés, à 7 heures, par un message lu à la radio : "L’armée a pris le contrôle de l’Algérie et du Sahara..." Les trois généraux rebelles, Maurice Challe  Edmond Jouhaud, et André Zeller, en accord avec les colonels Godart, Argoud et Lacheroy, font arrêter le délégué général du gouvernement, Jean Morin, le ministre des transports, Robert Buron, qui se trouvait en voyage, et un certain nombre d’autorités civiles et militaires. Entre temps Paris, la police arrête dans la matinée le général Jacques Faure, six autres officiers et quelques civils impliqués dans le "Complot de Paris" censé relayer en métropole le putsch. Le général Faure et une  partie des cadres de l'armée se sentirent trahis par le général de Gaulle, et voulurent s'opposer ainsi aux projets d'indépendance de l'Algérie.
    Le pouvoir gaulliste était bien informé depuis plusieurs mois par la police judiciaire d'Alger et les services de renseignements des intentions de certains militaires, car le 25 janvier 1960, pendant la semaine des barricades, le colonel Antoine Argoud s'était même entretenu avec Michel Debré pour demander un changement de politique, faute de quoi « une junte de colonels » renverserait le gouvernement pour maintenir l'Algérie comme territoire français et la possibilité de coup d'État était alors à prévoir. Dimanche 23 avril, le général Salan arrive d’Espagne. Mardi 25 avril, les généraux putschistes se font acclamer une dernière fois. Mercredi 26 Avril : c’est l’échec du putsch. L’armée n’avait pas "basculé" et ne basculera pas. Les insurgés se retirent avec le 1°REP à Zéralda à 30 km d’Alger. Hélie Denoix de Saint Marc se constitue prisonnier. Mercredi 26 avril. Progressivement, les troupes ayant suivi les généraux se rendent. Les insurgés se retirent avec les parachutistes à Zeralda à 30 km d’Alger.  Le général Challe se rend aussi aux autorités il est aussitôt transféré en métropole.
    Le putsch avait  échoué,  220 officiers sont relevés de leur commandement, 114 sont traduits en justice et le groupement des commandos de l'air ainsi que les trois régiments ayant pris part au putsch sont dissous par ordre du chef de l'État; il s'agit du 1er régiment étranger de parachutistes, du 14e régiment de chasseurs parachutistes et du 18e régiment de chasseurs parachutistes. Cet échec du putsch est le dernier sursaut officiel de l'organisation clandestine française politico-militaire.



    Un échec sans appel

     

    Frustré, par cet échec sans appel, l’OAS à la solde du criminel Salan qui voulait faire pression sur Paris pour torpiller les accords du cessez le feu, ne réussira qu’à avoir contre lui l’opinion publique française. C’est à partir de là que les membres de l’OAS mettront à l’œuvre leur plan diabolique d’où la propagande d’émissions pirates à partir de la « Radio France-Algérie française » pour persuader les  français d’Algérie à marcher avec eux  et organiser des journées dites des « casseroles », au cours desquelles les français d’Alger, Oran, Annaba, Constantine, Sid Bel Abbes, Mostaganem, Blida et des autres  villes et villages du pays,  entendaient scander  « Algérie française ! »  Leurs cris de désespoir en fait ne seront pas entendus dans cet ultime recours de manifestations, du fait qu’à quelques semaines de l’indépendance, la violence aveugle, les assassinats, les plastiquages et tueries prendront le dessus, sur la raison. Des opérations meurtrières seront montées contre les partisans européens de l’Algérie algérienne. Règlements de comptes internes à l’OAS. La situation en Algérie, était explosive l’OAS tuait sans distinction Le 24 mars 1962, le général Edmond Jouhaud sera  arrêté par pur hasard à Oran et le 7 avril,  ce sera au tour du  lieutenant Roger Degueldre par  la police. Le chef des commandos de l’OAS sera condamné à mort et exécuté, le 20 avril, quant au chef suprême de l’Organisation, le général Raoul Salan cinq étoiles, dix rangs de décorations, se cachera dans une maison à Alger,  sous l’identité de Louis Carrière, administrateur de société. Pendant ce temps,  au sommet de l’OAS Jean-Jacques Susini, 29 ans, avait échafaudé, via Abderrahmane Farès, le président de l’exécutif provisoire, un accord mort-né FLN-OAS, destiné à arracher aux vainqueurs des garanties pour les Européens censés rester en Algérie. Jean-Jacques Perez, le chef, sur le papier, de Degueldre  prônera la politique de la terre brûlée (il se défend aujourd’hui d’avoir donné l’ordre de mettre le feu à la bibliothèque d’Alger, où plus de 60 000 volumes sont partis en fumée.  L’OAS, se trouvera le  dos au mur. Pour se « refaire », l’Organisation, que plus personne ne contrôlait après l’arrestation de ses chefs, voulait créer à Bab el-Oued, une zone libérée pour les partisans de l’Algérie française, mais les forces de l’ordre riposteront en bouclant le quartier. Pour rompre l’encerclement, la foule pied-noir sera lancée contre un barrage de la rue d’Isly, où éclatera une fusillade qui fera  66 morts.

     

    POUR L'EXTREME DROITE

     ET D'AUTRES LA GUERRE D'ALGERIE

    N'EST PAS FINIE…

    En 2014, à Béziers, un participant au putsch des généraux a  eu sa rue à la place d’une rue du 19-Mars-1962 *** Voilà ce qu’est capable de faire l’extrême droite…

    Robert Ménard a débaptisé une rue commémorant la fin de la guerre d'Algérie. Et la renommer rue du «Commandant Hélie Denoix de Saint-Marc, héros français».

    Robert Ménard, maire de Béziers soutenu par le FN, a rebaptisé la rue du «19 mars 1962», date des accords d’Evian marquant la fin de la guerre d’Algérie, en rue du «Commandant Hélie Denoix de Saint-Marc, héros français», un militaire ayant participé au putsch des généraux. 

    Le changement de nom de cette rue proche du quartier de la Devèze, celui où Robert Ménard, né à Oran, s’était installé avec ses parents à son arrivée à Béziers, avait été présenté lors conseil municipal, le 11 décembre 2013. Né à Bordeaux en 1922 et mort à La Garde Adhémar (Drôme) en 2013, le commandant Hélie Denoix de Saint-Marc avait été résistant et déporté à Buchenwald. 

    En avril 1961, il avait fait le choix de l’Algérie française et avait participé au putsch des généraux à la tête du 1er REP (Régiment étranger de parachutiste). L’opération échouera et il se constituera prisonnier. Il sera condamné à dix ans de réclusion et effectuera cinq ans de prison avant d’être gracié par le général De Gaulle. 

    Réhabilité en 1978, il publie en 1995 une autobiographie Les champs de braises, mémoires et devient un personnage public à travers des conférences. Il avait été élevé en novembre 2011 au rang de Grand Croix de la Légion d’honneur par Nicolas Sarkozy.

     Il y a 55 ans, dans la nuit du 21 au 22 avril 1961, le 1er REP s'empare d'Alger, arrête le général en chef Gambiez et le délégué général Morin

    Hélie Denoix de Saint-Marc est-il

     un « héros français » ?

    Robert Ménard, maire de Béziers soutenu par le Front national, a donc changé le nom de la « Rue du 19 mars 1962 » en « Rue du Commandant Denoix de Saint-Marc. Héros français ». Son rôle dans la justification de la torture pratiquée en 1957 lors de la Bataille d’Alger puis dans le putsch d’avril 1961 contre la République n’autorise en aucun cas ce terme. 

     

     

     


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  • L’Autre 8 Mai 1945 : APPEL A RASSEMBLEMENT

    L’Autre 8 Mai 1945

    APPEL A RASSEMBLEMENT

     

    Il est impossible de célébrer l’anniversaire de la victoire contre le fascisme sans vouloir arracher à l’oubli ce qui s’est passé en Algérie ce même 8 mai et les jours suivants.

    Des manifestations pacifiques à Sétif, Guelma, Kheratta et la région ont été réprimées dans le sang ; des dizaines de milliers de civils Algériens ont été massacrés par la police, la gendarmerie, les milices armées par les autorités locales, l’Armée Française, agissant sur ordre de l’exécutif. C’est au cours de cette répression massive que l’on a déploré à Sétif et aux alentours une centaine de victimes Européennes.

    Amputer notre histoire commune par l’occultation de ce crime d’Etat ne permet pas à la France d’en finir avec la page coloniale de son histoire. Si, le 19 mars, le président de la République a reconnu que le système colonial en Algérie était « injuste » et « niait les aspirations des peuples à décider d’eux-mêmes », il faut qu’il aille plus loin en disant la vérité sur les massacres du 8 mai 1945.Le geste symbolique fait à Sétif en 2015 par le secrétaire d’Etat chargé des Anciens combattants et de la mémoire, J-M. TODESCHINI, demeure très en-deçà de cette demande.

    En 2015, le conseil municipal de Paris a demandé à l’unanimité au chef de l’Etat de reconnaître ces massacres comme crimes d’Etat. Des vœux dans ce sens ont été adoptés par les villes de Rennes, de Nanterre, de Bobigny et d’Ivry-sur-Seine.

    Le 14 avril 2015, un Collectif Unitaire pour la reconnaissance des crimes d’Etat de 1945 en Algérie (Sétif, Guelma, Kherrata) s’est constitué. Outre cette reconnaissance, il demande : l’ouverture de toutes les archives, l’inscription dans la mémoire nationale de ces événements par le biais de gestes forts des plus hautes autorités de l’Etat et un soutien à la diffusion des documentaires relatifs aux événements dans l’Education Nationale comme dans les médias publics.

    Nous appelons à un RASSEMBLEMENT UNITAIRE le 8 mai 2016 à 16h00 sur le parvis de l’Hôtel de Ville de Paris.

    L’Autre 8 Mai 1945 : APPEL A RASSEMBLEMENT

     

    C'était le 8 mai 2015

    rappelons-nous

     


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    "Les enfants, c’est le pire, dans cette histoire. Ce sont les images d’enfants qui vous restent à jamais gravés dans la tête une fois que vous êtes rentré chez vous, surtout si vous avez des enfants vous-même. Leurs visages reviennent vous hanter, encore et encore. Bien sûr ils ne vont pas à l’école. Et vous savez ce qui se passe quand un enfant ne va pas à l’école ? Son comportement change. Son cerveau change.

    Les enfants, ici, passent leurs journées à jouer dans la boue, ou sur la voie ferrée. Ils viennent vers vous, vous poussent, vous crient dessus. Eux aussi deviennent fous. Mon amie kurde de Syrie a un garçon de huit ans et une fille de quatorze ans. Cela fait trois ans qu’ils n’ont pas mis les pieds à l’école, à cause de la guerre. Elle est vraiment inquiète pour eux. Ils n’apprennent rien. Que vont-ils devenir ?"

     

     

    Perdre la raison face aux barbelés

     

    IDOMENI (Grèce), 18 avril 2016 – Une des choses qui me frappe le plus chez tous ces réfugiés bloqués depuis des mois à la frontière gréco-macédonienne c’est de les voir, lentement, perdre la raison.

    Voilà des années que je couvre cette crise de réfugiés. Je suis allé dans un grand nombre d’endroits et à chaque fois la situation est différente. J’ai vu des Syriens franchir en masse la clôture barbelée à la frontière turque pour échapper aux combats qui faisaient rage chez eux, à quelques centaines de mètres. J’en ai vu d’autres débarquer sur les côtes de Lesbos après une dangereuse traversée depuis la Turquie. Et maintenant me voici un peu plus loin sur la route des Balkans, à Idomeni. Ce village grec à la frontière macédonienne est devenu un cul-de-sac depuis que plusieurs pays européens ont fermé leurs frontières, en espérant mettre un terme à l’afflux de migrants. Environ onze mille personnes s’entassent ici.

    Le camp d'Idomeni, le 1er avril 2016Le camp d'Idomeni, le 1er avril 2016 (AFP / Bulent Kilic)

    Ce qu’il y a de particulier ici, c’est le désespoir extrême, absolu. Ces gens ont quitté des pays dévastés par la guerre. Ils ont accompli un dangereux voyage, souvent avec leurs enfants sur les épaules. Et les voici maintenant bloqués dans une mare de boue face aux portes fermées de l’Europe, obligés de vivre dans des conditions aussi déplorables que chez eux, sans avoir la moindre idée de ce qui va leur arriver ensuite. Certains végètent ici depuis deux ou trois mois. Ils n’ont rien d’autre à faire qu’attendre, dans l’incertitude totale. Pourront-ils rejoindre l’Europe de l’Ouest comme l’ont fait des centaines de milliers de réfugiés avant eux ? Seront-ils reconduits de force en Turquie ? Devront-ils, au final, rentrer chez eux ?

    "Vous aussi vous deviendriez fou à leur place"

    Alors ils perdent la raison. Ce n’est pas étonnant. Vous aussi vous deviendriez fou à leur place. Jour après jour, leur comportement change. Et même moi qui ai couvert d’innombrables situations de ce genre, qui suis ici pour faire mon travail, qui sais qu’au bout de deux semaines je retrouverai ma maison et ma famille, je me sens de plus en plus déprimé, de plus en plus agressif au fur et à mesure que le temps passe. Je ne fais pas que sentir l’ambiance. Je la sens qui pèse sur moi, de tout son poids.

    greece-macedonia-refugees-001.jpgAutour d'un feu dans le camp de réfugiés d'Idomeni (AFP / Bulent Kilic)

    Et il y a les conditions matérielles dans lesquelles tous ces gens vivent. Une horreur. Je n’ai pas de mots pour les décrire. A Idomeni, on trouve exactement la même chose que dans les camps de personnes déplacées en Syrie, un pays en guerre depuis cinq ans…

    Vivre et manger au milieu des excréments

    La première chose qui vous frappe ici, c’est l’odeur. Des effluves de toilettes mêlées à de puissantes odeurs corporelles. Les gens vivent, dorment et mangent près des toilettes, au milieu de leurs excréments. Que pourrais-je dire de plus ? Il n’y a pas assez de douches, pas assez d’endroits pour se laver les mains, pas assez d’eau. Les conditions d’hygiène sont tout simplement effroyables. La pestilence est omniprésente. Des enfants tombent malades. J’ai déjà vu des choses pareilles dans des zones de guerre. Mais ici nous sommes en Grèce, un pays en paix dans l’Union européenne, et des gens y vivent exactement comme s’ils étaient restés au cœur de la Syrie ! Cet endroit, c’est vraiment la honte de l’Europe.

    greece-macedonia-refugees-009.jpgDistribution de nourriture (AFP / Bulent Kilic)

    Et puis que dire de la vie quotidienne ? Peut-on vraiment appeler ça une vie quotidienne ? Les habitants du camp passent leur temps à faire la queue pour recevoir de quoi manger auprès des organisations non gouvernementales. Il n’y a rien à faire ici, à part satisfaire ses besoins primaires et attendre. Pouvez-vous imaginer ça ? Passer ses journées à voir vos rêves et vos espoirs mourir à petit feu, le tout sans savoir de quoi votre avenir sera fait ?

    "Ils ne vont pas rentrer chez eux car chez eux, il n'y a plus rien"

    Les réfugiés ne vont pas rentrer chez eux. Premièrement parce chez eux, il n’y a plus rien. Et deuxièmement, parce qu’ils n’ont pas dépensé toutes leurs économies et pris des risques insensés pour se laisser bloquer aux portes de la Macédoine par quelques rangées de barbelés. Cette idée leur est insupportable.

    greece-macedonia-refugees-003.jpg (AFP / Bulent Kilic)

    C’est parfois difficile d’être un journaliste ici, parce que les gens ont tendance à vous prendre pour une sorte de sauveur. Tous les jours, des gens me posent des questions du genre : « quand est-ce qu’ils vont ouvrir la barrière ? » ou encore : « que va-t-il nous arriver ? » Et moi je n’en ai pas la moindre idée.

    Se battre pour manger

    A Idomeni, je suis devenu ami avec une Kurde de Syrie, dont le mari est parti le premier pour l’Allemagne il y a six mois. Elle essaye de le rejoindre avec leurs deux enfants. Et cela fait deux mois qu’elle est bloquée à la frontière. Tous les jours elle fait la queue pour recevoir de la nourriture. Les gens deviennent fous. Ils se bousculent, se battent pour être servis les premiers. « De ma vie je n’ai jamais frappé personne », me dit-elle. « Comment pourrais-je le faire maintenant, pour de la nourriture ? Même ici, je ne peux pas, c’est impossible ». Alors il y a des jours où elle et ses enfants ne mangent rien.

    greece-macedonia-refugees-021.jpgUn jour de pluie dans le camp de fortune (AFP / Bulent Kilic)

    Les enfants, c’est le pire, dans cette histoire. Ce sont les images d’enfants qui vous restent à jamais gravés dans la tête une fois que vous êtes rentré chez vous, surtout si vous avez des enfants vous-même. Leurs visages reviennent vous hanter, encore et encore. Bien sûr ils ne vont pas à l’école. Et vous savez ce qui se passe quand un enfant ne va pas à l’école ? Son comportement change. Son cerveau change.

    Trois ans sans aller à l'école

    Les enfants, ici, passent leurs journées à jouer dans la boue, ou sur la voie ferrée. Ils viennent vers vous, vous poussent, vous crient dessus. Eux aussi deviennent fous. Mon amie kurde de Syrie a un garçon de huit ans et une fille de quatorze ans. Cela fait trois ans qu’ils n’ont pas mis les pieds à l’école, à cause de la guerre. Elle est vraiment inquiète pour eux. Ils n’apprennent rien. Que vont-ils devenir ?

    greece-macedonia-refugees-018.jpg (AFP / Bulent Kilic)

    Et pour couronner le tout il y a eu ces incidents il y a quelques jours. Un groupe d’individus a essayé d’entrer en Macédoine par la force, et les soldats les ont repoussés avec des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc. Plusieurs dizaines de personnes ont été blessées, elles ont été soignées par les ONG.

    Pouvez-vous imaginer ? Vous avez vécu l’enfer de la guerre, vous avez fui pour vous retrouver dans un autre enfer, vous n’avez aucune idée de ce qui va vous arriver et des soldats vous aspergent de gaz lacrymogènes. C’est juste complètement fou. Dans ces circonstances, qui ne perdrait pas la raison ?

    Gaz lacrymogènes à Idomeni (diaporama) :

    Cliquez sur les photos pour les voir en grand

    (Cet article a été écrit avec Yana Dlugy à Paris et traduit de l'anglais par Roland de Courson)


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  • Message des déportés 2015 Dimanche 26 avril 2015

    Message des déportés

    pour la Journée nationale du souvenir

     de la Déportation

    Dimanche 24 avril 2016

    En cette journée dédiée au souvenir de la libération des camps nazis de concentration et d’extermination, nos pensées vont d’abord vers les souffrances de celles et ceux qui y sont morts.

    Nous voulons aussi rendre hommage aux déportés qui, grâce à la solidarité face à la tyrannie, ont survécu malgré l’horreur de leur situation.

    Sans équivalent dans l’Histoire, ces camps de la mort avaient pour principe la supériorité de la « race aryenne » et pour conséquence l’élimination de leurs opposants et l’éradication par des méthodes de mort industrielle de plusieurs millions de femmes, d’hommes et d’enfants.

    En 1946, le procès de Nuremberg, fondé en partie sur le témoignage des déportés a permis d’élaborer la notion juridique de crime contre l’humanité, suivie en 1948 de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme adoptée par les Nations Unies.

    Les déportés pouvaient donc penser que les tragédies qu’ils avaient vécues ne se reproduiraient pas.

    En ces temps d’inquiétude et de menace pour l’avenir de l’humanité, il convient de dénoncer toutes les doctrines de haine, de racisme et toutes les violations des libertés fondamentales dont tout être humain doit pouvoir se prévaloir.

    Notre hommage d’aujourd’hui n’aurait pas de sens si nous ne prenions pas l’engagement de poursuivre la lutte pour la liberté et la solidarité entre les peuples, conquêtes fragiles qu’il faut défendre sans faiblesse.

    C’est l’éducation aux valeurs civilisatrices de paix et d’humanité, l’enseignement de la morale de l’engagement et du devoir civique à l’école qui constituent les plus belles promesses de liberté, d’égalité et de fraternité en France et dans le monde.

    Ce message a été rédigé conjointement par : 

    La Fédération Nationale des Déportés et Internés de la Résistance (FNDIR)
    La Fédération Nationale des Déportés et Internés, Résistants et Patriotes (FNDIRP)
    La Fondation pour la Mémoire de la Déportation (FMD)
    L’Union Nationale des Associations des Déportés, Internés et Familles de disparus (UNADIF)

    Message des déportés 2016 Dimanche 24 avril 2016

     

    Message des déportés 2015 Dimanche 26 avril 2015

     

    À propos des jours comme ça où on a envie de pleurer...

    Message des déportés 2016 Dimanche 24 avril 2016

    Le Mémorial aux victimes du 13 novembre 2015 à Paris 

    Rappelons-nous l'année 2015, en ces jours de tristesse profonde face à la haine qui s’exprime avec une extrême barbarie, on se rend compte que les crimes hitlériens d’hier - l’écrasement définitif du nazisme et de ses alliés, n’est pas réalisé -, que des actes terroristes télécommandés,- comme l’exaltation des criminels des victimes de Charlie Hebdo et du magasin Kascher début janvier,  puis le 13 novembre 2015 resteront à jamais ancrés dans les mémoires de chacun. C'est ce soir-là que 130 personnes perdirent la vie dans les multiples attaques perpétrées aux quatre coins de Paris. - depuis un certain califat, mobilise la violence, car la France a été touchée par le terrorisme,  la terreur et la faiblesse des esprits, pour faire vivre une forme de fanatisme religieux,  utilisé à renverser nos valeurs et nos démocraties, une provocation qui veut tenter de faire exploser la France républicaine libre. 

    Inédits ces événements soulignent qu’il est urgent de démêler l’écheveau des conflits régionaux qui ont mis fin aux « printemps arabes » et enflamment désormais une partie importante de l’Afrique. La mobilisation contre la violence ne pourra être féconde si on ignore le terreau, social avant tout, qui la nourrit. Attisée par les interventions étrangères au Proche-Orient, la radicalisation des jeunes djihadistes s’effectue aussi dans une Europe qui s’éloigne de l’esprit des Lumières en laissant prospérer les préjugés et les discriminations, en premier lieu contre les plus démunis. 

    « Le racisme, l’antisémitisme, la haine des musulmans, des étrangers, l’homophobie augmentent de manière insupportable dans notre pays »  

    C’est donc dans un état d’esprit de mobilisation, de lutte au service de l’histoire et de l’espoir, que 2016 revêt pour nous, citoyens républicains, une importance essentielle, non seulement avec l’indignation de la situation, mais par la nécessité de l’action de continuer inlassablement notre militantisme dans le champ de la transmission de la mémoire, pour apporter à travers ces tragédies, la preuve qu’il n’ y a pas de fatalité, et que la paix se construit... car le chemin de l'obscurantisme qui mène à la haine de l’autre construit la guerre et le recul permanent des acquis. 

    Mais, la lumière scintille dans les yeux des jeunes quand le danger antirépublicain pointe son nez et, nous demeurons persuadés que nous pouvons compter sur leur mobilisation et leur engagement face au péril des idéologies nauséabondes et destructrices. Nous souhaitons que tous les adultes en soient capables également et qu’ils se rassemblent ! 

    Rêvons de magique aurore, de matins bleus, d’instants légers et de printemps prêts à éclore sur des diaphanes vergers, comme l’écrivait Violette MAURICE à RAVENSBRÜCK en 1944. 

    Message des déportés 2015 Dimanche 26 avril 2015

    Voilà, voilà que ça recommence...

    Voilà, voilà, que ça recommence
    Partout, partout et sur la douce France
    Voilà, voilà, que ça recommence
    Partout, partout, ils avancent

    La leçon n’a pas suffit
    Faut dire qu’à la mémoire on a choisi l’oubli
    Partout, partout, les discours sont les mêmes
    Etranger, tu es la cause de nos problèmes
    Moi je croyais qu’c’était fini
    Mais non, mais non, ce n’était qu’un répit

    Voilà, voilà...

    La leçon n’a pas suffit
    Faut dire qu’à la mémoire on a choisi l’oubli
    Dehors, dehors, les étrangers
    C’est le remède des hommes civilisés
    Prenons garde, ils prospèrent
    Pendant que l’on regarde ailleurs
    Prenons garde, ils prospèrent
    Pendant que l’on regarde ailleurs

    Voilà, voilà...

    La Bête Est Revenue

    Sait-on pourquoi, un matin,
    Cette bête s'est réveillée
    Au milieu de pantins

    Qu'elle a tous émerveillés
    En proclamant partout, haut et fort :
    "Nous mettrons l'étranger dehors"
    Puis cette ogresse aguicheuse
    Fit des clones imitatifs.
    Leurs tirades insidieuses
    Convainquirent les naïfs
    Qu'en suivant leurs dictats xénophobes,
    On chasserait tous les microbes.

    Attention mon ami, je l'ai vue.
    Méfie-toi : la bête est revenue !
    C'est une hydre au discours enjôleur
    Qui forge une nouvelle race d'oppresseurs.
    Y a nos libertés sous sa botte.
    Ami, ne lui ouvre pas, ta porte.

    D'où cette bête a surgi,
    Le ventre est encore fécond.
    Bertold Brecht nous l'a dit.
    Il connaissait la chanson.
    Celle-là même qu'Hitler a tant aimée,
    C'est la valse des croix gammées
    Car, pour gagner quelques voix
    Des nostalgiques de Pétain,
    C'est les juifs, encore une fois,
    Que ces dangereux aryens
    Brandiront comme un épouvantail
    Dans tous leurs sinistres éventails.

    Attention mon ami, je l'ai vue.
    Méfie-toi : la bête est revenue !
    C'est une hydre au discours enjôleur
    Qui forge une nouvelle race d'oppresseurs.
    Y a nos libertés sous sa botte.
    Ami, ne lui ouvre pas, ta porte.

    N'écoutez plus, braves gens,
    Ce fléau du genre humain,
    L'aboiement écœurant
    De cette bête à chagrin
    Instillant par ces chants de sirène
    La xénophobie et la haine.
    Laissons le soin aux lessives
    De laver plus blanc que blanc.
    Les couleurs enjolivent
    L'univers si différent.
    Refusons d'entrer dans cette ronde
    Qui promet le meilleur des mondes.

    Attention mon ami, je l'ai vue.
    Méfie-toi : la bête est revenue !
    C'est une hydre au discours enjôleur
    Dont les cent mille bouches crachent le malheur.
    Y a nos libertés sous sa botte.
    Ami, ne lui ouvre pas, ta porte.
    Car, vois-tu, petit, je l'ai vue,
    La bête. La bête est revenue.

     

     


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  • "Le Choc des décolonisations" de Pierre Vermeren

    "Le Choc des décolonisations" de Pierre Vermeren

    Professeur d’histoire contemporaine à l’université Paris-I-Panthéon-Sorbonne, Pierre Vermeren s’est livré dans "Le Choc des décolonisation, de la guerre d’Algérie aux printemps arabes" à une analyse pointue des lendemains des décolonisations.

    L’auteur traite dans ce livre des pays anciennement colonisés par la France. Réparti en des chapitres courts et précis, ce livre a le mérite de mettre en perspective la violence intrinsèque des pouvoirs militaires. Rien n’est laissé à l’oubli : toutes les pratiques et méthode (la manipulation, la répression, l’élimination physique, le noyautage, etc sont décrites. Pas seulement, Pierre Vermeren rappelle aussi combien les rapports entre l’ancien colonisateur, la France, et de nombreux pouvoirs sont très étroits. "Selon la formule d’un responsable des services de renseignement français des années 1980, la politique arabe de la France, "c’est la France qui décide, l’Arabie saoudite qui finance et le Maroc qui exécute". L’auteur rappelle que le Maroc a servi de plate-forme d’interventions françaises en Afrique. "C’est surtout durant les années 1970 que le Maroc est suivi de très près par l’ami du roi, Alexandre de Marenches, le patron du service documentation extérieur et de contre-espionnage, le SDECE, les services extérieurs français (1945-1982). Le Maroc soutenu par la France et les Etats-Unis, devient une base de soutien logistique pour les interventions en Afrique qui s’étoffe au fil des ans, d’autant que Hassan II et Omar Bongo entretiennent d’excellentes relations. En retour, la France est l’alliée du Maroc au Sahara ex-espagnol, occupé par le Maroc en 1975".

    Pierre Vermeren observe qu’il y a des liens très forts entre les élites françaises et africaines portées par la corruption. Aussi, la France n’a rien vu venir pendant les révoltes de 2011. Pas plus d’ailleurs au Burkina Faso avec la chute de Compaoré, autre grand ami de la France. L’une des meilleures illustrations est la réaction des autorités françaises face à la révolution tunisienne. En effet, en dépit des pratiques autoritaires (tortures, emprisonnement d’opposants, etc) de son dictateur, Ben Ali, la Tunisie a toujours été présenté par la France comme étant un pays stable, sûr et démocratique. Pendant la répression des manifestations en hiver 2011, la ministre des Affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie, a même proposé de faire parvenir du matériel de maintien de l’ordre au dictateur tunisien. "Passée la stupeur, "la patrie des droits de l’homme" se met à soutenir les révolutions en cours", écrit Pierre Vermeren.

    En clair, la France ne se remet pas d'avoir perdu l’Empire colonial ! Elle l’a fait revivre avec d’autres moyens. Subtiles mais efficaces. En soutenant les potentats, voire en les maintenant au pouvoir au prix d'interventions militaires.

    L’historien explore toutes les facettes et ficelles mises en place par les gouvernements qui ont pris le pouvoir aux lendemains des indépendances. "A l’exception de la Tunisie, du Sénégal et du Liban, le gouvernement devient partout affaire des militaires, donnant une touche particulière au culte de la personnalité, qui est aussi révérence au chef militaire. D’anciens sous-officiers de l’armée française se retrouvent à la tête des Etats (Algérie, Centrafrique, Burkina Faso…) et les armées deviennent la colonne vertébrale de nombreux Etats."

    Dans plusieurs chapitres, l’historien revient sur la répression des intellectuels et des opposants. Il décortique les méthodes employées par ces pays pour neutraliser leurs opposants et intellectuels. "La tentation de la révolte anime la plupart des intellectuels, choqués par le négationnisme, l’autoritarisme et le népotisme corrompu de pouvoirs qui prétendent servir les intérêts du peuple. Mais face à la brutalité et aux menaces comment se dresser ?", s’interroge l’auteur.

    A relire les noms des nombreuses victimes des dictateurs qui ont les faveurs de l’Elysée et bonne presse en France, on se rend compte de la proximité incestueuse qu’ils entretiennent avec un cynisme décoiffant. Au Maroc, Abraham Serfaty a passé 17 ans en prison, l’agronome Paul Pascon disparaît, Ben Barka assassiné à Paris. En Tunisie, Bourguiba a régné en despote éclairé. Une de ses victimes ? Salah Ben Youssef, un opposant condamné à mort puis assassiné en Allemagne. En Algérie, la liste des liquidations politiques est longues : Mohamed Khider, Krim Belkacem, Chaabani, Khemisti, André Mecili et Mohamed Boudiaf assassinés, de nombreux opposants sont poussés à l’exil.

    L’impunité comme marque de fabrique des systèmes autoritaires en lien et de connivence avec leur ancien colonisateur traverse de bout en bout ce livre. Aussi, à bien comprendre "Le Choc des décolonisations" nourrir l’espoir que "ce pays des droits de l’homme" renonce à ses intérêts économiques et politiques pour défendre les aspirations des peuples est peu probable. On l'aura compris, dans les rapports franco-africains, il n'y a aucune culpabilité, mais du machiavélisme à en revendre. Pierre Vermeren nous donne à lire ici un ouvrage très intéressant et éclairant sur les décolonisations, leurs sous-produits et le rôle de la France dans le continent noir.

    Kassia G.-A.


     

    "Le Choc des décolonisation, de la guerre d’Algérie aux printemps arabes", de Pierre Vermeren, paru chez Odile Jacob, France.

    SOURCE : http://www.lematindz.net/news/20171-le-choc-des-decolonisations-de-pierre-vermeren.html 

     

    Une vision simpliste voudrait que les territoires autrefois colonisés aient été rendus à eux-mêmes et qu’ils soient aujourd’hui devenus maîtres de leur histoire.
    L’auteur réfute cette thèse. Pour lui, les révolutions arabes de 2011 et 2012 sont la conséquence directe et le dernier chapitre de l’histoire de la décolonisation. Il fait le constat que l’Etat français, dans un mélange de bonne conscience et de culpabilité, a laissé ses successeurs agir en toute impunité, que ce soit à la tête du Maroc, de l’Algérie, de la Tunisie ou des pays d’Afrique. Ainsi, le silence et l’aveuglement de la France et de l’Europe auraient permis, dans ces anciennes colonies, l’accaparement des richesses, la confiscation des libertés et la soumission des peuples.

    Pierre Vermeren fait le lien avec les événements les plus récents, qu’il s’agisse des explosions de colère au Maghreb ou du développement du djihadisme. Il les resitue dans un contexte et une continuité historiques qui apportent un éclairage nouveau sur ce que nous vivons aujourd’hui. 


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    Néocolonialisme en Algérie ?

    Publié le 17/04/2016 à 04:53 par cessenon

     

    Néocolonialisme en Algérie ?

    « La Revue du Projet » a publié dans son numéro d’avril 2016 un article d’André Prenant qui date de 1995 mais qui reste d’actualité. Il s’agit d’une analyse de la situation économique, sociale et politique de l’Algérie.

    Bien que je ne sois pas là-bas il me semble que le pays connaît des difficultés. C’est évidemment une affaire qui concerne au premier chef les Algériens. Ce qui m’intéresse personnellement, puisque j’en ai été victime, c’est le rôle qu’a joué la France à l’époque du colonialisme et de la guerre qu’elle a menée de 1954 à 1962 pour le maintenir.

    Les conséquences en furent désastreuses, pour le peuple algérien et pour les Français qui eurent à en subir les effets. Quelle que soit la situation actuelle de l’Algérie on ne peut évacuer cette donnée fondamentale et on ne peut rêver de revenir à cette époque, elle est révolue.

    Qu’est-ce qui est présentement en cause ? Sans doute le mécanisme de la loi du profit qui règne en maître dans le monde, en Algérie comme en France et en Europe. Le capitalisme ne s’arrête pas à telle ethnie ou à telle religion. Son fondement c’est l’exploitation des hommes et des richesses. C’est à ce niveau qu’il faut situer la nature du problème auquel nous sommes confrontés.

    Les tenants du système en place s’organisent pour qu’il perdure. C’est la fonction essentielle de l’Union Européenne, c’est aussi le rôle que joue la France par rapport à son ancienne colonie, quitte à reconnaître que le colonialisme n’était pas une bonne chose. L’essentiel c’est que les financiers y trouvent toujours leur compte.

    Ceux-ci doivent bien être présents en Algérie comme ils le sont en France. La réponse devrait être la reconnaissance de la communauté d’intérêts des exploités des deux rives de la Méditerranée. Un actionnaire et sa victime restent ce qu’ils sont, quelle que soit leur nationalité, leur religion, leur sexe, la couleur de leur peau… ou tout autre caractéristique ! Reconnaissons aussi que le colonialisme est une forme aigüe de l’exploitation capitaliste. Et c’est bien de cette dernière chose qu’il faut se débarrasser, c’est un objectif assez simple à définir.

    Jacques CROS


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    Pour Guy Roux si Benzema

    "s’appelait Jean-Claude

     on ne parlerait pas autant

    de cette affaire"

     Pour Guy Roux, si Benzema "s’appelait Jean-Claude, on ne parlerait pas autant de cette affaire"
     
    Karim Benzema ne chaussera pas les crampons pour l’Euro 2016, tel est le verdict sans appel tombé mercredi qui a été applaudi des deux mains par certains, et décrié par d’autres, au point de se demander s’il n’a pas été dicté par le procès d’intention intenté au Madrilène par la sphère politico-médiatique et l’opinion, elle-même sous influence.
    Au rang des grands déçus figure Guy Roux, l’ancien entraîneur de l’AJ Auxerre, pour qui ce carton rouge de l’exclusion est indéniablement lié aux origines du buteur des Bleus. « Si Benzema a été privé de l'Euro, c'est en raison de ses origines ! «Il faut avoir le courage de le dire. S'il s'appelait Jean-Claude et était né à Brest, on ne parlerait pas autant de cette affaire», a-t-il lâché, ajoutant : «Mais son problème est de s'appeler Karim. C'est déplorable, mais c'est ainsi. Aux yeux de certains, il paie ses origines. Il faudra un siècle avant que ce genre de préjugés disparaisse ».
    C’est un sacré tacle que Guy Roux administre à la bien-pensance hexagonale et à un arbitrage soumis à de multiples pressions, notamment de la part de l'occupant de Matignon, Manuel Valls en personne, comme s'en indignait récemment le ténor du barreau Eric Dupond-Moretti, qui ont scellé le sort de Benzema sans sourciller.

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  • Enrico Macias se dit “humilié, vexé, insulté”

    de ne pas pouvoir revenir en Algérie

    Mon pauvre Enrico ne vous plaignez pas si vous ne pouvez plus retourner en Algérie, je connais des Pieds-Noirs qui ont tourné la page depus longtemps

    Enrico en bonne compagnie

    Le chanteur pied-noir Enrico Macias espère pouvoir revenir en Algérie, son pays natal. Il ne comprend pas pourquoi l’Algérie refuse de l’accueillir, alors qu’il estime être ” le symbole de l’exil et j’aimerais devenir le symbole de la réconciliation de tous les enfants d’Algérie, les Pieds-Noirs, les harkis, le peuple algérien…” 

    “Je vis cela très mal, mais je ne ferme pas la porte à l’avenir, même à l’âge que j’ai. On ne sait jamais… Je me sens vexé, humilié, insulté. Je pense que le peuple algérien qui ne peut me voir depuis tant d’années l’est aussi. Je pense qu’un jour, ça va changer”, a confié le chanteur à l’AFP.

    Le chanteur n’a pas vu l’Algérie depuis 1961, l’année où il a fui l’Algérie avec sa famille. Enrico Macias a tenté puis renoncé à plusieurs reprises de revenir en Algérie devant les critiques des Algériens qui lui reprochent son soutien à Israël. L’Etat algérien, avait refusé à deux reprises son entrée sur le territoire pour sa position pro-israélienne.

    Mon pauvre Enrico ne vous plaignez pas si vous ne pouvez plus retourner en Algérie, je connais des Pieds-Noirs qui ont tourné la page depuis longtemps, je connais même une amie Pied-Noir, lorsqu'elle était maire de son village avait inauguré une rue du 19-Mars-1962. Dommage j'aime bien vos chansons...

    Invité de LCI Soir, pour parler de son nouvel album "Les Clefs", le chanteur Enrico Macias a livré son sentiment sur la polémique née de la commémoration de l'indépendance de l'Algérie le 19 mars. "On n'a jamais commémoré la douleur des pieds-noirs (...) Encore une fois, ce 19 mars, nous sommes les oubliés de l'Histoire", a-t-il déclaré, ému à l'antenne.

     


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  • Travail forcé et exploitation coloniale : souvenons-nous !

    Jeudi 14 avril 2016, par 4ACG  

     

    Travail forcé et exploitation coloniale : souvenons-nous !

    Par Olivier Le Cour Grandmaison  

    Il y a soixante-dix ans, le 11 avril 1946, après de nombreux atermoiements, l’Assemblée nationale constituante votait enfin la proposition de loi de Félix Houphouët-Boigny tendant à la suppression « immédiate » du travail forcé dans les colonies françaises.  

    Il y a soixante-dix ans, le 11 avril 1946, après de nombreux atermoiements, l’Assemblée nationale constituante votait enfin la proposition de loi de Félix Houphouët-Boigny tendant à la suppression « immédiate » du travail forcé dans les colonies françaises. Quelques jours auparavant, ce député était intervenu à la tribune pour dénoncer la situation des « indigènes » toujours soumis à des formes exceptionnelles et particulièrement brutales d’exploitation. Usant d’une anaphore qui lui a permis de brosser un tableau précis des pratiques coloniales, il déclarait : « il faut avoir vu ces travailleurs usés, squelettiques, couverts de plaies, dans les ambulances ou sur les chantiers ; il faut avoir vu ces milliers d’hommes rassemblés pour le recrutement, tremblant de tout leur corps au passage du médecin chargé de la visite ; il faut avoir assisté à ces fuites éperdues (…) vers la brousse ; (…) il faut avoir vu ces théories d’hommes, de femmes, de filles, défiler silencieusement, le front plissé, le long des chemins, qui mènent au chantier. (…) L’indigène ne peut plus comprendre ni admettre ce servage, cent cinquante après la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen et cent ans après l’abolition de l’esclavage. »

    Légitimé par des juristes et des personnalités politiques 

    Précision essentielle : ce travail forcé – tâches de construction, transport de marchandises, entretien des agglomérations… - est imposé de façon autoritaire et souvent violente aux autochtones qui n’ont commis ni crime ni délit. En effet, les hommes et les femmes visés ne sont pas des individus condamnés à une peine privative de liberté prononcée par un tribunal, à laquelle viendrait s’ajouter celle des travaux forcés ; cette obligation concerne les populations civiles de l’empire dont les membres sont « sujets indigènes », soit l’écrasante majorité des individus. Légitimé et défendu, sous la Troisième République, par de nombreux hommes politiques, juristes et professeurs d’université notamment, le travail forcé a, sous différentes formes, été la règle dans les possessions françaises jusqu’à son abolition tardive le 11 avril 1946.

    Le chemin de fer Brazzaville-Pointe Noire : 17000 morts 

    Ainsi fut construit, par exemple, le chemin de fer destiné à relier Brazzaville à Pointe-Noire, sur la côte atlantique. Bilan de cet “exploit”, réputé témoigner de la glorieuse « mise en valeur » du Congo français : 17000 morts « indigènes » pour la réalisation des 140 premiers kilomètres et un taux de mortalité sur ce chantier de 57% en 1928. Qui a livré ce dernier chiffre ? Un anticolonialiste farouche ? Non, le ministre des Colonies, André Maginot, dans une déclaration faite devant une commission ad hoc de la Chambre des députés. L’entreprise chargée des travaux ? La Société de construction des Batignolles dont la prospérité est en partie liée aux nombreux contrats remportés dans les possessions françaises. Son héritier et successeur n’est autre que le groupe bien connu aujourd’hui sous le nom de SPIE-Batignolles. En 2013, Jean Monville, ancien PDG de ce groupe, rappelait benoîtement « la fierté de ce qu’on avait fait dans le passé, de notre professionnalisme et de notre engagement dans nos “aventures” d’outre-mer ». (Le Monde, 21 mai 2013). Nul doute, les descendants de ceux qui sont morts à l’époque apprécieront la délicatesse de ces propos.

    Réformé mais jamais véritablement supprimé, le travail forcé a ainsi perduré sous la Troisième République, le régime de Vichy et dans les colonies passées aux côtés de la France libre. A preuve, les orientations soutenues par Félix Eboué, gouverneur général de l’Afrique équatoriale française, pendant la Seconde Guerre mondiale. Souvent présenté comme un grand humaniste, qui a toujours défendu les droits de l’homme, Eboué, comme la majorité de ses pairs, ne s’est jamais prononcé dans ses écrits pour l’abolition immédiate du travail forcé. De même les résistants prestigieux qui, à partir du 30 janvier 1944, se réunissent à Brazzaville pour définir la politique à mettre en œuvre dans les territoires d’outre-mer.
    Inaugurée par le général de Gaulle, cette conférence doit prendre une décision relativement à cette forme particulière de labeur. En raison de « l’effort de guerre », les représentants de la France libre, rassemblés dans la capitale du Congo français, décident de prolonger le travail forcé pour une durée de cinq ans ! En métropole, ils n’ont de cesse de dénoncer le Service du travail obligatoire (STO) établi par les autorités de Vichy le 16 février 1943 ; dans les colonies, ils trouvent normal d’imposer aux « indigènes » de vingt à vingt-cinq ans reconnus aptes, mais non incorporés à l’armée, un Service obligatoire du travail (SOT). Subtilité des sigles et triomphe du relativisme politico-juridique. De là ces indignations sélectives et hexagonales cependant que dans les possessions ultra-marines la condamnation cède le pas à l’acceptation.

    La colonisation : entreprise généreuse ou criminelle ? 

    Rares sont ceux qui, comme la philosophe Simone Weil, ont dénoncé « les déportations massives » des « indigènes » et le recours meurtrier au travail forcé en Afrique française et en Indochine. En dépit de ses protestations, exprimées dès 1943 alors qu’elle a rejoint la Direction de l’Intérieur de la France libre dans la capitale du Royaume-Uni, S. Weil n’a pas été entendue. Tout comme André Gide et Albert Londres une quinzaine d’années auparavant. Voilà qui aide à comprendre les lenteurs de l’Assemblée nationale constituante à la Libération.
    Joli tableau, n’est-il pas, de la très glorieuse colonisation française toujours présentée, par de nombreux contemporains, comme une entreprise généreuse destinée à apporter la civilisation aux peuples qui en ignoraient jusque-là les bienfaits. Cette sinistre réécriture de l’histoire prospère avec la caution de quelques faiseurs de livres – A. Finkielkraut, P. Bruckner et E. Zemmour, notamment – qui prennent leur ignorance et leurs audaces prétendues pour de brillantes découvertes. Ils n’hésitent pas à se dire amis de la connaissance et de la vérité ; sur ces sujets, comme sur beaucoup d’autres, ils ne sont que de vulgaires idéologues qui traitent les faits établis en chiens crevés. Demeurent de pauvres écholalies qui réhabilitent un discours impérial-républicain forgé sous la Troisième République. Audaces intellectuelles ? Stupéfiante régression et grand retour du roman national.

    Olivier Le Cour Grandmaison, politologue et historien de la colonisation, a publié récemment « L’Empire des hygiénistes, Vivre aux colonies » (Fayard, 2014)

    SOURCE : http://www.4acg.org/Travail-force-et-exploitation-coloniale-souvenons-nous 

    « L'Algérie, c'est notre paradis », lance l’ignoble Ménard en débaptisant une rue de Béziers

    Travail forcé et exploitation coloniale : souvenons-nous !

    Travail forcé et exploitation coloniale : souvenons-nous !

    Il n'y a plus à Béziers de rue du 19-mars-1962, date des accords d'Evian qui ont mis fin à la guerre d'Algérie. Dans l'après-midi du 14 mars 2015, au cours d'une cérémonie officielle, le maire extrême droite de la ville, Robert Ménard, a procédé au changement de nom, décision votée en janvier en conseil municipal. Un baptême houleux pour la désormais rue Commandant-Hélie-de-Saint-Marc, un officier mort en 2013, dont le nom reste associé à la torture en Algérie et au putsch des généraux en 1961. Condamné pour cet acte à dix ans de prison, le gradé avait été gracié en 1966 et réhabilité en 1978.

    Pour parer à tout débordement, les forces de l'ordre de Béziers ont déployé des moyens considérables. Un cordon de sécurité séparait ainsi les pro-Algérie française et la contre-manifestation, représentant l'ensemble des forces de gauche.

    Près de deux mille enthousiastes, anciens parachutistes, militaires ayant fait la guerre d'Algérie et membre de l'association des anciens de l'OAS, l'ADIMAD, avaient fait le déplacement depuis Bordeaux, Toulouse, Nîmes, Grenoble ou Lyon. La préfecture attendait vingt-cinq cars, ils n'y étaient sans doute pas. Parmi les Biterrois, des pieds-noirs, des harkis et des représentants de la Ligue du Midi, brandissaient des drapeaux et banderoles marquées « Maîtres chez nous ».

    Beaucoup de bérets, de médailles, de drapeaux tricolores (avec ou sans l'empreinte de pieds noirs sur la bande blanche) se distinguaient dans cette foule où la moyenne d'âge dépassait nettement les 70 ans. Un public qui a attendu patiemment les discours au son de la marche du 1er Zouave diffusée par haut-parleurs : « Sous le soleil brûlant de l'Algérie, notre étendard flottait calme et vainqueur. »

    (PS) Deux dépôts de plaintes devaient être effectués dont nous attendons toujours la mise à l’ordre du jour du Tribunal Administratif de Montpellier. Le verra-t-on un jour ? Je commence à douter, surtout que je viens d'apprendre que la plainte concernant, entre autres la LDH de Béziers n'aurait jamais été déposée.


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  • L'OAS et la France coloniale célébrées

     Roger Hillel a porté plainte

    contre les nostalgiques du colonialisme en Algérie

    L’OAS et la France coloniale célébrées

    Georges BARTOLI / Fedephoto

    L’ouvrage de notre confrère Roger Hillel retrace

     le combat d’associations contre la réécriture locale

     de l’histoire franco-algérienne.

    « C’est une bataille que nous avons perdue », mesure sans désespérer Roger Hillel. Dans son livre la Triade nostalgérique, le journaliste au Travailleur catalan revient sur les étapes clés qui ont à ses yeux fait du Perpignan d’aujourd’hui « la capitale de l’Algérie française ». En 2003, une stèle est érigée à la gloire des criminels de l’OAS dans le cimetière communal nord. En 2007, un mur des Français d’Algérie disparus, truffé d’erreurs, est édifié. En 2012, enfin, le Centre national de documentation des Français d’Algérie, qui donne une vision « édulcorée, frelatée et incomplète de l’histoire », est inauguré. « Dans les deux derniers cas, nous avons fait face au Cercle algérianiste des Pyrénées-Orientales, qui était à la manœuvre et a complètement tourné le dos à l’histoire scientifique. Ces nostalgiques de la colonisation ont transformé leur mémoire en histoire officielle, avec la complicité des institutions. »

    L’ancien professeur d’université raconte dans son récit comment le collectif citoyen Pour une histoire franco-algérienne non falsifiée, et l’Association nationale des pieds-noirs progressistes et leurs amis, dont il fait partie, ont tenté, mètre après mètre, de s’opposer non pas au devoir de mémoire, mais à la sacralisation d’une vision unilatérale des événements allant de 1830 à 1962. « Pour être efficaces et pleinement utiles, nous nous sommes rendu compte qu’il fallait absolument recourir aux travaux des historiens plutôt que de s’affronter sur le terrain des idéologies. Nous avons tout fait pour dépassionner le débat, avec des spécialistes de tous bords, pour en finir avec les guerres de mémoire, et honorer toutes les victimes. Mais nos efforts ont sans cesse été repoussés par la municipalité », regrette-t-il.

    Paul Alduy, maire de la ville de 1959 à 1993, parlait déjà en son temps de la « légitimité » des opérations terroristes de l’OAS. Son fils Jean-Paul Alduy (UDF, puis UMP, puis UDI), maire de 1993 à 2009, a lui aussi courtisé l’électorat pied-noir le plus réactionnaire. « Mais c’est vraiment son premier adjoint, et maire actuel, Jean-Marc Pujol (UMP), qui a permis au Cercle algérianiste de se livrer à une surenchère mémorielle », analyse Roger Hillel. L’élu visé, qui avait balayé d’un revers de main la possibilité d’un comité scientifique pluriel pour le Centre de documentation, sous le prétexte fallacieux que recourir, en partie, à des historiens communistes, c’est « comme si on me demandait d’intégrer des anciens nazis repentis pour parler du IIIe Reich », met aujourd’hui en berne les drapeaux de la mairie de Perpignan tous les 19 mars, date anniversaire de la fin des combats entre l’armée française et le FLN.

    La première partie de cette « triade » a été inaugurée dans le secret en 2003 à l’initiative de l’Adimad (1) avec le soutien de la municipalité. Le Mrap et la LDH, entre autres, l’apprennent en 2006. Et tombent des nues en voyant cette stèle dédiée « aux fusillés, aux combattants pour que vive l’Algérie française ». Y sont gravés les noms d’une centaine d’activistes de l’OAS, considérés comme « martyrs » et « résistants » par les nostalgériques. L’action de collectifs progressistes contre ce monument, et ses jumeaux de Marignane et Aix-en-Provence, obtiendra des modifications, mais jamais leur retrait complet.

    Le cas du mur en hommage aux Français d’Algérie disparus est moins scandaleux. Pensé pour les civils pieds-noirs morts durant le conflit, « il aurait pu pleurer toutes les victimes de la guerre, mais possède pleinement sa légitimité, et vient soulager la douleur réelle de tous ceux qui ont perdu des proches », argumente Roger Hillel. Mais là où le bât blesse, c’est que des noms de membres de l’OAS y figurent quand celui du communiste Maurice Audin est absent. « Plus surprenant encore, il compte environ 40% d’erreurs, selon le calcul de l’historien Jean-Jacques Jordi, pourtant loin d’être hostile au Cercle algérianiste. À peu près 900 noms ont été gravés abusivement, dont ceux de personnes qui ont survécu à la guerre ! Ceux-là, nous les avons fait retirer », poursuit Roger. Les promoteurs du mur payent ici leur aversion totale pour les historiens, et entachent un monument pourtant utile. Ils maintiennent encore aujourd’hui cette liste, sous prétexte qu’elle émane du ministère des Affaires étrangères, qui, pour sa part, précise qu’elle ne peut « être considérée comme officielle ».

    Le tour de force final est arrivé avec le Centre de l’œuvre française en Algérie, depuis rebaptisé pour voir le jour dans le couvent Sainte-Claire, « ancienne prison où est emprisonnée l’histoire », déplore Roger Hillel. À l’intérieur, il a eu un haut-le-cœur. La présence française en Algérie y est « glorifiée » sans contre-point de vue. On y célèbre la conquête de l’Algérie « sans parler des massacres, sans parler des dépossessions foncières, sans parler du Code de l’indigénat ! La vitrine sur les huit années de guerre est partielle et ne mentionne même pas l’OAS ».Ce centre fut inauguré en présence de Gérard Longuet, ancien fondateur du groupuscule d’extrême droite Occident, à l’époque ministre de la Défense de Nicolas Sarkozy, qui avait tenu à faire passer un message contre ce qu’il appelle « la repentance ».

    « À Perpignan, dans le sud, et dans le reste de la France, tout cela participe à la réhabilitation des idées colonialistes dans un climat où droite et extrême droite se concurrencent. C’est extrêmement grave ! Partout, ce modèle, en Algérie, en Afrique du Sud, en Irlande du Nord, en Israël, n’a apporté que des drames terribles et mené les peuples dans le mur », conclut Roger Hillel.

    L’OAS et la France coloniale célébrées 

    Roger Hillel a écrit un livre qui montre la falsification de l’histoire par les nostalgiques du colonialisme français en Algérie: La triade Nostalgérique. Ce livre lui vaut d’être violemment attaqué par ceux qui, avec la mairie de Perpignan, ont mis le drapeau français en berne le 19 mars, jour du cessez-le-feu en Algérie. Les nostalgériques ont dénoncé  Roger Hillel comme un «hypocrite » et « un Homme de Haine ». Roger a porté plainte  en justice pour insulte et 13 organisations le soutiennent dont l’AFPS66. La date du procès n’est pas encore fixée.

    Nous nous sentons tous insultés par les attaques dont il est l’objet. Au travers de Roger Hillel, c’est le combat contre toutes les formes du colonialisme, toujours d’actualité, qui est attaqué.

             Tout comme notre action contre le colonialisme israélien en Palestine, n’a rien à voir avec l’anti sémitisme (nous l'avons toujours combattu), il n’y a évidemment pas la moindre haine dans le livre de Roger Hillel contre les Français et les européens qui ont vécu en Algérie. Ils ont été à l’heure de l’exil eux aussi  des victimes.

             Ce n’est pas la présence de ces hommes et de ces femmes sut le sol algérien qui était en cause. Ce qui était en cause, c’était la présence en Algérie d’un système colonial d’occupation militaire, de racisme et d’oppression. C’est cela que le peuple algérien a combattu.

              Mais le système colonial français était prêt à tout pour défendre ses privilèges et ses profits. Il a savamment divisé les diverses communautés vivant en Algérie en instituant la discrimination sociale, raciale et religieuse. Diviser pour mieux régner… Voila où était l’hypocrisie et la haine.

    L’Algérie d’hier et la Palestine aujourd’hui

            Un théoricien du mouvement ouvrier disait que lorsque l’histoire se répète, c’est pour tourner à la farce ou à la tragédie. Les nostagériques de la mairie de Perpignan, aimeraient faire bégayer l’histoire. Ils s’obstinent. : ils ont planté au cimetière de Perpignan une stèle honorant des terroristes de l’OAS. Ils voudraient que la roue de l'histoire tourne à l’envers. Nous sommes ici du côté de la farce, mais elle ne devrait plus faire rire personne…

    Hélas en  Palestine, l’histoire du colonialisme se répète aussi, mais là- bas c'est sous forme de tragédie : au camp palestinien de Yarmouk en Syrie où vivaient plus de 500 000 réfugiés, à Gaza, à Jenine, à Hébron. Depuis la Naqba, l’histoire du colonialisme en Palestine est comme  un chapelet de sang s’étirant à l’infini.

          Nous avons raison de nous opposer à tous les colonialismes, aux nostalgiques et aux nostalgériques. Le colonialisme est toujours une atteinte à notre humanité commune. Quant à nous, ce n’est pas la haine qui nous guide, mais au contraire la recherche de la paix et de la justice entre les peuples. C’est pourquoi nous sommes aux côtés de Roger Hillel.

     J. Perez

    Merci de cliquer sur le lien ci-dessous pour voir des vidéos

    en lien à cet article

    http://francepalestine66.blogspot.fr/2015/09/video-de-la-conference-de-presse-contre.html?view=timeslide&m=1

     

     

     


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  • La France coloniale incorrigible… Faites comme

    les Algériens demandez votre indépendance 

    "Rompre le silence sur la grève générale à Mayotte, c’est le minimum pour nous qui vivons dans la puissance coloniale. C’est aussi lier nos combats à ceux des habitants de Mayotte, puisqu’ils le font eux-mêmes, alors qu’ici les jeunes et les salariés se mobilisent contre une loi travail métropolitaine qui est au fond aussi une transformation du pays en « zone franche »." 

    Mayotte: grève générale, silence colonial et blindés pour la répression


     

    9276398-14817133Par Jacques Chastaing

    Au 12e jour de grève générale illimitée pour «l’égalité réelle et la justice» démarrée au lendemain des deux journées de grève contre la loi travail les 30 et 31 mars, pas un seul média n’en parle en France métropolitaine, pas une ligne, pas une seconde. Mayotte est pourtant un département français. En réalité, c’est parce que les 21’000 habitants de Mayotte (et les dizaines de milliers de clandestins venant des Comores) vivent dans une des pires sociétés coloniales; 82% à 92% de la population y vit sous le seuil de pauvreté alors que le coût de la vie est le plus élevé de tous les territoires français [1]; le taux de chômage y est de 20% (46,5% pour les jeunes) auquel il faut ajouter  les clandestins; le taux d’illettrisme bat des records; il n’existe qu’un seul centre hospitalier, soit moins de deux lits pour 1000 habitants contre six en métropole; le nombre d’écoles est tellement insuffisant qu’il leur faut parfois fonctionner par rotation; tout cela sur le territoire le plus pauvre de la République et où 50% de la population a moins de 20 ans. C’est explosif.

    Le taux de chômage associé à la violence policière, la peur de perdre son emploi, la peur du chef, en particulier «blanc», la peur du préfet, espèce de gouverneur colonial, de sa police ou justice, est en train de voler en éclats dans la grève, les manifestations et les barrages. Les grévistes et manifestants veulent l’application immédiate et intégrale à Mayotte du Code du travail de France métropolitaine, l’application immédiate des Conventions collectives nationales, l’alignement immédiat des pensions minimum au niveau de la métropole, le reclassement avec reconstitution de carrière reprenant en compte la totalité de l’ancienneté des agents des fonctions publiques, l’alignement au niveau de la métropole de toutes les prestations sociales [2].

    Mais le slogan «d’égalité réelle» fait aussi référence au rapport du même nom du député PS, V. Lurel, déposé à la mi-mars auprès du gouvernement, qui devrait réglementer les 25 prochaines années des Dom-Tom.

    Il prévoit de supprimer la majoration de 40% des salaires des fonctionnaires, d’augmenter les impôts, la TVA, de doubler l’octroi de mer de 2,5 à 5%, une taxe sur toutes les marchandises qui rentrent et l’élargir aux services afin de financer la suppression des cotisations sociales et fiscales des patrons.

    Bref le PS veut taxer plus les plus pauvres pour donner plus aux riches et créer des «zones franches globales» sans charges ni code du travail qu’il baptise «plus grande autonomie locale».

    Pour défendre cette «loi travail coloniale» contre les barrages des manifestants, le pouvoir a sorti les blindés. Déjà en novembre, lorsque le mouvement avait débuté – interrompu par l’état d’urgence – sa police avait tiré à balles réelles sur les jeunes [3]. Rompre le silence sur la grève générale à Mayotte, c’est le minimum pour nous qui vivons dans la puissance coloniale. C’est aussi lier nos combats à ceux des habitants de Mayotte, puisqu’ils le font eux-mêmes, alors qu’ici les jeunes et les salariés se mobilisent contre une loi travail métropolitaine qui est au fond aussi une transformation du pays en «zone franche». C’est enfin avec les «Nuits debout» accueillir le combat des mahorais par une parole internationaliste et ce qui nous passionne tous: «l’égalité réelle».

    ____

    [1] Ce qui avait valu une grève générale de 44 jours contre la vie chère en 2011 puis des fonctionnaires en 2013 pour une prime de vie chère.

    [2] Le RSA est par exemple de 37,5% du montant de celui de la métropole.

    [3] Référence est faite ici à un affrontement en automne 2015, tel que rapporté par Info Kwezi du 8 octobre 2015: «La manifestation des collégiens à Tsoundzou a dégénéré ce matin. Les forces de l’ordre, qui ont subi des caillassages en règle, ont fait usage de gaz lacrymogènes pour tenter de disperser une centaine de jeunes dont certains étaient manifestement là pour en découdre avec la police. Les affrontements ont été particulièrement violents et des tirs de sommation à balles réelles ont retenti.»

     


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  • Télévision : La chaîne Histoire refait   à sa façon l’histoire de l’Algérie française

    Télévision : La chaîne Histoire refait

     à sa façon l’histoire de l’Algérie française

    Huit soirées complètes consacrées à l’Algérie d’avant-indépendance jusqu’à la libération nationale, c’est une première pour une chaîne de télévision française.

    Deux hebdomadaires de droite accompagnent le mouvement de la chaîne Histoire dans sa semaine Spécial Algérie, qui a débuté le 9 avril, Le Figaro Magazine qui reconsidère l’indépendance façon «erreur fatale», comme si nous étions en 1962. Et Valeurs Actuelles, la voix de l’extrême droite, dont le contenu renvoie à des heures sombres.

    Au programme, depuis le 9 avril et jusqu’à samedi prochain, il y aura cependant de belles choses à voir ou revoir, entre autres La Bataille d’Alger de Pontecorvo (rarement télédiffusé) ou, mardi soir, Le Fusil de bois, un film de Pierre Bellerive et, vendredi soir, un documentaire de Marie Colonna et Malek Bensmaïl : 1962, de l’Algérie française à l’Algérie algérienne.

    Hélas, cette initiative, qui permet à une mémoire encore vive de s’exprimer utilement et de donner une large place à ce conflit majeur du XXe siècle, se heurte à une limite imparable : la connotation à charge contre l’Algérie combattante qui a rejeté la soumission coloniale longue de 130 ans.

    Le regard est au contraire tendance Algérie française teinté de regrets de la colonisation, même si l’analyse, 54 ans après le cessez-le-feu, reste ouverte et nourrit de nombreux témoignages dans lesquels chacun fera le tri en fonction de son histoire personnelle. Cela n’empêche pas que prime, au vu du programme, un regard nostalgique dans le sens «avant, c’était mieux ou on aurait pu éviter cela», si «on n’avait pas fait des erreurs».

    Cette dérive qui gâche tout ne doit rien au hasard, car la chaîne est dirigée par le très droitier Patrick Buisson, ancienne éminence grise de l’ancien président Nicolas Sarkozy.

    C’est lui qui lui avait conseillé, en avril 2012, pendant la campagne présidentielle, d’inclure dans son programme politique de réélection la dénonciation des Accords d’Evian. Celui qui était alors chef de l’Etat pour quelques jours encore avait renoncé, suscitant l’ire de Buisson, d’après les journalistes Ariane Chemin et Vanessa Schneider qui, en 2015, ont publié un livre sur l’ex-conseiller de Sarkozy sous le titre Le mauvais génie (éditions Fayard).

    Cette année, il y a un mois, le même Nicolas Sarkozy avait été le plus virulent à protester contre la décision inédite du président François Hollande de commémorer l’anniversaire du 19 Mars. La filiation est donc intacte.

                                                      EXACERBER DES PASSIONS
     

    Ainsi, à côté des documentaires sur la guerre d’Algérie à découvrir, car tout le cheminement de la colonisation à l’indépendance y est exposé, la chaîne entend malheureusement réécrire l’histoire en faisant croire que l’Algérie coloniale était une félicité pour tous et qu’elle n’aurait jamais dû prendre fin.

    On y rouvrira des plaies que certains veulent faire renaître non pour trouver des réponses aux questions légitimes que tout conflit génère — surtout qu’en Algérie il a commencé en 1830 —, mais pour exacerber des passions inextinguibles.

    On parlera, pendant cette semaine télévisuelle, de la politique gaulliste, venue pour régler le problème d’une Algérie pour tous — comme si un jour elle aurait été possible ! — et qui aboutit à l’autodétermination, puis à l’indépendance ; on rappelle le sort des disparus, notamment des soldats ; on donne la parole sans gêne à l’OAS ; les rapatriés et les harkis parlent de leurs blessures sans se soucier vraiment des centaines de milliers de martyrs algériens.

    Et on réécrira la Bataille d’Alger version «para», avec notamment un docu sur Bigeard. Parmi les moments-clés, mercredi dernier : Les dieux meurent en Algérie - la guerre des combattants, un documentaire inédit projeté à Paris en avant-première dans une salle où tout le gratin de l’extrême-droite était présent… C’est dire.

     

    http://www.histoire.fr.  : http://www.histoire.fr/actualit%C3%A9s/semaine-sp%C3%A9ciale-guerre-d-alg%C3%A9rie

     

    La marginale et petite chaîne Histoire est disponible sur le satellite et sur le câble en France.  

    Walid Mebarek

    SOURCE : http://www.elwatan.com//actualite/television-la-chaine-histoire-refait-a-sa-facon-l-histoire-de-l-algerie-francaise-10-04-2016-318468_109.php

     

     

    Télévision : La chaîne Histoire refait   à sa façon l’histoire de l’Algérie française

    Diffusé ce soir mardi 12 Avril 2016 à 20 h 45

     

    Le fusil de bois

    Réalisé par Pierre Delerive
    Avec : Samuel Le Bihan, Jordi Mollà, Philippe Frecon, Jean-François Garreaud

    1961. La guerre d'Algérie a 7 ans. Marc Dallers (Samuel le Bihan), futur avocat, arrive en Algérie pour les dix derniers mois de son service. Il est sergent, responsable d'une patrouille sur le barrage électrifié de la frontière tunisienne. Son camarade de chambre est Lemaire (Philippe Frecon), un provincial au coeur d'or, mais d'un racisme éloquent. Pour les unir, il y a le lieutenant Morin (Jean-François Garreaud), officier de carrière qu'ils craignent et détestent, car pour lui la fin justifie les moyens parfois peu orthodoxes. Dans sa patrouille, Dallers trouve des jeunes comme lui et pourtant si différents... et Lagrange (Jordi Molla), jeune paysan, attardé mental, incorporé par erreur et dont les papiers de réforme auraient dû arriver depuis longtemps déjà. Il découvre aussi la logique de Morin qui, pour utliser l'attardé dans ses effectifs sans risquer un accident, lui a fait confectionner un pistolet mitrailleur en bois peint. D'abord, Dallers tente d'ignorer Lagrange, mais Lemaire lui fait remarquer que son rejet du débile ne vaut guère mieux que le racisme qu'il lui reproche. Piqué au vif, Dallers réalise que le jeune attardé qui ne sourit jamais n'a personne pour le protéger des dangers de la guerre, des brimades, et du mépris universel. Au fil des jours et des événements, Dallers est contraint de s'intéresser à Lagrange, de le protéger, "de loin" d'abord, puis de le prendre sous son aile et finalement de s'inquiéter de son avenir en France. Lorsque la patrouille est faite prisonnière des fellaghas, le salut viendra de celui que l'on attendait pas. Soldat par accident, Lagrange meurt en héros par accident, armé de son PM en bois...

     
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    Orientée par le très droitier Patrick Buisson... Faites bien votre tri… tout n’est pas bon… tout n’est pas vrai… 

     


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  • Arcady : l'enfant de la Casbah se raconte dans un livre

    7 rue du lézard

    Mémoires
    Ce « 7 rue du Lézard » n’est pas une simple adresse mais un ancrage pour le cinéaste du « Coup de Sirocco » et du « Grand pardon ». Alexandre Arcady est né dans la casbah d’Alger-la-Blanche et c’est à cette minuscule impasse, faite de soleil et d’ombre, à ce lieu de bonheur simple où la misère côtoyait l’insouciance, qu’il a toujours voulu rester fidèle. Sa vie est comme un roman, faite de tumultes, de rencontres, de querelles et d’amour, mais aussi de films puissants - « 24 jours », « Le Grand carnaval », « K », « Pour Sacha », « Les 5 doigts de la main », « Ce que le jour doit à la nuit » – et bien sûr d’humour, d’anecdotes étonnantes, d’amitiés indéfectibles : Patrick Bruel, Roger Hanin et tant d’autres.
    Cinéaste engagé, Alexandre Arcady nous livre tout, du professionnel à l’intime… Il raconte une vie qu’il a su bâtir autour de quelques repères essentiels : les uns, solaires, comme le ciel de son Algérie natale; les autres, plus sombres comme le racisme, la barbarie ou la haine qui sont loin d’avoir dit leur dernier mot dans un monde en proie à la violence et au fanatisme.
    Voici donc, dans un récit sans fard,  le long travelling d’un destin où les éclats de rire se mêlent aux coups de griffes et aux coups de cœur…

    Arcady : l'enfant de la Casbah se raconte dans un livre

    Alexandre Arcady publie un roman, celui de sa vie, intitulé 7 rue du Lézard. Un ouvrage qui nous plonge dans son enfance et son pays natal, l'Algérie, source de plaisirs et de bien de tourments.

    De son vrai prénom Arcady, il a fait son nom. À ses mémoires, il a donné l'adresse de son enfance " 7, rue du Lézard à Alger ". C'est là dans la Casbah, un quartier très populaire, qu'il est né en 1947, et qu'il a grandi avec ses quatre frères. "Je rencontre la première guerre à l'âge de neuf ans. On l'a vécu dans un des quartiers les plus durs de la bataille d'Alger. On a vu des morts sous notre balcon", raconte Alexandre Arcady.  

    L'histoire de son enfance en Algérie

    En 2000, avec son fils aîné Alexandre, cinéaste comme lui, il est revenu sur les lieux de son passé. Il a pu revoir cet appartement minuscule où ils vivaient à sept. L'histoire du Coup de Sirocco, son premier film avec Roger Hanin, Marthe Villalonga et Patrick Bruel, son acteur fétiche, c'est un peu la sienne. Il a 13 ans quand ses parents quittent Alger pour Paris. Il se retrouve dans une ville qu'il ne connaît pas, enfermé dans une minuscule chambre d'hôtel. "Ce qui m’a marqué surtout, c'est qu'à Paris les portes étaient fermées, chacun était chez soi alors qu'en Algérie tout était toujours ouvert", explique le réalisateur. Alexandre Arcady a depuis réalisé 17 films * Le Grand Carnaval, le Grand Pardon, l'Union sacrée... L'histoire des rapatriés et la cohabitation des communautés inspirent son cinéma. Il y glisse parfois des éléments de sa propre vie.

    Arcady : l'enfant de la Casbah se raconte dans un livre


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  •      
                 Sauvons la paix !

     

     



               URGENT !
    SAUVONS LA PAIX
    NI GUERRES, NI ETAT DE GUERRE

     URGENT ! SAUVONS LA PAIX NI GUERRES, NI ETAT DE GUERRE

    SOURCE : http://ldh-toulon.net/sauvons-la-paix.html

     

    La France traverse à nouveau une période très troublée : à la fois, sur le plan intérieur et sur le plan extérieur. Ces deux plans s’intriquent fortement, rendant très complexe la lecture des événements, causes et conséquences étant étroitement liées.

    Le 13 novembre 2015 au soir, après la tuerie au Bataclan, monsieur François HOLLANDE a déclaré : « Nous sommes attaqués … la France est en guerre …  »

    Regardons la situation intérieure de notre pays :

    • L’état d’urgence, instauré pour 3 mois est maintenant prolongé jusqu’au 26 mai. Il restreint considérablement nos libertés, crée un climat de méfiance et de suspicion, donne lieu à des dérives arbitraires, est inefficace contre le terrorisme, voire l’amplifie. ;
    • Le rejet manifeste de la France à accueillir des réfugiés : ce manquement cruel aux droits de l’Homme : donner asile et protéger ceux qui fuient des pays en guerre n’est pas à l’honneur de notre pays.
    • Le chômage de masse, la précarité du travail, le sous-logement, la défection de l’Etat dans les services publics, …. alimentent la sensation d’insécurité, du « mal vivre ».
    • Les tensions sociales s’accroissent, exacerbant la violence sous-jacente.

    Sur le plan extérieur :

    • Force est de constater que la France a toujours été en guerre, ce n’est pas nouveau : la France est le pays européen le plus engagé dans des guerres extra-territoriales : Afrique (Mali, Centre Afrique, …), Moyen Orient (Syrie, Irak, Libye).
    • La France est en passe d’être le deuxième pays exportateur d’armes : navires de guerre, avions rafales, hélicoptères de combat, ….
    • Le pays qui dénonce, à juste titre, les exactions de certains chefs d’état, mais qui se tait, voire qui cautionne les agissements guerriers de certains autres (Cf. le conflit israélo-palestinien, …).
    • Le passé colonial de la France est toujours présent. Elle s’arroge le droit d’intervenir par la force dans son ex-empire, au prétexte des droits de l’Homme, occultant ainsi ses intérêts économiques et géostratégiques sous jacents. Il ne faut pas s’étonner d’un retour de boomerang !
    « LA SPIRALE DANS LAQUELLE NOUS ENTRAINE l’ETAT PYROMANE EST INFERNALE » a déclaré Christine DELPHY dans une réunion publique tenue le 15 janvier à Paris.

    De nombreux collectifs se sont constitués avec signatures de pétitions « Ni guerres, ni état de guerre », « Non à la guerre, non à l’état d’urgence ».

    La section de Toulon de la Ligue des droits de l’Homme mène ce même combat. Elle dénonce et refuse : l’état d’urgence, le projet de loi contre le crime organisé, les atteintes répétées faites jour après jour aux libertés fondamentales, les déclarations de guerre dans un pays qui réclame la PAIX.

    P.-S.

    Lire également « éduquer à la paix pour résister à l’esprit de guerre », par Edgar Morin.


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  • Présentation du livre "Nostalgérie"

     d'Alain Ruscio à Nantes

    Alain Ruscio : « Ils veulent gagner la guerre des mémoires »

    L'association l'ARAC (Association Républicaine des Anciens Combattants et Victimes de Guerre, des Combattants pour l'Amitié, la Solidarité, la Mémoire, l'Antifascisme et la Paix) a invité Alain Ruscio, docteur en Histoire à venir présenter son livre Nostalgérie – L'interminable histoire de l'OAS. Cette conférence-débat se déroulera le 14 avril 2016 Médiathèque Jacques Denis, 24 quai de la Fosse à  Nantes, Salle Jules Vallès.

    Ce livre n'a pas de vocation militante.  Il n'est pas démonstration de circonstance. Il se veut simple rappel. Des faits rien que des faits.

    Nous avons souhaité réaliser cette présentation pour Débloquer l'histoire. En effet il y a 54 ans se terminait la dernière guerre coloniale menée par la France. Il y a 54 ans, après les accords d’Evian du 18 mars, signés par le gouvernement français et le Gouvernement Provisoire de la République Algérienne, le cessez-le-feu était proclamé, le 19 mars 1962, acté massivement par le peuple français lors du référendum du 8 avril 1962.

    Aujourd’hui bien que la date du 19 mars ait été reconnue officiellement par le Parlement Le décret fixant une commémoration au 5 décembre existe toujours et fait polémique.  Notre association, l'ARAC  demande l’abrogation, du décret fixant au 5 décembre de chaque année «une commémoration», sans rapport historique, avec le cessez-le-feu qui a permis la fin de la guerre d’Algérie et qui entretient encore la confusion dans l’opinion publique

    Les peuples français et algériens souffrent encore de blessures pas toujours cicatrisées de ce drame vécu par nos deux pays.

    Nous pensons qu'il est plus que temps, que chacun assume son passé, qu’un traité de paix et d’amitié vienne régulariser la situation, les rapports entre nos deux pays.

    Pour cela, il nous faut faire toute la lumière sur cette guerre et combattre ceux qui entretiennent les séquelles empoisonnant encore notre présent (racisme, haine, violence, xénophobie, réhabilitation des criminels de l’OAS etc…)

    L’Algérie n'a jamais été cet Éden que l'on nous a prôné, la guerre d’Algérie a commencé le 14 juin 1830 à Sidi-Ferruch à 27 km d'Alger dès ce moment : La  « situation coloniale était créée avec  ses maîtres  - toujours blancs , selon les critères de l'époque – et ses  indigènes – toujours basanés. »

    Pour l'ARAC de Loire-Atlantique, Jean-Claude Salomon, président départemental Membre du Bureau National 

     

    Alain Ruscio : « Ils veulent gagner

    la guerre des mémoires »

    Alain Ruscio : « Ils veulent gagner la guerre des mémoires »

    Photo : Sylvain Thomas/AFP

    En débaptisant la rue du 19-mars-1962 pour lui donner le nom d’un ancien putschiste, le maire de Béziers Robert Ménard se pose en héritier du colonialisme.

    L’historien Alain Ruscio, spécialiste de la guerre d’Algérie, rappelle le travail de sape des « descendants idéologiques de l’OAS ».

    Que signifie commémorer, en France aujourd’hui, le 19 mars 1962 ? 

    Alain Ruscio : Ce n’est pas seulement la guerre d’Algérie qui s’est arrêtée, mais un cycle qu’on peut qualifier de décolonisation tragique : depuis 1945 et pendant dix-sept ans, la France a été en guerre, du Vietnam à l’Algérie. Cette dernière guerre avait profondément marqué, blessé, voire tué les sociétés française et algérienne. Il y a eu une sorte de soupir de soulagement à voir la France se libérer de ce poids en reconnaissant à ces peuples le droit à disposer d’eux-mêmes.

    On assiste à un mouvement de recul idéologique. Des maires Front national et de droite refusent de commémorer cette date, effacent cette histoire, mettent en berne les drapeaux français… 

    Alain Ruscio : Le grand drame des Français d’Algérie a été de penser que l’Organisation armée secrète (OAS), les pires des racistes et des colonialistes, pouvait les sauver. L’OAS, responsable de plusieurs milliers de crimes en Algérie et sur le sol français au nom de l’Algérie française. Aujourd’hui encore, les descendants idéologiques de l’OAS continuent leur combat d’arrière-garde. Ils réussissent à laisser penser que l’histoire aurait pu tourner autrement. À contre-courant des historiens et des citoyens qui savent bien que l’indépendance de l’Algérie était inéluctable. Ces gens-là ont perdu la guerre sur le terrain mais veulent gagner la guerre des mémoires.

    Avec l’arrivée aux exécutifs locaux d’élus sensibles à leurs thèses, leurs réseaux se réorganisent. 

    Alain Ruscio : Ceux qui se réclament de l’héritage gaulliste (et je rappelle que c’est De Gaulle lui-même qui a voulu signer l’indépendance de l’Algérie) n’hésitent plus à passer des alliances avec des anciens de l’OAS, les mêmes qu’ils avaient combattus. Il y a une porosité inquiétante entre l’extrême droite et la droite classique.

    Dans leur livre le Mauvais Génie, Ariane Chemin et Vanessa Schneider écrivent que Patrick Buisson a presque réussi à faire revenir Sarkozy sur les accords d’Évian. Est-ce possible ? 

    Alain Ruscio : La France et l’Algérie sont deux pays totalement indépendants, maîtres de leur destin, et nul n’y pourra rien changer : aucun gouvernement au monde ne reviendrait sur des accords signés par deux gouvernements légaux et validés par l’entrée de l’Algérie à l’ONU. Même si, dans la pire des hypothèses, les Le Pen arrivaient au pouvoir, ils ne le pourraient pas, à moins de vouloir faire replonger les jeunes Français dans une deuxième guerre d’Algérie.

    Alain Ruscio

    Alain Ruscio contre

     les OAStalgiques

    Le chercheur rafraîchit les mémoires

    sur les ignominies de l’armée secrète

    Il y a le sourire de Robert Ménard, maire de Béziers, quand il débaptise, au milieu du mois de mars, la rue du 19 mars 1962, date des accords d’Evian mettant fin à la guerre d’Algérie, pour dévoiler la plaque de la rue Commandant-Denoix-de-Saint-Marc. Et puis il y a ses mots : «Notre paradis à nous, comme disait et dit toujours ma mère.»

    Passons sur l’ancien commandant du 1er Régiment étranger de parachutistes, admirable pendant la Seconde Guerre mondiale, respectable en Indochine et misérable en Algérie quand il participe à la bataille d’Alger et au putsch des généraux en retraite, qui n’étaient pas 25, un quarteron, mais quatre : Salan, Jouhaud, Challe et Zeller.

    Nostalgérie, l’interminable histoire de l’OAS devrait rafraîchir les mémoires. «Notre paradis… ma mère», toute la guerre tient en quatre mots pour les nostalgiques. Après, il y a les chiffres et l’histoire d’un mouvement qui passera alternativement de l’horreur absolue à la bêtise, du ridicule à l’ignominie. Alain Ruscio dresse un bilan de ceux qui rêvaient de se mettre dans les pas de Franco marchant sur Madrid, pour conquérir Paris. Les chiffres : 15355 attentats, faisant 1622 morts (2700 suivant une autre source) (239 Européens, 1383 musulmans), entre mars 1961 et avril 1962, au nom du paradis que représentait l’Algérie pour quelques militaires en rupture de ban et des «braves gens» pour reprendre une expression du Canard enchaîné pour désigner des hommes de main.

    «Scorpions». «Le 15 mars 1961, un commando armé envoyé par Roger Degueldre, dirigé par deux chefs des commandos Delta, Jo Rizza et Gabriel Anglade, et comprenant Félicien "Kiki" Gardiola, "Petit Vincent", "Pierrot la Grue", "Jeannot" Martinez, fit irruption et exécuta froidement six hommes désarmés, collés au mur : Marcel Basset, Robert Eymard, Mouloud Feraoun, Ali Hammoutène, Max Marchand et Salah Ould-Aoudia.» Voilà l’affaire dite du Château-Royal, au cours de laquelle ces «braves gens» règlent leur compte aux dirigeants des centres sociaux éducatifs fondés par Germaine Tillion. Des méthodes si proches de l’attentat contre Charlie Hebdo. Pourquoi ? Ils répondaient à la violence du FLN et des «barbouzes» gaullistes. Sans doute, mais le niveau de haine - réciproque - touche à l’indicible. Le 19 février 1962, Francine Dessaigne, partisane de l’Algérie française, rend compte d’une opération : «Hier à midi, un commando OAS a tiré sur une voiture qui sortait de l’hôpital Maillot. Il y avait quatre barbouzes. La voiture a pris feu […]. Un cercle s’est formé. On a regardé se consumer le véhicule et ses occupants dont certains n’étaient que blessés […]. Qui n’a jamais dans sa vie tué des rats ou brûlé des scorpions.»

    L’imbécillité avait sa place aussi, comme le rappelle Alain Ruscio : «En février 1962, le siège des Editions sociales françaises, maison totalement apolitique spécialisée dans les publications de droit du travail, fut plastiqué à la place des Editions sociales, émanation du PCF… En mars, l’appartement d’un certain M. Léon, journaliste à la retraite, fut à son tour détruit, le commando l’ayant confondu avec Georges Léon, critique musical à l’Humanité…» A force de se tromper de cible et de méthodes, les plastiqueurs de l’OAS vont perdre tout soutien populaire, comme en témoignent les résultats aux référendums de janvier 1961 (74,9% des suffrages approuvent l’autodétermination) et d’avril 62 (90,8% en faveur de la ratification des accords d’Evian). Bilan de l’OAS, qui voulait rendre coup pour coup au FLN, mettant un terme à tout espoir de cohabitation entre les «indigènes» et les «Européens» : la guerre totale promise par des officiers qui avaient choisi de désobéir se transformait en une défaite totale.

    «Corps». En voulant aller contre l’histoire - le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, affirmé par le général de Gaulle -, les amis de Jean-Marie Le Pen, que l’on croise une douzaine de fois dans le livre d’Alain Ruscio, opposaient la force de quelques-uns à la volonté populaire. Ils auraient dû lire Alexis de Tocqueville qui écrivait en 1830 : «La société musulmane et la société chrétienne n’ont malheureusement aucun lien, elles forment deux corps juxtaposés, mais complètement séparés […]. Tous les jours cet état de choses tend à s’accroître par des causes contre lesquelles on ne peut rien.» Dire notre «notre paradis à nous», c’est encore naviguer entre le ridicule et l’ignoble pour faire plaisir à sa maman, sans rien avoir appris de l’histoire.

    Philippe DOUROUX 

    Alain Ruscio Nostalgérie, l’interminable histoire de l’OAS La Découverte, 316 pp., 21 €.

    SOURCE : http://www.liberation.fr/livres/2015/04/15/alain-ruscio-contre-les-oastalgiques_1241904

    Alain Ruscio : « Ils veulent gagner la guerre des mémoires »

    Effacer les échos d’une mémoire pervertie

    pour débloquer l’histoire

    Nostalgérie, l’interminable histoire

    de l’OAS  d’Alain Ruscio.

    C’est l’adjectif qu’il convenait d’employer : « interminable ». Car l’historien Alain Ruscio, qui connaît par cœur cette histoire de l’un des mouvements terroristes intimement lié à la décolonisation, réitère le douloureux constat de la façon dont les idées et l’action de l’Organisation armée secrète – ou des hommes qui l’ont composée avant même sa fondation – ont imprégné et continuent d’exercer un certain attrait au sein de la politique française, à droite, à l’extrême droite. D’une certaine façon, ils ont « bloqué l’histoire ». La « persistance de la foi en une cause », l’Algérie française et, partant, la préservation de l’empire colonial français, s’explique pour partie, note Ruscio, par la « ténacité » de ce lobby, mais aussi par « la perméabilité des parois qui séparent droite classique et monde extrémiste en ce domaine ». En témoignent les hommages sous forme de stèles, de plaques, que les élus de droite et d’extrême droite du Sud (à Béziers, Nice, Grasse, Perpignan, Narbonne…) inaugurent à grand renfort de discours magnifiant le « paradis » perdu, avant tout pour flatter un électorat pied-noir abusivement considéré d’un seul tenant. C’est que, de Jean-Marie Le Pen et Pierre Poujade à Louis Aliot et Robert Ménard, en passant par Valéry Giscard d’Estaing (longtemps soupçonné d’être « l’agent 12 A », premier informateur de l’équipe 12 de l’OAS-Métro), des liens, apparents ou cachés, existent qui consacrent une « fraternité » des nostalgériques. Dans une enquête historique très détaillée, multipliant les sources (13 pages de bibliographie et filmographie !), l’historien suit le parcours de ces Français d’Algérie à la « mentalité d’assiégés », qui, dès que la France a pris pied sur ce bout de continent africain, en 1830, se sont constitués en milices. Une genèse qui ne pouvait que favoriser un rapprochement avec l’extrême droite, notamment avec « le dernier bastion fasciste d’Europe », l’Espagne (où l’OAS est née en février 1961). Aujourd’hui encore, les échos de ce mouvement résonnent dans la société française. Une « restauration coloniale » est à l’œuvre depuis que les relais politiques demandent « l’amnistie » pour les tueurs de l’OAS (15355 attentats revendiqués, 1622 morts (2700 suivant une autre source) et 5048 blessés européens et musulmans) ou que la République giscardienne a réintégré les « enfants perdus » de cette aventure, Alain Griotteray ou Pierre Sergent (un des premiers membres du FN). Plus près de nous, c’est un Nicolas Sarkozy participant à la « perversion de l’histoire réelle » par une « lecture partiale d’un bilan mettant en avant les ‘‘aspects positifs’’» qui œuvre à la « réhabilitation des ‘‘valeurs’’ qui naguère ont fait la force de l’idéologie coloniale ». Pour ne pas répéter les errements, relire cette histoire à l’aune des discours présents est essentiel.

    SOURCE : http://www.humanite.fr/effacer-les-echos-dune-memoire-pervertie-pour-debloquer-lhistoire-571557

     

     


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  • Guerre d’Algérie. Ils témoignent pour une mémoire apaisée

    Guerre d’Algérie. Ils témoignent pour une mémoire apaisée

    Lundi 4 avril 2016, par 4ACG  

    Terrorisme, justice d’exception, Front national, islamophobie... Cinquante-quatre ans après la signature des accords d’Évian, le 19 mars 1962, la guerre d’Algérie et ses stigmates hantent plus que jamais la société française. Des hommes et des femmes rompent le silence, et tentent de lancer des passerelles au-dessus de la Méditerranée, comme autant de points de suture sur la plaie d’un conflit qui n’en finit pas. Parmi eux, Gérard, ancien appelé en Algérie, Tony, ancien réfractaire, et Bernard, pied-noir progressiste, ont accepté de raconter leur histoire.

    Guerre d’Algérie. Ils témoignent pour une mémoire apaisée

    GÉRARD LECHANTRE, APPELÉ EN 1958 "Le grand pardon"

    Le 19 mars 2012, Gérard Lechantre se rend à la célébration du cinquantenaire des accords d’Évian à Nanterre. « Quand j’arrive sur place, je vois des militaires bardés de médailles. J’ai tourné les talons et, sur le trottoir, je me suis mis à chialer tout ce que je pouvais. La cérémonie était à la gloriole de la guerre, loin de toute idée de réconciliation. » À l’opposé des sentiments de cet ancien militant des Jeunesses ouvrières chrétiennes, appelé en 1958 sous les drapeaux pour effectuer son service militaire.

    LEUR PENSION REVERSÉE

    Suite à cela, il rejoint la 4ACG, une association d’anciens appelés qui reversent leur pension d’anciens combattants à des oeuvres sociales algériennes. « Parce que cet argent nous brûle les doigts. »
    « Grâce à ces fonds, nous avons acheté 50 vélos pour que les petites filles puissent aller à l’école, des machines à coudre pour des ateliers de couture en Kabylie... » Les anciens appelés se sont également rendus en Algérie afin de fraterniser avec les ex-moudjahidine. À cette occasion, Gérard a rencontré un Algérien dont le père avait été tué par l’armée française en 1958 au Kroubs, au moment où lui-même y était soldat. Cinquante ans plus tard, ils se sont réconciliés autour d’un repas.
    Retrouvez les témoignages de Gérard Lechantre et d’autres anciens appelés dans le spectacle « la Guerre de mon père », de Judith Depaule et Vincent Delandre, de la Compagnie Mabel Octobre.

     

    Guerre d’Algérie. Ils témoignent pour une mémoire apaisée

    BERNARD ZIMMERMANN, PIED-NOIR

    "Le trouble dans la nationalité"

    « Enfant, lorsqu’on voyageait en Algérie, je cherchais le panneau indiquant « Verdun ». Le 13 mai 1958, j’avais 18 ans et j’étais enthousiasmé par le putsch des généraux. Enfin, la guerre allait finir, et nous allions pouvoir vivre en paix avec les Algériens », se souvient Bernard Zimmermann. Le petit pied-noir grandit à Oran et la seule France qu’il connaît, c’est l’Algérie. Son regard change lorsqu’il entre à l’École normale d’Alger. « J’entendais nos camarades de classe dire qu’ils avaient eu « les melons »... Le 13 mai 1959, un camion de l’armée française a essayé de rafler le cuistot de l’école pour le forcer à aller manifester sur le forum d’Alger et faire croire que les Algériens soutenaient les généraux. Ça a été le déclic ». L’année suivante, il échappe au service militaire, car de Gaulle ayant décidé de scolariser tous les enfants algériens, les instituteurs pieds-noirs sont réquisitionnés et envoyés au bled. « En 1962, avec ma femme, nous ne pouvions plus mettre les pieds à Oran ; l’OAS menaçait de mort ceux qui continuaient à faire la classe aux Arabes, contrairement à leurs consignes. » L’été 1962, l’instituteur part en vacances en France et, sous la pression de sa famille inquiète, y reste un an. « L’été suivant, nous n’en pouvions plus. La vie métropolitaine nous semblait très matérialiste. Nous voulions rentrer en Algérie et adopter la nationalité. » Mais, très vite, le clientélisme, la corruption s’installent dans l’administration. « En 1965, Boumediene fait son coup d’État. À Oran et Mostaganem, il y a des descentes dans l’administration pour agresser les femmes qui travaillent et les renvoyer au foyer. C’est ce qui nous a décidés à partir. J’avais réalisé que, sur le plan des valeurs, je me sentais français. »

    PIEDS-NOIRS ET OPA DU FN

    En 1985, Bernard rejoint l’association Coup de soleil, qui valorise les productions d’artistes originaires du Maghreb. Il fonde ensuite Soleil en Essonne, qui propose des activités culturelles aux résidents du foyer Adoma de Montgeron. Parallèlement, le professeur écrit l’ouvrage « les Résistances piedsnoires à l’OAS » (Éditions l’Harmattan). « Parce que je ne supporte pas qu’on assimile les pieds-noirs à l’OAS. Et encore moins l’OPA menée par le Front national sur cette population. »

    Guerre d’Algérie. Ils témoignent pour une mémoire apaisée

    « JE NE VEUX PAS LA FAIRE ! » TONY ORENGO

     « réfractaire non violent »

    Ce dimanche de mars, Tony Orengo est descendu spécialement de son arrière pays toulonnais pour participer au Salon anticolonial et faire connaître l’expérience des « réfractaires non violents » aux plus jeunes. Qui se douterait que ce papy à l’oeil malicieux a passé sa jeunesse sous les verrous ? Son refus du service militaire, en 1958, lui a pourtant valu cinq ans de captivité.
    « Peut-être la vision de femmes tondues et d’hommes que l’on asphyxiait dans les fontaines explique-t-elle ma réticence à toute forme de guerre », analyse le retraité, témoin de la Libération. Son engagement dans le scoutisme protestant, puis à la CIMADE n’y est pas non plus pour rien. « J’avais de longues discussions avec les frères de Taizé, voisins de notre local, très anticolonialistes. Et ma soeur, professeur en Algérie, s’était mariée avec un Algérien », raconte-t-il. Jeune homme, il est déjà conscient de l’inégalité entre Français et Arabes dans la colonie, de l’existence de la torture... « J’allais aux convocations de l’armée, mais je leur disais que je refusais de faire mon service. De là, je n’ai plus retrouvé la liberté », raconte Tony. Jugé par les tribunaux militaires, il passe un an à la prison de Metz, deux à celle de Liancourt, dans l’Oise. « Mais je ne m’ennuyais pas trop : je donnais des cours d’alphabétisation aux prisonniers maghrébins. » Le jeune homme est libéré le 17 janvier 1963. « Autour, le monde avait changé. J’ai éprouvé le besoin de rentrer dans la vie « normale », et j’ai trouvé un boulot chez un des seuls patrons communistes de Marseille. »

    TOUJOURS EN RÉSISTANCE

    Pourtant, dix ans plus tard, le naturel revient au galop. Tony adhère en pagaille au Mouvement de la paix, à celui contre l’armement atomique, à la Ligue des droits de l’homme. À 60 ans, il était même sur une des flottilles partie pour Gaza pour briser le blocus israélien. Puis, en 2003, il reçoit l’appel d’un objecteur de conscience à la recherche de ses anciens frères de combat. « En 1963, ils s’étaient donné rendez-vous en l’an 2000 sur le causse du Larzac, mais un seul s’en souvenait ! » rigole Tony. Les papys finissent par se retrouver et s’aperçoivent qu’ils ont très peu partagé leur expérience avec leurs enfants et petits-enfants. « Alors nous avons créé l’association des réfractaires non violents à la guerre d’Algérie, publié un livre, fait un DVD sur notre histoire, on témoigne dans des écoles... et on a même mené des actions vers les refuznik israéliens ! »


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    Dominique Paganelli : "Ils avaient 20 ans

     ils ont fait la guerre d'Algérie"

     Ils avaient 20 ans. Ils ont fait la guerre d'Algérie

     

    C'est un bouleversant récit sur une période sombre et violente de l'histoire de France, que nous livre, dans son ouvrage, Dominique Paganelli, chroniqueur judiciaire, ancien grand reporter.

    De 1954 à 1962 la guerre déchire l'Algérie. Dominique Paganelli n'est encore qu'un enfant mais de Sartène et du Continent, les échos de cette actualité tragique le touchent. Il découvrira plus tard la réalité de cette guerre qui se déroule de l'autre côté de la Méditerranée, et le destin des jeunes appelés d'Algérie, insouciants, partis faire leur devoir pour parfois y mourir ou en revenir meurtris à jamais.

    À travers le témoignage de quelques-uns d'entre eux, devenus célèbres aujourd'hui, l'auteur déroule, dans un style fluide et rythmé, le fil d'un événement majeur, ponctué de faits historiques. On découvre ainsi un pan méconnu de la vie personnelle et intime d'un chanteur, d'un chef d'entreprise, d'un pilote de course automobile ou sportif chevronné, mais aussi d'hommes politiques, hommes de lettres et de cinéma, d'un dessinateur, d'un journaliste... On y croise notamment le champion cycliste Raymond Poulidor, l'écrivain Jean-Claude Carrière, le dessinateur Cabu, le ministre Pierre Joxe... Ils s'en sont tous sortis, mais pas indemnes.

    L'historien Benjamin Stora décrit dans la préface de ce beau livre : «Tel qu'il est, il peut se lire comme un reportage dans les méandres d'une mémoire douloureuse et apporte une contribution importante sur un sujet, la guerre d'Algérie, devenu plus que jamais d'actualité.»

    « Algérie: l'absurde parenthèse »

    http://www.huffingtonpost.fr/dominique-paganelli/guerre-algerie-1962_b_1355269.html 

    Oublier, effacer, fermer l'absurde parenthèse... Quel que soit le mot choisi ou l'expression utilisée, tous les appelés à leur retour d'Algérie, se sont cognés au mur du silence, à celui de l'indifférence. Il leur a fallu vivre avec leurs tourments, leurs cauchemars algériens, sans parvenir à s'en délester. A défaut de les écouter, ils auraient aimé qu'on les entende, ça les aurait apaisés. "Oui ca a été le grand silence, dit Jean Pierre Farkas ancien grand reporter à RTL, Paris Match... Moi c'est vrai je n'ai rien dit, mais on ne m'a rien demandé. Pourtant ça m'aurait soulagé, mais était-ce utile? Notre guerre à nous c'est une guerre qui pue, une guerre qui ne disait pas son nom et dont les Français avaient le sentiment qu'elle était illégitime La guerre de 14-18, on en discutait dans les familles, devant le cadre où étaient accrochées les médailles du grand-père qui avait été dans les tranchées. C'était un héros, comme celui qui, dans les années 40, avait fait de la résistance ou était à Londres ou dans la deuxième DB, pour repousser l'envahisseur allemand. Mais nous?"

    Alors ils ont tout gardé pour eux, tout ravalé, tout dissimulé. Et pour certains, ça a fait un drôle de mélange à l'intérieur, parfois détonnant. Les autres ont dû faire avec.

    Ils avaient 20 ans. Ils ont fait la guerre d'Algérie

    Quand Raymond Poulidor devient champion de France cycliste sur route en 1963, comme tous les vainqueurs, il se plie au protocole. Il accepte tous les bouquets de fleurs qu'on lui tend, il enfile son maillot tricolore et sur la plus haute marche du podium, il se redresse quand La Marseillaise retentit. Ne pense-t-il qu'à sa victoire? Le cessez-le-feu vient d'être signé. Lui était là-bas, il n'y a pas si longtemps. Quel supporter admiratif peut imaginer à cet instant que derrière le sourire du cycliste se cachent les souvenirs d'un appelé, qui au volant de son camion conduisait les légionnaires au combat?

    Ils avaient 20 ans. Ils ont fait la guerre d'Algérie

     26 mois difficile en Algérie  de Jean-Pierre Beltoise

    Quand les photographes mitraillent le visage heureux de Jean-Pierre Beltoise victorieux du Grand prix de Formule1 de Monaco en 1972, y en a-t-il un qui décèle dans son objectif, la colère que cet homme a emmagasinée contre l'armée qui lui a volé sa jeunesse en l'envoyant en Algérie?

    Qui, ne serait-ce qu'un instant, peut envisager que cet homme ceint de la couronne de lauriers, qui se plie à toutes les sollicitations des officiels, a refusé 13 ans auparavant d'obéir à l'autoritarisme stupide de ses supérieurs? "Des gars du FLN avaient attaqué notre poste, dit Beltoise, en passant par un champ de mines. Beaucoup sont morts, l'un d'eux blessé est resté accroché aux barbelés, dans le champ. Un sous-off m'a demandé d'aller le décrocher, j'ai refusé. C'est ce dont je suis le plus fier de cette guerre. Il m'a gueulé dessus, je n'ai pas cédé. Il a décidé d'y aller lui-même. Il a sauté sur une mine."

    Ils avaient 20 ans. Ils ont fait la guerre d'Algérie

    Et ces passants qui empruntent le pont de Bercy, en 1959, font-ils attention à ce couple d'amoureux, appuyé contre le parapet, qui regarde étrangement la Seine, comme si le fleuve était leur sauveur ?

     

    Ils avaient 20 ans. Ils ont fait la guerre d'Algérie

    C'est Jean-Claude Carrière et sa femme, qui s'apprêtent à jeter à l'eau, les lettres d'amour qu'ils se sont écrites chaque jour, pendant que le sergent Carrière faisait sa guerre en Algérie. Gommer les traces pour "tout effacer, tout oublier".

    Ils avaient 20 ans. Ils ont fait la guerre d'Algérie

    Le père Guy Gilbert le curé des loubards

    Le père Christian Gilbert celui qu'on appelle le curé des loubards, est arrivé à Alger avec le 2e bataillon des chasseurs alpins de Barcelonnette. "C'est en Algérie, dit-il que j'ai fait le plein de mes indignations qui m'animent aujourd'hui. C'est en Algérie que je me suis construit comme homme." C'est là en effet qu'il a sévèrement boxé un sergent qui passait à la gégène un jeune paysan algérien, ce qui lui valut d'être muté dans un bataillon disciplinaire.

    La France avait autre chose à faire que d'écouter à leur retour ces appelés, tout cabossés, qui lui renvoyaient l'image de sa propre défaite politique. La France voulait tourner la page. C'était les Trente glorieuses, la consommation valait mieux que l'introspection.

    L'Algérie est un marqueur de l'histoire de notre pays, un marqueur aussi pour chaque individu qui a traversé cette période, quelque soit son âge.

    Je n'avais pas dix ans, quand tout bronzé de retour des vacances en Corse je me rendais, début septembre, à l'école communale rue de Billancourt à Boulogne pour mon entrée en CM2. Brun, le cheveu frisé je devais ressembler aux mêmes enfants qui de l'autre coté de la Méditerranée faisaient eux aussi leur rentrée. Sur l'avenue, un camion s'est arrêté net à ma hauteur. Le chauffeur en est descendu et a hurlé en me coursant: "rentre chez toi sale bicot!"

    Pour qu'un adulte laisse tout à trac son véhicule au beau milieu de la route et pourchasse un enfant en l'abreuvant de propos racistes, il fallait que ce qui se passe alors en Algérie soit du sérieux. Ca l'était, en effet.

    Ces appelés devenus célèbres

    http://www.lepoint.fr/societe/ces-appeles-devenus-celebres-15-03-2012-1699480_23.php

    Témoignages sur la guerre d'Algérie. Ils furent happés par la guerre. Un livre leur donne la parole.

    Ils furent 1,5 million d'appelés. Dans "Ils avaient 20 ans" (Tallandier), Dominique Paganelli en a retrouvé une dizaine, célèbres, qui décrivent formidablement leur guerre, l'incorporation, la traversée, la vie quotidienne, les patrouilles, les combats... Certains sont devenus ministres comme Pierre Joxe ou Jacques Barrot, d'autres étaient déjà chanteurs comme Jacques Higelin ou Claude Vinci, qui raconte comment, vingt-quatre heures après sa folle désertion et avoir tiré (en vain) sur des légionnaires, il retrouvait ses amis Yves Montand et Simone Signoret pour écouter Juliette Gréco à Sainte-Maxime. Il y a des invités surprise comme Jean-Pierre Beltoise ou Raymond Poulidor, coureur déjà prometteur mais devenu chauffeur pour les légionnaires et effrayé par ces as de la guerre. Cinquante-cinq ans après cette guerre, ils tentent de briser ce silence, ces cauchemars que Jean-Claude Carrière illustre de la plus forte des manières : "A mon retour, avec ma femme, nous avons rassemblé les lettres que nous nous étions écrites chaque jour. Comme en procession, nous sommes allés au pont de Bercy et, là, nous les avons jetées dans la Seine pour tout oublier et tout effacer."

    EXTRAITS 

    Comment Cabu est devenu antimilitariste

    Ils avaient 20 ans. Ils ont fait la guerre d'Algérie

    "Nous devons décharger de grosses nourrices d'eau indispensables à la vie de tous les jours, que nous hissons difficilement sur une épaule, puis quelques mètres plus loin sur l'autre pour répartir la douleur. Tout le monde est mobilisé et il faut plusieurs allers-retours en pleine chaleur pour vider l'hélico. Après, c'est nous qui sommes vidés. Cette corvée, fatigante et dangereuse, c'est notre hantise.Le chemin est protégé par des gars en armes, mais nous ne pouvons nous empêcher de penser qu'avec nos lourdes bourriches sur le dos, nous sommes une cible facile pour des tireurs embusqués. Comme le colonel nous a assuré qu'aucun hélico ne peut se poser plus près de notre campement, et que l'eau est vitale, alors va pour la corvée. Ça me fait drôle de voir tous ces gars dont l'alcool imbibe la vie suer sang et eau pour transporter ces jerricans. Et un jour, à l'occasion du départ du colonel, je crois, on a vu un petit hélico se poser tout près de notre poste. En descend un troufion qui porte un seau à glace duquel dépasse une bouteille de champagne. Le jeune marche de façon martiale comme s'il rendait les honneurs au champagne que doit déguster l'officier. J'ai trouvé ça abject..."

    Poupou chauffeur routier ! 

    Ils avaient 20 ans. Ils ont fait la guerre d'Algérie

    "Les appelés sont mis à contribution. Raymond Poulidor est de ceux-là. Le 28 septembre, jour du référendum, il a été détaché pour aller chercher dans les mechtas les hommes et les femmes (c'est la première fois que les Algériens votent) afin qu'ils exercent leur "devoir de citoyen". Ceux qui n'avaient aucune envie de se déplacer, ou qui ne voulaient pas quitter leur village parce qu'ils ne savaient pas de quoi il s'agissait, on les ramenait de force. La plupart ne savait ni lire ni écrire, certains mêmes n'étaient jamais montés en voiture ni dans un camion comme le mien. Durant le trajet, ils étaient malades, ils vomissaient. Il fallait nettoyer. Arrivés devant les bureaux de vote, on leur indiquait le bon bulletin à glisser dans l'urne, le blanc, celui du oui. Ils ne prenaient pas le bulletin violet, celui du non, d'autant que cette couleur est associée à la mort chez les musulmans."

    Le colonel skieur

    Ils avaient 20 ans. Ils ont fait la guerre d'Algérie

    En pleine guerre, le colonel du régiment de Jean-Claude Carrière a décidé de dévaler, à skis, les pentes enneigées des montagnes du Djurdjura. "Arrivé au pied de la montagne, il faut installer deux hommes de garde auprès des véhicules, avec des fusées d'alarme (c'est le règlement), et continuer à pied jusqu'à la neige. Un soldat porte sur son épaule les skis du colonel, un autre les bâtons. On garde un oeil inquiet sur le paysage. Le colonel s'avance en tête, le pistolet à la ceinture. Des bouffées de buée le précèdent.

    Il parvient à l'endroit qu'il a choisi, qu'il commence à connaître. Pendant qu'il attache ses skis, qu'il saisit ses bâtons, je dispose les hommes le long de la piste qui n'existe pas, dans la neige vierge. Placés de cinquante mètres en cinquante mètres, ils tiennent leurs armes braquées sur la montagne silencieuse. Ils tournent le dos à la piste. Le canon des armes tremble de froid.

    Quand tout est prêt, quand toutes les dispositions sont prises (comme on dit), je fais un signal et le colonel s'élance pour une petite descente tranquille. Il descend correctement, un peu raide, sans se presser, gardé par des soldats postés, immobiles, qui surveillent avec attention les abords au cas où. Parvenu au bas de la piste, il remonte lentement, puis il redescend. Il recommence encore une fois ou deux. Quelquefois, quand le souffle lui manque un peu, il ne remonte pas jusqu'en haut. Une fois, il est tombé. Dans ces cas-là, il ne faut pas lui porter secours, sauf blessure. Il est important de ne pas quitter son poste. Le colonel, d'ailleurs, se relève tout seul. Rien de grave. Il repart en douceur.

    Ça dure une heure, une heure et demie. Quand il en a assez, je regroupe les hommes. Ils ont généralement eu très froid, et moi aussi, tandis que le colonel est tout rouge et transpire presque."

     

    Tuer un âne... de peur 

     Ils avaient 20 ans. Ils ont fait la guerre d'Algérie

    "La nuit , raconte Jean-Pierre Farkas [journaliste à RTL,Paris Match...], tous les bruits sont interprétés à l'aune de sa propre peur. Le vent qui agite les arbres, ce sont des assaillants cachés qui s'apprêtent à donner l'assaut et fondre spécialement sur le poste de garde. Un bruit suspect sur le sol, alors que tout le monde dort, c'est forcément l'ennemi qui se déploie. Et au petit matin quand la sentinelle s'aperçoit que ce n'est rien de tout ça, mais seulement une vache qui divague, ça ne lui arrache même pas un sourire.

    Parfois le gars qui faisait le tour de garde de 2 heures à 4 heures restait avec moi deux heures supplémentaires, dit Farkas. Chacun conjure la peur comme il peut. Il était agriculteur et me parlait de tracteur, moi je l'écoutais. En tout cas, nous n'étions pas seuls face à la nuit.

    Il nous est arrivé un jour de tuer un âne... de peur. On a dû croire que c'était un terrible combattant qui nous en voulait. C'est mon seul fait d'armes." (...).

    Ils avaient 20 ans. Ils ont fait la guerre d'Algérie

    Claude Vinci – quatre ans déjà

    Déjà plus de quatre ans depuis la mort du chanteur et compositeur Claude Vinci.

    Sa disparition n’est pas passée sous silence – sa gentillesse, son acharnement et son sens critique nous manquent aujourd’hui.

    Il a connu le succès dans les années 60 et 70. Amateur de foot et déserteur de la guerre d’Algérie, il a entre autres interprété en chansons Paul Éluard et Aragon.

     

    Le tac-tac-tac des cigognes

    Le 5e génie de Claude Vinci s'est arrêté quelques jours dans une ferme viticole, près de Fondouk. Sa section est désignée pour monter la garde aux trois postes décidés par les officiers. Comme il est caporal-chef, il doit montrer l'exemple, il prendra son tour de garde comme tout le monde. Il est au poste du château d'eau de la ferme. La nuit a été calme, mais au lever du soleil Vinci entend claquer de violentes rafales de mitraillette ou de fusil-mitrailleur. "J'avoue que je ne fais pas la différence. C'est la panique. Que dois-je faire ? Je sors complètement affolé dans la cour. J'aperçois un Algérien enturbanné, le fusil de chasse à l'épaule, s'avancer vers moi. Ça y est ! La voilà, la situation tant redoutée. Me trouver face à face avec un Algérien, chacun une arme à la main. Tuer pour ne pas être tué ? Je suis pétrifié, incapable du moindre geste. L'homme s'avance vers moi et me tend la main. Je ne comprends pas. Mécaniquement je lui serre la main. J'essaie de reprendre un semblant de contenance et je lui demande s'il a entendu les rafales de mitrailleuse. Un sourire éclaire son visage. "N'ayez pas peur, me dit-il, ce ne sont que les cigognes qui ont leur nid en haut du château d'eau. Tous les matins au lever du soleil elles font claquer leur bec. C'est tout. C'est ce que vous avez pris pour des rafales de mitraillette.""

    Paras : pour ou contre ? 

    "Nous ne sommes pour eux que de la basse viande, dit Jean-Claude Carrière. Même dans les opérations d'ensemble, ils ne se battent pas aux côtés de n'importe qui. Ils choisissent leur terrain, ils ne sautent pas à n'importe quelle heure. De temps à autre, on les voit surgir de la poussière dans un cortège de véhicules camouflés et se répandre dans la ville.

    Super-élégants (les parachutistes sont les dictateurs de l'élégance de la gent militaire, on ne discute pas leur mode), le jarret nerveux, le cheveu ras, le regard fier et lointain, médaillés, des gourmettes en or, le treillis retaillé, aussi plaqué au corps que possible, la ceinture portée large, les manches retroussées mais qui s'arrêtent juste à la hauteur du coude (sinon ça fait plouc), ils vont méprisant les vitrines, certains marchent par couples et se tiennent le petit doigt, quelquefois ils achètent du dentifrice ou sucent des glaces. Ils savent qu'on les regarde et ils aiment ça."

    Le caporal-chef du 8e RPC Gilles Perrault les a connus de l'intérieur. Il en était de cette noblesse. "Nous avions pour les officiers para une estime qui n'existait pas ailleurs. A l'inverse, il y avait une simplicité de relation entre l'officier para et ses hommes. Ils ne cherchaient jamais à nous donner l'impression qu'ils étaient d'une autre race. A l'époque, l'ambiance para était réelle et c'était même l'une des raisons principales des succès opérationnels remportés par ces unités."

    Le terrible silence... 

    "Oui, ça a été le grand silence, dit Jean-Pierre Farkas. Cette guerre a laissé des traces à l'âme, au coeur, à la mémoire. Ces jeunes de 20 ans qui sont restés vingt mois, voire vingt-huit pour certains, sans voir de femmes, si ce ne sont celles des bordels, il n'est pas possible qu'ils soient rentrés chez eux avec un comportement innocent. Oui, ça a été le grand silence. Moi, c'est vrai, je n'ai rien dit. Mais on ne m'a rien demandé. Pourtant, ça m'aurait soulagé, mais était-ce utile ? Je n'en ai parlé qu'avec ma fille qui avait 8 ans. La guerre de 14-18, on en discutait dans les familles. Le grand-père qui avait fait Verdun, et dont on avait accroché le cadre et les médailles au salon, était un héros. Comme ceux de 39-45, ceux qui s'étaient engagés aux côtés de Leclerc, de De Gaulle, les résistants au maquis, qui ont repoussé l'envahisseur allemand. Mais, pour notre guerre, celle dont on taisait le nom, les Français sentaient intuitivement qu'elle n'était pas légitime, pas juste, qu'elle n'aurait pas dû être. Notre guerre à nous, c'est une guerre qui pue. Récemment, je me suis retrouvé avec des copains qui comme moi étaient en Algérie. Je leur ai demandé si durant tout ce temps, là-bas, ils avaient vécu quelque chose d'indicible, dont ils ne s'étaient ouverts à personne. Chacun à son tour a répondu : "Evidement, nous avons tous vécu une horreur." J'ai poursuivi, sans leur demander de quoi il s'agissait, pour savoir si aujourd'hui, après toutes ces années, ils se sentaient enfin prêts à en parler. Ils m'ont répondu : "Non. Jamais nous n'en parlerons.""

    Raymond Poulidor "Inutile de vous dire que durant mes douze mois algériens je n'ai pas fait de vélo."

    Jean-Pierre Farkas : "Il nous est arrivé un jour de tuer un âne... de peur. On a dû croire que c'était un terrible combattant qui nous en voulait. C'est mon seul fait d'armes."


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  • Lorsqu’un article de mon blog mis en ligne

    le 1er décembre 2011 (lien ci-après) fait réagir

    Mme Françoise MARCHAND

    Voici donc le lien de l’article concerné ayant pour titre : « Suite de notre série en provenance du quotidien algérien : «Expression» : Chronologie des crimes et des assassinats commis par l’OAS»  

    Le déroulement de notre conversation par courriels

    Mme Françoise Marchand :

    Le pharmacien d'Alger mort en protégeant son préparateur s'appelait MAURICE MICHEL il était l'oncle du juge PIERRE MICHEL assassiné à Marseille, -- envoyé par Marchand (fma.marchand4@orange.fr)

     

    Bonjour, 

    Merci de me donner le lien de l'article concerné par cet ajout car il y a sur ce blog 3800 articles et merci aussi pour votre renseignement. 

    Cordialement. 

    Michel Dandelot

     

    Mme Françoise Marchand :

    Bonjour ,

    Il n'y a pas de lien... si ce n'est familial !

    Les Michel étaient quatre enfants :

    - Maurice , pharmacien à Alger assassiné dont vous parlez.

    Lui-même père de quatre enfants, dont le docteur Jean-Christian Michel célèbre musicien dans les années Soixante, qui a enregistré plusieurs disques.

    - Andrée, morte en Couches en 1938 

    - Maurice, notaire, notable de Metz, quatre enfants dont Pierre Michel, le célèbre juge assassiné à Marseille.

    - Jean-Francois, dentiste à Metz.

     

    Mais Mme Françoise Marchand, vous ne m'avez pas compris, vous dites "Maurice, pharmacien à Alger assassiné dont vous parlez". Donnez-moi le titre de l'article de mon blog qui parle de ce Maurice, sinon pour moi c'est impossible que je rajoute vos renseignements. 

    Cordialement. 

    Michel Dandelot

     

    Mme Françoise Marchand :

    http://www.dandelotmije.com/article-suite-de-notre-serie-en-provenance-du-quotidien-algerien-expression-chronologie-des-crimes-et-90840489.html 

     

    Merci je vais remettre en ligne cet article qui date de 2011 avec vos renseignements. Serait-il possible de me donner votre lien familial que vous avez avec cette famille MICHEL, avec tous mes remerciements.

    Très cordialement. 

    Michel Dandelot

     

    Mme Françoise Marchand :

    « Mon père avait épousé Andrée MICHEL qui est morte en 1938 à la naissance de mon demi-frère. Veuf il s'est marié 3 ans après avec ma mère.

    Mon " demi-frère " passait toutes ses vacances à METZ avec ses cousins et j'ai toujours vécu et suivi cette famille MICHEL dans leurs joies et leurs peines ».

     

    Lorsqu’un article de mon blog mis en ligne  le 1er décembre 2011 (lien ci-après) fait réagir  Mme Françoise MARCHAND

    LES PEINES

    Mme Françoise Marchand nous parle de Pierre Michel, le célèbre juge assassiné à Marseille. Alors prenons connaissance de l’histoire tragique de ce juge…

     

    Lorsqu’un article de mon blog mis en ligne  le 1er décembre 2011 (lien ci-après) fait réagir  Mme Françoise MARCHAND

     

    L’assassinat du juge Pierre Michel

     le 21 octobre 1981 à Marseille

    Cette affaire, c’est celle d’un meurtre exécuté sur ordonnance, un meurtre prémédité, un meurtre odieux pour la République : celui d’un magistrat garant de la justice, pilier de l’état. Cinq ans seulement après la mort du Juge François Renaud, lui aussi lâchement assassiné à Lyon, la justice était de nouveau la victime de ceux qui violent la loi. Il faut dire qu’en ces temps-là à Marseille, les truands, qui rendent parfois service aux politiciens, tiennent le haut du pavé. Les voyous, les bandits et les gros bonnets de la drogue se croient intouchables ! Cette époque c’est celle des héritiers de la French Connection et autres barrons de « la blanche » qui faisaient des rues de Marseille, le lieu-dit de toutes les combines.

    Venu de Metz, Pierre Michel n’appréciait pas ce folklore provençal. Et pendant 7 ans, alors devenu juge d’instruction, il va leur mener une guerre sur leur terre, avec ses méthodes à lui. Celle d’un juge qui n’avait peur de rien, pas même de la mort. Parrains locaux débusqués et arrêtés, trafics arrêtés et laboratoires démantelés. Il montrait chaque jour que ses méthodes de juge n’avaient rien à envier, dans leur efficacité, à celle des bandits. Pour le juge Michel aussi incoercible qu’incorruptible, peu importait la manière, seul l’idéal de justice devait l’emporter. Mais à force de bousculer le milieu, le juge va se créer une kyrielle d’ennemis qui vont tous avoir une bonne raison de vouloir sa mort. Alors qui a donc donné l’ordre de l’assassiner ? Qui était vraiment le juge Pierre Michel ? Et comment l’enquête a-t-elle abouti à la condamnation de plusieurs « personnalités » du milieu Marseillais ? Et surtout a-t-on arrêté les bons coupables ?

    Le 21 octobre 1981, à 12 h 30, un juge est assassiné à Marseille, boulevard Michelet. Ce n'est pas n'importe quel juge, mais celui que l'on surnomme "le justicier" ou "le cowboy". Pierre Michel, 38 ans, premier juge d'instruction à Marseille, a été abattu à bout portant alors qu'il rentrait à son domicile, à moto. Il a été abattu froidement de trois balles de 11.43 par deux motards. Deux de ses confrères rendent hommage à ce juge courageux. Le brillant magistrat était en charge d'affaires criminelles sensibles comme la tuerie du Bar du Téléphone, et surtout la French-Sicilian Connection. En effet, depuis son arrivée à Marseille, le juge Michel s'est opposé au trafic d'héroïne, avec succès : il a démantelé six laboratoires de transformation, arrêté de nombreux trafiquants. Il venait de convoquer dans son bureau Gaetan Zampa (dit Tany), parrain du "milieu" marseillais, pour un rendez-vous le 23 octobre. Zampa, suspecté pour ce meurtre, sera emprisonné en décembre 1983 : il sera retrouvé pendu dans sa cellule à l'été 1984.

    L'enquête sur ce meurtre soigneusement prémédité et exécuté rebondira en Suisse, cinq ans après : la police identifiera le conducteur de la moto, Charles Altiéri, le tueur du juge, François Cecchi. Les commanditaires étaient François Girard et Homère Filippi dit "le Chimiste", proche de Zampa. Ils seront tous condamnés à la réclusion à perpétuité.

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    LES JOIES

    Lorsqu’un article de mon blog mis en ligne  le 1er décembre 2011 (lien ci-après) fait réagir  Mme Françoise MARCHAND

     

    Mme Françoise Marchand nous parle du docteur Jean-Christian Michel célèbre musicien

    Vous pouvez stopper cette vidéo qui ne s'arrête jamais

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    Mme Françoise MARCHAND

     


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  • Jean Combet, courageux successeur

     de Camille Blanc à la mairie d’Evian

    Jean Combet, courageux successeur   de Camille Blanc à la mairie d’Evian

    Il y a cinquante-cinq ans disparaissait le populaire maire d’Evian, Camille Blanc, assassiné par des terroristes de l’OAS pour avoir accepté d’accueillir les pourparlers devant mettre fin aux combats en Algérie. On évoque moins souvent son successeur immédiat, qui a accepté de poursuivre le travail malgré les menaces.

    Aux premières heures du 31 mars 1961, une voiture explose dans la petite impasse entre la mairie d’Evian et l’hôtel Beau-Séjour, tenu par Camille Blanc. Quelques instants plus tard, alors que le maire est descendu dans son salon pour téléphoner, une seconde charge, posée sur sa fenêtre, explose et lui ôte la vie. Dans la rue règne alors un silence de mort. « Tout le monde avait compris ce qui s’était passé, raconte un témoin, mais personne n’osait aller voir. »

    En tant que secrétaire général de la mairie, Jean Combet est logé dans l’hôtel de Ville. Réveillé par l’attentat, il passe un coup de téléphone et descend, le premier, sur les lieux du drame. Il est alors évident que Camille Blanc a payé au prix fort son engagement pour la tenue de pourparlers de paix à Evian, et que l’assassinat porte la signature de l’OAS. Le maire défunt savait que sa prise de position le mettait en danger ; il recevait régulièrement des menaces de mort. Dans ces conditions, qui aurait le courage de lui succéder ?

    Une nouvelle élection du maire est organisée le 30 avril. Personne n’ose se présenter, jusqu’à ce qu’un volontaire se dévoue. Deux jours avant le scrutin, Le Messager constate : « Une seule candidature est officielle : celle de M. Jean Combet, secrétaire général de mairie, désigné à l’unanimité par les 20 conseillers de la majorité. » Il est élu au conseil municipal avec 88,86 % des voix des Evianais, et le conseil l’élit maire par 21 voix sur 23.

    Successeur et bâtisseur

    Mais qui est Jean Combet ? Agé de 54 ans, il n’est pas un inconnu : président du club de gymnastique L’Avenir évianais depuis 1945, ancien résistant, il a participé à la libération de la ville et siégé en tant que premier adjoint au sortir de la guerre, avant de démissionner pour occuper le poste de secrétaire général de mairie. A ce titre, il était depuis des années le plus proche collaborateur de Camille Blanc. Au lendemain de son élection, notre journal rappelle : « Il a toujours témoigné d’un tranquille courage aux heures les plus difficiles de son existence. »

    Du courage, il va lui en falloir encore, jusqu’à la conclusion des Accords d’Evian, un an plus tard. Lui aussi reçoit des menaces sérieuses, qu’il cache à sa famille. Des tueurs se présentent même à sa porte (lire ci-dessous). Lors des négociations, des CRS surveillent sa maison. Un soir, ses enfants rentrant du cinéma se trouvent ainsi face au pistolet-mitrailleur menaçant d’un CRS de garde… et réveillé en sursaut par leur retour.

    La guerre d’Algérie terminée, Jean Combet peut poursuivre l’œuvre de développement de la station entamé au côté de Camille Blanc. Evian lui doit ainsi, notamment, la promenade sur le quai Baron-de-Blonay, le lycée Anna-de-Noailles, le port des Mouettes, le boulodrome, des logements HLM, la modernisation de l’éclairage public, la création d’un centre de cures thermales et d’un service de dialyse rénale à l’hôpital, mais aussi le grand centre nautique qui porte aujourd’hui son nom.

    YVAN STRELZYK

    UN HOMME D’ENGAGEMENTS

     ET DE CONVICTIONS

    1907 : Naissance de Jean Joseph Combet le 12 juillet 1907 à Groisy-le-Plot, près d’Annecy, de parents originaires du village de Notre-Dame-de-Bellecombe (Savoie). Son père Jean-Marie, douanier, s’installe à Evian, où Jean effectue toute sa scolarité.

    1923 : au décès de son père, c’est sa mère Clémentine qui s’occupe d’élever les trois garçons et trois filles du couple. Avec caractère et volonté, elle travaille énormément, afin de donner à tous ses enfants un métier.

    1930 : après s’être engagé pour plusieurs années et avoir effectué son service militaire dans l’artillerie coloniale en Indochine (comme son père avant lui s’était engagé pour servir à Madagascar), Jean Combet rentre à Evian et devient secrétaire de mairie.

    1940 : en décembre, il est destitué de son poste à la mairie par le gouvernement de Vichy pour appartenance à la franc-maçonnerie.

    1942 : il épouse Simone Floret, dont il aura trois enfants. A cette époque, il enchaîne de multiples petits boulots pour subvenir aux besoins de sa famille… en parallèle de ses activités de résistant. Dénoncé, il doit prendre le maquis.

    1944 : Jean Combet participe à la libération de sa ville. Il est nommé secrétaire du comité cantonal de Libération nationale à Evian. Il est élu au conseil municipal en 1945, au poste de premier adjoint, mais démissionne en 1946 pour devenir secrétaire général de la mairie.

    1961 : il succède à Camille Blanc, et reste maire d’Evian jusqu’à sa défaite aux élections municipales de 1971. Elu socialiste (SFIO), il entretient avec Georges Pianta, son homologue de Thonon, pourtant d’un bord opposé, des relations de grande amitié et de respect.

    1964 : Jean Combet est élu conseiller général du canton d’Evian, et réélu jusqu’en 1982, date à laquelle il se retire pour raisons de santé.

    1982 : il s’éteint six mois plus tard, le 29 août, à l’âge de 75 ans.

    LES TUEURS SONNENT A LA PORTE

     DE LA MAISON

    Au moment des Accords d’Evian, Claude Combet, la fille du maire, avait une quinzaine d’années. Elle garde des souvenirs de cette période particulièrement tendue. « Il m’arrivait d’aller fouiller dans le bureau de mon père, raconte-t-elle avec malice, et je voyais bien qu’il nous cachait des messages de menaces. Mais il ne nous en parlait jamais. »

    Un jour, on sonne à la porte de la villa familiale. « Mon père n’était pas à la maison, alors nous sommes allés ouvrir », se souvient-elle. Deux hommes se tiennent sur le seuil. « Ils ont expliqué à ma mère qu’ils souhaitaient voir monsieur Combet pour lui vendre un aspirateur. Comme il n’était pas là, ils ont demandé s’ils pouvaient repasser en soirée. Ma mère a dit oui. »

    Le soir, les deux hommes sont de retour. Les enfants sont à la maison, avec leur mère, mais Jean Combet n’est toujours pas rentré de la mairie. « Ma mère les a fait entrer, et leur a proposé de patienter. Je me souviens qu’ils ont échangé un regard entre eux, et l’un d’eux a dit à ma mère : On reviendra plus tard. Vous avez une belle famille... Puis ils sont repartis. »

    La menace est à peine voilée, mais les deux individus ne reviennent pas. « Quinze jours après, en lisant les journaux, nous les avons reconnus : ils venaient d’être arrêtés comme tueurs de l’OAS. »

    OUVERTURE D’ESPRIT ET INTERETS MULTIPLES

    Homme d’un naturel ponctuel et souriant, Jean Combet aimait le Chablais et s’y intéressait de bien des manières. Membre de l’Académie chablaisienne, réputé pour l’importance et la qualité de sa bibliothèque, il avait à la fin de sa vie le projet d’écrire une histoire d’Evian. Tout socialiste qu’il était, il s’intéressait aussi beaucoup à saint François-de-Sales.

    Profondément humaniste, il avait choisi de s’investir dans bien des domaines. Il était ainsi délégué départemental de l’Education nationale, responsable du club sportif L’Avenir évianais, administrateur de l’office départemental des HLM, et naturellement investi dans la promotion de sa ville, siégeant comme vice-président de l’Association nationale des maires des stations thermales, climatiques et touristiques, et de la Fédération thermale et climatique du Sud-Est, trésorier de France-Congrès et administrateur de la Fédération européenne des villes de congrès. On lui doit aussi le jumelage d’Evian avec Neckargemund.

    Maintes fois décoré (Légion d’honneur, Croix de guerre du combattant volontaire 1939-1945, Croix du combattant volontaire de la Résistance, Mérite militaire, Mérite agricole, Mérite sportif, Palmes académiques…) Jean Combet était également correspondant de presse, notamment pour Le Messager.

    SOURCE : http://www.lemessager.fr/chablais/jean-combet-courageux-successeur-de-camille-blanc-a-la-ia923b925n159632 

     

     


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