• On peut penser ce que l’on veut de François Hollande, mais il y a des limites dans les propos pour critiquer à ne pas dépasser, voici un article diffamatoire où l’on comprend que la fille ressemble encore au père Le Pen.

     

    Tel père telle fille (même propos honteux, même tentative de devenir… présidente de la République en 2017… Réagissons avant qu’il ne soit trop tard !!! MISE A JOUR

    Marine Le Pen : «  Hitler a fait moins de dégâts en France que Hollande, dans le même laps de temps »

    Marine Le Pen sait se montrer cruel à ses heures. Profitant de son dernier meeting de campagne pour se projeter sur la prochaine élection présidentielle, Le Pen a pris pour cible à plusieurs reprises le président François Hollande dont la candidature pourrait intervenir dans les jours qui viennent.
    "Il y a moins de 50 ans, elle était encore considérée comme étant une puissance mondiale, et elle ne ressemble plus vraiment à l’heure actuelle à ce qu’elle fut jadis, François Hollande a créé plus de chômeurs qu’aucun de ses prédécesseurs, il a provoqué l’expatriation de dizaines de milliers de jeunes désespérés, il a provoqué des milliers de faillites d’entreprises... Hitler à fait moins de dégâts en France que Hollande, dans le même laps de temps"

    On peut penser ce que l’on veut de François Hollande, mais il y a des limites dans les propos pour critiquer à ne pas dépasser, voici un article diffamatoire où l’on comprend que la fille ressemble encore au Père Le Pen.

    SOURCE : http://cercle.jean.moulin.over-blog.com/2016/11/bcra-marine-le-pen-hitler-a-fait-moins-de-degats-en-france-que-hollande-dans-le-meme-laps-de-temps-awd-news.html

    Tel père telle fille (même propos honteux, même tentative de devenir… présidente de la République en 2017… Réagissons avant qu’il ne soit trop tard !!! MISE A JOUR

     Rappelons-nous ce que nous avions écrit

    le 22 septembre 2015

    Tel père telle fille (même propos honteux, même tentative de devenir… présidente de la République en 2017… Réagissons avant qu’il ne soit trop tard !!! MISE A JOUR

    Tel père telle fille (même propos honteux, même tentative de devenir… présidente de la République en 2017… Réagissons avant qu’il ne soit trop tard !!!

    Marine Le Pen renvoyée en correctionnelle pour avoir comparé des prières de rue à l'occupation allemande

    La présidente du FN avait dressé ce parallèle en 2010, lors d'une réunion publique.

    Tel père telle fille (même propos honteux, même tentative de devenir… présidente de la République en 2017… Réagissons avant qu’il ne soit trop tard !!!

    La présidente du FN, Marine Le Pen, lors d'un meeting à Arpajon (Essonne), le 14 septembre 2015. (FRANCOIS PAULETTO / CITIZENSIDE.COM / AFP)

    La présidente du FN, Marine le Pen, a été renvoyée devant le tribunal correctionnel de Lyon (Rhône), mardi 22 septembre, pour avoir comparé des prières de rue musulmanes à l'Occupation, lors d'une réunion publique en décembre 2010. "Je suis désolée, mais pour ceux qui aiment beaucoup parler de la seconde guerre mondiale, s'il s'agit de parler d'Occupation, on pourrait en parler, pour le coup, parce que ça [les prières de rue], c'est une occupation du territoire", avait-elle déclaré. Interrogée par l'AFP sur sa présence à l'audience, prévue en octobre, Marine Le Pen a répondu : "Oui, bien sûr ! Je ne vais pas rater une telle occasion."

    Des propos qu'elle avait réitérés

    Une première enquête pour "incitation à la haine raciale" avait été classée, mais une information judiciaire avait été ouverte en 2012, après la saisine du doyen des juges d'instruction par une association. Un an plus tard, la présidente du FN avait réitéré ses propos, estimant "avoir osé dire ce que tous les Français pensent, c'est-à-dire que les prières de rue - dont je leur indique qu'elles continuent à se dérouler sur le territoire français - sont une occupation". En juillet 2013, le Parlement européen avait décidé de lever l'immunité de l'eurodéputée frontiste, ouvrant la voie à sa mise en examen, le 10 juillet 2014.

    Tel père telle fille (même propos honteux, même tentative de devenir… présidente de la République en 2017… Réagissons avant qu’il ne soit trop tard !!!

    Et en 1998, son père, Jean-Marie Le Pen, (qu’elle a anéanti politiquement)  a été visé par la même procédure, après avoir déclaré que les chambres à gaz nazies étaient "un détail de l'histoire de la seconde guerre mondiale".

    SOURCE : http://www.francetvinfo.fr/societe/justice/marine-le-pen-renvoyee-en-correctionnelle-pour-avoir-compare-des-prieres-de-rue-a-l-occupation-allemande_1095023.html#xtor=EPR-51-[marine-le-pen-renvoyee-en-correctionnelle-pour-avoir-compare-des-prieres-de-rue-a-l-occupation-allemande_1095023]-20150922-[bouton]

    Tel père telle fille (même propos honteux, même tentative de devenir… présidente de la République en 2017… Réagissons avant qu’il ne soit trop tard !!! MISE A JOUR

     

    Ma  France que j'aime !

    Tel père telle fille (même propos honteux, même tentative de devenir… présidente de la République en 2017… Réagissons avant qu’il ne soit trop tard !!! MISE A JOUR

     

    Tel père telle fille (même propos honteux, même tentative de devenir… présidente de la République en 2017… Réagissons avant qu’il ne soit trop tard !!! MISE A JOUR

    Ma France ce sont d’abord eux. Eux qui défendaient la France… contre le nazisme… Hommage et Honneur aux hommes et femmes de la Résistance qui ont fait de leurs vies notre Liberté.

     

     

     


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  • Cette lettre ouverte a été envoyée à Emmanuel Macron, mais elle aurait pu être envoyée aussi à François Fillon qui est mille fois plus dangereux…

    (PS) Tous les mots dans ce texte de cette couleur sont autant de liens sur lesquels vous pouvez cliquer...

    Civilisation et colonisation :  Lettre ouverte à Emmanuel Macron

    Livre de Mohamed Garne

    Civilisation et colonisation :

    Lettre ouverte à Emmanuel Macron

    Lettre ouverte à Emmanuel Macron après qu'il a déclaré : « Oui, en Algérie, il y a eu la torture, mais aussi l’émergence d’un État, de richesses, de classes moyennes, c’est la réalité de la colonisation. Il y a eu des éléments de civilisation et des éléments de barbarie. »

    Monsieur le Ministre

    Permettez-moi d'abord de saluer votre engagement pour le renouveau, la rénovation de l'engagement politique et la lutte contre les discours de haine et de division. Ces derniers ne sont plus réservés à l'extrême droite, certains politiques de droite comme de gauche ont oublié, ces dernières années, les valeurs de l'égalité, de la justice et des droits humains.

    J'ai pu mesurer en lisant les premières pages du livre, que vous avez publié récemment, à quel point vous êtes attaché à ces valeurs. Vous êtes également attaché à la lecture, à la littérature et à l'histoire de France.

    Dans cette histoire, il n'y a pas eu que des pages glorieuses. Le régime de Vichy, l'esclavage et la colonisation, plus particulièrement en Algérie, constituent des pages qui suscitent encore beaucoup de débats. Contrairement à une Allemagne, qui a assumé son passé et dont les dirigeants n'hésitent pas à rappeler la responsabilité historique de leur pays dans les crimes contre l'humanité, la France n'arrivent toujours pas à clore le chapitre 1830 à 1962 de son histoire.

    La France de 2005 a essayé de faire adopter une loi pour reconnaître « le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord". Heureusement que le Président Jacques Chirac a décidé de mettre un terme définitif à une polémique qui était autour de l’article 4 de la loi du 23 février 2005. Ce même Chirac, qui avait le courage de reconnaître le rôle de Vichy dans la déportation.

    Ce n'est pas aux politiques d'écrire l'histoire, ni de faire une apologie de la colonisation. Cette loi a été présentée et défendue au parlement par Michèle Alliot-Marie, celle qui était prête à offrir "le savoir-faire français" au service de l'ancien dictateur tunisien pour l'aider dans l'oppression d'un peuple, en quête de liberté et de démocratie.

    Mais la France de 2016 est partagée entre des appels pour reconnaître les crimes de la France et des déclarations insupportables comme la déclaration récente de François Fillon : "la France n'est pas coupable d'avoir voulu faire partager sa culture aux peuples d'Afrique" !

    Partager sa culture où ? à la Villa Susini, entre les séance de tortures et de viols ?

    Votre grand-mère vous a-t-elle appris que le partage de la culture doit se faire avec la force et en utilisant la torture et l'humiliation d'un peuple qui était libre ? 

    Récemment le journal Le Point vous a interrogé sur le "roman national" et " les pages moins glorieuses de notre histoire ", vous avez répondu :

    "Oui, en Algérie, il y a eu la torture, mais aussi l’émergence d’un Etat, de richesses, de classes moyennes, c’est la réalité de la colonisation. Il y a eu des éléments de civilisation et des éléments de barbarie."

    Vos propos m’ont extrêmement déçu et blessé. Ils montrent que n'avez pas la maîtrise de ce sujet, vous n'étiez pas né durant l'époque coloniale, mais on ne s'exprime pas sur des sujets d'une telle importance avant de lire, écouter les témoignages des victimes et analyser les travaux des historiens. Vous n'avez certainement pas lu ce que votre Maître, le philosophe Paul Ricœur a écrit sur ce sujet.

    Vous m'avez extrêmement déçu et blessé par vos propos parce que je suis une des victimes de cette guerre.

    Je suis "français par le crime", né d'un viol commis sur mère Kheira, pendant la guerre d'Algérie par un groupe de soldats français.
    Séparé de ma mère et abandonné dans un orphelinat d'Alger, je me retrouve à cinq ans adopté par une femme de la bourgeoisie algérienne. Ma mère adoptive n'est autre que la première Algérienne et la première femme musulmane à intégrer l'École Normale Supérieure et l'Académie Française, l'écrivaine Assia Djebar. Elle est décédée en février 2015.  

    Pour dire qu'il y a eu des "éléments de civilisation", vous n'avez certainement pas lu, ni écouté mon histoire que France 2 a diffusé en 2012. Vous n'avez certainement pas écouté le récit tragique de Louisa IGHILAHRIZ, qui a été torturée et violée pendant la guerre d'Algérie. Vous n'avez pas écouté non plus la souffrance d'Annick CASTEL PAILLER , mariée à un Français communiste et sympathisant de l'indépendance de l'Algérie, qui a été arrêtée et violée.
    Vous ne savez rien des conséquences dramatiques de ces viols, que le militaire français
    Henri Pouillot décrit parfaitement dans ses témoignages et ses livres :

    "C'est ce qu'il y a de plus dramatique pour les femmes de culture musulmane et avec ce que ça représente pour elles d'êtres violées. Si elle est vierge ça veut dire qu'elle ne pourrait plus se marier et si elle était  mariée, elle va être répudiée. Pour une femme qui a été violée c'est pratiquement son exclusion de la société civile par la suite."

    Ma mère biologique,
    décédée le 9 août 2016, a été exclue de la société, aucune richesse en France ou en Algérie ne pourra effacer ce drame.

    Je suis la première victime de cette guerre dont la justice française a reconnu officiellement, en novembre 2001, les exactions commises par certains soldats français. Une première parce que ces crimes ont été amnistiés par le Général de Gaulle, le 31 juillet 1968, une amnistie qui est contraire à la convention de Genève ratifiée par l’Etat français.

    Les viols pendant la guerre d'Algérie © tiktakaa

    Je me retrouve aujourd’hui avec un père ou peut être des pères français criminels de guerre. Ma mère morte dans l’indifférence. Kheira violée par les français a été rejetée par les algériens pour un crime dont elle fut la première victime. Ils sont où les éléments de civilisation", et les "richesses" dont vous parlez ?

    Seriez-vous prêt à reconnaître que dans l'occupation allemande en France, il y a eu des richesses et des éléments de civilisation ? Parliez-vous de richesses ou de civilisation si votre chère grand-mère avait été torturée ou violée par les allemands ?

    Evoquant les souffrances de la colonisation et les massacres de Sétif, le 8 mai 1945, le président de la République François Hollande a déclaré, en décembre 2012, devant les parlementaires Algériens :

    « Rien ne se construit dans la dissimulation, l’oubli ou le déni. Nous avons ce devoir de vérité sur la violence, les injustices, les massacres, la torture. »,

    Rappelons que le père de François Hollande était un proche de l'OAS, qui défendait l'Algérie française à l'opposé des idées de son fils.
    François Hollande a reconnu " les souffrances que la colonisation a infligées au peuple algérien " et que "pendant 132 ans, l'Algérie a été soumise à "un système profondément injuste et brutal".

    Monsieur le Ministre,

    Je suis un autodidacte, qui n'a pas eu la chance d'avoir votre parcours, mais avec mon drame personnel et ma connaissance de l'histoire de la France et de l'Algérie, je ne peux vous laisser dire que dans la colonisation française en Algérie, il y eu des éléments de civilisation. Connaissez-vous l'Algérie et ses richesses économiques, culturelles et civilisationnelles avant l'arrivée des français en 1830 ?

    Je tiens à vous rappeler quelques écrits et témoignages des Généraux de la colonisation, qui ont été recueillies par Michel Habart dans son livre "Histoire d'un parjure" : " rien de comparable en Europe à la région de Blida ", écrivait le Colonel Saladin. " La Kabylie est superbe, un des pays les plus riches que j'ai jamais vus.", témoignait le maréchal Saint Arnaud ou aussi "pays couvert d'arbres fruitiers de toutes espèces, jardins cultivés jusqu'à la mer, grande variété de légumes grâce à un système d'irrigation très bien entretenu par les Maures.", écrivait Gentry de Bussy.

    Le Colonel Claude Antoine Rozet témoignait dans « Voyage dans la régence d'Alger » en 1833 sur le niveau intellectuel des algériens : "Presque tous les hommes savent lire et compter. En France on compte à l'époque 40 % d'analphabètes. Ainsi les soldats qui débarquent sont en général moins instruits que les sauvages qu'ils viennent civiliser".

    Comment ignorer le "Génocide culturel", la "dépossession foncière". La France a tout fait pour tenter d'effacer l'identité, la langue et la religion de tout un peuple ?

    Comment parler de richesses et contredire des historiens tel que Charles-Robert Ageron, qui a décrit dans son livre "l'histoire de l'Algérie contemporaine" la "détérioration de la situation économique des populations musulmanes au cours des années 1870 à 1914".

    De quelle classe moyenne, parliez-vous, l'Algérie était musulmane et en islam, "les Hommes sont égaux comme les dents d'un peigne".

    Si la France a construit en Algérie des immeubles haussmanniens, des routes et des usines, ce n'était pas pour les algériens, mais pour des colonisateurs qui espéraient que l'Algérie resterait définitivement Française.

    Monsieur le Ministre, 

    Je tiens à préciser que j’ai mené un combat de 30 ans sans haine pour la France, mais des déclarations comme la vôtre ravivent mes souffrances. J'ai mené mon combat pour retrouver mon honneur et l'honneur de ma mère et dans l’espoir que mes deux pays se réconcilient et tournent la page définitivement. De l'Algérie, j'attends également qu'elle admette ses erreurs envers ses orphelins, envers ma mère et envers les milliers de femmes algériennes, qui ont été violées par les soldats français, ensuite rejetées par les algériens.

    L'histoire de Mohamed Garne © Rabiaa Moussaoui

    Je garde confiance dans vos bonnes intentions pour révolutionner le monde de demain et changer cette vision erronée de notre histoire.                       

    Paris, 28 novembre 2016  |  MOHAMED GARNE

    SOURCE :  https://blogs.mediapart.fr/mohamed-garne/blog/271116/civilisation-et-colonisation-lettre-ouverte-emmanuel-macron 

     


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  •  

    Nos ancêtres les gaulois... C'était la France de Sarkozy...

    mais il a été "dégagé"

    C'est maintenant la France de Fillon

    C'est un fantasme !

    La France est multiculturelle, la France est laïque

    Et c'est ma France !!!

    La France éternelle que défendait Sarkozy, largement remplacé pas Fillon n'existe pas, elle relève d'un fantasme visant à diviser quand nous devrions rassembler : notre récit commun reste, malheureusement, à écrire : notre jeunesse a besoin de connaître tous ses ancêtres, les gaulois certes, mais aussi les tirailleurs sénégalais ou marocains morts pour la France en 1914-1918, les algériens sans citoyenneté sous l'oppression coloniale, les arméniens fuyant le génocide, les juifs polonais fuyant les pogroms, les martiniquais marqués au fer de la traite négrière ou encore les républicains espagnols combattus par Franco et toutes celles et ceux qui ont choisi la France pour des raisons économiques, depuis le 19ème siècle. 
    Notre histoire est faite aussi d'ombres et de lumières : celle du Moyen-Âge  et de la Renaissance, celle de la Commune de Paris et celle de Thiers, celle de la Résistance et celle de la collobaration, celle des Lumières et de l'esclavage. Fillon n'a toujours pas tourné la page de la domination coloniale :

    Les effets positifs de la colonisation

    Sur la question de l’identité nationale,  Fillon a invoqué l’importance d’un « récit national », cher à l’ex-président Sarkozy lors de sa campagne, où il avait créé la polémique en faisant référence aux « ancêtres Gaulois » des français.

    En référence à la colonisation, Fillon a affirmé fin août que la France n’était « pas coupable d’avoir voulu faire partager sa culture aux peuples d’Afrique, d’Asie et d’Amérique du Nord ». Selon l’ex-premier ministre, les programmes d’histoire « à l’école primaire » doivent être revus afin de ne plus porter les jeunes français à avoir « honte », et pour que les enseignants ne soient « plus obligés d’apprendre aux enfants à comprendre que le passé est source d’interrogations ».

    En mars dernier, Francois Fillon avait par ailleurs affirmé désapprouver la décision de commémorer la fin de la guerre d’Algérie le 19 mars en France, car la date rappelle aussi « des centaines de milliers de harkis qui ont été massacrés (…) et des centaines de milliers de Français qu’on appelle des pieds-noirs [qui] ont dû tout abandonner, rentrer en France. »

    Pour lui, « célébrer le 19 mars, c’est exprimer à l’égard des victimes, c’est-à-dire des harkis et des pieds-noirs, une forme de mépris » et « c’est considérer qu’il y a un bon ou mauvais côté de l’histoire ».

    La mondialisation des échanges depuis plus d'un siècle fait que La France est dans le monde et le monde est dans la France. 
    La France est multiculturelle, la France est plurielle religieusement, la France, c'est une chance, est laïque : c'est une réalité qu'il faut accepter sauf à considérer qu'il faudrait expulser quelques millions de français. 
    Notre récit commun ce n'est donc ni les délires de Zemmour ou de Ménard, ni l'histoire sélective de Fillon ou de Le Pen ! Au-delà de la pluralité de nos ancêtres, ce qui fonde notre appartenance à la France ce sont ses valeurs que sont la liberté, l'égalité et la fraternité.

     


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  • Puisque la fachosphère comme « Riposte Laïque » a choisi son candidat à la présidentielle de 2017 : François Fillon… Puisque François Fillon veut réécrire les programmes scolaires et bien moi j’ai choisi une histoire honteuse de la France coloniale qui ne devrait  jamais figurer dans les programmes scolaires ? : "Pour en finir avec le 8 mai 1945 et les fours crématoires : Les Oradour-sur-Glane algériens"
      

    Cela ne figurera jamais dans les programmes scolaires : "Pour en finir avec le 8 mai 1945 et les fours crématoires : Les Oradour-sur-Glane algériens"

    Quand François Fillon veut une Histoire trop belle

    pour être vraie

    C’est dit : François Fillon, s’il devait s'installer à l’Élysée au printemps 2017, promet de faire « réécrire les programmes d’Histoire avec l’idée de les concevoir comme un récit national » afin d’amener les élèves à « retrouver la confiance dans notre patrie ». Récurrent depuis des années, le débat sur la mission de l’école en matière tourne autour d’une question majeure : est-ce aux historiens d’assurer l’attachement d’un peuple à son pays ?

    C’est quoi, le « récit national » ?

    L’idée de récit ou de roman national, apparue au 19e siècle, voit dans l’enseignement de l’histoire le moyen d’assurer l’attachement des Français à leur pays en valorisant la grandeur de son passé, vu comme une ligne ininterrompue partant des Gaulois pour arriver à l’époque contemporaine. Le roman national repose sur l’idée que la France existerait peu ou prou depuis deux millénaires, guide le monde par ses valeurs et ses vertus, et jouit d’un destin sans pareil au sein des grandes nations.

    Ce scénario vise à entretenir un lien charnel, quasi mystique, entre les Français et leur pays, dont la trajectoire serait logique et cohérente : chrétienté, unification autour du roi, Révolution et grandeur napoléonienne, progrès industriel, colonisation porteuse d’humanisme et de civilisation, République…

    Le tout s’appuie sur la mise en avant d’hommes d’État visionnaires (de Clovis à de Gaulle en passant par Charlemagne, Henri IV ou Napoléon) et de grandes figures (Bayard, Jeanne d’Arc...), l’exaltation des vertus positives (héroïsme, engagement, sacrifice…) un appel à l’émotion et au pathos et une vision systématiquement favorable, sinon complaisante, des hommes et des événements.

    Incarnée au 19e siècle par un manuel resté célèbre, le Lavisse (du nom de son rédacteur), cette vision de l’histoire scolaire fait régulièrement son retour sur la scène politique et médiatique, portée auprès du grand public par des présentateurs et des vulgarisateurs comme Frank Ferrand ou Lorànt Deutsch et par quelques historiens comme Dimitri Casali. La majorité des historiens de métier et nombre d’enseignants, allergiques à ce mot de roman, s’opposent en revanche à cette perception de leur discipline et de son enseignement que résume bien l’injonction qui figurait en couverture de l’édition 1912 du Lavisse :

    « Enfant (…) tu dois aimer la France parce que la nature l’a faite belle et parce que son histoire l’a faite grande ».

     

    Pourquoi le sujet revient sur le tapis ?

    Alors que les nouveaux programmes scolaires entrent en vigueur cette rentrée, la question du rôle de l’histoire scolaire est à nouveau posée par une partie du champ politique, notamment à droite. François Fillon, comme d’autres avant lui – et gageons qu’il ne sera pas le dernier - expriment l’idée que l’enseignement de l’histoire serait aujourd’hui dévoyé, marqué par une vision négative de notre passé, par une volonté de repentance systématique qui conduirait à noircir systématiquement l’histoire de France. Vision par ailleurs plus qu'outrancière quand on la curiosité de s’intéresser à la réalité du contenu des programmes.

    Inversement, le projet de l’ancien premier ministre de « réécrire les programmes d’Histoire » est présentée comme l’ultime moyen de faire partager par les Français un même récit et de les attacher à un passé glorieux – mieux : comme un rempart contre tous les maux qui touchent un pays décrit de façon dramatique comme autant perdu son identité, voire son âme.

    Pourquoi ça pose problème ?

    Cette conception de l’enseignement de l’histoire n’a qu’un défaut : elle relève au mieux de la fiction naïve, au pire d’un mensonge pour enfants construit par l’État dans son intérêt plutôt que dans celui des élèves et de leur capacité à développer un esprit critique. Soit l’inverse même de la mission confiée à l’école.

    En proposant une suite d’images d’Épinal souvent grossières, parfois jusqu’au ridicule, le roman national relève davantage de la propagande que d’un apprentissage progressif, établi sur la base de faits avérés.

    Non, nos ancêtres n’étaient pas (seulement) Gaulois. Non, les (réelles et indéniables) racines chrétiennes de la France ne sont pas les seules et ne la constituent pas entièrement. Non, Clovis n’était pas roi d’une France qui n’existait pas encore. Non, Charlemagne n’a pas inventé l’école et n’avait pas la barbe fleurie. Non, Jeanne d’Arc n’était pas une pauvre bergère. Non, la colonisation n’a pas été un moment de « partage de la culture » française, comme l’a exprimé François Fillon dans un discours proprement ahurissant.

    Quelle place pour le sentiment ?

    L’émotion et la fiction et les sentiments ont évidemment un rôle dans le développement du goût pour l’histoire. Le médiéviste Jacques le Goff expliquait ainsi que son goût du Moyen Age lui était venu en lisant les romans de Walter Scott. Et nous sommes nombreux  à puiser notre intérêt pour les sujets historiques dans le souvenir des séries, des films ou des livres que nous lisions enfants.

    Mais grandir et s’éduquer, c’est précisément apprendre à faire la différence entre les histoires et l’Histoire. Or le roman national, comme l’indique son nom même, est une fiction et l’histoire scolaire n’est pas là pour transmettre une fiction. Au contraire : elle a pour mission d’apprendre à distinguer l’histoire du mythe. Et donc à se méfier d’un récit scénarisé pour servir une arrière-pensée politique. Il revient aux enseignants d’expliquer que l’Histoire est complexe, qu’il y a plusieurs manières de l’aborder et que rien n’y est tout noir ou tout blanc. Et que la France n’est pas un illusoire pays du Bien, à l’histoire traversée d’honneur et de dignité.

    Bien entendu, on n’enseigne pas cette dernière de la même manière à un élève de primaire qu’à un lycéen de Terminale. Mais quel que soit le niveau, le but est le même : étudier des faits et apprendre petit à petit à porter un regard critique  sur ces derniers.

    A l’inverse, pour reprendre les termes de l’historien Nicolas Offenstadt dans une récente tribune, transmettre « un récit national figé et glorifiant la France est une négation de l’Histoire comme discipline scolaire ». La France, comme n’importe quel pays, a une histoire complexe et contrastée. Considérer que les professeurs d’histoire auraient pour mission d’enrôler une discipline scientifique entière sous une bannière qui n’a pas lieu d’être.

    Et quitte à se placer sur le champ des valeurs, la France mérite une autre ambition que celle qui consiste à prendre les enfants pour des ânes et les enseignants pour les éleveurs chargés de les fournir en avoine.

    SOURCE : http://blog.francetvinfo.fr/deja-vu/2016/09/02/quand-francois-fillon-veut-une-histoire-trop-belle-pour-etre-vraie.html

     

    Cela ne figurera jamais dans les programmes scolaires : "Pour en finir avec le 8 mai 1945 et les fours crématoires : Les Oradour-sur-Glane algériens"

    C’est l’histoire que j’ai choisi 

    elle n'est pas valorisante pour la France

    je le reconnais, si j'avais voulu choisir 

    une belle, une grande histoire de la France

    j'aurai choisi la Résistance dans la Seconde guerre

    mondiale et son héros né à Béziers : Jean Moulin

    qui est d'ailleurs le seul héros de cette ville

    et non le putschiste Hélie Denoix de Saint-Marc

    décidé par l'ultra extrémiste Ménard

    Mais j'estime que la France doit regarder son passé

    en face et que les élèves de notre pays ne doivent

    pas être pris pour des ânes et puissent apprendre

    autant la belle comme l'Histoire

    honteuse de la France

    Cela ne figurera jamais dans les programmes scolaires : "Pour en finir avec le 8 mai 1945 et les fours crématoires : Les Oradour-sur-Glane algériens"

    « Pour en finir avec le 8 mai 1945

     et les fours crématoires :

     Les Oradour-sur-Glane algériens » 

     

     «Veuillez transmettre aux familles des victimes de l'agression de Sétif la sympathie du général de Gaulle et du gouvernement tout entier. Veuillez affirmer publiquement la volonté de la France victorieuse de ne laisser porter aucune atteinte à la souveraineté française sur l'Algérie. Veuillez prendre toutes les mesures nécessaires pour réprimer tout agissement anti-français d'une minorité d'agitateurs. Veuillez affirmer que la France garde sa confiance à la masse des Français, musulmans d'Algérie.»
     
    Télégramme du général de Gaulle, au gouverneur de l'Algérie le 10 mai
     
    Voilà ce qu'écrivait Charles de Gaulle à propos du génocide des Algériens en mai 1945. Je ne suis pas sûr qu'il s'adressait aux familles des Algériens et de fait il ne s'adressait en fait qu'aux Français d'Algérie et donnant des instructions fermes au gouverneur de mater la rébellion.

    La réalité de la révolte
     

    On sait que le 8 mai 1945 fut pour les Alliés  une fête. Celle de la fin de la guerre, de la reddition de l’Allemagne, du suicide d’Hitler. Cette fête vécue en Europe et aux Etats Unis  et dans les colonies notamment chez les colons en Algérie fut un jour sombre pour les vaincus mais aussi un jour à marquer d’une pierre noire pour les Algériens  qui connurent à partir de cette date, le pire des massacres de masse et pour reprendre le mot inventé par  Raphaël Lemkin, de génocide. La curée dura plusieurs mois et on vit une coalition des colons qui quelques mois plus tôt, étaient tous adeptes du maréchal Pétain, devenir nationalistes, gaullistes et faire assaut de patriotisme en cassant de « l’Arabe » .
    Mieux encore l’armée qui avait une revanche à prendre sur l’histoire , elle qui a été défaite d’une façon honteuse en trois semaines par la Wehrmacht  se défoula sur  des pauvres hères qui, pensant que le 8 mai c’était aussi celui de la délivrance du colonialisme,  défilèrent  en brandissant à Sétif  -épicentre de la révolte- un drapeau algérien.
    «Le 8 mai 1945 signifie en Europe la fin du nazisme. Il correspond aussi à l'un des moments les plus sanglants de l'histoire nationale. La répression colonialiste venait d'y faire ses premiers accrocs face à une population farouchement déterminée à se promouvoir aux nobles idéaux de paix et d'indépendance. Faim, famine, chômage et misère semblaient résumer la condition sociale de la population musulmane algérienne colonisée par la France, (...) La fin de la Seconde Guerre mondiale, où pourtant 150.000 Algériens s'étaient engagés dans l'armée aux côtés de De Gaulle. Cela pour les Européens. «On a tiré sur un jeune scout»! Ce jeune «scout» fut le premier martyr de ces incidents: Saâl Bouzid, 22 ans, venait par son souffle d'indiquer sur la voie du sacrifice la voie de la liberté.» (1)
    John Eric MacLean Carvell, consul général britannique à Alger, envoie de nombreux rapports à l'ambassadeur à Paris. Une note du 23 mai résume ainsi «la cause de la révolte»: «Un policier français a perdu la tête. Je suis certain qu'autant de sang n'aurait pas coulé si les militaires français n'avaient pas été aussi impatients de perpétrer un massacre (...).» (2)


     
    Les massacres de masse
     

    La répression fut terrible au départ des colons qui, pour la plupart ont donné libres cours à une haine accumulée   qui s'est matérialisée contre les faibles  : Par un télégramme daté du 11 mai 1945, le général de Gaulle ordonne l'intervention de l'armée sous le commandement du général Duval qui mène une répression violente contre la population indigène. La marine y participe grâce à son artillerie, ainsi que l'aviation. Le général Duval rassemble toutes les troupes disponibles. Ces troupes viennent de la Légion étrangère, des tabors marocains qui se trouvaient à Oran, une compagnie de réserve de tirailleurs sénégalais d'Oran, des spahis de Tunis, et les tirailleurs algériens. La répression, menée par l'armée et la milice de Guelma, est d'une très grande violence: exécutions sommaires, massacres de civils, bombardements de mechtas. Le croiseur Duguay-Trouin et le contre-torpilleur Le Triomphant, tirent plus de 800 coups de canon depuis la rade de Bougie sur la région de Sétif. L'aviation bombarde et rase des agglomérations kabyles. Une cinquantaine de «mechtas» sont incendiées. Les automitrailleuses font leur apparition dans les villages et elles tirent à distance sur les populations.»(3)
    «À la colère légitime des Algériens, la réponse du gouvernement français, dans lequel se trouve, mais oui, le PS et le PC, aux côtés de De Gaulle, ne s'est, en tout cas, pas fait attendre en mobilisant toutes les forces de police, de gendarmerie, de l'armée, en envoyant des renforts de CRS et de parachutistes, et même en recrutant des miliciens, qui ne se gênent pas de fusiller des Algériens de tous âges et sans défense.» L'armée française avait planifié l'extermination de milliers d'Algériens. (...) Dès lors, des camions de type GMC continuaient à charger toute personne qui se trouvait sur leur passage. Les milliers d'Algériens furent déchargés depuis les bennes des camions au fond des gorges de Kherrata. Des hélicoptères dénommés «Bananes» survolaient les lieux du massacre pour achever les blessés. Une véritable boucherie humaine allait permettre, plus tard, aux oiseaux charognards d'investir les lieux. Avec la venue de l'été, la chaleur monte... et l'odeur de la mort. Vers Guelma, faute de les avoir tous enterrés assez profond ou brûlés, trop de cadavres ont été jetés dans un fossé, à peine recouverts d'une pelletée de terre. Les débris humains sont transportés par camion. Le transport est effectué avec l'aide de la gendarmerie de Guelma pendant la nuit. C'est ainsi que les restes des 500 musulmans ont été amenés au lieu dit «fontaine chaude» et brûlés dans un four à chaux avec des branches d'oliviers.» (1)
    «La répression se met en place, les tirailleurs sénégalais sont mis à contribution. Des centaines de FFI de la Creuse sont acheminés en Algérie et un pont aérien est mis en place, sans parler des contingents de «Képi Blancs» venant de Sidi Bel Abbès. Les P-38 et B-26 font plus de 300 sorties de bombardements et de mitraillage sur les mechta des «rebelles» On sait tous que la «pacification» continuera encore plusieurs jours, donc le décompte à ce moment-là est loin d'être définitif et fiable.»(4)
    «La répression prend fin officiellement le 22 mai. L'armée organise des cérémonies de soumission où tous les hommes doivent se prosterner devant le drapeau français et répéter en choeur: ' Nous sommes des chiens et Ferhat Abbas est un chien '. Des officiers exigent la soumission publique des derniers insurgés sur la plage des Falaises, non loin de Kherrata. Certains, après ces cérémonies, sont embarqués et assassinés. Pendant de longs mois, les Algériens musulmans qui, dans les campagnes, se déplaçaient le long des routes continuèrent à fuir pour se mettre à l'abri, au bruit de chaque voiture.» (1)
    «Des hommes de tous âges, des femmes aussi, furent ainsi conduits dans un de ces endroits, le lieu-dit Kef El Boumba, et aux fours à chaux de la ferme de Marcel Lavie où de nombreux corps furent incinérés. «500 corps de musulmans fusillés». Des prisonniers italiens qui travaillaient pour ce colon avaient brûlé les cadavres dans des bûchers en bois d'oliviers.» (5)

    La conspiration du silence des médias unanimes
     

    Les Algériens n'eurent pas de chance!! Tout le monde se ligua contre eux, même les prisonniers allemands et italiens qui participèrent au massacre armés par les colons. On sait que tout le spectre politique a fait l'unanimité. N'est-ce pas le ministre communiste de la Défense qui donna l'ordre de bombarder les dechras, douars, avec les avions américains. Même la presse mit un black-out à ces événements. Le 12 mai, L'Humanité appelle à 'châtier impitoyablement et rapidement les organisateurs de la révolte et les hommes de main qui ont dirigé l'émeute ''» Rien ne doit troubler la fête de la victoire. Cette omerta dura longtemps après tout. Il n’y avait pas de presse objective, il n’y avait pas de parti , il n’y avait pas d’organisation syndicales pour décrire l’horreur et dire leur déni de ces actes barbares :  Il ne s’agissait  après tout  que d’indigènes et la dignité humaine ne s’applique pas à eux. De plus tout ce beau monde misait sur la rapidité de la punition, la non divulgation des meurtres de masse  et l’oubli
    Comme l'écrit  le journaliste Salah Guemriche qui  rapporte   une contribution de quelqu'un qui était sur les lieux, contribution qui fut en son temps et même pendant longtemps après les massacres de masse,  systématiquement refusée: «Durant des décennies écrit-il, depuis 1985 (40e «anniversaire»), cette tribune avait, dans une version courte, été proposée à plusieurs journaux français. Aucun n'en avait voulu. Pour cause 'd'actualité surchargée'' ou, m'écrivit deux années de suite la rédaction-en-chef du Monde, parce que 'le sujet avait déjà été traité plusieurs fois.(sic) Pour les médias d'alors, il ne faisait aucun doute qu'à l'origine de ces émeutes il y avait la sécheresse et la famine. Aucun journal n'eut l'idée de mener sa propre enquête. C'est ainsi que l'opinion publique accueillit sans états d'âme la version gouvernementale du ' complot antirépublicain'', une thèse qui faisait fi des faits établis, même partiellement, par le rapport du général Tubert: la mission du même nom, rappelée trop tôt à Paris par le général de Gaulle, n'aura pas l'occasion d'entendre Marcel Reggui, ni de lire sa scrupuleuse enquête, menée à chaud, sur la répression aveugle.» (6)
    Salah Guemriche nous représente justement, ce témoin privilégié  de cette folie meurtrière : «Mahmoud-Marcel Reggui, né en 1905 à Guelma, était un Français « d'origine musulmane. » L'homme était peu suspect de nationalisme, et croyait sincèrement aux vertus de l'assimilation. Son enquête, d'une minutie impressionnante, restera durant soixante ans au fond d'un tiroir, avant d'être exhumée en 2006 par Pierre Amrouche. Pourquoi si tard?» «A l'origine des massacres, confirme l'enquête, fut cette marche pacifique et sans armes (contrairement à ce que soutiendra la presse, de concert avec la rumeur) qui se déroula le jour même des célébrations de la victoire sur le nazisme: ' Il était 18h quand le cortège s'ébranla... Partis de la ville haute, (les manifestants) se dirigeaient vers le monument aux morts pour y déposer plusieurs gerbes de fleurs. Ils arboraient les drapeaux des Alliés, de la France, de l'Algérie autonome et des pancartes: Vive la démocratie! '' Vive l'Algérie!; Libérez Messali!; Vive la Charte de l'Atlantique!; A bas le colonialisme! ''.»
    Salah Guemriche nous décrit la chape de plomb de l’information si ce n’est de se liguer contre ces épaves humaines en mettant en œuvre la théorie du complot contre la République  : « Ces slogans n'apparaîtront dans aucun compte-rendu de presse, et seront ignorés par la classe politique, à gauche comme à droite: on insistera plutôt sur la présence d' 'agitateurs arabes'' (Libération, 12 mai 1945), des ' milices vichyssoises'' (L'Humanité, 16 mai), alors que le Parisien libéré (17 mai), entre un article de Vercors (Après la victoire, le combat contre soi-même'') Le 15 mai, sous le titre Les troubles d'Algérie, le journal La Croix évoque des 'difficultés de ravitaillement chez les tribus berbères frustes et misérables''. (...). Les résistances rencontrées par le documentariste Mehdi Lallaoui, tout au long de son travail d'investigation, en disent long sur l'entreprise d'occultation et le fameux malaise qui a grevé l'inconscient collectif de trois générations de journalistes et d'intellectuels connus par ailleurs pour leurs engagements humanitaires et leurs exigences d'un devoir de mémoire sans frontières.»(6) Même le journal Le Monde reprit en déformant les informations du journal La Croix
    «Le souvenir de ces massacres avait, certes, de quoi troubler durablement les consciences. Pour la simple raison que notre 8 mai 45 a le ' tort ' d'avoir eu lieu le 8 mai 45: le jour même où la France et les Alliés fêtaient leur victoire sur la barbarie nazie! Or, que nous disent les témoins de Marcel Reggui? Que du soir au matin, à l'annonce de la visite du ministre de l'Intérieur, Adrien Tixier (qui n'aura lieu que le 26 juin), ' on empilait dans les fours à chaux (des minoteries Lavie, à Héliopolis, près de Guelma) les corps (déterrés) des fusillés... Pendant dix jours, on brûla sans discontinuer. L'odeur à la ronde était insupportable. Il suffit d'interroger les habitants de l'endroit. C'est pour cette raison que nous n'avons jamais pu retrouver les corps de ma soeur et de mon frère cadet..» (6)

    Le nombre de suppliciés morts sans sépulture
     

    Aucun chiffre ne peut être établi s’agissant des victimes algériennes  le chiffre allant de 1000 à 80.000. Par contre on connait le nombre et l’identité des victimes européennes : «Le nombre de victimes ' européennes ' est à peu près admis et s'élève officiellement à 102 morts et 110 blessés (rapport officiel de la commission Tubert de 1945). Le gouverneur général de l'Algérie fixa par la suite le nombre des musulmans tués à 1165 et 14 soldats,4500 arrestations, 89 condamnations à mort dont 22 exécutées. Par la suite, André Prenant, géographe spécialiste de la démographie algérienne, se rendant sur les lieux en 1948, fixe le nombre de victimes à 20.000. Le professeur Henri Aboulker avait à l'époque estimé le bilan proche de 30.000 morts. Le consul général américain à Alger de l'époque a établi le nombre de victimes indigènes par la répression de l'armée à 40.000.»  (7)
    «Le général Tubert, parle de sanglante répression aveugle'' (qu'il considère) comme une erreur aveugle. La raison d'Etat, la commodité d'une répression aveugle et massive permettant de châtier quelques coupables parmi les milliers d'innocents massacrés, l'immunité de fait'' couvrant, par exemple, le sous-préfet Achiari qui, plusieurs jours après le 8 mai 1945 à Sétif..., fit délibérément arrêter et fusiller, sans autre forme de procès, des musulmans... dont les familles réclament en vain une enquête, un jugement ou une simple explication.» (7)

    Les massacres du 8  mai 1945 :  des centaines d’Oradour- sur- Glanes
     
    Ce n'est pas entretenir une concurrence des mémoires que de faire, au moins, un parallèle entre ces massacres et ceux commis par l'armée d'occupation allemande, des habitants du village français d'Oradour-sur-Glane Rappelons que la Division Das Reich tua 642 personnes après les avoir enfermées dans une église le 10 juin 1944. Les devoirs de mémoire ne doivent pas être pour autant convulsifs. Il ne s'agit pas de réécrire l'histoire, mais de faire le rappel que la présence coloniale de la France en Algérie a généré des dérives et des atrocités.
    Lors de la commémoration de cet évènement en septembre 2013  le président Hollande déclare «Vous êtes la dignité de l'Allemagne d'aujourd'hui, capable de regarder en face la barbarie nazie d'hier, a lancé le président français à son homologue allemand. Le président allemand Joachim Gauck venu participer à la commémoration déclare: «Je vous regarde, monsieur Hollande, je regarde les familles des victimes assassinées, je voudrais tous vous remercier au nom des Allemands de venir au-devant de nous avec cette volonté de réconciliation. Je ne l'oublierai jamais. (...) Si je regarde dans les yeux ceux qui portent l'empreinte de ce crime, je partage votre amertume par rapport au fait que des assassins n'ont pas eu à rendre de comptes; votre amertume est la mienne, je l'emporte avec moi en Allemagne et je ne resterai pas muet.» (8)
    En Algérie la reconnaissance de ces crimes contre l'humanité se fait à dose homéopathique après les paroles de l'ambassadeur de la France en 2005, le gouvernement Hollande nous propose un ersatz de reconnaissance des crimes de la République française le secrétaire d'État aux Anciens Combattants Jean-Marc Todeschini qui a participé le 19 avril 2015 aux commémorations des massacres: «En me rendant à Sétif, je dis la reconnaissance par la France des souffrances endurées et rends hommage aux victimes algériennes et européennes de Sétif, de Guelma et de Kheratta.»  Ce n’est ni suffisant ni honnête !
    Pourquoi les Etats-Unis ont eu le courage de regarder le Vietnam en face? C'est tout le bréviaire de la colonisation qui est en accusation.  Des Oradour-sur-Glane l'Algérie en a connu, des milliers, les plus tragiques eurent justement lieu en mai- juin 1845 avec les tragiques et inexcusables 'enfumades'' du Dahra; des bouchers s'illustrèrent. Ils devinrent même maréchaux de France à l'instar de Saint Arnaud dont Victor Hugo a pu dire pour le décrire: «Il avait les états de service d'un chacal.»
    Du fait que ces faits sont imprescriptibles on se prend à rêver d'un tribunal qui rendrait justice aux morts et qui apporterait la paix aux vivants. Un tribunal à l'instar de ce que font les chasseurs de nazis, qui ont arrêté Klaus Barbie, fait condamner à 10 ans de prison le triste Maurice Papon qui eut une responsabilité dans la déportation des juifs.  Le même Papon qui ne fut pas jugé pour le massacre des Algériens quinze ans plus tard en tant que préfet de Paris le 17 octobre 1961 . Souvenons du fameux slogan : «  Avec Papon plus de ratons ».
    A quand  un tribunal qui jugerait même à titre posthume les Bigeard, les Achiary, les Bugeaud, tous les Aussarresses qui ont martyrisé l'Algérie. A quand un tribunal type Russel et, où sont les Klarsfeld algériens capables de poursuivre les criminels de guerre même si leur gouvernement les a absous?
    On pense que la révolution de 1954 a commencé en 1945, ceci pour conforter la phrase du boucher du Constantinois le général Duval: «Je vous ai donné pour dix ans.» La révolution de Novembre 1954 a commencé le 5 juillet 1830. En l'occurrence tout reste à faire pour l'apaisement qui passe par la reconnaissance de ces crimes contre l'humanité. Les Algériens sont moins intéressés par des dédommagements que par une reconnaissance  du fait que la colonisation  fut abjecte inhumaine  et qu’elle ne fut pas, loin s’en faut,  une œuvre positive
    Ces mots simples de Simone Veil résument mieux que mille discours la réalité et l’ignominie de la colonisation.  «Je n'oublierai jamais le moment où, pour la première fois, j'ai senti et compris la tragédie de la colonisation. [...] Depuis ce jour, j'ai honte de mon pays. Depuis ce jour, je ne peux pas rencontrer un Indochinois, un Algérien, un Marocain, sans avoir envie de lui demander pardon. Pardon pour toutes les douleurs, toutes les humiliations qu'on lui a fait souffrir, qu'on a fait souffrir à leur peuple. Car leur oppresseur, c'est l'Etat français, il le fait au nom de tous les Français, donc aussi, pour une petite part, en mon nom.»  Tout est dit.
     
     
    1. https://rebellyon.info/8-Mai-1945-Massacre-de-Setif

    2. http://www.slideshare.net/Lepointfr/setif

    3. Le 8 mai 1945 Encyclopédie Wikipédia

    4. http://www.forcesdz.com/forum/viewtopic.php?f=15&t=81

    5.     http://www.aps.dz/fr/algerie/5556-les-m... A9-juriste
     
    6. https://blogs.mediapart.fr/salah-guemriche/blog/060516/le-8-mai-1945-guelma-et-la-presse-francaise-de-lepoque

    7. http://www.legrandsoir.info/8-MAI-1945-L-horreur-coloniale-et-le-rituel-politicien.html

    8. http://www.lemonde.fr/politique/article/2013/09/04/oradour-sur-glane-poignee-de-main-symbolique-entre-hollande-et-gauck_3471143_823448.html
     
     
    Article de référence : http://www.lexpressiondz.com/chroniques/analyses_du_professeur_ chitour/241676-les-oradour-sur-glane-algeriens.html
     
    Professeur Chems Eddine Chitour
    Ecole Polytechnique enp-edu.dz
     
    SOURCE :  http://www.alterinfo.net/Pour-en-finir-avec-le-8-mai-1945-et-les-fours-crematoires-Les-Oradour-sur-Glane-algeriens_a122848.html#dAzqCX6mHla07Cs2.99

     

     


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    Rencontres avec les lycéens : on se parle,

    on s'écoute, on apprend les uns des autres

     

    Samedi 26 novembre 2016, par Michel Berthelemy pour la 4ACG

    Deux lycées de la région parisienne, deux publics différents, mais avec chacun d’eux un dialogue qui va droit au but, sans détours.

    Que ce soit à Longperrier (photo ci-dessous) ou à Chelles, les interrogations sont les mêmes et les questions ciblées : Ali, ancien officier de l’ALN, ainsi que Abdelati, fils de maquisard, seront interpellés sur la vie dans le maquis ; Christian, ancien réfractaire à la guerre, devra parler de ses années de prison pour désobéissance ; Jean-Marie, pied-noir rentré en métropole en 1962, expliquera sa position par rapport à l’indépendance ; et les deux ex-appelés, Stanislas et Michel, seront parfois embarrassés par des questions sur la torture ou leur vécu.

    "Nous ne sommes pas une association d'anciens combattants, nous nous définissons comme des anciens appelés de la guerre d'Algérie, souvent contre notre volonté"

    Cliquez sur l’image pour l’agrandir et ensuite +

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    Vingt-cinq élèves de terminale à Longperrier, en séance plénière durant une heure, puis répartis en quatre groupes l’heure suivante, accompagnés chacun par un intervenant. Une telle formule permet d’aller plus loin sur un ou deux thèmes choisis par les élèves, sans la pression de la classe entière et de l’enseignant. Les échanges sont alors plus personnels, plus directs. Les élèves auront été préparés depuis une quinzaine de jours par l’exposition de Pierre Verbraeken, présentée au CDI du lycée (que d’autres enseignants et élèves visiteront encore durant les deux semaines suivant notre rencontre).
     

    Extraits de réactions d’élèves :

    A Chelles, pour la seconde année consécutive, trois classes de terminale nous attendaient. Amphithéâtre chaleureux, malgré la panne de chauffage ! Accompagnant cette centaine d’élèves, leurs enseignants, d’autres professeurs venus en curieux, et le proviseur présents du début à la fin de la rencontre, échangeront même avec nous et les lycéens sur la guerre d’Algérie et la situation coloniale qui l’a générée. Rencontre qui se terminera, comme toutes les autres, par les interrogations plus personnelles de quelques élèves restés dans la salle après la sortie de leurs camarades.

    Encore une fois ici, nous avons apprécié la qualité de la préparation par les enseignants d’une telle rencontre. Merci à eux et à leurs élèves.


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    « Je meurs la tête droite

    et avec le sourire » :

    ce qu'écrivaient les fusillés

    de la Seconde Guerre mondiale

    avant leur exécution

     

    Ce fut le cas de Pierre Dubost

     

    Détail d'une affiche de propagande de l'occupant allemand contre les membres du groupe Manouchian, exécutés au Mont-Valérien le 21 février 1944.

    Rappelez-vous de cet article :

    http://www.micheldandelot1.com/des-cote-d-oriens-se-souviennent-des-dernieres-manifestations-interdit-a125595882

    Marcel Yanelli nous fait parvenir ce web-documentaire et son commentaire :

    " Bonjour mes amis,

    J’ai assisté, récemment, à la présentation, par les lycéens du Castel et leurs professeurs à l’excellent travail effectué sur l’histoire de Pierre Dubost, -frère de Jeanine Boulay, de Micheline Beuchot, de Simone Curot  et Arlette Bégrand-  fusillé à 18 ans par les nazis. Il avait fabriqué artisanalement des bombes dans son entreprise, sise dans l’enceinte qui est maintenant le lycée du Castel…

    De l’émotion, de l’apport à ce nécessaire travail de mémoire… Si vous prenez le  temps de regarder ce beau travail (les lycéens qui nous ont présenté leur travail avaient vraiment pris cette histoire de ce jeune communiste à cœur) il y a fort à parier que vous ne serez pas déçus… !

    Pachel

    Pour info 

    Les élèves du lycée du Castel qui ont fait un travail (comptant pour leur bac) sur Pierre Dubost (le frère de Jeanine Boulay) donnent la possibilité à toutes les personnes intéressées de pouvoir regarder leur travail réalisé sous la forme d'un Web documentaire (Mais il faudra patienter et vous habituer pour bien comprendre le déroulement de ce web-documentaire. Merci !)


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  • La Haute-Loire, source d'inspiration

     pour le romancier Albert Ducloz

    qui nous parle de deux de ses livres

    dont son témoignage sur la  guerre d'Algérie

    Parmi les auteurs régionaux, Albert Ducloz connaît un joli succès depuis quelques années. Il vit en Haute-Loire, département dont il utilise les spécificités comme décor de ses romans. Le dernier vient de paraître et il a pour titre : "Le Chant d'Aurore".

    La Haute-Loire, source d'inspiration   pour le romancier Albert Ducloz  qui nous parle de deux de ses livres dont son témoignage sur la  guerre d'Algérie

    © France 3 Auvergne Après une carrière de directeur d'établissement de soins, Albert Ducloz publie son dernier roman, "Le Chant d'Aurore"

    La trame du livre est basée sur un fait réel. Lorsqu'il était soldat en 1962 à Alger, suite à une fusillade, Albert Ducloz recueille une petite fille qui vient de perdre sa mère et qui ne sait pas où est son père. Il la confie à des religieuses qui vont envoyer la petite, prénommée Aurore, dans une famille d'accueil à Prades, en Haute-Loire. Voilà le point de départ du roman au cours duquel l'enfant va chercher à savoir si son père est encore vivant.
    Albert Ducloz est typiquement un romancier "de terroir".  Dans la plupart de ses livres (il en est au 17e), l'environnement tient toujours une place très importante. Il a utilisé divers lieux de Haute-Loire : Chanteuges, Saugues, la Margeride ou Prades pour
    "Le Chant d'Aurore". C'est en partie ce qui guide son écriture. Depuis 5 ans, l'Auvergnat est éditée par De Borée et connaît un certain succès, y compris hors de la région. C'est un auteur prolifique puisqu'il a deux nouvelles intrigues en attente de publication.

    SOURCE : http://france3-regions.francetvinfo.fr/auvergne/haute-loire/la-haute-loire-source-d-inspiration-pour-le-romancier-albert-ducloz-833959.html 

     


    Portrait du romancier auvergnat Albert Ducloz

    xxx

    Le témoignage d’Albert Ducloz

    Le témoignage d’Albert Ducloz

    Le témoignage d’Albert Ducloz

    Albert Ducloz, ancien appelé du contingent,  revient sur les raisons pour lesquelles il a décidé de témoigner ; il évoque également le cheminement complexe de sa mémoire.

    L'originalité de son parcours réside dans la confrontation entre ses souvenirs personnels et ses lettres d'appelés envoyées à ses parents entre 1960 et 1962 et qu'il redécouvre 40 ans après. 

     


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  •  Emmanuel Macron évoque des effets positifs

    de la colonisation de l'Algérie

    France : Emmanuel Macron évoque des effets positifs de la colonisation de l’Algérie ?

    Emmanuel Macron,  candidat à la présidentielle en France, évoque des effets positifs de la colonisation de l’Algérie. Un pan de l’histoire dans lequel « il y a eu des éléments de civilisation et des éléments de barbarie » d’après l’ancien ministre de l’Économie français, a-t-il dit dans un entretien au magazine Le Point, publié ce mercredi.

    Interrogé sur son idée d’un « Roman national » de la France, Emmanuel Macron estime que pour écrire cette histoire le pays doit revenir sur des passages « moins glorieux » de son passé.

    « Alors oui… en Algérie il y a eu la torture mais aussi l’émergence d’un État, de richesses, de classes moyennes, c’est la réalité de la colonisation. Il y a eu des éléments de civilisation et des éléments de barbarie », a répondu Emmanuel Macron, fondateur du mouvement En Marche.  

    Le candidat à la présidentielle française reconnait certes les exactions et la torture commises par la France coloniale mais estime que cet épisode a également permis de développer l’Algérie.

    Ces propos qui rappellent ceux de l’ancien premier ministre François Fillon, candidat à la primaire de la droite pour la présidentielle, qui, en septembre dernier, avait comparé la colonisation française à « un partage de culture ».

    La réflexion d’Emmanuel Macron a interpellé les internautes en France comme en Algérie, étonnés d’une telle réponse.

    SOURCE : http://www.tsa-algerie.com/20161123/france-emmanuel-macron-evoque-effets-positifs-de-colonisation-de-lalgerie/

     

    Algérie… Les aspects positifs du colonialisme parlons-en… Il est donc essentiel de dire ce que fut «  l’œuvre civilisatrice de la France dans les colonies ». Quelle hypocrisie ! Les défenseurs du colonialisme mettent au compte de la colonisation, le développement des infrastructures : routes, ponts, ports, villes. Mais ils ne posent pas la question : au profit de qui ? alors, oui M. Macron, vous qui avez fait partie d’un gouvernement qui s’est dit de gauche ? » parlons-en …  

      bd de france

    Pendant plus de trois siècles l’État français s’est employé, sous des prétextes divers, à conquérir de nouveaux territoires sur tous les continents. Au début du XXe siècle, la France régnait sur un véritable empire. Aujourd’hui il ne reste de cet empire colonial que des souvenirs que certains, nostalgiques d’une prétendue grandeur, voudraient faire revivre. A les entendre évoquer le dévouement des colons, la noblesse des militaires, l’humanité des religieux, tous au service de « l’œuvre civilisatrice de la France, pays des droits de l’homme », on pourrait croire que l’entreprise colonisatrice française fut une entreprise désintéressée, exclusivement à but humanitaire.

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    Soucieux de s’attirer les bonnes grâces de ce public, le gouvernement a, le 23 février 2005, publié une loi qui exprime la reconnaissance de la nation « aux hommes et aux femmes qui ont participé à l’œuvre accomplie par la France dans les anciens départements d’Algérie... ». Pourtant, malgré ce que cette loi unilatérale voudrait nous faire croire, la colonisation ne s’est pas faite dans un but philanthropique. Cécil Rhodes, véritable prophète anglais du colonialisme, affirmait crûment : « Nous devons trouver de nouvelles terres où nous procurer facilement des matières premières et exploiter en même temps la main-d’œuvre servile à bon marché fournie par les indigènes ».

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    En résumé, l’entreprise coloniale n’a eu pour objectifs que la conquête de nouveaux territoires afin d’exploiter leurs richesse naturelles, dominer les populations au besoin par la force, créer de nouveaux débouchés pour les industries du pays colonisateur et résoudre partiellement la question sociale (les territoires conquis devenant des lieux de bannissement pour les exclus, révoltés...). En niant ces faits historiques, en affirmant uniquement les aspects positifs de la colonisation, les promoteurs de cette loi se comportent comme les défenseurs du colonialisme au XIXe siècle. Ainsi, lors des débats à la Chambre des députés les 28 et 30 juillet 1885, le ministre Jules Ferry déclara : « Il y a un second point, un second ordre d’idée que je dois aborder, c’est le côté humanitaire et civilisateur de la question (…) Il faut dire ouvertement qu’en effet, les races supérieures ont un droit vis-à-vis des races inférieures (murmures). Je répète qu’il y a pour les races supérieures un droit parce qu’il y a un devoir pour elles ; elles ont le devoir de civiliser les races inférieures ». Remarquons que, en prétendant donner à la colonisation de nobles objectifs, le père de l’instruction publique française, défenseur acharné du colonialisme, par ailleurs auteur de la formule « Les droits de l’homme n’ont pas été écrits pour les nègres d’Afrique Equatoriale », affichait ouvertement son racisme.

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    Parmi toutes les colonies françaises, l’Algérie fut certainement la plus importante, celle où vinrent s’installer le plus grand nombre de colons, celle qui bénéficia de la plus grande attention de la part du pouvoir. La conquête (de juillet 1830 à 1857) fut d’une sauvagerie extrême : exécutions sommaires, destructions de villages, tortures, enfumages. Le lieutenant-colonel de Montagnac écrit ainsi le 15 mars 1843 : « Toutes les populations qui n’acceptent pas nos conditions doivent être rasées. Tout doit être pris, saccagé sans distinction d’âge ni de sexe : l’herbe ne doit plus pousser ou l’armée française a mis le pied... ». Selon les historiens, presque 30% de la population périt dans cette période des conséquences directes ou indirectes de la guerre. Par la suite, de nombreuses révoltes, aussi sauvagement réprimées, émaillèrent l’histoire de l’Algérie coloniale.

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    Les défenseurs du colonialisme mettent au compte de la colonisation, le développement des infrastructures : routes, ponts, ports, villes. Mais ils ne posent pas la question : au profit de qui ?

    Car en fait, deux populations vivaient en Algérie, d’un côté la population algérienne (90% du total) dont le statut était strictement défini par le code raciste de l’indigène (un indigène n’était pas citoyen français et il lui était quasiment impossible de le devenir), de l’autre la population des colons, d’origine européenne (après 1881, n’importe quel européen émigrant en Algérie acquérait automatiquement la citoyenneté française). La quasi totalité des richesses, l’industrie, les mines, les banques, les commerces appartenaient aux colons qui constituaient moins de 10% de la population. Dans l’agriculture, 3% de la population possédait plus de 30% des terres ; les meilleures.

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    Autre point mis en avant par les défenseurs du colonialisme : l’œuvre éducatrice de la France. Laissons parler les chiffres. En 1956, cent ans après la fin de la guerre de colonisation ; 85% de la population algérienne était analphabète. Au total, à peine 500 instituteurs d’origine algérienne furent formés en 130 ans de colonisation ! Dans son ouvrage « La nuit coloniale », Ferhat Abbas, ancien président du GPRA écrit : « Nous étions en 1956, une vingtaine de pharmaciens, 75 médecins, 400 instituteurs, 3 ingénieurs ». Sur les 5 500 étudiants inscrits à l’université algérienne, on comptait environ 500 étudiants algériens (pour 8 millions d’habitants) et 5 000 étudiants européens (pour un peu plus d’un million d’habitants). En 1954, il y avait un étudiant pour 15 842 « indigènes » et un étudiant pour 227 européens. Soit plus qu’en métropole où le ratio était d’un étudiant pour 300 habitants. Ces chiffres parlent mieux que de longs discours et disent la vraie nature de la société coloniale.

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    Aujourd’hui, dans une véritable entreprise révisionniste, des politiciens habiles n’hésitent pas à falsifier la vérité historique pour flatter leurs électeurs, créer des haines parmi les exploités, les opposer les uns aux autres. Il est donc essentiel de dire ce que fut « l’œuvre civilisatrice de la France dans les colonies ».


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  •  Raconte-moi ton Algérie ROGER MABIRE :

     

    " J'ai laissé mon fils, il avait un mois "

     

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    Plus de 1,3 million d’appelés ou rappelés du contingent ont passé de 6 à 36 mois en Algérie entre 1956 et 1962. Parmi eux, de nombreux agriculteurs (ou futurs agriculteurs). Roger Mabire, agriculteur retraité à Les Moitiers d’Allonne (50), se souvient.

    Le 1er novembre 1954, le FLN (Front de Libération Nationale) engage l’insurrection et les hostilités en Algérie.

    Une trentaine d’attentats sont commis dont une dizaine de bombes qui explosent dans les rues d’Alger. Bilan : 10 morts.

    François Mitterrand, ministre de l’Intérieur, déclare alors : “des Flandres au Congo, il y a la loi, une seule nation, un seul parlement (...). L’Algérie, c’est la France et qui d’entre nous hésiterait à employer tous les moyens pour préserver la France ?”
    Mais cette “Toussaint rouge”, comme on l’a baptisée, ne fait guère causer dans les rues de Paris et encore moins dans les campagnes de France. Roger Mabire a d’autres chats à fouetter. A 22 ans et après avoir passé 18 mois au 3e Hussard d’Alençon (61), il est ce jour-là en permission libérable. Il rentre à Les Moutiers d’Allonne, dans le nord Cotentin (50), pour y exercer définitivement son métier d’agriculteur. Pour lui, ça en est fini des obligations militaires. Enfin le croit-il !

     

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    Un mois après le baptême

    Il se marie le 23 avril 1955 avec Madeleine. Voyage de noces à Lourdes (65) et devient papa l’année suivante. Mais lors du baptême de son fils, le 14 mars 1956, Roger n’a pas l’esprit à la fête. Les opérations de pacification en Algérie mobilisent désormais les rappelés. “Il m’aurait fallu deux enfants pour y échapper”, lâche-t-il. Le 17 avril, il reçoit des mains de la gendarmerie son ordre de mobilisation. “Ma femme était inquiète mais je n’ai jamais pensé que je pouvais rester là-bas”, se souvient-il.

    Il part le 19 en direction de Fontenay-le-Comte (85) mais ne débarquera en Algérie, après avoir revu sa femme et son fils une dernière fois à la faveur d’une permission, que le 3 mai.
    Au sein du 3e Bataillon du 117e Régiment d’infanterie, Roger Mabire est chargé, à bord de son half-track avec bazooka à portée de main, d’ouvrir la route. “Mes copains ont pas mal marché, pas moi” s’amuse-t-il du coin des lèvres. Un sourire tout relatif. “On savait ce qu’on risquait quand on traversait les Gorges de la Chiffa”. Et si Roger n’a jamais sauté sur une mine, le 117e d’infanterie a déploré 74 morts dans ses rangs.


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    14 tentes bien alignées pour 14 cercueils

    Chaque convoyage, c’était un half-track à l’avant, un à l’arrière et deux GMC au milieu.

    Au cours de l’un d’eux, à l’occasion d’une pause, un de ses camarades va avoir la curiosité de soulever la bâche du camion qu’ils escortent. A l’intérieur, stupeur : 14 cercueils destinés à 14 compagnons tués la veille. Au point d’arrivée, 14 toiles de tente parfaitement alignées attendaient leur livraison. “Nous n’étions pas très bavards dans ces moments-là”, avoue-t-il. Roger a perdu des amis dont “un gars avec qui j’avais fait mon service militaire à Alençon. C’est lui qui m’avait appris à conduire”. Tué, surpris par un fellagha. Pourtant Roger ne se plaint pas. “Au cantonnement, on était tranquille. On couchait à une trentaine par guitoune. Et, quand on partait en opération dans le bled pour trouver des suspects, mes copains crapahutaient pendant que je les attendais au volant de mon engin”. Accompagnés par la gendarmerie qui connaissait bien le terrain, ils faisaient bien souvent chou blanc. “On ne voyait pas beaucoup d’hommes, ou alors, d’un certain âge”. Des hommes perchés sur des ânes pendant que les femmes, nus pieds, portaient derrière de lourdes charges. “Je n’ai jamais vu le visage d’une femme arabe à découvert”, précise-t-il en aparté.



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    Avec Madeleine, on s’écrivait tous les jours

    Mais ça en est une autre qui va constituer le fil rouge de cette tranche de vie, Madeleine, sa femme. Il va lui écrire tous les jours au point de se faire “chambrer” par ses camarades. Elle va lui répondre autant que possible. Il va la retrouver le 29 octobre. “Je revois encore le petit, dans les bras de sa maman, venu m’accueillir sur le quai de la gare de Valognes. Un très grand moment d’émotion”. Serrant très fort dans ses mains le porte-feuille qu’il a acheté là-bas, Roger ne retient pas la larme qui coule sur sa joue. Madeleine n’est plus là pour l’accompagner tous les 2 ans à Lourdes. Un pèlerinage où communient, autour de leurs secrets et souvenirs communs, des milliers d’anciens d’AFN (Afrique Française du Nord).

     

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    Plus de 60 ans après, quel regard Roger jette-t-il sur cette guerre qui a mis autant de temps à dire son nom ?

     

    “L’Algérie française, ce n’était pas mon problème. Je me demande encore ce qu’on est allé faire là-bas. De la protection ? On protégeait surtout les intérêts des colons. Des colons qui ne faisaient rien pour encourager les arabes à travailler !” Et de conclure : “pourquoi le Maroc et la Tunisie ont-ils obtenu leur indépendance sans heurts et pas l’Algérie ? Je me pose toujours la question”. La réponse est peut-être dans la “France qui n’a pas de pétrole mais qui a des idées”.


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  • Paul Tourenne: le dernier des Frères Jacques est mort : c'était toute notre enfance et adolescence

    Les Frères Jacques ont fait rire le public durant presque un demi siècle. Le dernier d'entre eux, Pierre Touraine (au premier plan en bleu) vient de nous quitter à l'âge de 93 ans. Crédit photo : Rue des Archives

    Paul Tourenne: le dernier des Frères Jacques est mort

    Le dernier membre du célèbre quatuor Les Frères Jacques, Paul Tourenne, est mort dans la nuit de samedi à ce dimanche "de vieillesse" selon sa famille. Il avait 93 ans. 

     Paul Tourenne: le dernier des Frères Jacques est mort : c'était toute notre enfance et adolescence

    Les Frères Jacques s'étaient fait connaître au lendemain de la Seconde guerre mondiale en alliant chanson et comédie. ©AFP

    Paul Tourenne, le dernier survivant du célèbre quatuor vocal Les Frères Jacques, est mort dans la nuit de samedi à ce dimanche 20 novembre 2016, à Montréal où il résidait depuis une dizaine d'années, a annoncé dimanche son fils à l'AFP. "Mon père est mort. Il avait 93 ans", a indiqué son fils Robin, joint par téléphone.

    Paul Tourenne, également photographe, vivait à Montréal au Québec depuis une dizaine d'années. "Il est mort de vieillesse, son cœur a lâché", a dit son fils qui a salué "la carrière magnifique" de son père.

    Le quatuor s'était formé à la fin de la Seconde guerre mondiale. Il comptait deux véritables frères (André et Georges Bellec) et deux faux (François Soubeyran et Paul Tourenne). Le nom Frères Jacques était né de l'expression "Faire le Jacques"(faire l'imbécile).

    Les Frères Jacques alliaient chanson et comédie. Leur tenue de scène, collants noirs, justaucorps de couleurs différentes (vert pour André Bellec, jaune pour Georges, rouge pour François Soubeyran, bleu pour Paul Tourenne), gants et chapeaux haut-de-forme, a grandement contribué à leur notoriété.

    Ils avaient remporté le Grand Prix du Disque en 1950, avec la chanson L'Inventaire. A leur répertoire, il y avait Boris Vian mais aussi des chansons paillardes ou des parodies de musique classique (La Truite, de Franz Schubert).

    En 1976, ils donnent leur 7.000ème récital. Trois ans plus tard, ils entament une tournée d'adieux qui s'achèvera en 1983. François Soubeyran est mort le 21 octobre 2002, André Bellec est décédé le 3 octobre 2008 et son frère Georges s'est éteint le 13 décembre 2012.

    SOURCE : http://www.francesoir.fr/culture-medias/paul-tourenne-le-dernier-des-freres-jacques-est-mort

     


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  • Algérie du possible de Viviane Candas

     en salles le 7 décembre 2016

    Algérie du possible, la révolution  d’Yves Mathieu

    Algérie du possible, la révolution

     d’Yves Mathieu

    « C’est un panorama passionnant, plein de fièvres et de doutes, sur la guerre et l’après-guerre d’Algérie que bien peu de Français (et d’Algériens) connaissent, un hommage émouvant à un homme qui a donné sa vie pour ce pays…Il est essentiel à la connaissance de l’histoire de l’Algérie contemporaine. »

    Benjamin STORA 

    En rencontrant ses anciens compagnons de combat, le film suit le parcours d’Yves MATHIEU, né à Annaba, anticolonialiste en Afrique Noire puis avocat du FLN.
    À l’Indépendance de l’Algérie, il rédige les Décrets de Mars sur les biens vacants et l’autogestion, promulgués en 1963 par Ahmed BEN BELLA.
    La vie d’Yves MATHIEU est rythmée par ses engagements dans une Algérie qu’on appelait alors « Le Phare du Tiers Monde ». La réalisatrice, qui est sa fille, revient sur les conditions de son décès en 1966.

    Biographie de  Viviane Cadas la fille d’Yves Mathieu

    Algérie du possible, la révolution  d’Yves Mathieu

    Viviane Candas étudie l’art à Aix et le théâtre à Paris, puis réalise des films, portraits, documentaires ou expérimentaux, avant sa rencontre avec Paulo Branco qui produit ses premiers longs métrages de fiction.

    En 1995, elle réalise un moyen métrage sur la naissance du cubisme, L’Estaque ou Cézanne, la voie de la modernité. En 2003, le thème du désir anime Les Baigneuses, on le retrouve mûri en 2007 dans Suzanne, alors que Le Voile brûlé, en 2013, explore la violence qu’il provoque.

    Elle a publié deux romans et touché au théâtre, mais le cinéma reste sa pratique artistique privilégiée.

    En 2015, elle achève Algérie du possible, la révolution d’Yves Mathieu, sur son père.

    Algérie du possible, la révolution  d’Yves Mathieu

     Algérie du possible, la révolution  d’Yves Mathieu

    L'Association des Pieds Noirs Progressistes communique :

    « L’Algérie du possible », un film à ne pas rater

    « Ce film est un panorama passionnant sur la guerre et l’après-guerre d’Algérie, un hommage émouvant à un homme qui a donné sa vie pour ce pays. Il est essentiel à la connaissance de l’Algérie contemporaine. » (Benjamin Stora)

    L’homme, c’est Yves Mathieu, pied-noir anticolonialiste engagé dans le FLN, avocat puis conseiller de Ahmed Ben Bella à l’indépendance. La réalisatrice, Viviane Candas sa fille, revient sur son parcours militant et sur les conditions de son décès en 1966.
    Avant de sortir en salle le 7 décembre, le film a été donné en avant-première à Alger et le sera bientôt à Marseille, dans le cadre des 4èmes Rencontres Internationales des Cinémas Arabes de Marseille (AFLAM):

    Jeudi 1er décembre à 20h à La Villa Méditerranée (en face du MUCEM)

    La projection sera suivie d’un débat présenté par Akram Belkaïd (Le Quotidien d’Oran, Le Monde Diplomatique), en présence de la réalisatrice.

    La bande annonce du film :
    https://www.youtube.com/watch?v=YM9WwTLyXF0&feature=youtu.be

    Le dossier de presse : 

    https://drive.google.com/file/d/0B9bwu3J0bFYSczlmOHlTZlJscGc/view


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  • Comme l’a écrit Henri POUILLOT dans sa lettre ouverte au ministre de la Défense Jean-Yves LE DRIAN, avec ce titre « Hommage à répétition au tortionnaire Marcel Bigeard » que vous pourrez vous remémorer en cliquant sur le lien ci-dessous, voici en complément un article du quotidien Slate Afrique paru en 2012. " Le 26 novembre prochain, la "Fondation Général Bigeard" annonce que vous allez patronner, es-qualité de Ministre de la Défense, un colloque à l’Ecole militaire pour rendre de nouveau un hommage officiel à ce tortionnaire. Quel déshonneur, quelle honte, pour la France !!!" a écrit Henri Pouillot.

    http://www.micheldandelot1.com/hommages-a-repetition-au-tortionnaire-marcel-bigeard-lettre-ouverte-d--a127320366

    Marcel Bigeard, le militaire tortionnaire vu comme un résistant

    Colonel Marcel Bigeard le 7 août 1958 à l'aéroport d'Orly. UPI / AFP

    A gauche comme à droite, l'histoire va dans le même sens. Le militaire Marcel Bigeard, honoré et glorifié, est passé de colonel colonisateur en Indochine et d'officier tortionnaire en Algérie au statut de résistant, d'après les propos du ministre français de la Défense.

    Près de deux ans après sa mort, le général 4 étoiles Bigeard, «héros» des guerres coloniales, a été entreposé au mémorial des guerres d'Indochine de Fréjus en grandes pompes par Jean Yves Le Drian, ministre socialiste de la Défense.

    Initialement annoncé au Panthéon de Paris, le général controversé aura fini dans le Midi, là où tout est possible. Dans un entretien donné au journal Corse-matin (mais pourquoi la Corse?), le ministre, accessoirement agrégé d'histoire contemporaine, y décrit  le général comme «une figure emblématique de notre histoire militaire (…), il s'est particulièrement illustré comme résistant et comme soldat en Indochine.»

    Bigeard, un résistant ?

    Mais qu'est-ce qu'un résistant, en français? Il y a plusieurs définitions, au delà du sens basique de «participe présent du verbe résister.» Il y a «solide, robuste», ce qui est probablement le sens choisi par le ministre de la Défense, mais aussi, lié au sens historique français, «qui s'oppose à l'action d'un agent extérieur», ou mieux, «qui s'oppose à l'occupation d'un territoire par l'ennemi.»

    Quand le ministre dit «résistant et soldat en Indochine», on pourrait comprendre que l'Indochine avait envahi la France et qu'il fallait la sortir de là. A moins qu'il ne parle du résistant Bigeard contre l'Allemagne, et du soldat Bigeard, contre l'Indochine.

    La France aurait-elle fait trop de guerres au point de tout mélanger?

    La maudite cuvette

    Diên Biên Phu, du nom de la cuvette d'Indochine où l'empire du soldat Bigeard est tombé, est-elle une victoire française ou vietnamienne? D'après le ministre, qui la qualifie de «maudite cuvette du Nord Vietnam» pour situer l'action du colonel Bigeard (il est devenu général plus tard, en France), on pourrait penser que la bataille fut rude mais juste, et que si le Vietnam en est sorti vainqueur, il n'aurait pas dû.

    Du coup, on ne sait plus qui a gagné cette guerre, pourquoi a-t-elle eu lieu et qui sont ces Vietnamiens d'Indochine, si loin de l'Histoire? En tout état de cause, l'histoire de la guerre d'Indochine aura fini dans une maudite cuvette, mais pas comme le général Bigeard, ré-inhumé dans une cérémonie de grande ampleur que le ministre Jean Yves Le Drian défend ainsi:

    «En faisant ce geste, je ne cherche nullement à masquer ce qui s'est passé en Algérie.»  

    Alors Vietnam et Algérie, pas le même combat? Pour le général Bigeard, qui a cassé du résistant (au sens «qui s'oppose à l'occupation d'un territoire par l'ennemi») sans faire de distinction entre Algériens et Vietnamiens, une nuance s'impose selon le ministre de la Défense.

    Et pour cause, à la veille de la visite de François Hollande à Alger et au lendemain de la guerre des bras d'honneur, il faut aller doucement.

    Les «psychanalyste EDF»

    Après la cuvette maudite de Diên Biên Phu, c'est à Alger, que le colonel Bigeard s'est illustré, délaissant les jungles tropicales du Vietnam pour se concentrer sur les jungles urbaines de la Casbah.

    Sous les ordres du général Massu, à qui carte blanche a été donnée en dehors de toute voie légale, il aura trouvé le moyen de faire parler les Algériens (qui, c'est connu, parlent français, contrairement aux Vietnamiens).

    Utiliser le supplice raffiné de «la Baignoire» (on ne sort pas indemne d'une cuvette) mais surtout de la «gégène» pour torturer à l'électricité les résistants (là aussi, au sens français historique, «qui s'oppose à l'occupation d'un territoire par l'ennemi»).

    Durant toute la bataille d'Alger (janvier 1957), le colonel Bigeard a exercé massivement ses talents de psychanalyste EDF qui sait faire parler (le sérum de vérité n'existait pas encore) pour obtenir le maximum d'informations sous la torture.

    «Il était aimé et respecté de ses hommes», rappelle encore le ministre de la Défense, zappant du coup tous ces jeunes appelés du contingent, écœurés par ces méthodes, jusqu'à d'autres officiers comme le général Jacques Pâris de Bollardière (qui a également fait l'Indochine) demandant officiellement en mars 1957 à être relevé de ses fonctions, pour marquer son refus de la torture.

    Il n'a pas eu droit à un mémorial, mais à un carrefour à Paris, baptisé en son nom.

    Les crevettes Bigeard 

    Si les Vietnamiens raffolent des crevettes (surtout surgelées), les Algériens ont un mauvais rapport avec ces étranges bestioles nécrophages. Contrairement au ministre Le Drian, on ne saura pas ce que l'histoire retiendra vraiment de Marcel Bigeard mais au moins une expression lui est restée collée à la peau, «les crevettes Bigeard», du nom de ces civils morts sous la torture dans les locaux du colonel et qu'il fallait bien jeter après utilisation.

    Par hélicoptère, l'illustre résistant les jetait à la mer, ce qui a donné lieu à cette expression tristement célèbre. C'est donc une question de définitions, et le ministre français a bien usé de la langue pour nuancer ses propos et tenter de s'extirper de ce terrible piège de la mémoire.

    Algériens et Vietnamiens, alliés ou ennemis?

    Le général Bigeard n'a pas fini dans la mer, mangé par des crevettes, mais dans un mémorial. Une nouvelle page d'histoire s'ouvre désormais entre l'Algérie et le Vietnam, d'autant que pendant la bataille décisive de Diên Biên Phu, quelques Algériens bien obligés combattaient aux côtés des Français et que cette année, 1954, a permis à l'Algérie de lancer son combat définitif contre l'occupation, avec cet argument : si les Vietnamiens ont pu vaincre la France, on peut le faire.

    Algériens et Vietnamiens, alliés ou ennemis? Le conflit naissant, déclenché par le ministre français de la Défense, départage les deux aventures entre le nécessaire et l'inutile, la colonisation différentielle et l'idée absurde que ce qui est bon pour le Vietnam ne serait pas bon pour l'Algérie.

    On connaît la réaction des Algériens, on attend celle des Vietnamiens.

    Chawki Amari

    SOURCE : http://www.slateafrique.com/98623/bigeard-algerie-guerre-memorial-algerie-francaise 

     


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  • Paroles ♪ Statues Sans Cœur ♪ de Claude François ! Oui mais celle-ci n’est pas en pierre !!! 

    [Refrain] :
    Des statues sans cœur
    Et des pierres sans âme
    Jouant tous un rôle
    Dans la vie de tous les jours
    Des statues sans cœur
    Et des pierres sans âme
    C'est ce que nous serons
    Si nous laissons fuir l'amour

    Tout va vite
    Les gens courent et s'agitent
    On n'a même plus le temps de se voir
    On vit ensemble sans rien se dire
    On ne voit pas ses enfants grandir
    Toi que j'aime, reste toujours la même
    Garde l'innocence au fond des yeux
    Il est temps encore de réagir
    Si un jour qu'allons nous devenir

    [Refrain]

    Des statues sans cœur
    Et des pierres sans âme
    Jouant tous un rôle
    Dans le mensonge de tous les jours
    Des statues sans cœur
    Et des pierres sans âme
    C'est ce que nous serons
    Si nous laissons fuir l'amour


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  • En annonçant qu’il supprimera

     la commémoration officielle 

     du 19 mars 1962 

    s'il est élu président de la République

      Sarkozy a été vu dans certains

    de ces lieux de Perpignan

     Les nostalgiques de l'Algérie française

    ont leur centre de mémoire depuis 2012

     

    Pour tous les anticolonialistes

     Ce n’est que " le Musée de l'OAS "

       Le-Musee-de-l-OAS-sera-loge-a-l-ancien-Couvent-de-Sainte.jpg

    Ce Musée de l'OAS a ouvert ses portes en 2012, après un colloque de lancement sur le thème “Exils croisés en Catalogne du nord”, qui s’est tenu en février 2011. Le Musée de l'organisation terroriste et criminelle occupe une salle de 300 m2 , au rez-de-chaussée de l'aile réhabilitée de l'ancien Couvent de Sainte-Claire.

    La majorité du conseil municipal de Perpignan a validé, le 16 septembre 2010, la création d'un Centre de documentation des Français d'Algérie : Laboratoire de pensée sur les exils, qui a ouvert ses portes en 2012, sur fond d'interjections et d'exclamations de la part des opposants qui disent non... au Musée de l'OAS. Ce n'est pas une surprise puisque la majorité de ce conseil municipal est nostalgique du colonialisme, nostalgique de l'Algérie française, Perpignan est l'une des villes françaises où l'on fait le plus l'apologie de l'OAS, cette organisation terroriste et criminelle, où l'on honore des condamnés à morts et fusillés... la honte en quelque sorte... voyons donc ce qui se passe à Perpignan, qui est pourtant une belle ville mais qui est salie pour tous ces revanchards souvent proche d'un parti politique xénophobe et raciste.

     

    Au cimetière

    La stèle de la Honte

     

    Au bout de la grande allée qui mène sur la place centrale, ronde du Cimetière du "Haut Vernet", il y a la Stèle de la Honte, et 2 autres cénotaphes utilisant des souvenirs douloureux pour donner une vision déformante de l’histoire revue par le regard déformant de l’OAS, en utilisant des souvenirs douloureux : ils donnent une vision déformante, révisionniste de l’histoire la Guerre d’Algérie. Cette symbolique, de commémoration, avec cet éclairage, des drames de la Guerre d’Algérie démontre un négationnisme de l’Histoire et une mise en cause outrageante des valeurs de la République, cautionné par la municipalité.

     La-stele-de-la-honte.jpg

     

     C’est la copie conforme de celle-ci qui avait été érigée à Marignane, mais n’a pu être inaugurée, et a été retirée de l’espace public.

     

    Détails de cette stèle

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    Aux Combattants de l’Algérie Française avec le nom des 4 "héros", ceux qui ont été condamnés à mort et fusillés pour leur rôle de tueurs au sein de l’OAS.

     

    Les autres stèles du Cimetière du Haut Vernet

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     Cette stèle sur cette place centrale du cimetière est dédiée aux supplétifs

     

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    Imposante cette  stèle aux rapatriés, avec cette épitaphe : "Le vrai tombeau des morts, c’est le cœur des vivants", elle veut commémorer, en particulier les évènements des 26 mars 1962 (Rue d’Isly à Alger) et 5 juillet 1962 à Oran où l’OAS a une responsabilité essentielle dans le déclenchement de ces incidents tragiques : Son seul objectif était de tenter remettre en cause les accords d’Evian.

     

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       Et, à l’entrée du Cimetière, cette stèle aux disparus d’Algérie

     

    Le Mur des disparus

     

     

    Le Mémorial  du Mur des disparus se trouve dans l’enceinte du Couvent Sainte-Claire. En octobre 2004, un olivier avait été planté à Perpignan à la mémoire des disparus et promesse avait été faite d’ériger dans la ville le "Mémorial des Disparus d’Algérie" où seraient inscrits les noms de toutes les personnes disparues entre 1954 et 1963, et ce en liaison avec le Cercle Algérianiste des Pyrénées Orientales.

     

    Le Centre de documentation des Français d'Algérie

    La dernière honte pour Perpignan

    cette belle ville qui ne mérite pas

     cette nouvelle salissure

    " Le Musée de l'OAS "

     a donc ouvert ses portes en 2012 

     

    Un collectif qui regroupait déjà au 1er juin 2007 : 41 organisations  tant locales que régionales et nationales s’est toujours opposé aux objectifs poursuivis dans cette orientation. Il n’est pas concevable de ne considérer dans la commémoration des mémoires que les victimes "pieds noirs", victimes simplement parce qu’elles défendaient une idée de "l’Algérie Française". Beaucoup sont mortes parce l’OAS refusait la paix en Algérie, telle que l’immense majorité des peuples français et algériens avaient ratifiés les accords d’Evian. L’OAS a une terrible responsabilité dans les "répressions" des 26 mars 1962 à Alger et 5 juillet 1962 à Oran. Que ce soient ceux qui sont, pour l’essentiel, responsables du déclenchement de ces incidents qui ont fait couler ce sang à cette époque, et qui aujourd’hui se posent en victimes et utilisent la peine de familles durement touchées alors, est une imposture.

    On ne peut commémorer une seule catégorie de victimes. Les responsables de l’ADIMAD-OAS (dont plus des 3/4 sont d’anciens terroristes de cette organisation condamnés pour leurs activités séditieuses) et les responsables des autres organisations qui militent sur les mêmes bases idéologiques semblent oublier les milliers de victimes (civiles ou militaires, fonctionnaires en services ou simplement Algériens, intellectuels ou militants s’opposant à ces menées factieuses...) tuées lors d’attentats aveugles ou assassinées de façon très ciblée. Ils osent "honorer", avec la complicité d’élus de la République, les tueurs qui ont assassiné ceux qui défendaient les valeurs de notre République.

     Ce musée se veut être une "défense de la présence française", euphémisme, pour ne pas dire apologie du colonialisme, générateur, en particulier en Algérie, de crimes contre l’Humanité commis au nom de la France et que les plus hautes autorités n’ont toujours pas condamnés.

    Et maintenant regardez bien, écoutez bien la vidéo ci-dessous, réfléchissez bien aux paroles de la grande résistante qu'était Lucie Aubrac : en s'adressant aux élèves d'un lycée, elle dit, après avoir expliqué ce que représentait l'étoile de David pour les Juifs obligés de porter cette étoile de couleur jaune  pendant la seconde guerre mondiale " si le fascisme venait à triompher en France, imaginez que l'on oblige vos petits copains ou copines qui sont nés en Algérie, en Tunisie, au Maroc, à porter le croissant " ou, encore, Lucie Aubrac montrant une photo de tombes musulmanes prises en décembre 1944 dans un cimetière français " cela veut dire qu'il y a des musulmans qui se sont engagés dans la résistance, dans l'armée française pour essayer de vaincre le racisme d'Hitler, pour la même cause que nous tous : la Liberté " 

       

     

     


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  • Hervé Bourges : "Il est tout à fait normal

    que le 19 mars 1962 soit commémoré"

    Hervé Bourges : "Il est tout à fait normal que le 19 mars 1962 soit commémoré"

    Hervé Bourges : "Il est tout à fait normal que le 19 mars 1962 soit commémoré"

    GUERRE D'ALGÉRIE - Hervé Bourges, ancien conseiller du président algérien Ben Bella, a fustigé la récupération politique autour des commémorations du 19 mars 1962.

    INTERVIEW -

    Cette année 2016 avec la commémoration du 19 mars 1962 sous la présidence de François Hollande qui a été le premier président de la République à commémorer les victimes de la guerre d'Algérie un 19 mars, en faisant un discours au Quai Branly n'a pas été "digéré" par la droite et l'extrême droite. Une date qui ne doit rien au hasard : il y a 54 ans, le 19 mars 1962, le cessez-le-feu promis par les accords d'Evian entrait en vigueur. Et signait le début d'un processus de paix, à défaut de l'arrêt immédiat de la guerre.

    Polémique. Le fait que de nombreuses violences aient continué après cette date, avec notamment les exactions commises contre les harkis, des attentats et le retour souvent difficile des Pieds-Noirs en France, a conduit de nombreuses voix à s'élever contre la décision de François Hollande de commémorer la guerre d'Algérie à ce moment-là. Parmi elles, certaines associations d'anciens combattants et de harkis, mais aussi ces Français rapatriés ou leurs descendants. "Que cela puisse choquer des consciences, je veux bien le croire", a déclaré Hervé Bourges, vendredi sur Europe 1. Mais pour celui qui a été militaire en 1958 puis conseiller du premier président algérien après l'indépendance, Ben Bella, "il est tout à fait normal que ce soit ce jour-là qui soit commémoré".

    Récupération politique. En effet, Hervé Bourges a souligné que le 19 mars 1962 signait le début d'un processus de paix après des années de guerre. "Même si, je le reconnais bien volontiers, il y a eu le lendemain de l'indépendance, comme dans toutes les guerres révolutionnaires, des choses inadmissibles." Dès lors, celui qui a également été président du Conseil supérieur de l'audiovisuel entre 1995 et 2001 juge "scandaleux" que certains "utilisent [cette polémique] à des fins politiques". Un tacle à peine voilé à Nicolas Sarkozy, qui avait signé dans Le Figaro une tribune fustigeant le choix de François Hollande de tenir des commémorations le 19 mars.

    Une date importante. Pour Hervé Bourges, "il est important que cette date soit marquée". Et si l'actuel chef de l'Etat est le premier président à le faire, Jacques Chirac ayant préféré, par exemple, tenir des cérémonies le 5 décembre, sans lien aucun avec les événements de l'époque, c'est que les prédécesseurs du socialiste "ont eu peur des lobbys". 

    SOURCE : http://www.europe1.fr/societe/herve-bourges-il-est-tout-a-fait-normal-que-le-19-mars-1962-soit-commemore-2696467

     



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  • "Pour la justice, il est urgent que les tirailleurs sénégalais deviennent français"

    A Bondy, une trentaine de tirailleurs sénégalais, soldats pour la France, ont fait une demande de naturalisation mais se heurtent aux difficultés administratives. Une élue de Bondy a lancé une pétition et les aide pour ce dernier combat. Récit.

    C’est dans un nouveau foyer Adoma de Bondy que six anciens tirailleurs sénégalais me reçoivent. L’endroit est nettement plus agréable que l’ancien foyer Sonacotra qu’ils ont quitté. Les odeurs de cuisine et la vétusté du lieu en faisaient un endroit pas très agréable à vivre. Aujourd’hui, il y a de la lumière dans les chambres neuves et des plaques à induction dans le coin cuisine. “C’est un travail mené avec la maire de Bondy, affirme Aïssata Seck, maire-adjointe. On a insisté auprès du foyer Adoma pour qu’ils soient tous logés au même étage, dans des chambres plus grandes. Je fais également en sorte qu’ils soient invités à toutes les cérémonies de commémoration”.

        "Pour la justice, il est urgent que les tirailleurs sénégalais deviennent français"    Yoro Diao , 88 ans. Julien Autier / Le Bondy Blog

    Pour ces vieux soldats, Aïssata Seck, chargée des anciens combattants à la mairie de Bondy, est comme leur bienfaitrice. “Elle nous a permis d’être logés dans un meilleur foyer, elle s’occupe de nos problèmes. Grâce à elle, on se sent chez nous à Bondy”, confie M. Diao. L’engagement d’Aïssata Seck n’est pas dû au hasard : elle est elle-même petite-fille de tirailleur.

    Au total, 33 anciens tirailleurs sénégalais vivent à Bondy. En tant qu’étrangers, ils ont l’obligation de séjourner au moins 6 mois sur le territoire français, sous peine de se voir retirer leurs pensions d’anciens combattants. “Cette année, je suis resté quatre jours de trop au Sénégal, raconte Yoro Diao, ancien soldat de l’Indochine et de la guerre d’Algérie. On m’a supprimé ma pension et on m’a même demandé de tout rembourser. Heureusement, Aïssata était là pour arranger la situation”.

    En 2006, elle avait également soutenu l’initiative qui leur a permis d’aligner leurs pensions sur celles de leurs frères d’armes “de souche”, comme ils appellent leurs anciens compagnons nés dans le Périgord ou le Poitou. Avant cette décision du gouvernement de Dominique de Villepin, quand un ancien soldat français touchait environ 460 euros, un Sénégalais en touchait 193. “C’est la sortie du film ”Indigènes” avec Jamel Debbouze qui a fait évoluer les choses”, raconte l’élue.

    Sur 33 tirailleurs sénégalais, un seul naturalisé

    Capture d’écran 2016-11-16 à 10.29.55

    Alioune M’bodji, 85 ans. Julien Autier / Le Bondy Blog.

    Prochaine étape pour améliorer le sort des tirailleurs sénégalais ?  “La naturalisation française”, répond Aïssata Seck. “Ils vivent tous en France, 6 mois dans l’année, Ils déclarent leurs impôts ici, ils ont leurs états de service, leurs livrets militaires, mais il manque souvent leurs extraits de naissance ou un autre papier parce que les registres de l’époque, dans leur pays d’origine, étaient mal tenus. Ils font face à d’énormes tracasseries administratives qui font que quasiment tous les tirailleurs sénégalais se voient opposer refus sur refus. A Bondy, un seul tirailleur sur 33 a la nationalité française”.

    Face à cette succession de dossiers rejetés, Aïssata Seck a décidé d’agir. Elle est à l’initiative d’une pétition qui demande la naturalisation de tous les tirailleurs sénégalais présents sur le territoire français. A ce jour, près de 40 00 personnes l’ont signée : parmi eux, Omar Sy, dont le père est sénégalais et Jamel Debbouze. “Les documents qu’on leur avait demandés pour qu’ils s’engagent et versent leur sang pour la France, doivent aujourd’hui suffire pour faire d’eux des Français. Un simple décret allégeant les démarches administratives réglerait rapidement le problème”.

    Les six tirailleurs rencontrés ce lundi portent, tous, fièrement leurs belles médailles d’anciens combattants accrochées à leurs vestes, mais dans leurs regards, on peut lire un profond sentiment d’injustice. Leurs vies sous les drapeaux français les ont marqués au point que tous se souviennent parfaitement, malgré leur âgé avancé, de la date exacte de leur incorporation, de leur arrivée en Indochine ou en Algérie, les principales guerres auxquelles ils ont participé. “Le 6 mars 1956, je débarquais à Oran, au premier régiment d’infanterie coloniale, raconte le sergent Sagna Ousmane, 85 ans. J’ai fait 28 mois en Algérie, puis 30 mois en Mauritanie. L’indépendance du Sénégal m’a trouvé à l’extérieur des frontières de notre nouveau pays. La loi disait que tout tirailleur sénégalais resté sous les drapeaux en dehors du Sénégal après 1960, devenait français. C’était mon cas, mais on ne m’a jamais accordé la nationalité française”.

    “Les balles, les mines, ne faisaient pas de différence entre un Noir et un Blanc”

    Verser son sang pour la France, ce n’est pas une expression pour Alioune M’bodji du 6e régiment des tirailleurs sénégalais, octogénaire qui a aussi dû donner un gros bout de clavicule au pays. “En Indochine, au Nord-Vietnam, nous avons roulé sur une mine. J’ai eu une fracture grave de la clavicule. Le chauffeur a eu les poignets cassés par le choc. Les 24 autres tirailleurs sénégalais présents dans le camion sont morts. Les balles, les mines, ne faisaient pas de différence entre un Noir et un Blanc. La paix est revenue aujourd’hui et c’est injuste qu’on nous traite différemment”.

    Capture d’écran 2016-11-16 à 08.09.48

    Gorgui M’bodji, 81 ans. Julien Autier / Le Bondy Blog

    A l’indépendance du Sénégal, pourquoi n’ont-ils pas tout simplement choisi la France ? Pas si simple. “Après l’Algérie et la Mauritanie, on m’a bien demandé d’opter pour la nationalité française, raconte Gorgui M’bodji, du sixième régiment d’artillerie coloniale, qui a servi sous les ordres du capitaine Royal, le père de la ministre de l’Environnement. Mais je ne pouvais pas. Je devais rentrer au pays. Mon père était vieux et malade, j’étais son soutien. Je suis resté au Sénégal jusqu’à son décès”.

    La situation de Diop Abdoulaye, qui a servi en Nouvelle-Calédonie, parait la plus aberrante : il est né français et non sujet de la France. Un privilège accordé aux Sénégalais qui, comme lui, sont nés dans les communes de Saint-Louis, Gorée, Rufisque ou Dakar. “Pourquoi me l’a-t-on retirée ? Je ne sais pas. J’ai fait trois fois la demande de réintégration. Trois fois, cela m’a été refusé. On m’a dit que j’étais sénégalais et c’est tout”.

    “Quel combat !”

    La naturalisation pour nous c’est très important. Avoir deux nationalités nous permettrait d’être ici et là-bas quand on veut”, explique Yoro Diao, deux citations à la Croix de guerre, médaille de l’ordre national du mérite et légion étrangère sénégalaise épinglées au cœur. Il la mérite sa naturalisation, au vu de ses anecdotes du front. “J’ai été affecté dans le Nord-Vietnam, à la frontière avec la Chine. A partir de 1952, ils étaient aussi bien armés que nous par les Chinois. Quand les Vietnamiens attaquaient un poste, généralement, ils le prenaient. J’ai perdu beaucoup de camarades”.

    Le sergent Dieme Omar, aussi, a pris cher. “De la basse Casamance où je labourais les champs, on m’a envoyé à Dien Bien Phu mais je suis arrivé après la défaite. J’ai également fait l’Algérie”. Son dernier combat ? La nationalité française. Le seul du groupe à l’avoir obtenue. “Trois ans de procédure pour l’obtenir, grâce à un avocat, qui est monté jusqu’au Conseil d’Etat pour débloquer la situation. Quel combat !”

    Naturalisation pour le symbole et la justice

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    Diop Abdoulaye , 82 ans. Julien Autier / Le Bondy Blog

    Au vue de leurs témoignages, des blessures reçues au nom de la France, on a du mal à comprendre pourquoi ils ont autant de mal à voir leur souhait de naturalisation se réaliser. Aïssata Seck s’interroge aussi. “Je ne me l’explique pas. Beaucoup de personnalités que j’ai rencontrées ne savaient tout simplement pas qu’ils n’étaient pas français. Ils pensaient que leur naturalisation était déjà faite mais ils confondent avec la réévaluation des pensions qui a été très médiatisée”.

    Si le combat d’Aïssata Seck et des tirailleurs sénégalais aboutit, ils ne jouiront malheureusement pas longtemps de leur nouvelle nationalité. “Ils sont vieux oui, acquiesce la maire adjointe. J’ai plusieurs dossiers en cours de personnes malheureusement décédées. Mais pour le symbole, pour la justice, il est urgent que les tirailleurs sénégalais deviennent français. »

    Idir HOCINI

    Crédits photos : Julien AUTIER

    SOURCE : http://www.bondyblog.fr/201611160812/pour-la-justice-il-est-urgent-que-les-tirailleurs-senegalais-deviennent-francais/#.WC8EFrn0ohk



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  • Souvenez-vous, c'était le 19 mars 1962

    Rappelez-vous des paroles de Sarkozy, Fillon et Juppé de 2016

    Souvenez-vous, c'était le 19 mars 1962

     

    Le 19 mars 1962, la signature des accords d’Évian mettait fin à huit années de ce que l’État Français appelait, depuis 1954, « les événements ». Refoulant pendant de nombreuses décennies « cette guerre sans nom » pour enfin reconnaître la guerre d’Algérie, en 1999. 

    La proposition de loi socialiste visant à substituer les termes « d’opérations de maintien de l’ordre en Afrique du Nord » dans les documents de la République Française par « guerre d’Algérie » a finalement abouti.

    Commémoration du cessez-le-feu 

    Nicolas Sarkozy affirmait que « la colonisation avait eu un rôle positif » dans le seul et unique but de faire l’apologie de la colonisation et de ses crimes perpétrées sur les colonisés, d’envenimer une polémique très houleuse et d’accentuer les tensions entre l’Algérie et la France. Or il avait sciemment omis que la colonisation était une mort annoncée, planifiée, programmée, des colonisés, qui impliquait des responsabilités individuelles des politiques et de leur armée soutenue par des colons et des responsabilités collectives. En effet, que Nicolas Sarkozy s’en soit targué ouvertement à l’instar de Napoléon III, -que Victor Hugo nommait « Napoléon le petit » dans ses poèmes qui furent des réquisitoires contre le neveu de Napoléon Ier-, il soutient de manière manifeste et provocatrice que la construction des hôpitaux, des écoles, des voies de circulation etc… Ne profitaient pas qu’aux colons.

    Souvenez-vous, c'était le 19 mars 1962

    Mais n’oublions pas les dernières paroles de l’ancien président de la République Nicolas Sarkozy, promettant, s’il est de nouveau élu, de supprimer la commémoration du 19 mars 1962 ! 

    Ainsi, Nicolas Sarkozy voulait alors réécrire l’histoire de la guerre d’Algérie. Or ces colons étaient soutenus par l’armée française chargée de la gestion administrative de l’Algérie, qui était un département français, et du contrôle de ce département. Par ailleurs, n’oublions pas que le taux de mortalité des Algériens était élevé, sans compter que la France, en son son armée, avait recruté, dans sa Légion étrangère, d’anciens SS nazis dans ses rangs. Des nazis à qui ils donnaient en un temps court la nationalité française, et des colons qui agissaient avec connivence, pour museler le peuple algérien dans l’ignorance à grande échelle. En effet, seul un enfant sur dix enfants était scolarisé en 1954, soit 124 ans après le début de la colonisation. La France et son armée, soutenue par les colons, exerçaient une volonté manifeste de maintenir les colonisés dans l’ignorance afin d’entraver toute révolte grâce à l’existence progressive d’une intelligentsia qui véhiculait des idées révolutionnaires. Sans compter la multiplication des SAS, Sections Administratives Spécialisées, prisons à ciel ouvert pour de nombreux Algériens et leurs familles… Aujourd’hui, la droite s’insurge à des fins politiques contre la commémoration du 19 mars 1962, qui marque aussi la défaite française, sujet houleux et humiliant pour des politiques qui manœuvrent et exploitent l’Histoire à des fins électoralistes, aujourd’hui encore.

    Mais Sarkozy n'est pas seul à rejeter

    la commémoration du 19 mars 1962

    Souvenez-vous, c'était le 19 mars 1962

    Fillon: commémorer le 19 mars 1962

     est un "mépris" à l'égard des harkis

     et pieds-noirs

    François Fillon (Les Républicains) a dénoncé "une forme de mépris" à l'égard des harkis et des pieds-noirs, avec la décision de François Hollande de commémorer le cessez-le-feu du 19 mars 1962 en Algérie, Alain Juppé lui reprochant aussi de "souffler sur les braises".

    "Le 19 mars est une date qui ne peut pas être retenue comme une date de célébration nationale", a estimé M. Fillon dans l'émission "Le Grand Jury" RTL-Le Figaro-LCI. Parce qu'au lendemain du cessez-le-feu, "il y a eu des centaines de milliers de harkis qui ont été massacrés (...) et des centaines de milliers de Français qu'on appelle des pieds-noirs, des Français d'Algérie, qui ont dû tout abandonner, rentrer en France, souvent d'ailleurs pour tout reconstruire", a-t-il déclaré. 

    "Donc célébrer le 19 mars, c'est exprimer à l'égard des victimes, c'est-à-dire des harkis et des pieds-noirs, une forme de mépris, donc c'est une division", a-t-il ajouté.

    "Quand on est président de la République, on ne se sert pas de l'histoire de son pays pour faire de la communication", a poursuivi M. Fillon, pour qui "le président n'est pas là pour diviser les Français".

    "Je pense que quand on n'a plus de prise sur les événements, il reste les commémorations, donc on commémore, on utilise l'Histoire", a-t-il lancé. 

     Souvenez-vous, c'était le 19 mars 1962

    Alain Juppé a lui aussi estimé qu'"en solennisant le 19 mars, le président de la République souffle sur les braises".

    Il a "fait exactement le contraire de ce qu'il aurait dû faire pour apaiser les réactions", a-t-il estimé dans l'émission "C Politique" sur France 5, ajoutant qu'"on peut comprendre que pour beaucoup des acteurs de ce drame qu'a été la guerre d'Algérie, le 19 mars ne soit pas une date de paix".

    François Hollande a voulu instaurer "la paix des mémoires" en commémorant le cessez-le-feu du 19 mars 1962, soulignant que cette date marquait "le début de la sortie de la guerre", mais son initiative a provoqué une levée de boucliers, en particulier chez les harkis et rapatriés. 

     La Toussaint 1954 

    Les actions menées lors de la Toussaint 1954 marquaient le début de la guerre d’Algérie. C’étaient des actions coordonnées par ceux qui deviendront les principaux acteurs et artisans de l’indépendance algérienne. Cependant, les tensions réelles et internes au sein de la nébuleuse révolutionnaire étaient peu connues en 1954. Et les enjeux étaient de taille car l’Algérie, territoire quatre fois plus grand que la France, recèle des mines de gisement de pétrole, découvertes par la France et son armée tardivement, d’hydrocarbures tels que le gaz, de richesses au point que ces enjeux motivaient la France à poursuivre cette guerre qui portait en elle les germes d’une indépendance en voie de voir le jour pour construire un pays libre, autonome et indépendant en 1962. Pour l’Algérie, l’indépendance est commémorée le 5 juillet 1962.

    L’Algérie et le peuple algérien tendent à se réapproprier leur Histoire 

    Aujourd’hui, l’Algérie et ses historiens mettent en relief non plus le FLN, Front de Libération National comme l’artisan de l’indépendance mais comme le parti de l’indépendance soutenu par l’ALN, Armée de Libération Nationale, branche armée du FLN pendant cette guerre militaire, diplomatique. De 1954 à 1962, l’État Français et son armée nommaient les indépendantistes « des terroristes » alors que pour les artisans de l’indépendance algérienne, chaque engagé indépendantiste qui mourait est un « moudjahid » ou « une moudjahida » qui ne sont pas des « combattants d’une guerre sainte » comme la terminologie occidentale a pu le faire croire depuis très longtemps mais qui composent simplement notre devoir d’Histoire. La mémoire encore vivante des Droits de l’Homme bafoués pendant cette guerre et la libération de l’Algérie fait partie de notre devoir d’Histoire, le combat des opprimés contre les oppresseurs et contre la torture dénoncée par Henri Alleg dans son ouvrage intitulé « La question » , censuré en France puis finalement publié grâce à l’action de Nils Andersson. Les « moudjahids » et « moudjahidas », selon la terminologie employée par des historiens algériens et par le peuple algérien, resteront à jamais les artisans de l’indépendance algérienne activement soutenue et concrétisée grâce à une synergie des actions avec le peuple algérien. Le titre éloquent, « La question » était un choix déterminant non pas pour évoquer uniquement le combat des Lumières contre la question qui était la torture appliquée aux opprimés par l’Inquisition sous couvert de l’Église, mais aussi pour dénoncer la torture exercée par l’armée française sur les colonisés.

    Certains réfléchissent au sujet du début de la guerre d’Algérie, qui peut se situer au tout début de la colonisation, c’est-à-dire en 1830 afin de réhabiliter de manière constructive les actions essentielles, capitales, déterminantes et décisives de l’émir Abdelkader, Ben Badis, Messali, Ferhat Abbas, Aït Ahmed… Et tous ces anonymes Algériens morts pour l’indépendance… Car au lendemain de l’indépendance, c’est le clan de Oujda qui s’arrogeait le rôle principal de l’organisation de la résistance extérieur en vue de l’indépendance, et qui était dominé par des personnages historiques tels que Houari Boumediene, Abdelaziz Bouteflika etc… S’appropriant par la force le pouvoir de l’Algérie indépendante après avoir occulté sciemment les actions de la résistance interne de nombreux combattants algériens qui peinent à être reconnus aujourd’hui encore.

    Vers un travail d’apaisement de l’histoire, entre l’Algérie et la France ? 

    Les relations diplomatiques franco-algériennes tendent vers un apaisement en vue de tisser et de développer des relations entre les deux pays dans un contexte économique en crise. On pourrait même évoquer une politique de collaboration entre les deux pays afin de développer leur économie respective. Les historiens des deux États s’accordent dans leur majorité à travailler ensemble pour poursuivre un travail constructif sur une période charnière de l’histoire de l’Algérie et de l’histoire de la France, même si des efforts restent à faire à ce sujet.

    Ouafia Djebien

    SOURCE : http://www.bondyblog.fr/201603250001/souvenez-vous-cetait-le-19-mars-1962/#.WC7s3rn0ohk 

     


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  • " Notre génération a été sacrifiée en Algérie ! " le témoignage de Michel Tissier

    Michel Tissier raconte ses 28 mois d’armée. « Les classes », les deux années dans le djebel. Ce sera aussi le parcours de milliers d’appelés, avec des différences suivant les compagnies et les endroits, la vie au quotidien, les copains, les « distractions », l’alimentation « équilibrée », les opérations, les embuscades, les patrouilles, de jours comme de nuits, avec parfois la peur, les interrogatoires « musclés », les anecdotes « savoureuses » racontées avec humour, le témoignage d’anciens d’Algérie. Ce fut le vécu de nos 20 ans, et aussi un hommage à ceux qui ne sont pas revenus. Alors, les anciens… Vive la quille ! 

     

    " Notre génération a été sacrifiée

    en Algérie ! "

    Le témoignage de Michel Tissier

     Michel-Tissier-1-Matmora1.jpg

    Cinquante-quatre  ans après la signature des accords d’Evian, un ancien appelé, Michel Tissier de Massey (Cher) nous fait revivre ses vingt mois plongé dans cette guerre que lui et ses camarades ne comprenaient pas.

    « En Allemagne, pendant mes classes, on avait joué aux cow-boys et aux Indiens. Mais, à peine débarqués, on nous a donné une mitraillette et on s’est tout de suite retrouvés dans le bain. Cette fois, ça ne rigolait plus. C’était en janvier 1960 et je devais rester au final 28 mois dans une Algérie en guerre.

    Nous étions des appelés, qui n’avaient pas conscience de ce qui se passait, des gamins de 20 ans, qui croyaient vivre une aventure. Mais au bout d’un mois à Tlemcen (ville à la frontière marocaine, ndlr), on a très vite compris. Je me rappelle mon baptême du feu, les fellaghas (rebelles algériens, ndlr) tiraient sans arrêt, et moi, je restais debout, pétrifié. Heureusement, un autre soldat m’a dit – je me souviendrais toute ma vie de sa phrase – : “Hé l’père, fais pas le con!“ et il m’a tiré dans son trou. Il m’a sans doute sauvé la vie.

    J’ai frôlé la mort au moins à cinq reprises pendant cette guerre. Une fois, c’était lors du putsch des généraux (tentative de coup d’État fomentée par des généraux Algérie française en 1961 contre le gouvernement de Gaulle, ndlr), la police avait bloqué Alger, j’étais en permission et j’ai été obligé de coucher dans un hôtel de passe. Le matin suivant, je m’étais à peine éloigné de cent mètres de l’établissement que l’une de ses poubelles explosait ! J’ai eu beaucoup de chance. La guerre a fait 28 000 morts militaires, 70 000 blessés et je n’ai pas été du nombre. Pas comme mon copain Raymond, dont le camion a sauté sur une mine. Il a été enterré là-bas dans cette terre de sable, qui n’était pas la sienne.

    La stupidité de l’armée ne nous aidait pas, non plus. Je repense encore à nos rondes nocturnes à vélo, sans lumière et sans frein pour ne pas se faire repérer. On partait à six et l’un d’entre nous montait de temps en temps la garde près des bicyclettes. Quand c’était mon tour, mon unique copine, c’était la trouille.

     Michel-Tissier-4-four.jpg

    Michel Tissier devant son four en terre

    Il nous arrivait aussi de faire la sentinelle dehors, sans autre protection qu’un bouton de sonnette pour prévenir les autres si on était touché. Au fond, le plus juste, c’était dans le djebel (montagne en arabe, ndlr), où il n’y avait aucune différence entre les gradés et nous. On crapahutait ensemble et si on nous tirait dessus, les balles ne choisissaient pas leur victime. On risquait tous notre peau au même titre.

    Mais l’Algérie, c’était aussi les rencontres. De très belles, comme avec Diane. Une chienne perdue que j’ai adoptée et qui ne m’a jamais quitté. J’ai réussi à la ramener en France quand j’ai été libéré. Aujourd’hui, elle est enterrée en Sologne à 40 kilomètres de chez moi et quand je suis dans le coin, je vais toujours la voir. Son seul défaut, plutôt gênant là-bas, c’est qu’elle ne supportait pas l’odeur du henné, elle en devenait agressive.

     Michel-Tissier-3-Diane

    Michel (2e en partant de la gauche) en patrouille avec la chienne Diane

    J’ai même approché le général de Gaulle, en visite dans le camp. Je lui ai servi de sommelier parce que dans le civil j’étais… employé des postes. Une logique d’adjudant. Le problème, c’est que, par accident, j’ai inondé son paquet de cigarettes de vin.

    J’avais aussi des contacts avec la population. Quand j’étais à Terny (village à côté de Tlemcen, ndlr), j’allais souvent prendre le thé à la menthe sous la tente de deux jeunes Algériens. Plus tard j’ai su que c’était des fellaghas, et qu’ils contrôlaient toute la région. Il y a eu aussi Djellali. Il avait été passé à tabac et enfermé dans un lavoir avec d’autres combattants. Je lui ai donné à boire, j’ai toujours considéré qu’il fallait traiter les prisonniers avec respect, et il s’en est souvenu. Finalement, il est resté au camp avec nous, il lavait notre linge, et il acceptait seulement d’être payé en bières. Après l’Indépendance, un de mes amis l’a retrouvé vendeur ambulant sur le marché de Perpignan.

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    Ce sont les 50 ans des Accords d’Évian qui m’ont donné envie de faire un DVD. J’avais déjà vu des documentaires ou des films sur la guerre d’Algérie, mais ils ne reflétaient pas ce que nous avions vécu. Sans doute parce qu’ils étaient réalisés par des gens, qui n’y avaient pas participé directement. Et je pensais qu’il devait rester une trace de notre quotidien, de nos interminables parties de tarot comme des embuscades et de nos liens d’amitié.

    J’ai encore des souvenirs intacts. Je me rappelle ce prisonnier passé à la gégène que j’ai transporté dans mon camion, de ces appelés se comportant comme des brutes. Je me souviens aussi qu’on ne savait pas à quoi servait cette guerre. J’ai même vu des soldats désespérés faire gonfler une boîte de conserve au soleil, dans l’espoir d’attraper une jaunisse en mangeant son contenu pour se faire rapatrier. J’ai pensé que si je sortais vivant de cette histoire, plus rien ne pourrait m’impressionner.

    De retour en France, de nombreux appelés ont déprimé, moi, j’ai mis un peu de temps pour me réadapter. Heureusement, j’ai changé de métier. Je suis devenu chansonnier, la musique m’a énormément aidé. Aujourd’hui, il me reste un regret, celui de ne jamais être retourné en Algérie. »

    DVD « Nos 20 ans en Algérie » de Michel Tissier, 62 minutes : 15 euros
    Contact : 02 48 51 94 82

    Propos recueilli par Béatrix Grégoire

     

    Les souvenirs d'un appelé en Algérie

    Cinquante ans après la fin de la guerre d’Algérie, Michel Tissier, un Berrichon, a sorti un DVD dans lequel il évoque son service militaire dans le Djebel.

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    Michel Tissier a rassemblé des anecdotes mais aussi des souvenirs poignants.

    Nous n'étions que des gamins, sans aucune expérience de la vie. Pour moi, la guerre d'Algérie ce sont vingt-huit mois de jeunesse perdus et le souvenir de camarades morts là-bas. Originaire du sud de l'Indre, Michel Tissier réside à Massay, près de Vierzon (Cher). Ce retraité du monde artistique, amateur de blagues au sourire jovial, ne cultive pas un goût particulier pour la chose militaire et les exploits guerriers. Mais depuis des années, il nourrissait le projet de publier ses souvenirs sur cette période particulière de sa vie.

    Plutôt qu'un livre de mémoires, il a opté pour un film, aujourd'hui édité en DVD et intitulé Nos 20 ans en Algérie, 1954-1962. « J'ai vu beaucoup de documentaires consacrés à la guerre d'Algérie ; aucun selon moi ne restituait le quotidien vécu par les centaines de milliers d'appelés du contingent qui, comme moi, ont effectué leur service militaire là-bas. On commémorera le 19 mars prochain les 51 ans des accords d'Évian qui ont conduit à la fin de ce qu'on appelait alors les événements et pas encore la guerre d'Algérie, c'était donc le moment. » Michel Tissier qui a déjà sorti un film voici une dizaine d'années, consacré à la Boisserie, résidence privée du général de Gaulle (que l'auteur a rencontré d'une façon singulière dans le Djebel…), s'est tourné vers une société de production de Vendœuvres. « La société voulait engager un acteur pour raconter mes souvenirs, j'ai refusé ; je me suis chargé moi-même d'écrire et évoquer devant la caméra le récit de ces vingt-huit mois. » Avant le tournage, Michel Tissier a ouvert sa boîte à souvenirs contenant quelque 400 photos, retrouvé ses décorations, des objets d'époque, et a fait appel à ses copains de régiment qui, eux aussi, témoignent sur cette période dramatique. « Ce n'est pas un film historique qui relate les causes et le déroulement de cette guerre, prévient l'auteur ; il a été tourné pour faire revivre les souvenirs de toute une génération et décrire ce que fut notre quotidien de jeunes soldats avec des anecdotes souriantes et aussi des moments difficiles. » Pendant une heure, le film de Michel Tissier reconstitue son périple, à partir du 1er juillet 1959, date de son entrée sous les drapeaux à Courbevoie, puis les classes effectuées en Allemagne. Le 13 janvier 1960, il embarque à Marseille sur le « Ville d'Oran » pour traverser la Méditerranée. « La veille, on nous avait donné un ticket pour aller au cinéma, je suis allé voir Certains l'aiment chaud, avec Marylin Monroe. En quittant la France, j'étais mélancolique mais totalement inconscient du danger qui nous guettait là-bas. »

    " Pacification "

    L'ancien appelé du contingent raconte ensuite la vie de son unité entre chaque opération : les parties de tarot, la bibine, les cigarettes « troupes » au goût âcre, les jours de courrier… Au sein du 6e Tirailleurs, Michel Tissier fut affecté dans le Djebel, à Tlemcen notamment, jusqu'à la quille tant attendue, en octobre 1961. « Nous étions là pour la " pacification " » commente-t-il, non sans ironie. Michel Tissier a vu la guerre et la mort de près, notamment lors de son baptême du feu où il est resté pétrifié quand le FLN a ouvert le feu sur sa patrouille, ou encore quand sa chienne, « Diane », a aboyé après avoir détecté à temps la présence de rebelles embusqués dans la nuit. Tous ceux qui, comme lui, ont vécu ces événements, se retrouveront dans ses souvenirs.


     

     


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  • Texte écrit par Magyd Cherfi de Zebda   et lu par lui-même sur France Inter   au lendemain des attentats   du 13 novembre 2015

    Texte écrit par Magyd Cherfi de Zebda

     et lu par lui-même sur France Inter

     au lendemain des attentats

     du 13 novembre 2015

    « Il y a des jours comme ça où on aime la France, où on a envie de chanter la Marseillaise, envie d’être tricolore comme un supporter insupportable. Il y a des jours où on se reproche de pas être assez français. Des jours où on voudrait s’appeler Dupont quand on s’appelle Magyd. Suis-je toqué ? Suis-je choqué ? Oui je laisse se répandre la douleur en mon cœur et reposer ma tête percutée de plein fouet.

    C’était un carnage et c’est mon jour de baptême, je deviens solennellement français, c’est dit. Je promets devant le fronton des mairies d’aimer la France pour le pire et le meilleur, de la protéger, de la chérir jusqu’au dernier souffle. Suis-je sonné ? Miné ? Je nais.

    Il y a des jours comme ça où même anar on porte un drapeau parce que c’est tout ce qui reste à brandir après l’embrasement et il est bleu blanc rouge. Il y a des jours où on aime ce pays même quand il a tort, même quand il se trompe parce qu’il est nous jusque dans les entrailles.

    Des jours comme ça où on aime ce pays, ses hameaux, ses villages, ses monuments aux morts. Des jours où on regrette de pas la ménager la vieille dame aux quatre cents fromages.

    Des jours où on préfère la justice à sa propre mère, des jours où on est à l’envers. Des jours qui dépassent nos propres idéaux de liberté, d’égalité, de fraternité. Des jours plus forts que la vie et c’est des jours de mort.

    C’est vrai, des jours comme ça où on reprocherait à Renaud, Ferré, Brassens d’avoir aimé que la France et pas assez la patrie. Des jours où on voudrait être patriote sans qu’un danger nous guette. Avant le sang, avant le feu.

    On devrait avoir envie de sauver la France avant les signaux d’alerte, avant que la mort ne vienne exhaler son odeur dégueulasse. Allez ! Prenons les armes et sauvons ce trésor qui est la république et même la nation. Il y a des jours comme ça où on est de droite, de gauche, de tous les bords tant qu’ils respectent le droit de pas être d’accord. On envie ce pays d’autant tolérer d’avis contraires, d’idées extrêmes et nauséabondes.

    Des jours comme ça où on mesure l’état de droit, la liberté, le combat pour la laïcité qu’elle que soit sa maladresse. D’assumer les débats foireux de l’identité nationale, de dire oui à la France quelle qu’elle soit, de tout assumer, Pétain et Jean Moulin, le lâche et le héros, l’orfèvre et le bourrin, l’étroit comme l’iconoclaste ? Des jours où Finkielkraut est un enfant de cœur, où le front national n’est qu’un adversaire de jeu.

    Il y a des jours à lire Houellebecq pas pour ce qu’il écrit mais parce qu’il a peur ! Des jours à écouter Zemmour, Morano et Delon et la cohorte des dépités parce qu’ils perdent la boule. Des jours comme ça où on veut s’acheter deux sapins, un pour la tradition, l’autre pour l’effort de porter ce pays qui essaie en trois mots de nous faire une place.

    Des jours où on veut manger des crêpes à mardi gras et à Pâques du chocolat.

    Des jours où même noir ou même musulman, on veut bien que nos ancêtres soient gaulois.

    Des jours comme ça où on s’incline devant la tombe du soldat inconnu, où on rechigne pas à la minute de silence. Des jours de fleurs pour tous les «morts pour la patrie» et qu’ils le soient au front ou à l’arrière-salle d’un restaurant. Des jours où on choisit son camp parce qu’il n’y en a pas d’autres.

    Des jours où on applaudit à tout rompre les uniformes, tous les gardiens de la paix, les paras et les flics. Ce jour-là on aime les Français quels qu’ils soient. Des jours, mais il y en aura d’autres. »

    Magyd Cherfi (Zebda).

     

    Texte écrit par Magyd Cherfi de Zebda   et lu par lui-même sur France Inter   au lendemain des attentats   du 13 novembre 2015


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  • " Quelques souvenirs d’un appelé "

    Par Bernard Gensane

    Retraité de l'Éducation nationale

    Lyon (Rhônes)

     

    Quelques souvenirs d’un appelé  Par Bernard Gensane  Retraité de l'Éducation nationale  Lyon - France

    Un appelé parmi d’autres nous livre ici sa guerre d’Algérie. L’écriture, sobre, est au service d’une narration factuelle. Cet appelé a voulu rester anonyme.

    Avant de partir, il s’était lancé deux défis : ne jamais tirer un coup de feu contre "l’ennemi" et préserver son intégrité morale et politique. Avec un peu de chance et beaucoup de volonté, et parce qu’il était déjà - malgré son jeune âge - très conscientisé, il y parvint. Il put ainsi vivre sa vie sans avoir été cassé par cette sale guerre.

    Bernard Gensane 

    J’ai été appelé à l’activité, comme disent les autorités militaires, le 17 octobre 1955 avec un an de retard sur ma classe (1954). Je savais que je devais rejoindre, en Allemagne, le 302ème CMRA (Centre Militaire de Réparation Automobile) alors que la plupart des appelés partaient en Algérie.

    Je me suis rendu à Rivesaltes qui était un centre de regroupement et de tri pour les affectations, avant de rallier mon unité en Allemagne. Avec mes camarades, nous avons fait les deux ou trois kilomètres qui séparaient la gare du camp, à pied, nos valises à la main. Il faut dire que la mienne était assez lourde car j’avais emporté quelques livres.

    Equipés de pied en cap, nous prenons le train et nous arrivons, vingt-quatre heures après, le 20 octobre, à Kaiserslautern, où nous découvrons une caserne de construction récente, très propre, avec des sanitaires impeccables.

    Durant deux mois, nous faisons les classes, premier apprentissage du métier de soldat. Le 1er décembre, je suis affecté au 81ème BRDB (Bataillon de Réparation et de Dépannage des Blindés), où, à l’issue de ma formation complète, je dois accomplir les dix mois qu’il me reste à faire, théoriquement, avant la quille !

    Vers la mi-décembre, je suis maintenu au centre de formation pour y suivre les cours préparant au Certificat de Spécialisation 1 (CS1), spécialité auto, qui donne droit au grade de brigadier-chef. J’obtiens le CS1 auto, le 16 mars 1956, avec la note 12,805, et je suis classé 54ème sur 103.

    Pendant toute la formation qui a duré, pour moi, cinq mois, nous avons été convenablement traités par la hiérarchie et les rapports avec les autres appelés étaient cordiaux. Au cours des trois derniers mois, dans le cadre du CS1, nous avons suivi une formation militaire et une formation technique qui était, quant à elle, composée de cours théoriques et de cours pratiques. Nous avions à notre disposition, sur chaque plan de travail, un gros moteur de camion six cylindres, de marque GMC, sur lequel nous devions effectuer des dépannages et différents réglages. Nous ne perdions pas notre temps !

    La vie n’a pas toujours été monotone. Un jour de février 1956, sur le trajet du dortoir au réfectoire, nous avons eu la désagréable surprise d’être confrontés à un froid de moins vingt-cinq degrés. Je n’ai jamais connu température plus rigoureuse depuis.

    Nous avions droit, toutes les semaines, fumeurs ou non-fumeurs, à une ration de cigarettes de marque allemande. Comme incitation au vice, il n’y avait pas mieux : les uns se mettaient à fumer ; d’autres continuaient sur leur lancée ; d’autres encore, dont j’étais, ne succombaient pas à la tentation et revendaient les paquets de cigarettes, à travers la grille de la caserne, à des Allemands. Cela nous permettait d’arrondir, un peu, nos fins de mois.

    Il nous arrivait de prendre l’autobus pour aller en ville. Nous subissions des réactions hostiles de la part des autochtones, qui n’appréciaient pas notre statut d’armée d’occupation. Pourtant, dix ans plus tôt, c’est nous qui étions écrasés sous leurs bottes.

    Compte tenu de ma note et de mon classement, je pensais intégrer le Certificat de Spécialisation 2 (CS2), formation au grade de sous-officier. Il n’en fut rien. Sur cent, nous ne fûmes que trois (un instituteur, un autre appelé et moi) à être envoyés, le 20 mars, à notre régiment d’affectation, le 81ème BRDB, basé à Trèves ! Nous n’avons pas compris ce qui se passait.

    A notre arrivée, nous sommes convoqués, un par un, par le capitaine. Je suis étonné de voir sur son bureau, bien en vue, Les Lettres françaises, journal littéraire du parti communiste, dirigé par Louis Aragon. Le capitaine me dit ne pas comprendre pourquoi nous n’avons pas été sélectionnés. Je ne peux pas lui fournir d’explication. J’ai alors pensé : « Mon capitaine, tu n’es pas au bout de tes surprises, celui que tu vas recevoir, après moi, est instituteur et plus diplômé que moi ». Du fait de notre niveau scolaire et de notre classement, il ne pouvait que s’étonner. Nous avons presque sympathisé puisqu’il m’a proposé de prendre, à la suite d’un sergent affecté ailleurs, la gérance du foyer, ce que j’ai accepté. Je n’ai pas eu le temps d’occuper mes fonctions car les événements se sont précipités.

    Je pense avoir compris, au bout d’un temps assez long, pourquoi nous avons été exclus du CS2. Au premier abord, il n’y avait aucune raison objective : j’étais fonctionnaire, je n’étais adhérent ni à un parti, ni à un syndicat, et ma famille était sans histoire. L’explication était ailleurs. Edgar Faure, celui qui disait que ce n’étaient pas les girouettes qui tournaient mais le vent, avait dissout, fin 1955, l’Assemblée nationale. Aux élections qui avaient suivi, le « Front républicain », emmené par le socialiste Guy Mollet et le radical-socialiste Pierre Mendès-France, avait proposé de former un gouvernement. L’une des premières tâches de celui-ci était de faire la paix en Algérie. J’étais concerné au premier chef. Tout naturellement, j’ai fait oeuvre de propagande, non debout sur une table, mais de bouche à oreille, discrètement, en appelant à voter pour ceux qui pouvaient épargner au contingent une nouvelle guerre en Algérie. Mes propos pacifistes ont été rapportés aux autorités supérieures et j’ai été sanctionné. Dix ans après, l’esprit de Vichy était toujours présent !

    En 1954, Mendès-France avait réussi à faire cesser la guerre d’Indochine. Nous pouvions penser qu’il en serait de même pour l’Algérie. Le « Front républicain » gagne les élections, Guy Mollet est nommé Président du Conseil des ministres par René Coty. Mendès-France démissionne quatre mois plus tard. Max Lejeune, Secrétaire d’Etat aux forces armées, déclare qu’il faut « dégraisser » les effectifs en Allemagne. Nous étions prétendument trop nombreux. (Je revois sa photo parue dans la presse, l’imperméable soulevé par le vent, lors de son inspection en Allemagne.) Les conséquences sont immédiates. C’est par milliers que nous rejoignons l’Algérie. Il faut préciser qu’après la visite mouvementée, à Alger, du Président du Conseil, en février 1956, le revirement fut total. Plus question d’arrêter la guerre. Celle-ci s’intensifia avec le soutien unanime de l’Assemblée nationale qui vota les pleins pouvoirs à Guy Mollet. J’avais oeuvré très modestement pour son avènement au pouvoir. Ma sanction ne se fit pas attendre : je fus expulsé du cours de formation de sous-officier et envoyé en Algérie. Le 13 avril 1956, je fus muté au 1er RTA (Régiment de tirailleurs algériens) par Arrêté Ministériel n° 6406/DSM/FFA/Pers.

    Le 14 avril, je repasse la frontière germano-française. Dans le train, perdue au milieu de centaines de soldats, une jeune Allemande se rendait à Paris. Elle était traductrice.et appréciait les textes des hommes politiques, notamment ceux de Christian Pineau. J’aurais aimé la revoir, quelques années plus tard, pour lui dire « tout le bien » que je pensais de ce cynique belliciste…

    J’ai juste le temps de faire un détour à Toulouse, pour annoncer à mes parents, atterrés, que je suis affecté en Algérie. Je rejoins le lendemain le camp de Sainte-Marthe, à Marseille. Nous sommes des centaines à attendre notre départ, dans des conditions matérielles déplorables. Nous embarquons le 17 avril. Nous sommes parqués à fond de cale, couchés sur des chaises longues, éclairés faiblement par une lampe qui pend au bout d’un fil et qui se balance au gré des mouvements du bateau. Il n’en fallait pas plus pour avoir le mal de mer et être malades comme des chiens.

    Après vingt-quatre heures de traversée, nous arrivons à Alger, sales et fatigués. Nous attendons longtemps, sur le quai, les camions qui doivent nous transporter au camp de Blida. Là , nous subissons, pendant une semaine, un véritable bourrage de crâne et nous apprenons qu’appartenir au 1er Régiment de tirailleurs algériens est un grand honneur. Il est en effet souligné que ce régiment est numéro un dans l’ordre de numérotation (1er RTA) ! Argument massue s’il en était ! Cependant, on nous a caché que la plupart de ceux qui étaient là ne s’y trouvaient pas par hasard ! L’armée nourrissait des griefs contre eux, je le savais par expérience personnelle. Durant ce laps de temps, je me lie d’amitié avec un camarade, appelé comme moi, dessinateur industriel dans le civil, jeune marié, orphelin de père. A l’issue de ce « stage », nous sommes affectés, selon l’ordre alphabétique, dans les différentes compagnies. Mon camarade, dont le nom commençait par un M, est affecté à la troisième ; moi, dont le nom commençait par un R, à la quatrième. Nous avons été déçus de ne pas être ensemble mais, bien que l’idée nous ait effleurés, nous n’avons demandé, ni l’un ni l’autre, à changer de compagnie. Notre absence de démarche a eu, comme nous le verrons plus loin, des conséquences dramatiques.

    Après un voyage sans histoire, nous arrivons dans notre compagnie qui protège une ferme à Champlain, non loin de Berroughia, au sud d’Alger. Nous recevons notre armement et sommes affectés à une place à même le sol, dans une grange ! L’effectif est composé par moitié de Français de métropole et de Français musulmans. Le capitaine, notre chef, est un Français musulman assisté de l’un de ses cousins, sergent-chef. Le fermier avait un petit garçon qui venait souvent nous voir, ce qui constituait pour nous une bouffée d’air frais. Nous resterons là tout le printemps. Notre séjour était plutôt agréable. Chaque fois que le commandant du bataillon voulait nous faire participer à une opération de maintien de l’ordre, il se heurtait au refus du capitaine qui prétextait la fatigue de ses hommes. Ces opérations consistaient à patrouiller dans la campagne à la recherche d’ennemis. En revanche, de temps en temps, nous allions faire une petite promenade autour du camp sans but précis. Dans la journée, nous jouions parfois au volley, sous l’oeil bienveillant de notre capitaine qui discutait très amicalement avec les hommes de troupe. Le soir, il nous arrivait de « faire la chèvre ». Sous le commandement d’un caporal, nous allions prétendument tendre une embuscade : trois hommes se mettaient derrière un arbre, le quatrième s’allongeait à découvert, à une dizaine de mètres, et attendait qu’un éventuel ennemi lui tire dessus. Une véritable histoire de fous. Il faut dire que, durant tout notre séjour, nous n’avons jamais été attaqués. Presque tous les jours, le capitaine allait seul, sans arme, faire un tour au marché. Nous étions en parfaite sécurité.

    Fin juin, nous devons rejoindre un campement sur les Hauts-Plateaux de l’Atlas, à l’est d’Alger. Nous perdons notre commandement car le capitaine a été muté à Alger et son cousin dans un autre régiment, après avoir été nommé officier dans le cadre de la promotion des Français musulmans. Nous avons appris, plus tard, que le capitaine qui appartenait au FLN avait été incarcéré et que son cousin avait déserté en emportant un important matériel militaire.

    Après la proclamation de l’indépendance, ce capitaine Ben S. fut nommé Directeur général de la Gendarmerie algérienne. En 1982, lors d’un voyage en famille à Cherchell, on m’informa qu’il était en prison pour prise illégale d’intérêt. Grandeur et décadence… Au cours de ce séjour, tout près des ruines de Tipasa, nous avons pris le car pour Blida, que je voulais revoir. Dès ma montée dans le véhicule, des voyageurs, gentiment, m’ont posé de nombreuses questions. J’ai été surpris car je m’attendais plutôt à des réactions hostiles.

    Nous nous retrouvons donc, avec un commandement neuf, sur les Hauts-Plateaux. Nous gardons une très grande ferme. La température est élevée, nous buvons beaucoup d’eau, des Orangina et certains, des bières. La nourriture est exécrable, nous nous en plaignons, ce qui entraîne une réaction énergique de nos supérieurs : l’envoi d’un livre de recettes de cuisine ! J’en profite pour raconter ici un incident édifiant, révélateur de l’état d’esprit de certains gros colons. Le fermier que nous protégions possédait de nombreuses vaches, gardées par une petite Arabe. Un jour, l’une d’elles s’échappe et passe sous les roues d’un camion de l’armée. La bête est tuée. La fermière convoque le père de la jeune vachère, lui disant : « J’aurais préféré que ce soit ta fille qui soit écrasée ». Cinquante ans après, cela me fait encore frémir.

    Notre bataillon n’était peut-être pas disciplinaire, mais il était une structure d’affectation de soldats « repérés », pour une raison ou pour une autre. Un jour, j’ai entendu la fin d’une conversation entre un appelé, qui protestait, et le lieutenant, chef de notre section. Celui-ci menaçait l’appelé : « Vous savez pourquoi vous êtes ici ! Et si vous continuez, nous vous muterons dans une structure plus contraignante que la nôtre ». Quelques années plus tard, j’ai revu chez lui, dans le Loir-et-Cher, ce camarade et j’ai alors appris qu’il était membre du parti communiste français. Il nous l’avait caché lorsqu’il était parmi nous.

    Nous partions de temps en temps en opération et nous revenions au camp, sans avoir rencontré un seul ennemi. Nous allions parfois monter la garde, la nuit, dans un village voisin. Une fois, j’étais de faction avec un camarade, derrière un muret qui longeait une rue bien éclairée et de l’autre côté de ladite rue, se trouvait un cimetière protégé par un mur, plus haut que le nôtre. Tout à coup, plus de lumière. J’ai tout de suite pensé que l’on allait nous attaquer. Le soldat qui était avec moi, éloigné de quelques mètres, s’est approché en m’annonçant : « J’ai vu des ombres ». Une peur, paralysante, s’est emparée de moi. Je suis allé réveiller le sergent sans qu’un seul son sorte de ma bouche. En réalité, il n’y avait personne. C’est la seule fois de ma vie où j’ai ressenti une réelle frayeur. C’était l’aboutissement, le summum, d’un état permanent, angoissant, qui me tenaillait depuis mon arrivée sur le sol algérien. Si l’attaque avait été réelle, quelle aurait été ma réaction ? Si j’avais dû me défendre, comment aurais-je pu répliquer avec un fusil qui ne tirait qu’un coup à la fois ? Les soldats du rang n’avaient pas droit aux armes automatiques.

    Le dimanche 12 août 1956, nous sommes au camp, prêts à manger. Midi n’est pas loin quand un gradé sonne le rassemblement général. « Prenez vos armes », ordonne-t-il, « et montez dans les camions ». Au départ, nous nous mettons à chanter. On nous demande de rester silencieux. Après une trentaine de kilomètres, nous descendons du camion et nous continuons à pied. A quelques dizaines de mètres, nous distinguons un douar, à flanc de colline. Tout en bas coulait un oued, au milieu d’une masse impressionnante de lauriers roses en fleur. Quelques mètres plus loin, nous commençons à apercevoir des corps, vingt et un au total. Parmi eux se trouvait celui de mon camarade M. dont j’ai déjà parlé. J’apprendrai plus tard que sa mère et sa jeune femme avaient subi une terrible dépression. Plus loin, dans des fourrés, nous avons découvert le corps d’un fellagha, revêtu d’un treillis militaire et chaussé de baskets. Il paraissait avoir une vingtaine d’années. Nous avons chargé les corps de nos camarades dans des camions. Durant ces opérations, des ennemis ont tiré sur nous, heureusement d’assez loin. Des balles ont sifflé à nos oreilles. Nous nous sommes couchés jusqu’à ce que le feu cesse. Nous sommes ensuite partis à la poursuite de l’ennemi. Nous avons crapahuté dans la montagne pendant deux jours et n’avons jamais rattrapé les fellaghas. Pendant la marche, j’ai pensé que mon camarade ne serait pas mort s’il était resté dans ma compagnie. Néanmoins, si, à l’inverse, je l’avais suivi, je ne serais pas aujourd’hui en train d’écrire ces lignes. La vie se joue à peu de chose. En cette circonstance, m’est revenu en mémoire le poème de Rimbaud, « Le dormeur du val ».

    En rentrant au camp, nous avons appris comment un tel drame avait pu se produire. Le dimanche matin, deux hommes s’étaient présentés et avaient demandé à voir le capitaine. Celui-ci étant absent ce jour-là , ils avaient déclaré au lieutenant qui le remplaçait que des combattants du FLN se cachaient dans un douar, à quelques kilomètres. A la tête d’une quarantaine d’hommes, le lieutenant avait suivi, sans en avertir sa hiérarchie, les deux indicateurs qui l’avaient persuadé d’arriver au village par le bas, le long de l’oued. Sitôt le groupe engagé dans la petite gorge, deux ou trois cents hommes cachés dans les collines avoisinantes, en embuscade, avaient tiré sans faire de quartier. Les soldats survivants, des Français musulmans, avaient déserté. L’un de nos camarades, bien que blessé, avait pu s’enfuir et informer les quelques militaires qui étaient venus aux nouvelles, inquiets de ne pas voir revenir ceux qui étaient partis le matin. Ce camarade leur avait dit de faire demi-tour et d’avertir le commandant. Par la suite, il fut soumis à des interrogatoires poussés, ses chefs s’étant étonnés de ce qu’il fût le seul rescapé.

    Nous sommes restés au même endroit encore quelques semaines. Nous allions parfois en opération. J’avais été désigné comme porte fusil-mitrailleur. L’arme était lourde, donc pénible à « trimballer ». Je devais aussi m’entraîner à tirer, fort heureusement sur des cibles statiques. Nous ne fûmes pas accrochés. Durant tout l’été, j’ai souffert d’angines à répétition. Le médecin militaire m’a envoyé à l’hôpital militaire Maillot, à Alger, pour y être opéré des amygdales. Le capitaine-chirurgien était corse, ce qui m’a permis, compte tenu de mon nom, que celui-ci croyait corse, de bénéficier en octobre d’une semaine de permission en France. Au milieu de mon séjour, j’ai été réveillé par mon père qui m’a appris que Ben Bella, en compagnie de quatre compagnons, avait été arrêté. Contrairement à ce que nous avons pensé sur le moment, cet événement n’a pas affecté le cours de la guerre.

    Très rapidement, j’ai refait le chemin de Toulouse à Blida : train de Toulouse à Marseille, traversée en bateau de Marseille à Alger (la troisième, qui a provoqué chez moi le même mal de mer que les deux premières) et, enfin, train d’Alger à Blida. Lors de ce dernier trajet, j’ai fait la connaissance d’un sergent, un appelé, secrétaire du commandant de notre bataillon. Il faisait partie de la CCS (Compagnie de Commandement et des Services), le nec plus ultra militaire. Après que nous avons fait plus ample connaissance et que nous avons évoqué nos niveaux d’études respectifs, il m’a demandé si le poste de secrétaire à l’approvisionnement m’intéressait. Celui-ci était vacant car le sergent qui occupait cette fonction, avait un contentieux avec l’adjudant, chef du service. Je n’ai pas hésité une seconde pour donner mon accord. Nous sommes restés deux ou trois jours à Blida. Lors d’une sortie en ville, sur la place où trônait un kiosque à musique, nous avons été arrêtés par le colonel commandant notre régiment, au motif que nous lisions un journal en marchant. Il a tiré sur nos vêtements et, constatant que la bride du blouson n’était pas attachée au bouton du pantalon, nous a jugés « débraillés ». Nous avons écopé de huit jours de prison. Compte tenu des circonstances, il nous a semblé que cet officier supérieur aurait dû avoir d’autres préoccupations… Grâce à mon compagnon, qui était bien placé, nous n’avons jamais purgé cette peine.

    Le lendemain de mon arrivée au camp de Bordj-Bou-Arreridj, notre nouvelle implantation, j’ai été convoqué par le commandant qui m’a annoncé mon affectation immédiate à l’approvisionnement de la Compagnie de Commandement et des Services. J’ai appris la nouvelle au lieutenant, chef de la section. Celui-ci ne voulait pas me lâcher. « Vous n’allez pas aller avec ces "culs terreux’ », me dit-il. Je lui ai répondu que c’était un ordre du commandant. Il s’est incliné. Je l’ai revu quelques années plus tard devant l’Ecole militaire, dans le 7ème arrondissement de Paris. Je n’ai pas éprouvé le besoin d’aller lui parler.

    J’ai rapidement pris mes fonctions, sous les ordres de l’adjudant. Mon travail consistait, avec l’aide de trois autres soldats, à distribuer la nourriture aux cinq compagnies. Il existait un barème établi par soldat et par type de produit : viande, légumes, pain, le tout multiplié par le nombre de jours. Je tenais la comptabilité des entrées, des sorties. Je remplissais les états de fin de mois. J’étais donc investi d’une vraie responsabilité. C’est ainsi que je me suis aperçu que les hommes mangeaient, apparemment, trois fois plus de pain que prévu. Où passait l’argent ainsi détourné ? Je n’ai rien dit mais j’ai pensé que le contrôle était inexistant. J’étais impuissant car il était difficile à un simple soldat de s’opposer à la hiérarchie. En outre, mon dossier aurait été exploité en ma défaveur. J’ai d’ailleurs subi une tentative d’implication dans la malversation, mon chef m’ayant demandé de refaire une facture non conforme, qui émanait du boulanger. Il arguait du fait qu’il ne voulait pas revenir chez le commerçant, à une quinzaine de kilomètres. Je l’ai refaite tout en refusant, malgré son ordre, de la signer. L’adjudant a imité, devant moi, la signature du boulanger…

    Exceptionnellement, notre bataillon avait à sa tête deux commandants, dont l’un était français musulman. J’ai appris par la suite qu’il avait été nommé général, seul parmi tous les officiers de son origine à avoir été « discriminé positivement » dans ce grade.

    Je ne sortais plus en opération, et ma participation à l’activité militaire se limitait à prendre la garde toutes les nuits, deux heures durant. Au cours de l’une d’entre elles, un gars du Nord, une canette de bière à la main, est venu discuter avec moi. Il m’a tout naturellement dit qu’il était allé en « corvée de bois », avec un autre soldat armé d’un fusil. Devançant alors ce dernier, il avait tué un Arabe d’un coup de couteau, délibérément. Que répondre ? Je suis resté sans voix. Le « mal » était profond…

    Les compagnies sortaient assez souvent pour des opérations de maintien de l’ordre. Des soldats revenaient au camp, blessés, à la suite d’accrochages. L’un deux, un sergent, a été blessé à la cuisse. Sur le moment, il a cru que ses parties génitales avaient été touchées. Ne supportant pas l’idée d’une telle mutilation, il a pris son arme automatique et l’a dirigée contre lui pour se supprimer. Un soldat a pu heureusement l’en empêcher. Revenu parmi nous, à sa sortie de l’hôpital, il était en pleine forme, le corps parfaitement intègre.

    Un soir, ceux qui étaient sortis pour le maintien de l’ordre sont revenus avec les femmes et les enfants d’un douar qu’ils ont enfermés dans des baraquements. La riposte ne s’est pas fait attendre : quelques heures après, nous avons subi une attaque. S’ensuivit un branle-bas de combat ! Nous nous sommes mis derrière les murets qui ceinturaient notre base, le fusil à la main, prêts à nous défendre. L’adjudant m’a alors donné l’ordre d’aller garder le coffre-fort. Nul besoin qu’on me le dise deux fois ! Je n’ai donc pas tiré un seul coup de fusil. Le lendemain, tous les prisonniers étaient relâchés.

    De temps en temps, j’allais à la gendarmerie, la nuit, garder un détenu qui pouvait être blessé. Le face-à -face n’était pas agréable. Le lendemain, il n’était plus là . J’ai eu la chance de ne jamais avoir assisté ou participé à des tortures. Il m’est arrivé d’entendre des cris diffus qui démentaient les déclarations du ministre Christian Pineau affirmant, à la tribune des Nations-Unies, que la torture n’existait pas en Algérie. Comment ne pas penser à tous ces hommes politiques, Guy Mollet, Robert Lacoste, François Mitterrand, d’autres encore, responsables de cette guerre, avec ses tortures, ses drames, ses abandons, ses trahisons ?

    Nous sommes restés à Bordj-Bou-Arreridj durant une année. Peu de temps avant ma libération, le bataillon s’est retrouvé à Cherchell, près de Tipasa. Nous campions sur la plage. Le 3 décembre 1957, j’ai pris le bateau à Alger. A la suite d’une traversée qui m’a rendu, comme à chaque fois, malade, j’ai débarqué à Marseille. Lors de ma permission libérable, j’ai reçu un document officiel m’octroyant la première classe. Ce n’est pas un grade, mais une distinction. Dans l’armée, il y a en effet deux distinctions : première classe et… maréchal !

    Je n’ai jamais été nommé au grade, très modeste, de caporal-chef auquel j’aurais pu prétendre. On m’a empêché, par deux fois, lors de ma formation initiale et pendant mon affectation au bataillon, d’acquérir une qualification à laquelle j’avais droit, et c’est mieux ainsi. C’est le plus grand service que l’armée m’a rendu car j’aurais peut-être dû, en tant que sous-officier, responsable d’hommes, accomplir des actes répugnants. Je voulais revenir dans l’état qui était le mien au départ. J’y suis presque parvenu. Je n’ai jamais tiré un coup de feu. Cependant, je n’oublie pas le 12 août 1956, jour tragique pour toujours gravé dans ma mémoire. Pourquoi ces vies perdues ou gâchées ? J’ai toujours été convaincu, bien avant mon incorporation, que l’Algérie conquerrait son indépendance. Les peuples qui la veulent finissent toujours par l’obtenir.

    A.R.

    SOURCE : https://legrandsoir.info/quelques-souvenirs-d-un-appele.html 

     

     


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  • L’ambassadeur de France à Alger : l’unijambiste !!!


    par Henri POUILLOT qui répond à cet article : http://www.tsa-algerie.com/20161111/lambassadeur-de-france-a-alger-memoire-avons-de-geant/

    L’ambassadeur de France à Alger sur la mémoire déclarait à Alger : "Nous avons fait des pas de géant".

    L’ambassadeur de France à Alger : l’unijambiste !!! *** Par Henri POUILLOT

    Bernard Émié est à Oran dans le cadre de la célébration du 98e anniversaire de l’armistice, conjointement avec l’ambassadeur d’Allemagne en Algérie, Mickael Zenner, et le maire d’Oran Noredine Boukhatem.
    A cette occasion, l’ambassadeur de France à Alger Bernard Émié a déclaré, jeudi soir à Oran, que son pays a fait "des pas de géant" sur la question de la mémoire. Pour lui, le président François Hollande "a fait un chemin considérable" vis-à-vis de la mémoire. "Ce qui a été fait depuis quatre ans par François Hollande, vous constaterez effectivement la grande évolution du discours, les mots et les phrases qu’il a prononcés ici en Algérie", a rappelé M. Émié dans une déclaration à TSA, à Oran où il se trouve depuis hier dans le cadre de la célébration du 98e anniversaire de l’armistice.
    Émié a rappelé aussi la venue en Algérie pour la première fois, du ministre des Anciens combattants français pour s’incliner devant la stèle de la première victime des massacres du 08 mai 1945, à Sétif. "Ces gestes ont une signification symbolique très considérable en termes d’apaisement et de reconnaissance vis-à-vis de l’Algérie. Pour la première fois aussi qu’un ministre des moudjahidine M. Zitouni, a été invité en France en janvier 2016", a-t-il poursuivi. "Côte à côte, les deux ministres (français et algérien) se sont inclinés devant la stèle préparée à la mémoire des victimes du 17 octobre 61. Le cheminement qui a été effectué par l’administration de François Hollande est extrêmement important. Nous avons fait des pas de géant. Les autorités algériennes mesurent je crois, les efforts des décisions politiques très fortes du président de la République", a déclaré M. Émié, en réponse à la question sur l’appel lancé par un élu français à reconnaître les crimes commis par la France en Algérie durant la colonisation (1).

    La France a fait des pas de géant pour la mémoire !!!

    On croit rêver en lisant de tel propos. Ce ne sont pas des pas de géant, mais de lilliputien ou d’unijambiste !!!
    Certes deux cérémonies (Sétif - 8 mai 1945- et Pont Saint-Michel - 17 octobre 1961-) ont été "célébrées" conjointement par les deux ministres français et Algériens, par des dépôts de fleurs. Mais la reconnaissance de ces crimes n’a toujours pas eu lieu et donc pas leur condamnation.
    De tels gestes sont au moins aussi méprisants à l’égard du Peuple algérien que le silence. Ne reconnaissant pas la nature de ces crimes, un simple dépôt de fleurs est en fait une négation de l’importance de ces évènements, de ces massacres.
    Quelques exemples significatifs :
    §  Le Ministre de la Défense Jean-Yves Le DRIAN va "honorer" Bigeard le 26 novembre prochain !
    Voir l’article !!!
    § Voir aussi mon intervention faite au Pont Saint-Michel le 17 octobre 2016 : il contredit les "fleurs" de l’ambassadeur. Il évoque aussi la "reconnaissance" des Harkis, l’assassinat de Maurice Audin...
    § Quand est-ce qu’un pas sera enfin réalisé quant aux tortures, aux viols, aux villages rasés par les bombes au napalm, l’utilisation du gaz VX et Sarin, aux camps d’internements (pudiquement appelés camps de regroupement), aux crevettes Bigeard, les massacres des 17 octobre 1961, 8 février 1962, 8 mai 1945, les corvées de bois....

    Quel scandale que l’ambassadeur devant représenter la France, notre pays, ose tenir de tels propos insultants envers le Peuple Algérien. Quelle honte !!!  

    (1) Stéphane Troussel, président du Conseil départemental de Seine Saint-Denis (région parisienne), a appelé François Hollande à la reconnaissance des "crimes" commis par la France pendant la Guerre de libération 


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  • Crest : la nouvelle rue nommée

     "Hélie de Saint-Marc" fait polémique

    Crest : la nouvelle rue nommée   "Hélie de Saint-Marc" fait polémique

    Cérémonie, ce vendredi, à Crest pour dévoiler la plaque de la nouvelle rue au nom de "Hélie de Saint-Marc". © Radio France - Mélanie Tournadre

    Hervé Mariton, le maire de Crest dans la Drôme a baptisé, ce vendredi, une nouvelle rue du nom du commandant Hélie de Saint-Marc. Résistant, déporté, Hélie de Saint Marc était aussi militaire putschiste pendant la guerre d’Algérie. 80 habitants se sont rassemblés pour dénoncer cette plaque.

    Hervé Mariton, le maire "Les Républicains" de Crest dans la Drôme a baptisé, ce vendredi 11 novembre, une nouvelle rue du nom du commandant Hélie de Saint-Marc, militaire mort en août 2013 à la Garde Adhémar. Cette nouvelle rue est située entre le supermarché Casino et le restaurant McDonald's. Le conseil municipal de Crest avait voté le nom de cette nouvelle rue il y a plusieurs mois.

    Cérémonie pour rendre hommage au résistant

    Une cérémonie a eu lieu, ce vendredi, devant la plaque au nom de Hélie de Saint-Marc. Plus de 150 personnes y ont assisté. "Hélie de Saint-Marc était un grand homme, résistant, déporté, qui aimait beaucoup la Drôme. Il est juste et bien que la Drôme lui rende hommage" explique le maire de Crest qui assume totalement le choix de son conseil municipal.

    "Il est juste que la Drôme lui rende hommage"

    Crest : la nouvelle rue nommée   "Hélie de Saint-Marc" fait polémique

    La plaque de la nouvelle rue au nom de "Hélie de Saint-Marc" ; une décision du conseil municipal de Crest. © Radio France - Mélanie Tournadre

    "Mon père est toujours resté debout, il a choisi l'honneur aux honneurs" explique, émue, Blandine de Bellecombe, la fille aînée d'Hélie de Saint-Marc. "Beaucoup de fausses informations circulent à son sujet". "Mon père n'a jamais fait partie de l'OAS"

     

    Crest : la nouvelle rue nommée   "Hélie de Saint-Marc" fait polémique

    Contre-rassemblement pour dénoncer

     le militaire putschiste en Algérie

    Grand-croix de la Légion d'honneur en 2011, Hélie de Saint-Marc ne fait pourtant pas l'unanimité. En 1957, pendant la Guerre d'Algérie, il était directeur de cabinet du Général Massu. Il a participé au putsch des généraux en Algérie et a été condamné à dix ans de prison pour ces faits.

    Crest : la nouvelle rue nommée   "Hélie de Saint-Marc" fait polémique

    Près de 80 personnes ont organisé, ce vendredi à Crest, un contre-rassemblement pour dénoncer cette plaque "Hélie de Saint-Marc". © Radio France - Mélanie Tournadre

    A deux kilomètres du lieu de la nouvelle plaque et de la cérémonie officielle, près de 80 habitants ont organisé un contre-rassemblement devant le monument de l'insurgépour dénoncer ce choix du conseil municipal de Crest. "Cette plaque me choque dans mes valeurs républicaine ;, cet homme a sûrement participé à la torture" explique Nadège, une des participantes.

    "Hélie de Saint-Marc a soutenu et couvert la torture !"

    François a fait la Guerre d'Algérie ; il a été appelé en tant que réserviste. A 84 ans, cet habitant de Crest a fait le déplacement pour dénoncer cette plaque et pour rendre homme au Général Jacques de Bollardière, militaire qui a refusé la torture pendant la Guerre d'Algérie. "J'aurais aimé que la municipalité nous demande notre avis et consulte ceux qui ont vécu la Guerre d'Algérie avant de mettre cette plaque". "Hélie de Saint-Marc, sous les ordres du Général Massu a couvert la torture".

    Cinquante-quatre ans après la fin de la Guerre d'Algérie, la tension reste très palpable. Ce vendredi, à Crest, il y a eu des échanges houleux lors de la conférence qui a suivi cette cérémonie entre ceux qui soutiennent cette plaque au nom de "Hélie de Saint-Marc" et ceux qui la dénoncent.

       CLIQUEZ :

    Crest : la nouvelle rue nommée   "Hélie de Saint-Marc" fait polémique

    SOURCE : https://www.francebleu.fr/infos/societe/crest-la-nouvelle-rue-nommee-helie-de-saint-marc-fait-polemique-1478894512

    CREST

    Rue Hélie de Saint-Marc : la colère

    du sénateur Henri Torre

    Crest : la nouvelle rue nommée   "Hélie de Saint-Marc" fait polémique *** MISE A JOUR

    Hervé Mariton, député-maire LR de Crest et Henri Torre ancien sénateur UDF de l'Ardèche. Archives Le DL  

    Ce jeudi 10 novembre : l'ancien sénateur de l'Ardèche Henri Torre (bientôt 80 ans) a pris son téléphone pour exprimer son désaccord avec le député-maire LR de Crest Hervé Mariton. "Je suis contre le projet de  dénommer une rue de Crest du nom d'Hélie de Saint-Marc. Les putschistes d'Alger (dont Hélie de Saint-Marc faisait partie, NDLR) ont donné naissance à l'OAS qui a fait plusieurs centaines de victimes. En la matière, la meilleure politique, à mon sens, est celle de l'oubli".

    C’est une décision qui a déclenché la polémique. Vendredi 11 novembre à 16 heures, Hervé Mariton, le député-maire de Crest, s’apprête à baptiser dans sa commune une rue au Commandant Hélie de Saint-Marc. Mais la personnalité de cet homme - Grand-Croix de la Légion d’honneur en 2011 qui est passé de la prison à la réhabilitation, du combat au témoignage, partage les opinions. Au centre de cette querelle, se place donc le souvenir d’un homme bien connu dans la Drôme, ancien résistant, déporté et militaire putschiste en Algérie, décédé en août 2013 à la Garde Adhémar.

    « Un grand soldat » pour Hervé Mariton

    « Pour moi c’était un grand soldat avec une vie complète et complexe qui honore la Drôme et que la Drôme honore », tient à rappeler Hervé Mariton. Mais l’initiative du député drômois a suscité la réprobation de certains de ses opposants dans la cité crestoise.

    Un rassemblement (comme nous l’avons vu plus haut) était prévu samedi au monument de l’Insurgé

    Les auteurs du communiqué n’ont pas hésité à établir le parallèle osé avec Robert Ménard qui a décidé, lui aussi, de (dé) baptiser la rue du 19-Mars et de lui donner le nom du commandant Hélie de Saint-Marc. Pour dire « non à la glorification complice de la torture en Algérie », une coordination composée de Nuit Debout Crest, de partis politiques et même d’anciens combattants qui se sont rassemblés, ce samedi au monument de l’Insurgé à Crest, afin de rendre hommage à Jacques Pâris de Bollardière, « seul militaire de haut rang à avoir refusé la torture en Algérie. »

    SOURCE : http://www.ledauphine.com/drome/2016/11/08/le-nom-d-une-rue-cree-la-polemique

     


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  • La justice et la fraternité, nos armes

     que les terroristes craignent le plus

    C’est le point de vue de Georges Salines

    La justice et la fraternité, nos armes   que les terroristes craignent le plus

    Président de l'association 13onze15, membre

     du réseau FATE 

    Le terrorisme n'est ni réservé aux mauvaises causes, ni exclusivement pratiqué par des combattants irréguliers.

    La justice et la fraternité, nos armes   que les terroristes craignent le plus

    ASSOCIATED PRESS

    La Tour Eiffel le 16 novembre, illuminée en mémoire des victimes des attaques terroristes du 13 novembre 2016. (Malte Christians/picture-alliance/dpa/AP Images via AP, File)

    Dans quelques jours, nous marquerons un triste anniversaire, celui des attaques du 13 novembre 2015. C'est aussi l'occasion de nous souvenir d'un autre 13 novembre, celui de l'année 1974. Ce jour-là, Yasser Arafat est monté à la tribune de l'Assemblée générale de l'Organisation des Nations unies réunie à New-York, porteur, selon ses propres mots, "d'un rameau d'olivier et d'un fusil de combattant de la liberté". Au cours du discours historique qu'il a prononcé, il a notamment déclaré :

    "La différence entre le révolutionnaire et le terroriste réside dans la raison pour laquelle chacun combat. Car celui qui s'en tient à une juste cause et se bat pour la liberté et la libération de sa terre contre les envahisseurs, les colons et les colonialistes, ne peut pas être appelé terroriste, sinon le peuple américain dans sa lutte de libération contre les colonisateurs britanniques aurait été terroriste, la résistance européenne contre les nazis serait le terrorisme, la lutte des peuples d'Asie, d'Afrique et d'Amérique latine serait aussi le terrorisme, et beaucoup d'entre vous qui sont dans cette salle de l'Assemblée étaient autrefois considérés comme des terroristes."

    Cette dernière phrase avait une résonance particulière lorsqu'on sait que cette 29ème session de l'Assemblée Générale de l'ONU était présidée ce jour là par Abdelaziz Bouteflika, actuel président de la République algérienne, mais alors Ministre des Affaires Etrangères de ce pays.

    Ce refus d'appliquer le qualificatif de terroriste aux combattants de la liberté, en raison de la valeur que l'on accorde à leur cause et quels que soient les actes qu'ils avaient pu commettre, a longtemps été assez largement partagé, à gauche de l'échiquier politique. Certains continuent dans cette veine. Denis Sieffert, dans un article consacré à critiquer ceux qui vantent le modèle sécuritaire israélien a ainsi écrit le 21 juillet 2016 dans l'hebdomadaire Politis :

    "On voit bien là toute l'ambiguïté du concept de terrorisme. Que ce soit Daech, un psychotique alcoolique et délinquant, ou un Palestinien dont on vient de détruire la maison et les terres cultivables pour cause d'extension coloniale, c'est du pareil au même. On retrouve là le discours colonial que l'on a bien connu pendant la guerre d'Algérie quand les militants du FLN étaient tous des 'terroristes'".

    Un peu plus loin, il indiquait :

    "La révolte contre un État en infraction constante avec le droit international peut bien sûr être condamnée quand elle est aveugle et vise des innocents, mais la condamnation ne peut pas se faire sans en rappeler le contexte politique et historique".

    Rappeler le contexte d'un acte est toujours nécessaire. Mais la violence qui vise des innocents ne "peut" pas être condamnée : elle doit l'être, toujours et partout.

    Gilles Manceron, dans un article de blog publié sur le site de Mediapart a critiqué deux des discours, dont le mien, qui avaient été prononcés le 19 septembre dernier à l'occasion de l'hommage national à toutes les victimes du terrorisme, au motif que l'attentat du Milk Bar y avait été seul mentionné parmi toutes les autres atrocités commises durant la guerre d'Algérie. Certes, cette critique était exprimée mezzo voce (il est toujours délicat de s'en prendre à une parole de victime), mais je l'estime néanmoins infondée. Le passage de mon discours concernant le Milk Bar se terminait ainsi :

    "La lutte contre le colonialisme ou la lutte pour les droits des Palestiniens sont sans doute des causes justes, c'est en tous cas mon opinion, mais qui jamais, jamais, jamais ne doivent servir à justifier le terrorisme. Aucune cause ne vaut qu'on arrache le pied à un enfant de huit ans. Aucune".

    Si j'ai choisi de citer cet attentat et pas d'autres (j'avais un temps de parole de cinq minutes), c'est précisément parce que personne, du moins personne qui m'importe, ne cherche à défendre les attentats de l'OAS ou n'hésite un seul instant à les qualifier d'actes terroristes. Il n'en va pas de même pour les actions du FLN. Zohra Drif, qui a posé la bombe au Milk Bar a été sénatrice et vice-présidente du Conseil de la Nation en Algérie où elle est considérée comme une héroïne nationale. Elle a été invitée au Sénat, dans des colloques et sur des plateaux télévisés en France. Danielle Michel-Chich avait cinq ans le 30 septembre 1956. Elle a perdu ce jour là sa jambe gauche, et sa grand-mère, qui l'avait amenée manger une glace, a perdu la vie. Elle raconte dans son admirable livre lettre à Zohra D qu'en raison de son engagement militant à gauche, elle s'est longtemps abstenue de parler de son expérience à ses camarades, car dans un certain contexte, il paraissait presque honteux, ou tout au moins suspect, d'avoir été une victime du FLN.

    Le concept de terrorisme n'a à mon sens rien d'ambigu et il ne peut certainement pas être défini en fonction de la valeur plus ou moins grande qu'on accorde à la cause qu'il prétend servir. Ce qui caractérise le terrorisme, c'est qu'il frappe volontairement des innocents.

    Il y a des causes justes et des causes injustes. Il y a des méthodes de lutte honorables et des méthodes ignobles auxquelles on ne devrait jamais recourir. Des méthodes qui n'ont rien de respectables, contrairement à ce que semble indiquer Eric Zemmour dans une récente entrevue accordée au mensuel Causeur. Parmi celles-ci figure le terrorisme, mais il y en a d'autres, bien sûr, comme l'usage de la torture par exemple. Malheureusement, il n'y a pas toujours concordance entre la noblesse ou l'ignominie de la fin poursuivie et celles des moyens utilisés.

    Certains luttent pour de mauvaises causes, mais le font sans recourir au terrorisme, par exemple les salafistes dits "quiétistes" ou encore l'extrême droite "légaliste". Le fait qu'ils n'aient pas de sang sur les mains ne rend pas leur cause plus juste : ils ne tuent pas, mais la victoire des uns ou celle des autres serait une défaite pour la raison, le progrès, le vivre ensemble, les valeurs républicaines, les droits de l'homme. Je considère qu'il faut les combattre dans la presse, sur les réseaux sociaux, dans les urnes pour ceux qui cherchent un suffrage, mais je reconnais et même je défends leur droit à s'exprimer, dans le cadre de la loi.

    D'autres utilisent des méthodes inacceptables pour défendre des objectifs nobles. Cela ne suffit pas à disqualifier leur cause, comme voudraient souvent nous en convaincre leurs adversaires : le fait que le Hamas envoie des missiles sur des populations civiles est absolument condamnable, mais n'enlève rien au fait que les droits des Palestiniens doivent être défendus. A contrario, la légitimité du but poursuivi ne justifie pas le recours à la violence contre des innocents.

    Arguer du fait que l'adversaire lui-même utilise des méthodes inadmissibles n'est pas une excuse pour faire de même. C'est pourtant en raison des brutalités coloniales, des massacres de Sétif, Guelma et Kherrata, des tortures pratiquées par les paras français et plus tard des exactions de l'OAS que les victimes civiles de la Toussaint rouge de 1954, des attentats du Milk Bar et de la Cafeteria ou des émeutes d'Oran en 1962 ont été peu ou prou effacées de notre mémoire nationale. C'est également en raison des injustices subies par les Palestiniens, du non-respect des résolutions des nations unies par l'Etat Israélien et des abus dont il se rend coupable vis-à-vis des droits de l'homme que certains choisissent de se taire lorsque des citoyens de l'Etat hébreu sont aujourd'hui agressés ou assassinés. Ce n'est pas parce que "la violence de l'occupant légitimait le recours aux armes" comme l'écrit Gilles Manceron que les résistants français ne peuvent pas être considérés comme des terroristes, mais parce que les formes de leur lutte armée ne visaient pas d'innocentes victimes civiles. Même les exécutions d'officiers nazis ou de collaborateurs ont d'ailleurs été relativement peu nombreuses et accomplies avec moult débats et réticences de la part des auteurs de ces actes.

    Le terrorisme n'est ni réservé aux mauvaises causes, ni exclusivement pratiqué par des combattants irréguliers. Le terrorisme d'Etat existe lui aussi, et il n'a pas été le monopole des régimes dictatoriaux. Les plus effroyables actes terroristes de tous les temps ont été commis les 6 et 9 août 1945 à Hiroshima et Nagasaki. Ils l'ont été par un Etat démocratique, les Etats-Unis d'Amérique, qui menait un juste combat, contre le nazisme et l'impérialisme japonais. Ce sont néanmoins pour moi des actions terroristes, car elles ont visé intentionnellement des populations civiles et non des cibles militaires dans le but de terroriser l'adversaire et le contraindre à la capitulation.

    A contrario, la lutte armée contre un occupant ou un colonisateur ne peut être qualifiée de terroriste lorsqu'elle s'abstient de viser des innocents. L'utilisation du qualificatif terroriste est alors un simple outil de propagande, comme on l'a vu dans le cas des nazis cherchant à discréditer la résistance française. On pourrait dire la même chose de la guerre d'indépendance américaine, de la lutte de l'ANC en Afrique du Sud, de la résistance vietnamienne et bien d'autres.

    Cependant, et malheureusement, il existe un fil rouge historique qui relie la résistance française, la lutte pour l'indépendance de l'Algérie, les formes violentes du combat palestinien et le terrorisme islamiste : dans tous ces cas, les actions conduites ont eu pour effet, que cela ait été ou non l'intention initiale, de déclencher une réaction violente. Cette réaction souvent excessive dans la forme a frappé à son tour des innocents. Ceci a entrainé un réflexe de solidarité autour des auteurs des attaques ou au minimum de détestation de leurs adversaires.

    Les exécutions d'officiers allemands par des résistants communistes, aussi héroïques qu'elles aient été, n'ont pas eu une efficacité militaire directe (contrairement aux actions qui ont visé le transport ferroviaire par exemple). Même si elles ont pu peser sur le moral de l'armée d'occupation, leur principal effet a été d'entrainer l'exécution d'otages par les nazis. Ces exactions ont en retour provoqué un sentiment d'horreur et ont contribué au rejet de l'occupant allemand et de ses alliés vichystes par la population. Elles ont aussi suscité de la sympathie pour les communistes, désignés comme "le parti des fusillés".

    En Algérie, les autorités françaises ont riposté aux attentats du FLN avec une telle brutalité et une telle absence de discrimination qu'elles ont radicalisé la population musulmane, perdu la confiance d'une grande partie des Français de métropole et ont poussé bon nombre d'intellectuels à se dresser en faveur de l'indépendance et contre l'usage de la torture.

    La politique sécuritaire israélienne, tant vantée par certains en France ces derniers mois, inclut entre autres des emprisonnements sans jugement pour des périodes non définies, des assassinats "ciblés" qui font souvent des victimes collatérales, la destruction des maisons des familles d'auteurs d'attentats et l'érection d'un mur qui empiète sur les territoires occupés. Elle entraine périodiquement la réprobation de la communauté internationale, malgré les vetos américains au conseil de sécurité de l'ONU. Elle a exacerbé l'hostilité du monde arabo-musulman contre l'Etat juif, jusqu'à la haine et l'antisémitisme.

    Les Etats-Unis ont cru bon de répliquer aux attaques du 11 septembre 2001 en déclenchant deux guerres sanglantes dont l'une au moins, la deuxième guerre du golfe, visait un régime certes peu sympathique mais qui n'était pour rien dans la chute des tours jumelles. Ils l'ont fait avec des méthodes, de Guantanamo à Abou Graib et aux frappes de drones, qui ont enraciné dans les populations concernées un profond sentiment antiaméricain.

    Confrontés aujourd'hui au terrorisme de Daech, nous devons absolument éviter de tomber dans le même piège. Nous avons à faire aujourd'hui à un ennemi dont les objectifs sont aussi méprisables que les méthodes. Raison de plus pour garder une ferme confiance dans nos valeurs et pour le combattre avec les armes qu'il craint le plus : l'Etat de droit, la justice, la démocratie, la fraternité, qui n'empêchent certainement pas d'avoir une police efficace et des prisons hermétiques.

    FATE a été lancé en Avril 2016, comme réponse aux attentats en France et en Belgique l'année dernière. Le réseau regroupe aujourd'hui plus de 43 organismes de bienfaisance, dans 8 pays à travers l'Europe et l'Afrique du Nord. Grâce au sommet en Novembre, FATE vise à doter les collectivités d'outils pour appréhender l'idéologie et les stratégies de recrutement de Daesh.  

    SOURCE : http://www.huffingtonpost.fr/georges-salines/terrorisme-daech-guerre/ 

     

    A Lola Salines qui a perdu la vie

     au Bataclan 

    La justice et la fraternité, nos armes   que les terroristes craignent le plus

    Je ne savais rien de toi, Lola. Je ne savais pas que tu aimais le rock, que tu pratiquais le roller derby. Rien de tes secrets de jeune femme, tes joies, tes chagrins, tes projets d’avenir, ce qui te révoltait ou te faisait délirer. Je me souviens juste de ta curiosité d’éditrice, de ton attention pour cette "Encyclo de la danseuse" que nous avons portée ensemble, de tes conseils précieux, et aussi de ton immense sourire à fossettes qui m’a accueillie lors de notre première rencontre.

    Ce même sourire qui est apparu sur mon fil twitter samedi matin alors que j’émergeais d’une nuit courte et sans rêve. Je me suis figée. La veille, j’avais fait le tour de mes amis pour savoir s’ils allaient bien. Je pouvais dormir tranquille, les miens étaient sains et saufs. Et soudain, là dans le flot d’informations, surgissaient ton prénom et ton visage. Ainsi ce drame qui venait de se dérouler à quelques centaines de mètres de chez moi prenait un tour familier.

    Toute la journée, j’ai guetté mon portable, surveillé les réseaux sociaux espérant que l’issue serait autre pour toi. Je t’ai imaginée dans un hôpital parisien, entre les mains de médecins plus prompts à te sauver qu’à se préoccuper de ton identité. Jusqu’au message de ton papa nous annonçant que toi aussi, tu faisais partie des martyrs du Bataclan. Vue la peine que je ressens à la pensée de ta jeunesse fauchée, alors qu’on se connaissait à peine, Lola, je mesure celle de tes parents, de ta famille, de tes amis, de tes collègues de travail. « Dansez, dansez, sinon nous sommes perdus », disait la chorégraphe Pina Bausch. J’espère que tu dansais à en perdre le souffle juste avant que ces meurtriers ne te volent ta vie et ton sourire.

     

    La justice et la fraternité, nos armes   que les terroristes craignent le plus

     Le discours de Georges Salines au cours

    de la journée d'hommage à "toutes les victimes

    du terrorisme"

     

     

     


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  •  6 mois de la présidentielle, il est bien tard pour ce que vous demandez et vous êtes bien seul Stéphane Troussel… mais il vous restera l’honneur d’avoir tenté de modifier l’image honteuse de  la France coloniale… 

    Guerre d'Algérie : Un élu PS demande à François Hollande de reconnaître les «crimes» de la France

    Guerre d'Algérie : Un élu PS demande à François Hollande de reconnaître les «crimes» de la France

    Le président PS du conseil départemental de Seine-Saint-Denis Stéphane Troussel appelle ainsi à «laver l'affront» de la déchéance de nationalité...

    Guerre d'Algérie : Un élu PS demande à François Hollande de reconnaître les «crimes» de la France

    François Hollande lors de l'hommage aux Harkis le 25/09/16. - Ian Langsdon/AP/SIPA

    François Hollande incité à aller plus loin dans la reconnaissance des responsabilités françaises en Algérie. Le président PS du conseil départemental de Seine-Saint-Denis Stéphane Troussel a appelé mercredi le chef de l’Etat à « laver l’affront » de la déchéance de nationalité en reconnaissant les « crimes » de la France dans la guerre d’Algérie.

    « Alors qu’un espoir était né dans les quartiers populaires pendant la campagne présidentielle, il a manqué un message et des actes qui redonnent confiance », a souligné Stéphane Troussel lors d’un débat organisé à Pierrefitte-sur-Seine en présence de l’ancienne ministre de la Justice Christiane Taubira.

    Une « mesure d’exclusion républicaine » des enfants d’immigrés

    C’est ainsi que la proposition du droit de vote des étrangers, « mesure d’inclusion républicaine », a été « remplacée » par la proposition de déchéance de nationalité, qualifiée de « mesure d’exclusion républicaine » des enfants d’immigrés.

    Pour cet élu de La Courneuve, il est « encore temps » cependant de « laver cet affront qui a été fait à une grande partie de nos concitoyens ». Il souhaite ainsi que le président de la République fasse du 17 octobre une « journée nationale de reconnaissance des crimes et du rôle de l’État français dans la guerre d’Algérie », et que l’histoire de la colonisation et de la décolonisation figure dans les programmes du collège. Le 17 octobre 1961 fait référence à la répression par la police d’une manifestation du FLN à Paris lors de laquelle 100 Algériens auraient péri.

    François Hollande a reconnu « les responsabilités »

     de la France dans « l’abandon » des harkis

    « Si nous voulons que les jeunes issus de cette histoire se sentent pleinement français, la République doit reconnaître leur histoire et celles de leurs parents et grands-parents », estime Stéphane Troussel. L’élu rappelle que l’ancien président « Chirac l’a fait avec la reconnaissance du rôle de Vichy dans la déportation », Christiane Taubira et l’ancien Premier ministre Lionel Jospin « avec la reconnaissance de la traite et de l’esclavage en tant que crime contre l’humanité ».

    Le 19 mars 2016, François Hollande avait commémoré le cessez-le-feu du 19 mars 1962 en Algérie. Cette initiative, destinée à instaurer la « paix des mémoires », avait provoqué une levée de boucliers, en particulier chez les harkis et rapatriés. Le président s’est rattrapé le 25 septembre en reconnaissant pour la première fois « les responsabilités » de la France dans « l’abandon » des harkis.

    SOURCE : http://www.20minutes.fr/societe/1959215-20161110-guerre-algerie-elu-ps-demande-hollande-reconnaitre-crimes-france

     


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  • Guerre d'Algérie : Témoignage de Jean-Michel Molé

    Guerre d'Algérie : Témoignage de Jean-Michel Molé

    Parti directement en Algérie en janvier 1958, J-M. Molé fait ses classes dans un camp situé dans la montagne algérienne avec les Tirailleurs Algériens. Là, entre les patrouilles et les nuits de garde, il tente d’apprendre l’arabe et aident certains autres soldats algériens à écrire à leurs parents. Il sera ensuite muté à Alger, où en février 1960, il connaîtra les barricades et les fusillades…

    Témoignage enregistré le 2 octobre 2016 


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  • Ils nous promettent du sang et des larmes s’ils parviennent au Pouvoir suprême… Qui ça ? Les nostalgiques de l’Algérie française et de la France coloniale  

    CREST (Drôme)

    Le nom d’une rue crée la polémique

    Archives Le DL

    Bas du formulaire

    C’est une décision qui a déclenché la polémique. Vendredi 11 novembre à 16 heures, Hervé Mariton, le député-maire de Crest, s’apprête à baptiser dans sa commune une rue au Commandant Hélie de Saint-Marc. Mais la personnalité de cet homme - Grand-Croix de la Légion d’honneur en 2011 qui est passé de la prison à la réhabilitation, du combat au témoignage, partage les opinions. Au centre de cette querelle, se place donc le souvenir d’un homme bien connu dans la Drôme, ancien résistant, déporté et militaire putschiste en Algérie, décédé en août 2013 à la Garde Adhémar.

    « Un grand soldat » pour Hervé Mariton

    « Pour moi c’était un grand soldat avec une vie complète et complexe qui honore la Drôme et que la Drôme honore », tient à rappeler Hervé Mariton. Mais l’initiative du député drômois a suscité la réprobation de certains de ses opposants dans la cité crestoise.

    Un rassemblement prévu samedi au monument

     de l’Insurgé

    Les auteurs du communiqué n’ont pas hésité à établir le parallèle osé avec Robert Ménard qui a décidé, lui aussi, de (dé) baptiser la rue du 19-Mars et de lui donner le nom du commandant Hélie de Saint-Marc. Pour dire « non à la glorification complice de la torture en Algérie », une coordination composée de Nuit Debout Crest, de partis politiques et même d’anciens combattants a prévu de se rassembler, ce samedi au monument de l’Insurgé à Crest, afin de rendre hommage à Jacques Pâris de Bollardière, « seul militaire de haut rang à avoir refusé la torture en Algérie. »

    SOURCE : http://www.ledauphine.com/drome/2016/11/08/le-nom-d-une-rue-cree-la-polemique 

    CREST (Drôme)  Le nom d’une rue crée la polémique

    Un peu d'histoire !

    C'est quoi le monument de l'Insurgé à Crest

    Statue de "L'insurgé" à Crest (Drôme 26)

     

    (18/09/2016) De passage à Crest, un monument aux morts sur un rond-point attire mon attention de part l'absence de poilu avec casque Adrian et fusil Lebel comme à l'accoutumé. 

    Beauté et originalité du monument, à la place du poilu, un fier civil armé d'un fusil, quelques photos et recherches plus tard m'ont permis de me pencher sur une période de l'histoire de France que j'ignorais, "Le coup d'état du 2 décembre 1851"

    Le coup d’État du 2 décembre 1851 est l’acte par lequel, en violation de la légitimité constitutionnelle, Louis-Napoléon Bonaparte, président de la république française depuis trois ans, conserve le pouvoir à quelques mois de la fin de son mandat, alors que la Constitution de la Deuxième République lui interdisait de se représenter.

    En 1810, après quatre ans de souscriptions, tombolas, soirées musicale…, la municipalité de Crest – la ville qui avait été le principal point de convergence des soulèvements, puis, avec sa tour-prison, le cœur de la répression – parvint à ériger un monument sur la place de la Liberté, à l’emplacement même de la bataille du 7 décembre 1850.

    En 1910, après quatre ans de souscriptions, tombolas, soirées musicale…, la municipalité de Crest – la ville qui avait été le principal point de convergence des soulèvements, puis, avec sa tour-prison, le cœur de la répression – parvint à ériger un monument sur la place de la Liberté, à l’emplacement même de la bataille du 7 décembre 1850.

     Adossé à un pylône de pierre au sommet duquel claironne fièrement un coq, la statue en bronze représente un jeune paysan, son fusil à la main, bravant du regard la tour qui lui fait face.

    Adossé à un pylône de pierre au sommet duquel claironne fièrement un coq, la statue en bronze représente un jeune paysan, son fusil à la main, bravant du regard la tour qui lui fait face.

    Au cours de la guerre 1939-1945, la Résistance locale se reconnaît dans ce symbole : une gerbe est déposée au pied du monument. Sous le prétexte de récupérer les métaux, les autorités soumises à l’occupant déboulonnent la statue. En 1991, un comité local, grâce à une souscription, est parvenu à mettre en place une nouvelle statue de L’Insurgé.

    Au cours de la guerre 1939-1945, la Résistance locale se reconnaît dans ce symbole : une gerbe est déposée au pied du monument. Sous le prétexte de récupérer les métaux, les autorités soumises à l’occupant déboulonnent la statue. En 1991, un comité local, grâce à une souscription, est parvenu à mettre en place une nouvelle statue de L’Insurgé.

    "A la gloire des citoyens qui combattirent pour la défense de la République au coup d'état du 2 Décembre 1851.

    "A la gloire des citoyens qui combattirent pour la défense de la République au coup d'état du 2 Décembre 1851.

    "A tous les défenseurs de la liberté tués dans les combats du 6 et 7 Décembre 1851, a tous ceux morts par la suite dans les bagnes, les camps de déportation, les prisons ou victimes de la répression.

    "A tous les défenseurs de la liberté tués dans les combats du 6 et 7 Décembre 1851, a tous ceux morts par la suite dans les bagnes, les camps de déportation, les prisons ou victimes de la répression.

    Cartes postales anciennes du monument.

    Cartes postales anciennes du monument.

    L’insurrection de 1851 dans la Drôme

    Les espoirs de la révolution de février sont vite déçus. Le 10 décembre 1848, l’élection de Louis Napoléon Bonaparte à la présidence de la République est aussi triomphale dans la Drôme que dans le reste de la France. Mais en quelques semaines, la réaction montre son vrai visage. Le préfet est remplacé par l’ancien avocat Ferlay, farouche adversaire de la République et des libertés, qui met aussitôt en place un réseau administratif à son service et fait attribuer au département 700 soldats supplémentaires. Déjà, des résistances se manifestent comme à Saillans où on élève une statue de la Liberté pour célébrer, le 28 février 1849, le premier anniversaire de la Révolution.

    Les Républicains les plus avancés s’organisent autour du député Mathieu de la Drôme et, aux élections législatives du 13 ami 1849, triomphent en enlevant les sept sièges, écrasant la liste conduite par le vieux prince Jérôme Bonaparte.

    L’insurrection de Lyon sert de prétexte à la mise en état de siège de la Drôme ; journaux et affiches censurés, cafés surveillés, discours et chants « séditieux » réprimés, réunions publiques interdites, nombreuses révocations voire arrestations de fonctionnaires, perquisitions et fouilles, confiscations des armes dans 20 communes… La ruse et la clandestinité s’opposent à cet étouffement de la liberté : fêtes des bouviers, carnaval, abattage du cochon et même pèlerinages deviennent autant d’occasions de manifestations, tout un réseau de « sociétés secrètes » se met en place.

    Les mauvaises récoltes de grains, la maladie de la vigne, la faible production de cocons rendent les années 1850-1851 difficiles et portent l’exaspération à son comble. À ce mécontentement, Ferlay répond par une sévérité accentuée, allant jusqu’à interdire la couleur rouge ou limiter la participation aux enterrements. En septembre 1850, à Cliouscat et Mirmande, l’arrestation d’un contremaître de filature provoque une véritable émeute matée par un déploiement considérable de force et 34 condamnations sévères. Les dissidents principaux réussissent à fuir et à se cacher dans les bois de Grâne où un échange de coups de feu les opposent aux gendarmes qui les ont repérés. Le préfet fait occuper Grâne par 300 hommes de troupe. Mais certains militaires sympathisent avec les républicains : neuf sous-officiers sont pris dans une réunion clandestine, au quartier Porterons à Divajeu. La dictature policière fait grandir la colère.

    La nouvelle du coup d’État est connue le 3 décembre. Le soir même, les ouvriers de Crest, grand centre textile du département, manifestent à la sortie des usines et assaillent à coups de pierres la gendarmerie où s’est réfugié le maire Moutier. Des attroupements se forment le même jour à Aouste et Saillans, le lendemain à Piégros, Autichamp, Suze.

    Les 6, 7 et 8 décembre, la riposte prend une toute autre ampleur : trois flots d’insurgés vont déferler sur Crest, véritable cœur de la révolte, d’autres tenteront de se concentrer vers Loriol et Montélimar.

    Le 6, plus d’un millier d’hommes venus des vallées de la Sye et de la Gervanne, drapeau tricolore et tambours en tête, approchent de la ville de Crest. Bloqués par les barricades de la garde bourgeoise et de la troupe, ils bivouaquent près de la tour. Durant la nuit, ils auront plusieurs accrochages avec la garnison. Pendant ce temps, un gros rassemblement s’organise à Grâne et prend le chemin de Crest, se gonflant encore au passage à Chabrillan. Des curés et quelques « blancs » sont placés en tête pour protéger le cortège. La nuit est tombée lorsqu’ils atteignent Crest. Là, fantassins et artilleurs les attendent à l’abri d’une barricade. Aux appels à la fraternisation qui leur sont lancés par les insurgés, ils répondent par des coups de fusil : deux cadavres seront retrouvés gelés le lendemain. La panique s’empare des insurgés qui, pour la plupart, s’enfuient. Le même jour, une autre insurrection a éclaté dans la plaine de la Valdaine, où les insurgés tentent d’aller vers Montélimar. Un violent combat à Saint Marcel-lès-Sauzet fait deux morts et des blessés.

    Dans les très protestants cantons de Dieulefit, autre cité drômoise du textile, et de Bourdeaux, on sonne le tocsin, on bat la générale, les habitants se rassemblent à la fin de cette journée, venus des centres de tous les villages environnants. Une énorme colonne prend la route en pleine nuit, se grossissant à chaque traversée de bourgade. Le 7 décembre en début d’après-midi, c’est un torrent de trois à quatre mille insurgés qui arrive au sud de Crest. Là encore, la troupe, que le préfet a rapidement fait renforcer, ne répond aux appels pacifiques que par les fusils et les canons. Une véritable bataille s’engage, qui dure deux heures. Mais les fusils de chasse et les faux emmanchées à l’envers ne peuvent rien face aux tirs à mitraille des canons. Les insurgés laissent sur le terrain au moins six morts et de nombreux blessés. Le 8 décembre enfin, le regroupement de quelques centaines d’insurgés à Loriol n’aura pas de suite. Dans le Diois et dans le sud de la Drôme, comme autour du chef-lieu Valence et de Romans, les plans de marche avaient avorté.

    Mal organisé, mal commandé (de nombreux dirigeants républicains avaient été arrêtés auparavant, d’autres ont fait défection), le soulèvement drômois se soldait partout par un échec. Sur ces hommes déjà douloureusement accablés et cruellement déçus allait s’abattre une terrible répression minutieusement organisée par le préfet Ferlay.

    Deux bataillons affectés à la Drôme commencent un ratissage systématique des secteurs insurgés, aidés par la gendarmerie et les troupes déjà en place. « Nous les traquons avec activité et par tous les moyens » écrit le conseiller de préfecture Léchelle. Les brutalités et les primes au mouchardage facilitent la rafle d’hommes terrés dans les abris de fortune et acculés par le froid et la faim. Les prisons sont pleines quand se déroule le plébiscite des 20 et 21 décembre destiné à entériner le coup d’État. La peur savamment entretenue par la propagande officielle, le trucage éhonté du scrutin (non secret), les menaces contre ceux qui oseraient voter « non » assurent le succès, moins net cependant qu’ailleurs (taux d’abstentions supérieur, près de 14% de « non » contre 8,1% en France). Le vote négatif est même majoritaire dans 24 communes.

    La chasse aux fugitifs se poursuit. Dans les sombres et froides cellules de la tour de Crest, on arrivera à entasser plus de 450 détenus (dont 6 femmes) dans des conditions inhumaines. Les prisons de Valence et Romans débordent aussi. La commission mixte – le préfet Ferlay, le général Lapène et le procureur Payan-Dumoulin, représentant les trois instruments de l’ordre – sont chargés de « délivrer la société de ses pernicieux élements ». Dans un simulacre de jugement, ces trois hommes examinent à la sauvette plus de 1600 dossiers et prononcent leurs sentences : certes, les peines capitales seront commuées en travaux forcés, mais aux victimes des combats, il faut ajouter de nombreux morts : suicides dus au désespoir, décès de l’épouse ou des parents d’un condamné accablés de chagrin. Sept Drômois (sur 30 initialement condamnés) sont envoyés au bagne de la Guyane où meurt le chaufournier Brun, de Soyans. De nombreux autres connaissent les bagnes et enceintes fortifiées de Toulon, Belle-Île et Riom. Plus de 200, sur 496 prévenus, sont déportés dans les camps en Algérie : douze y mourront. Pour beaucoup d’autres, ce sera l’exil obligatoire à l’étranger (Savoie, Suisse, Italie…), l’assignation à résidence hors du département et, dans le meilleur des cas, une mise sous surveillance après quelques mois d’emprisonnement. La Drôme a été un des départements les plus frappés par l’insurrection.

    La révolte drômoise de 1851 n’a pas été qu’un feu de paille. Tout au long du Second Empire, instauré un an après, et malgré un régime policier insoutenable, leur résistance a continué de s’affirmer en de multiples occasions. Le préfet écrit à son ministre en 1857 : « le mot liberté sur les populations impressionnables de ce département a un effet indéfinissable ». Le souvenir, certes embrumé, de ces événements s’est transmis de génération en génération et imprègne encore profondément la mémoire collective.

    En 1810, après quatre ans de souscriptions, tombolas, soirées musicale…, la municipalité de Crest – la ville qui avait été le principal point de convergence des soulèvements, puis, avec sa tour-prison, le cœur de la répression – parvint à ériger un monument sur la place de la Liberté, à l’emplacement même de la bataille du 7 décembre 1850. Adossé à un pylône de pierre au sommet duquel claironne fièrement un coq, la statue en bronze représente un jeune paysan, son fusil à la main, bravant du regard la tour qui lui fait face.

    Au cours de la guerre 1939-1945, la Résistance locale se reconnaît dans ce symbole : une gerbe est déposée au pied du monument. Sous le prétexte de récupérer les métaux, les autorités soumises à l’occupant déboulonnent la statue. En 1991, un comité local, grâce à une souscription, est parvenu à mettre en place une nouvelle statue de L’Insurgé.


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  • Le 1er novembre 2016, à Béziers, comme chaque année, c’est devant la stèle de la honte glorifiant l’OAS que Robert Ménard a déposé des fleurs et s’est incliné

    Le 1er novembre 2016, Ménard fleurit la stèle de la honte à Béziers

    À l’origine, la stèle de Béziers avait été érigée à la mémoire des morts civils et militaires laissés en Outre-Mer. Peu à peu, elle a été transformée en un hommage à l’action de l’OAS. Sur cette stèle figurent les photos des quatre membres de l’OAS qui ont été fusillés après avoir été condamnés à mort par les tribunaux français, suivies de la phrase "N’oubliez jamais leur sacrifice". Il s’agit de Jean Bastien-Thiry qui organisa en 1962 l’attentat du Petit Clamart dans le but d’assassiner le général de Gaulle ; Roger Degueldre, créateur des commandos Delta de l’OAS, Albert Docevar et Claude Piegts qui avaient participé en mai 1961 à l’assassinat du commissaire central d’Alger Roger Gavoury. 


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  • Ils nous promettent du sang et des larmes s’ils parviennent au Pouvoir suprême… Qui ça ? Les nostalgiques de l’Algérie française et de la France coloniale

     

    Angoulême

    Anciens d'Algérie : un discours crée

     la polémique au cimetière

    Alain Leroy assume totalement son discours. Photo Archives Majid Bouzzit

    Cinquante-quatre ans après la fin de la guerre d’Algérie, les cicatrices sont encore béantes. Un discours du frontiste Alain Leroy a suffi à mettre le feu aux poudres au cimetière de Bardines à Angoulême.

    Cinquante-quatre ans après la fin du conflit, dont la date de commémoration –le 19 mars lendemain du cessez-le-feu– fait toujours polémique, les cicatrices de la guerre d’Algérie ne sont toujours pas refermées. Et c’est un euphémisme.
    Dernière illustration en date, les cérémonies du 31 octobre au cimetière de Bardines à Angoulême.

    Il aura suffi d’une prise de parole d’Alain Leroy, figure du Front national en Charente et ancien conseiller régional, pour que refassent surface les anciennes haines recuites. Un discours qualifié de politique au pied du monument aux morts d’Afrique du nord (AFN) qui a mis en fureur les représentants de la Fnaca, la Fédération nationale des anciens combattants d’Algérie, qui ont eu un peu le sentiment de s’être fait piéger. Il a suffi d’une mise en cause de «la Fnaca» et des «communistes» pour mettre le feu aux poudres.

    «J’ai assisté à la première cérémonie, bien organisée, par le Souvenir français au cimetière de Bardines. Puis on a demandé aux porte-drapeaux de se rendre au monument aux morts d’AFN, comme c’est apparemment la tradition» en ces journées où se succèdent les commémorations. La suite, François Lepetit, le président de la Fnaca, parti à l’hôtel de ville pour une autre cérémonie, ce sont ses présidents de comité qui la lui ont racontée. Dont le Rouillacais Michel Cotinaud. «Nous avons été invités à rejoindre l’autre bout du cimetière de Bardines. Nous avons attendu un bon quart d’heure. Et Alain Leroy, que je ne connaissais pas, est arrivé, a pris la parole pour insulter la Fnaca, le Parti communiste, le général de Gaulle.»

    En cause, l’attaque notamment du discours d’Alain Leroy, nostalgique revendiqué de l’Algérie Française. «Contrairement à ce qu’en disent la Fnaca et les communistes, les soldats n’étaient pas en Algérie pour protéger les fermes et les biens des colons», rapporte Michel Cotinaud. Qui se souvient aussi avoir entendu parler de «de Gaulle et de forfaiture». Pour traduire aussitôt «inadmissible» dans ces circonstances de commémoration.

    Alain Leroy n’ôterait pas une virgule de son discours 

    C’était sans doute mal connaître Alain Leroy, qui ne s’émeut pas vraiment des réserves de Philippe Morin, le président du Souvenir français, puissance invitante «à la seule première cérémonie, celle qui a réuni les autorités au carré militaire autour du préfet», se défend-il. «Les blessures de l’Histoire, j’avais 4 ou 5ans, je ne peux pas juger, dit-il encore. Mais ce n’était pas le lieu du tout. Cela a mis tout le monde mal à l’aise.Il va falloir réfléchir à l’organisation pour l’avenir.» Ou peut-être réfléchir aux cohabitations.

    Alain Leroy, lui, n’ôterait pas une virgule de son discours.«Je n’en ai rien à foutre», assène-t-il. Il a bien dit que «contrairement à la propagande communiste, les appelés ne défendaient pas les colons mais la France, quand la France en Algérie était chez elle». Et que oui, forfaiture fait bien partie de son vocabulaire quand il évoque le général de Gaulle.

    Simplement, la Fnaca a-t-elle pu être surprise par l’orateur, qu’elle ne connaissait pas. «À chaque commémoration, les intervenants peuvent changer», indique simplement Alain Leroy, qui dit être intervenu au titre de membre de l’Union syndicale de défense des intérêts des Français repliés d’Algérie (Usdifra), que présidait Georges Sarraf, que le FN local et les anciens d’Algérie enterraient hier lundi, décédé ce week-end. Et qui intervenait régulièrement, comme Robert Diacono, lui aussi ancienne figure historique du FN et de l’Algérie française en Charente.

    «Je ne suis pas une salade verte, je suis un cactus», appuie un Alain Leroy guère ouvert à la repentance. Même après cinquante-quatre ans de polémiques, qui en appelle aux Arméniens, à leur génocide, qui dit encore «la plaie béante du drame de l’Algérie». «Un homme sans mémoire, ce n’est plus rien.» Les porte-drapeaux de la Fnaca s’en souviendront sûrement pour la prochaine commémoration.

    SOURCE : http://www.charentelibre.fr/2016/11/07/angouleme-anciens-d-algerie-un-discours-cree-la-polemique-au-cimetiere,3066886.php

     

     


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  • Ils détruisent un couple, et ils parlent

     de fraternité…

    Faïza et son compagnon Algérien devaient se marier le 1er octobre 2016. Sans papiers mais vivant depuis neuf ans en France, il a été contrôlé et placé en centre de rétention deux jours avant leur mariage. Il est aujourd’hui menacé d’expulsion vers l’Algérie, laissant sa compagne et sa petite fille de six ans.
    Faïza Guène est une romancière et une scénariste française. Désespérée, elle a décidé de publier la lettre ci-dessous.
      

     

    « Le bruit des avions » par Faïza Guène 

    Ne dit-on pas d’une menace qu’elle plane au-dessus de nos têtes ?

    La menace plane en effet, elle plane comme un avion qui a l’arrogance de décoller.

    Et le bruit des réacteurs qui ne cesse pas, devient obsédant.

    Ce bruit, après 25 jours au centre de rétention, est devenu si familier qu’il pourrait presque reconnaître de quelle compagnie il s’agit, si familier qu’il pourrait dire exactement le nombre de passagers qui sont assis à l’intérieur, qu’il pourrait même savoir si l’un d’entre eux n’a pas attaché sa ceinture, qu’il pourrait deviner dans quelle rangée est le bébé qui pleure.

    Ce bruit qui devient la bande originale d’un échec. Neuf ans sur le territoire français. Neuf ans pour rien. C’est ce qu’il répète souvent. Neuf ans dans l’air, comme les avions.

    Et moi, sans aucun doute, je préfère les oiseaux aux avions, ils se contentent de répéter leurs fascinantes chorégraphies, je pourrais les regarder des heures ces nuées d’oiseaux qui virevoltent modestement. Sans lassitude, ils dansent dans le ciel, qu’il soit tourmenté ou paisible, les oiseaux dansent mais ne nous reprennent pas ceux qu’on aime.

    Le bruit des avions, je l’entends aussi, au téléphone, quand il essaie de me parler, s’il n’a pas la voix qui tremble, si le réseau nous le permet, s’il est d’humeur à me faire croire, à se faire croire, qu’il sera bientôt libre, et qu’il marchera dehors, à côté de moi, comme avant.

    Il suffit qu’il parle à quelqu’un, qu’on libère untel, qu’on annonce l’arrivée de nouveaux migrants à qui il faudra bien faire de la place, que l’avocat dise qu’il y a une nouvelle chance, même toute petite, car il suffit de ça, il suffit de rien pour se mettre à croire encore un peu.

    Je ne peux m’empêcher de lever les yeux au ciel pour assister quelques secondes au ballet incessant des décollages et des atterrissages. C’est que le ciel est vaste. Le centre de rétention du Mesnil Amelot est derrière Roissy, à côté de l’aéroport, trop près de la fureur des engins et de leur bruit assourdissant.

    Quand je vais lui rendre visite, plan vigipirate oblige, je me gare loin, alors je dois longer des murs et des grilles d’où surgissent des chiens méchants tels qu’on peut les imaginer, molosses crispés et agressifs dont la seule ambition est de m’aboyer au visage au moment où je passe pour me faire sursauter.

    Souvent ralentie par le poids d’un sac de vêtements propres, je marche le long de cette route bordée d’arbres aux feuilles rougissantes, comme pour me rappeler que l’automne arrive timidement. Car j’oublie que les jours passent, en ce moment ils se ressemblent, comme se ressemblent les visites, les fouilles, les palpations, les robes des avocats et les déceptions de voir tous nos recours rejetés. La musique des avions est entêtante.

    Après tout, c’est quand même pas un crime. Pas de papiers. C’est quand même pas si grave. On oubliait cette histoire de papiers. On y pensait plus beaucoup. On oubliait parce qu’on vivait bien, on vivait quand même. On oubliait que les boulots n’étaient pas déclarés, qu’on avait le trac d’un contrôle, que les vacances à l’étranger, c’était sans lui, on oubliait que l’Algérie, ça faisait longtemps. Et qu’en vérité, ce ne sont pas des papiers qui lui manquaient, mais les yeux de sa mère, et surtout la fierté qu’il allait y lire le jour où on descendrait ensemble, après notre mariage civil. Parce qu’on se disait que ça résoudrait tout. On pensait que c’était qu’une histoire de temps. On avait une date : le 1er octobre, ce devait être le 1er octobre à 15H00, le début du mois, le début de tout, d’une vie différente. On avait aussi acheté les alliances, le costume, la robe et la tenue de notre petite demoiselle d’honneur, qui a bientôt 6 ans et à qui ça ne convient pas comme réponse « il ne peut pas rentrer à la maison parce qu’il n’a pas de papiers ».

    Elle l’appelle Abi, ça veut dire « papa », c’est pas rien, et ces derniers mois, la nuit quand elle avait soif, c’est lui qu’elle réveillait pour qu’il lui apporte de l’eau. La première fois que c’est arrivé, j’étais émue, ça voulait dire beaucoup pour nous.

    C’est d’un deuxième papa dont ma fille est privée pour une raison qu’aucun adulte au monde ne lui fera trouver juste. Car il n’y a rien de juste à briser une famille qui a pris le temps de se (re)construire.

    « Maman ? Il rentre quand Abi ? »

    Je sais pas, bientôt, c’est pas certain, peut-être pas, peut-être même qu’on l’expulsera pendant que tu seras à l’école et que tu ne pourras même pas lui dire au revoir. Peut-être qu’au même moment, comme tu es une petite fille rêveuse, tu seras en train de suivre des yeux la ligne blanche que tracera dans le ciel brumeux du mois d’octobre l’avion dans lequel ton « abi » est menotté et escorté par des policiers.

    Lui, il refuse de l’accepter cette manière déshonorante d’être reconduit à l’endroit que l’administration française a jugé être « chez lui », mais chez lui, il le sait, pour nous trois c’est évident, c’est « chez nous », c’est la maison, là où on était heureux ensemble depuis deux ans.

    Notre mariage devait avoir lieu le 1er octobre, et il a été contrôlé le 28 septembre. Deux jours avant. Deux jours à peine. Le destin. Vraiment, je ne vois pas autre chose. J’aurais pu dire l’ironie, mais ce n’est pas tout à fait ça, car la vraie ironie c’est que devant les policiers du commissariat de Saint Denis, en garde à vue, il a parlé de ce bonheur à venir, de cette date, de ce mariage qui se préparait. Il a dit ça parce qu’il était sûr que ça aiderait.

    Alors, évidemment, il a suffi d’un coup de fil à la préfecture, puis d’un coup de fil à la mairie, comme ça, pour vérifier.

    Alors c’est confirmé, il a dit vrai, ce mariage doit bien avoir lieu, et dans ce dossier de mariage, il y a bien ses documents d’identité, sa carte nationale algérienne, tout ce qui permettrait de l’identifier officiellement, de s’adresser au consulat algérien pour obtenir un laisser passer, de le mettre dans un avion, de décider à sa place ou est son « chez lui ».

    Il a parlé du mariage, naïvement, pour qu’ils comprennent, qu’ils sachent. Car tout le monde sait, tout le monde comprend qu’on ne sépare pas les gens qui s’aiment.

    Ce qui est fou, c’est qu’il n’a jamais pris l’avion de sa vie. Il est arrivé, en France, il y a neuf ans, légalement, Oran-Marseille dans un grand Ferry. Peut-être entend-on plus de compassion dans le bruit des vagues que dans celui des avions."

    Faïza Guène
    4 novembre 2016

    SOURCE : http://www.bondyblog.fr/201611041716/le-bruit-des-avions-par-faiza-guene/#.WCFvhfT0ohl 

     


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  • Guerre d’Algérie et crimes d’État : l’exigence

    de la reconnaissance

    Guerre d’Algérie et crimes d’État : l’exigence de la reconnaissance

    Maqam El Chahid, le Mémorial du Martyr sur les hauteurs d'Alger, inauguré en 1982 pour le 20ᵉ anniversaire de l'indépendance de l'Algérie. Henry Marion/Flickr, CC BY-SA 

    C'était le 19 mars 2016. Pour la première fois un président de la République a commémoré le cessez-le-feu consécutif aux accords d’Evian signés le 18 mars 1962 entre le gouvernement français et le Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA). Après plus de sept ans de guerre, le conflit s’achevait enfin. De même la colonisation française imposée depuis cent trente-deux ans aux populations de ce territoire conquis par la terreur, les massacres de civils, les razzias et les nombreuses destructions de villages et d’oasis commis par les militaires.

    Un bilan terrible, toujours incomplet

    Telles étaient, dans les années 1840, les pratiques des colonnes infernales de l’armée d’Afrique conduite par le général Bugeaud et ses officiers de sinistres mémoires : Lamoricière, Pélissier et Saint-Arnaud, notamment. Ainsi « pacifiés », comme on l’écrivait déjà, les « indigènes » furent ensuite soumis au « talon de fer » des autorités françaises, des lois d’exception – l’internement administratif et la responsabilité collective – et du code de l’indigénat. Les « Arabes », des citoyens français ? Non, « sujets français » assujettis à des dispositions répressives discriminatoires, expression du racisme de l’État colonial, et privés, qui plus est, des droits et libertés démocratiques élémentaires jusqu’en 1945.

    Quant à la dernière guerre d’Algérie, elle laisse derrière elle des centaines de milliers de victimes algériennes et plus de deux millions de civils, hommes, femmes et enfants, déportés dans des camps de « regroupement » organisés et contrôlés par l’armée. Si ajoute « l’exode vers les villes » soit un total d’au moins « trois millions » de personnes qui se trouvent « hors de leur résidence habituelle ». « La moitié de la population rurale » de l’époque, estiment Pierre Bourdieu et Abdelmalek Sayad qui ajoutent : « ce déplacement […] est parmi les plus brutaux qu’ait connus l’histoire ».

    Bilan terrible, assurément, mais toujours incomplet. On ne saurait oublier les milliers d’exécutions sommaires, les tortures infligées aux combattants du FLN ou supposés tels, en Algérie comme dans la capitale, ainsi que l’a montré Paulette Péju dans son ouvrage Les Harkis à Paris, et les disparus, tous victimes du terrorisme d’État. Plus de 3 000 pour la seule bataille d’Alger, selon le préfet de police de l’époque, Paul Teitgen, qui démissionna le 17 septembre 1957 pour protester contre ces pratiques. Celles-là mêmes que favorisait la loi sur les pouvoirs spéciaux votée 12 mars 1956 par les députés socialistes et communistes, notamment, et co-signée par le ministre d’État, garde des sceaux, chargé de la Justice, François Mitterrand.

     

    La France et son passé colonial en Algérie.

     Quel état des lieux ? 

    Cinquante-quatre ans après la fin de cette guerre longtemps sans nom, sans autre nom du moins que celui « d’événements », comme l’ont dit pendant des décennies de bonnes âmes politiques soucieuses de défendre ce qu’elles prétendaient être « le prestige » et « l’honneur » de la France, les crimes contre l’humanité et les crimes de guerre perpétrés alors doivent être enfin reconnus par le chef de l’État. Aujourd’hui cette histoire est écrite et grâce aux travaux multiples de celles et ceux qui ont étudié la colonisation de l’Algérie, les méthodes employées pour faire de ce territoire une colonie de peuplement, et les agissements de l’armée française à la suite du déclenchement de l’insurrection le 1er novembre 1954.

    Une histoire écrite qui doit être reconnue

    Alors que les lois d’amnistie empêchent le jugement des coupables, qui sont toujours moins nombreux en raison du temps écoulé, cette reconnaissance est la seule façon de rendre justice aux victimes algériennes du conflit et à leurs descendants dont beaucoup sont citoyen-ne-s français. Responsable et coupable, l’État leur doit cette réparation symbolique liée à une histoire singulière qui, souvent, a douloureusement et durablement affecté le « roman » familial de ces femmes et de ces hommes. Plus encore, faire droit à cette reconnaissance, exigée depuis longtemps par de nombreuses associations et quelques organisations politiques, c’est mettre un terme à une discrimination mémorielle et commémorielle qui n’a que trop duré, et qui s’ajoute à toutes celles que les mêmes subissent encore dans leur vie personnelle et professionnelle.

    En ce domaine, et contrairement à une mythologie nationale-républicaine entretenue par de nombreux dirigeants politiques, de droite comme de gauche, la France se distingue par une rare persévérance dans le déni de son très lourd passé colonial. Qu’on en juge. En 2002, le premier ministre de Nouvelle-Zélande, Helen Clark reconnaît les exactions commises contre le peuple de Samoa entre 1914 et 1962. En 2006, les autorités canadiennes font de même à l’endroit des Amérindiens et accordent 2 millions de dollars aux enfants de ces populations arrachés à leur famille. En 2008, le premier ministre australien rappelle le sort terrible réservé aux peuples aborigènes. En juin 2013, William Hague, ministre des Affaires étrangères de la Grande-Bretagne, déclare :

    Le gouvernement britannique regrette sincèrement que ces abus aient eu lieu et aient entaché la progression du Kenya vers l’indépendance. La torture et les mauvais traitements sont des atteintes odieuses à la dignité de l’homme que nous condamnons sans réserve.

    De plus, 5 228 victimes obtiennent 23,5 millions d’euros au titre des réparations et les autorités britanniques s’engagent à soutenir la construction d’un mémorial à Nairobi.

    Ce bref détour par plusieurs pays étrangers permet de prendre la juste mesure de la situation française caractérisée, au mieux, par la pusillanimité de quelques déclarations, au pire, par la réitération de discours apologétiques de la colonisation. Jusqu’à quand Monsieur le Président ? La réponse vous appartient...

     

    …mais il est plus que probable que c'est trop tard en ce qui vous concerne... et il est plus que certain qu'il ne faut rien espérer d'un futur président de la République en provenance de la droite et encore moins de l'extrême-droite... La France refusant de reconnaître ses crimes d’Etat du temps de son Empire devrait en rester ainsi encore longtemps et peut-être définitivement… nous n’aurons jamais connu « le changement c’est maintenant ». 

     

     

     


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