• Michel Dandelot Je n'ai pas attendu la lettre de Jean-Luc Fournier (lire ci-dessous et qui passe en boucle sur Facebook), mais pour un autre motif qu'il a oublié de souligner, voici ma lettre de résiliation d'abonnement que j'ai envoyée à Canal + et Canal Sat :

    CANAL+ et/ou CANALSAT
    Service résiliation
    TSA 86712
    95905 CERGY PONTOISE CEDEX 9
    N° client : H907099
    Ancien appelé contre ma volonté de la guerre d’Algérie je ne supporte pas l’arrivée de Guillaume Zeller dans vos services qui a publié sur le site de Robert Ménard «Boulevard Voltaire» un billet réhabilitant le général Aussaresses, http://www.bvoltaire.fr/.../paul-aussaresses-aurait-pu... COPIEZ-COLLEZ. Billet au cours duquel le journaliste explique que le général tortionnaire "aurait pu être un héros national". Dans une tribune, il fustige aussi "l'imposture du 19 mars » COPIEZ-COLLER, jour commémoratif de la fin de la guerre d'Algérie.
    Je vous informe donc que je résilie mes abonnements de Canal+ et CanalSat
    Michel Dandelot
    Saint-Marcel, le 5 septembre 2015

    bvoltaire.fr

    Je n'ai pas attendu la lettre de Jean-Luc Fournier pour résilier mes abonnements à Canal+ et Canal Sat

    Jean Luc Fournier

    23 juin, 19:10 · Strasbourg, Alsace ·

    La lettre (texte intégral ci-dessous) part demain matin en recommandé. Il n'est pas interdit de le faire tourner, ce texte...

    Monsieur Vincent Bolloré, Président Directeur Général de Vivendi
    Monsieur Vincent Bolloré, Directeur Général de Canal +
    Monsieur Vincent Bolloré, Directeur des Programmes de Canal +
    Monsieur Vincent Bolloré, Rédacteur en chef de Canal +
    Monsieur Vincent Bolloré, chargé de production des émissions en clair
    Monsieur Vincent Bolloré, pardonnez-moi d’oublier ici nombre des fonctions que vous occupez au quotidien tellement elles sont nombreuses…

    Ce simple courrier pour vous annoncer que je cesse mon abonnement à Canal + à compter de ce jour. Un coup d’œil dans votre fichier client vous apprendra que je suis un très, très ancien abonné, un des premiers, depuis le premier jour, en 1984. Ca fait un bail, quand même…
    A l’époque, je m’étais abonné pour soutenir une belle aventure de télévision originale et décalée par rapport à la sacro-sainte soupe que nous servaient déjà les TF1, le service public et même la défunte 5 d’un autre grand « comique », M. Berlusconi…
    Certes, depuis ce temps, le fameux esprit Canal + a connu des très hauts et aussi des bas qui m’ont fait râler, mais bon, il restait les Guignols et le Petit Journal. Le foot ne m’intéresse plus guère depuis belle lurette et question cinéma, ma carte UGC me permet d’assouvir chaque mois ma passion cinéphilique qui elle, est restée intacte.
    Depuis que vous êtes devenu le big boss de Canal + par le biais d’une prise de participation majoritaire que le prédateur réputé que vous êtes sait réaliser à la vitesse de l’éclair, vous prétendez tout régenter avec un magnifique succès puisque près de 500 000 abonnés vous ont déjà quitté depuis qu’il y a quasiment un an vous avez décapité les Guignols en renvoyant leurs auteurs (aujourd’hui, l’émission est devenue pitoyable, sans saveur, sans aucune subtilité, grossière comme votre démarche). Votre succès est aussi matérialisé par le départ de nombre de bons professionnels qui quittent votre chaîne.
    Aujourd’hui, Hanouna, ce pitoyable clown si en phase avec l’époque, va occuper toute la place, tout ce vide que vous fabriquez de façon industrielle. Avec votre bénédiction, c’est à dire les gros chèques que vous avez décidé de lui faire…
    Vous êtes un génie.
    En vous envoyant ce courrier de dénonciation de mon abonnement et surtout en le rendant public sur les réseaux sociaux, j’ai le grand espoir que de nombreux autres abonnés m’emboîteront le pas fin de vous infliger la seule sanction qu’un type comme vous puisse comprendre : celle du tiroir-caisse. Votre unique logiciel interne est à l’évidence un tableur-Excel formaté sur le seul business : quand dans la cellule « perte d’abonnés » se rajouteront quelques autres centaines de milliers, quand dans la cellule « chiffre d’affaires abonnements » apparaîtra le chiffre « MOINS quelques centaines de millions d’euros » en plus des résultats déjà désastreux que vous affichez depuis des mois, alors, vous commencerez peut-être à comprendre. Oh, je ne me fais pas d’illusion, ce sera juste un peu, avant que votre arrogance innée vous fasse accuser la terre entière des gigantesques erreurs dont vous avez pourtant été le seul initiateur.
    Clap de fin. Rideau. A la mémoire des grands talents disparus qui avaient bâti ce projet mémorable, à la mémoire des grands talents que vous avez décapités et qui sauront s’exprimer dans d’autres endroits où on saura, je l’espère, les respecter…

    Je n'ai pas attendu la lettre de Jean-Luc Fournier pour résilier mes abonnements à Canal+ et Canal Sat

    Et voilà le "grand cirque Bolloré" continue...

    Grève à i-Télé : "Bolloré ne nous aime pas"

    Depuis plus de 36 heures, la chaîne d'info en continu diffuse de vieux programmes. Les salariés protestent contre la suppression annoncée de 70 postes et contre l'absence de stratégie de la chaîne, détenue par l'homme d'affaires Vincent Bolloré.

    Le groupe Canal+, dirigé par Vincent Bolloré, est une nouvelle fois dans la tourmente. La rédaction de la chaîne d'information du groupe, i-Télé, a entamé une grève reconductible, lundi 27 juin aux alentours de midi. Depuis plus de 36 heures, les images tournent en boucle. Seuls les bandeaux d'alerte en bas de l'écran restent alimentés par des journalistes stagiaires. 

    Les salariés de la chaîne protestent contre les suppressions de postes prévus à la rentrée prochaine. Au total, sur les quelque 220 salariés de la chaîne, ce sont 70 postes qui vont disparaître, indique un communiqué du syndicat PlusLibres, notamment en raison de la quasi-disparition des JT sur Canal+ et sur D8. La direction a notamment annoncé son intention de ne pas renouveler 52 CDDU (contrat à durée déterminée d'usage), en raison de leur illégalité. 

    "Il s'agit d'un plan social déguisé, s'étouffe une journaliste de la chaîne contactée par francetv info, on ne demande pas le maintien des CDDU, mais leur requalification en CDI." Les journalistes ne décolèrent pas depuis qu'ils ont appris la semaine dernière cette cure d'amincissement en même temps que la nouvelle grille des programmes. "Même si on nous enlève 1h30 d'antenne, on nous demande de faire quasi la même chose avec 50 personnes en moins", continue une salariée de la chaîne.

    C'est irréalisable, on est incapable de tenir ce rythme.

    Journaliste d'i-Télé 

    Francetv info

    Projets de publireportages et pressions éditoriales

    Les journalistes se révoltent également contre le flou du projet éditorial proposé par leur direction. Début juin, ils avaient voté massivement pour une motion de défiance contre cette direction, après l'annonce notamment de projets de publireportages. 

    "La colère remonte déjà à plusieurs mois. Il n'y a aucune stratégie, on ne nous donne pas d'infos, sans parler des pressions sur la ligne éditoriale", s'exaspère Jean-Baptiste Rivoire, élu SNJ-CGT et membre de la société des journalistes de Canal+ et d'i-Télé, contacté par francetv info. Le rédacteur en chef adjoint de "Spécial investigation", émission supprimée à la rentrée, était aux premières loges au moment de la censure par Vincent Bolloré d'une enquête sur le Crédit Mutuel.

    Les journalistes d'i-Télé visent directement Vincent Bolloré, le patron de Vivendi et de Canal+. "Au début, il est venu nous voir et a fanfaronné avec ses milliards d'euros en disant qu'il comptait investir dans la chaîne", se souvient une journaliste sous couvert d'anonymat, "et maintenant on a tous l'impression qu'il cherche à assainir les comptes pour pouvoir nous revendre. On sent bien qu'il ne nous aime pas, qu'il n'apprécie pas notre métier".


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      http://www.ldh-toulon.net/spip.php?article4864

     

     

    Il y a cinquante-quatre ans, le peuple algérien accédait à l’indépendance. En juillet 1962, les journées de liesse ne furent entachées d’aucune violence envers les Français encore présents. Sauf à Oran, où des dizaines de pieds-noirs furent tués par la foule. Depuis un demi-siècle, les principaux récits de ce massacre ignorent les témoignages des Algériens.

    Pierre Daum, journaliste, auteur notamment du livre “ni valise ni cercueil”, est allé enquêter sur place. Voici ce que cet envoyé spécial du Monde Diplomatique a publié dans l’édition de janvier 2012 du mensuel.

    Voir en ligne : l’histoire face à la mémoire : Oran, le 5 juillet 1962, par Fouad Soufi

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    © Aurel

    Chronique d’un massacre annoncé

    ORAN, cinquante quatre ans après. Le vieil homme ajuste avec habileté son beau turban immaculé. « Vous êtes sûr qu’il faut reparler de cela, soulever toute cette boue ? Cela fait si longtemps ! Ici, on préfère oublier. » Il y a plus d’un demi-siècle, cet homme – qui ne veut pas donner son nom – participa à la guerre de libération de son pays. Sous-officier de l’Armée de libération nationale (ALN) [1], il se retrouva souvent, mitraillette au poing, à combattre des soldats français. Même si, très pieux, il n’aime pas évoquer tous ces morts, il reste convaincu de la justesse de son combat d’alors. « Vous, vous êtes français, lance-t-il sur un ton provocateur. Vous ne saurez jamais ce que c’est que d’être considéré comme un bougnoule ! Et en plus, dans son propre pays ! » En revanche, à l’évocation de la journée du 5 juillet 1962 à Oran, à laquelle il a participé, son regard se brouille. « Même si j’ai tout fait pour arrêter la tuerie, cette journée reste une honte pour nous... »

    Ce jour-là, l’Algérie tout entière fêtait son indépendance. Dès le petit matin, dans chaque ville, dans chaque village, des millions d’Algériens envahirent les rues, brandissant des milliers de drapeaux vert et blanc, dansant, riant, chantant. Les quatre cent mille Français encore sur place (sur un million avant la guerre), d’abord un peu inquiets, finirent pour certains par se mêler à la foule. Aucun incident, nulle part, ne fut relevé. Sauf à Oran. Dans la grande métropole de l’Ouest, où se trouvaient toujours cinquante mille pieds-noirs, aux côtés de deux cent mille Algériens, la fête se transforma soudain en tuerie. Pendant quelques heures, une chasse à l’Européen s’organisa, et des dizaines, voire des centaines d’hommes et de femmes furent massacrés à coups de couteau, de hache et de revolver.

    Tout avait pourtant bien commencé. « C’était un jeudi, il faisait très chaud ce jour-là, se souvient M. Hadj Ouali, qui avait 18 ans à l’époque. Avec ma famille, nous habitions le quartier Saint-Antoine, mais l’OAS [2] nous avait plastiqués trois fois, et nous avions été obligés de déménager à Ville-Nouvelle, où ne vivaient que des Algériens. Ce matin du 5 juillet, tout le quartier est descendu au centre- ville, en direction de la place d’Armes. Soudain, un peu avant midi, on a entendu des coups de feu. Sans qu’on sache très bien d’où ils venaient, ni qui tirait, la rumeur est partie : “C’est l’OAS qui nous tire dessus !”  [3Tout le monde s’est mis à fuir, ça tirait de tous les côtés. Ensuite, on ne peut pas savoir ce qui s’est passé. Personne ne peut vous le dire. C’est pas possible ! Parce que vous êtes pris dans un engrenage, et quand vous vous réveillez... Il y a eu beaucoup de morts, c’est certain. » Quand on lui demande si lui-même s’est retrouvé à tuer quelqu’un ce jour-là, il esquive avec un rire crispé : « Ne me faites pas dire ce que je ne vous ai pas dit ! Non... Je vous dis que les gens étaient pris dans un engrenage, et puis... il s’est passé ce qui s’est passé... Toute cette histoire-là, il faut l’oublier... » On insiste. Qu’a-t-il vu là, au centre-ville, à partir des premiers coups de feu ? « J’ai oublié. » Long silence. « Ma mémoire s’est effacée. »

    On n’obtiendra pas plus de cet homme, ni des nombreux Oranais rencontrés, qui ont assisté de trop près, voire participé, aux horreurs perpétrées ce jour-là contre les Européens. Certains, moins impliqués peut-être, ont accepté de témoigner, tel M. Rachid Salah, jeune instituteur à cette époque. « Un coup de folie, une foule hystérique qui ne se contrôle plus, l’explosion d’une rage accumulée..., je ne sais pas comment appeler cela autrement, tente de décrire l’ancien enseignant, devenu plus tard policier. A un moment, je me suis retrouvé sur l’Esplanade, à Ville-Nouvelle. Là, devant une foule hystérique, je vois un homme attraper un Français et lui ouvrir le ventre avec un couteau, sous les yeux de son fils. J’essaye d’empêcher le petit garçon de voir, et alors la foule se met à hurler contre moi ! J’ai vite déguerpi, je suis allé me réfugier chez ma copine, boulevard Paul-Doumer, à la frontière avec Plateau-Saint-Michel. De son balcon du premier étage, j’ai vu des petits groupes de quatre ou cinq pieds-noirs emmenés par des Algériens hystériques. Pas des soldats, pas des fedayins [4], non, juste des gens hystériques. »

    Tous les témoins le confirment : tandis qu’une grande partie des manifestants rentrent précipitamment chez eux, d’autres restent au centre-ville, dans ces rues strictement européennes depuis de si longs mois, et se déchaînent contre n’importe quelle personne au faciès trop « français ». « C’est vrai que c’est horrible, mais on ne peut pas parler du 5 juillet sans parler de ce que nous avons subi avant, s’emporte M. Mokhtar Boughrassa, Oranais de 80 ans, pourtant toujours très posé. Moi, j’ai eu un beau-frère qui a été arrosé d’essence et brûlé vif, Plateau-Saint-Michel, rue Dutertre, en octobre 1961, lors d’une manifestation de pieds-noirs. C’est un cas parmi des milliers ! A partir de l’été 1961, tous les jours, à Ville-Nouvelle, nous avions des morts, abattus comme des lapins par des tireurs pieds-noirs postés en haut des immeubles proches de notre quartier. Et parfois, ils nous balançaient même des obus de mortier ! Un jour, ma fille devait avoir 3 ou 4 ans, elle marchait dans la rue, accompagnée par une voisine de 9 ans qui la tenait par la main. Celle-ci a été abattue par un type embusqué en haut de la rue Stora, Plateau-Saint-Michel, avec deux balles dum-dum. Elle est tombée, sa main dans celle de ma fille... »

    La foule a laissé exploser sa rancœur, comme un abcès qui crève

    M. Saddek Benkada a été maire d’Oran de 2007 à 2010. Avant cela, il s’est surtout illustré par ses travaux universitaires sur l’histoire de la ville pendant la période ottomane. En 1980, avec son collègue Fouad Soufi, il a entrepris de reconstituer ces derniers mois de la présence française à Oran. « On a du mal à imaginer la pression et les souffrances endurées par les Algériens d’Oran pendant l’année qui a précédé ce 5 juillet, explique M. Benkada. Certes, le Front de libération nationale [FLN] tentait de répliquer, mais le combat était complètement inégal. L’OAS, qui jouissait de complicités dans l’armée et l’administration, disposait d’un armement considérable, alors que les fedayins se partageaient un petit pistolet pour un groupe de cinq ou six. J’ai retrouvé la liste complète de tous les morts algériens à Oran entre le 1er janvier et le 30 juin 1962 : il y a eu 859 victimes musulmanes, contre une poignée de tués européens. Un événement particulièrement traumatisant fut l’explosion simultanée de deux voitures piégées, le 28 février 1962, sur l’Esplanade, au cœur de Ville- Nouvelle. Il y a eu 78 morts, sans compter les corps trop pulvérisés pour être reconstitués. C’était un soir de ramadan, des milliers de lambeaux de chair se sont répandus sur la foule très nombreuse. Le 5 juillet, c’est cette foule-là, continuellement agressée par l’OAS depuis un an, qui soudain a laissé exploser sa rancœur, comme un abcès qui crève [5]. »

    « Maintenant, laissez-nous nous venger nous-mêmes »

    Les autorités sont très vite débordées. Mais, d’abord, quelles autorités ? C’est là une des explications de l’ampleur du massacre. Car ce jour-là à Oran, ceux qui auraient dû maintenir l’ordre en ont été incapables. L’armée française, commandée par le général Joseph Katz, n’a plus le droit d’intervenir : depuis la proclamation de l’indépendance, le 3 juillet, elle se trouve en territoire étranger. Les ordres sont formels : interdiction de sortir des casernes ; c’est aux Algériens d’assurer l’ordre. Sauf que ces derniers n’ont pas encore eu le temps de s’organiser. De surcroît, ils sont minés par des conflits internes. Pendant la guerre, seuls les fedayins se battaient à Oran, organisés en une multitude de petits groupes, en principe rassemblés sous l’autorité de deux chefs : Si Abdelbaki, responsable de Ville-Nouvelle, et Si Abdelhamid, responsable de Lamur, Médioni, Victor- Hugo et Petit-Lac. Dans les faits, les contraintes de la clandestinité ont rendu très difficile l’exercice hiérarchique du pouvoir, et chaque groupe s’est peu à peu mis à fonctionner de façon autonome.

    « La situation a empiré après le cessez-le-feu, le 19 mars 1962 : ceux qui n’avaient pas fait la révolution, les “marsiens” [en référence au 19 mars], sont soudain devenus de grands combattants !, s’indigne M. Mohamed Benaboura, torturé par l’armée française, incarcéré pendant quatre ans avant de devenir en 1961 responsable FLN de Derb, le quartier juif d’Oran. Le problème, c’est qu’ils sont devenus des voyous et des pillards. » « Le groupe le plus terrible, précise Soufi, était celui de Petit-Lac, commandé parAttou Moueddène, qui sombre dans le banditisme et le crime. A partir d’avril 1962, ce groupe attaque des voitures sur la grande route longeant son quartier, en assassinant les passagers. » A ce moment-là, l’ALN dépêche à Oran un de ses officiers, le capitaine Bakhti, appuyé par très peu d’hommes, pour prendre le contrôle des groupes de fedayins. Si Abdelbaki accepte de coopérer, mais pas Si Abdelhamid. A l’approche du 5 juillet, ce conflit d’autorité se double d’une tension politique : dans la lutte de pouvoir entre le duo Houari Boumediène–Ahmed Ben Bella [6] et les membres du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA), le capitaine Bakhti choisit les premiers, et Si Abdelhamid les seconds.

    « Bref, le 5 juillet, nous étions complètement dépassés, admet l’homme au turban, qui faisait partie de la garde rapprochée de Bakhti. Chacun a agi comme il a pu. Moi, j’étais sur le boulevard Clemenceau [en plein centre-ville], pour essayer d’empêcher la population musulmane hystérique de pénétrer plus avant dans le quartier européen. Derrière moi, quelques-uns de mes hommes, aidés par des civils algériens qui avaient gardé la tête froide, faisaient monter le maximum d’Européens dans des bus ou des voitures, pour les emmener vers la grande salle qui se trouve à l’entresol de la nouvelle préfecture, gardée par des policiers algériens en qui j’avais confiance. Ces gens-là ont pu être ramenés plus tard à leur domicile. » M. Benaoumer Moueddène, de son nom de résistant Si Omar, était le numéro deux des fedayins, après Si Abdelhamid. Il était aussi l’oncle d’Attou Moueddène : « Moi, j’étais devant le commissariat du quartier Saint -Antoine, rue de Tlemcen. Des Algériens nous amenaient des Européens que nous faisions entrer à l’intérieur du commissariat pour les protéger de la foule, qui essayait de s’en emparer avant qu’ils entrent. Les gens nous hurlaient dessus : “Vous n’avez rien fait pendant que l’OAS assassinait nos familles, maintenant, laissez-nous nous venger nous-mêmes !” » Selon Soufi, certains éléments de l’ALN n’ont pas hésité à tirer sans sommation sur des Algériens qu’ils voyaient maltraiter un Européen.

    Aux environs de 14 heures, le calme revient peu à peu dans les rues du centre-ville. Mais quelque chose se passe à Petit-Lac. Une grande partie de la foule a reflué vers ce quartier strictement musulman, en périphérie sud-est de la ville. Un quartier qui se prolonge au sud par l’immense décharge publique d’Oran. M. Kader Benahmed avait 14 ans à cette époque. Avec une bande de copains, il est descendu le matin à la place d’Armes. Après les premiers coups de feu et la panique, les adolescents ont suivi la foule. « A Petit-Lac, tout le monde y allait. La foule était énorme. On a essayé de s’approcher de la décharge, mais les adultes nous faisaient fuir avec des pierres, pour qu’on n’assiste pas à l’opération. » Quelle opération ?

    « Il fallait classer le dossier, trouver des coupables »

    Aucun de nos interlocuteurs n’a vu quoi que ce soit. Mais tout le monde a entendu parler de la même histoire : des hommes de l’équipe d’Attou Moueddène auraient sillonné en voiture les quartiers européens périphériques, raflant au hasard des Européens pour les emmener en bordure de la décharge. Là, une dizaine de tueurs les auraient exécutés, avant d’enfouir leurs corps dans la décharge. « Non, ce n’est pas possible !, soutient l’homme au turban, le seul de tous ceux que nous avons rencontrés à avoir été présent à la décharge cet après-midi-là. Entre 15 heures et 19 heures, j’ai fait entre cinq et dix allers-retours à Petit-Lac. Le centre-ville était jonché de cadavres, il fallait trouver une solution. Le cimetière européen ? Dans quel caveau ? Quant à la morgue de l’hôpital, elle était déjà pleine. Ce n’est pas très joli à dire, mais on a choisi la décharge. Des groupes étaient chargés d’aller ramasser les cadavres et de les transporter à Petit-Lac. Là, deux bulldozers récupérés sur un chantier attenant ont permis de les ensevelir. » Combien de cadavres ont ainsi été enfouis ? En France, les pieds- noirs parlent de trois cent cinquante, huit cents, mille, certains même de cinq mille. « Même trois cent cinquante, c’est complètement exagéré !, poursuit le vieil homme avec vigueur. Tout l’après-midi, à chaque fois que j’arrivais à la décharge, je demandais à mes hommes combien ils en avaient ensevelis. Dix, cinquante, cent... A la fin de l’opération, il y en avait eu entre cent cinquante et cent soixante. »

    Le soir même, alors que le calme est complètement revenu, le capitaine Bakhti, qui entre-temps a demandé officiellement au général Katz de l’aider à rétablir l’ordre, déclare que les coupables vont être châtiés. Mais quels coupables ? Une foule en délire ? Impossible de désigner des responsables. Attou Moueddène et sa bande constituent alors les coupables idéaux  [7]. Le soir même, le truand est arrêté avec quelques-uns de ses lieutenants. Trois jours plus tard, grâce à des renforts de l’ALN, Bakhti lance un vaste coup de filet dans les quartiers Victor- Hugo et Petit-Lac. Le 10 juillet, il peut convoquer la presse et présenter fièrement deux cents prisonniers. « Ils passeront devant un tribunal militaire. S’ils sont coupables, ils seront fusillés ! [8] »

    En vérité, aucun procès n’aura lieu. Après avoir laissé les suspects en détention une quarantaine de jours, M. Ben Bella, qui a besoin de soutien dans sa lutte pour le pouvoir à Alger, ordonne leur libération. Quant au général Katz, il se contentera du nombre de morts trouvés à la morgue, et annoncé à la presse : vingt-cinq Européens et soixante-seize Algériens. Parmi ces derniers, certains furent peut- être tués par des éléments résiduels de l’OAS, ou par des Français qui tentaient de se défendre. D’autres ont été écrasés par les mouvements de foule, ou sont tombés sous les tirs de soldats français postés devant leur caserne, ou encore ont été exécutés sans sommation par les militants du FLN qui tentaient de sauver des Européens. Quoi qu’il en soit, alerté par la présence éventuelle d’un charnier à la décharge de Petit-Lac, Katz enverra un officier de gendarmerie vérifier, puis déclarera que ce ne sont qu’« allégations invraisemblables [9] ».

    Comment est-ce possible ? « La France, il lui tardait de se débarrasser de ce bâton merdeux qu’était le problème algérien, répond tranquillement l’homme au turban. Il fallait classer le dossier, trouver des coupables, salam alaykoum !,et tout le monde s’en va ! Le vrai coupable, c’est une population prise d’hystérie collective, qui venait de subir cinq morts par jour pendant six mois. L’important, le 6 juillet, c’était d’arriver à la conclusion essentielle que ni le gouvernement algérien, ni l’ALN, ni le FLN n’y étaient pour quoi que ce soit, qu’ils avaient respecté les accords d’Evian, et qu’on pouvait s’engager dans la coopération. Là-dessus, les chefs de Katz comme ceux de Bakhti étaient d’accord. Pour cela, il ne fallait pas dire qu’il y avait cent cinquante morts... »

    Au moment de mon départ d’Oran, l’ancien maquisard propose de m’accompagner à l’aéroport. La route longe le quartier de Petit-Lac. Comme nous sommes en avance, je lui demande s’il veut bien faire un détour pour me montrer l’endroit exact où furent enterrés les corps. Sans un mot, le vieil homme bifurque sur la droite, roule quelques centaines de mètres, puis immobilise son véhicule. Il me désigne alors un bout de terrain vague : « C’est là », prononce- t-il d’une voix nouée, les yeux soudain rougis. Il reste immobile, son turban défait.

    Pierre Daum

    Etudes biaisées, mémoire sélective

    Le drame du 5 juillet 1962 à Oran reste peu connu en France, sauf parmi les rapatriés d’Algérie, qui en font un élément fondamental de leur mémoire. Souvent en instrumentalisant cette terrible journée pour justifier, a posteriori, l’impossibilité pour eux de « vivre avec les Arabes ». Dans les reportages sur les pieds-noirs revient régulièrement une phrase : « Après le 5 juillet à Oran, on a compris qu’ils ne voulaient pas de nous, qu’on devait partir ! [*1] » Or, depuis un demi-siècle, ne circule en France que leur version, alimentée par les récits terrifiés de ceux qui ont vécu cette journée – ou de ceux qui en ont simplement entendu parler : « J’ai mon cousin qui y était, il m’a raconté... »Au début des années 1980, la revue pied-noire L’Echo de l’Oranie entreprit un important travail de collecte de cette mémoire, publié dans un ouvrage en trois volumes,L’Agonie d’Oran, sous la direction de Geneviève de Ternant (éd. Gandini, Nice, 1985-2001)  [*2].

    Les seuls historiens à avoir travaillé sur le sujet, Jean Monneret et Jean-Jacques Jordi [*3], ont ceci de particulier d’être tous les deux non seulement nés en Algérie, mais idéologiquement marqués par la défense des pieds-noirs, considérés comme les éternelles victimes du Front de libération nationale (FLN), des « Arabes », du général de Gaulle, des médias, etc. Leurs travaux s’appuient essentiellement sur des récits de pieds-noirs et sur les archives militaires de l’armée française.

    Aucun ne semble avoir songé à se rendre en Algérie afin de confronter ses sources aux témoignages des Algériens. Il en résulte des études tronquées, pleines de fausses interprétations, et systématiquement orientées vers la théorie selon laquelle les pieds-noirs ont été obligés de partir, car c’était « la valise ou le cercueil » [*4]. Or, après deux semaines de fuite affolée, les départs des Français d’Oran ralentirent considérablement. « Dès août, le sentiment de sécurité était totalement revenu », se souvient M. Guy Bonifacio, qui n’a jamais quitté sa ville natale. En 1965, Oran comptait encore plus de vingt mille pieds-noirs.

    Pierre Daum

    Notes

    [1] L’ALN constituait le bras armé du Front de libération nationale (FLN), principal mouvement indépendantiste algérien.

    [2] Créée en février 1961, l’Organisation armée secrète (OAS) regroupa pieds-noirs et militaires dans un combat terroriste en faveur de l’Algérie française. On estime à plus de trois mille le nombre de victimes musulmanes de l’OAS.

    [3] Comme le précise Fouad Soufi, « même si les cadres de l’OAS avaient fui en Espagne fin juin, personne n’a jamais prouvé qu’il ne restait pas des membres de l’organisation à Oran le 5 juillet ». Quant à la population européenne et juive en général, « elle avait, dans sa grande majorité, approuvé les actions de l’OAS ». Cf. Fouad Soufi, « L’histoire face à la mémoire : Oran, le 5 juillet 1962 », colloque de 2002, Paris, consultable sur ce site.

    [4] Les fedayins sont les résistants des villes ; les moudjahidins, les combattants des campagnes et des montagnes.

    [5] Cf. Saddek Benkada, « Le retour à l’événement : la réinscription mémorielle de la journée du 28 février 1962 à Oran », colloque de l’université de Skikda, 2008, www.univ-skikda.dz

    [6] Chef de l’état-major de l’ALN, Houari Boumediène devient vice-premier ministre du premier gouvernement de l’Algérie indépendante, en septembre 1962, avant de se retourner contre le président Ahmed Ben Bella lors d’un coup d’Etat, en juin 1965.

    [7] Dans la mémoire oranaise, Attou Moueddène incarne le personnage du tueur répugnant, incarnation facilitée par son métier d’égorgeur aux abattoirs de la ville. Il est décédé à Oran le 10 septembre 2011. Si Abdelhamid est mort le 28 septembre 2011 dans un hôpital parisien.

    [8L’Echo d’Oran, 12 juillet 1962.

    [9] Joseph Katz, L’Honneur d’un général, Oran 1962, L’Harmattan, Paris, 1993.

    [*1Cf. Gilles Pérez, Les Pieds-noirs. Histoires d’une blessure, 156 minutes, première diffusion sur France 3 le 18 novembre 2006.

    [*2] Auxquels s’ajoutent deux autres recueils de souvenirs : Gérard Israël, Le Dernier Jour de l ’Algérie française, Robert Laffont, Paris, 1972, et Alain-Gérard Slama, « Oran, 5 juillet 1962 : le massacre oublié », L’Histoire, n° 231, Paris, 1999.

    [*3] Jean Monneret, La Tragédie dissimulée. Oran, 5 juillet 1962, Michalon, Paris, 2006, et Jean-Jacques Jordi, Un silence d’Etat, Soteca, Paris, 2011.

    [*4] Pour une étude critique de cette théorie, cf. Pierre Daum, Ni valise ni cercueil. Les pieds-noirs restés en Algérie après l’indépendance, Actes Sud, Arles, 2012.


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  • La Bourgogne c’est la région où j’habite, Simard se situe à une vingtaine de kilomètres de chez moi… alors j’ai envie de vous parler d’un enfant de cette région…

    La Bourgogne c’est la région où j’habite, Simard se situe à une vingtaine de kilomètres de chez moi… alors j’ai envie de vous parler d’un enfant de cette région… 

    Euro 2016 : la Bourgogne célèbre l’enfant du pays, Antoine Griezmann

    Originaire de Saône-et-Loire, Antoine Griezmann a mercredi soir fait chavirer le cœur des Bourguignons. Dans le village de Simard, la tension des centaines d’habitants, réunis devant l’écran géant, était palpable jusqu’à la délivrance : le but de l’enfant du pays à la 90e minute. "On est fier d'être Bourguignons !", lâchait alors l’un des supporters, euphorique.

     

    Antoine Griezmann :

     son cadeau au fils du policier tué à Magnanville

    La Bourgogne c’est la région où j’habite, Simard se situe à une vingtaine de kilomètres de chez moi… alors j’ai envie de vous parler d’un enfant de cette région…

    L'attaquant de l'équipe de France a offert le ballon de la victoire contre l'Irlande au fils de Jean-Baptiste Salvaing, pupille de la nation.

    Un beau geste et un vrai réconfort. À l'issue du match France-Irlande, dimanche dernier, Antoine Griezmann a payé de sa personne en rencontrant le fils de Jean-Baptiste Salvaing, le commandant de police qui a été assassiné avec sa compagne Jessica Schneider, le 15 juin 2016, dans leur pavillon de Magnanville. Le garçon, âgé de 10 ans, fils aîné du policier tué, n'était pas présent le jour du drame, à l'inverse de son demi-frère Matthieu, 3 ans et demi, retrouvé en état de « sidération » dans le pavillon avant d'être pris en charge par les secours.

    Sur une courte vidéo diffusée par le site Facebook de la Police nationale, on voit l'attaquant des Bleus, chemise blanche et costume impeccable, rejoindre le jeune Hugo dans les coulisses du Parc OL, à Lyon. Le garçon, dont le visage est flouté, se fait alors apostropher par Griezmann, héros du match, auteur des deux magnifiques buts contre l'Irlande. « Ça va ? », lui demande le footballeur, en lui tendant le ballon du match, « On fait une photo ? » Le champion lui donne alors l'accolade et pose avec le garçon, désormais pupille de la nation. Selon la légende accompagnant la vidéo, ce serait le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve qui l'aurait invité à venir assister au match à Lyon, avant de lui réserver cette surprise : « Le fils de notre collègue assassiné a pu réaliser un de ses rêves avec la complicité des policiers du RAID et l'amitié des joueurs de l'équipe de France », est-il simplement écrit.

    Une initiative immédiatement saluée sur les réseaux sociaux : « Magnifique instant pour ce gamin, merci à nos amis des forces de l'ordre d'avoir permis cela et Antoine Griezmann pour ce geste, c'est un grand monsieur, bravo ». Ou encore : « Même si ça ne lui ramène pas son papa, je pense que le geste et le fait de rencontrer Griezmann lui aura changé les idées quelques minutes et rien que pour ça merci les Bleus ! »


    SOURCE : http://www.lepoint.fr/societe/antoine-griezmann-son-cadeau-au-fils-du-policier-tue-a-magnanville-30-06-2016-2050707_23.php


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  •  « Le Peuple allemand accuse »

    « Le Peuple allemand accuse. Appel à la conscience du monde », Éditions du Carrefour, 1938

    Coll. Musée de la Résistance nationale, Champigny

    Diffusé par les antinazis allemands en France, cet ouvrage dénonce le sort des opposants au nazisme, notamment dans les camps de concentration.

     « Le Peuple allemand accuse »

    "Le peuple allemand accuse"

    2014-2015

    L'ouvrage a été réédité par la Fondation pour la Mémoire de la Déportation.

    Prix : 20 €

    Lien pour commander ce livre :

    https://fondationmemoiredeportation.com/boutique/le-peuple-allemand-accuse/

    Coll. Musée de la Résistance nationale / Champigny

    Ce livre, écrit par des intellectuels antfascistes allemands réfugiés en France, est publié en 1936 sous le titre original Das Deutsche Volk klagt an. Sa traduction française est publiée en 1938 avec une préface de Romain Rolland (Prix Nobel de littérature, militant pacifiste et antifasciste).

    Ce livre décrit la mainmise des nazis sur l'Allemagne. Le règlement des camps de concentration élaboré par Theodor Eicke, premier commandant du camp de Dachau, devenu par la suite inspecteur des camps de concentration, y est intégralement retranscrit.

    L'ouvrage a été réédité par la Fondation pour la Mémoire de la Déportation.

    Couverture de Le Peuple allemand accuse. Appel à la conscience du monde, Editions du Carrefour, 1938

    Le peuple allemand accuse :

    Appel à la conscience du monde
    Paris, Editions du Carrefour, 1938 

    Un livre terrible qui resurgit de ses cendres après avoir sommeillé 70 ans dans l’ignorance et l’indifférence générales. Le drame, c’est précisément qu’il soit passé inaperçu à une époque où il aurait pu – qui sait ? – changer le cours de l’Histoire.
    Ce documentaire de trois cents trente-cinq pages est une chronique implacable de toutes les atrocités que le Troisième Reich avait déjà à son actif en 1936. Sa traduction en 1938, en français était une bouteille à la mer, à la fois appel au secours et à la vigilance adressé au monde par ceux qui vivaient déjà en enfer. Rien de ce que l’opinion publique mondiale a découvert des années après la guerre ne manque à cette panoplie de l’horreur.
    Bien d’autres informations capitales sur la « mise au pas » de la société allemande, c’est-à-dire le noyautage total par le parti nazi et la Gestapo, sont décrites clairement et minutieusement.
    Evidemment, on se prend à rêver candidement : et si l’Etat français, dans un sursaut de courage, avait décidé d’intervenir après la publication de ce livre ? Les bonnes raisons de le faire ne manquaient pas, on en avait déjà laissé passer quelques-unes.
    En revanche, maintenant que, grâce à ce livre, on a une idée claire des dates, des faits et des chiffres, n’est-il pas grand temps de réhabiliter non seulement la mémoire de tous ces héros, connus ou anonymes, mais de rendre justice à l’Allemagne elle-même, qui avait montré la première le chemin, en payant le prix fort ?
    Il serait temps que les historiens français, allemands, européens reconsidèrent la question. Car il est impossible, après la lecture de ce livre, de continuer à parler d’une Allemagne entièrement suiviste et dévouée corps et âme à son Führer. Dès le début, l’opposition était là, mais seule, désespérément seule face à la machine infernale du nazisme. Et c’est en partie le mutisme et la surdité de l’étranger qui, en abandonnant cette résistance à son sort, ont permis à l’autre Allemagne de triompher insolemment et de mener le monde à la catastrophe.
    Un document historiographique indéniable à lire et faire lire.

    Evelyne Brandts,
    Enseignante d’allemand retraitée


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  • L’Algérie affirme avoir abattu trois djihadistes impliqués dans le meurtre d'Hervé Gourdel

     

    L’Algérie affirme avoir abattu trois djihadistes impliqués dans le meurtre d'Hervé Gourdel

    Hervé Gourdel, ce guide de haute montagne de 55 ans avait été enlevé le 21 septembre2015 au cœur du massif du Djurdjura et décapité quelques jours après./Photo DR

    Trois islamistes tués lors d’une opération militaire ont été identifiés comme responsables de la mort d’Hervé Gourdel, a annoncé le ministre de la Justice algérien Tayeb Louh ce lundi 27 juin. Ce guide français de haute montagne avait été kidnappé dans les montagnes du Djurdjura en Kabylie, avant d’être décapité en septembre 2014 par Les Soldats du califat, branche de l’organisation Etat islamique. Son assassinat avait été filmé et revendiqué par  l’organisation djihadiste dans une mise en scène macabre.

    « Parmi les terroristes abattus récemment par les forces de l’Armée nationale populaire (ANP) dans la wilaya de Médéa, trois ont été identifiés et  faisaient l’objet d’un mandat d’arrêt international dans le cadre de l’affaire du ressortissant français », a précisé le garde des sceaux, repris par l'AFP. Les terroristes identifiés sont Serradj Mohamed,  Herdafi Mahieddine et Rabie Ayachi. Ils faisaient partie d’un groupe de dix-huit islamistes tués lors d’une opération militaire menée à Médéa, à 90 km au sud d’Alger, entre le 8 juin et le 20 juin, selon le ministère de la défense.

    Le corps d'Hervé Gourdel avait été retrouvé le 15 janvier 2015 par l'armée algérienne sur les hauteurs d'Ait Oubane, dans la wilaya de Tizi Ouzou, en Kabylie. Les militaires avaient dû faire appel aux artificiers pour exhumer le corps, des engins explosifs ayant été placés tout autour du lieu où la victime avait été enterrée.

    Cet alpiniste niçois de 55 ans avait été enlevé au cœur du parc national du Djurdjura par le groupe armé Jund al-Khilafa, qui a affirmé l'avoir exécuté en représailles à l'engagement de la France aux côtés des Etats-Unis dans les frappes contre le groupe Etat islamique en Irak. Le 24 septembre 2014, les djihadistes avaient diffusé une vidéo macabre intitulée « Message de sang pour le gouvernement français » qui mettait en scène la décapitation du guide de Saint-Martin-de-Vésubie (Alpes-Maritimes).

     


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  • Harkis : " Cicatriser les plaies "

    Harkis : " Cicatriser les plaies "

    "La question des harkis est instrumentalisée " constate le journaliste Pierre Daum.

    Francesco Gattoni

    Le journaliste Pierre Daum évoque le fruit de son enquête, publié chez Actes Sud, au sujet des harkis restés vivre en Algérie, après l'indépendance.

    Avec votre dernier livre (1) vous poursuivez votre analyse du passé colonial de la France. Cette enquête, au travers d'une soixantaine de témoignages de harkis, évoque le cas de ceux qui sont restés vivre en Algérie après l'indépendance en 1962. Comment est vécue cette réalité historique ?

    En Algérie, c'est véritablement un tabou. En France, c'est dans les milieux de l'Algérie française et certaines associations de harkis que l'on refuse d'admettre l'existence massive de harkis qui seraient restés au pays sans être tués. Le discours commun, c'est de dire qu'ils sont partis en France ou ont été tués. Sur ce point, je fournis une enquête mais ces milieux refusent d'accepter cette vérité historique.

    « Les harkis sont (...) les ultimes victimes

     du système colonial »

    Pourquoi ce refus en France ?

    Un des fondements de l'Algérie française, c'est de dire que l'OAS, les putschistes, ont eu raison de se battre, même par des moyens criminels, parce qu'ils voulaient sauver la vie des bons musulmans, les harkis, contre les affreux musulmans du FLN. Ils détestent mon livre… Les autres, les associations harkis, plutôt des enfants de harkis, sont dans un combat contre l'État français pour une triple reconnaissance. De l'abandon de leur père en 1962, ce qui est vrai, mon livre le dit. Le second, c'est la maltraitance de leur famille lors de l'arrivée en France et je suis raccord avec eux. Mais sur le troisième point nos analyses diffèrent car ils veulent, que soit reconnu le massacre des harkis en Algérie. Mon livre dit que les choses étaient plus complexes et que la mort n'était pas certaine. Ce qui n'enlève rien aux deux premiers points. Certes, il y a eu des milliers d'assassinats mais la majorité est retournée au village sans être tuée. C'est cela qui est tabou.

    Comment s'est construit ce tabou en Algérie ?

    Le sujet est tabou dans l'ensemble du pays car, depuis 50 ans, la société est saturée de l'histoire officielle de la guerre de Libération, en grande partie mythique, qui consiste à dire que le 1er novembre 1954 (date de début de la guerre, NDLR) ce serait le peuple qui se serait soulevé, en particulier les masses paysannes, derrière la bannière du FLN. Mais sur 9 millions d'Algériens il y a 450 000 hommes, soit 1,2 million de personnes environ, qui se sont retrouvées du côté de l'armée française. En 1962 (date du cessez-le- feu, NDLR), ils seraient partis en France, et les autres exécutés. Une société donc lavée de 'l'infamie 'harki alors que j'explique qu'ils sont restés en Algérie (seuls 25 000 harkis sont arrivés en France, NDLR) et que la société est héritière de ces gens-là. On découvre dans votre livre que les conditions d'adhésion au camp français sont multiples De façon symétrique, cette question est instrumentalisée. En France, pour les partisans de l'Algérie française, le harki aime la France et s'engage par amour du drapeau tricolore. Ce qui est historiquement complètement faux. Des études avant moi l'ont démontré et mon enquête le conforte. En Algérie, dans le discours du FLN, le harki est la figure du traître par excellence. Mais il faut pour ça avoir trahi sa patrie et je montre que le 1er novembre 1954, elle n'existe pas. Les deux discours contiennent la même erreur. La réalité c'est qu'il faut réfléchir en un éventail de décisions qui s'inscrivent dans un tableau de masses paysannes qui vivent dans une extrême misère dont on n'a même plus conscience. Pris dans la violence de la guerre, chacun a réagi en terme de survie.

    La responsabilité de l'armée est lourde, elle qui finalement, réussi à diviser ce pays ?

    Je rends hommage à l'article de Gilles Manceron, qui pointe l'immense responsabilité des recruteurs de harkis de l'armée française. Ils se sont lancés, à partir de 1956, dans une action de recrutement massif tout en ayant conscience qu'ils créaient des déchirures qui ne pourraient se régler que dans le sang. Les stratèges militaires avaient compris que la manière de lutter contre le FLN n'était pas de bombarder le maquis mais de tirer les masses dans leur camp et de les compromettre afin de couper toute possibilité de soutien. Une fuite en avant qui a brisé des solidarités ancestrales et qui démontre que les harkis sont, eux aussi, les ultimes victimes du système colonial comme l'ensemble du peuple algérien. Pourquoi ce livre ? Je suis persuadé que pour toutes ces souffrances, la seule façon de s'en guérir, c'est par la parole. Mais il faut travailler de manière historique, sereine, et objective. Et non pas douleur contre douleur.

     

     (1) Le dernier tabou, les "harkis" restés en Algérie après l'indépendance, est publié aux éditions Actes Sud, dans la collection "Archives du colonialisme", dirigée par Michel Parfenov.

    SOURCE : http://www.midilibre.fr/2016/06/18/harkis-cicatriser-les-plaies,1351353.php 

     


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  • Oui à la paix

     

    "Oui à la paix" Un article de Jacques CROS

    Dimanche 26 juin à la fin de notre balade dominicale, nous sommes passés devant le Square de la Paix. Sur une place a été dressé un blog de marbre qui porte les dates des divers cessez-le-feu qui ont conclu les différentes guerres qui ont émaillé le 20ème siècle. Le monument a été érigé en 1987. L’inscription mentionne le 11 novembre 1918, le 8 mai 1945, le 21 juillet 1954 et le 19 mars 1962 avec pour chacune des dates mentionnées FIN de la guerre qui se conclut par un cessez-le-feu.

    Une main anonyme et criminelle a badigeonné en noir le mot FIN qui précède « GUERRE D’ALGERIE » et qui suit la date « 19 MARS 1962 ». Ainsi un trublion ne craint pas de remettre en cause le choix de paix qui mettait fin à plus de sept années d’une guerre qui avait pour objectif de maintenir un ordre colonial condamné par l’histoire.

    Naturellement nous n’avons aucun élément nous permettant d’identifier le coupable mais on imagine quelle idéologie a inspiré l’auteur d’un tel acte. Il doit selon toute vraisemblance se trouver dans les rangs des « nostalgériques ». La guerre d’Algérie a marqué la génération qui est la mienne. A l’heure où des expéditions militaires sont envoyées en divers points de la planète, où la France participe à la course à l’armement, qu’il soit conventionnel ou atomique, j’entends exprimer ma condamnation d’un tel comportement.

    L’humanité n’a pas besoin de guerre, l’inscription appelle à la commémoration de la fin de toutes celles qui ont eu lieu. Je rappelle pour la circonstance que le samedi 6 août aura lieu à Saint-Jean-de-Fos notre traditionnelle Marche de la Paix  La paix est en effet le bien le plus précieux dont doit jouir l’humanité  Il est souhaitable que le badigeon noir qui masque le mot « FIN » soit enlevé par les services municipaux.

     

    Le Square de la Paix

    et la Place du 19 Mars 1962

    avant qu'une main anonyme et criminelle ne passe 

     

    "Oui à la paix" Un article de Jacques CROS

    Oui, à Cessenon existe un Square de la Paix. Un monument assez simple, mais l’intention y est, fait d’un rocher vertical grossièrement taillé, a été érigé en 1987 dans le tènement des Plantades où les lotissements se sont multipliés au fil du temps. Ici nous sommes sur le Chemin du Moulin Neuf.

    Une plaque rappelle la fin des diverses guerres dans laquelle la France s’est trouvée engagée au cours du XX° siècle : le 11 novembre 1918 pour la première guerre mondiale, le 8 mai 1945 pour la seconde, le 21 juillet 1954 pour la guerre d’Indochine et le 19 mars 1962 pour celle d’Algérie.

    L’inscription est complétée par un appel, louable, à la fin de toutes les guerres. Evidemment le mieux serait qu’elles n’aient pas lieu. D’autant qu’avec les stocks d’armes nucléaires accumulées on ne sait pas à quoi une guerre pourrait nous conduire aujourd’hui.

    Il existe également une Place du 19 Mars 1962 aménagée sur l’emplacement de la petite maison qui abritait le logement de fonction de l’ancien chef de gare laquelle a été rasée.

     

    Jacques CROS

    Cessenon-sur-Orb

    "Oui à la paix" Un article de Jacques CROS


     


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  • 1936 - 2016 : 80ème anniversaire  du Front populaire

    1936 - 2016 : 80ème anniversaire

     du Front populaire

    1936 - 2016 : 80ème anniversaire  du Front populaire

    Le 21 juin 1936 sera promulguée la première des trois lois importantes du Front populaire.
    En cette année qui marque le 80ème anniversaire du Front populaire, Michèle Picard, Maire de Vénissieux et Conseillère Métropolitaine, retrace l’histoire de cette période mémorable qui a connu des avancées sociales significatives.
    Sans l’engagement syndical de la CGT et des ouvriers, les accords Matignon signés le 8 juin 1936 n’auraient sans doute pas eu la portée que nous leur connaissons : augmentation des salaires (7 à 15 %), reconnaissance du droit syndical dans l’entreprise et adoption du principe des conventions collectives, mise en place des congés payés, la semaine des 40 heures et l’école obligatoire et gratuite jusqu’à l’âge de 14 ans, limitant ainsi le travail des enfants. Joie, fierté, dignité conquise, une époque féconde emplie d’espoir durant laquelle l’ouvrier est considéré comme une personne à part entière.
    Quelques années plus tard, lorsque Pierre Pucheux, patron des patrons, devient ministre de l’intérieur du Maréchal Pétain sous le gouvernement de Vichy, le retour de bâton sera violent pour les syndicalistes et toutes les forces progressistes. C’est lui qui établira la liste des fusillés de Chateaubriand. 27 otages dont 6 secrétaires généraux de fédérations de la CGT, seront froidement exécutés.
    Cette rétrospective en son & images donne un aperçu de ce grand moment de notre histoire sociale. Si le Front populaire n’aura duré qu’une année, 1936 restera une étape éclatante de l’émancipation ouvrière.

     


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  • Aubervilliers, inauguration du "Passage Henri Alleg"

     

    Cette inauguration fut réalisée le 11 juin 2016, le lendemain aurait été le 59ème anniversaire de son arrestation chez son ami Maurice Audin.


    Hommage de Charles Silvestre

    La ville d’Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) a mis à l’honneur Henri Alleg le journaliste auteur de La Question, militant communiste et anticolonialiste. Samedi 11 juin était inauguré en plein cœur de la cité un passage baptisé à son nom dans le cadre de la requalification urbaine du centre-ville. Nous reproduisons ci-après les propos de Charles Silvestre, ancien rédacteur en chef de l’Humanité et vice-président des Amis de l’Humanité.

    Devant une foule assemblée, en ce jour de marché, Meriem Derkaoui, maire PCF Front de gauche d’Aubervilliers, Mahmoud Messali le consul d’Algérie en Seine-Saint-Denis, Charles Silvestre, ancien rédacteur en chef de l’Humanité, vice-président des Amis de l’Humanité et Elisabeth Guigou, députée PS de la circonscription ont pris la parole durant l’hommage à ce militant du rapprochement entre les peuples, de la justice et de la dignité humaine.On est en juin 1957. La guerre d’Algérie bat son plein d’horreurs. A Alger, à la fin d’une longue séance de supplices, Alleg est ramené dans sa cellule. A ses tortionnaires, le torturé dit calmement : « vous pouvez revenir, je vous attends, vous ne me faites pas peur ». La torture, il connaît. Journaliste à Alger Républicain, il a découvert cette banalité du mal, selon l’expression d’Hannah Arendt, pratiqué dans des commissariats ou des gendarmeries sur de pauvres gens refusant d’avouer leurs larcins ou supposés larcins.

    De ce même-pas-peur, comme on dit aujourd’hui chez les gosses, un homme en fera, un an plus tard, un texte admirable. Jean-Paul Sartre écrit, parlant des parachutistes aux mains desquels se trouvait le directeur d’Alger républicain : « au milieu de ces petits caïds, fiers de leur jeunesse, de leur force, de leur nombre, Alleg est le seul dur, le seul qui soit vraiment fort ». Le philosophe ajoute : « Nous nous fascinions sur le gouffre de l’inhumain, mais il suffit d’un homme dur et têtu, obstiné à faire son métier d’homme, pour nous arracher au vertige »

    Ce texte, paru dans l’Express, deviendra la postface d’une édition suisse de La Question. Le récit d’Henri Alleg, portant ce titre devenu célèbre, sorti clandestinement de la prison Barberousse, est publié le 12 février 1958, aux éditions de Minuit de Jérome Lindon. Avant d’être interdit, il s’arrache chez ceux qui ont souvent vingt ans, parfois en partance pour l’Algérie, dont j’étais. Dans ce parcours épique, il est édité également à Lausanne par un suédois, Nils Andersson, qui lui adjoint le texte de Sartre, aujourd’hui hélas introuvable, et poursuit ainsi son œuvre sous le manteau rappelant la métaphore de la révolution chez Marx : « Bien creusé, vieille taupe ».

    Lire aujourd’hui "La Question" de Henri Alleg

    n’a pas perdu de sa force

    Voila un moment dont l’Histoire humaine peut s’honorer : une grande conscience militante a rencontré une grande conscience intellectuelle. Rien de grand ne s’est fait, dans ce pays, sans cette rencontre de consciences venues de mondes différents et que l’on croit parfois encore opposés. C’est le J’accuse de Zola, dans l’Aurore du 13 janvier 1898, défendant l’innocence du capitaine Dreyfus contre un faux antisémite de la haute armée. C’est Jaurès, le clairvoyant, assassiné le 31 juillet 1914 pour avoir voulu écarter le monstre de la guerre 1914-1918.

    Le texte de Sartre est intitulé : « Une victoire ». Une victoire d’autant plus éclatante que la guerre d’Algérie, dernière guerre coloniale, est sans doute la plus sale, si l’on peut établir une échelle. Elle a fait de jeunes officiers courageux de la France libre, en 1945, des bourreaux exaspérés, dix ans plus tard, face à une nouvelle Résistance, celle du colonisé. Qu’elle fut un amoncellement de cruautés sans nom, Alleg en avait une telle conscience que La Question débute par ces mots : « Dans cette immense prison surpeuplée, dont chaque cellule abrite une souffrance, parler de soi est comme une indécence ».

    De ces mérites, Alleg, lui-même, n’aurait pas aimé en faire un titre de gloire personnelle. S’il y a un titre à attribuer à ce courage, à cette fermeté de caractère, à cette conviction inébranlable, il ne peut être que partagé. A commencer par ses proches, militants du parti communiste algérien, martyrisés : Maurice Audin torturé à mort le 21 juin 1957, et dont le secret entretenu sur sa disparition par les chefs d’Etat successifs, encore aujourd’hui, est comme une plaie béante pour la république selon les mots de Pierre Vidal-Naquet. Fernand Iveton, guillotiné de façon infâme pour un militant, dont l’acte de révolte n’a fait aucune victime, est comme rendu à son humanité par le livre bouleversant de Joseph Andras, « de nos frères blessés », édité chez Actes-Sud, et couronné d’un prix Goncourt qu’il a refusé.

    Je m’en voudrais si ces drames et ces héroïsmes faisaient oublier la nature profonde d’Alleg. Henri était un grand cœur, un cœur aux battements universels. Juif par ses parents russo-polonais, anglais comme enfant de Londres, Français par choix, Algérien par engagement, mieux qu’un binational, c’était un tri-national ! Il était à lui tout seul un véritable melting-pot. Il incarnait une Algérie idéale, multiethnique, pluriculturelle, politiquement plurielle. D’autres combattants de l’indépendance algérienne, tels Larbi Ben M’Hidi, fondateur du FLN, pendu comme un bandit, se rapprochaient de cette vision. L’entêtement criminel de la guerre, qui a ultra-militarisée le combat, a privé l’Algérie de ces hommes d’ouverture et fait obstacle à une aspiration civile et unitaire qu’on veut espérer, cependant, toujours vivante.

    Henri avait aussi l’œil rieur. Je ne crois pas avoir connu homme se délectant à ce point à raconter des histoires à n’en plus finir et puisées à toutes les sources. La plus belle, à mes yeux, figure dans le livre de sa vie « Mémoire algérienne ». A Barberousse, un prisonnier musulman souhaite le rencontrer. Cet homme, un vieux fellah, lui dit : pourquoi défendez-vous l’indépendance dont vous êtes, vous Français, déjà pourvus ? Parce que chaque peuple, lui répond Alleg, y a droit. Je sais que vous n’êtes pas croyant, poursuit son interlocuteur, mais lorsque nous irons tous les deux au paradis d’Allah, pour ce que vous avez fait, c’est vous qui y entrerez le premier. Ce qui était encore une façon de me convaincre, s’amusait Alleg, je serais bien obligé, alors, d’y croire.

    Honoré à une fête de l’Humanité, il y avait retrouvé Roger Hanin, le beau-frère de François Mitterrand, l’implacable ministre de l’intérieur et garde des sceaux de la guerre d’Algérie. Mais il n’avait pas oublié, pour autant, ce jeune communiste des années 40, à Alger, nommé Hanin, et viré de son lycée parce que juif. Et, le découvrant là, à La Courneuve, le temps passé des affrontements, venu à sa rencontre, en famille, chaleureux, ce fut un éclat de rire.

    Qu’une ville populaire comme Aubervilliers donne ce nom à un passage, en plein centre, on s’en réjouira : quel meilleur qualificatif peut-on donner à Henri Alleg que celui de passeur ? Passeur d’histoire, au singulier et au pluriel. Passeur de témoin, de génération en génération. Les élèves du lycée Le Corbusier, en 2007, l’ont acclamé, débout. Oui, debout, ce mot qui revient dans l’actualité de leur monde. Mais, surtout, passeur d’une conviction qu’aucune force au pouvoir ne peut dompter. Ni à son époque, ni aujourd’hui.

    Intervention de Meriem DERKAOUI, maire de Aubervilers

    (Texte à venir)

    L’image de souvenir de cette inauguration

    Présence d'Elizabeth GIGOU, députée, ancienne ministre
    M. le Consul d’Algérie

    Ecoutez Henri Alleg il nous parle depuis Alger et la maison

    où il a été torturé

      

     

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  • Souvenez-vous, c'était le 19 mars 1962

    Mais que va-t-il se passer en 2017 ?

     

    Photo prise le 18 mars 1962

     Le 19 mars 1962, la signature des accords d’Évian mettait fin à huit années de ce que l’État Français appelait, depuis 1954, « les événements ». Refoulant pendant de nombreuses décennies « cette guerre sans nom » pour enfin reconnaître la guerre d’Algérie, en 1999. 

    La proposition de loi socialiste visant à substituer les termes « d’opérations de maintien de l’ordre en Afrique du Nord » dans les documents de la République Française par « guerre d’Algérie » a finalement abouti.

    Commémoration du cessez-le-feu 

    Nicolas Sarkozy affirmait que « la colonisation avait eu un rôle positif » dans le seul et unique but de faire l’apologie de la colonisation et de ses crimes perpétrées sur les colonisés, d’envenimer une polémique très houleuse et d’accentuer les tensions entre l’Algérie et la France. Or il avait sciemment omis que la colonisation était une mort annoncée, planifiée, programmée, des colonisés, qui impliquait des responsabilités individuelles des politiques et de leur armée soutenue par des colons et des responsabilités collectives. En effet, que Nicolas Sarkozy s’en soit targué ouvertement à l’instar de Napoléon III, -que Victor Hugo nommait « Napoléon le petit » dans ses poèmes qui furent des réquisitoires contre le neveu de Napoléon Ier-, il soutient de manière manifeste et provocatrice que la construction des hôpitaux, des écoles, des voies de circulation etc… Ne profitaient pas qu’aux colons.

    Ainsi, Nicolas Sarkozy voulait alors réécrire l’histoire de la guerre d’Algérie. Or ces colons étaient soutenus par l’armée française chargée de la gestion administrative de l’Algérie, qui était un département français, et du contrôle de ce département. Par ailleurs, n’oublions pas que le taux de mortalité des Algériens était élevé, sans compter que la France, en son armée, avait recruté, dans sa Légion étrangère, d’anciens SS nazis dans ses rangs. Des nazis à qui ils donnaient en un temps court la nationalité française, et des colons qui agissaient avec connivence, pour museler le peuple algérien dans l’ignorance à grande échelle. En effet, seul un enfant sur dix enfants était scolarisé en 1954, soit 124 ans après le début de la colonisation. La France et son armée, soutenue par les colons, exerçaient une volonté manifeste de maintenir les colonisés dans l’ignorance afin d’entraver toute révolte grâce à l’existence progressive d’une intelligentsia qui véhiculait des idées révolutionnaires. Sans compter la multiplication des SAS, Sections Administratives Spécialisées, prisons à ciel ouvert pour de nombreux Algériens et leurs familles… Aujourd’hui, la droite s’insurge à des fins politiques contre la commémoration du 19 mars 1962, qui marque aussi la défaite française, sujet houleux et humiliant pour des politiques qui manœuvrent et exploitent l’Histoire à des fins électoralistes, aujourd’hui encore.

    La Toussaint 1954 

    Les actions menées lors de la Toussaint 1954 marquaient le début de la guerre d’Algérie. C’étaient des actions coordonnées par ceux qui deviendront les principaux acteurs et artisans de l’indépendance algérienne. Cependant, les tensions réelles et internes au sein de la nébuleuse révolutionnaire étaient peu connues en 1954. Et les enjeux étaient de taille car l’Algérie, territoire quatre fois plus grand que la France, recèle des mines de gisement de pétrole, découvertes par la France et son armée tardivement, d’hydrocarbures tels que le gaz, de richesses au point que ces enjeux motivaient la France à poursuivre cette guerre qui portait en elle les germes d’une indépendance en voie de voir le jour pour construire un pays libre, autonome et indépendant en 1962. Pour l’Algérie, l’indépendance est commémorée le 5 juillet 1962.

    L’Algérie et le peuple algérien tendent à se réapproprier leur Histoire 

    Aujourd’hui, l’Algérie et ses historiens mettent en relief non plus le FLN, Front de Libération National comme l’artisan de l’indépendance mais comme le parti de l’indépendance soutenu par l’ALN, Armée de Libération Nationale, branche armée du FLN pendant cette guerre militaire, diplomatique. De 1954 à 1962, l’État Français et son armée nommaient les indépendantistes « des terroristes » alors que pour les artisans de l’indépendance algérienne, chaque engagé indépendantiste qui mourait est un « moudjahid » ou « une moudjahida » qui ne sont pas des «combattants d’une guerre sainte» comme la terminologie occidentale a pu le faire croire depuis très longtemps mais qui composent simplement notre devoir d’Histoire. La mémoire encore vivante des Droits de l’Homme bafoués pendant cette guerre et la libération de l’Algérie fait partie de notre devoir d’Histoire, le combat des opprimés contre les oppresseurs et contre la torture dénoncée par Henri Alleg dans son ouvrage intitulé « La question » , censuré en France puis finalement publié grâce à l’action de Nils Andersson. Les « moudjahids » et « moudjahidas », selon la terminologie employée par des historiens algériens et par le peuple algérien, resteront à jamais les artisans de l’indépendance algérienne activement soutenue et concrétisée grâce à une synergie des actions avec le peuple algérien. Le titre éloquent, « La question » était un choix déterminant non pas pour évoquer uniquement le combat des Lumières contre la question qui était la torture appliquée aux opprimés par l’Inquisition sous couvert de l’Église, mais aussi pour dénoncer la torture exercée par l’armée française sur les colonisés.

    Certains réfléchissent au sujet du début de la guerre d’Algérie, qui peut se situer au tout début de la colonisation, c’est-à-dire en 1830 afin de réhabiliter de manière constructive les actions essentielles, capitales, déterminantes et décisives de l’émir Abdelkader, Ben Badis, Messali, Ferhat Abbas, Aït Ahmed… Et tous ces anonymes Algériens morts pour l’indépendance… Car au lendemain de l’indépendance, c’est le clan de Oujda qui s’arrogeait le rôle principal de l’organisation de la résistance extérieur en vue de l’indépendance, et qui était dominé par des personnages historiques tels que Houari Boumediene, Abdelaziz Bouteflika etc… S’appropriant par la force le pouvoir de l’Algérie indépendante après avoir occulté sciemment les actions de la résistance interne de nombreux combattants algériens qui peinent à être reconnus aujourd’hui encore.

    Vers un travail d’apaisement de l’histoire, entre l’Algérie et la France ? 

    Les relations diplomatiques franco-algériennes tendent vers un apaisement en vue de tisser et de développer des relations entre les deux pays dans un contexte économique en crise. On pourrait même évoquer une politique de collaboration entre les deux pays afin de développer leur économie respective. Les historiens des deux États s’accordent dans leur majorité à travailler ensemble pour poursuivre un travail constructif sur une période charnière de l’histoire de l’Algérie et de l’histoire de la France, même si des efforts restent à faire à ce sujet.

    Ouafia Djebien

    Mais que va-t-il se passer en 2017 lorsque l’on visionne

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  • Première en France : un mémorial

     pour les tziganes tués par les nazis

     à Saint-Sixte (47)

    Première en France : un mémorial   pour les tziganes tués par les nazis   à Saint-Sixte (47)

    La sculpture représente un père et son enfant. ©

    AFP GEORGES GOBET 

    L’œuvre de l'artiste lot-et-garonnais Serge Carvalho se dresse désormais dans la petite commune de Saint-Sixte. Elle a été inaugurée ce jeudi matin 23 juin 2016

    La petite commune de Saint-Sixte a inauguré une sculpture réalisée par l'artiste lot-et-garonnais Serge Carvalho, qui commémore le massacre de 14 tziganes le 23 juin 1944 par les Waffen SS, la même unité qui dans la même journée, pendra 12 personnes dans le village voisin de Dunes.

    En acier inoxydable, à l'image de ce que doit demeurer le souvenir de la démonstration de la barbarie humaine, l'œuvre de Serge Carvalho représente un père et son enfant.

    Première en France : un mémorial   pour les tziganes tués par les nazis   à Saint-Sixte (47)

    Cette œuvre qui rend hommage à des tziganes tués par la barbarie nazie lors de la Seconde guerre mondiale est une première en France.© Photo AFP GEORGES GOBET

    Elle a été installée juste en face de la prairie où les 14 forains, qui avaient fait escale dans le village avant de rejoindre la foire de Valence-d'Agen, ont été fusillés.

    Première en France : un mémorial   pour les tziganes tués par les nazis   à Saint-Sixte (47)

    Avec cette cérémonie d'inauguration une statue de l’artiste Serge Carvalho s’élève désormais à Saint-Sixte à la mémoire des 14 Tziganes assassinés au petit matin du 23 juin 1944 par la division Das Reich. © photo afp 

    SOURCE : http://www.sudouest.fr/2016/06/23/premiere-en-france-un-memorial-pour-les-tziganes-tues-par-les-nazis-a-saint-sixte-47-2411185-3603.php

    Un mémorial pour sortir les Tsiganes

     de l'indifférence

    Première en France : un mémorial   pour les tziganes tués par les nazis   à Saint-Sixte (47)

     

    Première en France : un mémorial   pour les tziganes tués par les nazis   à Saint-Sixte (47)

    Lorsque l’on évoque les victimes privilégiées des nazis durant la seconde guerre mondiale, on parle de la population juive, des communistes, des résistants, un peu moins des homosexuels et des malades mentaux et quasiment jamais des Tziganes. Les gens du voyage ont pourtant payé un lourd tribut à la barbarie nazie. 

    Déjà stigmatisés et fichés dès 1910 par nombre de pays européens, on estime à 500 000 le nombre de Tziganes exterminés entre 1939 et 1945 sous le IIIème Reich. Si on utilise le terme de "Porajmos", littéralement "dévorer", pour désigner ces persécutions, la majorité des historiens les considèrent comme constitutives d'un génocide.

    Après la guerre, les Tziganes ont même subi l’internement. L'inauguration ce jeudi à Saint-Sixte d’un mémorial réalisé par le sculpteur Serge Carvalho rendant hommage aux 14 membres de deux familles tziganes, dont six enfants, massacrées le 23 juin 1944 par les hommes de la division Das Reich dans cette petite commune du Lot-et-Garonne, permet de réparer cette omission.

    Cette tuerie a été la première d'une macabre série perpétrée par cette division allemande. Suivront en effet les massacres de Caudecoste, de Dunes, de Lacapelle-Biron, de Tulle et de l’emblématique, Oradour-sur-Glane. Eugène Daumas, président de l'Union Française des associations tziganes, explique à Christian Vadon les raisons du peu de cas que l'on fait de cette mémoire.

    SOURCE : https://rcf.fr/actualite/un-memorial-pour-sortir-les-tsiganes-de-lindifference 

     

    Un mémorial pour 14 âmes tziganes


    Quelques petites retouches dans l’atelier de Serge Carvalho, avant l’inauguration jeudi. Photo K. d. Quelques petites retouches dans l’atelier de Serge Carvalho, avant l’inauguration jeudi. ©
     

    Les cours d'histoire en parlent peu, mais la population juive n'était pas la seule cible des nazis. Les homosexuels, les malades mentaux ou encore les tziganes ont trouvé la mort pour leur différence.

    C'est ainsi que la division Das Reich a semé la terreur à Saint-Sixte le 23 juin 1944, faisant 14 morts, dont six enfants. Les membres de deux familles ont été sauvagement abattus, dont un bébé de deux mois. Cette tuerie n'a été que le début d'une macabre série de la division allemande, laissant de nombreux cadavres à Caudecoste, Dunes (82), Lacapelle-Biron, Tulle (19) ou encore Oradour-sur-Glane (87).

    Il y a quelques mois, Alain-Eugène Daumas, président de l'Union française des associations tziganes, et les élus de Saint-Sixte, ont fait appel au sculpteur Serge Carvalho de Layrac pour ériger un mémorial en l'honneur des 14 victimes.

    Ancien professeur d'arts plastiques, Serge Carvalho aime travailler avec des enfants afin de les sensibiliser aux métiers d'art. C'est ainsi que le cheval de Troie qui se trouve à l'entrée de Layrac a vu le jour en 2006 grâce aux élèves de l'IME de Fongrave, la fresque historique créée en 2005 par ceux de Caudecoste qui en orne son école primaire, ou encore « L'Homme et ses traces », œuvre réalisée en 2000 avec les écoliers de Beousse, à Boé, qui trône à la sortie d'Agen.

    Un père serrant sa fille

    Alors que ses œuvres reflètent souvent l'humour et la mythologie, l'artiste a voulu, cette fois-ci, que de la dignité, de la solitude et du désespoir ressortent de cette sculpture. C'est donc une œuvre symbolique que Serge Carvalho a imaginée et, après quatre mois de travail, le résultat en est saisissant. Du haut de son 1,88 m, un père serre contre lui sa fille pour l'éternité, le tout travaillé en acier inoxydable afin que ce mémorial traverse les années sans pour autant entacher les émotions que l'artiste a fait ressortir. Au côté du père sera déposée une roue, symbole des gens du voyage et de la liberté qu'ils représentent, ainsi qu'une dalle en pierre sur laquelle les 14 noms de ce massacre figureront à côté de l'enfant.

    Grâce à la participation de la municipalité de Saint-Sixte, du Conseil départemental de Lot-et-Garonne, de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah et du ministère de la Défense, une cérémonie d'inauguration du mémorial s'est donc déroulée comme nous l'avons lu plus haut.

    Karine Danaborga

    SOURCE : http://www.sudouest.fr/2016/06/20/un-memorial-pour-14-ames-tziganes-2406255-3743.php

     


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  • Chassez l’extrémisme, le populisme revient au galop !

    Par Alain Jakubowicz président de la LICRA depuis le 31 janvier 2010 

    A lire et écouter les médias, l’extrême-droite a disparu, comme la lettre « e » dans le célèbre roman de Georges Perec. Un « grand remplacement » est à l’œuvre dans la langue française :  Les termes « patriote », « national », « eurosceptique », « souverainiste », « identitaire » se sont substitués peu à peu à celui d’extrémisme, qui est désormais réservé aux cas pathologiques qui pleurent encore la mort d’Hitler. La terminologie politique a rendu les armes et désormais englobe sous le vocable « populiste » tout ce qui était jadis qualifié (à tort ou à raison) de « facho ». L’extrême-droite s’est policée et s’emploie à décoller les unes après les autres les étiquettes qui jusque-là offrait d’elle, à juste titre, une image rédhibitoire pour le plus grand nombre.

    Le populisme n’est pas nouveau et le fait de flatter le peuple dans le sens de ses mauvais penchants est vieux comme le monde.  Il s’est développé à l’extrême-droite comme à l’extrême-gauche avec les mêmes travers. Comme toujours en période de crise, il porte la marque d’une certaine forme de modernité politique, très tendance, providentielle même, et hors de laquelle il n’y aurait que des astres morts usés et impuissants. Les succès de Podemos en Espagne ou de Syriza en Grèce illustrent une partie de ce phénomène.

    Ce qui est nouveau, c’est la dilution de l’extrême-droite dans un bain populiste qui sert sa quête de respectabilité. Le marketing est à l’oeuvre pour la rendre sympathique, clown comme Beppe Grillo en Italie, « tartignole » comme Nigel Farage en Grande-Bretagne, irrédentiste comme Hofer en Autriche, décomplexée comme Marine Le Pen et grande gueule comme Ménard en France.

    Le populisme offre à l’extrême-droite la possibilité de recoller à la vie réelle et surtout de ne pas parler idéologie pour éviter de dégoûter l’électeur. On n’attire pas les mouches avec du vinaigre. Alors il fait dans le concret, dans le prétendu « bon sens ». Il se nourrit des angoisses quotidiennes du « pays réel » et de la peur du déclassement. Les poubelles ne sont plus ramassées à Rome ? Virginia Raggi, la nouvelle maire issue du Mouvement Cinq Etoiles, mobilisera l’armée s’il le faut pour faire place nette. Les paradis fiscaux prolifèrent ? Nigel Farage du UKIP baissera les impôts et supprimera du même coup l’envie de frauder. Les Américains ne sont pas en sécurité ? Donald Trump les armera. Les chiens défèquent à qui mieux mieux dans les rues de Béziers ? Ménard les confondra à coup de tests ADN. Le populisme est binaire, pavlovien, idiot et prévisible. Mais hélas terriblement efficace sur le plan électoral.

    Pourtant, l’extrême-droite a beau dépenser beaucoup en chirurgie esthétique, on voit les coutures. Pas facile de dissimuler sa nature. En Autriche, il a fallu beaucoup de talent à Norbert Hofer pour faire oublier les racines néonazies de son parti et les amitiés devenues gênantes qu’il a dû congédier, en apparence au moins. En Italie, Beppe Grillo ne parvient pas à contenir son antisémitisme et son rejet de tout ce qui n’est pas « italien ». En Grande-Bretagne, Nigel Farage, lors des dernières élections au Parlement, a fait campagne sur l’abrogation des lois antiracistes qui selon lui, entravent le développement du pays. Rien de moins. Et les affiches de UKIP, diffusées à l’occasion du référendum sur le Brexit et montrant des hordes de réfugiés à l’assaut de la perfide Albion, n’ont rien à envier à la propagande fasciste des années 30.

    En France, Marine Le Pen est sans doute la plus aboutie dans sa mue populiste. Elle revendiquerait presque cette appellation qui témoigne de la « dédiabolisation » qu’elle appelle de ses voeux. La sémantique antisystème est devenue son seul credo et a pris la place des dérapages paternels pour lesquelles elle n’a eu qu’une aversion tardive et modérée : le peuple contre les élites, le petit contre le gros, le fiscalisme, l’européisme, l’immigrationnisme, le système médiatique, le protectionnisme et cette maudite mondialisation qui accable les peuples. Le contexte des attentats l’aide en outre à transformer la tradition xénophobe du Front National en charge exclusivement dirigée contre l’islam. Si le problème posé par l’islam radical doit être affronté avec une lucidité et une fermeté implacables, il ne légitime pas l’islamo-paranoïa obsessionnelle de l’extrême-droite qui ne sert qu’à alimenter son business de la peur. Les succès de l’extrémisme doivent d’ailleurs beaucoup au silence des républicains qui ne peuvent plus lui laisser le monopole de l’expression sur ce sujet.

    Si Marine Le Pen n’a rien renié de l’héritage légué par papa et de ses années passées à le seconder, à l’applaudir et à l’encourager, elle s’efforce de tenir plusieurs fronts dont les antagonismes sont connus. Sa nièce est sur une ligne dure et persiste à envoyer des signaux au socle des fidèles historiques et intégristes. Florian Philippot, lui, vise la conquête d’un nouvel électorat, n’hésitant pas à convoquer le gaullisme ou, comme ses «camarades» de Sciences Po Paris, à mettre Mendès France, Blum et Jean Moulin aux service de son élargissement. Gilbert Collard joue quant à lui l’idiot utile et campe la figure du novice subjugué par la vague et touché par la grâce mariniste. Robert Ménard, de son côté, ravive chaque matin la flamme identitaire et « oz » imaginer qu’il ira au-delà de son échappée méridionale. Le ciment « populiste » permet à Marine Le Pen d’unifier cette cour des miracles. A l’aune des échéances de 2017, tous regardent dans la même direction : la conquête du pouvoir.

    En enfilant les habits du populisme, l’extrême-droite parvient à séduire bien au-delà de son camp de base. Le siphon électoral est en place pour abolir le clivage droite-gauche et faire circuler l’électorat, d’où qu’il vienne, dans sa direction. La crise est pour elle un produit dopant qui, conjuguée au rejet des forces politiques de gouvernement, confine au pot belge, du nom de ce cocktail « explosif » jadis en vogue chez les cyclistes. Avant les échéances de 2017, il est plus que temps de se souvenir de cet aphorisme du général de Gaulle qui en dit long sur la menace qui nous guette : « le pouvoir ne se prend pas, il se ramasse ».

     


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    Cercle Jean Moulin

    Cercle Jean Moulin

    Association Mémorielle Patriotique et Républicaine. Elle honore et transmet la Mémoire de Jean Moulin, ainsi que la Mémoire des Républicains espagnols, la Mémoire de la Résistance, de l'Internement et de la Déportation . Elle promeut les valeurs de celles-ci et lutte contre le négationnisme et le révisionnisme, l'anti-France, et ses résurgences dans l'actualité. http://cercle.jean.moulin.over-blog.com/ https://www.facebook.com/CercleJeanMoulin?ref=hl cercle.jean.moulin71@sfr.fr 07 81 34 85 48

    J’ai cru à une plaisanterie ou à une critique d’un article de mon blog lorsqu’au n° 19 de ce sommaire j’ai vu apparaître mon nom :

    Cercle Jean Moulin, présidé par Grégory Baudouin, sommaire du 23 juin 2016

    SOURCE : http://cercle.jean.moulin.over-blog.com/2016/06/michel-dandelot-ancien-appele-de-la-guerre-d-algerie-1er-mai-1961-8-janvier-1963-contre-sa-volonte.html

    Publié par Cercle Jean Moulin sur 23 Juin 2016, 20:33pm

    1 Réfugiés et exilés de la guerre d'Espagne 

    2 Républicains espagnols, les migrations de l'exil 

    3 Un film rare sur l'exode des républicains espagnols en 1939 

    4 Réfugiés espagnols : quand la France choisissait l’infamie Par Geneviève Dreyfus-Armand, Historienne 

    5 Vidéos Des camps pour les républicains espagnols 

    6 les vestes 600.000 euros pour la veste d'Hitler et les sous-vêtements de Göring 

    7 BCRA : Une école d’Espagne propose de « jouer au juif à Auschwitz » 

    8 12 vétérans Américains en Normandie, sur les traces de leur passé 

    9 Arletty et son nazi: les dessous d'une idylle coupable 

    10 Le journal du diable : dans ce document, les pensées du cerveau de l'antisémitisme 

    11 Boulogne : des élèves de terminale de Branly transmettent l’histoire de la Shoah 

    12 Jean-Marc Todeschini Préside La Cérémonie À Tous Les Déportés Morts Dans Les Camps Nazis Au Struthof 

    13 BCRA : Evry: un conseiller municipal suspendu pour avoir comparé Manuel Valls à Hitler 

    14 L’UE critiquée pour une porcherie tchèque située sur un lieu de l’Holocauste des Roms 

    15 Lyon accueille le 70ème congrès national de l'amicale de Dachau 

    16 Le Mirail : des lycéens passeurs de mémoire racontent Auschwitz 

    17 Ce retraité allemand a-t-il découvert les armes nucléaires de Hitler? 

    18 ça c'est passé un 23 juin ... L'histoire en rafale Le blog histoire d'Hervé Chabaud 

    19 Michel Dandelot : Ancien appelé de la guerre d'Algérie (1er mai 1961/8 janvier 1963) contre sa volonté 

    20 Inauguration de la statue de Jean Moulin à Argenteuil 

    21 Sur les pas de Jean Moulin, en clandestin sur la presqu’île de Lyon 

    22 Monument Jean Moulin : HISTOIRE(S) STÉPHANOISE(S) 

    23 Statue de Jean Moulin à Issy-les-Moulineaux - Boulogne-Billancourt 

    24 Cercle Jean Moulin, présidé par Grégory Baudouin, sommaire du 23 juin 2016 

    25 Le Cercle Jean Moulin, association mémorielle Patriotique et Républicaine a besoin de vous, engagez vous ! 

    • BCRA : Bulletin Citoyen et Républicain d'Alertes contre les néo-nazis, les négationnistes, le révisionnisme en particulier et l'extrême droite en général 

    Michel Dandelot : Ancien appelé de la guerre d'Algérie (1er mai 1961/8 janvier 1963) contre sa volonté

    Publié par Cercle Jean Moulin sur 23 Juin 2016, 20:12pm

    Catégories : #Mémoire, #Jean Moulin, #béziers

    http://www.micheldandelot1.com/

    Nous aimerions mettre en avant ce soir le site de Michel Dandelot : Ancien appelé de la guerre d'Algérie (1er mai 1961/8 janvier 1963) contre sa volonté qui fait un gros travail de Mémoire quant à la guerre d'Algérie mais aussi Jean Moulin, Béziers et sans parler de son implication politique.
    Michel Dandelot : Ancien appelé de la guerre d'Algérie (1er mai 1961/8 janvier 1963) contre sa volonté

    Aujourd’hui 2 avril 2015 ce Blog personnel qui doit être aussi le vôtre a 5 ans d’existence ! Mais en 5 années j'ai eu le temps de caser près de 3300 pages

    Merci au Cercle Jean Moulin
     
    Merci à Grégory Baudoin son président
     
    qu'il sache que le fait d'avoir signalé
     
    mon blog me touche profondément
     
    Continuons à lutter ensemble
     
    contre le négationnisme et le révisionnisme
     
    contre l'anti-France et sa résurgence
     
     dans l'actualité
     

    Aujourd’hui 2 avril 2015 ce Blog personnel qui doit être aussi le vôtre a 5 ans d’existence ! Mais en 5 années j'ai eu le temps de caser près de 3300 pages

    Aujourd’hui 2 avril 2015 ce Blog personnel qui doit être aussi le vôtre a 5 ans d’existence ! Mais en 5 années j'ai eu le temps de caser près de 3300 pages

     


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  • Henri Pouillot réagit au rapport de l'ACAT sur la torture. Il sait un peu de quoi il parle. Il fut affecté comme appelé à la Villa Susini à Alger en 1961 et 1962, ce centre de torture de l'armée française. Depuis, il n'a de cesse de témoigner, de combattre le colonialisme et d’oeuvrer à la reconnaissance des crimes coloniaux.

    "La torture pour demain en France ?

    Quelle horreur !!!"

    "Je viens de découvrir avec stupeur ce sondage relatif à la torture, en France, diffusé par l'ACAT :
    - 36% des sondés acceptent le recours à la torture dans des circonstances exceptionnelles, contre 25% en 2000.
    - 54% de Français acceptent qu’une personne suspectée d’avoir posé une bombe prête à exploser soit soumise à des décharges électriques.
    - 45% des personnes interrogées considèrent que la torture est efficace pour prévenir des actes de terrorisme et obtenir des infos fiables.
    - 18% des sondés (et 40% des sympathisants FN) déclarent qu’ils pourraient envisager de recourir eux-mêmes à la torture …..
    Ces chiffres sont sidérants pour plusieurs raisons. Pour moi, ils sonnent encore bien davantage, puisque j'ai eu la triste expérience, lorsque j'étais appelé pendant la Guerre de libération de l'Algérie, d'avoir été affecté à la Villa Susini à Alger, de fin juin 1961 au 13 mars 1962, dans ce centre qui fonctionna pendant toute la période du conflit en centre de tortures (les autres centres Ecole Sarrouy, Villa des Roses,… n'ont fonctionné que quelques mois).
    Tout d'abord, je dois dire que, pour moi, la pratique de la torture est sans doute l'un des crimes contre l'humanité parmi les plus odieux.
    45% des personnes sondées semblent estimer que la torture serait efficace pour prévenir des actes de terrorisme. La démonstration a été faite dans de nombreux cas, tout particulièrement pendant la Guerre de Libération de l'Algérie, mais aussi en Indochine, en Irak plus récemment (Abou Ghraib, Guantanamo..). En Algérie, ce sont des centaines de milliers d'Algériens qui y ont été soumis. Ceux qui ont l'intention de commettre un attentat ont pris délibérément le risque de mourir, et il est rare qu'ils vont parler lors d'un tel interrogatoire, parce qu'ils savent que, généralement, ils seront exécutés, sans même de procès, et que leur meilleure chance de s'en sortir vivants est de pouvoir résister, sans rien dire. Ceux qui savent quelque chose et oseraient parler, risqueraient l'exécution en sortant du centre de torture. Mon expérience m'a démontré que ceux qui ont "parlé", ne savaient généralement rien, et ont dit n'importe quoi en espérant que le supplice arrête enfin. D'ailleurs, le Général Massu lui-même, celui qui a institutionnalisé à très grande échelle la pratique de la torture en a reconnu, quelque temps avant sa mort, l'inefficacité, et déclaré qu'on aurait pu, dû, faire autrement.
    54% des personnes sondées accepteraient qu'une personne suspectée d’avoir posé une bombe prête à exploser soit soumise à des décharges électriques, à la torture ??? C'est une énorme lâcheté. Qui suspecterait le voisin ? Et si le voisin vous dénonçait comme suspect ? Il serait "normal", "acceptable" que vous soyez torturé ? Je suis prêt à parier, très cher, que cette majorité de Français estime donc que si son voisin doit être torturé, tant pis pour lui, moi je suis tranquille, à l'abri. Sur les milliers d'Algériens que j'ai vu défiler à la Villa Susini, arrêtés parce que considérés comme éventuellement "suspects", 99,9% étaient totalement innocents : ils avaient eu la malchance de se trouver au mauvais moment, au mauvais endroit.

    Que 40% des personnes sondées, sympathisantes du FN déclarent qu'ils pourraient envisager de recourir eux-mêmes à la torture, c'est horrifiant !!! C'est l'héritage de Jean-Marie Le Pen. Il faut se souvenir qu'en 1956, jeune député poujadiste il démissionna de son mandat pour aller "casser du bougnoule" selon son expression d'alors. Il reprit alors son uniforme de Lieutenant parachutiste et fut le responsable de la Villa Susini, où selon la légende, il fit disparaitre des corps de torturés dans des cuves d'acide. Au procès qu'il intenta au monde en 2002 (quand il s'est retrouvé au second tour de l'élection présidentielle) il affirma être très fier de la remise de ses décorations pour ses exploits en Algérie qui ont été faits dans les jardins de cette Villa Susini. Tout un symbole !!!

    Aujourd'hui, contrairement aux années 1950/60, les moyens techniques qui existent permettent de mener des enquêtes autrement performantes en délais et efficacité. La surveillance des réseaux sociaux, des réseaux téléphoniques, quasi impossible autrefois, apporte immédiatement des informations que la pratique de la torture ne permettra jamais. La torture n'a qu'un "avantage" : c'est l'humiliation du torturé, et son rejet probable vers la cause pour laquelle il est suspecté être favorable.

    En dehors de ces chiffres, le résultat de ce sondage est une démonstration des effets catastrophiques des manipulations de l'opinion publique voulue par une partie de la classe politique, amplifiée par certains médias.
    Après les attentats de janvier et novembre 2015, la réponse voulue par le pouvoir en place fut l'état d'urgence et la déchéance de nationalité, sans qu'une réflexion soit menée pour analyser les causes de ces catastrophes. Ce ne sont pas que des jeunes dont leurs parents furent des indigènes des anciennes colonies, de culture musulmane. Pour certains qui se sont convertis à cet extrémisme religieux, pour certains, leurs parents ont des origines provinciales très anciennes et certains même sont des pratiquants catholiques, de classe sociale moyenne. Alors ? Pourquoi se trouvent-ils donc si désespérés, sans avenir, avec le besoin de trouver un refuge de caractère sectaire ? Pour tarir cette source de radicalisation, tant que cette question n'est pas posée et que des remèdes ne sont pas mis en place, la filière conservera de beaux jours.
    L'état d'urgence n'a aucune efficacité sérieuse pour la sécurité : ce ne sont pas les patrouilles de militaires ou policiers qui vont dissuader le terroriste de préparer son attentat, il va surveiller et étudier quand, comment, il va pouvoir le commettre. Par contre les mesures "justifiées" par le gouvernement comme les assignations à résidence, les interdictions à manifester sont autant d'atteintes aux libertés individuelles et collectives inacceptables. Cette poudre aux yeux est une terrible illusion
    Le dernier crime commis le 13 juin 2016 à Magnanville contre les 2 policiers, est horrible, et bien évidemment condamnable, mais l'instrumentalisation qui en est faite est également dangereuse. Un tel acte génère bien naturellement une immense émotion, comme après les attentats qui ont endeuillé tant de familles, mais la publicité qui est faite légitime pour une bonne part, ces actes odieux : ceux qui ont décidé de les commettre deviennent des "héros". Ils ont atteint leur but essentiel, macabre : générer une nouvelle vague de peurs dans la population.
    Avec la question de la loi El Khomri, et sa contestation, on assiste à une instrumentalisation de la violence engendrée autour des manifestations. On peut s'interroger sur la facilité selon laquelle les casseurs peuvent agir. Face à la violence sociale du Pouvoir politique de vouloir casser les acquis du Front populaire, du Programme du CNR (Conseil National de la Résistance), mai 1968,… ce gouvernement multiplie les provocations. Alors qu'une très grande majorité de Français s'opposent à cette casse, sa détermination à refuser le respect de la démocratie est génératrice de violence. Les propos des ministres (dont le premier) tentant de rendre responsables les organisations syndicales et tout particulièrement la CGT est un amalgame inacceptable. On peut s'interroger : à qui rendent service les casseurs ? N'est-ce pas à tenter de mettre en cause la poursuite de ces manifestations ? Ce prétexte voudrait justifier l'interdiction de manifester. Depuis des semaines, une majorité de médias reprennent en boucle la thèse de la violence générée par le mouvement de contestation de la loi dont la majorité de Français ne veulent pas, et "oublient" d'évoquer la violence sociale générée par cette démarche.
    Ce climat donc très lourd, avec une instrumentalisation de la violence ne peut donc que générer une inquiétude "légitime" et une opinion publique soucieuse attendant un retour au calme, une répression contre un ennemi quasi invisible, difficile à cerner. Alors comme la torture a été souvent utilisée sous prétexte de juguler les actes de terrorisme, comment s'étonner que cette pratique ne soit pas attendue comme remède de la situation actuelle ? Et ce, d'autant plus que la France n'a toujours pas reconnu et condamné cette pratique utilisée en son nom comme institution !!! Cette tentation est d'autant plus "naturelle" que, malgré les mesures qui devaient garantir la sécurité absolue, des attentats continuent et continueront d'autant plus, tant que les causes ne seront pas prises en compte.
    Déjà en 2005, les militaires français, dans la revue "Le Casoar" avaient tenté, en voulant copier les américains, de réclamer un cadre juridique à l'utilisation de la torture. Les plus hautes autorités de l'Etat, évoquant souvent que notre pays est celui des droits de l'homme, devraient réfléchir avant de mettre en cause les libertés individuelles et collectives, respecter les plus élémentaires règles de la démocratie et œuvrer pour un vivre ensemble harmonieux en évitant les causes de violence à l'origine de dérives racistes.
    Il serait temps que François Hollande complète son communiqué de juin 2014 relatif à la disparition de Maurice Audin. Certes il a reconnu officiellement que le jeune mathématicien, torturé, ne s'était pas évadé mais était mort en détention, et cela en fonction de témoignages et documents concordants. Comment est-il mort, à 25 ans, en détention ? Qu'est devenu son corps ? Quand connaîtrons-nous ces éléments ?
    Assez d'un gouvernement qui se dit de gauche, mais qui pratique une politique trop souvent inspirée de concepts de droite, voire de la droite extrême, et bafoue les principes même de notre république "Liberté, Egalité, Fraternité". Jamais sous la 5ème République, depuis (1958), donc près de 60 ans, on a assisté à de telles attaques de la démocratie. Si les manifestations syndicales des 23 et 28 juin étaient interdites, il faudrait donc remonter au régime de Vichy pour retrouver une telle démarche."

    Henri POUILLOT

    (PS) Bien sûr cet article a été écrit avant que l'on connaisse enfin que la manifestation du 23 juin est autorisée.


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  • Interdire une manifestation syndicale :   du jamais-vu depuis la guerre d'Algérie mais heureusement Le Parisien nous rassure

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    Finalement la manifestation

    est autorisée

     

    Les syndicats obtiennent le droit de manifester jeudi "sur un parcours très court proposé par le ministère" de l'Intérieur.

    Ceci est une victoire

    de la démocratie

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     À NOS GOUVERNANTS "Jetez un coup d'oeil dans le rétro de l'Histoire avant de prendre votre décision"

    Interdire une manifestation syndicale :   du jamais-vu depuis la guerre d'Algérie mais heureusement Le Parisien nous rassure

    Attention, ne plongez pas dans la dictature dont vous vous rapprochez de plus en plus ! Vous assimilez les "casseurs" à des militants de la CGT. Ceci est une insulte même si la colère due à la répression peut provoquer quelques réactions violentes.

    Attention ! N’interdisez pas les manifestations populaires. Et si vous les interdisez, ce qui semble naître dans votre volonté, ne les réprimez surtout pas ! Si vous les réprimez l’Histoire vous comparera à ceux qui ont eu la responsabilité de diriger le Pays et surtout celle des 9 morts du 8 février 1962 au métro Charonne, Messieurs Michel Debré premier ministre de l’époque Roger Frey, ministre de l’Intérieur, Maurice Papon préfet de police de Paris.

     

    Interdire une manifestation syndicale :

     du jamais-vu depuis la guerre d'Algérie

    Mardi 21 Juin 2016 à 16:30

    Etienne Girard 

    Depuis les débordements de la manifestation anti-loi Travail de mardi dernier à Paris, le spectre a surgi d'une interdiction pure et simple du défilé de la CGT prévu ce jeudi 23 juin. Une menace agitée par François Hollande et Manuel Valls en personne. Sauf que les derniers exemples en date d'une telle décision, en France comme chez nos voisins proches, renvoient à des références auxquelles le pouvoir socialiste ne voudrait sans doute pas être associé…

    Interdire une manifestation syndicale. L'idée paraît incroyable, en France en 2016, mais c'est pourtant bien la menace clairement brandie par le gouvernement socialiste face aux opposants à sa loi Travail depuis les débordements qui ont émaillé leur défilé parisien mardi dernier. "Je demande à la CGT de ne plus organiser ce type de manifestations sur Paris. Au cas par cas, car on ne peut pas prononcer une interdiction générale, nous prendrons nos responsabilités", a lancé Manuel Valls dès le lendemain sur France Inter. Dans la foulée, François Hollande a confirmé l'éventualité d'une interdiction au Conseil des ministres, a rapporté le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll : "A un moment où la France accueille l'Euro, où elle fait face au terrorisme, il ne pourra plus y avoir d'autorisation de manifester si les conditions de la préservation des biens et des personnes et des biens publics ne sont pas garanties".

    Sur l'air fameux du "il est interdit d'interdire", les syndicats ont bondi pour dénoncer un assaut contre la démocratie. Eux ont prévu de défiler une nouvelle fois dans les rues de Paris ce jeudi 23 juin. Et refusent tout net le "compromis" proposé par le gouvernement : un rassemblement statique. "Le préfet a insisté pour que l'action de jeudi soit contrainte à un rassemblement place de la Nation ou sur une autre place parisienne. Les organisations syndicales d'Ile-de-France ont catégoriquement refusé cette proposition", écrivent ce mardi 21 juin dans un communiqué commun la CGT, FO, FSU, Solidaires, Unef, UNL et Fidl, qui promettent de faire dans l'après-midi "des propositions alternatives de manifestations itinérantes" auprès de la préfecture.

    De Michel Debré à Margaret Thatcher

    Quelles que soient ces nouvelles propositions, la menace plane donc clairement : d'ici à jeudi, la préfecture de police peut interdire à tout moment la manifestation. Un tel choix ferait date : pour retrouver trace, dans l'histoire de la Ve République, de l'interdiction d'une manifestation organisée par les syndicats, il faut en effet remonter à… la guerre d'Algérie ! "Le pouvoir avait alors interdit plusieurs manifestations organisées à l'appel de la CGT", nous confirme Danielle Tartakowsky, présidente de l'université Paris VIII et spécialiste des mouvements sociaux. Manuel Valls, premier chef du gouvernement à interdire une manifestation syndicale depuis Michel Debré, la référence a de quoi faire trembler au PS. D'autant qu'en 1961-1962, le préfet de police responsable de la mise en oeuvre de l'interdiction n'était autre qu'un certain… Maurice Papon.

    Quant à l'interdiction d'une manifestation organisée par des syndicats en opposition à une loi sociale, "c'est totalement inédit", selon Danielle Tartakowsky, qui alerte par ailleurs sur les conséquences potentiellement explosives d'une telle décision : "Du point de vue de la défense des biens et des personnes, interdire un rassemblement est très dangereux car les forces de l'ordre ne peuvent prévoir les déplacements des manifestants". Lesquels, piqués au vif par ce qu'ils verront comme une violence du pouvoir, ne manqueront pas de se faire entendre dans la rue mlagré tout. L'affaire du métro Charonne, le 8 février 1962, constitue un exemple historique sanglant de ce risque. Ce jour-là, malgré l'interdiction de la préfecture, plusieurs milliers de manifestants se réunissent à Paris à l'appel du Parti communiste et de la CGT, pour protester contre la guerre d'Algérie et les attentats de l'OAS. Très vite, les rebelles sont refoulés par la police aux abords du métro Charonne, puis chargés. S'ensuit une bousculade dans la bouche du métro, qui fait 9 morts dont 8 militants de la CGT.

    Depuis la guerre d'Algérie, les gouvernements successifs se sont bien gardé de recourir à l'interdiction d'une manifestation syndicale. Et chez nos voisins, les exemples ne sont guère plus valorisants pour le trio Hollande-Valls-Cazeneuve… "Cela pourrait rappeler le bras de fer entre Margaret Thatcher et les mineurs britanniques", souligne Danielle Tartakowsky. Nous sommes alors en 1984-1985 et la "Dame de fer" refuse de plier devant les mineurs grévistes qui protestent contre la fermeture d'une vingtaine de mines de charbon. Les manifestations sont interdites et les contrevenants sévèrement réprimés par la police. Le conflit, qui durera un an, fera trois morts et plus de 20.000 blessés.

    Si Manuel Valls veut éteindre le conflit rapidement, il serait bien inspiré de jeter un coup d'oeil dans le rétro de l'Histoire avant de prendre une décision…

    SOURCE : http://www.marianne.net/interdire-manifestation-syndicale-du-jamais-guerre-algerie-100243840.html 

     


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    Alain Pebrocq-Favier une enfance algérienne

    "J'ai poussé tout doucement la porte de ma mémoire. J'y ai retrouvé mes souvenirs avec leurs moments de joie, leurs moments de bleus au cœur et de vague à l'âme...
    Ce sont des périodes lointaines de mon enfance. Elles font partie de ma vie."

    "Dans ce récit, j’envoie un message d’apaisement et de fraternité à tous les algériens, à tous les français « pieds noirs » par le témoignage d’une grande amitié entre deux enfants, Mecheri et moi-même. Cette amitié restée toujours présente malgré l’éloignement, continue à exister aujourd’hui au sein d’une relation épistolaire".

    Alain Pebrocq-Favier

     

    Alain Pebrocq-Favier une enfance algérienne

    « J’aime ces pieds-noirs, non extrémistes, non revanchards qui recherchent, au contraire l’amitié, la fraternité avec les Algériens et surtout, en ce qui concerne Alain Pebrocq-Favier avec le jeune Mecheri ».

     Michel Dandelot 

     

    Alain Pebrocq-Favier une enfance algérienne

    Alain Pebrocq-Favier une enfance algérienne

     

    Alain Pebrocq-Favier une enfance algérienne

    Alain Pébrocq-Favier, auteur de « à la recherche de l'enfance »

     

    «À la recherche de l'enfance, joie et blessure, l'Algérie» : tel est le titre du premier ouvrage qu'Alain Pebrocq-Favier, flourensois depuis de nombreuses années, vient d'écrire et de publier.

    Un récent voyage en juin 2015 dans son pays natal déclenche chez l'auteur d'incroyables souvenirs. Ceux-ci évoquent uniquement les derniers mois de la guerre d'Algérie (1961-1962), trace d'une période de sa vie lorsqu'il était enfant. Ils sont emplis de joie mais aussi de tristesse : les nombreux attentats de cette période restent ancrés dans la vie de l'auteur. Ils sont aussi marqués au fil de l'ouvrage par une belle amitié entre l'auteur et un jeune Algérien Mecheri. Il y a eu alors la séparation avec le départ pour la France.

    Ces moments difficiles, Alain Pébrocq-Favier n'a pas pu les exprimer depuis plus de 50 ans. Ce n'est que par l'écriture de ce récit qu'il évoque alors les souvenirs de ces deux années. Cette amitié est aussi un message d'apaisement et de fraternité à tous les Algériens, à tous les Français pieds-noirs. À la fin de l'ouvrage sont publiés des extraits de textes d'auteurs connus comme Guy de Maupassant, Albert Camus, et de son grand-père Georges Favier, journaliste à «L'Echo de Saïda» car ce sont des personnages qui ont marqué son histoire et qui ont écrit de belles choses sur l'Algérie.

    Né en 1954 à Saïda (Algérie), Alain Pébrocq-Favier a été enseignant et a terminé sa carrière comme chargé de mission pour la formation professionnelle et l'apprentissage auprès de l'Académie de Toulouse. Il a eu en charge la lutte contre le décrochage scolaire. Toujours engagé dans cette lutte, il continue d'apporter bénévolement au sein d'une association son concours aux jeunes en difficulté.

    Ce récit est édité aux éditions Edilivre. Il est possible de se le procurer sur les sites en ligne au prix de 10€.

    La Dépêche du Midi

    SOURCE : http://www.ladepeche.fr/article/2016/06/21/2369353-alain-pebrocq-favier-une-enfance-algerienne.html 

    Alain Pebrocq-Favier une enfance algérienne

    Lettre aux fous,
    Après tous ces massacres d'innocents, je ne ressens ni haine ni colère seulement du dégoût pour ces djihadistes emplis de bêtise et de vacuité.
    Je suis de confession chrétienne mais avant tout je suis laïc, j'ai des amis musulmans, juifs, athées et chrétiens.
    En leur nom je vous dis à vous djihadistes "demeurez dans votre nuit, dans votre noirceur et allez au diable !"
    Mes amis et moi, restons dans la lumière de la France.
    La France, c'est mon pays, c'est ma famille, c'est ma religion...
    APF

     


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  •  "Ce que le jour doit à la nuit"

     

    Pour celles et ceux qui n'aiment pas le foot, ne manquez pas ce film français "Ce que le jour doit à la nuit

    Belle distribution pour cette grande saga romantique algérienne adaptée du roman de Yasmina Khadra. 

    Dans les années 1930 à Oran, Younes, 9 ans, quitte le bidonville de ses parents. Il est confié à son oncle, pharmacien réputé, qui a épousé Madeleine, professeur de piano. Ils habitent le quartier français riche. Rebaptisé Jonas, Younes grandit parmi les jeunes pieds-noirs du quartier et devient leur ami. Parmi tous les membres de la bande, il y a Emilie, dont tous les garçons sont amoureux. Les années passent, Jonas est un élève brillant. Lorsqu’il retrouve Emilie dans la petite ville de Rio Salado, Jonas en oublie presque la guerre d’indépendance qui débute en Algérie…
    En adaptant ce best-seller de Yasmina Khadra, Alexandre Arcady effectue une sorte de retour aux sources. Son premier long métrage, Le coup de sirocco (1979), en partie autobiographique, racontait le sort des pieds-noirs obligés de quitter l’Algérie. Dans Ce que le jour doit à la nuit, un de ses meilleurs films, le cinéaste s’attache à la période qui va de 1930 à 2010, entrecroise petite et grande histoire. Pour interpréter cette fresque, il a choisi une belle brochette d’acteurs: Nora Arnezeder, Fu’ad Aït Aattou, Anne Parillaud, Marine Vacth, Vincent Perez… Et, dans le rôle de Madeleine, Anne Consigny, qui est actuellement à l’affiche d’Elle, l’excellent film de Paul Verhoeven. Elle y joue la meilleure amie et associée d’Isabelle Huppert.

    En 1939, dans la campagne algérienne, le père de Younès refuse de vendre son champ au cheikh. Les hommes de ce dernier mettent le feu aux récoltes. La famille de Younès est alors obligée de partir et de s'installer à Oran. Là, on confie Younès à son oncle Mohammed, un pharmacien marié à une Française. Cette dernière le rebaptise Jonas et l'élève comme un Français. En secret, Mohammed est un indépendantiste pacifiste.

    Film français d'Alexandre Arcady avec Fu'ad Aït Aattou, Nora Arnezeder, Anne Parillaud, Vincent Perez, Anne Consigny, Fellag, Nicolas Giraud, Olivier Barhélémy... (2 h 39).

    "Ce que le jour doit à la nuit"

    L'analyse de Jacques CROS

    Pour celles et ceux qui n'aiment pas le foot, ne manquez pas ce film français "Ce que le jour doit à la nuit" sur France 2 à 20 h 55

     

    J’ai visionné ce film d’Alexandre Arcady. Il est tiré d’un roman de Yasmina Khadra et nous conte la saga de Younes, fils d’un paysan adopté par son oncle Mohamed,, un pharmacien marié à Madeleine, une Française, qui tient boutique à Oran. Pour des raisons « politiques » la famille déménagera à Rio Salado.

    C’est donc une fresque algérienne qui nous est décrite. Elle commence en 1930 et se termine en… 2010 ? Le père de Younes est victime des agissements d’un coreligionnaire. Oui, le jeu du capitalisme ne se limite pas à la communauté européenne.

    « Rebaptisé » Jonas par sa famille d’adoption, Younes s’intègre à un groupe de la jeunesse dorée qui est constituée de Pieds Noirs qui n’ont pas encore cette appellation. Younes est un bel enfant, il deviendra un beau jeune homme. Il aura les faveurs d’une belle dame, héritière d’un riche colon, pour l’heure divorcée.

    Débarquera dans cet univers Emilie, qui n’est autre que  la fille de sa… conquête. Emilie, il l’a connue enfant, elle prenait des leçons de piano chez Madeleine. Tout cela est assez perturbant et les amours contrariés des uns et des autres n’assurent pas la sérénité de chacun. Le racisme peut couvrir la jalousie qui en résulte.

    A vrai dire le racisme est consubstantiel au colonialisme. La misère des autochtones aussi. Après l’adhésion au régime de Vichy, les Européens accueillent les Alliés qui ont débarqué en Afrique du Nord. L’aspiration à la fin du colonialisme commence à naître. Certes l’Algérie ce n’est pas l’Indochine où le corps expéditionnaire français connaît la défaire à Diem Bien Phu.

    Mais la guerre d’indépendance éclate avec son cortège de drames à peine évoqués. Elle se soldera par la victoire du FLN, victoire sans doute plus politique que militaire, mais qui conduit à l’exode des Pieds Noirs. Parmi ceux-ci on trouve Emilie, mariée et mère de famille. Non, elle ne s’est pas mariée avec Younes. Celui-ci revient en Algérie à la fin de sa vie.

    J’ai connu Oran où j’ai subi mon instruction militaire en 1960. Il y a dans le film quelques belles images de la ville et de ses environs. Elles n’ont pas suffi à me passionner pour la saga qui nous est présentée.

     

    Jacques Cros


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  • EUROPÉENS D'ALGÉRIE

    La réalité de la fuite, l'imaginaire de l'exil

     

    EUROPÉENS D'ALGÉRIE  La réalité de la fuite, l'imaginaire de l'exil

    A partir du mois de mai 1962 un nombre de plus en plus important d'Européens faisait le choix de quitter l'Algérie.

    Ils excipent volontiers de l'ancienneté de leur installation en terre algérienne en omettant de rappeler que ce fut au prix de la stratégie génocidaire des autorités coloniales françaises.

    Le 17 juin 1962 au soir, les Algériens comme les Européens d'Algérie, découvraient sur l'écran de la station d'Alger de la télévision, avec surprise, le visage de Chawki Mostefaï, (1) membre de l'Exécutif provisoire et responsable en son sein du groupe FLN, qui confirmait au nom du Front, l'accord conclu avec l'OAS, dont l'annonce avait été faite en fin de matinée par Jean-Jacques Susini, responsable politique de l'organisation armée des Européens. Sans revenir sur les péripéties d'une négociation et d'un accord qui auraient pu avoir de sérieuses conséquences sur l'organisation du référendum du 1er juillet 1962 (2), il est important de rappeler les termes de l'appel que Chawki Mostefaï lançait aux Européens d'Algérie présentés comme des «Algériens»: «Aux Européens d'Algérie, nous disons, au nom de leurs frères algériens, que si vous le voulez, les pistes de l'avenir s'ouvrent à vous comme à nous.»



    De la place pour tous

    Au cours des discussions engagées à partir du 18 mai 1962 entre Abderrahmane Farès, (3) président de l'Exécutif provisoire, et Susini - à la demande de ce dernier - la question nodale aura été la place des Européens d'Algérie dans la République algérienne et Farès comme Mostefaï confirmeront les garanties contenues dans les accords d'Evian qui étaient particulièrement généreuses. Pour rappel, il s'agit de l'octroi de la double nationalité sur une période probatoire de trois ans au terme desquels il était accordé aux Européens la possibilité du choix de la nationalité française et de la protection consulaire de la France. Ils pouvaient être, à ce titre, éligibles et électeurs et cela sans compter le statut spécial accordé à Alger et Oran au regard de l'importance des populations européennes y résidant. Les accords d'Evian - faut-il relever aussi que le général Salan avait appelé au nom de l'OAS à tout faire pour empêcher leur mise en oeuvre et il y eut effectivement une grève générale des Européens le 20 mars 1962 -, l'accord FLN/OAS du 17 juin 1962 étaient-ils de nature à contraindre à l'exil, socle récurrent du récit de référence des pieds-noirs installés en France? Le FLN en atteste encore: l'appel de Ferhat Abbas, au mois de février 1960, assure aux Européens d'Algérie que: «Dans la République algérienne que nous édifierons ensemble il y aura de la place pour tous, du travail pour tous. L'Algérie nouvelle ne connaîtra ni barrière raciale ni haine religieuse, elle respectera toutes les valeurs, tous les intérêts légitimes.» (4)
    L'ALN, comme le FLN dans les villes, appliquait les dispositions du cessez-le-feu alors même que les troupes françaises en collaboration avec la «force locale» instituée par les accords d'Evian étaient en charge de la sécurité publique. Il est de fait qu'à partir du mois de mai 1962 un nombre de plus en plus important d'Européens faisait le choix de quitter l'Algérie - quelque 100.000 pour ce seul mois - et, ce faisant, ils se mettaient à l'abri d'abord, de l'OAS qui menaçait de représailles ceux qui abandonneraient l'Algérie.
    Le constat peut être fait pourtant de la puissance du récit d'un exil clairement entendu sous la contrainte d'une barbarie algérienne. Ainsi, à l'occasion de la commémoration de l'anniversaire du 19 mars - toujours décriée par les tenants de l'Algérie française, leurs soutiens et dans les médias - le chef de l'Etat français avait cru devoir, dans son discours du quai Branly, rendre hommage à la mémoire de «toutes les victimes». Rien, du côté algérien, n'a été fait pour démonter les constructions et les thèses des défenseurs de l 'Algérie française et de l'OAS en France et, aujourd'hui, même les pouvoirs publics français s'obligent à valider les termes de l'exil à la fois dans une logique constante de déni et au nom aussi de calculs politiciens de conjoncture.
    Dans une remarquable «Mise au point» au sujet des ratonnades de Constantine de mai 1956, l'historien français Gilbert Meynier soulignait, à ce propos, que «Toutes les violences ne se valaient pas» (5) et qu'il était difficile de rapporter celle artisanale du FLN/ALN à la puissance de feu industrielle de la puissance coloniale. Au demeurant, toutes réserves égales par ailleurs, les bilans de la guerre d'indépendance du côté des Européens d'Algérie, entre 1954 et 1962, se situent à 2 788 tués et 7 541 blessés, chiffres officiels donnés en août 1962 par le ministre des Affaires algériennes que cite l'historien Guy Pervillé (6). S'appuyant aussi sur des données des autorités françaises, Pervillé rappelle que sur les 3000 Européens portés disparus seuls 1700 ne seront pas retrouvés (6). Benjamin Stora (7) et Kamel Kateb (8) comptabilisent 400.000 victimes algériennes pour la même période.



    Au coeur du récit victimaire, l'OAS

    Par touches, encadré par des dizaines d'associations dites de rapatriés (là encore la sémantique est trompeuse s'agissant de populations d'origines européennes diverses), le discours de la victimisation s'est institué autour des commémorations qui couvrent désormais sans ambiguïté les criminels de l'OAS formellement condamnés par la justice française ou tués au cours de combat contre l'armée française. On pouvait encore entendre, par exemple, en mars 2012, en marge de rencontres consacrées au 19 mars 1962 à Marseille, les cris de «FLN assassin» de résidus de l'Algérie française.
    La réhabilitation de l'OAS est ainsi l'un des supports de la rhétorique des tenants de l'Algérie française qui participent, sur un autre registre, des enjeux électoraux français comme en atteste la montée en puissance du Front national, parti d'extrême droite dans les zones d'implantation des anciens pieds-noirs d'Algérie. Pour rappel, l'OAS avait tenté - notamment lors de l'opération du Petit Clamart - d'assassiner le général de Gaulle accusé de mener une politique d'abandon de l'Algérie française. L'antigaullisme militant des Européens d'Algérie nettement réactivé au cours de la guerre d'indépendance - c'est dès novembre 1958 que le tenancier de bar Jo Ortiz crée le FNF (Front national français) - procède, faut-il le souligner, de leur adhésion massive au régime de Vichy. Il s'exprimera dans la violence lors de l'affaire dite des «barricades» de janvier 1960 - qui fera 22 victimes du côté des forces de l'ordre - et quelques mois plus tard avec la tentative de putsch des généraux (Salan, Challe, Jouhaud, Zeller) auxquels les populations européennes, d'Alger en particulier, apporteront un soutien spectaculaire, notamment dans le cadre des unités territoriales.
    C'est au lendemain de l'offensive du Nord Constantinois du 20 Août 1955, conduite par Zighoud Youssef, que les Européens d'Algérie entrent de fait dans la guerre active dans le cadre de la nouvelle entité des Unités territoriales dont l'instruction de septembre 1955 du général Lorillot (9) fixe le champ d'intervention.



    Des unités territoriales à l'OAS, la guerre des Européens

    Les milices européennes armées se signalent déjà dans la sauvage répression qui a suivi Août 1955, à Skikda d'abord, sous la conduite du maire Benquet-Crevaux, à Constantine ensuite, en mars et mai 1956. La création des Unités territoriales (UT) en 1955, unités de civils armés dans le but de coopérer de manière active avec l'armée, outre de leur fournir une couverture légale, scelle la jonction politique entre les activistes de l'Algérie française et l'armée. Patrouilles, opérations de maintien de l'ordre, les Unités territoriales feront partie du paysage de la guerre jusqu'à leur dissolution en février 1960 par le gouvernement et leur nombre cumulera à plus de 200.000 hommes, c'est-à-dire la plus large partie des adultes européens.
    Il importe de souligner l'importance en nombre, en constance de cet engagement militant et souvent militaire des Européens d'Algérie dans le cadre des Unités territoriales et le général Salan rappelle dans une instruction datée de mars 1961 toute l'importance des populations européennes pour la stratégie de l'OAS qu'il appelle à «se mobiliser les armes à la main». S'il convient de faire place à de nécessaires nuances - tous les Européens d'Algérie n'étaient pas organisés au sein de l'OAS - ils la considéraient, majoritairement, comme l'expression légitime de leur attachement à l'Algérie française. En témoignent, entre autres, les fameux concerts de casseroles scandant «Algérie française».
    Il est difficile d'imputer à l'ensemble des Européens d'Algérie les actes criminels de l'OAS, mais il leur était aussi impossible de les ignorer et, indéniablement, ils ne les ont pas condamnés. L'opération «Rock and roll» (cent vingt plasticages en une journée), l'incendie de la Bibliothèque universitaire, de la mairie d'Alger, des réserves d'essence, l'attentat meurtrier du port d'Alger, le minage de la Casbah, pour ne rappeler que ces quelques actions, rajoutent au bilan des pertes humaines, essentiellement musulmanes, situées par les historiens entre 2200 et 12 500 victimes.
    Ce déchaînement de haine trouvera sa terrible expression dans la politique dite de «la terre brûlée» qui souleva la condamnation, y compris au sein de l'état-major de l'organisation à l'image des réserves du colonel Château-Jobert, chef de l'OAS du Constantinois.

    Des amnisties à l'amnésie

    Quand bien même l'estimation courante de 3000 Européens actifs au sein de l'OAS est objectivement en dessous de la réalité, la connexion de l'ensemble de la communauté à l'OAS ne fait pas de doute et ouvre droit à de légitimes questions sur les capacités de refoulement, de refuge dans un imaginaire victimaire de ceux qui avaient choisi la fuite. Il n'est que temps de dire que c'était la fuite de soldats battus - notamment par les forces de l'ordre français et les barbouzes gaullistes - d'une guerre contre des civils désarmés et de disqualifier l'image lénifiante de familles embarquant d'Alger la peur au ventre.
    Les différentes lois d'amnistie, celles de 1964, de 1982, et singulièrement celle de 1968 qui avait vu, au lendemain des évènements de mai, les officines gaullistes négocier le ralliement des anciens de l'OAS contre la levée des mesures de justice les ayant frappés, allaient progressivement baliser un inédit «transfert de mémoire» (10) qui allait replacer l'Algérie au coeur de nouvelles dérives racistes en France. L'histoire semble, en effet, rattraper l'actualité (comme c'est le cas aujourd'hui avec le «djihadisme» souvent commode attrape-nigauds), y compris sur les registres les plus inattendus du sport ou de la littérature. Nasri, Benzema, fils d'ouvriers algériens, sont d'une manière ou d'une autre rappelés à leurs origines alors que des plumitifs sans réel talent sont montés au pinacle français comme l'avait été en son temps le bachagha Boualem.
    Il ne fait pourtant pas de doute qu'il faut savoir finir une guerre, même une guerre des mémoires ou «une guerre sans fin» pour reprendre Benjamin Stora. Le déni français de la nature criminelle de la colonisation, des crimes d'Etat commis pendant la colonisation et durant la guerre d'indépendance algérienne se ressource facilement dans le récit victimaire des Européens d'Algérie, qui agrège aussi les anciens harkis. Selon toutes apparences, il a intégré les incantations algériennes de conjoncture, assuré en somme que les chemins des vérités de l'Histoire n'ont pas, pour aucune des parties, vertu de consolidation des rapports entre Etats. La résignation à un transfert de culpabilité européenne ne peut être pourtant de mise, ni l'amnésie ni les amnisties françaises ne peuvent avoir force de droit dans une Algérie en quête légitime de son histoire sans fards ni mensonges.

    1- Chawki Motefaï : (1919-2016) Militant du PPA, membre du comité central du MTLD, représentant du FLN en Tunisie puis au Maroc. Responsable du groupe FLN au sein de l'Exécutif provisoire
    2- Le 27 juin 1962,s'estimant désavoué dans l'affaire des négociations avec l'OAS, Chawki Motefaï démission de l'Exécutif suivi par la majorité du groupe FLN
    3 - Abderrahmane Farès (1911-1991): Ancien président de l'Assemblée algérienne est désigné en qualité de président de l'Exécutif provisoire au lendemain des accords d'Evian
    4- Pierre Daum «Ni valise ni cercueil» Ed Actes Sud 2012
    5- Meynier (Gilbert): «Mise au point sur Internet»
    6- Pervillé (Guy): article publié sur Internet
    7- Stora (Benjamin)» La guerre d'Algérie, expliquée à tous» Ed Le Seuil 2012
    8- Kateb (Kamel): «Européens, Indigènes et Juifs d'Algérie» Casbah Editions
    9-Général Lorillot: Commandant en chef de la XXème Région militaire (Algérie)

    SOURCE : http://www.lexpressiondz.com/autres/contributions/243817-la-realite-de-la-fuite-l-imaginaire-de-l-exil.html 

     


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  • « Certains ont l'air honnête, mais quand ils te

    serrent la main, tu as intérêt à recompter tes

    doigts. »  De Coluche 30 ans déjà !

    Quant à Renaud on ne le reconnait plus...


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  • Corrigé du bac L et ES d'histoire-géo :

    l'historien et la mémoire de la guerre d'Algérie

     

    Corrigé du bac L et ES d'histoire-géo : l'historien et la mémoire de la guerre d'Algérie

    L'épreuve d'histoire-géo est la seconde du bac 2016 (photo d'illustration).

    REUTERS/Stephane Mahe

    Un professeur d'histoire-géo vous propose le corrigé du sujet 1b du bac d'histoire-géo pour les séries L et ES. Il pose la problématique suivante : comment l'historien a-t-il pu établir une connaissance de la guerre d'Algérie, dans un contexte mémoriel difficile?

    Après la philosophie hier, voici un corrigé de l'une des premières compositions (1b) possibles de l'épreuve d'histoire-géo des séries L et ES du bac 2016. Ce sujet 1b portait sur : l'historien et la mémoire de la guerre d'Algérie. 

    Introduction

    La guerre d'Algérie, entre 1954 et 1962, a opposé l'État français aux indépendantistes algériens. Elle est à l'origine d'un traumatisme important dans les deux pays, marqué par des mémoires concurrentes: celles des rapatriés en France n'est pas celle des harkis ; celle des combattants du FLN n'est pas celle des appelés français, etc. Ainsi, pour qualifier cette période, la France n'a officiellement parlé que d'"événements" jusqu'en 1999, pour qualifier ce qui s'était passé pendant cette période. 

    Mais peu à peu, le travail de l'historien a cherché à dépasser ces mémoires antagonistes, en tentant d'établir une connaissance du passé selon une méthode rigoureuse d'interrogation des documents. Même si ce travail se préoccupe d'objectivité, il n'en reste pas moins que son regard est forcément empreint de subjectivité et qu'il varie selon les époques: l'historien peut avoir des rapports personnels aux événements, comme contemporain, acteur, victime, ou même descendant de personnes ayant été impliquées dans ce passé, etc. 

    La problématique que nous pouvons poser est donc de savoir comment l'historien a pu établir une connaissance de la guerre d'Algérie, dans un contexte mémoriel assez difficile. 

    Nous verrons qu'il a cherché à établir ce qui s'est passé, puis qu'il a travaillé à identifier les différentes mémoires du conflit, et que, en France, ce travail a eu un rôle important dans la confrontation de l'État face à ses responsabilités. 

    Plan détaillé

    A. Établir les faits 

    • 1. La guerre considérée du point du vue français
    • 2. L'OAS contre la politique de de Gaulle
    • 3. La guerre du FLN : l'acte fondateur d'une nation

    B. Des mémoires concurrentes en France 

    • 1. La mémoire des appelés
    • 2. La mémoire des "Pieds noirs"
    • 3. La mémoire des harkis

    C. Le travail des historiens permet une évolution de l'État sur ses responsabilités 

    • 1. Le problème des sources
    • 2. La reconnaissance par l'État d'une "guerre" d'Algérie (loi du 18 octobre 1999)
    • 3. L'État français assume certaines de ses responsabilités

    Conclusion

    Le travail de l'historien sur la guerre d'Algérie a été et reste difficile malgré des éléments d'évolution, en raison du problème d'accès aux archives, des mémoires opposées voire antagonistes, et de tensions qui demeurent toujours vives, cinquante ans après la fin de la guerre et l'indépendance. 

    Au-delà du cas de cette guerre, son travail reste indispensable, pour le dissocier de la mémoire : il s'agit d'appliquer des méthodes d'approche rigoureuses, alors que la mémoire est subjective par définition. Il a permis d'améliorer la connaissance des faits (avec des difficultés plus importantes en Algérie qu'en France), d'être un élément qui a amené l'État à reconnaître ses responsabilités passées. En cela, il permet d'atténuer progressivement les tensions entre les porteurs des mémoires.

    SOURCE : http://www.lexpress.fr/education/bac/corrige-bac-histoire-geo-2016-l-es-sujet-1-b_1802908.html 

     

    Ma conclusion 

    Je constate que le mot colonialisme n’est pas du tout employé, car la guerre d’Algérie fait bien partie du colonialisme français qui a duré 132 ans. 

    Je constate aussi que l’Etat n’a que très peu et très mal reconnu ses responsabilités dans tous les crimes contre l’humanité qui se sont produits dans l’Algérie « dite française ».  

     


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  • Benjamin Stora : "La guerre d'Algérie

    continue dans les têtes, les cœurs,

     les mémoires"

    Benjamin Stora : "La guerre d'Algérie  continue dans les têtes, les cœurs,   les mémoires"

    COMMÉMORATIONS - Pour l'historien Benjamin Stora, le défi des commémorations de la guerre d'Algérie est d'éviter une "communautarisation de la mémoire". 

    INTERVIEW -

    De toutes les commémorations historiques en France, la fin de la guerre d'Algérie est l'une des plus problématiques. Alors que François Hollande a rendu hommage aux victimes du conflit le samedi 19 mars 2016, le choix de cette date, qui correspond à l'entrée en vigueur du cessez-le-feu du 19 mars 1962, provoque de houleux débats.

    Mettre fin à la "guerre des mémoires". Benjamin Stora, professeur d'histoire à l'université Paris XIII, note en effet que "des groupes de mémoire extrêmement nombreux et puissants" se sont formés après la guerre d'indépendance. Harkis, anciens soldats appelés, immigrés algériens en France... "54 ans plus tard, chacun de ces groupes s'enferme dans son propre rapport au passé", note l'historien. "Le risque de la division, de la séparation, de la communautarisation des mémoires est réel." Dans ce contexte, "la guerre d'Algérie continue dans les têtes, les cœurs, les mémoires. Le problème décisif reste d'essayer d'y mettre fin", estime Benjamin Stora. D'où la nécessité de proposer une date de commémoration. Sans cela, "vous restez dans une guerre des mémoires", estime le professeur d'histoire.

    Polémique autour de la date. Mais quelle date choisir ? Benjamin Stora semble se ranger du côté de François Hollande, qui a opté pour le 19 mars. "Le groupe le plus important de cette guerre, ça reste les [soldats] appelés", justifie-t-il. "1,5 millions de jeunes hommes sont allés en Algérie. Et pour eux, la date du 19 mars 1962 est fondamentale. Elle signifie la fin des épreuves, le fait de retrouver sa famille et son travail."

    SOURCE : http://www.europe1.fr/societe/benjamin-stora-la-guerre-dalgerie-continue-dans-les-tetes-les-coeurs-les-memoires-2696083


    Benjamin Stora : "La guerre d'Algérie continue... par Europe1fr

    Cependant même si François Hollande a été le premier président de la République à participer à la commémoration du 19 mars 1962… en tentant, dans son discours, une ébauche de mea-culpa il admettait que le 19 mars marquait « le début des massacres » comme pour faire un geste envers les pieds-noirs et les harkis… Alors prenons connaissance de l’Edito d’Henri Pouillot. Et nous n'oublierons pas que François Hollande n'a jamais abrogé la date abracadabrantesque du 5 décembre... refuge de tous les sbires nostalgiques du colonialisme... celà aussi est une signe très négatif...

    Sur Europe 1 le 18 mars 2016 : Benjamin Stora "La guerre d'Algérie  continue dans les têtes, les cœurs,   les mémoires" Aujourd'hui lisons l'édito d'Henri Pouillot très critique

    19 Mars 1962 : quels enjeux ?

    Par Henri POUILLOT

    Après avoir passé 9 mois à Alger de fin juin 1961 au 13 mars 1962 à la Villa Susini comme appelé, c’est dans le train de rapatriement, entre Marseille et Sissonne, que nous avons entendu le message diffusé par un poste à transistor nous annonçant qu’un cessez-le-feu venait d’être signé et entrerait en vigueur le lendemain à midi. La joie qui explosa parmi les militaires du contingent qui revenaient ainsi d’Algérie est indescriptible. Il n’y avait donc plus de risque d’être renvoyé pour "pacifier" ce pays, de revivre les atrocités endurées par ce séjour.

    Il a fallu 50 ans pour que la loi, enfin, retienne le 19 mars comme date de commémoration de ce conflit. Aucun Président de la République, jusqu’à ce jour n’avait "osé" commémorer (comme c’est la tradition républicaine de se recueillir à la date où fut signé l’acte mettant fin à un conflit) cet évènement. Le geste du Président Hollande, avec ce symbole est donc important, même s’il aurait dû le faire dès 2013, dès le vote de la loi.

    Sur Europe 1 le 18 mars 2016 : Benjamin Stora "La guerre d'Algérie  continue dans les têtes, les cœurs,   les mémoires" Aujourd'hui lisons l'édito d'Henri Pouillot très critique

    Son discours prononcé, Quai Branly à Paris reste ambigu à bien des points. Il ne faut pas s’en étonner : il avait bien signé, comme candidat à la Présidence de la République, le 15 octobre 2011, (quelques heures après Martine Aubry, à l’occasion des primaires socialistes à la présidentielle) la pétition initiée par le "Collectif 17 octobre 1961" demandant au futur chef de l’Etat de reconnaitre et de le condamner ce crime d’Etat commis au nom de la France le 17 octobre 1961 à Paris où des centaines d’Algériens ont été massacrés, noyés, par la police. Une fois élu, il a "oublié" sa signature.

    En juin 2014, il a bien diffusé un communiqué remettant en cause la version officielle de l’évasion de Maurice Audin : "en fonction des documents et des témoignages dont nous disposons aujourd’hui qui sont suffisamment nombreux et concordants…prouvent que Maurice Audin ne s’est pas évadé et est mort en détention". Mais l’expression de l’assassinat n’est pas reprise, et les témoignages et documents concordants ne sont pas encore connus, 18 mois plus tard !!!.

    Analysons ce discours :
    - "Le 6 décembre 2012, j’ai promulgué comme président de la République la loi qui proclame le 19 mars ’journée nationale du souvenir et de recueillement à la mémoire des victimes civiles et militaires de la guerre d’Algérie et des combats en Tunisie et au Maroc’ ". Certes, le vote des députés a été respecté, mais comme il a tenu à le rappeler il est maintenu 3 dates : 19 mars, 25 septembre et 5 décembre de manière à entretenir la confusion.Il serait temps qu’une seule date, celle qui correspond aux traditions républicaines soit conservée.
    - Le 8 avril 1962, les Français approuvèrent par plus de 90% de suffrages le contenu des accords d’Evian, alors pourquoi remettre en cause cette volonté populaire ?
    - Il reconnait que l’Empire Colonial à conduit à "un système injuste" : quel euphémisme !!! Il serait temps, comme cela le fut pour l’esclavage, de reconnaitre le colonialisme, lui aussi, un crime contre l’humanité.
    - Il exprima une pensée pour les 60.000 blessés et 30.000 morts des militaires français. Si le chiffre de morts est correct, le chiffre de blessés cités ne prend en compte que les blessures physique, pas les traumatisme psychiques, psychologiques qui ont touché, plus ou moins gravement sensiblement une bonne moitié des appelés (environ 1.500.000).
    - Au sujet du 17 octobre 1961 : "je pense aussi aux immigrés qui étaient en France durant la guerre d’Algérie et qui ont vécu à distance une guerre qui les déchirait ; ils ont alors connu la suspicion, parfois la répression la plus brutale comme le 17 octobre 1961." Le terme de crime d’état est encore "oublié" !!!
    - La liste des crimes d’état, des crimes contre l’humanité commis pendant cette Guerre de Libération de l’Algérie ne sont évoqués que comme de simples "exactions". Le mot "tortures" est certes évoqué, mais pas comme une institution mise en place par l’Armée avec la caution politique du Gouvernement de l’époque. Les viols, les camps d’internement (pudiquement appelés camps de regroupement), les "crevettes Bigeard", les villages au Napalm (entre 600 et 800 : des dizaines de milliers d’’Algériens -hommes, femmes, enfants- brulés vifs), l’utilisation du Gaz Sarin et Vx, les "corvées de bois", l’irradiation du Sahara avec les essais nucléaires (qui continuent encore aujourd’hui à contaminer la population de la région).... de simples exactions !!!

    Et une omission explicite, de taille, dans ce discours : le rôle de l’OAS,. Pourquoi le rapatriement d’autant de "Pieds Noirs" ? si ce n’est la responsabilité de cette organisation terroriste, criminelle, qui a mené une politique de terre brulée pour tenter de remettre en cause le cessez-le-feu pour conserver une Algérie "Française".

    Certes, il s’agit d’une question de mémoire, de mémoires, mais aussi et surtout d’un déni politique de ne pas avoir voulu assumer les responsabilités de la France, condamner ces crimes d’état et crimes contre l’humanité commis en son nom.

    Une partie de la classe politique, en particulier depuis 2002/2005, tente de réhabiliter le colonialisme. La loi de février 2005, qui devrait être abrogée sans délai, en est le symbole déterminant. Mais tant qu’un ministre en fonction (Thierry Mandon) inaugure dans sa ville, alors qu’il en était le maire, et vice-président du Conseil Général de l’Essonne, une stèle (en 2009) à la gloire de l’Algérie Française, qu’un sénateur socialiste (ex-maire de la ville) Jean-François Picheral participe à l’inauguration, en compagnie de la Maire UMP, une stèle à la Gloire des 4 "héros" : ceux condamnés à mort et fusillés pour leurs crimes commis au nom de l’OAS, comment s’étonner ? En effet quand le Gouvernement actuel et le Président de la République (plus prêts à mettre en œuvre des mesures revendiquées par l’extrême droite : déchéance de nationalité, état d’urgence permanent, mise en cause du droit du travail...) que même la droite extrême, décomplexée de Sarkozy n’avait pas osé faire !!!

    Ce qui est aussi surprenant, ou plutôt inadmissible, c’est que le pouvoir n’ait pas rappelé à l’ordre les Maires (pour certains mettre le drapeau tricolore en berne), Présidents de Région, refusant d’appliquer la loi : commémoration de ce 19 mars !!!

    Henri POUILLOT

     

     

     


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  • Si, comme moi vous en avez marre  de ce temps pourri... alors chantons !!!

    A la Saint-Médard

    A la Saint-Médard mon Dieu qu'il a plu
    Au coin du boul'vard et de la p'tit' rue.
    A la Saint-Médard mon Dieu qu'il a plu
    Y'aurait pas eu d'bar on était fichus!
    A la Saint-Médard mon Dieu qu'on s'est plu
    Tous deux au comptoir en buvant un jus.
    A l'abri dans l'bar on s'est tell'ment plu
    Qu'on est sortis tard quand il a plus plu.

    Quand il pleut le jour de la Saint-Médard
    Pendant quarant' jours faut prendr' son riflard.
    Les marchands d'pépins et de waterproufs
    Se frottent les mains, faut bien qu'ces gens bouff'nt!
    Dans notr' petit bar on se retrouvait
    A midi un quart et on attendait.
    Quand il pleut dehors, dedans on est bien
    Car pour le confort, la pluie ne vaut rien.

    Pour tout arranger il a encor plu
    La Saint-Barnabé oh ça tant et plus!
    Pour bien nous sécher au bar on a bu
    Trois jus arrosés puis on s'est replu.
    Saint-Truc, Saint-Machin, toujours il pleuvait
    Dans le bar du coin au sec on s'aimait.
    Au bout d'quarant' jours quand il a fait beau
    Notre histoir' d'amour est tombée dans l'eau.

     

    Si, comme moi vous en avez marre  de ce temps pourri... alors chantons !!!


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  • Malheureusement la France n'est plus Black-Blanc-Beur mais que Black-Blanc : SOUHAITONS-LUI quand même : BONNE CHANCE ! NOUS VERRONS BIEN ! 

     

      Merci ! la France

     

    black-blanc-beur

     

    Merci ! la France

     

    des couleurs

     

    Vive l'équipe de France, on est tous ensemble

     

     La France ça marche avec les Noirs, les Arabes

     

     les Blancs.

     

     

     

     

    Que ça fait du bien au moral de lire un tel article :

     

    Mondial 2014 : supporters français et algériens fêtent la qualification de leurs équipes

     

    7767030037_les-joueurs-de-l-equipe-de-france-celebrent-la-q.jpg 

    Des supporters ont célébré à Paris la qualification de la France et de l'Algérie pour la Coupe du monde 2014 mardi 19 novembre.

     

    Des centaines de supporters de l'Algérie et de la France ont fêté mardi 19 novembre au soir dans un concert de klaxons dans Paris et notamment sur les Champs-Elysées, la qualification de leurs pays pour la Coupe du monde 2014 au Brésil. Une partie de la soirée, les voitures ont monté et descendu la grande avenue parisienne avec des drapeaux algériens, français et même portugais sur leur pare-brise, au milieu des pétards et des fumigènes.

     

    Atmosphère festive

    "En plus, il y a la France, c'est une grande histoire d'amour entre nos deux pays. Peut-être qu'on sera dans le même groupe", ajoutait cet homme venu en famille fêter la qualification. Beaucoup de jeunes hommes étaient debout sur les voitures au milieu du marché de Noël dressé sur les Champs-Elysées, dans une atmosphère festive.

     "Vive l'équipe de France, on est tous ensemble"

     Les supporters français n'étaient pas en reste. "Depuis vendredi, j'ai la boule au ventre, maintenant ça va mieux. Vive l'équipe de France, on est tous ensemble. La France ça marche avec les Noirs, les Arabes, les Blancs. Ce soir c'est (Mamadou) Sakho qui sauve le match", s'est félicité Sylvester 23 ans, employé d'un grand magasin, venu de Combe-la-Ville (Seine-et-Marne), pour célébrer la qualification sur les Champs.

    Autour de lui, des supporters venus directement du Stade de France, arboraient le drapeau tricolore sur leurs joues, et quelques-uns portaient fièrement le béret. Des CRS et policiers en civil étaient prépositionnés le long de la célèbre avenue. "Le bilan (à 3h00 du matin) est extrêmement positif", selon une source policière. "Il n'y a eu aucune dégradation ni incident".

    Dans toute la Capitale, des klaxons ont retenti, plus nombreux sur les grands axes et place de la République. Sur les grands boulevards, à un feu rouge, cinq jeunes gens et filles sortis d'une petite voiture, musique raï à fond, se sont mis à danser, s'enroulant dans le drapeau algérien.

     

    Rassemblements

    Un peu plus loin, des jeunes, avec deux drapeaux français, criaient "et un et deux et trois zéros", comme au bon temps de la victoire de l'équipe de France en finale du Mondial 1998 face au Brésil. Plus tôt dans la soirée, plusieurs centaines de supporters de l'Algérie s'étaient rassemblés dans le quartier parisien de Barbès (XVIIIe arrondissement) pour célébrer la qualification de leur équipe nationale. Une importante communauté algérienne réside à Barbès.


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  • Ils n'osent même plus mettre le terme

    de rue du 19-Mars-1962

    La FNACA apolitique ? J’aimerai bien connaître

    les idées politiques des ces dirigeants locaux

    et départementaux ! ça me rappelle ce qui s'est passé

    à Béziers

    Inauguration de la rue

     des Anciens-Combattants-d'Afrique-de-Nord

     

    Cérémonie au monument aux morts.

    C'est en grande pompe que s'est déroulée l'inauguration de la rue des Anciens-Combattants-d'Afrique-du-Nord, en présence de M. le maire Bernard Lauret, de MM. les maires du territoire d'Alzonne ou leurs représentants, M. le président de l'Udac, Mme la déléguée du bureau national de la Fnaca, M. le président départemental de la Fnaca, les présidents des anciens combattants, les présidents des comités Fnaca, les porte-drapeaux et la population venue en nombre, c'est un imposant cortège qui s'est formé devant la mairie avec en tête les vingt-huit drapeaux représentants les diverses sections d'anciens combattants du département, pour se rendre au monument aux morts où une gerbe a été déposée par le maire et le président de la Fnaca du territoire d'Alzonne, un moment de recueillement à la mémoire des 28 000 jeunes qui ne sont pas revenus de cette terre d'Afrique du Nord, dont 143 Audois et six de l'ex-canton d'Alzonne. Le cortège s'est reformé pour rejoindre les jardins de Valsiguer, où la plaque de la «Rue des Anciens-Combattants-d'Afrique-du-Nord» était dévoilée par le maire et les présidents Fnaca du département et du territoire d'Alzonne, après une minute de silence et l'Hymne national, suivaient les allocutions des personnalités, on pouvait retenir le devoir de mémoire auquel nous sommes si attachés et la nécessité de le transmettre aux jeunes générations pour que les sacrifices de nos anciens ne tombent pas dans l'oubli. À l'issue de la manifestation, les personnalités et les élus ont salué les vingt-huit porte-drapeaux qui, par leur présence, ont rassemblé dans un même élan de communion toutes les associations d'anciens combattants.

    Un apéritif convivial était offert par la municipalité, suivi d'un repas servi au foyer Jean-Guéhenno.


    SOURCE :   http://www.ladepeche.fr/article/2016/06/14/2364799-inauguration-rue-anciens-combattants-afrique-nord.html#ODwh9gkRRYbzS6Ck.99

     


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  • Joseph Andras réhabilite Fernand Iveton sacrifié

    de la guerre d’Algérie

    Joseph Andras réhabilite Fernand Iveton sacrifié  de la guerre d’Algérie

    "De Nos Frères Blessés" (Prix Goncourt

     du premier roman 2016)

    Par Ludivine Bénard le 13 juin 2016 

    Tout a été fait pour que le nom de Fernand Iveton n’évoque plus rien au Français moyen. À l’heure de la commémoration à tout-va, des flashmobs sur les tombes de Verdun aux Journées nationales déclinées sur tous les thèmes, cette figure révolutionnaire de la guerre d’Algérie est enterrée une nouvelle fois, raison d’État oblige. La bombe que le militant communiste avait déposée dans un local désaffecté de son usine algéroise en octobre 1956 n’aura pourtant jamais explosé. Mais la justice française veut un exemple : il sera donc le seul Européen condamné à mort par ses soins. Soixante ans après, Joseph Andras se fait historien et exhume des limbes de la mémoire nationale cet ouvrier membre du Front de libération nationale (FLN), amoureux de sa femme et de la terre algérienne qui l’a vu naître. Oscillant entre un style coupé, précis et tranchant comme une lame, et une poésie constante témoin d’un amour inconditionnel de la langue française, “De nos frères blessés” est un chef-d’œuvre. 

    Ce trop lourd passé colonial

    Joseph Andras réhabilite Fernand Iveton sacrifié  de la guerre d’Algérie

    Fernand Iveton

    La France n’a jamais été honnête vis-à-vis de la guerre d’Algérie. Pour preuve, il aura fallu attendre 1999, trente-sept ans après la signature des accords d’Évian, pour que la présidence de Jacques Chirac se décide à qualifier de guerre ce qu’elle reléguait encore au rang de simples “événements”. À l’heure actuelle, les débats sont toujours vifs sur cette période maudite, qui fit entre 250 000 et 400 000 victimes. La place accordée au conflit dans les programmes scolaires illustre parfaitement les difficultés de notre République à assumer son passé colonial. Longtemps évincée, minorée ou cantonnée au récit plus qu’à l’analyse historique, la guerre d’Algérie est aujourd’hui narrée dans des « manuels très complets », selon Benoit Falaize, professeur agrégé d’histoire à l’université de Cergy-Pontoise. Ce qui ne l’empêche pas de pointer une « euphémisation de la violence et du racisme », symbole de « la difficulté de dire la réalité coloniale alors qu’on est en République ». Un passé lourd à assumer et encore plus à transmettre : « Il faut expliquer aux élèves que la France a été, pendant la colonisation et la guerre d’Algérie, en contradiction totale et directe avec ses principes les plus fondamentaux, tout en veillant à ne pas leur faire détester la France : rude et subtil équilibre. »

     

    Joseph Andras réhabilite Fernand Iveton sacrifié  de la guerre d’Algérie

    Dans le roman national, l’affaire Fernand Iveton n’existe donc pas. C’est d’ailleurs non sans une pointe de sarcasme que Joseph Andras place, en exergue de De nos frères blessés, cette citation de Benjamin Stora et François Malye, issue de leur ouvrage François Mitterrand et la guerre d’Algérie : « Iveton demeure comme un nom maudit. […] On se demande comment Mitterrand pouvait assumer ça. J’ai dû prononcer le nom [d’Iveton] deux ou trois fois devant lui et cela provoquait toujours un malaise terrible, qui se transformait en éructation. […] On se heurte à la raison d’État. » Une gêne plus que compréhensible quand on sait que le socialiste, à l’époque garde des Sceaux, avait voté, en tant que vice-président du Conseil supérieur de la magistrature, contre la grâce d’Iveton. Une grâce que René Coty, président de la République d’alors, soutenu par Guy Mollet, président du Conseil, refusera également. Cruauté de l’histoire, Mitterrand reste dans l’imaginaire collectif l’homme à l’origine de l’abolition de la peine de mort.

    Qui se souvient de Fernand Iveton ?

    En 1986, l’historien Jean-Luc Einaudi publie Pour l’exemple, l’affaire Fernand Iveton, qui a servi de base documentaire à Joseph Andras. « Ce nom vous évoque-t-il quelque chose ? » questionne la quatrième de couverture. Douze ans plus tard, dans Libération, l’historien insiste : « Qui se souvient de Fernand Iveton ? » En 2016, l’interrogation trouve une réponse : Joseph Andras. En consacrant son premier roman paru à l’ouvrier communiste, le jeune auteur normand né en 1984 − ce sont les seules informations dont on dispose à son sujet − réhabilite ce grand oublié de l’Histoire.

    Joseph Andras réhabilite Fernand Iveton sacrifié  de la guerre d’Algérie

    Alger, octobre 1956. Fernand Iveton se propose pour réaliser un attentat à la bombe dans l’usine à gaz du Hamma où il travaille. « Pas de morts, surtout pas de morts. […] On ne combat pas la barbarie en la singeant, on ne répond pas au sang par son semblable. » Refusant de tuer qui que ce soit, l’ouvrier dépose la bombe dans un local désaffecté. L’explosion est prévue pour 19 h 30. Mais Iveton est dénoncé et arrêté par la police. Trois heures avant l’heure prévue, la bombe est désamorcée par les militaires : la tentative est avortée dans l’œuf. Au commissariat central d’Alger, l’interrogatoire laisse vite place à la torture. Elle durera trois jours.

    Un contre-la-montre morbide s’engage alors : il faut tenir pour donner aux camarades le temps de se cacher. L’angoisse du récit s’accompagne d’un style très coupé, qui fait s’enchaîner les lieux et les personnages. Pendant qu’Iveton est soumis à la question, comme l’appellera par la suite Henri Alleg, Joseph Andras multiplie les récits en autant de scènes simultanées, qui se répondent entre elles : chez Hélène Yveton, la femme de Fernand, que les policiers viennent arrêter ; auprès de Jacqueline et Djilali, les camarades du FLN, occupés à commettre un autre attentat ; aux côtés de Yahia, un camarade qui ignore l’arrestation de Fernand et l’attend devant l’usine. Chaque saut de paragraphe oppresse un peu plus le lecteur, condamné à assister impuissant au déroulé de l’intrigue. Faisant fi des codes typographiques, Joseph Andras alterne descriptions et dialogues sans respect de la ponctuation attendue, précipitant l’action et ses rebondissements. Par la suite, refusant de laisser Iveton à ses bourreaux, il choisit de multiplier les analepses pour dépasser le militant FLN et rencontrer l’homme, ce fils d’un Français et d’une Espagnole, né au Clos-Salembier en 1926, amoureux de sa femme Hélène et des siens, épris de liberté et de justice.

    La fin de toutes les exploitations

    Joseph Andras réhabilite Fernand Iveton sacrifié  de la guerre d’Algérie

     La presse de l’époque écorche systématiquement le nom d’Iveton.

    Les siens, ce sont les ouvriers, « et s’il n’a pas lu Marx comme les chefs, toutes les pages du Capital et les mille notes en bas de celles-ci, il ne doute pas un seul instant qu’il faudra bien, un jour, et le plus tôt sera le mieux, fiche en l’air tout ça, rupins, milords, rentiers, les cousus d’or et les canailles − ceux qui possèdent les moyens de production, comme ils disent, les chefs du Parti ». Les siens, ce sont aussi les Algériens, qu’il veut libres et indépendants, espérant reléguer le colonialisme à « un mauvais souvenir, une parenthèse funeste dans le récit de l’exploitation de l’homme par l’homme ». Malgré ce discours, jamais le Parti communiste ne l’aidera vraiment dans ce simulacre de procès, soumis à la vindicte populaire, « cette ambiance glacée, ivre de ressentiment et de colère ». Tandis que la presse, du Monde au Figaro, l’accable unanimement, L’Huma ose à peine prononcer son nom dans les pages intérieures du journal. Le FLN passera également son tour, en ne revendiquant jamais ce que le tribunal militaire qualifiera de « tentative de destruction par substance explosible (sic) d’édifices habités ou servant d’habitation ».

    D’Iveton, la justice expéditive ne fera qu’une bouchée. L’ouvrier et sa famille, ses avocats et tous les autres sont convaincus de la future clémence des juges à son endroit − et plus tard, de la grâce présidentielle. « La France, fût-elle une République coloniale et capitaliste, n’est pas une dictature ; elle saura faire la part des choses ; elle saura dénouer le vrai du faux et lire entre les lignes ennemies. » Las, le 11 février 1957, à 5 h du matin, Iveton est conduit devant le bourreau. Tandis que la prison de Barberousse résonne aux cris de Tahia El Djazaïr (Vive l’Algérie !), le communiste se contente de quelques mots, avant la fin : « La vie d’un homme, la mienne, compte peu. Ce qui compte, c’est l’Algérie. Et l’Algérie sera libre demain. Je suis persuadé que l’amitié entre Français et Algériens se ressoudera. »

    « Ça fait des années que les Arabes s’organisent pour qu’on les entende, pour obtenir l’égalité entre tous, entre chaque communauté, chez nous, en Algérie. Ils crient dans le désert. Rien. Zéro. On les envoie derrière les barreaux et on boucle leurs partis, on les dissout, on les réduit au silence et on se pousse du col, la Culture, la Liberté, la Civilisation, tout leur défilé de majuscules, quoi, ça parade, ça se mousse dans les miroirs, plus ça brille mieux c’est, faut voir comme ils aiment ça. »

    SOURCE : https://comptoir.org/2016/06/13/joseph-andras-rehabilite-fernand-iveton-sacrifie-de-la-guerre-dalgerie/ 

    Joseph Andras réhabilite Fernand Iveton sacrifié  de la guerre d’Algérie

    Joseph Andras explique son refus du Goncourt du premier roman par "souci de cohérence"

    Sont-ce les prouesses de sa prose qui se sont imposées à l’Académie Goncourt ? Ou bien l’Alzheimer généralisé sur l’affaire Iveton, incitant le jury à faire acte de repentance et devoir de mémoire avec soixante ans de retard ? Toujours est-il que le lundi 9 mai 2016, le petit monde de la critique littéraire est en émoi : le prix Goncourt du premier roman lui est décerné, alors même qu’il ne figure pas sur la liste des finalistes. Quelques jours plus tard, on apprend que l’auteur normand ose refuser le prix, au motif que sa « conception de la littérature n’est pas compatible avec l’idée d’une compétition ». Plus tard, il déclarera : « Un livre n’est pas un produit, pas un objet de podium. Ce monde n’est pas le mien et je pensais, trop naïvement, qu’on pouvait l’entendre. Il faut croire que non : il convient de montrer patte blanche et de prêter serment. » Mais, comme chez Iveton, il faut croire que ce n’est pas le genre de la maison. Fermez le ban.


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  • Beaucoup de phrases racistes et surtout anti-musulmanes… dans cet article... mais aussi beaucoup de récupérations politiques par ceux-là mêmes qui ont critiqué le général de Gaulle et certains le critiquent encore… Finalement beaucoup d’hypocrisie… 

    AVERTISSEMENT : ces citations du général de Gaulle sont rapportées par Alain Peyrefitte dans un livre donc il n’y a aucune preuve qu’elles ont vraiment été prononcées, et surtout elles n’ont jamais été écrites par son auteur. 

     

    Le F.N s'est-il inspiré du Général de Gaulle ?

    "Qu'on ne raconte pas d'histoire ! Les Musulmans, vous êtes allé les voir ? Vous les avez regardés avec leurs turbans et leurs djellabas ? Vous voyez bien que ce ne sont pas des Français !"
    Le Général de Gaulle

    Les actes terroristes qui ont secoué la France l'année dernière ont provoqué une montée des opinions se réclamant de l'extrême droite que se trouve en nette recrudescence dans la société française : le Front National avait "exploité" ces événements pour consolider ses positions dans l'opinion publique et se préparer aux élections présidentielles de 2017.

    Ainsi, dans le discours du Parti, la crainte et le rejet du musulman est palpable surtout avec les vagues de réfugiés que l'Europe a connues depuis le début du conflit syrien et autres instabilités dans le monde.

    Les idées du Front National ne sont pas propres au XXIe ; de nombreux indices montrent que ce Parti cher à Jean-Marie Le Pen perpétue une tradition et un mode de pensée qui remontent à la colonisation française de l'Algérie.

    La politique française en Algérie était celle de l'injustice et de l'exploitation de l'indigène qui était considéré comme inférieur sur tous les plans face à l'Européen ou au Français d'Algérie. Cette politique d'asservissement est confortée par toute une théorie qui place le Français au sommet et relègue l'Indigène (musulman) au bas de l'échelle sociale.

    Dans ce sillage, le livre Les Origines de la guerre d'Algérie écrit quelques mois après la fin de la guerre et dirigé par Robert Aron soutient ce mode de réflexion. On peut lire dans l'introduction de Robert Aron à propos des musulmans : "ils ne savaient pas raisonner et argumenter comme nous. [...] Je ne dis pas qu'ils avaient tort : mais une pensée qui n'a pas assimilé les cadres du langage dont elle se sert ou de la civilisation dont elle se réclame ne peut pas aller très loin dans ces voies, qui ne lui sont pas familières. Alors, ce qui est la vraie nature de la pensée musulmane réapparaît : plus affective et sentimentale que dialectique et logique. Peu douée pour l'objectivité, mais très encline à la passion."

    La glorification de la supériorité de l'Homme européen était donc le fil conducteur d'une réflexion qui tend vers la description subjective au lieu de l'analyse objective et constructive.

    Si on prend les choses d'un autre angle, on peut dire qu'une telle réflexion témoigne de la déception qui a marquée certains pro-Algérie française après l'indépendance de l'Algérie : soutenir l'incompatibilité des Européens et des musulmans en Algérie colonisée était l'un des arguments de ceux qui avaient accepté la défaite après des combats acharnés pour le maintien de la colonisation.

    C'est dans ce sillage que s'inscrivent les propos du Général de Gaulle à propos de l'impossibilité d'une vie commune entre Européens et musulmans en Algérie, lui qui a n'a pas lésiné sur les moyens afin d'éradiquer le FLN-ALN.

    On peut lire dans ces propos : "C'est très bien qu'il y ait des Français jaunes, des Français noirs, des Français bruns. Ils montrent que la France est ouverte à toutes les races et qu'elle a vocation universelle. Mais à condition qu'ils restent une petite minorité. Sinon la France ne serait plus la France. Nous sommes quand même avant tout un peuple européen de race blanche, de culture grecque et latine et de religion chrétienne."

    Ceci était-il un aveu de l'échec de la colonisation française ? Était-il plutôt un rejet de la population musulmane et africaine qui s'inscrit dans la continuité de la politique de rejet et d'injustice suivie par l'empire colonial français en Afrique ?

    Le Général poursuit ainsi son discours sur l'impossibilité d'intégration : "Ceux qui prônent l'intégration ont une cervelle de colibri, même s'ils sont très savants. Essayez d'intégrer l'huile et le vinaigre. Agitez la bouteille. Au bout d'un moment, ils se sépareront de nouveau. Les Arabes sont des Arabes, les Français sont des Français. Vous croyez que le corps français peut absorber 10 millions de musulmans qui demain seront 20 millions et après-demain 40 ?"

    De Gaulle, à travers ces propos, ne fait que confirmer une politique basée sur l'exploitation et qui remonte jusqu'aux premiers jours de la colonisation : cette politique du "vinaigre" et de "l'huile" a été suivie pendant 132 ans de colonisation.

    Quel rapport ces propos ont-ils donc avec la politique du Front National ? Cela a-t-il influencé la Droite comme l'a montré Nadine Morano qui a soutenu que la France est "un pays judéo-chrétien...de race blanche !"?

    Certainement, la "crainte" du Musulman est palpable aujourd'hui en France, un sentiment renforcé par les divers attentats qui ont secoués Paris les mois précédents. Cela, certes, naît de l'amalgame entre "musulman" et "islamiste" dans lequel tombe la majorité des Français.

    La place des "musulmans" face à la République est un débat qui prend ses racines dans la colonisation de l'Algérie et les diverses politiques suivies depuis le... décret Crémieux en 1870.

    Dans ses affirmations, le Général de Gaulle soutient à propos de cette "peur" comme suit : "Si nous faisons l'intégration, si tous les Arabes et Berbères d'Algérie étaient considérés comme Français, comment les empêcherait-on de venir s'installer en métropole, alors que le niveau de vie y est tellement plus élevé ? Mon village ne s'appellerait plus Colombey-les-Deux-Eglises, mais Colombey-les-Deux-Mosquées !".

    Si le Front National tient aujourd'hui de tels propos ce n'est pas un fruit direct de la politique française de notre époque ou d'un quelconque problème concernant la communauté maghrébine en France ; Il s'agit d'une vision du monde et des choses qui prend ses racines dans le passé coloniale.

    Certains débats dans la télévision française essaient de faire la relation avec la religion musulmane et ses fidèles, ce qui pourrait mener les opinions dans une fausse piste.

    La solution est dans la politique française mais surtout dans son passé colonial : si les guerres d'indépendance sont finies, les guerres de mémoire sont toujours d'actualité dans la société française contemporaine.

    Farid Namane 

    Doctorant à l’université de Lorraine

    SOURCE : http://www.huffpostmaghreb.com/farid-namane/le-fn-sestil-inspire-du-g_b_10414530.html 

    Les détails de la venue  de François Hollande

     à Colombey-les-Deux-Eglises

     lundi 13 juin 2016

    L’Elysée a publié le détail de la visite du président de la République François Hollande, lundi après-midi, à Colombey-les-Deux-Eglises.

    Le chef de l’État arrivera par hélicoptère à 16 heures accompagné de Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense. Un dépôt de gerbe a prévu à 16 h 10 sur la tombe du Général de Gaulle, au cimetière de la commune. À 16 h 30, une visite privée du domaine de la Boisserie est programmée à l’invitation de la famille De Gaulle.

    Croix de Lorraine

    Enfin, François Hollande observera un moment de recueillement devant la Croix de Lorraine à 17 heures. Son passage en Haute-Marne ne durera que 90 minutes. Il ne devrait pas s’attarder pour visiter le Mémorial. Pour rappel, François Hollande est le premier président socialiste à se rendre sur les terres du Général de Gaulle.

    Le dernier président français à avoir fait le déplacement à Colombey est Nicolas Sarkozy en 2011.

    Cette première venue d’un président socialiste en exercice dans la commune haut-marnaise où a vécu le général De Gaulle fait suite à une invitation de la famille du fondateur de la Vè République. François Hollande et Jean-Yves Le Drian se recueilleront devant la tombe de Charles de Gaulle, décédé  en 1970, se rendront au Mémorial, puis à son ancienne demeure personnelle, la Boisserie, devenue musée et dont le fils, l’amiral Philippe de Gaulle, est toujours propriétaire.

    Ce n’est, de loin pas, la première fois que la visite de François Hollande à Colombey était attendue. Elle a donc fini par se concrétiser, donnant ainsi le coup d’envoi à une semaine placée sous le patronage gaulliste : vendredi, François Hollande sera en effet à Versailles pour l’exposition « Un président chez le roi –De Gaulle au Trianon ». Puis, le lendemain, c’est-à-dire le jour de l’Appel du 18-Juin, il se rendra comme à son accoutumée, au Mont Valérien devant le Mémorial de la France combattante.

     

    A Colombey, on s'agace de la récupération politique

    de De Gaulle

    @ JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN / AFP 

    Pour les 45 ans de la mort du premier résistant, de nombreux politiques, de tous bords, ont été présents en 2015 pour les cérémonies d'hommage.

    On a célébré en 2015 les 45 ans de la mort du général de Gaulle. Plusieurs cérémonies d'hommage avaient été prévues dans son village de Colombey-les-Deux-Eglises en Haute Marne. Des personnalités de gauche, de droite mais aussi d'extrême droite ont fait le déplacement, en pleine campagne des régionales, ce qui n'est sans doute pas un hasard. Sur place, où s'est rendu un reporter d'Europe 1, on dénonce une tentative de récupération.

    Sarkozy, Morano, Philippot… Tout le village entretient la mémoire du général de Gaulle et l'imaginer en bouée de secours ou en valeur refuge pour politiques - de la gauche à l'extrême droite -, ça a du mal à passer. De Gaulle s'est notamment retrouvé plongé au cœur de "l'affaire Morano", l'eurodéputée allant jusqu'à se recueillir sur sa tombe car "pour aucune fonction,  [elle] ne renierai[t] le Général de Gaulle !". Le père de la résistance a également été cité par Nicolas Sarkozy, sans oublier Florian Philippot, vice-président du Front national, qui lui aussi vient de temps en temps à Colombey-les-Deux-Eglises témoigner de son respect au général, "un exemple pour [lui], une référence absolue pour [son] engagement politique".

    "Ça ne rime à rien. Il faut qu'ils arrêtent leur cinéma". Pour les habitants de Colombey, tout ceci n'est que récupération politique et on redoute déjà les cérémonies d'hommage qui auront lieu dans la journée. "Ils vont se battre dans l'arène ? Y en a qui n'ont rien à faire là ! C'est pour se faire voir, comme celle qui est venue cet été… (Nadine Morano, ndlr)", estime Marie-Claire, pour qui "ça ne rime à rien. Il faut qu'ils arrêtent leur cinéma".

    "Récupérer le nom de De Gaulle, ça m'énerve". Eric, qui vit lui aussi à Colombey-les-Deux-Eglises, ne dit pas autre chose : "ils espèrent se servir du général de Gaulle pour les élections qu'il y a dans un mois, point. Ils peuvent reprendre ce qu'ils veulent, mais ils ne seront jamais à sa hauteur. Récupérer le nom de De Gaulle, ça m'énerve. Je les regarderai passer de loin".

    De loin, Eric verra notamment la maire socialiste de Paris, Anne Hidalgo, le président du Sénat, Gérard Larcher (LR), Florian Philippot, le bras droit de Marine Le Pen ou encore le souverainiste Nicolas Dupont-Aignan.

     

     


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  • Le résistant Charles Gonard est mort

    Lui aussi était anti-colonialiste

     

    Quand on rencontrait Charles Gonard, mort dimanche 12 juin 2016 à Vence (Alpes-Maritimes), à 94 ans, le résistant aimait parler de l’action dont il était le plus fier : l’évasion, un autre 12 juin, en 1944, de Jean-Pierre Lévy, responsable du mouvement Franc-tireur. Dans une rue de Villejuif (Val-de-Marne), lors d’un transfert dont il avait été informé, son groupe avait intercepté le fourgon cellulaire, neutralisé les gardiens et l’escorte allemande puis libéré celui qui était un des chefs de file du Conseil national de la Résistance.

    Il y en eut tant d’autres, des coups d’éclat en presque quatre ans de combat. Mais Charles Gonard, alias « Morlot », ne se faisait pas d’illusions. Il savait bien qu’il resterait dans l’histoire de cette époque pour une autre action spectaculaire : l’exécution, le 28 juin 1944, de Philippe Henriot, secrétaire d’Etat à l’information et à la propagande du gouvernement Laval. Et, poliment, quand ce passage de sa biographie était évoqué, il racontait. L’ordre reçu d’éliminer ce collaborateur dont les interventions à Radio-Paris étaient encore très écoutées. Les longs repérages devant le 10 rue de Solférino, où il résidait à Paris, l’occasion enfin. Seize hommes avaient au petit matin investi les locaux et neutralisé la garde. Charles Gonard et un complice avaient trouvé Philippe Henriot en pyjama, avec sa femme. Il se serait débattu, tandis qu’elle hurlait. Les coups de feu. Le coup de grâce…

    Il s’engage contre l’occupant dès 1941

    Bien que né à Paris, le 11 octobre 1921, Charles Gonard est issu d’une vieille famille de la bourgeoisie protestante de Lyon. Après la débâcle, il enrage du défaitisme ambiant, essaye de rejoindre Londres sans y parvenir. Il s’engage contre l’occupant dès 1941, dans les rangs gaullistes. Cela commence par des actions symboliques qui le laissent insatisfait. Ecrire des slogans sur les murs, distribuer des tracts, porter des valises, est-ce cela résister ? Charles Gonard est enfin présenté à Serge Ravanel, membre important de Libération-Sud.

    Entre tant d’autres actions, son groupe détruit par le feu les fichiers des hommes devant être envoyés en Allemagne pour le STO

    Le jeune homme est envoyé dans le sud de la France. C’est le temps des premiers coups de main à Nice et à Marseille : sabotages, exécutions de traîtres, attaques contre la milice. Le petit-bourgeois en impose à ses aînés par sa détermination et sa méticulosité. En février 1944, il intègre à Paris le Comité d’action militaire (Comac), où il est chargé de former les groupes francs des FFI. A 23 ans, il réorganise et structure un réseau malmené par les arrestations. Se méfiant des matamores, il s’entoure d’une équipe d’hommes déterminés, en partie formée d’experts dans l’art de la clandestinité, qu’ils soient policiers ou truands…

    Entre tant d’autres actions, son groupe détruit par le feu les fichiers des hommes devant être envoyés en Allemagne pour le STO, le service du travail obligatoire, documents entreposés dans des bureaux qui jouxtaient pourtant une caserne de la Légion des volontaires français (LVF) à Versailles. A Pigalle, il liquide dans un bar des membres français de la Gestapo. Il doit renoncer au dernier moment à exécuter Joseph Darnand, le chef de la milice, gare de Lyon, par crainte de faire des victimes dans la foule.

    Très critique sur la colonisation

    Après la mort d’Henriot, la milice se déchaîna pour retrouver les coupables : arrestations, torture, représailles, sans jamais pouvoir remonter jusqu’à Morlot. Lors de l’insurrection de Paris, en août, Charles Gonard participa encore aux combats, fut blessé à la tête et resta cloué sur un lit d’hôpital tandis que la capitale fêtait sa libération. Ce qui lui évitera de voir les exactions de l’épuration, les femmes qu’on tondait, scènes qui le révoltaient toujours tant d’années après.

    Lui qui rêvait d’outre-mer avant la guerre, il partit en Indochine pour combattre les Japonais, arriva après leur capitulation, puis refusa de participer à la lutte contre le mouvement d’indépendance naissant. Il écrivit même un article très critique sur la colonisation dans Franc-Tireur. Il travailla ensuite dans une entreprise privée au Maroc avant de revenir en France. Longtemps, celui qui avait été admis dans l’ordre de la Libération se mura dans le silence.

    Mais, des années plus tard, quand la France oublieuse se mit à mégoter ses héros, des voix s’élevèrent, notamment d’historiens, pour critiquer l’« assassinat » d’Henriot. Charles Gonard fut profondément affecté d’être ainsi devenu un « affreux », selon ses propres termes. Il lui fallut se défendre des attaques et des coups bas. Ce fut peut-être là son plus douloureux combat.

    Charles Gonard en sept dates

    11 octobre 1921 Naissance à paris

    1941 Entrée dans la Résistance

    Février 1944 Intègre le Comité d’action militaire

    12 juin 1944 Evasion de Jean-Pierre Lévy

    28 juin 1944 Exécution de Philippe Henriot

    17 novembre 1945 Fait compagnon de la Libération

    12 juin 2016 Mort à Vence.


    SOURCE : 
    http://www.lemonde.fr/disparitions/article/2016/06/13/le-resistant-charles-gonard-est-mort_4948993_3382.html#vvIQrH3o30cdtVFg.99 

     

     


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  • UNE PROPOSITION DE LOI INIQUE QUI DISQUALIFIE À TOUT JAMAIS SES AUTEURS

    Daniel Videlier

    UNE PROPOSITION DE LOI INIQUE
     

    QUI DISQUALIFIE À TOUT JAMAIS
     

    SES AUTEURS

    Regardons tout d’abord, avant d’examiner le fond, l’environnement de ce projet de loi.
    Il est proposé par 29 députés, 3 femmes et 26 hommes, dont aucun, au vu de leur âge, n’a participé de près ou de loin à la guerre d’Algérie.
    Notons aussi que la députée qui semble entraîner ce groupe, est née en octobre 1962 à Alicante en Espagne, soit six mois après la fin de la guerre d’Algérie... pourquoi à Alicante ? parce que papa, membre influent de l’O.A.S. et condamné pour cela en France était parti se réfugier avec toute sa famille dans les bras démocratiques de Franco, le grand humaniste !
    Notons enfin que près de la moitié des signataires de ce texte sont députés de l’extrême (au sens géographique du terme, bien sûr !) sud-est fort accueillant pour les rapatriés pieds-noirs et qu’il est temps, à un an des élections, de « faire quelque chose » pour eux !
    Ce tour d’horizon fait, entrons maintenant dans le vif du sujet et examinons l’exposé des motifs :
    La loi du 6 décembre 2012 a, disent-ils, « été imposée sans concertation », mais une loi est d’abord, comme celle dont il est ici question, un projet de loi discuté au parlement ; il n’est donc pas « imposé » et il y a « concertation » : si lors du vote il recueille la majorité il est accepté, sinon il est rejeté ! C’est tellement évident que l’on peut s’étonner que dès les premiers mots, les présentateurs de ce projet de loi se fourvoient dans un vocabulaire inadapté ! Mais poursuivons notre lecture...
    Deux lignes plus loin il est question d’un « prétendu cessez-le-feu » ! mais nous étions en guerre, (même si ce mot, guerre, n’a été retenu que 37 ans plus tard !) il s’agit donc d’un cessez-le-feu militaire parfaitement accepté par les deux parties, après plus de sept ans et demi de combats qui firent 30 000 morts parmi les soldats français, pour la grande majorité d’entre eux, appelés du contingent, et près d’une centaine de milliers de blessés tant physiques que psychologiques. Et en bons pompiers pyromanes ce sont ceux qui malgré tout, malgré tous ont continué les exactions, les assassinats à tout va, les meurtres d’innocents par le biais d’une prétendue Organisation Armée Secrète créant ainsi face au FLN une escalade mortelle du type « la valise ou le cercueil » et faisant passer le chiffre prévu de Français décidés à rester en Algérie de 800 000 (estimation du gouvernement français) à moins de 100 000, ce sont eux, bien sûr, qui considèrent qu’il s’agit d’un «prétendu cessez-le-feu !»
    Mais poursuivons notre lecture : cette date du 19 Mars 1962 signifie bel et bien « la fin des combats en Algérie » car les règlements de compte qui suivirent ne sauraient être appelés «combats».
    Et il ne s’agit ni de « défaite » ni « d’abandon » et moins encore d’une « célébration », mais le 19 mars est une journée de souvenir et de recueillement et la « confusion indéniable » est savamment entretenue par ceux-là mêmes qui se plaignent de son existence !
    Mais le pire n’est pas encore atteint : mais oui, pourquoi n’y avons-nous pas pensé plus tôt! une « date neutre », le 5 décembre par exemple, qui ne correspond à rien sinon à l’anniversaire de la mort de Mozart ! voilà un bon choix ! une « date neutre » qui ne signifie rien ! une date avec un jour, un mois, mais pas d’année ! le 11 novembre, le 8 mai correspondent à une année et à un fait ; 1918, armistice ; 1945, victoire ; 1962, fin des combats.
    Quant à « dépassionner le débat », quel mépris une fois encore pour les 30 000 morts, jeunes appelés de l’armée française !
    Alors, Mesdames et Messieurs les 29 députés qui, contre vents et marées entretenez de vieilles rancoeurs et des propos aigris, regardez enfin devant vous et 54 ans après aspirez sinon au « respect » au moins à la « tranquillité » !

    "UNE PROPOSITION DE LOI INIQUE QUI DISQUALIFIE À TOUT JAMAIS SES AUTEURS" vigoureusement contestée par Daniel Videlier et rappelons-nous de sa guerre d'Algérie

     

     

     

     

     

     

     

    Daniel VIDELIER

    Alors de quelle proposition de loi nous est signalée

    par Daniel Videlier ?

     

    L'opposition de droite a déposé une proposition de loi visant à abroger la date du 19 mars, retenue dans la loi de 6 décembre 2012... Que va-t-il se passer dans les années prochaines ?

    Le pire pourrait être à venir !!!

    L'opposition de droite a déposé une proposition de loi visant à abroger la date du 19 mars, retenue dans la loi de 6 décembre 2012

    L'opposition de droite a déposé une proposition de loi visant à abroger la date du 19 mars, retenue dans la loi de 6 décembre 2012... Que va-t-il se passer dans les années prochaines ?

    La mémoire de la guerre d'Algérie de nouveau

    dans le débat politique en France

    La question sensible de la mémoire de la guerre d'Algérie revient dans le débat politique en France, l'opposition de droite a déposé une proposition de loi visant à abroger la date du 19 mars, retenue dans une loi de 2012 pour en faire une journée nationale à la mémoire des victimes du conflit algérien. Cette date n'en finit pas de susciter la polémique parmi les anciens protagonistes.
    La proposition de loi est portée par cinq députés du sud de la France, où sont installés de nombreux "pieds-noirs", les Français rapatriés d'Algérie, électorat traditionnellement à droite.
    Ces députés jugent "déplorable" le choix du 19 mars 1962, date du cessez-le-feu au lendemain des accords d'Evian qui ont posé les jalons de l'indépendance de l'Algérie après 132 ans de présence française.
    Le cessez-le-feu reste en effet une blessure pour la communauté "pied-noir", contrainte à l'exil après 1962 et qui représente aujourd'hui un million de personnes en France, ainsi que pour les harkis, qui estiment que le 19 mars 1962 marque le début de leur "massacre".
    Le mois dernier, le président socialiste François Hollande a justifié cette date de commémoration en expliquant qu'elle marquait "le début de la sortie de la guerre".
    La guerre d'Algérie reste une plaie qui n'en finit pas de cicatriser dans l'histoire française. La guerre n'a été qualifiée comme telle qu'en 1999 par les autorités françaises, qui parlaient jusque là de simples "événements d'Algérie".

    Source AFP

    SOURCE : http://www.atlasinfo.fr/La-memoire-de-la-guerre-d-Algerie-de-nouveau-dans-le-debat-politique-en-France_a70916.html 

    L'opposition de droite a déposé une proposition de loi visant à abroger la date du 19 mars, retenue dans la loi de 6 décembre 2012... Que va-t-il se passer dans les années prochaines ?

     L'opposition de droite a déposé une proposition de loi visant à abroger la date du 19 mars, retenue dans la loi de 6 décembre 2012... Que va-t-il se passer dans les années prochaines ?

    N° 3631

    _____ 

    ASSEMBLÉE NATIONALE

    CONSTITUTION DU 4 OCTOBRE 1958

    QUATORZIÈME LÉGISLATURE

    Enregistré à la Présidence de l’Assemblée nationale le 5 avril 2016.

    PROPOSITION DE LOI 

    portant abrogation de la loi n° 2012-1361 du 6 décembre 2012
    relative à la reconnaissance du 19 mars comme journée nationale
    du souvenir et de recueillement à la mémoire
    des victimes civiles et militaires de la guerre d’Algérie
    et des combats en Tunisie et au Maroc,

    (Renvoyée à la commission de la défense nationale et des armées, à défaut de constitution
    d’une commission spéciale dans les délais prévus par les articles 30 et 31 du Règlement.)

    présentée par Mesdames et Messieurs

    Michèle TABAROT, Élie ABOUD, Philippe VITEL, Laurence ARRIBAGÉ, Julien AUBERT, Olivier AUDIBERT TROIN, Valérie BOYER, Édouard COURTIAL, Jean-Michel COUVE, Marc-Philippe DAUBRESSE, Bernard DEBRÉ, Laurent FURST, Sauveur GANDOLFI-SCHEIT, Claude GOASGUEN, Philippe GOSSELIN, Jean-Claude GUIBAL, Sébastien HUYGHE, Lionnel LUCA, Jean-François MANCEL, Alain MARSAUD, Jean-Claude MATHIS, Yannick MOREAU, Axel PONIATOWSKI, Lionel TARDY, Jean-Pierre DOOR, Jean LEONETTI, Guy TEISSIER, Michel HEINRICH, Fernand SIRÉ,

    députés.

    EXPOSÉ DES MOTIFS

    Mesdames, Messieurs,

    La loi n° 2012-1361 du 6 décembre 2012 a imposé, sans concertation, une journée nationale du souvenir à la mémoire des victimes de la guerre d’Algérie et des combats en Tunisie et au Maroc, fixée au 19 mars, date d’entrée en vigueur du prétendu cessez-le-feu qui découla des accords d’Évian.

    Le choix de cette date est déplorable tant sur la forme que sur le fond.

    Sur la forme, ce texte avait été voté par l’Assemblée nationale en première lecture le 22 janvier 2002. Ce n’est qu’après le retour d’une majorité présidentielle de la même sensibilité, survenu en 2012, que ce texte a été présenté au Sénat. La Haute Assemblée l’a donc adopté plus de dix ans après, permettant sa promulgation sans que les députés ne puissent se prononcer à nouveau, ni un débat public avoir lieu.

    Sur le fond, les commémorations du 19 mars ont toujours été au cœur d’un vif débat.

    Voulue par quelques associations largement minoritaires, elle est rejetée par l’écrasante majorité des anciens combattants, des pieds-noirs et des harkis.

    Il ne saurait en être autrement puisque le 19 mars 1962 est une blessure encore très présente. Cette date n’a jamais signifié la fin des combats en Algérie. Des milliers de pieds-noirs et harkis ont perdu la vie les mois qui s’ensuivirent, dans les massacres de la rue d’Isly, à Oran et dans tant d’autres lieux de sinistre mémoire.

    Le 19 mars est aussi un synonyme de défaite et d’abandon. Il a marqué le retour forcé en métropole des pieds-noirs dont on sait qu’ils ont eu à subir des conditions d’accueil déplorables et qu’aujourd’hui encore ils doivent se battre pour leur réhabilitation.

    Célébrer cette défaite, comme nous le faisons pour nos victoires ou nos instants glorieux, serait une source de confusion indéniable pour nos concitoyens.

    Le Président Chirac avait parfaitement compris cette réalité en faisant le choix d’une date neutre, le 5 décembre, comme journée nationale d’hommage aux « Morts pour la France » pendant la guerre d’Algérie et les combats du Maroc et de la Tunisie.

    Il était ainsi parvenu à dépassionner le débat et à apaiser les esprits comme le souhaitent les pieds-noirs et les harkis qui, cinquante-quatre ans après, aspirent légitimement au respect et à la tranquillité.

    La loi du 6 décembre 2012 est vécue comme une offense inacceptable et inutile à leur mémoire.

    La présente proposition de loi vise donc à son abrogation.

    PROPOSITION DE LOI

    Article unique 

    La loi n° 2012-1361 du 6 décembre 2012 relative à la reconnaissance du 19 mars comme journée nationale du souvenir et de recueillement à la mémoire des victimes civiles et militaires de la guerre d’Algérie et des combats en Tunisie et au Maroc est abrogée.


    © Assemblée nationale

     

    "UNE PROPOSITION DE LOI INIQUE QUI DISQUALIFIE À TOUT JAMAIS SES AUTEURS" vigoureusement contestée par Daniel Videlier *** Le commentaire de Jacques Cros

     

    Elie Aboud n’a toujours pas compris

     par Jacques CROS

     

    "UNE PROPOSITION DE LOI INIQUE QUI DISQUALIFIE À TOUT JAMAIS SES AUTEURS" vigoureusement contestée par Daniel Videlier

     

    Nous avons appris qu’il fait partie de ces députés qui ont déposé un projet de modification d’une loi adoptée le 6 décembre 2012 et qui fait du 19 mars la journée du souvenir des guerres d’Afrique du Nord.

    Des élus du sud de la France et de la droite n’ont visiblement pas compris la signification de cette date. Rappelons que le 19 mars 1962, intervenait, en application des Accords d’Evian signés la veille, un cessez-le-feu qui mettait fin à des combats qui duraient depuis plus de sept ans.

    Ce 19 mars 1962 ouvrait des perspectives pour l’indépendance de l’Algérie et la fin d’un colonialisme qui s’exerçait dans ce pays depuis 132 ans. Monsieur Aboud refuse de reconnaître la portée de l’événement. Mais que cherche-t-il ?

    A damer le pion à Robert Ménard auprès des Pieds Noirs qui votent dans sa circonscription ? Dans cet objectif à redorer le blason de l’idéologie colonialiste ? C’est vrai qu’elle  permet de justifier l’envoi de corps expéditionnaires en différents points de la planète. C’est vrai aussi qu’elle masque la responsabilité du capitalisme dans la crise que nous subissons. Comme Elie Aboud n’a, pas plus que les socialistes, l’intention de mettre fin à ce système social, c’est bien commode de trouver un bouc émissaire avec les immigrés.

    Alors le 5 décembre ? Oui, pourquoi pas ? Cette deuxième date n’étant pas encore abolie (pourquoi au fait ?) elle va servir de position de repli stratégique à tous les nostalgériques et à ceux qui ne veulent pas affronter la logique de violence qui avait été développée au temps de la guerre d’Algérie.

    Mon dieu que la guerre était jolie, avec son cortège d’exactions, de tortures, d’exécutions, sommaires ou non, de ratissages, de bouclages, et la mort de près de 30 000 appelés du contingent, sans oublier les blessures, physiques ou psychologiques qui les ont accompagnés.

    Et ne me parlez pas des harkis. Le 19 mars 1962 ils ont tiré à Géryville, où je me trouvais, sur la foule de leurs compatriotes qui manifestaient leur satisfaction de la fin de la guerre et de la perspective de leur libération.

    Monsieur Aboud l’histoire vous jugera, pour moi c’est déjà fait ! Par courtoisie je ne dirai pas dans quel mépris je vous tiens, mais vous pouvez l’imaginer !

     

    Jacques Cros

     

     

    "UNE PROPOSITION DE LOI INIQUE QUI DISQUALIFIE À TOUT JAMAIS SES AUTEURS" vigoureusement contestée par Daniel Videlier *** Le commentaire de Jacques Cros

     



     

     

     

     


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  • Euro 2016 : "J'préfère te prévenir", la parodie

    de Francis Cabrel pour avertir les filles du mois à venir

    Voici une parodie pleine d'humour et d'actualités "Quand il faut prévenir ta copine que l'Euro 2016 commence, rien de mieux qu'une parodie Lolywoodienne de Francis Cabrel !"

     

    En deux jours, la vidéo a été vue plus de 1,5 million de fois sur YouTube et la chanson est presque devenue l'hymne officieux de l'Euro 2016.

    En quelques jours, c'est presque devenu l'hymne officieux de l'Euro 2016. Les youtubeurs de la chaîne humoristique Lolywood ont publié une vidéo, dimanche 5 juin, dans laquelle ils reprennent Je t'aime à mourir de Francis Cabrel. A moins d'une semaine du coup d'envoi de la compétition, ils y montrent un fan de football qui avertit sa petite amie, avec une chanson titrée J'préfère te prévenir, que leur vie de couple va être suspendue pendant l'Euro.

    "On va plus sortir, on va plus sortir"

    La parodie a déjà été vue plus de 1,5 million de fois sur YouTube et a reçu plus de 4 000 commentaires. "Entre nous tout va bien mais voilà qu'aujourd'hui, on est le 10 juin et l'Euro, c'est parti. J'préfère te prévenir. Tu vas surement te dire 'C'est qu'un match, ça va', mais remballe ton sourire, car l'Euro dure un mois. On va plus sortir, on va plus sortir", chante le faux groupe "Les Bleu Brothers" avant de recevoir la réponse, pleine d'humour, de la jeune fille en question.

     

     


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  • L'émission de France Inter

     du jeudi 9 juin 2016

    Juin 2000. La torture pendant la guerre d’Algérie refait la Une

    L'émission de France Inter   du jeudi 9 juin 2016  Juin 2000. La torture pendant la guerre d’Algérie refait la Une

    L'émission de France Inter   du jeudi 9 juin 2016  Juin 2000. La torture pendant la guerre d’Algérie refait la Une

    Aujourd’hui dans Affaires Sensibles, l’histoire d’un retour, celui de la torture durant la guerre d’Algérie, qui au début des années 2000, fait la Une des médias du pays, près de quarante ans après la fin des combats.

     La guerre d’Algérie est autant un sujet d’histoire que d’actualité. En France, on a mis du temps à donner le nom de guerre à ces huit années où l’on a envoyé soldats et appelés pour réprimer les indépendantistes algériens. Depuis cinquante ans, la guerre d’Algérie n’a jamais quitté notre mémoire, on la retrouve dans des livres, des romans, des films, des documentaires. Des deux côtés de la Méditerranée, l’histoire et la mémoire de ces années de guerre s’écrivent par le biais de différentes voix, celles des militants, des indépendantistes, des soldats, des généraux. Peu à peu, les archives s’ouvrent, les paroles se libèrent.

     

    Archive INA

    Le général Paul Aussaresses, qui fut membre des services spéciaux pendant la guerre d'Algérie entre 1955 et 1957, raconte complaisamment dans son livre récemment paru les exécutions sommaires et tortures auxquelles il a participé. Déjà au mois de novembre sur ce plateau, il confiait qu'il n'avait "ni remords, ni regret". Mais, avec le récit publié de son action en Algérie, la question d'une suite judiciaire se pose.

     Invitée

    L'émission de France Inter   du jeudi 9 juin 2016  "Juin 2000. La torture pendant la guerre d’Algérie" refait la Une

     

    Pour en parler, nous recevrons en seconde partie, la journaliste Florence Beaugé, ancienne plume du journal Le Monde, c’est elle qui est à l’origine de ce retour médiatique de la torture. Elle est revenue sur cette enquête dans un livre intitulé Algérie : une guerre sans gloire.

     


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