•  8 mai 1945, de Berlin à Sétif

    Il y a 2 jours je mettais en ligne un article que j'ai intitulé "Pour la Paix des Mémoires" et ma conclusion était celle-ci :

    Maintenant, il faut respecter toutes ces mémoires et chercher le chemin de l’apaisement et de l’espoir. Laissons la place aux historiens, chercheurs et étudiants de tous pays en dehors de tout organisme officiel, afin d’éviter les interprétations, les préjugés, les stéréotypes et les discriminations, pour enfin jeter un pont entre les peuples algérien et français et entre Français eux-mêmes pour gagner la plus belle des Paix, la Paix des Mémoires.

    C'est mon état d'esprit.

    Mais malheureusement j'ai pu constater que tous n'ont pas le même état d'esprit ! C'est dommage.

    Ce matin je lisais un Editorial du quotidien L'Alsace intitulé : "La mémoire fracturée d’Oradour"

    En se rendant, hier à Oradour, symbole d’un crime de guerre nazi en France, Emmanuel Macron ne risquait pas de se faire doubler par sa concurrente, comme mardi à Amiens. Et pas seulement parce que ce village du Limousin, où la division Das Reich a tué 642 hommes, femmes et enfants le 10 juin 1944, est à l’écart des grands axes. Marine Le Pen a peu de chance d’être accueillie à Oradour. Ni par la municipalité socialiste, ni par le dernier survivant du massacre, Robert Hébras, qui a escorté Emmanuel Macron dans les ruines. Il y a quatre ans, Robert Hébras avait accompagné François Hollande et le président allemand Joachim Gauck, dans l’église d’Oradour où périrent femmes et enfants. Par leur entente, les deux chefs d’État avaient inscrit ce drame dans l’histoire de la réconciliation franco-allemande et dans celle de l’Europe.

    Alors que la campagne se durcit, le candidat d’En Marche ! fait flèche de tout bois. En se rendant à Oradour, après avoir salué Jean-Pierre Raffarin dans la Vienne, il a voulu délivrer un message à ceux qui hésitent à voter pour lui. Leur rappeler aussi que le Front national, malgré la tentative de dédiabolisation de sa représentante, plonge ses racines dans l’extrême-droite – dont l’arrivée au pouvoir en Allemagne a abouti au plus grand désastre du XXe siècle. Au nom des fils et filles de déportés juifs, les Klarsfeld le rappellent actuellement à travers des affiches sur fond de barbelés. De l’histoire ancienne ? Marine Le Pen a dû changer le président censé la remplacer à la tête du FN pendant sa campagne : Jean-François Jalkh aurait tenu des propos négationnistes qu’il a, certes, démentis. Mais l’affaire a d’évidence été prise au sérieux par la candidate, après sa sortie sur le Vel d’Hiv…

    Vue d’Alsace, on peut s’étonner cependant de l’étape d’Oradour. Au-delà de l’image – terrible – du massacre, Emmanuel Macron n’a pas pris en compte une mémoire fracturée, à cause de la présence d’Alsaciens, enrôlés de force dans les Waffen SS, mais aussi de victimes alsaciennes. Lui en a-t-on seulement parlé de cette blessure non cicatrisée ? Son ami Roland Ries, qui a tenté de réconcilier les mémoires des deux régions, n’avait pas été informé de cette initiative. Nul n’a songé à inviter le maire de Strasbourg. Mais évoquer le drame de l’incorporation de force aurait rajouté de la complexité à une histoire qui, pour les caméras, se devait d’être simple. S’il est élu président, Emmanuel Macron aura d’autres occasions de s’adresser à l’Alsace.

    SOURCE : http://www.lalsace.fr/actualite/2017/04/29/la-memoire-fracturee-d-oradour

    Alors je constate aussi que même pour la Seconde guerre mondiale il y a encore une mémoire qui est oubliée et c'est dommage !

    A l'approche des commémorations du 8 mai 1945 je reprends des articles anciens qui s'intitulent : " 8 mai 1945 : de Berlin à Sétif "

     

     

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    8 mai 1945, de Berlin à Sétif

    Par Roland Castro du journal Libération

    SOURCE : http://www.liberation.fr/week-end/2005/04/30/8-mai-1945-de-berlin-a-setif_518271

    Tout le monde connaît l'histoire. Keitel, qui signe la reddition du Reich, voit de Lattre autour de la table avec les alliés : il s'exclame «non, pas vous», les écrasés de 40. Mais il ne savait pas de quelle manière la France rendit à cette victoire sur l'inhumain, un «hommage» bien dans la ligne de l'inhumain.

    En riposte à un début de révolte algérienne, la France, les 8, 9 et 10 mai 1945, massacra entre 10 000 et 40 000 Algériens à Sétif et Guelma. Cette coexistence de date n'est jamais révélée, jamais mémorisée. A ce moment-là, de Gaulle est au pouvoir, le gouvernement est tripartite. Charles Tillon, communiste héros de la Résistance, nommé ministre de l'Air, va couvrir les «bavures» énormes de l'état-major et les bombardements de populations civiles.

    Cette tâche atroce, à cette date atroce, est un point de vérité terrible sur notre histoire, toujours occulté. Lorsque ces faits sont mémorisés, on prend bien soin de ne pas faire le parallèle entre ce qui se passe à Berlin et à Sétif. Ces faits effrayants sont juste entrouverts dans la bonne conscience de gauche et la mauvaise conscience de droite selon son camp. Avec à gauche une spécialité : aveuglement sur les méthodes des peuples qui se libèrent, méthodes souvent cruelles que l'anticolonialiste se cache à lui-même, le statut de victime lui suffit. Tandis qu'à droite ces mêmes méthodes sont exacerbées pour justifier ses propres manquements. Ce sont des batailles pour des mémoires hémiplégiques. Pour la gauche, les tortures infligées aux colonisés. Pour la droite, la cruauté de ceux qui se libèrent.

    Il n'est pas bien vu de regarder les choses en face. Mais, à force d'aveuglement, d'auto aveuglement, de faits occultés, on se retrouve avec un pays qui ne regarde rien en face. La mémoire joue ici comme un réflexe identitaire déclaré au mépris des faits. Que le programme de la Résistance soit taché du sang de Sétif n'enlève rien à sa pertinence, rappeler Sétif c'est simplement mieux comprendre la suite. A contrario, l'occulter brouille la lecture de toute l'histoire de la décolonisation. A la place de la mémoire lucide, on a des bribes partisanes. Ces hypocrisies, ces ignominies, ne sont pas enseignées, ne sont pas regardées ni dévoilées, même si, les jours de célébration, c'est parfois murmuré. Or dire, proclamer, établir, restaurer la vérité suffit. Pas besoin forcément de la repentance, par contre dire, tout dire ! Il faut saluer le geste de l'ambassadeur de France en Algérie Hubert Colin de Verdière qui, lors d'un déplacement à Sétif, en 2005, a reconnu les «massacres» du 8 mai 1945, en parlant de «tragédie inexcusable».

    En préférant le souvenir-écran, on écrit l'avenir avec des oreilles d'âne. Une des raisons qui font de ce pays un pays qui ne fantasme pas d'avenir autre que l'avenir libéral à quelques corrections près, c'est son amnésie. Si l'on veut bâtir du projet, il faut de la mémoire, sinon comment fabriquer la république métissée issue du monde entier qui est notre destin ?

       8 mai 1945 : de Berlin à Sétif...

     

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    Par Jérôme Daquin

     

    8 mai 1945: l’Allemagne nazie capitule. Enfant, j’ai appris ça à l’école, et plusieurs fois, car l’Histoire, dit-on, ne repasse pas les plats... sauf à l’école: entre le cours élémentaire et le baccalauréat, j’ai eu droit à plusieurs déclinaisons (au moins trois....) de cet épilogue de la Deuxième guerre mondiale, adaptées aux différents âges par lesquelles passent les élèves.

    Je ne le regrette pas. En plus certains profs d’Histoire ne lésinaient pas sur le détail, décrivant le maréchal nazi Keitel (condamné à Nuremberg et exécuté l’année suivante) manquant de perdre son monocle en voyant un général français, de Lattre de Tassigny, siéger à la table des vainqueurs. «Ach! Les Français aussi...», nous racontait le prof, sympa, s’efforçant d’imiter plus ou moins bien l’accent allemand...

    En 2011, à 58 ans, je ne le trouve plus vraiment sympa, ce prof. D’abord, j’aime bien l’Allemagne (enfin, celle d’aujourd’hui...) et j’y ai appris l’allemand, alors les imitations d’accent, je trouve ça ringard.

    Mais surtout, ce que je reproche à ce prof, c’est de nous avoir occulté (et j’espère que ça, ça a changé aujourd’hui) la moitié de cette journée du 8 mai 1945: jamais durant toute ma scolarité, on ne m’a appris ce qui s’était passé ce jour-là à Sétif, dans une Algérie encore française : pour fêter la fin des hostilités et la victoire des Alliés sur les forces de l’Axe un défilé avait été organisé. Une opportunité pour les partis nationalistes algériens, étant donnée l'audience particulière prévisible de cette journée, et qui avaient décidé par des manifestations d'abord pacifiques de rappeler leurs revendications patriotiques.

    Mais à Sétif un policier a tiré sur un jeune scout musulman qui portait un drapeau de l'Algérie, le tuant, ça eut pour résultat de déclencher une émeute meurtrière, puis une intervention de l'armée française.

    Il y aura parmi les Européens plus d'une centaine de morts et autant de blessés. Le nombre des victimes autochtones, difficile à établir, est encore sujet à débat en 2011 ; les autorités françaises de l'époque fixèrent le nombre de tués à 1.165, un rapport des services secrets américains à Alger en 1945 notait 17.000 morts et 20.000 blessés, le gouvernement algérien avance le nombre de 45 000 morts, alors que suivant les historiens le nombre varie de 8.000 à 15.000 victimes. Pour Antoine Benmebarek, l'administrateur chargé de la région de Sétif lors du massacre, il s'élèverait à 2.500 morts.

    Voilà. Et alors que résonnent dans ma conscience les cris des milliers et des milliers de victimes des tyrans qui s’accrochent aujourd’hui encore au pouvoir en Libye, en Syrie, au Bahreïn et ailleurs, j’ai simplement voulu rappeler (et notamment à ces tyrans) que l’Histoire aura finalement donné raison à ce petit porteur de drapeau algérien, mort un certain 8 mai 1945...

    Jérôme Daquin

     

     

    La France commencera à reconnaître (avec timidité) sa responsabilité que soixante ans plus tard. En 2005, l'ambassadeur de France en Algérie, Hubert Colin de Verdière, décrit les "massacres de Sétif" comme une "tragédie inexcusable". En décembre 2012, François Hollande admet devant le Parlement algérien que "le jour même où le monde triomphait de la barbarie, la France manquait à ses valeurs universelles". Le 19 avril 2016, Jean-Marc Todeschini, secrétaire d'Etat aux Anciens Combattants, participe aux commémorations en Algérie. Mais il n'est que secrétaire d'Etat et, s'il rend hommage dans le livre d'or de la ville aux "victimes algériennes et européennes de Sétif, de Guelma et de Kherrata", il ne prend pas la parole publiquement. Le reproche lui en est fait. A force de trop de non-dits, la blessure de Sétif reste mal refermée. Mais il y a d'autres blessures mal refermées car non reconnues, c'est pourquoi je reprends encore et encore la conclusion de mon article précédent :

    Maintenant, il faut respecter toutes les mémoires (sans en n'oublier une seule) et chercher le chemin de l’apaisement et de l’espoir. Laissons la place aux historiens, chercheurs et étudiants de tous pays en dehors de tout organisme officiel, afin d’éviter les interprétations, les préjugés, les stéréotypes et les discriminations, pour enfin jeter un pont entre les peuples algérien et français et entre Français eux-mêmes pour gagner la plus belle des Paix, la Paix des Mémoires.
     

    C'est mon état d'esprit. 

     

     


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  • Pourquoi Macron accuse le FN d'avoir "conduit

    les attentats contre De Gaulle"

    Pourquoi Macron accuse le FN d'avoir "conduit les attentats contre De Gaulle"Le général de Gaulle salue les habitants de Dakar, le premier jour de sa visite

    au Sénégal. (AFP)

    Marine Le Pen "défend les couleurs d’un parti qui a conduit des attentats contre le général de Gaulle, qui a encore des enfants de ses protagonistes dans ses rangs", affirme Emmanuel Macron. Dit-il vrai ?

    Face à une candidate d’extrême droite qui ose se réclamer de la croix de Lorraine et de l’homme du 18 juin, Emmanuel Macron, jeudi 27 avril au soir sur TF1, a sorti le canon lourd : "Est-ce que vous pensez qu’elle porte un projet qui est à l’image de la vision de la France qu’incarnait le général de Gaulle ? Elle défend les couleurs d’un parti qui a conduit des attentats contre le général de Gaulle, qui a encore des enfants de ses protagonistes dans ses rangs." La charge est forte. Est-elle exacte ? N’est-elle pas trop allusive pour être compréhensible ? Disons qu’elle mérite des explications historiques. Les voici.

    Que sont ces attentats contre De Gaulle et qui en sont les auteurs ?

    Vers 1959 - 1960, les partisans de l’Algérie française sont désespérés. Le général de Gaulle, conscient que la guerre ne mène à rien et que la cause coloniale est perdue, se prononce pour l’autodétermination du pays, ce qui n’exclut plus la possibilité de l’indépendance. Les ultras décident de se lancer dans la résistance armée à cette perspective.

    Au début de 1961, ils fondent l’Organisation de l’armée secrète, l'OAS, un mouvement clandestin destiné à structurer cette résistance. L’échec du putsch militaire des généraux d’Algérie qui voulaient renverser le gouvernement les pousse à opter pour une stratégie terroriste tous azimuts. A partir de cette date, ils multiplient les plasticages et les attentats, à la fois pour répondre aux exactions commises par les combattants algériens du FLN, mais aussi pour semer la panique et torpiller les négociations de paix engagées par le gouvernement, ou, après que celle-ci a été signée à Evian en mars 1962, pour la faire échouer dans la violence.

    Des policiers entourent le van utilisé par les terroristes de l'attentat du Petit-Clamart. (AFP)

    Ils pratiquent aussi les assassinats ciblés, contre tous ceux qui leur apparaissent comme des traîtres. Le premier sur cette liste est le général de Gaulle qui, porté au pouvoir en 1958 par les pieds-noirs d’Algérie, est devenu l’homme de l’indépendance. Plusieurs attentats sont organisés contre lui. Le plus célèbre a lieu le 22 août 1962, quand un groupe d’hommes ouvre le feu sur la voiture présidentielle, lors de son passage au rond-point du Petit-Clamart, non loin de la sortie de la capitale. Le lieutenant colonel Bastien-Thiry, un ex-admirateur du général que l’évolution algérienne a fait basculer dans la haine de celui-ci, en est l’instigateur. Il est condamné à mort et fusillé en 1963.

    Quel est le lien entre le FN et ceux qui ont voulu assassiner

    De Gaulle ?

    Rudement réprimée par le pouvoir gaulliste, qui n’hésite pas à recourir à des polices parallèles - les fameux barbouzes - l’OAS, après 1962, est très durement touchée. La plupart de ses membres sont en prison ou en exil. Mais la sensibilité "Algérie française" existe toujours, en particulier dans les milieux de ce qu’on appelle alors les "rapatriés", c’est-à-dire les pieds-noirs qui ont dû quitter leur terre natale pour s’installer en France métropolitaine.

    A l’élection présidentielle de 1965 - la première organisée au suffrage universel direct - le candidat Tixier-Vignancourt essaie de récupérer ce courant. Ancien admirateur du régime de Vichy - il a été un éphémère sous-ministre de Pétain - il a aussi été l’avocat de Salan, un des putschistes d’Alger. Il ne recueille que 5% des suffrages. Après cet échec, l’extrême droite française est assommée, dispersée. Seuls les groupuscules étudiants qui, dans les facs, font le coup de poing contre les gauchistes, sont actifs et organisés.

    Au début des années 1970, l’un de ceux-là, Ordre nouveau, a l’idée de créer un nouveau parti qui fédérera toutes les mouvances nationalistes, d’où son nom : le Front national. Déclaré en octobre 1972, il rassemble, parmi ses fondateurs, toutes les branches de cette famille : les jeunes étudiants exaltés se réclamant du fascisme, des nostalgiques de la collaboration – et même d'anciens membres de la Waffen SS – et aussi d’ex-OAS qui, grâce aux amnisties qui se sont succédé depuis 1966, ont pu rentrer d’exil ou sortir de prison. Roger Holeindre est le plus connu d’entre eux.

    Beaucoup d’autres, au fil des décennies, rallieront le Front national. Pierre Sergent, autre membre éminent de l’organisation, deviendra député dans les années 1980. Jean-Jacques Susini, un des fondateurs de l’OAS, ne peut matériellement en être en 1972, puisqu’il est alors en prison, inculpé de tentative de meurtre sur l’ex-trésorier de l’organisation : il sera candidat du FN en 1997. 

    Jean-Marie Le Pen, dès la naissance du mouvement, en devient le président. Il n’a pas été membre de l’OAS, mais s'est engagé volontaire pendant la guerre d’Algérie, n’a jamais caché ses sympathies pour l’Algérie française, et a été directeur de campagne de Tixier-Vignancourt. Le parti qu’il dirige continu à être obsédé par la perte de l’Algérie : ne propose-t-il pas, parmi les mesures-phares de ses premiers programmes, l’abrogation des accords d’Evian ?


    Jean-Marie Le Pen en 1985 au Parlement européen ;
    lors d'une conférence de presse sur la guerre d'Algérie.
    (JEAN-CLAUDE DELMAS / AFP)

    Stricto sensu, il est donc inexact de dire que le Front national "a organisé les attentats contre De Gaulle", puisqu’il n’a été fondé que dix ans après le plus célèbre d’entre eux. Il est tout à fait légitime, en revanche, de noter qu’entre ce mouvement et l’organisation qui fut effectivement derrière ces crimes, il existe une filiation directe, et revendiquée : il y a entre les deux plus que des ponts, des viaducs.

    Qui sont les membres du FN auxquels Macron fait allusion ?

    Aux côtés de Bastien-Thiry, le deuxième organisateur du Petit-Clamart était un membre de l’OAS nommé Alain de La Tocnaye. Condamné à mort, il voit in extremis sa peine commuée en détention à perpétuité, et réussit finalement à sortir de prison grâce à l'amnistie de 1968, pour continuer à militer dans divers groupuscules d’extrême droite.

    Thibaut de La Tocnaye. (AFP PHOTO / BORIS HORVAT
    BORIS HORVAT/AFP)

    Son fils, Thibaut de La Tocnaye, élu du Front National au conseil régional de Paca, est, de toute évidence, l’homme auquel Emmanuel Macron a fait allusion. Il est bien clair qu’on ne peut accuser un homme des actions dont fut coupable son père. A condition, qu’il ne les revendique pas. En décembre dernier, lors d’un débat au Conseil régional portant sur la question d’une meilleure intégration des harkis, anciens supplétifs de l’armée française lors de la guerre d’Algérie, l’élu FN a honoré Christian Estrosi, président de Région, de l’insulte suivante : "Enfoiré de gaulliste". Ce qu’on appellerait un cri du cœur.

    François Reynaert

    François Reynaert

    Journaliste

    SOURCE : http://tempsreel.nouvelobs.com/presidentielle-2017/20170428.OBS8706/pourquoi-macron-accuse-le-fn-d-avoir-conduit-les-attentats-contre-de-gaulle.html


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  • Collusion Front National / Les Républicains à Perpignan *** Un article d'Henri POUILLOT

    Collusion Front National / Les Républicains

    à Perpignan

    A Perpignan, c’est une tradition, depuis la fin de la Guerre d’Indépendance de l’Algérie de vouloir "honorer" l’Algérie Française et l’OAS. La Dynastie Alduy, père et fils, s’était distinguée. Le Père, député-maire de Perpignan avait beaucoup participé à mettre en "valeur" la Ville de Port-Vendres toute proche, symbole du départ de la colonisation de l’Algérie (voir). Le Fils a permis de réaliser une stèle dans le cimetière, en 2005, pour "honorer" les quatre condamnés à mort et exécutés pour leurs crimes commis au nom de l’OAS. Son ancien adjoint Jean-Marc Pujol, devenu maire a terminé le "Mur des disparus" et le Musée de l’Algérie Française.

    Cela ne suffisant pas, aujourd’hui, sans doute pour rivaliser avec Robert Ménard à Béziers, il est décidé de baptiser deux nouvelles rues, l’une "Commandant Hélie Denoix de Saint-Marc", l’autre de "Pierre Sergent"

    Le Commandant Hélie Denoix de Saint-Marc, certes, ce fut un officier résistant, interné dans un camp nazi pendant le Seconde Guerre Mondiale. Mais pendant la Guerre de Libération de l’Algérie, à la tête du 1er REP (Régiment Étranger de Parachutistes) il s’est distingué en pratiquant massivement la torture, comme l’ont fait les nazis, et ensuite il participa au putsch du 21 avril 1961 pour tenter de renverser la République. Certes il a été réhabilité, amnistié... Comment peut-on honorer un individu qui tenta de renverser la République ? Ce symbole montre comment peuvent être galvaudées les valeurs de notre république.

    Pierre Sergent, dont les obsèques en 1992 se sont déroulées dans la cité catalane, était un anti-communiste notoire et une figure de l’extrême droite française puisqu’il a porté à plusieurs reprises les couleurs du Front national lors d’élections, allant jusqu’à être élu député au printemps 1986. Résistant à l’âge de 18 ans dans le maquis de Sologne, il devient ensuite officier durant la guerre d’Indochine puis en Algérie où il participe au putsch d’avril 1961. Il est condamné à mort en 1962 et 1964, par contumace pour son activité de responsable OAS, il s’était enfuit en Suisse et en Belgique. Il bénéficiera de la loi d’amnistie de 1968.



    En 1985, il intègre le comité central du Front national, jeune parti de Jean-Marie Le Pen. Ce parti d’extrême droite le parachute en Roussillon où il n’a pas de lien personnel, mais il s’agit de miser sur son image auprès des électeurs pieds-noirs. Il obtient respectivement 25 % et 30 % des votes aux deux tours des élections municipales, et il mène le FN au score de 46 % aux élections cantonales de 1989.

    Aujourd’hui, le maire Les Républicains, Jean-Marc Pujol a annoncé en conseil municipal le 20 avril dernier que son projet datant de 2014 de rendre les "honneurs" à ces deux sulfureux personnages allait se concrétiser dans les prochains jours.

    Cet exemple montre comment la collusion entre "Les Républicains" et le Front National dans cette ville, dans la région, se porte bien. C’’est tout un symbole, y compris pour la jeunesse : même des personnes condamnées (dont l’une même à la peine de mort), ayant voulu renverser la République, peuvent être ensuite "honorés". Ensuite, ces "élites", ceints de leur écharpes tricolores, dans le discours d’inauguration, vont réclamer le respect de la police, une exemplarité, le respect des valeurs de notre République et se permettent de les bafouer...

    Henri POUILLOT

     

    Collusion Front National / Les Républicains à Perpignan *** Un article d'Henri POUILLOT

    Port-Vendres (66)

    Des lieux "nostalgiques" du colonialisme

    La nostalgie de Sidi-Ferruch

    Cette "reconstitution historique" de cette nostalgie de la présence française en Algérie est composée d’une part de photos personnelles, d’informations que j’ai glanées et d’autre part de références prises dans les site internet "Alger-roi" et de la Ville de Port-Vendres.

    En mai 1986, visitant, à la demande du maire de Port-Vendres la Redoute Béar (redoute que l’édile municipal désirait consacrer à la mémoire de l’Algérie Française), le conseil d’administration du Cercle Algérianiste des P.O fut captivé par la beauté du site grandiose qui s’étalait sous ses yeux. Le colonel Jacques Puigt évoqua Sidi-Ferruch et son monument du Centenaire de l’Algérie Française. L’étincelle avait jailli, la flamme était allumée. Avec l’approbation de Jean-Jacques Vila, maire, de Paul Alduy, sénateur-maire de Perpignan (auquel le fils Jean-Paul a succédé ensuite, avant de laisser la place à son premier adjoint après le scandale des chaussettes), l’action était lancée et Jacques Farran, Député et Président de la C.C.I. se dévoua corps et âmes, si bien, qu’en juillet 1987, tous les présidents des associations d’Anciens Combattants et de Pieds Noirs eurent la larme à l’œil lorsqu’ils purent admirer, reconstitué à plat, dans la marbrerie Vergès, le bas relief primitif.

    Le Mémorial de Sidi Ferruch


    Sur cette esplanade de l’Armée d’Afrique qui donne une vue magnifique sur la Mer, à coté de la "Redoute de Béar" transformée en "mini-musée de l’Algérie Française", on remarque ce mémorial au bas duquel est reconstitué une réplique de l’un des bas-reliefs du monument qui glorifiât la présence française en Algérie. La stèle, taillée par Emile Gaudissart symbolise l’union des deux populations.

    Le Musée du Mémorial de Sidi Ferruch

    Géré par l’association "Les amis de Sidi Ferruch" (association en relation avec les cercles algérianistes, dans cette même mouvance...), le musée du mémorial de Sidi Ferruch perpétue la mémoire de plus d’un siècle d’histoire. A l’intérieur du musée, des photos et des textes originaux vous immergeront dans la vie quotidienne d’ Algérie de 1830 à 1962 (Agriculture, industrie, scolarité, santé). Vous y découvrirez également que Port-Vendres avait tissé de solides liens avec l’Algérie française grâce aux relations touristiques et commerciales. Enfin toute une partie du musée est consacrée à "l’armée d’Afrique" et à son riche patrimoine militaire (Première guerre mondiale, campagne d’Italie etc..). Insignes, armes et uniformes vous plongeront dans l’univers des Zouaves et autres Spahis qui servirent la France avec honneur et gloire.

    Selon l’office du tourisme, ce musée n’est désormais que rarement ouvert, contrairement aux horaires annoncés sur le site de la Ville de Port-Vendres.

    La Redoute Béar est transformée en Mini-musée de l’Algérie française. Une salle est consacrée à l’armée d’Afrique, elle contient le reste des plaques de marbre qui portaient les inscriptions et qui ont été détruites à Sidi-Ferruch. Une seconde salle évoque les relations maritimes entre Port-Vendres et l’Algérie et l’action de la France en Algérie.

    A l’occasion de l’inauguration de ce musée le sénateur-maire de Perpignan Paul Alduy (père de Jean-Paul Alduy l’actuel sénateur-maire), après avoir dressé un bref historique du débarquement à Sidi-Ferruch, rappela que lors des fêtes du Centenaire, à Sidi-Ferruch, les quatre personnalités les plus importantes du Culte musulman adressèrent un vibrant hommage à notre patrie la France, et saluèrent l’Armée française qui avait apporté à la terre d’Algérie les bienfaits du génie de la France. Il continua en parlant "des 6 à 7 mille martyrs qui ont été assassinés avant le 19 mars 1962, " ce qui a pleinement légitimé la défense des Français, c’est-à-dire les opérations que l’O.A.S. a mené à l’époque car il fallait savoir se défendre. " M. Alduy évoqua "les centaines et les milliers de soldats de toutes confessions, de toutes origines venant de la terre d’Algérie qui allaient se battre sur les fronts d’Europe et notamment à Montecassino pour permettre la restauration de la liberté dans le monde d’aujourd’hui." Avant de conclure : "Oui, Pieds-Noirs mes frères, nous vous avons compris, certains depuis très longtemps, d’autres vous comprennent aujourd’hui et nous vous devons pour avoir fécondé la terre d’Algérie, nous vous devons le plus grand des mercis, la plus vive des gratitudes."

    Les reliques ramenées de Sidi Ferruch

    Malgré une campagne de presse "délirante" qui retarda les décisions à prendre, le Conseil Supérieur du Centenaire adopta dans sa réunion du 23 janvier 1930, le projet de monument du Centenaire, présenté par le sculpteur Ernile Gaudissart, qui s’engagea à achever avant la visite du Président de la République : Gaston Doumergue, visite qui était prévue pour le 5 mai de la même année. Monsieur Lagémie, entrepreneur, se mit aussitôt au travail et les matériaux utilisés pour le gros œuvre furent la pierre provenant de la démolition des casemates érigées sur l’emplacement desquelles fut édifiée la salle de conférence, appelée depuis "Salle Pierre Bordes". Les Indigènes n’avaient qu’à aller trouver un toit ailleurs...-----Le 5 mai 1930, reçu par les troupes composées du 9è zouaves, de deux compagnies de tirailleurs sénégalais, d’une compagnie de tirailleurs algériens, d’une section des Équipages de la Flotte, d’un peloton de chasseurs d’Afrique, le Président de la République inaugure le Monument en présence des personnages officiels, de M. Second, maire de Staouéli et de Madame la vicomtesse de Bourmont veuve du petit-fils du troisième fils du général de Bourmont. Cérémonie simple, et émouvante.
    Le 14 juin 1930, au pied du monument a lieu la "FETE de l’UNION des POPULATIONS FRANCAISES et INDIGENES à SIDI FERRUCH". Son titre est éloquent. II faut relire les déclarations de M. Hadj Hamou, parlant au nom du personnel des mosquées pour en avoir un écho impressionnant et émouvant. Une petite parenthèse. Cette cérémonie fut aussi l’occasion de restaurer le marabout de Sidi Ferruch.

    Le 14 juin 1988, au cours d’une prise d’armes grandiose, en présence de toutes les autorités représentant l’éventail politique complet allant des indépendantistes catalans au représentant du duc d’Anjou (en passant par les socialistes, radicaux de droite ou de gauche, du centre, etc, ...) de plus 5000 de nos compatriotes, d’ici et de là-bas, le nouveau monument était inauguré, dans cour de la Redoute Béar à Port-Vendres.
    Un navire de guerre était spécialement venu de Toulon pour faire retentir la corne de brume pendant la sonnerie aux Morts exécutée devant le Monument. Des détachement de différentes armes rendaient les honneur. Une partie de la "Coecilia" d’Alger entonnait des choeurs. Un représentant Français de l’Étranger était venu du Québec.
    La Redoute Béar est transformée en Mini-musée de l’Algérie française. Une salle est consacrée à l’armée d’Afrique, elle contient le reste des plaques de marbre qui portaient les inscriptions et qui ont été détruites à Sidi-Ferruch. Une seconde salle évoque les relations maritimes entre Port-Vendres et l’Algérie et l’action de la France en Algérie. Depuis 1989, chaque année, le 14 juin, à 11 heures du matin, une cérémonie du Souvenir se déroule au pied de ce monument à la mémoire de tous civils et militaires, de toutes ethnies et de toutes confessions qui, glorieusement ou obscurément, ont créé et fait fructifier l’Algérie Française.




    Le 4 juillet 1962, l’Algérie devenue indépendante, dans la nuit, le 3è R.P.I.M.A. récupéra le bas relief, ce qui restait des plaques portant les inscriptions, et plastiqua l’armature de béton qui les soutenait. Rescapées ces nobles pierres furent transportées à Carcassonne avant d’être remises à l’École de Saint Maixent où elles séjournèrent pendant 25 ans.

    Les textes de ces deux plaques sont significatifs. Ces reliques, considérées comme telles ont évidemment une signification historique, mais elles traduisent une certaine nostalgie de cette Algérie colonisée.


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  • Pour la paix des mémoires  de la guerre d’Algérie

    Oui cette image est une utopie... mais il y a des utopies qui se sont réalisées...

    "Les utopies ne sont souvent que des vérités prématurées" a dit Lamartine.

    Quelques exemples parmi d’autres :

    (La fin de l'esclavage, la démocratie, la libération de la femme...) ont d'abord été imaginées par des utopistes, à une époque où personne n'y croyait. 

    Pour la paix des mémoires

     de la guerre d’Algérie

    Il faut entendre toutes les souffrances, les comprendre et surtout ne pas instrumentaliser l’histoire afin de ne pas entretenir la guerre des mémoires. 

    Il a fallu attendre 37 ans pour que le terme « guerre d’Algérie » soit reconnu par la quasi unanimité du Parlement.

    Il a fallu attendre 50 ans pour qu’une majorité de gauche au Sénat fasse du 19 mars « Journée nationale du souvenir des victimes civiles et militaires de la guerre d’Algérie et des combats de la Tunisie et du Maroc ».

    Cette date est celle du Cessez-le-Feu décidée la veille par les accords dits « d’Evian » elle a mis fin au conflit et ouvert la voie de l’indépendance de l’Algérie.

    Mais cette date du 19 mars est vivement contestée par la droite et l’extrême droite… Il y a eu, disent-elles de nombreuses victimes après cette date. Il y en a eu, en effet, des victimes dont la responsabilité est à affecter aussi bien à des éléments incontrôlés du FLN qu'à l’OAS (Organisation de l’Armée Secrète).

    Les feux sont donc toujours mal éteints… Dernièrement on a entendu un ancien président de la République promettre, s’il était élu, l’abrogation de cette date. Tout récemment encore, un candidat à la présidence de la République qualifiait la colonisation de… « crime contre l’humanité »… une plainte a même été déposée pour ses propos…

    Nous mesurons donc la difficulté de la France à tourner la page de son passé colonial.

    L’histoire de cette guerre empoisonne encore le présent.

    Pourquoi ? Comment expliquer aux jeunes générations ces blessures de l’histoire non cicatrisées ?

    Pour comprendre la complexité de la guerre d’Algérie il faut savoir que le contexte international était à la décolonisation.

    Après 130 ans de présence française, la société algérienne était très inégalitaire. La France était en contradiction avec ses propres valeurs républicaines et malgré quelques réformettes elle n’a pas su, ou pu ou voulu voir le fossé qui se creusait entre les communautés.

    Cet aveuglement a provoqué trois affrontements simultanés et fratricides 

    Une guerre Algéro-algérienne entre le Front de Libération Nationale, les militants de Messali Hadj et les sympathisants français (première guerre civile).

    Une guerre Franco-algérienne entre l’Armée et les indépendantistes (deuxième guerre civile).

    Une guerre Franco-française entre l’Armée et l’Organisation de l’Armée Secrète (troisième guerre civile).

    Il faut entendre toutes ces souffrances, les comprendre et surtout ne pas instrumentaliser l’histoire afin de ne pas entretenir cette Guerre des Mémoires. 

    Mémoires des « pieds-noirs » qui ont payé un lourd tribu notamment entre le 19 mars 1962 et le 5 juillet 1962, jour de l’indépendance de l’Algérie pour ensuite tout perdre en s’exilant vers la métropole.

    Mémoire des soldats du contingent qui ont fait leur service militaire obligatoire et qui ont eu la malchance d’avoir 20 ans à cette époque.

    Mémoire des victimes de l'OAS : elles étaient 2700 assassinées par cette organisation terroriste et criminelle.

    Mémoire des « Harkis », les troupes supplétives de l’Armée française qui, eux aussi, ont subi les pires exactions.

    Mémoire des anciens combattants algériens qui se sont battus pour l’indépendance de leurs pays avec des milliers de victimes dans leurs rangs.

    Maintenant, il faut respecter toutes ces mémoires et chercher le chemin de l’apaisement et de l’espoir. Laissons la place aux historiens, chercheurs et étudiants de tous pays en dehors de tout organisme officiel, afin d’éviter les interprétations, les préjugés, les stéréotypes et les discriminations, pour enfin jeter un pont entre les peuples algérien et français et entre Français eux-mêmes pour gagner la plus belle des Paix, la Paix des Mémoires.

    C'est mon état d'esprit.

    Et maintenant avec un nouveau président de la République, un nouveau chapitre de la relation franco-algérienne ?

    Les relations entre les deux pays patinent. Le nouveau président français saura-t-il tisser avec l’Algérie l’équivalent d’une relation franco-allemande ?

    Le grand mérite du président François Hollande fut d’avoir normalisé les relations entre la France et l’Algérie, dès son arrivée à l’Elysée en 2012, et d’avoir hissé ces relations au rang d’un véritable partenariat stratégique. Toutefois, cinq ans après, ces relations bilatérales patinent et ne semblent pas avoir, concrètement, été à la hauteur de ce que beaucoup espéraient. Trop souvent encore, les mots l’emportent sur les actes. L’élection à la présidence de la République d’Emmanuel Macron, un « ami de l’Algérie », selon les termes du président Abdelaziz Bouteflika, pourrait ouvrir une nouvelle ère. Une ère plus que jamais nécessaire.

    En reconnaissant que la colonisation a constitué un crime contre l’humanité, le nouveau président français a tourné une page importante de l’histoire. A 39 ans, il incarne une génération pragmatique qui veut surmonter le passé et bâtir un partenariat mutuellement avantageux entre les deux pays. Rénové, approfondi, ce partenariat pourrait prendre pour modèle la relation qui s’est construite au lendemain de la guerre entre la France et l’Allemagne. Le couple franco-algérien pourrait ainsi être à l’espace euro-méditerranéen ce que le couple franco-allemand est à l’Union européenne, un moteur indispensable.

    Bien sûr pour les Français, surtout les plus pauvres, les relations franco-algériennes ne sont pas la priorité, c’est la capacité ou non de résoudre la plaie du chômage, c’est la capacité ou non de revaloriser leur pouvoir d’achat. C’est sur ces critères que François Hollande a été jugé et même dans l’incapacité de pouvoir se représenter… parce qu’il a échoué. C’est principalement sur ces deux critères que les Français attendent Emmanuel Macron… Cela aussi doit être dit. 



     

     


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  • Alain Ruscio - Comment l’idée coloniale

     est-elle née ? 

    Université Populaire Méditerranée Moyen-Orient.

    Cycle 2014 - 2015 : Le poids de l’histoire sur l’Orient (1914-2014).

    Samedi 15 novembre 2014 : Stratégies coloniales comparées dans le monde arabe avant 1914

    Séance 1 : Comment l’idée coloniale est-elle née ?

    Avec : Alain Ruscio.

    Docteur en histoire de l'Université de la Sorbonne (Paris I) et chercheur indépendant, il a consacré l’essentiel de ses travaux à l’histoire coloniale.
    Il est l’auteur d’une quinzaine d’ouvrages, parmi lesquels La Guerre française d’Indochine, 1945-1954, Complexe, 1992, et Le Credo de l’homme blanc. Regards coloniaux français, XIXe-XXe siècles, Complexe, 1996, (nouv. ed 2002), et Nostalgérie, L'interminable histoire de l'OAS, paru en 2015 aux éditions La Découverte.
     

     


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  • MESSAGE 2017 JOURNÉE NATIONALE  DU SOUVENIR DES VICTIMES   ET HÉROS DE LA DÉPORTATION  DIMANCHE 30 AVRIL 2017

    MESSAGE 2017 JOURNÉE NATIONALE

    DU SOUVENIR DES VICTIMES

     ET HÉROS DE LA DÉPORTATION


    DIMANCHE 30 AVRIL 2017

    Comme chaque année ce dernier Dimanche d’avril est consacré à la journée du souvenir des Victimes et Héros de la Déportation.
    La tragédie des camps de concentration nazis et le courage de ceux qui ont lutté pour la sauvegarde de la dignité humaine doivent rester présents dans les mémoires.

    Il faut, sans relâche, répéter que cette célébration n’est pas uniquement tournée vers l’histoire mais bien vers notre présent et notre avenir.
    La dénonciation du nazisme n’a de sens que si elle s’accompagne d’un combat acharné, sans la moindre compromission, contre les formes actuelles de résurgence de cette idéologie de mort.

    Face à la montée du nationalisme, de la xénophobie, du racisme et de l’antisémitisme, au déchaînement de fanatismes politiques ou religieux et à la fréquente remise en cause des principes du droit et de la démocratie, le message des déportés est d’une brulante actualité.

    Les conflits qui déchirent le Moyen Orient et d’autres parties du monde, les millions de femmes, d’hommes et d’enfants obligés de fuir les lieux de combats, le terrorisme international, les semeurs de haine, la tentation des pays à se replier sur eux mêmes au détriment de l’indispensable solidarité, tous ces éléments requièrent une action commune contre ces dangers qui menacent l’avenir.

    La journée du souvenir nous donne donc l’opportunité de concrétiser notre hommage en lançant un appel pour que tous les efforts soient poursuivis afin de donner son plein sens à la devise de la République :
    Liberté – Égalité – Fraternité

    Ce message a été rédigé conjointement par :
    La Fédération Nationale des Déportés et Internés de la Résistance (F.N.D.I.R.),
    La Fédération Nationale des Déportés et Internés, Résistants et Patriotes (F.N.D.I.R.P.),
    La Fondation pour la Mémoire de la Déportation (F.M.D.),
    L’Union Nationale des Associations de Déportés, Internés et Familles de disparus (U.N.A.D.I.F.).
    Avec la participation d’Associations et Amicales de Camps

    Le testament des déportés

    Nous soussignés, survivants des camps de concentration nazis, femmes et hommes, représentons les comités internationaux d’anciens détenus des camps de concentration et de leurs Kommandos extérieurs. Nous commémorons la mémoire de nos familles massacrées et des millions de victimes assassinées en ces lieux de cendre. Leur persécution et leur élimination pour des motifs raciaux, politiques, religieux, sociaux, biologiques et économiques et une guerre criminelle ont conduit le monde au bord du gouffre et laissé un bilan terrible.

    Après notre libération, nous avons juré de construire un monde neuf de paix et de liberté. Nous nous sommes engagés pour que ne se reproduisent plus ces crimes sans précédents. Notre vie durant, nous avons porté témoignage, notre vie durant, nous nous sommes efforcés d’informer les jeunes de notre vécu, de nos expériences et de ce qui en fut la cause.

    C’est pour cela qu’il est pour nous douloureux et révoltant de constater aujourd’hui que le monde n’a pas suffisamment tiré les leçons de notre histoire. C’est pour cela que
    les citoyens comme les états ont le devoir de poursuivre ce travail sur le souvenir et la mémoire.

    Les anciens camps sont aujourd’hui des témoins de pierre. Ce sont les théâtres de crimes, des cimetières internationaux, des musées, et des lieux d’apprentissage de l’histoire. Ce sont des preuves contre le négationnisme et la banalisation ; ils doivent être préservés à jamais. Ce sont des lieux de recherches scientifiques et d’engagement éducatif où l’encadrement pédagogique des visiteurs doit être assuré de manière satisfaisante. Les crimes contre l’humanité commis par les nazis sont sans précédent, tout particulièrement l’Holocauste. Ils ont été perpétrés sous la responsabilité de l’Allemagne. Elle a réalisé un grand travail de réflexion critique sur son histoire. Nous attendons de la République Fédérale d’Allemagne et de ses citoyens qu’ils continuent à assumer pleinement leurs
    responsabilités.

    L’Europe aussi a sa mission à remplir. Au lieu de faire prévaloir nos idéaux de démocratie, de paix, de tolérance, d’autodétermination, et de règne des droits de l’homme, l’histoire est trop souvent utilisé pour semer la discorde entre les hommes, les communautés et les peuples.

    Nous refusons la mise en équivalence des culpabilités, la hiérarchisation de la souffrance, la concurrence entre les victimes et l’amalgame des phases historiques.

    Aussi appuyons nous l’appel lancé en 2004 devant le Parlement fédéral allemand par l’ancienne présidente du Parlement européen et survivante d’Auschwitz, Simone Weil, en faveur de la transmission de la mémoire : « l’Europe devrait connaître et reconnaître son passé commun comme un tout, avec ses pages de lumière et ses pages d’ombre ; chaque Etat membre devrait connaître et reconnaître ses erreurs et ses défaillances, et être en paix avec son propre passé pour pouvoir être en paix avec le passé de ses voisins ».

    Nos rangs s’éclaircissent. Dans toutes les instances nationales et internationales de nos associations, des femmes et des hommes prennent la relève de la mémoire à nos côtés. Ils nous rendent confiants dans l’avenir, et continuent notre travail. C’est avec eux que doit se poursuivre le dialogue commencé avec nous. Pour assurer cette tâche, ils ont besoin du soutien de l’état et de la société.

    Les derniers témoins se tournent vers la République Fédérale d’Allemagne, vers tous les états européens, vers la communauté internationale pour leur demander de préserver et d’honorer dans le futur ces facultés humaines que sont le souvenir et la mémoire.

    Nous invitons les jeunes générations à poursuivre notre lutte contre l’idéologie nazie et pour un monde juste, un monde de paix et de tolérance, un monde libéré totalement de l’antisémitisme, du racisme, de la xénophobie, et de l’extrémisme fascisant.

    Que ceci soit notre testament.

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  • La fraternité est une force qui rassemble

    La fraternité est une force qui rassemble

    Notre association « Anciens Appelés en Algérie et leurs Amis Contre la Guerre » (4acg), a tenu son assemblée générale annuelle à Paris, du 30 mars au 2 avril 2017. Le temps fort a été celui du débat autour d’une table ronde ayant pour thème « le défi de la fraternisation ». Les 5 intervenants animant ce débat français et algérien : écrivain, éditeur, sociologue des religions, historien de la guerre d’Algérie, responsable d’association de paix, ont provoqué d’intenses débats avec les 120 militants présents.

    Ces débats ont conforté l’audience que rencontre le film « Retour en Algérie » projeté dans différents villes et villages de France et vient en complémentarité de notre « Charte de la Fraternisation entre les peuples français et algérien ».

    Le voyage de ce printemps, effectué en Algérie, nous renforce dans notre démarche solidaire avec des associations algériennes d’éducation populaire que nous soutenons. De cela, des médias algériens, rencontrés sur le terrain, sont plus nombreux à partager le sens et le soutien à ces associations algériennes.

    Les souhaits d’échanges authentiques entre l’Algérie et la France sur les plans culturels, économiques et sociaux avancent dans le sens de la fraternisation des deux côtés de la Méditerranée.

    Pour que cette aspiration à ce que tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droit et doivent agir les uns avec les autres dans un esprit de fraternité, la 4acg ne votera pas aux élections présidentielles pour des candidats racistes et xénophobes.

    La liberté, le goût et la joie de vivre entre tous les peuples, sont nos moteurs de fraternité.

    Alain Desjardin
    Président de la 4acg
    22 avril 2017

    Fraternisation : il y a 100 ans déjà…

     

    La fraternité est une force qui rassemble

    La fraternisation était le thème de l’assemblée générale 2017. A ce propos, Jean Wouts, adhérent de la 4acg, nous fait connaitre un lieu et un monument près de chez lui, dédiés aux actes de fraternisation qui se déroulèrent durant la première guerre mondiale.

    « J’habite rue du Canada à Neuville Saint-Vaast. En 1914, ce village se trouve sur la ligne de front tout au long des collines d’Artois. Ce 9 avril, nous venons de fêter le centenaire de la victoire des soldats canadiens en présence de 20.000 jeunes du Canada.
    À cette époque, le village est complètement détruit. La guerre finie, la reconstruction du village se réalise difficilement. C’est grâce à la volonté persévérante du maire que la commune renaît.
    Aujourd’hui, nous sommes 1500 habitants à Neuville, mais il y a près de 100.000 morts de la guerre 1914-1917 de toutes nationalités. Le plus grand cimetière est allemand avec presque 45.000 tombes.
    Entre ces affrontements meurtriers, surtout à Noël, des moments de fraternisations existent. Longtemps nous sommes restés dans le déni.
    Cent ans après, un cinéaste de la région, Christian Carion produit le film « Joyeux Noël ». Ayant connaissance du carnet de guerre de Louis Barthas, avec ténacité, il arrive à convaincre les politiques d’ériger un monument des fraternisations. François Hollande l’a inauguré en décembre 2015, en présence de membres de la famille de Louis Barthas. »

     

    La fraternité est une force qui rassemble

    Décembre 1915. Publiée dans le journal « L’Illustration », cette photo de Paul Minvielle lui a valu les foudres de l’Etat-major.

    Pour de plus amples informations sur la création de ce monument, cliquez ici. Vous pouvez aussi effectuer une visite virtuelle.

    La fraternité est une force qui rassemble

    CLIQUEZ SUR LE LIEN CI-DESSOUS POUR ECOUTER LA CHANSON

    OFFICIELLE 2017 DE CRAONE

    http://centenaire.org/fr/video-darchive/la-chanson-de-craonne


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  • Slimane ZEGHIDOUR : "Voici mon Algérie en couleur pendant la guerre"

    Slimane ZEGHIDOUR : "Voici mon Algérie en couleur pendant la guerre"

    Son livre "L'Algérie en couleurs, 1954-1962" révèle des photographies inédites d'appelés pendant la guerre d'indépendance pour découvrir une autre histoire des relations entre Algériens et Français...

    L'Algérie comme vous ne l'avez jamais vue. 1400000 appelés du contingent se sont succédé en Algérie entre 1954 et 1962. La plupart avait juste vingt ans, n'avait jamais quitté la France et parfois même leur village. Munis de petits appareils kodachrome, ils ont photographié ce pays qu'ils découvraient : la vie des populations, les femmes et les enfants, la beauté des paysages exceptionnels. Mais aussi leur quotidien de soldat, les marches sans fin à travers la montagne kabyle, les opérations militaires, le contrôle exercé sur les populations civiles... Des milliers de photographies ont ainsi été prises. Les voilà pour la première fois. Elles ne racontent pas la guerre. Elles donnent à voir une autre Algérie, loin des images réalisées par les services photographiques des armées ou les reporters des journaux en quête de scoops ou d'images choc. Ce livre est le fruit d'une récolte unique réalisée auprès des anciens appelés. Plus de 2000 photos ont été envoyées, par des centaines d'anonymes, sollicités par les auteurs et France Info.


    Slimane ZEGHIDOUR : "Voici mon Algérie en... par tv5mondelinvite 

     


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    Ça s'est passé...

    Le 21 avril 1961

    Ça s'est passé...  Le 21 avril 1961

    Zeller, Jouhaud, Salan et Challe, les quatre généraux putschistes

     dans les rues d'Alger.

    Dans la nuit du 21 au 22 avril 1961, les hommes du 1er Régiment étranger de parachutistes, commandés par Hélie Denoix de Saint-Marc, prennent le contrôle d'Alger. Le « Putsch des généraux » vient de commencer.

    Pendant que les légionaires prennent position, Charles de Gaulle assiste à une représentation de Britannicus à la Comédie française, en compagnie de Léopold Sédar Senghor. Il ne laisse rien paraître mais il est en fait tenu au courant de la situation minute par minute. De fait, dès les premières heures de la nuit du 21 au 22 avril, une série d'arrestations est effectuée en France, dans les milieux favorables à l'Algérie française.

    A Alger, à 8 h 45 le 22 avril, le général Challe prend la parole à la radio : « Officiers, sous-officiers, gendarmes, marins, soldats et aviateurs, je suis à Alger avec les généraux Zeller et Jouhaud et en liaison avec le général Salan pour tenir notre serment : garder l'Algérie. »

    En Algérie, le putsch est relativement « léger ». Challe se contente de faire arrêter les représentants du gouvernement et se refuse à armer les pieds-noirs. Il se heurte aussi à l'hostilité des hauts gradés de l'armée et surtout à celle des appelés du contingent.

    Ça s'est passé...  Le 21 avril 1961

    Le dimanche 23 avril au soir, de Gaulle apparaît en grand uniforme à la télévision. Son discours entrera dans l'histoire : « Un pouvoir insurrectionnel s'est installé en Algérie par un pronunciamiento militaire. Ce pouvoir a une apparence : un quarteron de généraux en retraite... » (voir la Une du Populaire du Centre du 24 avril 1961 ci-dessous) Ses mots portent. Le putsch est fini. Le mardi 25 avril, Hélie Denoix de Saint-Marc et Maurice Challe se livrent aux autorités.

    Jouhaud et Salan entrent dans la clandestinité et prennent la tête de l'OAS.

    Ça s'est passé...  Le 21 avril 1961


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  • Décès de Bruno Barillot

    Expert du dossier des essais nucléaires au Sahara algérien et en Polynésie française

    Décès de Bruno Barillot  Expert du dossier des essais nucléaires au Sahara algérien et en Polynésie française

    Bruno Barrillot est décédé le 25 mars 2017. « Infatigable lanceur d’alerte » sur les conséquences des essais nucléaires, il était co-fondateur de l’Observatoire des armements.

    Entre 1960 et 1996, la France a réalisé 210 essais dans le Sahara et sur les atolls de Mururoa et Fangataufa, en Polynésie française. Longtemps tabou, leur impact sanitaire a été officiellement reconnu par la loi Morin, adoptée le 5 janvier 2010. Un tournant après quarante années durant lesquelles l’Etat assurait de l’innocuité de ses expérimentations.

    Néanmoins, afin de limiter les possibilités des plaignants, la loi introduit la notion de « risque négligeable » entre l’exposition à la radioactivité et la pathologie. Résultat : en sept ans, sur un millier de requêtes, une vingtaine d’indemnisations seulement ont été octroyées. Bruno Barrillot ne pouvait cacher sa colère : « Comment l’Etat peut-il encore agir ainsi ? » (1)

    Né le 9 avril 1940 à Lyon, Bruno Barrillot est décédé dans la soirée de samedi 25 mars à Tahiti des suites d’un cancer, a annoncé Patrice Bouveret, actuel directeur de l’Observatoire des armements. Un hommage lui [a été] rendu le samedi 8 avril après-midi à Lyon, dans les locaux de l’Observatoire.

    Bruno Barrillot a œuvré inlassablement pendant de très nombreuses années pour la levée du secret-défense sur les essais nucléaires au Sahara et en Polynésie et la reconnaissance de leurs méfais sur les populations locales et l’environnement. Il avait fondé, en 1984 à Lyon, avec Patrice Bouveret et Jean-Luc Thierry, l’Observatoire des armements/Centre de documentation et de recherche sur la paix et les conflits, (CDRPC).

    Lauréat 2010 du « Nuclear Free Future Award », il était l’auteur de plusieurs ouvrages, dont Les Victimes des essais nucléaires : histoire d’un combat (janvier 2010, éditions de l’Observatoire des armements, préfacé par la députée d’alors Christiane Taubira). L’action de Bruno Barrillot portait aussi sur un projet de création d’un centre de la mémoire des essais nucléaires français en Algérie et en Polynésie. Projet qui lui a été inspiré par le Centre historique d’Alger de la guerre de Libération nationale qu’il a visité en 2007.

    « Ton départ provoque un immense vide, mais les nombreuses investigations que tu as menées, les ouvrages et nombreux articles que tu as rédigés, les documentaires auxquels tu as contribué continueront d’être le socle indispensable sur lequel pourront s’appuyer tous ceux qui agissent pour faire reconnaître les conséquences sanitaires, environnementales des essais nucléaires et poursuivre cette immense tâche d’un avenir sans menace atomique suspendues au-dessus de nos têtes » (2), a souligné Patrice Bouveret dans l’annonce du décès de l’expert et militant pour la vérité sur les essais nucléaires français.

    « L’attentisme du gouvernement français est intolérable » 

    « L’attentisme du gouvernement français sur le dossier des conséquences des essais nucléaires est intolérable pour les victimes et leurs ayant droits ». « La politique de l’autruche de la France sur les conséquences — humanitaires, sanitaires et environnementales — de son programme d’armes nucléaires est totalement contre-productive », soulignait Bruno Barrillot, à l’occasion du 55e anniversaire de l’explosion de Gerboise bleue, la première bombe française au Sahara (El Watan, 14 février 2015). Sa puissance était comprise entre 60 et 70 kilotonnes, soit plus de trois fois la puissance de l’explosion d’Hiroshima.

    Dans une interview qu’il nous avait accordée en février 2014 (El Watan du samedi 15 février 2014), il nous affirmait — suite à la publication par Le Parisien d’un document déclassifié du ministère français de la Défense sur l’opération Gerboise dont les effets du nuage radioactif ont touché la moitié de l’Afrique et même le sud de l’Europe — : « Je ne suis pas surpris par l’ampleur des retombées radioactives des 4 essais Gerboise de 1960-61 sur l’ensemble de l’Afrique de l’Ouest… La surprise, c’est la persistance du déni par les autorités françaises qui ont toujours restreint les retombées radioactives des essais au Sahara à des ‘‘secteurs angulaires’’, extrêmement limités dans des zones connues pour être inhabitées.

    Les militaires reconnaissent qu’à certains endroits, les normes de radioactivité ont été largement dépassées : à Arak, près de Tamanrasset, où l’eau a été fortement contaminée, mais aussi dans la capitale tchadienne, N’Djamena. C’est effarant ! »… « En regardant la carte, on se rend compte que si le nuage radioactif a touché tous ces pays (Afrique de l’Ouest), il comportait des éléments radioactifs (iode 131, césium 137 et même du plutonium) qui sont très nocifs pour la santé et ont pu générer, des années plus tard, des cancers ou des maladies cardio-vasculaires.

    C’est en tout cas ce que constatent certains médecins algériens qui exercent à l’hôpital de Reggane ou à Tamanrasset. On sait que les éléments radioactifs produits par une explosion nucléaire ont des demi-vies assez longues, ce qui fait que dans les 13 zones de la carte, il restait encore de tels éléments radioactifs qui ont pu être inhalés ou respirés par les personnels et populations avec les conséquences que l’on connaît. »

    Les associations de victimes, partie civile dans une plainte contre X 

    L’expert précisait que « la déclassification des documents s’est faite parce que les associations de victimes se sont portées partie civile dans une plainte contre X déposée en 2004 et que le gouvernement français voulait éviter que nous allions jusqu’en Cour européenne des droits de l’homme pour exiger la communication des rapports de surveillance radiologique et biologique des essais nucléaires.

    J’estime cependant que le gouvernement français choisit les documents à déclassifier, notamment ceux qui ont peu d’intérêt, comme les relevés de radioactivité de l’air, semaine après semaine dans des périodes où il n’y a pas eu d’essais, donc qui mentionnent que ‘‘tout va bien’’ ! Il y a quand même quelques documents qui apportent des informations nouvelles, et c’est ce qui motive notre action »… Et aussi : « Après tant d’années, la totale transparence s’impose non seulement sur les risques sanitaires, mais aussi et surtout sur les conséquences environnementales qui, j’ai pu le constater moi-même, sont considérables tant à Hamoudia qu’à In Ekker. »

    Et de souligner : « Nous avons encore un gros travail à faire avec le milieu médical, notamment pour faire introduire de nouvelles maladies cardiovasculaires ou tout ce qui touche à la santé des générations suivantes ou aux modifications génétiques. » « J’ai toujours considéré que mes recherches sur les effets des essais nucléaires avaient comme point de départ et comme point d’aboutissement la parole des victimes et le constat des dégâts environnementaux.

    C’est un conseil que je donne aux élus qui, jusqu’à ce jour, sont hélas peu enclins à auditionner les victimes comme ils le font dans d’autres domaines et qui préfèrent entendre des ‘‘idéologues’’ de la dissuasion nucléaire ou des ‘‘experts’’ de l’industrie et de l’armement nucléaire plutôt que les victimes elles-mêmes. »

    Bruno Barrillot suggérait alors qu’« étant donné l’ampleur des conséquences des expériences nucléaires, il serait probablement opportun que, par exemple, la France et l’Algérie incluent, dans le contentieux de la période et de la guerre de décolonisation, un volet concernant les essais nucléaires au Sahara. Des actions de coopération franco-algériennes, notamment sur la décontamination et la sécurisation des anciens sites d’essais du Sahara permettraient, en plus des réhabilitations nécessaires, de former des acteurs et des experts des deux pays dans ces domaines de haute technologie. »


    (1) D’après Le Monde du 14 avril 2017 : http://www.lemonde.fr/disparitions/....

    (2)  http://www.obsarm.org/spip.php?arti...

    SOURCE : http://ldh-toulon.net/deces-de-Bruno-Barillot.html 

    Bruno Barrillot suivait depuis très longtemps la question des essais nucléaires, notamment en Polynésie. Il a longtemps plaidé avec le milieu associatif pour la reconnaissance des maladies issues des essais, en particulier de très nombreux cancers qui ont touché des populations situées à plusieurs centaines de kilomètres des lieux où les bombes ont explosé.
    Il y a plusieurs mois, les députés ont adopté un nouveau système de reconnaissance de ces maladies au sein d'une commission étatique où l'armée ne soit pas juge et partie.
    Bruno Barrillot fait le point sur cette question qui affecte des populations aussi bien en Algérie que dans les îles polynésiennes.
    Il répond aux questions de Jean-François Cullafroz
     

     

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  • L'École Nationale Polytechnique d'Oran

     (ex ENSET) baptisée Maurice Audin

    L'École Nationale Polytechnique d'Oran  (ex ENSET) baptisée Maurice Audin Il n'y avait que la Place du centre-ville de la capitale qui portait son nom. Désormais une institution des Sciences a été bap

    Il n'y avait que la Place du centre-ville de la capitale qui portait son nom. Désormais une institution des Sciences a été baptisée en cette journée du savoir du nom du martyr de la nation Maurice Audin. C'est fait ce dimanche 16 avril 2017, le nom de Maurice Audin a été donné à l'École Nationale Polytechnique d'Oran (ex ENSET).

    Une belle et riche cérémonie a été consacrée à l’événement avec la participation de responsables nationaux et locaux. Une forte assistance notamment estudiantine ont pris part au cérémonial, en présence de Pierre, fils de Maurice Audin et son épouse.

    L’Ecole nationale polytechnique d’Oran (ENPO) a donc été baptisée, hier, au nom du martyr Maurice Audin, jeune mathématicien et militant anticolonialiste ayant épousé la cause nationale, assassiné par les parachutistes du tristement célèbre général Massu.

    La cérémonie, coïncidant avec Youm El Ilm, a été présidée par le secrétaire général du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Salah Eddine Seddiki, en présence des autorités locales, de représentants de la communauté universitaire locale et du fils du défunt. Dans son intervention, le directeur de l’ENPO, Abdelbaki Benziane, a évoqué la vie de ce militant anticolonialiste, enseignant de mathématiques, arrêté, sauvagement torturé puis assassiné en juin 1957, durant la Bataille d’Alger. Le même responsable a expliqué que la baptisation de l’ENPO au nom de Maurice Audin n’est pas un choix fortuit, car, a-t-il rappelé, depuis sa création en 1970, l’ex-Ensep, puis Enset, devenue à partir de 2012 ENPO a été investie de la mission de prendre en charge des formations de sciences et techniques, avec une prédominance pour les mathématiques.
    Le fils de Maurice Audin, Pierre, a qualifié, dans une déclaration à l’APS, cet événement de symbole fort, appelant les responsables de l’ENPO à relever le défi d’une formation de pointe et de qualité. La cérémonie a été marquée par l’inauguration d’une stèle dédiée à Maurice Audin et érigée dans l’enceinte de l’école.

     

    L'École Nationale Polytechnique d'Oran  (ex ENSET) baptisée Maurice Audin Il n'y avait que la Place du centre-ville de la capitale qui portait son nom. Désormais une institution des Sciences a été bap

    Le fils de Maurice Audin : Pierre Audin accompagné de son épouse

    Né le 14 février 1932, dans la ville de Béja, en Tunisie, de père né en France et de mère née en Algérie. Maurice Audin suivit pratiquement toute sa scolarité à Alger où sa famille vit depuis les années 1940. Il entra à la Faculté des sciences d'Alger, en 1949, à l'âge de 17 ans. Brillant étudiant, il fut appelé le 1er février 1953 comme assistant par le professeur Possel qui le prit aussitôt en thèse et le mit en contact avec son patron de Paris, le grand mathématicien Laurent Schwartz.

    En plus de ses activités de chercheur, Maurice Audin, membre du Parti communiste algérien depuis 1951, était omniprésent dans les luttes syndicales et politiques. C'est à travers ces luttes que se forgea sa conscience nationale. Il intégra ainsi la nation algérienne en lutte pour sa dignité. Il a été assassiné par les parachutistes le 21 juin 1957. Comme des milliers de disparus de la Bataille d'Alger, son corps n'a pas été retrouvé à ce jour.

    SOURCE : http://www.huffpostmaghreb.com/2017/04/16/lecole-nationale-polytechnique-ex-enset-doran-baptisee-maurice-audin-_n_16049122.html 


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  • L'historien anticolonialiste André Nouschi est décédé

    L'historien anticolonialiste André Nouschi est décédé. En 2012 il s'en était pris à Christain Estrosi : « Je vous laisse avec l’OAS, un ramassis d’assassins »

    L'historien anticolonialiste, André Nouschi, auteur de plusieurs recherches sur l'Algérie et la Méditerranée, est décédé le 7 mars dernier à l’âge de 94 ans, a-t-on appris vendredi auprès de ses proches.

    L'information de son décès a été confirmée jeudi soir par l'Université de Nice Sophia Antipolis dans laquelle il enseignait l'histoire contemporaine.

    Né le 10 décembre 1922 à Constantine, André Nouschi, spécialiste de l’histoire contemporaine, avait consacré ses recherches dans les années 1940 et 1950 sur l’histoire économique de l’Algérie. Sa thèse, soutenue en 1959 sous la direction de Charles-André Jullien, portait sur "Enquête sur le niveau de vie des populations rurales constantinoises, de la conquête jusqu'en 1919".

    A l'Université d'Alger où il professait, il avait publié en 1958 la "Correspondance du Docteur Vital (de Constantine) avec Ismaël Urbain". Menacé par les Ultras, il avait quitté Alger la même année pour continuer l'enseignement à l'Université de Tunis.

    En 1960, il a publié avec Yves Lacoste et André Prenant "Algérie passé et présent".

    André Nouschi qui dénonçait aussi la politique israélienne en Palestine, est connu pour être un fervent anticolonialiste. Il s'est également intéressé à l'histoire de l'exploitation du pétrole dans les régions d'Afrique du Nord et du Proche-Orient.

    Professeur émérite depuis 1991, il enseignait l'histoire contemporaine à l'université de Nice, où il a fondé en 1968 le Centre de la Méditerranée moderne et contemporaine (CMMC) puis la revue des Cahiers de la Méditerranée en 1971.

    SOURCE : http://www.lematindz.net/news/23762-lhistorien-anticolonialiste-andre-nouschi-est-decede.html

    SOUVENIRS

    Le lundi 20 février 2012 : lettre ouverte d’André Nouschi à Christian Estrosi

    André Nouschi, « Juif, Pied noir » et professeur d’histoire, a été scandalisé par le communiqué de Christian Estrosi manifestant son opposition au colloque organisé par la Ligue des droits de l’Homme les 10 et 11 février derniers. Il a adressé le texte ci-dessous au Patriote Côte d’Azur qui l’a publié dans le courrier des lecteurs de son édition du 17 février 2012.

    Après ce texte qu’André Nouschi nous autorise à reprendre comme une lettre ouverte au maire de Nice, vous pourrez prendre connaissance du compte-rendu du colloque de la LDH publié dans le même numéro de cet hebdomadaire, puis de la lettre de soutien qu’André Nouschi avait adressée fin janvier au collectif Non à un hommage officiel à Bigeard.

    Lettre ouverte à Christian Estrosi, maire de Nice 

    « Je vous laisse avec l’OAS, un ramassis d’assassins »

     Le Patriote Côte d’Azur, le 17 février 2012

     

    Monsieur le Maire,

    Je devais vous écrire d’abord au sujet des impôts locaux, du tramway n° 2 et de la démolition de l’ex-gare d’autobus, ensuite au sujet de votre communiqué relatif au colloque organisé par la LDH à Nice sur la fin de la guerre d’Algérie.

    Comme Pied noir, né en Algérie où ma famille était installée bien avant l’occupation d’Alger en 1830, puisque les Nouschi sont arrivés d’Italie, comme vous à Nice, en 1736. J’ai donc vécu d’abord dans des villages dits de colonisation, ensuite à Oran, Alger et Constantine. J’ai fait la guerre après avoir souffert des lois de Vichy comme juif algérien (j’ai été déchu de la citoyenneté française, aux applaudissements des Pieds noirs non juifs). J’ai travaillé sur la colonisation française en Algérie ; ma thèse a été soutenue en 1959 et a démonté les mécanismes de la dépossession des terres des paysans arabes. La colonisation française a été la cause de la guerre d’Algérie parce que les Pieds noirs ont refusé toute réforme (si vous le souhaitez je peux vous raconter tout cela en détail). J’ai vécu la guerre d’Algérie quotidiennement ; avec les tortures des paras de Massu, Bigeard (je ne sais quel ministre imbécile de vos amis a voulu faire transférer les cendres de Bigeard aux Invalides ; et je m’y suis opposé avec d’autres Français parce qu’on n’honore pas un bourreau qui a du sang sur les mains). [...]

    De Gaulle a mis fin à la guerre d’Algérie, malgré l’OAS qui a tout fait pour l’assassiner. J’ai donc voté pour la fin de la guerre et je m’en félicite. Cette guerre a tué de 25 à 30000 soldats du contingent. N’était-ce pas trop ? Elle a coûté aux Français 10000 milliards de francs (celle d’Indochine avait déjà coûté 3000 milliards). Vous n’avez pas le droit de refuser qu’on parle de la fin de la guerre. C’est indigne d’un citoyen et d’un parlementaire qui se prétend gaulliste. Mais vous ne savez pas ce que c’est d’être gaulliste. Vous voulez faire plaisir à l’OAS qui a tenté plus d’une fois d’assassiner de Gaulle. Monsieur le Maire, en publiant votre communiqué, vous vous êtes déshonoré en vous associant à des assassins. Je refuse, comme gaulliste de fondation (je le suis depuis 1940) et j’ai combattu les armes à la main aux côtés de de Gaulle dans la 1ère Division Française Libre (j’ai été condamné à mort par contumace par le tribunal militaire de Constantine en 1943). Et ni vous, ni Lionel Luca n’avez le droit de vous exprimer ou de regretter la fin de la guerre d’Algérie.

    Si vous avez le droit de parler LIBREMENT aujourd’hui c’est grâce aux « bougnouls » et à de Gaulle qui ont libéré la France en 1944, après lui avoir rendu son honneur. Je vous laisse avec l’OAS, un ramassis d’assassins.

    Professeur André NOUSCHI
    Juif et Pied noir, Niçois depuis 1965,
    démocrate depuis toujours

     

    Compte-rendu du colloque du 11 février 2012 

    Dépasser une mémoire clivée

    Le Patriote Côte d’Azur, le 17 février 2012

    Vendredi et samedi, à l’initiative de la Ligue des droits de l’Homme un colloque nécessaire s’est tenu sur le cinquantième anniversaire de la fin de la guerre d’Algérie. Il a exploré cette histoire commune à la France et à l’Algérie.  

    « Nous allons organiser un voyage en Algérie avec des anciens militaires appelés en Algérie et des Pieds-noirs qui ont tous analysé leurs erreurs et pensent aujourd’hui que la guerre de libération était juste. » Cette initiative que présente Jacques Pradel de l’Association des pieds-noirs progressistes lors de la dernière conférence du colloque organisé par la Ligue des droits de l’Homme autour des 50 ans de la fin de la guerre d’Algérie est un symbole fort.
    Cette table ronde finale s’interrogeait d’ailleurs sur l’avenir qui se construit entre la France et l’Algérie. Auparavant, historiens, sociologues et journalistes étaient venus parler de cette guerre vue par les Algériens, de la violence des ultras, de ces Européens restés en Algérie en 1962 ... Un devoir de mémoire nécessaire comme l’a rappelé Denise Vanel de la LDH-Nice.

    Estrosi défenseur de l’OAS. Ainsi, malgré menaces et pressions, le colloque Algérie-France s’est déroulé sans aucun incident et dans un véritable esprit de progrès et de réconciliation. Pourtant le maire de Nice, Christian Estrosi, avait ouvert la polémique et mis de l’huile sur le feu en publiant, deux jours avant, un communiqué où il marquait sa « désapprobation quant à cette démarche qui ne s’inscrit en aucune manière dans le cadre ou l’esprit, de la commémoration du cinquantenaire à Nice », sous-entendant que, s’il en avait les moyens juridiques, il l’aurait fait interdire ! Stratégie politicienne malsaine qui brossait dans le sens du poil ses électeurs « nostalgéristes », il ne voulait sans doute pas que d’autres personnes se réapproprient cette mémoire. Se voulait-il le garant d’une vision clivée de l’histoire ? C’est en tout cas en ces mots, rejoignant ceux de Robert Injey, conseiller municipal de Nice et ceux de l’ADECR, que Jean-François Mignard, membre du bureau national de la LDH clôturait les échanges le samedi : « Par ses enjeux politiques et sociaux, il était important que ce colloque puisse se tenir. C’était un principe de liberté de paroles. Ce n’était pas négociable d’autant qu’un certain ministre a expliqué qu’il ne fallait pas de zone de non-droit sur notre territoire, non ? La société française doit dépasser l’histoire et la mémoire clivées. »

    Jean-François Gavoury, président de l’association des victimes de l’OAS s’est lui aussi montré indigné par le communiqué de Christian Estrosi. « Une monstruosité. ll aurait dû honorer de sa présence le spectacle à la mémoire de Mouloud Feraoun. Il se fait l’héritier de l’OAS en attaquant la culture ainsi. »

    Dépasser le traumatisme. Ils furent donc nombreux à s’être déplacés au CLAJ de Cimiez dès le vendredi soir pour la très belle pièce de Mouloud Feraoun. Le samedi, entièrement consacré à des débats et des tables rondes, la salle ne désemplissait pas.

    Et si quelques anciens de l’OAS et nostalgéristes essayèrent de perturber les débats dans la salle, les échanges furent pertinents et le regard porté sur le passé permit de mettre à jour les blessures, les drames humains, et cette colonisation contraire aux principes des droits de l’homme, et aux droits fondamentaux de la République française. Fatima Besnaci-Lancou, présidente de l’association Harkis et Droits de l’homme rappelait d’ailleurs que ceux qui crient aujourd’hui « Les Harkis nos frères ! » n’ont jamais montré de la solidarité envers eux en 1962. Elle en sait quelque chose. Elle passa 15 ans dans un camp en France à partir de 1965. Ce traumatisme, il faut le dépasser car « à force, nous avions intériorisé que nous étions inférieurs » et elle regrette que le terme « harkis » soit très souvent associé à « traître ».

    Algérie en reconstruction. Le pays est en quête de sens et exprime tous ces déchirements passés, explique l’historien Madjid Merdaci. Des déchirements qu’il ne faut pas juste résumer à la guerre d’Algérie pour l’historien Yann Scioldo-Zürcher. « On ne peut penser cette histoire de manière monocausale. La guerre d’Algérie a débuté en 1830. Il faut s’intéresser au processus et cesser la culpabilisation. C’est ainsi que l’on arrivera alors à faire l’histoire de l’Algérie coloniale et postcoloniale. »

    Une des principales interrogations interpellait la situation actuelle très ambiguë entre la France et l’Algérie sur te terrain de la réconciliation. Tout le monde s’accordait pour dire que l’écueil était principalement politique. En France, il n’y a jamais eu autant de déferlements et d’actions pour réhabiliter la colonisation et les tueurs de l’OAS, tout cela sur fond de racisme et de xénophobie tandis que du côte algérien, le pouvoir réagit à ces agressions par des agressions. « L’exigence de la repentance n’est pas recevable comme cela. C’est beaucoup plus complexe », témoigne Madjid Merdaci. « Le gouvernement algérien est le meilleur acteur de cette nostalgie coloniale. Il n’y a pas une thèse universitaire qui a été faite en Algérie sur la torture, sur les camps... C’est une stratégie politicienne. » Dans le public, une Algérienne va encore plus loin « Il n’y a pas de haine entre les peuples ou entre les nations, peut-être juste des incompréhensions. Le vrai problème vient surtout des politiques.

    On regrette cependant qu’il n’y ait pas eu dans la salle plus de jeunes de la deuxième ou troisième génération d’immigrés qui sont en quelque sorte les symboles de cette histoire et culture communes à nos deux pays.

    Pieds Noirs d’Algérie. Ceux qui sont restés 

    Ni valise ni cercueil, le livre du journaliste Pierre Daum, intervenant samedi après-midi au colloque de la LDH a jeté un pavé dans la mare  . Ainsi donc, ils n’étaient pas tous partis. 200000 « Pieds Noirs » de toutes conditions, de toutes opinions, sont restés dans leur pays, l’Algérie. Certes, ils en sont partis progressivement, mais il en est qui y sont encore aujourd’hui.

    Comme en écho aux émotions que ce thème a ranimées, l’on apprenait au même moment la disparition de l’un d’entre eux, Georgeot Acampora. Enfant de Bab el Oued, il y est né il y a 86 ans de parents d’origine italienne, il y est mort ce 11 février 2012. Tourneur à l’usine Job/Bastos de Bab el Oued, il entre à la CGT puis au PCA et dans sa branche armée les CDL (Combattants de la Libération). Condamné à mort, puis aux travaux forcés à perpétuité, pour sa participation à un attentat contre un commissariat, libéré à l’indépendance, il rejoint les volontaires de la réforme agraire et du reboisement des zones napalmées, puis il entre à la protection civile comme sapeur pompier, jusqu’à la retraite passée « au pays », fidèle à son quartier d’Alger et à ses idéaux.
    Quelques mois avant son décès, une clinique de Hammamet (périphérie algéroise) avait été baptisée de son nom Georges Acampora. Trop fatigué alors pour prononcer une allocution, il s’était contenté de murmurer, « tahya el djezaïr ».
    (Merci à Fernand Gallinari et à Alger républicain de nous avoir permis d’évoquer ce témoignage).

    Soutien au collectif Non à un hommage officiel à Bigeard 

    Comme habitant Alger de 1955 à 1958, Bigeard, Massu et leurs paras ont fait régner un climat de peur engendrée par l’illégalité consentie à Massu par Guy Mollet, Max Lejeune, Lacoste, soutenus par une majorité parlementaire dans laquelle on trouve les Socialistes, le PCF qui a voté les pleins pouvoirs, les Radicaux de Bourgès, bref un quasi “front populaire”. Les démocrates dont je faisais partie à Alger devaient se tenir dans une grande prudence pour ne pas être embarqués par les paras à 5 heures du matin et disparaître pour toujours. Quand un journaliste suisse est venu m’interviewer à Alger, je lui ai demandé de ne pas donner mon véritable nom. Par ailleurs, tout au long de mes recherches qui mettaient à mal les thèses de Mollet et des siens, j’ai dû garder le silence pour aller jusqu’au bout. Le monde colonial a tout fait pour empêcher les documents gênants de sortir. Mandouze, professeur à la Fac d’Alger a été expulsé par Lacoste pour avoir tenté de diffuser des informations différentes de celles du ministre.

    Qui peut éclaircir aujourd’hui l’affaire Audin, sans doute assassiné par les paras de Massu ? Qui peut dire comment est mort Boumendjel pris par Bigeard, sans doute torturé et exécuté sommairement, après que les paras devant lesquels il passait lui aient rendu les honneurs (Bigeard dixit) avant de l’assassiner. Et les autres jetés d’un avion au dessus de la baie d’Alger ? Comment Longuet, ex EUROPE OCCIDENT, serait-il révulsé par les méfaits de Bigeard et de ses paras ? Non, 100 fois Non !

    André NOUSCHI
    Professeur d’histoire au Lycée E.F. Gautier
    à Alger de 1955 à 1956

     SOURCE : http://ldh-toulon.net/lettre-ouverte-d-Andre-Nouschi-a.html

     

     

     

     

     


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  • François Brunet et les élèves de terminale Carrières sanitaires et sociales, lycée Carrel, Lyon

    François Brunet, né en 1931 à Arras, est incorporé de juillet 1958 à juillet 1959 dans le Service de Santé des Armées du secteur de Souk Ahras. Il est confronté à la réalité de la torture du fait de la proximité de l’infirmerie avec un DOP (Détachement opérationnel de protection). Il participe à la constitution d'une association pour la paix et les droits de l'Homme en Algérie. Menacé de mort par l’OAS, il regagne la France en 1961 puis revient en Algérie l'année suivante, en tant qu'enseignant en coopération. Il est contraint de quitter définitivement le pays en juin 1971, en raison de ses actions syndicales. 

    Il estime avoir bénéficié de conditions privilégiées par rapport à la plupart des jeunes du contingent qui débarquaient là-bas sans rien savoir des réalités algériennes. En effet, étudiant en sciences naturelles et militant à l'UNEF, il avait entendu parler de la guerre d'Algérie lors des réunions syndicales et avait lu des témoignages de « rappelés » qui avaient eu le courage de parler. C'est ainsi qu'il avait eu connaissance de certaines pratiques commises par les combattants, notamment des actes de torture, tant sur ceux du camp opposé que sur les civils.
    Affecté à l’infirmerie d’un groupe de transport au petit village de Gambetta, au sud de Souk Ahras, il fait le constat de ce qu'est la réalité du conflit, du quotidien de la population, et découvre les conditions de vie des familles ainsi que les
    gourbis leur servant d'habitations.
    Dans le cadre des soins infirmiers, il entretient des contacts directs avec les civils en allant les soigner chez eux.
    A Souk-Ahras, il fait connaissance de Pieds Noirs engagés auprès de la population et participe, en civil, à des distributions de denrées du Secours Catholique aux habitants des gourbis.
    Il écrit régulièrement à son père pour lui raconter ce qu'il vit et voit afin que celui-ci puisse faire passer ces informations au sommet de l'État. Son père en effet, est l'adjoint du maire d'Arras,
    Guy Mollet, alors président du conseil.
    L’infirmerie militaire dont il fait partie, tout comme l'infirmerie civile dont elle a la charge, est proche d'un DOP (Détachement opérationnel de protection), où l'usage systématique de la torture est de mise. Même s'il n'assiste pas lui-même à des séances de torture, celles-ci lui sont systématiquement décrites sur les lieux même des sévices dans le but non-dissimulé de le casser psychologiquement. La plupart des Algériens qui entraient au DOP étaient tués, puis leurs corps jetés dans une ancienne carrière. François Brunet relève l'emplacement exact du charnier afin de garder trace de ces exactions et pouvoir éventuellement en témoigner.
    Marqué par l'obstination et la dangerosité du pouvoir militaire, François Brunet a un discours pacifiste et antimilitariste dénonçant l'horreur d'une guerre menée par un contingent de jeunes hommes inexpérimentés contre une population qu'ils ne connaissaient pas et pour une cause qui échappait à la plupart d'entre eux.
    La découverte du peuple algérien ainsi que des amis Pieds Noirs l’amènent à vouloir enseigner en Algérie pendant la guerre. Il retourne donc en France achever ses études puis demande un poste outre-Méditerranée, sa démarche étant appuyée par Guy Mollet.
    C'est en tant que professeur de sciences naturelles affecté au lycée de jeunes filles de Bône qu'il retourne en Algérie en janvier 1960. En réaction aux événements d’Alger (manifestations populaires pour l'indépendance durement réprimées en décembre 1960), il participe, avec des Pieds Noirs et des fonctionnaires métropolitains soutenus par la section de la SFIO, à la constitution d'une association pour la paix et les droits de l'Homme en Algérie.
    Lors d’une distribution de nourriture, il découvre, avec une collègue enseignante qui deviendra sa femme, la réalité des camps de regroupement.
    Menacé de mort par l’OAS, il est contraint de rentrer en métropole pour les vacances de Noël 1961 et obtient à la rentrée de janvier 1962, une mutation au lycée de Maubeuge. En novembre 1962, il repart enseigner en coopération, au lycée algérien de garçons à Annaba (ex-Bône). Coopérant jusqu'en juin 1971, il termine à l'École normale de jeunes filles de Constantine, avant d’être remis à la disposition de la France par le ministre algérien de l'Éducation nationale; pour cause d'actions syndicales et ce, malgré l'intervention du responsable régional du FLN pour le Constantinois.

    François Brunet témoigne de son action comme infirmier militaire et dénonce encore aujourd'hui le dévoiement de l'armée française en Algérie. 

    Rencontre avec François Brunet
    préparée et filmée par les élèves de terminale Carrières sanitaires et sociales, lycée Carrel, Lyon

     


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  • Quelle perspective pour le 23 Avril prochain ?

    L’Edito d’Henri POUILLOT

    Quelle perspective pour le 23 Avril prochain ?  L’Edito d’Henri POUILLOT

    Dans quinze jours, ce sera le premier tour de l'élection présidentielle, avec un boulevard sans précédent pour un président de droite, voire de droite extrême.

    Il y a quelques jours, avec l’utilisation de gaz chimique contre la population civile en Syrie, des voix se sont élevées pour exprimer une condamnation, justifiée. Certains ont même fait le parallèle avec les pratiques nazies pendant la seconde guerre mondiale. AUCUNS n’ont évoqué cette pratique par le France pendant les guerres de libération coloniales, et tout particulièrement celle d’Algérie.

    Oui, la France a utilisé le gaz VX et le gaz Sarin pendant la Guerre d’indépendance de l’Algérie : voir les témoignages sur mon site. Mais, hélas, cette pratique n’a jamais été reconnue, condamnée officiellement, pas plus que les crimes d’état, crimes de guerre, crimes contre l’humanité commis au nom de la France dans cette triste période. Emmanuel Macron a bien évoqué l’idée que le colonialisme avait été un crime contre l’humanité, mais en même temps il disait le contraire !!! Aucun candidat n’a pris réellement position sur ces questions, ou pour défendre l’indéfendable : "le rôle positif de la colonisation" !!!.

    Les propositions pour mettre réellement le colonialisme hors jeu sont encore à attendre. Pour quand la fin du Franc CFA ? Pour quand la fin de la Françafrique ? Pour quand la fin des colonies : Guyane (l’actualité nous le rappelle), Martinique, Réunion, Mayotte, Kanakie, Tahiti... où ces habitants restent des sous-citoyens français ?

    Liberté, Égalité, Fraternité, et il serait nécessaire de compléter par Laïcité, ne sont pas les principes les mieux repris dans cette campagne. Dans quinze jours, il ne peut pas être possible de voter avec l’espoir de voir le progrès social en perspective, mais il va falloir utiliser un bulletin pour un moindre mal, espérant que "Les jours heureux" ne seront pas une chimère que l’on ne verra jamais arriver, mais que le combat à poursuivre permettra enfin un réel changement.

    Henri POUILLOT


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  • TEL PERE = TELLE FILLE 

    Pour Marine Le Pen  la France n'est "pas  responsable du Vel d'Hiv"

    Pour Marine Le Pen

     la France n'est "pas

     responsable du Vel d'Hiv" 

     

    En niant la responsabilité de l'Etat français sur le Vel d'Hiv Marine Le Pen  rejoint son père sur le banc de l'indignité & du négationnisme. 

    Chassez le naturel il revient au galop, il faudra bien que ceux qui s'apprêtent à voter FN assument ce que ce parti représente de haine et de déni, il faudra bien qu'en déposant le bulletin dans l'urne ils reconnaissent appartenir à ses idées, il est temps de dire les choses telles qu'elles sont et non pas comme on voudrait qu'elles soient, aujourd'hui il faut savoir que Marine Le Pen est issue de la famille Le Pen et nourrie au biberon du FN, on ne doit plus fermer ses oreilles à ses phrases racoleuses pleines de négation, elle ne respecte même pas l'histoire passée comment envisager avec elle un avenir ? 

    TEL PERE = TELLE FILLE

     

    Pour Marine Le Pen  la France n'est "pas  responsable du Vel d'Hiv"

    Vous êtes l'une et l'autre LA HONTE de la France

    17 juillet 2005 – La leçon du Vel’ d’Hiv’

    Communiqué de la LDH

    Il y a soixante ans, des gendarmes, des policiers, aux ordres du régime de Vichy, livraient aux nazis des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants destinés à la mort dans les camps d’extermination, pour la seule raison qu’ils étaient juifs.

    La plupart de ces fournisseurs de chambre à gaz n’étaient pas des monstres sadiques, mais des fonctionnaires obéissants, sans se poser de questions, aux ordres de leurs supérieurs, Français comme eux.

    Soixante ans après la rafle du Vel’ d’Hiv’, « le ventre est encore fécond d’où sortit la bête immonde ». L’antisémitisme, le racisme, les discriminations restent virulents dans nos sociétés. Ne pas accepter la moindre manifestation de ce mal, éduquer, informer, se dresser contre l’inhumain dès les premiers pas sur la route qui y mène : le barrage contre la bêtise et la haine est à reconstruire et à renforcer jour après jour.

    La liberté, l’égalité, la fraternité sont, certes, de « grands mots ». Mais s’en écarter rouvre un espace pour le retour de l’innommable. Et qu’elles soient plus que des mots est la responsabilité quotidienne de chacun de nous.

    Paris, le 17 juillet 2005

     

     


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  • L'école en Algérie française :   une exposition à découvrir à Rouen

    L'école en Algérie française : 

     une exposition à découvrir à Rouen 

     

    © Musée National de l'Education 

    Le Musée national de l'Education (Munaé) de Rouen rouvre le dossier de l'Algérie française, à travers une exposition "L'école en Algérie, l'Algérie à l'école, de 1830 à nos jours". Les organisateurs souhaitent pouvoir un jour la monter à Alger. 

     

    L'Algérie française par le prisme de l'école 


    L'exposition "L'école en Algérie, l'Algérie à l'école, de 1830 à nos jours", conçue par Jean-Robert Henry, chercheur et spécialiste du monde méditerranéen est ouverte au public à partir de ce samedi 8 avril et pour un an, au Munaé, le seul musée en France consacré à l'école.  

     

    Des zones d'ombres et de lumières 


    "Nous voulons montrer la dimension coloniale de l'histoire scolaire française (...) Le cas algérien est tout-à-fait intéressant car il montre beaucoup d'ombres et de lumières, des choses très bien et d'autres tout à fait ratées", a déclaré à la presse M. Henry lors du vernissage.
    "Pour ce cas algérien, on n'a pas voulu tout ramener à une vision franco-française, au contraire", a-t-il dit. "On a essayé de montrer le caractère extrêmement complexe du système scolaire que les Français ont trouvé sur place et comment cette complexité s'est maintenue jusqu'à nos jours", a-t-il ajouté.
    Quand les Français prennent possession de l'Algérie en 1830, ils trouvent des petites écoles coraniques de villages mais aussi des medersas (école, NDLR) de niveau secondaire dont ils vont faire peu de cas, voire parfois même les détruire.  

     

    Un enfant algérien sur deux est scolarisé en 1962 


    Quand viendra le temps des réformes de la IIIe République avec Jules Ferry la population européenne va pleinement en profiter mais l'obligation scolaire ne concernera pas les enfants indigènes, à part quelques exceptions. Seuls 10% d'entre eux sont scolarisés en 1940.
    Après la seconde guerre mondiale Paris va mettre les bouchées doubles mais "les réformes trop tardives n'empêcheront pas le "problème algérien" de mûrir dans la violence" selon l'exposition. En 1962, 50% des enfants musulmans sont scolarisés.
    "Tous ceux qui ont pu entrer dans le système français sont devenus à l'indépendance les élites", a dit Ahmed Djebbar, ancien ministre algérien de l'Education (1992-94).
    Après l'indépendance, la scolarisation va se poursuivre grâce à la coopération franco-algérienne.
    Selon M. Henry, l'expérience scolaire coloniale continue à produire des effets aujourd'hui en Algérie, avec les débats sur la place de la langue française dans l'enseignement.
    "Notre ambition est que cette exposition puisse être vue en Algérie", a dit Florence Hudowicz, commissaire de l'exposition. 

      

     

    © Musée National de l'Education 

    L'exposition devait être en partie montrée à Montpellier au musée de l'histoire de France en Algérie dont le projet a été abandonné en 2014 par la municipalité, confrontée à des polémiques politiques. 

    SOURCE : http://france3-regions.francetvinfo.fr/normandie/seine-maritime/metropole-rouen-normandie/rouen/ecole-algerie-francaise-exposition-decouvrir-rouen-1229997.html 

      

    A Rouen, l’histoire de l’école en Algérie

    L'école en Algérie française :   une exposition à découvrir à Rouen

     

    L’exposition montre des documents qui n’ont jamais été rassemblés auparavant (photo Stéphanie Péron)

    Expo. Le musée de l‘Éducation propose

     une exposition sur l’histoire de l’école

     en Algérie, et sur l’histoire de l’Algérie

     à l’école. Une première.

    En 1940, seuls 10 % des enfants musulmans algériens étaient scolarisés dans l’école de la République. En 1954, ils étaient 15 %. « Il y a eu un gros effort de fait sur les quatre dernières années. Au moment de l’indépendance, ils étaient 50 %, » souligne Jean-Robert Henry, l’un des commissaires de l’exposition « L’école en Algérie, l’Algérie à l’école » visible depuis hier au Musée National de l’Éducation, à Rouen. Des tablettes coraniques issues des collections du musée du quai Branly, une « Petite histoire nationale à l’usage des écoles primaires d’Algérie et de Tunisie » aux pages jaunies, deux objets qui démontrent toute la complexité du sujet, entre école traditionnelle et éducation à l’européenne, entre choc colonial et assimilation.

    Tous ces objets auraient dû faire partie des collections du Musée de l’histoire de la France et de l’Algérie voulu par Georges Frêche à Montpellier. Un projet enterré par son successeur, Philippe Saurel, en 2014. Pendant un an, c’est donc dans un musée national que cette histoire est racontée : la survivance de l’école traditionnelle, l’école de la IIIe République, l’Algérie contée aux petits Français, les réformes trop tardives, l’après indépendance...

    « J’ai le regret d’être passé à côté de la culture musulmane, de l’histoire musulmane ». Descendant d’une famille juive algérienne, Marcel Elkaïm a vécu jusqu’à ses 18 ans à Oran. Ce professeur d’économie à la retraite a témoigné et rassemblé ses souvenirs d’élève pour l’exposition. « On apprenait l’histoire de France, pas celle de l’Algérie. Il y avait un fossé entre les communautés, les blancs, les juifs, les Espagnols... Les Arabes, on les ignorait », se désole aujourd’hui celui qui milite à la Ligue des droits de l’Homme. « Il y avait un racisme latent, ordinaire. Nous étions intoxiqués. » Avec également un fort sentiment ambiant d’antisémitisme. En novembre 1942, le petit Marcel est renvoyé du lycée d’Oran. Parce qu’il est juif. Une autre histoire oubliée de l’Algérie française.

    SOURCE : http://www.paris-normandie.fr/newsletters/a-rouen-l-histoire-de-l-ecole-en-algerie-XY9230123#

     

     


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  • La France doit construire une histoire commune

    de la guerre d'Algérie

     

    La France doit construire une histoire commune  de la guerre d'Algérie

    Des enfants jouent avec une affiche dans les rues d'Alger le 19 mars 1962, jour du cessez-le-feu.

    Tous les Français ne mettent pas la même chose derrière les mots «guerre d’Algérie», et ces mémoires pas totalement cicatrisées entretiennent une forme de régression française.

    Lui, franco-algérien, enfant d’immigré qui a grandi dans les cités périphériques de Paris ; vous, fils de pied-noir et conseiller municipal d'une ville du sud-est de la France ; moi, «héritière du silence», fille d’appelé dans les Aurès en 1956. Trois générations, des millions de Français, portent désormais la mémoire de la guerre d'Algérie et de son extrême violence : les grands-parents qui l’ont vécue, les parents à qui elle a souvent été tue et les petits-enfants qui découvrent le retour de ce refoulé.

    Or, tous les Français ne mettent pas la même chose derrière les mots «guerre d’Algérie». Les mémoires d’Algérie sont multiples, contradictoires, rivales, des Mémoires dangereuses, selon le titre du dernier ouvrage de l’historien Benjamin Stora, lui-même issu d’une famille juive de Constantine qui a connu le traumatisme de l’exil en 1962, comme il le racontait fin février lors d’une conférence à la Fondation Jean-Jaurès, à Paris, en partenariat avec Slate.fr.

    Le lien à l’Algérie diffère selon qu’on soit harki, rapatrié, ancien soldat, immigré mais la plupart du temps, ces mémoires sont blessées, amères, faites de ressentiment et d’une volonté de revanche inavouée, que traduit encore la polémique lancée par Nicolas Sarkozy en 2016 autour de la commémoration du 19 mars 1962. 

    Au fil des années, la mémoire coloniale de la guerre d’Algérie a imprégné l’imaginaire national, mais de façon différente. D’un côté, elle serait constitutive du racisme anti-arabe et anti-musulman du Front national. A l’opposé, elle aurait structuré la relation des enfants d’immigrés à la France.

    Socle idéologique de l'extrême droite

    Ces mémoires pas totalement cicatrisées entretiennent des formes excessives d’antagonisme. Elles poussent à la radicalité anti-maghrébine d’un côté, identitaire de l’autre.

    Benjamin Stora démontre comment l’Algérie coloniale constitue un socle idéologique sur lequel l’extrême droite s’est construite et continue de prospérer. Selon lui, le Front national n’est «pas seulement l’héritier spirituel des émeutiers de 1934 et de la collaboration de Vichy, il est aussi celui des factieux d’Algérie».

    La rhétorique du Front national puise ses racines dans l’imaginaire colonial. L’impossible assimilation des populations de culture ou de religion musulmane, la nécessaire mise en place de l’infériorisation juridique de l’immigré, la séparation, l’étanchéité entre nationaux et non nationaux et la volonté d’une préférence nationale: toute cette thématique du Front national était développée au temps de l’Algérie française. À l’époque se posait déjà la question de la compatibilité de l’islam avec la République française.

    Or, si Marine Le Pen a pris ses distances avec la tradition antisémite et fasciste de Vichy, elle s’inscrirait en revanche dans cette continuité coloniale algérienne. «La transformation du parti par sa fille (la dédiabolisation) ne porte que sur la part antisémite, pétainiste de l’imaginaire du parti de son père, part dont elle est sincèrement loin, mais le tournant de Marine ne va pas jusqu’à renier les profondes origines coloniales de l’idéologie frontiste», précise l’écrivain Alexis Jenni au cours du dialogue qu’il conduit avec Benjamin Stora en préface de Mémoires dangereuses.

    Le tournant de Marine Le Pen ne va pas

    jusqu’à renier les profondes origines

    coloniales de l’idéologie frontiste

    Alexis Jenni

    Cette obsession de la présence et de la dangerosité des Arabes (le «Grand remplacement»), la population européenne d’Algérie l’éprouvait déjà avec ce sentiment d’être assiégée. Ce terreau idéologique «colonial» serait même la spécificité du FN, dont l’imaginaire est fondé sur une autre histoire que celle que partagent les autres partis politiques français.

    Et d’ailleurs, pour définir l’état d’esprit du Front national, Benjamin Stora suggère d’utiliser le terme de «sudisme» car, comme aux Etats-Unis pendant la guerre de Sécession, la guerre (d’Algérie) a été perdue au sud, mais les sudistes français cherchent à instaurer une politique de discrimination au nord, à l’égard des immigrés et de leurs enfants.

    Indifférence apparente et lien passionnel

    A l’opposé du Front national, les familles franco-algériennes sont dépositaires de la mémoire de l’indépendance algérienne mais leur rapport à cette histoire a d’abord été ambivalent, selon Benjamin Stora –entre indifférence apparente et lien passionnel.

    D’abord parce que là aussi, la parole des pères a pu être rare («Il faut bien continuer à vivre après une période terrible»), préférant du même coup passer sous silence les règlements de compte au sein de l’immigration entre partisans du MNA de Messali Hadj et partisans du FLN, qui prendra le pouvoir à l'indépendance.

    Il y eut, chez les enfants, «un flottement de la mémoire entre les deux pays», écrit l’historien. Puis la mémoire s’est réveillée, au moment de ce que l’on a appelé la «Marche des beurs» en 1983.

    Ceux-ci demandaient à la France à la fois justice, égalité et un statut de citoyen à part entière, tout en respectant et reconnaissant comme légitime le combat des pères contre la France pour l’indépendance de l’Algérie. Toute la difficulté étant de porter ces deux histoires différentes à laquelle les renvoyait, déjà, le Front national:

    «Je voudrai dire à un certain nombre de beurs arrogants, s’exclame Jean-Marie Le Pen dans un meeting en 1988, que certains des leurs sont morts pour leur donner une patrie, et non pas pour qu’ils viennent dans la nôtre.»

    Mais voulant sortir du ghetto social et culturel, cette génération, celle des enfants, refuse alors le communautarisme. Or, la relégation d’une grande partie des populations d’origine algérienne dans les «banlieues», à la périphérie, produit le contraire, elle rejoue quelque chose des processus de ségrégation sociale et ethnique du temps des colonies. Ce qui a logiquement conduit, note Alexi Jenni, à des «séparations et à des sécessions».

    En se réislamisant, les petits-fils se réapproprient leur histoire par le biais de la religion plutôt que de la nationalité. Souvent stigmatisés par le reste de la société française, ils se construisent un projet de vie, une différence, une radicalité identitaire afin de retrouver une fierté. Ne rien céder sur le port du voile, par exemple, c’est une sorte de revanche alors que le colonisateur français cherchait à dévoiler les Algériennes.

    En décrivant le rapport à la violence pour parvenir à ses fins, la montée des extrêmes identitaires et la question de la place de l’islam par rapport à la République, Benjamin Stora démontre qu’il se rejoue aujourd’hui quelque chose de la guerre d’Algérie, sans que nous en ayons toujours conscience.

    Ce sont ces mémoires antagonistes qui nous ont empêchés de construire une histoire commune. Résultat : rien de plus facile que d’entretenir la guerre des mémoires, la guerre civique, la haine de l’autre, la montée en puissance des idéologues du petit écran, puisqu’il n’y a pas de contrefeux. C’est de ne pas avoir su s’entendre sur un récit commun de la guerre d’Algérie qui rend possible cette régression française.

    Il faut «agrandir l’histoire de France», suggère joliment l’écrivain Alexis Jenni, signifiant par là qu’on ne peut plus rester dans un «récit étroit impérial» et que l’histoire des Maghrébins doit faire partie de l’histoire de France. Il a raison, et il y a urgence. Même si ce n’est plus suffisant.

    Ariane Bonzon 

    SOURCE : http://www.slate.fr/story/115633/histoire-commune-guerre-algerie

     Le débat avec Benjamin Stora à la Fondation Jean-Jaurès.


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    Après la guerre d'Algérie :

    amnisties/amnésie

    Les Français ne feront donc jamais ce que les Américains ont fait pour le Vietnam : juger leurs criminels de guerre.

    Les terribles conséquences 

    D’une extrême droite à 0,8 % des voix au moment de l’élection présidentielle de 1981, ce fut d'abord le coup de tonnerre du 21 avril 2002 avec l’accession de J.M Le Pen au second tour obtenant 17 % des voix…  En 2017, en ce moment même, d’après les sondages Marine Le Pen est créditée de 25 % au premier tour et 40 % au second… encore ce serait le moins pire… A qui la faute ? Une des raisons parmi d’autres qui a un rapport avec la guerre d’Algérie : 

    d'après La guerre d'Algérie - de la mémoire à l'histoire
    de Gilles Manceron et Hassan Remaoun , édition Syros, 1993

    A partir de la fin de la guerre d'Algérie, les autorités françaises ont promulgué toute une succession d'amnisties et de grâces.

    Ce furent d'abord les décrets promulgués lors des accords d'Évian (les 20 mars et 14 avril 1962) qui effaçaient à la fois les "infractions commises avant le 20 mars 1962 en vue de participer ou d'apporter une aide directe ou indirecte à l'insurrection algérienne", et celles "commises dans le cadre des opérations de maintien de l'ordre dirigées contre l'insurrection algérienne". Puis vinrent quatre lois successives. La première, du 17 décembre 1964, concernait les "événements" d'Algérie et fut suivie, le 21 décembre, d'une grâce présidentielle pour 173 anciens membres de l'OAS. Celle du 17 juin 1966 amnistiait les "infractions contre la sûreté de l'État ou commises en relation avec les événements d'Algérie". Vint ensuite, en pleine crise de Mai 68 et liée directement à elle, la grâce du 7 juin 68 concernant, cette fois, tous les membres de l'OAS qui étaient encore détenus ; elle fut suivie de la loi du 24 juillet effaçant toutes les infractions liées aux "événements" y compris celles "commises par des militaires servant en Algérie pendant la période". Cette loi, malgré le dépôt d'un amendement socialiste allant dans ce sens, ne stipulait pas encore la réintégration des intéressés dans leurs fonctions civiles ou militaires ni dans leurs droits à porter leurs décorations.

    Ce fut chose faite après l'arrivée de la gauche au pouvoir. Déjà, en 1965, l'extrême droite proche de l'OAS avait été appelée à se rallier à la candidature de François Mitterrand ; l'année suivante, un projet de loi déposé par Guy Mollet, Gaston Deferre et le même François Mitterrand avait proposé le rétablissement des condamnés de l'OAS dans leurs grades et leurs fonctions ; et, en 1972, le programme commun de la gauche ne comportait aucune référence ou allusion aux suites de la guerre d'Algérie ni à la lutte pour la décolonisation. Avant les élections présidentielles de 1981, des négociations menées par des proches du candidat François Mitterrand aboutirent à l'appel du général Salan à voter Mitterrand et, entre les deux tours, à celui de l'organisation de rapatriés le RECOURS à " sanctionner " Valéry Giscard d'Estaing. C'est donc bien dans la ligne de cette politique que fut votée le 3 décembre 1982 la dernière des lois d'amnistie réintégrant dans l'armée les officiers généraux putschistes et permettant même les "révisions de carrière" nécessaires à la perception de l'intégralité de leurs retraites. Cela, au nom de l'argument formulé par François Mitterrand : "Il appartient à la nation de pardonner."

    " La levée des sanctions à l'égard de responsables d'atrocités commises pendant la guerre d'Algérie interdit de vider l'abcès, puisqu'il y a effacement des repères qui distinguent entre ce qui est crime et ce qui ne l'est pas. Les simples exécutants ne seront jamais déchargés d'une partie de leur culpabilité, ou de leur honte. Les responsables, jamais identifiés. Les Français ne feront donc jamais ce que les Américains ont fait pour le Vietnam : juger leurs criminels de guerre. Et, bien vite, cette loi de 1982 qui avait pour justification le pardon commencera, d'abord, par réveiller l'ardeur des nostalgiques de l'OAS. Les leaders d'une extrême droite à 0,8 % des voix, au moment de l'élection présidentielle de 1981, «réintègrent» la vie politique."

    Benjamin Stora - La gangrène et l'oubli - édition la Découverte – 1998 

    Le pardon pour les généraux de l’OAS

    Après la guerre d'Algérie : amnisties/amnésie *** Les terribles conséquences

    Le coup de tonnerre du 21 avril 1961

    Après la guerre d'Algérie : amnisties/amnésie *** Les terribles conséquences

    Et, bien vite, cette loi de 1982 qui avait pour justification le pardon commencera, d'abord, par réveiller l'ardeur des nostalgiques de l'OAS

     

    Les monuments de l’Algérie française en France méditerranéenne

    SOURCE : http://ldh-toulon.net/les-monuments-de-l-Algerie.html

     

    mardi 3 mai 2011

    Les monuments les plus significatifs rendant hommage à l’OAS ... sans oublier le rond-point Bigeard d’Aix en Provence et, bientôt, celui de Banyuls.

    Le mémorial des rapatriés à Nice (1973)

    Ce mémorial, à l’initiative de la Fédération des Associations de rapatriés des Alpes Maritimes, a été inauguré le 25 février 1973, dans le Jardin d’Alsace-Lorraine, en présence de Jacques Médecin, sénateur-maire de Nice.

    Roger Degueldre, chef du commando delta de l’OAS qui a assassiné les six inspecteurs des centres sociaux éducatifs le 15 mars 1962 à Alger, y est célébré comme un héros. Une petite plaque dans l’herbe, au pied du monument précise d’ailleurs : « Aux martyrs de l’Algérie française », et voici l’inscription gravée sur le socle :

    Les nostalgiques de l’Algérie française sont venus le 23 avril 2011 devant ce monument pour célébrer le cinquantième anniversaire du putsch d’Alger.

    Pour en finir avec la répétition des mythes et l’instrumentalisation des douleurs, la section de Nice de la Ligue des droits de l’Homme, en lien avec toutes les associations républicaines, prépare une rencontre sur le thème de la reconnaissance des réalités de cette période de notre histoire et de la réflexion sur ses conséquences aujourd’hui.

    Le monument aux martyrs de l’Algérie française à Toulon (1980)

    Un monument doté d’une histoire étonnante – il a été détruit quelques jours avant d’être inauguré. Une histoire méconnue de la plupart des Toulonnais car la mairie qui fleurit régulièrement le monument se refuse à lui adjoindre une notice explicative écrite par des historiens.

    Trois jours plus tard, les fleurs déposées le 26 mars 2005 sont toujours en place.

    Pour en savoir plus sur ce monument “historique”, consultez donc cette page.

    Le monument de Perpignan (2003)

    La stèle OAS du cimetière du Haut-Vernet à Perpignan.

    La stèle des “fusillés de l’Algérie française”, inaugurée le 5 juillet 2003 au cimetière du Haut-Vernet de Perpignan en présence du premier adjoint, symbolise la mort d’un condamné au peloton d’exécution. Sous cette icône est gravée l’inscription : « Terre d’Algérie », et, en-dessous, une autre plaque énumère quatre noms : Bastien-Thiry, Degueldre, Dovecar et Piegts.

    Le préfet des Pyrénées-Orientales a interdit la cérémonie d’hommage prévue par des ex-OAS le lundi 7 juin 2010 – anniversaire de l’exécution en 1962 d’Albert Dovecar et Claude Piegts, membres du commando de l’OAS qui a assassiné Roger Gavoury commissaire central d’Alger, le 31 mai 1961.

    Le collectif de Perpignan, dont la LDH fait partie, demande que cette stèle qui « porte atteinte à la neutralité des cimetières », soit déplacée vers un lieu privé.

    La plaque du cimetière de Béziers (2003)

    Cette plaque commémorative, avec des photos des quatre membres de l’OAS qui ont été fusillés après avoir été condamnés à mort, a été inaugurée le 6 décembre 2003 :

    Photo Olivier Got.
     

    Après la guerre d'Algérie : amnisties/amnésie *** Les terribles conséquences

    Tous les ans l'anti républicain Ménard rend hommage aux 4 terroristes fusillés de l'OAS

    La Ligue des droits de l’Homme demande que les monuments de ce type, notamment à Perpignan, Béziers, Marignane, soient retirés des espaces publics que sont les cimetières.

    Le monument de Marignane (2005)

    La stèle qui est exposée au cimetière Saint-Lambert de Marignane est semblable à celle de Perpignan, mais son habillage a varié dans le temps ainsi que son emplacement – voyez ce dossier.

    La stèle de Marignane (cliché du 7 juillet 2005)

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  • Peut-on encore trouver les mots pour exprimer

    l’horreur des crimes   du régime syrien ?

    Aujourd'hui, les images montrent la folie

     des hommes.

    Les enfants de Syrie sont des innocents. Leur assassinat par des armes chimiques fait honte à l'humanité. 
    Se taire face à ces atrocités, c'est être complice.

     Notre émotion et notre colère doit aujourd'hui faire trembler les criminels qui, quoi qu'il arrive, devront répondre  de leurs actes.
    #SyriaGasAttack Via Libération

    La folie des Hommes parlons-en, n'ayons pas la mémoire "courte" elle a existée aussi pendant la guerre d'Algérie

    Article mis en ligne le 8 Septembre 2013

    ors-de-l-attentat-du-metro-de-tokyo-en-1995-puis-recemment-.jpg 

    Le retraité d’Arandon entend reparler du gaz sarin lors de l’attentat du métro de Tokyo, en 1995. Puis récemment, avec les événements en Syrie. De vieux souvenirs, datant de 1959, surgissent alors… Le DL/A.O.

     auguste-cuzin-en-1959-a-beni-ounif-lors-de-tests-au-gaz-sar.jpg

    Auguste Cuzin, en 1959 à Béni-Ounif, lors de tests au gaz sarin.

     

    http://www.ledauphine.com/france-monde/2013/09/07/nous-avons-experimente-le-gaz-sarin#jimage=898D42EA-866D-4663-A5FA-66787F4DA2A9

     

    Le gaz sarin. Ce nom fait frémir la communauté internationale depuis plusieurs semaines. Depuis que Barack Obama, le président américain, envisage une intervention en Syrie, persuadé que le régime totalitaire de Bachar el-Assad en a fait l’usage contre sa population civile.

    Lorsqu’il entend parler du puissant neurotoxique aux informations, Auguste Cuzin, retraité vivant à Arandon, voit resurgir de vieux souvenirs. Ceux d’une autre époque, où il a expérimenté ce gaz de combat sur ordre de sa hiérarchie. Il était alors sergent dans l’armée française. En pleine guerre d’Algérie.

    « J’étais chef de pièce dans l’artillerie, de février 1958 à avril 1960, en Algérie, détaille Auguste Cuzin. Durant le deuxième semestre de l’année 1959, j’ai été appelé à la base secrète de Beni-Ounif. » Là-bas, dans le nord du Sahara, à quelques kilomètres de Colomb-Béchar, il va réaliser des tirs d’expérimentation avec des obus chargés de gaz sarin.

    « Chaque matin, les officiers nous donnaient l’ordre de tirer à 6 ou 8 kilomètres, au canon, durant deux heures. Nous avons expérimenté le gaz sarin. » La cible ? Des caisses, disposées dans le désert, dans lesquelles étaient emprisonnés des animaux. «Uniquement des petits animaux, se souvient l’ancien soldat. Des rats, des lapins… » Chaque obus contenait un demi-litre de gaz, qui se répandait dès l’impact au sol. «Nous allions dans le désert 48 heures plus tard, équipés de masques à gaz, pour aider les techniciens à ramasser les animaux morts, qu’ils emmenaient au laboratoire pour des analyses. » Aucun tir sur l’homme, selon les historiens. Dans quel but ? Des tirs sur l’homme ont-ils existé ? Auguste Cuzin n’en sait pas plus. Benjamin Stora, éminent historien, spécialiste de l’Algérie, juge « probable » l’idée d’expérimentations au gaz sarin durant le conflit algérien. Frédéric Médard, auteur d’une thèse sur la présence militaire française en Algérie, croit lui aussi à ce témoignage. « La base de Béni-Ounif servait de centre d’essais et était surnommée “le site des armes spéciales”. Mais ces tests ont été réalisés en marge des opérations de maintien de l’ordre en Algérie. À ma connaissance, aucun humain n’a été victime du gaz sarin durant ce conflit. »

    Pour l’historien, l’armée française cherchait avant tout à développer des modes de combat à opposer aux forces du Pacte de Varsovie. « La menace soviétique était très présente à l’époque, rappelle Frédéric Médard. Il s’agissait avant tout de contrer la tactique russe, qui s’appuyait beaucoup sur les gaz. »

    Appliquant scrupuleusement les ordres, Auguste Cuzin a poursuivi le rituel des exercices de tir durant un mois. Lui et ses camarades ont été confrontés de très près à ce gaz hautement mortel. « Un jour, un collègue incommodé par la chaleur a soulevé furtivement son masque pour cracher. Quelques secondes après, sa peau commençait à le brûler. Il a fallu lui administrer une piqûre d’atropine de toute urgence. Il a survécu.»

    L’ancien sergent se souvient aussi avec précision des centaines de mouches mortes qui reposaient sur les caisses contenant les obus. « On n’a pas été mis en condition pour manipuler ce gaz. On secouait les obus, sans se rendre compte du danger. Ce n’était vraiment pas notre heure… »

    “Technique et logistique en guerre d’Algérie”, ouvrage de Frédéric Médard, 2002.

    Par Alexandre OLLIVIERI le 08/09/2013

     La folie des Hommes parlons-en, n'ayons pas la mémoire "courte" elle a existée aussi pendant la guerre d'Algérie

    La France a un rang et un message à défendre

     
     
    Lettre ouverte du 2 janvier 2017
     
     
    à François Hollande

    Monsieur le Président,

    Le 31 décembre 2016, dans votre adresse aux Français, vous déclariez : "Et nous devons tout faire pour préserver cette liberté stratégique parce que la France a un rang et un message à défendre. Elle n’accepte pas les violations des droits humains les plus élémentaires -l’utilisation des armes chimiques, les massacres de populations civiles comme à Alep, les persécutions des minorités religieuses, la soumission de la femme."

    Mais comment vos propos peuvent-ils être crédibles ?

    En particulier pendant la Guerre de Libération de l’Algérie, la France a une terrible responsabilité qu’elle n’a toujours pas reconnue, ni donc condamnée :Retour ligne manuel
    -  Ce sont des crimes d’état  : du 8 Mai 1945 à Sétif / Guelma / Khératta les massacres qui ont fait plus de 40.000 victimes, du 17 octobre 1961 au Pont Saint Michel à Paris où plusieurs centaines d’Algériens ont été massacrés, noyés dans la Seine, assassinés par la police, du 8 février 1962 au Métro Charonne à Paris où 9 militants pacifiques ont été assassinés par le PoliceRetour ligne manuel
    -  Ce sont des crimes de le Guerre  : avec l’utilisation des gaz VX et Sarin (voir les témoignages publiés sur mon site : le premier et le second), avec l’utilisation du napalm (600 à 800 villages ont été rasés : des Oradour-sur-Glane algériens !!!) Retour ligne manuel
    -  Ce sont des crimes contre l’humanité : le colonialisme, l’institutionnalisation de la torture, les viols, les exécutions sommaires (corvées de bois, "crevettes Bigeard"…), les essais nucléaires du Sahara, les camps d’internements (pudiquement appelés camps de regroupements qui ont fait des centaines de milliers de morts)….

    Alors Monsieur le Président, avant de donner des leçons de droits de l’homme comme vous venez de le faire, la parole de la France dans ce domaine aurait un autre poids si vous aviez fait les gestes symboliques nécessaires de reconnaissance et de condamnation de ces crimes commis au nom de notre pays. Dans quelques mois, ce sera le 60ème anniversaire de la Bataille d’Alger où l’Armée Française a généralisé les exactions, ne serait-il pas plus que temps que la France, par votre intervention intervienne dans ce sens ?

    Monsieur le Président, cela fait près d’une dizaine de fois que j’interviens auprès de vous sur ces questions, TOUS mes courriers sont restés sans réponse (sans doute comme celui-ci ?) : cela démontre votre volonté de manipulation de la réalité historique, de la mémoire… Une démarche enfin positive dans ce domaine ferait que des français, encore discriminés aujourd’hui pour leurs origines, puissent se sentir réellement des citoyens à part entière, pas des sous-citoyens de seconde zone, et que notre pays ait une parole réellement crédible au plan international. De telles mesures seraient autrement plus efficaces que les patrouilles sensées dissuader des actes d’attentats commis par des barbares déguisés en pseudos religieux : elles tariraient l’une des sources de motivation de certains jeunes en déshérence.

    J’avais portant voté pour vous en 2012, espérant, tout particulièrement sur ces aspects, que "Le changement, c’est maintenant" !!! Hélas, trois fois hélas !!!

    Veuillez agréer, Monsieur le Président, mes respectueuses salutations.

    Henri POUILLOTRetour ligne automatique
    Témoin de la Guerre de Libération de l’Algérie, de la tortureRetour ligne automatique
    Militant antiraciste, anticolonialiste, de la mémoire


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    Du racisme au génocide : N'oubliez jamais comment cela est arrivé et peut recommencer

    Site-Mémorial du Camp des Milles

    Du racisme au génocide

    N'oubliez jamais comment cela

    est arrivé et peut recommencer

    Pour Résister... à l’engrenage des racismes, de l’antisémitisme et des extrémismes... c'est aussi aujourd'hui

    Le Site-mémorial du Camp des Milles présente aux visiteurs un film-documentaire innovant sur les étapes qui mènent « Du racisme au génocide ».

    Ce film de vingt minutes, dans un dispositif immersif en trois écrans (un triptyque), est le fruit d’un long travail du Conseil scientifique pluridisciplinaire et international de la Fondation du Camp des Milles – Mémoire et Éducation.

    Prenant appui sur les leçons de la Shoah, mais aussi des autres génocides du XXe siècle (Arméniens, Tutsis et crime génocidaire Tsiganes), dans un souci de convergence des mémoires, il présente les mécanismes individuels, collectifs et institutionnels qui peuvent conduire au pire mais souligne également les résistances toujours possibles à chaque étape du processus.

    Ce film est devenu un outil essentiel d’éducation citoyenne et de formation, reconnu par le Ministère de l’Education nationale et par les organismes nationaux de formation, notamment des cadres et agents de la Fonction publique.

    Il est intégré dans la troisième partie de visite du Site mémorial, le volet éducatif.

    Cette partie a contribué à faire du Site-mémorial un des lieux de référence en France de la lutte contre, les discriminations, les racismes, l’antisémitisme et les extrémismes.


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  • Guerre d'Algérie : qui se souvient

     des « porteurs et porteuses de valises » ?

    Ces oubliés de l’histoire algérienne

     

    Guerre d'Algérie : Il y a eu aussi "les porteurs et porteuses de valises"

     

    Le 5 juillet 2012 l’Algérie a commémoré en grande pompe le 50e anniversaire de son indépendance. Une indépendance emportée de haute lutte et acquise dans la souffrance face à l’occupant. Or, les Français qui ont lutté pour l’indépendance et la reconstruction de l’Algérie, n’ont visiblement pas droit au chapitre.

    La Guerre d’Algérie (1954-1962) laisse de nombreuses traces dans les mémoires française et algérienne, chez ceux, civils ou militaires des deux camps, qui ont subi ou pratiqué des atrocités. A l’occasion de la 50e année de l’indépendance algérienne, l’histoire a refait surface dans la douleur, des deux côtés de la Méditerranée, même si les autorités françaises commencent lentement à reconnaître les actes de barbarie et à chercher la réconciliation avec la sœur-ennemie algérienne.

    Or, certains détails de l’histoire évitent la généralisation, l’analyse manichéenne de ce conflit, cette guerre ou guerre civile, assurément horrible. Parmi ceux-là, il est important de citer les « porteurs de valises ». Des journalistes, des artistes, des prêtres, des militants catholiques, qui sont devenus complices du Front de libération nationale (FLN). Qui parle à Alger du « Réseau Jeanson » ? Cette équipe, menée par Francis Jeanson, se chargera pendant pratiquement toute la guerre de collecter et de transporter des fonds et des faux-papiers pour les agents du FLN de métropole, une cinquième colonne indispensable à la résistance algérienne.

    Ce groupuscule sera finalement démantelé en février 1960 et son procès s’ouvrira le 5 septembre de la même année. Six Algériens et dix-huit Français, défendus par le jeune avocat Roland Dumas, sont alors inculpés et condamnés. Quinze d’entre eux sont condamnés à dix ans de prison, trois à cinq ans et huit mois, et neuf sont acquittés. Francis Jeanson quant à lui, sera condamné à dix ans de prison, puis amnistié en 1966.

    Des intellectuels de gauche apporteront par le « Manifeste des 121 » un soutien à ces « porteurs de valises ». Qui se remémore aujourd’hui de ces Français qui ont lutté et qui sont parfois morts, comme Henri Curiel, pour ou en raison de la cause algérienne ?

    Voici une autre "porteuse de valise"

    interviewée en 2013

    Fin 1961, étudiante en droit âgée de 22 ans, révulsée par la répression sanglante, à Paris, le 17 octobre 1961 contre les algériens puis par celle du 8 février 1962 contre les manifestants au métro Charonne, Danielle décide d'aider le FLN. Elle transporte des militants et "porte des valises" avant d'être arrêtée puis emprisonnée à la prison de la Petite Roquette durant 75 jours à partir du 17 mars 1962 avec 5 autres détenues ayant aidé le FLN.

    Cette expérience politique contribuera à son engagement ultérieur dans le PSU où elle sera une militante active en particulier au plan national en allant soutenir les ouvriers de Lip et les paysans du Larzac, et au plan local en coordonnant l'action pour l'ouverture d'une crèche, en s'engageant dans les campagnes des élections municipales et en participant activement aux actions de sa fédération départementale du PSU, comme la campagne législative de Bernard Langlois à Provins en mars 1973.

    MERCI DE CLIQUER SUR "Regarder sur Vimeo"

    Guerre d'Algérie : Il y a eu aussi "les porteurs et porteuses de valises"

     


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    Diffusion du documentaire

     

     

    « Ils ne savaient pas que c’était une guerre "

     

     

    à Tulle

     

    « Ils ne savaient pas que c’était une guerre »

    « Ils ne savaient pas que c’était une guerre »

    Le Mouvement de la Paix la Fédération Syndicale Unitaire et l’Association Républicaine des Anciens Combattants  organisent un ciné-débat le 6 avril à Tulle au cinéma VEO à 20h30.

    La séance sera consacré au film de Jean-Paul Julliand, enseignant syndicaliste, sur les appelés en Algérie et s’intitule « Ils ne savaient pas que c’était une guerre », un échange avec le public aura lieu à la suite de la projection animé par Jean-Pierre Combe, du Mouvement de la Paix.

    Une autre projection aura lieu au cinéma Véo de Tulle le dimanche 9 avril à 16 h 30. 

    « Ils ne savaient pas que c’était une guerre »

    Synopsis : Entre 1954 et 1962, ils sont « appelés » au titre du service militaire obligatoire, pour intervenir dans un conflit qui porte, à cette période, le nom « d’événements d’Algérie ». Formés aux techniques préparant à la guerre de 1939/45, par des cadres, qui pour la plupart reviennent d’Indochine, ils ne sont pas préparés militairement à ce conflit de guérillas, de ratissages et d’attentats. Une fois, sur place, ils vivent des situations très diverses. Certains sont chargés de taches logistiques ou administratives. D’autres, en revanche, « crapahutent » en pleine nature, vingt-huit ou trente-deux mois durant. Tous, à un moment ou à un autre, sont confrontés aux « horreurs de la guerre » : blessures ou décès de camarades, embuscades, devoir de tirer sur autrui pour se défendre, mais aussi… pour tuer, etc. Quelques-uns assistent même au pire : tortures, exécutions sommaires, voire assassinats dans le cadre des tristement célèbres « corvées de bois ».
    Ils reviennent, marqués à vie par ce qu’ils ont vu et vécu, sans aucune attention spéciale des pouvoirs politiques de l’époque, qui ont longtemps nié le caractère guerrier de ce conflit. Depuis, beaucoup ont gardé le silence, même auprès de leurs proches. Ils parlent ici pour la première fois.

    « Ils ne savaient pas que c’était une guerre »

     

    « Ils ne savaient pas que c’était une guerre »

    « Ils ne savaient pas que c’était une guerre »

    « Ils ne savaient pas que c’était une guerre »

    « Ils ne savaient pas que c’était une guerre »

    « Ils ne savaient pas que c’était une guerre »

    « Ils ne savaient pas que c’était une guerre »

    « Ils ne savaient pas que c’était une guerre »

    « Ils ne savaient pas que c’était une guerre »

    « Ils ne savaient pas que c’était une guerre »

    « Ils ne savaient pas que c’était une guerre »

    « Ils ne savaient pas que c’était une guerre »

     

     Le réalisateur Jean-Paul Julliand

    « Ils ne savaient pas que c’était une guerre »

     


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