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    Lyon contre l’extrême-droite

    Lyon, capitale de la Résistance, ne sera pas la vitrine

     de l’extrême-droite

    Lyon, capitale de la Résistance, ne sera pas la vitrine de l’extrême-droite

     

    Au moment où s’ouvre à Lyon une école de l’extrême-droite, nous souhaitons associer tous les Lyonnais à notre réprobation, notre refus de voir Lyon salie par la venue de ce laboratoire de la haine. La ville de Lyon est en proie depuis de nombreuses années aux menées et aux violences de l’extrême-droite.

    Après avoir tenté de salir l'honneur de l’Université Jean Moulin, les tenants du racisme, de l’antisémitisme et du négationnisme développent une nouvelle stratégie. Des groupes identitaires tentent d’imposer un climat de tensions permanentes par des actions violentes dans le Vieux Lyon et pratiquent un prosélytisme xénophobe dangereux dans leurs réunions, manifestations, ou dans les stades de foot.

    Le Front National, dont le changement de nom ne suffit pas à laver quarante années d’affronts, d’outrages et d’injures aux valeurs de la France, a décidé de faire de Lyon une place forte de sa stratégie électorale.

    C’est à Lyon que Marine Le Pen a annoncé le nouveau nom de son parti. Aujourd’hui, c’est à Lyon que sa nièce, Marion Maréchal-Le Pen, décide d’ouvrir une école destinée à former les cadres de l’extrême-droite en vue d’organiser les rapprochements idéologiques entre les droites identitaires, souverainistes, conservatrices et libérales. Nous, républicains, laïques et humanistes, refusons de voir notre ville, Lyon, tourner le dos à son histoire et à ses valeurs. Nous refusons d’assister sans rien faire à la prolifération de l’extrémisme par des officines affiliées à une tradition politique, qui prit les armes contre la France.

    Nous appelons tous les défenseurs de l’universalisme à mener à Lyon la bataille intellectuelle, morale et militante afin de faire savoir à l’extrême-droite qu’elle ne trouvera pas dans notre ville la tribune identitaire qu’elle espère. Nous appelons tous les citoyens à signer ce manifeste et à faire signer largement autour d’eux.

    Nous appelons tous les élus locaux et parlementaires de la ville et de la Métropole de Lyon à se joindre à nous pour signifier à l’extrême-droite qu’elle n’est pas la bienvenue dans la capitale de la Résistance, celle de René Leynaud, de Gilbert Dru, du colonel Chambonnet, de Jean Moulin, de Daniel Cordier, de Bertie Albrecht, de Lucie et Raymond Aubrac et de tous les soutiers de l’insoumission à la haine et à la xénophobie.

    Nous appelons de nos voeux à une mobilisation citoyenne, républicaine et universaliste, dont ce manifeste a l’ambition d’être le déclencheur.

    Lyon, capitale de la Résistance, ne sera pas la vitrine de l’extrême-droite

    La LICRA se mobilise à Lyon contre l’extrême-droite. Mario Stasi, Président de la LICRA, et Ari Sebag, secrétaire général, sont allés le 29 novembre à la rencontre des acteurs politiques et associatifs qui, autour d’Alain Blum et de la section Auvergne-Rhône-Alpes de la LICRA, ont engagé une mobilisation contre le développement et le prosélytisme de l’ultra droite à Lyon.

     

    Une situation préoccupante 

    Nous assistons à Lyon à plusieurs phénomènes qui convergent dans la même direction, et nous devons faire face à des mouvements qui ont entrepris de « coloniser » le Vieux Lyon pour en faire une base arrière de combats menés au niveau local, régional, national et européen. Prosélytes, ayant adopté une stratégie de séduction de la jeunesse, ces mouvements n’en sont pas moins violents, sur une base idéologique qui n’a pas varié. Il s’agit de groupes violents, racistes et antisémites à l’image de Bastion Social, émanation du GUD, dont le président fondateur a été condamné en première instance (appel en cours) en août dernier et dont le procès a montré l’affiliation de ce mouvement au néo-nazisme puisqu’on a retrouvé chez lui, outre un arsenal de matraques, de taser, et de bombes lacrymos, des cartes postales à l’effigie d’Adolf Hitler, de la Wehrmacht, des textes négationnistes qui réécrivent l’histoire d’Oradour-sur-Glane, de collaborateurs, de Léon Degrelle, l’Ave Europa un chant à la gloire de la Panzerdivision.

    A cela s’ajoute un élément de contexte plus récent, celui de la création à Lyon de la « Marion Maréchal Académie », l’ISSEP, une véritable « Fabrique » de cadres d’extrême-droite, qui, dans le quartier de la Confluence, prépare justement la Confluence de la droite extrême et de l’extrême-droite.

    Une prise de conscience : le Manifeste de la LICRA AURA 

    Le préalable à toute forme de réponse à cette situation, c’est la prise de conscience de la gravité de la situation et de la nécessité de ne pas mettre la poussière sous le tapis, de nommer les choses. L’extrême-droite radicale doit être désignée pour ce qu’elle est : raciste, antisémite, négationniste, xénophobe et homophobe.

    La LICRA Auvergne-Rhône-Alpes a pris l’initiative de lancer un appel, un manifeste pour réveiller les consciences auprès d’un certain nombre de décideurs et d’acteurs de la vie de la Cité, » qui vise à sonner la mobilisation contre la prolifération contre le développement de l’extrême-droite radicale. Les premiers signataires, parmi lesquels figurent Thomas Rudigoz et Jean-Louis Touraine, député, David Kimelfeld, président de la Métropole de Lyon, ont tenus à soutenir publiquement la démarche de la LICRA.

    Vous aussi, vous pouvez signer ce Manifeste en cliquant ici 

     

    Une urgence : la dissolution 

    Après avoir déambulé dans le Vieux Lyon aux côtés de Thomas Rudigoz, député du Rhône, et de Béatrice Gailliout, maire du 5ème arrondissement de Lyon, Mario Stasi a exprimé auprès des élus et de la presse une demande qui, pour l’heure, est restée sans réponse. Comme elle le fait depuis plusieurs mois, la LICRA demande aujourd’hui publiquement et solennellement la dissolution des mouvements identitaires radicaux dont l’activité contrevient aux dispositions de l’article L 212-1 du Code de la Sécurité Intérieure qui dispose que doivent être dissous les mouvements qui : « provoquent à la discrimination, à la haine ou à la violence envers une personne ou un groupe de personnes à raison de leur origine ou de leur appartenance ou de leur non-appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée, soit propagent des idées ou théories tendant à justifier ou encourager cette discrimination, cette haine ou cette violence ». « Ou qui présentent, par leur forme et leur organisation militaires, le caractère de groupes de combat ou de milices privées » Quand des mouvements comme Bastion Social voit ses membres poursuivis pour des agressions racistes, à Marseille ou récemment à Clermont-Ferrand, quand leur leader, dont on a rappelé l’arsenal doctrinaire néo-nazi retrouvé chez lui, est condamné en première instance (appel en cours) pour provocation à la haine raciale, l’Etat doit dissoudre Bastion Social. Quand Génération identitaire affrète un bateau xénophobe pour jouer aux gardes-côtes pour refouler les migrants, quand Génération identitaire joue aux gardes-frontières à la place de nos douanes dans les Alpes, Génération Identitaire se comporte comme une milice privée qui doit être dissoute. La LICRA demande donc sur ces fondements au Gouvernement et à Christophe Castaner, Ministre de l’Intérieur, de dissoudre Bastion Social et Génération Identitaire.

    Une exigence : l’éducation et la formation

    Ces réponses à court et moyen termes seront vaines si nous n’inscrivons pas notre action sur le long terme. Ce que l’extrême-droite radicale veut inscrire dans les consciences d’une partie de la jeunesse, nous devons le combattre sur plusieurs générations grâce à un travail d’éducation. Pour cela, nous avons un combat culturel et politique à mener et nous avons besoin de l’Etat, évidemment, mais notre action de terrain ne serait rien sans les collectivités locales. C’est le sens du plan d’action que la LICRA AURA prépare avec David Kimelfeld, président de la Métropole de Lyon Ce plan d’action vise notamment à développer des actions concrètes d’éducation et de formation : Dans les établissements scolaires pour éveiller l’esprit critique des jeunes, à mettre en place des mesures de responsabilisation Avec la Protection judiciaire de la jeunesse, pour ramener dans le socle républicain des jeunes radicalisés, qu’il s’agisse de la tentation islamiste ou de la tentation de l’ultra-droite. Dans les clubs sportifs, afin qu’ils demeurent des lieux de fraternité et non pas des lieux où s’affronteraient les extrémismes Dans l’accueil des victimes et des plaignantsDans les formations des forces de l’ordre Dans l’action culturelle, levier d’émancipation qui doit aider les jeunes à sortir de l’enfermement identitaire auquel les extrémistes veulent les astreindre.


    Lyon, capitale de la Résistance, ne sera pas la vitrine de l’extrême-droite

    Dans les pas de Jean Moulin à Lyon

     75 ans après son arrestation

    A l’occasion des 75 ans de l’arrestation de Jean Moulin, le Centre d’Histoire de la Résistance et de la Déportation de Lyon a proposé des parcours urbains sur les traces du célèbre résistant. Des immeubles où il avait des planques jusqu’aux restaurants où il retrouvait discrètement les autres membres du réseau.

    Il y a 75 ans, le 27 mai 1943 se tenait à Paris la première réunion du Conseil National de la Résistance. Le CNR, une idée du Général de Gaulle pour unifier les différents mouvements de la Résistance. Une mission complexe confiée à Jean Moulin qui en deviendra le premier président jusqu’à son arrestation à Caluire-et-Cuire le 21 juin 1943. Torturé par les nazis, Jean Moulin meurt le 8 juillet dans le train qui l’emmène en Allemagne.
    Le Centre d’Histoire de la Résistance et de la Déportation, associé au mémorial de Caluire et celui de Montluc a organisé toute une série de manifestations. Parmi elles, plusieurs parcours urbains dans les rues de Lyon à la découverte des lieux emblématiques de la Résistance comme le restaurant "Le Garet", où Jean Moulin rencontra pour la première fois celui qui allait devenir son secrétaire Daniel Cordier.


    Reportage : D.Wolfrom, A.Blanchard 

     

    Et puis il y a des lieux plus secrets, il faut dire que la topographie de Lyon et ses fameuses traboules (passages dans les immeubles d'une rue à l'autre) a grandement facilité le travail des réseaux clandestins en matière de communication mais aussi de dissimulation.


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    Le quotidien algérien El Watan donne son point de vue sur l’émission de France 2 de ce soir

    Soirée consacrée à l'histoire franco-algérienne

    France 2 joue l’apaisement des mémoires

    Par quel bout prendre deux siècles d’histoire entre la France et l’Algérie ? La chaîne TV France 2 prend l’initiative d’une soirée dont le leitmotiv semble un pas vers la réconciliation. 

    L’Algérie reste au cœur de l’actualité française, malgré les décennies qui passent et qui n’apaisent aucune tension ni revendication des populations emportées par la furie de la colonisation et les déchirures de l’indépendance.

    C’est dire que, jusqu’à présent, aucune émission sur ce thème n’a jamais fait l’unanimité. Voulant rompre avec cette incapacité à montrer sans qu’aussitôt des critiques fusent, la chaîne France 2 propose, ce jeudi, une soirée spéciale pour tenter de rapprocher les divergences, et elle y met les formes.

    El Watan a pu voir, en avant-première, le documentaire France-Algérie : une affaire de famille. Un moment fort pour l’audiovisuel français sur le contentieux franco-algérien.

    Tout commence durant la présidentielle 2017 lorsque le candidat Emmanuel Macron avait comparé la colonisation de l’Algérie à un crime contre l’humanité. Une façon de faire un pas vers les Algériens (un potentiel de l’électorat français non négligeable) mais aussi de se mettre à dos la communauté des pieds-noirs, 55 ans après l’indépendance.

    C’est en partant de cette reconnaissance sans langue de bois que les documentaristes Dominique Fargues et Frédéric Martin ont conçu leur film, proposé et présenté à 21h par le journaliste Laurent Delahousse.

    Le documentaire, d’une durée d’une heure et demie, brosse en accéléré l’impact de la colonisation française depuis la conquête en 1830 jusqu’à ce jour.

    Avec des témoins qu’on n’a pas l’habitude d’entendre à une heure de grande écoute sur une chaîne populaire sur ce thème : Ali Haroun (ancien responsable de la Fédération de France du FLN, ancien membre du HCE), Mohamed Bedjaoui (ancien ministre et ancien ambassadeur d’Algérie en France), les historiennes Raphaëlle Branche ou Fatima Besnaci-Lacou notamment, ou encore l’écrivain et ancien ministre Azouz Begag.

    Éclaircissements sur des réalités politiques 

    Dans ce film franco-français, mais tout de même destiné à toutes les composantes de la diaspora algérienne dans son sens le plus large (immigration, harkis, pieds-noirs…), quelques reconnaissances historiques pointent clairement au fil des minutes, comme jamais.

    Ainsi le massacre meurtrier du 8 Mai 1945 a bel et bien eu lieu et on donne les chiffres : entre 10 000 et 45 000 morts, qui est le nombre officiel côté algérien ; la torture est un fait grave de la guerre d’Algérie qui a entaché la France, surtout durant ce qu’on a appelé la Bataille d’Alger. Le documentaire donne la parole à Jean-Marie Le Pen, ancien para, qui justifie une fois de plus la torture.

    Plus loin dans le temps, la politique de la terre brûlée, les tueries d’Oran en 1962 et le départ massif des pieds-noirs. Avec cette phrase quelque peu définitive de Pascal Blanchard : «Les Algériens voulaient une Algérie sans colons, comme les colons voulaient une Algérie sans Algériens.»

    Autre révélation pour beaucoup de Français : les attentats racistes anti-algériens de 1973 ont existé, dont celui, très meurtrier, contre le consulat général de Marseille.

    Des attentats dont les médias ont jusqu’à ce jour masqué l’ampleur. Partant de là, le documentaire montre aussi le développement du Front national, mouvement politique issu de la revanche après la perte de l’Algérie, un parti basé sur la haine des Algériens et dont Le Pen fut le créateur.

    Plus loin encore, le besoin d’exister de la deuxième génération des Algériens, dits «Beurs», qui manifestent pour leurs droits en 1983. Le terrorisme, avec Khaled Khelkal en 1994-1995. L’irruption de la nouvelle «guerre civile» (comprendre décennie noire) avec les assassinats des religieux chrétiens.

    Puis, dans les années 2000, les multiples tentatives présidentielles françaises de jouer l’apaisement tout en commençant à reconnaître non pas les méfaits de la colonisation, mais le tourment imposé aux Algériens.

    De Chirac à Hollande en passant par Sarkozy, c’est le permanent jeu de l’équilibriste entre la mémoire douloureuse des Algériens et les ressentiments des Français. Avec des images qui ne sont pas neutres dans ce jeu de dupes de la relation franco-algérienne : celles de l’état de santé du président Abdelaziz Bouteflika, primesautier avec Chirac en 2003, puis de plus en plus fatigué.

    Jusqu’à être absent lors de la visite du président Macron en 2017. Lequel Macron aura le dernier mot sur la nécessité de ne pas rouvrir les plaies. Le documentaire sera suivi d’un débat. Laurent Delahousse recevra Samia Ghali (sénatrice des Bouches-du-Rhône) et Yasmina Khadra (écrivain).

    Deuxième documentaire sur les pieds-noirs : «parler vrai quant à leurs rapports avec les indigènes ou les musulmans» 

    Un deuxième film suivra, intitulé Les pieds-noirs d’Algérie. Selon la note de présentation rédigée par la chaîne, «des rapatriés de tous bords évoquent leur vie “là-bas”, simple et merveilleuse.

    Ils racontent leurs rapports avec la population algérienne dix fois plus nombreuse. Une population à l’amitié parfois recherchée, mais le plus souvent ignorée, crainte ou tenue à l’écart. Et exploitée. Ils réveillent les sept années de terreur et de guerre, les mensonges et les illusions entretenues par tous. 

    Ils revivent leur panique au moment de la fuite, la chute brutale dans une patrie inconnue. Ils montrent cette plaie qui les a à tout jamais marqués : la froideur, l’indifférence, l’hostilité auxquelles ils ont fait face en arrivant en France. Mais presque tous admettent une intégration finalement réussie et beaucoup reconnaissent que l’Algérie française était une utopie».

    Le réalisateur Jean-François Delassus indique pour sa part avoir «fait parler des pieds-noirs de toutes conditions et de toutes tendances, des riches colons au “petit peuple”, des partisans les plus acharnés de l’Algérie française aux libéraux favorables à l’Algérie algérienne…

    Je leur ai demandé d’enlever le masque habituel de la “nostalgérie” (la nostalgie de l’Algérie) et de parler vrai quant à leurs rapports avec les “indigènes” ou “les musulmans” – comme étaient alors désignés les Algériens – sans cacher un racisme qui a beaucoup contribué à tuer la fraternité proclamée, rarement atteinte».

    SOURCE : https://www.elwatan.com/edition/actualite/france-2-joue-lapaisement-des-memoires-29-11-2018 

     


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    Ne manquez pas ce soir

     cette grande émission sur FR2

    comportant deux documentaires 

    Jeudi 29 novembre 2018 à 21 h sur France 2 : "France-Algérie : une affaire de famille *** A 23 h 05 Infrarouge : "Les Pieds-Noirs d'Algérie, une histoire française"

     

     

    Avec la participation de :

     

    Jeudi 29 novembre 2018 à 21 h sur France 2 : "France-Algérie : une affaire de famille *** A 23 h 05 Infrarouge : "Les Pieds-Noirs d'Algérie, une histoire française"

    *** Jean-Philippe Ould Aoudia, Président de l’Association des Amis de Max Marchand et Mouloud Feraoun et de leurs compagnons.

     

    Jeudi 29 novembre 2018 à 21 h sur France 2 : "France-Algérie : une affaire de famille *** A 23 h 05 Infrarouge : "Les Pieds-Noirs d'Algérie, une histoire française"

    *** Jacques Pradel président de l’Association Nationale des Pieds Noirs Progressistes et leurs Amis. 

     Jeudi 29 novembre 2018 à 21 h sur France 2 : "France-Algérie : une affaire de famille *** A 23 h 05 Infrarouge : "Les Pieds-Noirs d'Algérie, une histoire française"

    *** Bernard Zimermann pied-noir progressiste, non nostalgique du colonialisme et surtout de l'OAS... Et proclame qu'il rejette l’extrême droite. 

    Qui apporteront, à partir de 23 heures des voix différentes et contraires à celles des pieds-noirs nostalgiques extrémistes.

     


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  • DéCRYPTAGE

    Algérie-France : l’impact de l’Histoire commune (I)

    Tout portait à croire que le lourd sacrifice consenti par les Algériens pour recouvrer leur indépendance serait de nature à éloigner irrémédiablement l’Algérie et la France. Et pour cause, c’est d’abord en Algérie que la colonisation fut la plus dévastatrice et la plus longue : l’Algérie a été française avant certaines régions de France comme le comté de Nice et le duché de Savoie, rattachés à la France le 15 avril 1860 par Napoléon III, alors que tous deux faisaient partie du royaume de Piémont-Sardaigne.

    Et ce sont, ensuite, les Algériens qui ont payé un lourd tribut pour la grandeur de la France en versant leur sang dans de nombreuses guerres que celle-ci a engagées tout au long du XIXe et la première moitié du XXe siècle (1). Ils ont contribué à écrire les pages les plus glorieuses de l’histoire militaire de la France.

    C’est au nom du sang algérien mêlé au sang français que nombre d’Algériens considèrent aujourd’hui qu’ils sont, parmi les étrangers, les plus fondés à prétendre à certains droits, notamment celui de se voir délivrer un titre de séjour ou encore l’intégration – ou la réintégration – dans la nationalité française. Cette aspiration à l’accès à certains droits en France n’est pas sans rappeler l’une des plus belles chansons de Slimane Azem. En s’adressant aux autorités françaises à la fin des années 1970 à propos des conditions de vie des Algériens en France, ce grand poète de l’exil n’a pas manqué d’invoquer « le prix du sang » versé par les Algériens durant toutes ces guerres pour faire valoir leur droit à la carte de résidence « … sachez bien que nos aïeux ont combattu pour la France bien avant la résidence (carte)… ».

    La décolonisation a pris une tournure dramatique : une guerre d’indépendance de près de huit ans et qui n’a eu d’égale en cruauté et en durée que la guerre d’Indochine. Pour étouffer cette insurrection, les gouvernements français successifs ont mobilisé des effectifs et des équipements militaires sans précédent dans l’histoire de la décolonisation. À cause de cette longue nuit coloniale, fortement marquée tout à la fois par la brutalité de la conquête, la dépossession foncière, la privation de l’école, l’exclusion de la citoyenneté, l’injustice de l’impôt arabe (en fait turc), le monstrueux code de l’indigénat… et d’une guerre de décolonisation particulièrement longue et meurtrière, les deux pays n’ont cessé depuis 1962 d’alimenter des contentieux sur le passé colonial. Et c’est bien là que le bât blesse, car les blessures sont encore ouvertes et risquent à tout moment de s’envenimer.

    Pour s’en convaincre, il suffit de rappeler pêle-mêle les questions brûlantes des harkis ; des pieds-noirs ; de la torture ; des archives ; des biens vacants ; des essais nucléaires (17) dans la région de Reggane au Sahara de février 1960 à février 1966 (2) ; de la « repentance » et la qualification juridique des crimes commis par la colonisation ; de la stigmatisation récente des Algériens ayant la double nationalité franco-algérienne par le Premier ministre algérien ; des visas ; des drapeaux algériens qui s’invitent dans les matchs de football en France… Ou encore la fameuse loi du 23 février 2005 reconnaissant le rôle positif de la présence française en Afrique du Nord… Pris, toutefois, sous un véritable feu croisé (3), l’article 4 (disposition la plus contestée sur les aspects positifs de la colonisation) de cette loi a été déclassé par décision du Conseil Constitutionnel du 31 janvier 2006, et la disposition litigieuse a été in fine abrogée par voie réglementaire (4).

    Bien que toutes les conditions fussent réunies pour que la séparation entre les deux pays se transforme en divorce dès 1962, force est de constater que cette rupture n’a pas eu lieu. Pour de nombreuses raisons, des attaches multiples se sont peu à peu tissées et, sans dissiper tous les malentendus, ont rapproché les deux pays. Il existe avant tout entre ces derniers une proximité méditerranéenne (géographique, culturelle et historique), où ont fleuri les plus vieilles et plus riches civilisations de l’histoire. Même plus d’un demi-siècle après la rupture des liens physiques entre les deux pays, la centralité de la question franco-algérienne ne fait aucun doute. Le poids du passé colonial et des relations particulières entre la France et l’Algérie, oscillant depuis 1962 entre tensions et détentes, continue de polariser les passions et les arrière-pensées, et pèse fortement sur la construction de l’Algérie. Mais on ne saurait se méprendre sur l’influence qu’ils exercent, toutes proportions gardées, sur l’évolution de la France.

    L’Algérie : une construction sur le modèle jacobin

    Les traumatismes et les souffrances ont commencé dès juillet 1830 lorsque Charles X avait engagé un corps expéditionnaire d’envergure à la conquête de l’Algérie et dont les répliques se font encore sentir de nos jours dans l’ex-pays colonisé. Les empreintes de la colonisation sont incontestables encore aujourd’hui ; elles peuvent être facilement saisies à un triple niveau au moins : le modèle étatique et juridique d’abord, la langue et la culture ensuite, et l’écriture de l’histoire officielle enfin.

    L’État : une construction selon la tradition juridique française

    Le droit était d’autant plus nécessaire dans ce contexte difficile de 1962 qu’il impliquait la substitution de l’ordre au risque d’anarchie. La reconduction du droit antérieur était dès lors si indispensable qu’elle était facilitée par la soumission de l’Algérie à l’emprise du modèle étatique français dès le début du XIXe siècle. Très souvent, c’est bien à travers le modèle français et en opposition à la France que l’Algérie s’édifie et s’affirme.

    Pour reprendre une approche empruntée à Jean-Robert Henry (Henry, 1998, p. 90), c’est bien l’héritage de la relation à la France qui fait sa spécificité par rapport à d’autres pays d’Afrique et d’islam. Les élites dirigeantes sont attirées par la culture politique et juridique française, car elles ont subi « une attraction prestigieuse des modes de gouvernement de l’Occident » (Palazzoli, 1997, p. 727) et donc de ses différents systèmes juridiques et politiques.

    En effet, la structure de l’État est organisée selon le modèle jacobin français de l’État-nation, poussé jusqu’à la caricature, alors que la remise en cause de ce modèle, inventée au XIXe siècle comme l’horizon indépassable de tous les peuples, se pose même pour les États-nations les plus anciennement établis en Europe : Royaume-Uni, France, Italie, Espagne…

    Ce modèle d’État centraliste, transposé en contexte algérien, a amplement consolidé des pratiques autoritaires aux mécanismes culturels déjà bien huilés.

    Les procédés autoritaires et centralisateurs s’appuient sur des traditions juridique et politique qui plongent leurs racines dans l’histoire lointaine des sociétés d’islam et des modes d’organisation étatique auxquels elles ont donné lieu (Djerad, 1987, p. 123-133).

    Ayant subi une métamorphose dans le sens d’une consolidation des mécanismes d’autorité au détriment des libertés, la réception du modèle d’État et du droit public français a favorisé – sans la pensée juridique, politique et intellectuelle critique française et sans les libertés démocratiques et l’État de droit qui les sous-tendent –, l’édification d’un régime autoritaire.

    Le droit public français emprunté est, pour ainsi dire, libérateur de ce côté-ci et liberticide de l’autre côté (Khalfoune, 2015, p. 409-436).

    Cette continuité du droit français tient à un triple facteur. Le premier s’attache aux circonstances difficiles des premiers mois d’indépendance. Les pouvoirs publics ont considéré que le renouvellement de la législation française était une décision inéluctable. Le contexte difficile des premiers mois post indépendance, marqué par une vacuité juridique et institutionnelle due au départ massif et précipité des Européens, n’a pas permis de doter le pays d’une législation adaptée à ses nécessités. Il était dès lors très difficile, pour ne pas dire impossible, de faire table rase de 132 ans de rayonnement du droit français. Ainsi, la première Assemblée élue a voté à l’unanimité la loi reconduisant la législation française le 31 décembre 1962, sauf que cette prolongation du droit antérieur n’était admise que sous bénéfice d’inventaire (6).

    Le deuxième facteur est lié au rôle joué par l’école de droit d’Alger, à l’exemple des écoles de droit de Beyrouth et du Caire, dans la diffusion de la culture juridique française. Fondée par la loi du 20 décembre 1879, elle acquit en 1889 le droit de délivrer le certificat d’études de législation algérienne, de droit musulman et de coutumes indigènes.

    À l’instar des autres écoles supérieures (médecine, lettres…), elle reçut en 1909 le titre de faculté de droit d’un statut égal à celles de la métropole. Mais elle resta presque inaccessible aux indigènes, dont le taux de scolarisation était de 2 % en 1890, ne dépassait pas 6 % en 1930 et 14 % en 1954 (Vatin, 2015, p. 47). Le résultat de cette politique d’exclusion scolaire se solda par le très faible taux de cadres formés, si bien qu’il fallut attendre 1945 pour voir cinq Algériens indigènes obtenir la licence en droit (Vatin, 2015, p. 48) et 1951 pour que sept magistrats de même statut accèdent à cette fonction (Thénault, 2001, p. 16).

    Le troisième, enfin, a trait à la politique d’arabisation fortement opposée pourtant au bilinguisme linguistique et culturel.

    À rebours de tous les discours de rupture et du mythe de la table rase, le droit français continue d’être une source principale d’inspiration, quand il n’est pas directement appliqué dans bien des cas. Le droit administratif en est l’expression la plus accomplie. Le droit colonial est, pourrait-on dire, « indé colonisable » puisque l’Algérie demeure aujourd’hui encore de tradition juridique française.

    Ruse de l’histoire, le droit antérieur a été prolongé grâce à l’arabisation conduisant le législateur à recourir, au nom de « l’algérianisation du droit », aux droits de certains pays du Moyen-Orient, et en particulier au droit égyptien. Or ces derniers ne sont eux-mêmes que « la reproduction à peine amendée du droit français dans sa version la plus ancienne » (Mahiou, 1984, p. 153). C’est vers la fin du XIXe siècle que l’Égypte commença à transposer le droit français dans son ordre juridique. Pour que les tribunaux mixtes institués en 1876 puissent fonctionner, ils furent dotés de 6 codes (code civil, code de commerce, code de commerce maritime, code de procédure civile et commerciale, code pénal et code d’instruction criminelle) qui s’inspiraient très largement des codes napoléoniens.

    L’exemple du Code civil algérien adopté en 1975 est éclairant ; il reprend de façon quasi intégrale des pans entiers du Code civil égyptien, alors qu’il est notoirement connu que celui-ci n’est qu’une réplique du Code civil français de Napoléon de 1804, maintes fois modifié. Le renouvellement du droit français concerne non seulement son contenu technique, mais aussi ses concepts, ses méthodes de raisonnement, ses procédés juridiques, l’œuvre jurisprudentielle et doctrinale, bref toute la pensée juridique française.

    Ainsi, le commencement de « l’algérianisation du droit », consécutif à l’indépendance du pays, s’est finalement révélé être une suite, enfin une certaine suite du droit antérieur.

    La société imprégnée de culture française

    En vérité, il existe entre les deux pays bien plus qu’une proximité juridique, géographique et historique : des liens humains, culturels et linguistiques rapprochent les deux pays plus qu’ils ne les éloignent, même si les relations entre États sont parfois qualifiées de passionnelles. En effet, l’intensité de cette relation tient avant tout à la forte pénétration de la société algérienne par l’école et le modèle culturel français. Aucune autre langue que le français n’a eu autant d’influence sur le parler des Algériens.

    Au lendemain de l’indépendance, une politique active de coopération en matière scientifique et éducative fut entreprise entre les deux pays. Près de 30 000 coopérants français ont travaillé, notamment dans le secteur de l’enseignement. La langue française était largement pratiquée déjà avant 1962, et certains Juifs indigènes maîtrisaient la langue française bien avant 1830, ont, d’ailleurs, servi d’intermédiaires et d’interprètes à l’administration coloniale.

    La société algérienne, contrairement à ce que l’on pourrait croire, est imprégnée de la culture française, en dépit d’une arabisation précoce qui s’est traduite en premier dans les secteurs de l’enseignement et la justice. Une large partie des élites et bien au-delà ne parvient pas à penser sans se référer à la France, à sa culture, son histoire et son modèle d’État. Et c’est bien dans le rapport à la France que les Algériens, volens nolens, ont découvert la modernité politique. Même si elle est considérée comme une langue étrangère, la langue française bénéficie d’un profond ancrage aussi bien dans la société que dans les institutions si bien qu’il n’est pas erroné de soutenir qu’elle est dotée de facto d’un statut de co-officialité (journal officiel, documents administratifs en tous genres, passeports…), avec la langue arabe.

    Avec près de 20 millions de locuteurs du français, l’Algérie est de facto le premier pays francophone après la France naturellement. Elle ne fait, cependant, pas partie de l’Organisation internationale de la francophonie (7). Cette forte présence de la langue et la culture françaises n’est point le résultat de la colonisation ; elle est le fait de la politique de démocratisation de l’enseignement post-indépendance. Malgré l’extension des lois Ferry (8) à l’Algérie par les décrets du 13 février 1883 et du 18 octobre 1892 et les efforts notables, mais tardifs de scolarisation à partir de 1958, les résultats en sont bien dérisoires. Par conséquent, l’écrasante majorité des Algériens à l’indépendance était analphabète ou plutôt de culture orale.

    Rappelons que la langue française fut habilement mobilisée sur le plan diplomatique comme un moyen de lutte pour l’indépendance, et que sur 69 dirigeants de la guerre d’indépendance, cinq seulement avaient une formation en langue arabe (9).

    C’est dans cette langue que s’est construit l’État colonial et c’est aussi dans cette langue que l’Algérie a accédé à l’indépendance. Aujourd’hui, la situation linguistique a changé et l’arabisation s’est généralisée à l’ensemble des cycles du système éducatif. Dans le supérieur, les sciences sociales et humaines sont entièrement arabisées depuis 1980. Les autres disciplines sont inégalement impactées ; seules la médecine et l’informatique y ont échappé. (A suivre)

    T. K. 

    * Enseignant chercheur à l’IUT de Lyon et juriste à l’ONG Forum refugiés-cosi de Lyon, il est l’auteur de nombreuses publications, notamment Le domaine public en droit algérien : réalité et fiction, Collection Logiques Juridiques, l’Harmattan, décembre 2004 ; coauteur avec Gilbert Meynier d’un essai Repenser l’Algérie dans l’histoire, Essai de réflexion, l’Harmattan, 2013 ainsi que des réflexions sur le droit algérien publiées dans la Revue internationale de droit comparé (RIDC). 1. Les exemples de guerres sont légion et l’on peut évoquer succinctement la guerre de Crimée en septembre 1854 ; la campagne d’Italie en 1859 contre les Autrichiens ; l’expédition de Cochinchine (1861-1864) ; la guerre de Prusse (1870- 1871) ; la Grande guerre ; la guerre du Rif (1921- 1926) ; la guerre d’Indochine (1946-1954) ; l’expédition au Soudan (1882-1884)… Voir Menidjel (2007, p. 41 et suiv.) 

    Notes  

    1. Les exemples de guerres sont légion et l’on peut évoquer succinctement la guerre de Crimée en septembre 1854 ; la campagne d’Italie en 1859 contre les Autrichiens ; l’expédition de Cochinchine (1861-1864) ; la guerre de Prusse (1870- 1871) ; la Grande guerre ; la guerre du Rif (1921- 1926) ; la guerre d’Indochine (1946-1954) ; l’expédition au Soudan (1882-1884)… Voir Menidjel (2007, p. 41 et suiv.).

    2. L’accident nucléaire, survenu le 1er mai 1962 à In-Amguel dans le Hoggar, avait irradié plusieurs centaines de civils et militaires. Voir Malo Selva (2011) ; et « Quand la France testait des armes chimique en Algérie », Le Nouvel Observateur, n° 1720, 23 octobre 1997.

    3. Nous citerons, notamment la pétition lancée par des historiens, chercheurs et enseignants français le 25 mars 2005 contre l’article litigieux de la loi. http://ldh-toulon.net/la-petition-deshistoriens-1001.html

    4. Décret n° 2006-160 du 15 février 2006 portant abrogation du deuxième alinéa de l’article 4 de la loi n° 2005-158 du 23 février 2005 portant reconnaissance de la Nation et contribution nationale en faveur des Français rapatriés.

    5. L’exposé des motifs de la loi du 31 décembre 1962 précise que « les circonstances n’ont pas encore permis de doter le pays d’une législation conforme à ses besoins […] C’est pourquoi il y a lieu de reconduire la législation en vigueur au 31 décembre 1962 ».

    6. Les dispositions contraires à la souveraineté nationale et celles d’inspiration colonialiste ou discriminatoire, ou encore celles de nature à porter atteinte à l’exercice normal des libertés démocratiques, sont exclues (article 2 de la loi n° 62-157 du 31 décembre 1962 tendant à la reconduction jusqu’à nouvel ordre de la législation en vigueur au 31 décembre 1962).

    7. Pour les dirigeants algériens la francophonie est une forme de néocolonialisme.

    8. Lois sur la gratuité de l’école de 1881, l’instruction obligatoire de mars 1882 et de l’organisation et la laïcité de l’enseignement primaire d’octobre 1886.

    9. Mansouri A., 1991, Algeria between tradition and modernity: the question of language, Thèse de phd, state University of New York at Albany, p. 60. Étude citée par Benrabah (2008, p. 108).

    SOURCE : http://www.lematindalgerie.com/france-algerie-limpact-de-lhistoire-commune-i 

     

     


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    Nous étions en 2001 : Le tabou du viol des femmes pendant la guerre d’Algérie commençait à être levé…

    Nous étions en 2001 : Le tabou du viol des femmes pendant la guerre d’Algérie commençait à être levé…

    En décembre 2001, Henri Pouillot,  dans l’émission "Envoyé Spécial" principalement sur le thème des viols pendant la guerre d’Algérie écrit  « A cette occasion, je suis retourné à Alger, "en pélerinage", à la Villa Susini (plus précisément Sésini). Cette photo, où je retrouve Louisette IGHILAHRIZ, a été prise à cette occasion". Henri Pouillot témoigne dans la vidéo, à la fin".

    Tous les appelés interrogés le disent : "Tout dépendait du chef." Si l’officier, ou le sous-officier, affichait des positions morales sans équivoque, il n’y avait ni viol ni torture, quel que soit le sexe des détenus, et quand une "bavure" se produisait la sanction était exemplaire. D’une compagnie à l’autre, on passait donc du "tout au rien".

    De toutes les exactions commises par l’armée française pendant la guerre d’Algérie, le viol est la plus cachée, la plus obstinément tue depuis quarante ans. Il n’y eut jamais d’ordres explicites de viol, et encore moins d’ordres écrits. Mais, loin d’avoir constitué de simples "dépassements", les viols sur les femmes ont eu un caractère massif en Algérie entre 1954 et 1962.

    par Florence Beaugé [Le Monde, 11 octobre 2001]

    Les anciens appelés interrogés par "Le Monde" témoignent du caractère massif de l’humiliation des femmes entre 1954 et 1962. Selon l’un d’eux, les détenues subissaient ce sort "en moyenne neuf fois sur dix". Un homme né en 1960 du viol d’une Algérienne par des soldats français demande aujourd’hui réparation.
    De toutes les exactions commises par l’armée française pendant la guerre d’Algérie, le viol est la plus cachée, la plus obstinément tue depuis quarante ans, par les auteurs autant que par les victimes. Certains commencent pourtant à lever ce tabou, confirmant peu à peu ce que l’écrivain Mouloud Feraoun dénonçait autrefois dans son journal comme étant une pratique courante, du moins en Kabylie. Il apparaît que, loin d’avoir constitué de simples "dépassements", les viols sur les femmes ont eu un caractère massif en Algérie entre 1954 et 1962, dans les villes mais surtout dans les campagnes, et plus encore vers la fin de la guerre, en particulier au cours de "l’opération Challe", menée en 1959 et 1960 sur le territoire algérien pour venir à bout de l’Armée de libération nationale (ALN). L’ouverture de la totalité des archives et la lecture de tous les "journaux de marche" des soldats ne donneraient sans doute qu’une très petite idée de l’ampleur du phénomène, parce qu’il n’y eut jamais d’ordres explicites de viol, et encore moins d’ordres écrits. En outre, rares sont les hommes qui se seront vantés, dans leurs carnets personnels, de tels comportements.

    Tous les appelés interrogés le disent : "Tout dépendait du chef." Si l’officier, ou le sous-officier, affichait des positions morales sans équivoque, il n’y avait ni viol ni torture, quel que soit le sexe des détenus, et quand une "bavure" se produisait la sanction était exemplaire. D’une compagnie à l’autre, on passait donc du "tout au rien". "Donner l’ordre, comme cela a été fait, de toucher le sexe des femmes pour vérifier leur identité, c’était déjà ouvrir la porte au viol", souligne l’historienne Claire Mauss-Copeaux, pour qui deux facteurs au moins expliquent que ce phénomène ait pris de l’ampleur. D’une part, l’ambiance d’extrême racisme à l’encontre de la population musulmane. D’autre part, le type de guerre que menait l’armée française, confrontée à une guérilla qui l’obligeait à se disperser et à laisser une grande marge de manœuvre aux "petits chefs", lesquels, isolés sur le terrain, pouvaient s’attribuer droit de vie et de mort sur la population.

    "PIRE QUE DES CHIENS" 

    "Dans mon commando, les viols étaient tout à fait courants. Avant les descentes dans les mechtas (maisons en torchis), l’officier nous disait : "Violez, mais faites cela discrètement"", raconte Benoît Rey, appelé comme infirmier dans le Nord constantinois à partir de septembre 1959, et qui a relaté son expérience dans un livre, Les Egorgeurs. "Cela faisait partie de nos "avantages" et était considéré en quelque sorte comme un dû. On ne se posait aucune question morale sur ce sujet. La mentalité qui régnait, c’est que, d’abord, il s’agissait de femmes et, ensuite, de femmes arabes, alors vous imaginez..." Sur la centaine d’hommes de son commando, "parmi lesquels des harkis redoutables", précise-t-il, une vingtaine profitait régulièrement des occasions offertes par les opérations de contrôle ou de ratissage. A l’exception de deux ou trois, les autres se taisaient, même si ces violences les mettaient mal à l’aise. La peur d’être accusé de soutenir le Front de libération nationale (FLN) en s’opposant à ces pratiques était si vive que le mutisme était la règle.

    "Les prisonniers qu’on torturait dans ma compagnie, c’étaient presque toujours des femmes, raconte de son côté l’ancien sergent Jean Vuillez, appelé en octobre 1960 dans le secteur de Constantine. Les hommes, eux, étaient partis au maquis, ou bien avaient été envoyés dans un camp de regroupement entouré de barbelés électrifiés à El Milia. Vous n’imaginez pas les traitements qui étaient réservés aux femmes. Trois adjudants les "interrogeaient" régulièrement dans leurs chambres. En mars 1961, j’en ai vu quatre agoniser dans une cave pendant huit jours, torturées quotidiennement à l’eau salée et à coups de pioche dans les seins. Les cadavres nus de trois d’entre elles ont ensuite été balancés sur un talus, au bord de la route de Collo."

    Affecté comme appelé en 1961 à la villa Sesini (nommée aussi par erreur Susini), Henri Pouillot révèle avoir assisté à une centaine de viols en l’espace de dix mois, dans ce qui était le plus célèbre des centres d’interrogatoire et de torture de l’armée française à Alger. De ses souvenirs, il vient de faire un livre douloureux mais au ton juste, La Villa Susini (Ed. Tirésias). "Les femmes étaient violées en moyenne neuf fois sur dix, en fonction de leur âge et de leur physique, raconte-t-il. On s’arrangeait, lors des rafles dans Alger, pour en capturer une ou deux uniquement pour les besoins de la troupe. Elles pouvaient rester un, deux, ou trois jours, parfois plus." Pour Henri Pouillot, il y avait deux catégories de viols : "Ceux qui étaient destinés à faire parler, et les viols "de confort", de défoulement, les plus nombreux, qui avaient lieu en général dans les chambrées, pour des raisons de commodité." Il se souvient que la quinzaine d’hommes affectés à la villa Sesini avait "une liberté totale" dans ce domaine. "Il n’y avait aucun interdit. Les viols étaient une torture comme une autre, c’était juste un complément qu’offraient les femmes, à la différence des hommes."

    "UN ANÉANTISSEMENT" 

    Mesuraient-ils alors la gravité de leurs actes ? La plupart n’ont pas de réponse très tranchée. "On savait que ce que nous faisions n’était pas bien, mais nous n’avions pas conscience que nous détruisions psychologiquement ces femmes pour la vie, résume l’un d’eux. Il faut bien vous remettre dans le contexte de l’époque : nous avions dans les vingt ans. Les Algériens étaient considérés comme des sous-hommes, et les femmes tombaient dans la catégorie encore en dessous, pire que des chiens... Outre le racisme ambiant, il y avait l’isolement, l’ennui à devenir fou, les beuveries et l’effet de groupe." Certains ne se sont jamais remis d’avoir commis ou laissé faire ce qu’ils qualifient avec le recul de "summum de l’horreur". La psychologue Marie-Odile Godard en a écouté quatorze pour faire une thèse de doctorat sur les traumatismes psychiques de guerre. "Ils m’ont parlé des viols comme quelque chose de systématique dans les mechtas, et c’est souvent à l’occasion de telles scènes d’extrême violence que leur équilibre psychique a basculé", raconte-t-elle.

    L’avocate Gisèle Halimi, l’une des premières à avoir dénoncé, pendant la guerre d’Algérie, les multiples viols en cours - en particulier dans un livre écrit avec Simone de Beauvoir, Djamila Boupacha -, estime elle aussi que neuf femmes sur dix étaient violées quand elles étaient interrogées par l’armée française. Dans les campagnes, dit-elle, les viols avaient pour objectif principal "le défoulement de la soldatesque". Mais, lors des interrogatoires au siège des compagnies, c’est surtout l’anéantissement de la personne qui était visé. L’avocate rejoint ainsi l’idée exprimée par l’historienne Raphaëlle Branche, dans son livre La Torture et l’armée (Gallimard), à savoir que la torture avait moins pour objet de faire parler que de faire entendre qui avait le pouvoir. "Ça commençait par des insultes et des obscénités : "Salope, putain, ça te fait jouir d’aller dans le maquis avec tes moudjahidins ?", rapporte-t-elle. Et puis ça continuait par la gégène, et la baignoire, et là, quand la femme était ruisselante, hagarde, anéantie, on la violait avec un objet, une bouteille par exemple, tandis que se poursuivait le torrent d’injures. Après ce premier stade d’excitation et de défoulement, les tortionnaires passaient au second : le viol partouze, chacun son tour."

    Contrairement à l’idée répandue, les viols ne se sont presque jamais limités aux objets, ce qui achève de détruire l’argument selon lequel les sévices sexuels visaient à faire parler les suspectes. Gisèle Halimi révèle aujourd’hui que, neuf fois sur dix, les femmes qu’elle a interrogées avaient subi successivement tous les types de viols, jusqu’aux plus "classiques", mais que leur honte était telle qu’elles l’avaient suppliée de cacher la vérité : "Avouer une pénétration avec une bouteille, c’était déjà pour elles un anéantissement, mais reconnaître qu’il y avait eu ensuite un ou plusieurs hommes, cela revenait à dire qu’elles étaient bonnes pour la poubelle."

    Saura-t-on un jour combien de viols ont eu lieu ? Combien de suicides ces drames ont provoqués ? Combien d’autres victimes, souvent encore des enfants, ont subi des agressions sexuelles (fellations, masturbations, etc.) devant leurs proches pour augmenter encore le traumatisme des uns et des autres ? Il faudra aussi se pencher sur la question des "Français par le crime", comme se définit Mohamed Garne, né d’un viol collectif de sa mère, Khéira, par des soldats français, alors qu’elle était âgée de quinze ans. Il reste de nombreuses pistes à explorer, et tout d’abord à écouter la parole qui se libère d’un côté comme de l’autre de la Méditerranée. "Il faudrait aussi travailler sur l’imaginaire des anciens d’Algérie, souffle l’historien Benjamin Stora. Ils ont écrit plus de trois cents romans, où presque tous "se lâchent" et relatent des scènes de viols terrifiantes. C’est alors qu’on prend la mesure de ce qu’a dû être l’horreur."


    Mohamed Garne 

    • Né d’un viol collectif dans un camp, Mohamed Garne demande réparation à l’Etat français, par Franck Johannès, Le Monde, 11 octobre 2001 :
      http://www.algeria-watch.org/fartic... 
    • Reconnu comme victime, Mohamed Garne touchera une pension car sa mère, enceinte, a été torturée par les soldats français. Par Franck Johannès, Le Monde, 24 novembre 2001 : http://www.algeria-watch.org/fartic... 

     


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    Comme ils me ressemblent ces appelés de la guerre d’Algérie, le premier habite Cessenon-sur-Orb, à côté de Béziers, les deux autres : Bressuire (Deux-Sèvres) Ils nous parlent un peu de "leur guerre d'Algérie"… 

    Comme ils me ressemblent ces 3 copains, moi aussi je n’ai rien vu, je n’ai pas eu l’occasion de combattre et c'est tant mieux !!! Je ne me suis jamais servi de mon arme individuelle… Je n’ai jamais vu ce qu’on appelait un fellaga… J’étais dans l’Artillerie, dans un camp situé dans le Sud-Oranais, sur la Palmeraie de Tiout, à quelques kilomètres d’Aïn Sefra… lorsque nous sortions, devant nous il y avait la Légion, derrière nous l’Infanterie… Au bout de quelques heures de piste, ceux que j’appelle les « professionnels » installaient les batteries de canons… et moi, le novice, je faisais quoi ? « RIEN » Eh bien, comme l’aurait dit le président Macron, mais il n’était pas né »… « MA SEULE ARME : UN CRAYON » voir la photo ci-dessous… En effet j’avais un cahier et un crayon et j’inscrivais le nombre de coups de canons tirés et l’heure où ils étaient tirés… c’est tout… Sauf que j’ai perdu 21 mois de ma jeunesse et c’est cela qui a été le plus dur à supporter… Alors moi aussi j'ai eu la surprise d'avoir été un planqué, sans l’avoir sollicité et malgré ma mentalité d’anti colonialiste… puisque, avant de partir j’ai participé à de nombreuses manifestations contre la sale guerre d’Algérie. Enfin comme je l’écris dans l’en-tête de mes blogs : j’ai refusé la croix du combattant car je récuse ce terme… On peut en comprendre la raison.  En conclusion je dirai qu'en Algérie on était loin d'être tous "logés à la même enseigne" quand je pense, entre autres, à mon copain Henri Pouillot qui a connu la "Villa Susini ou Sésini" de sinistre réputation. 

     

    Bressuire (Deux-Sèvres)  Ils ont ramené un peu d'Algérie

    Sur une piste du Sud-Oranais

     

     

    Eh oui c'est moi, il y a 56-57 ans, je n'avais pas 20 ans avec mon arme dangereuse : un crayon...

     

    Le point de vue

     d’un « ancien combattant »

    Comme ils me ressemblent ces appelés de la guerre d’Algérie...

    Ah la médaille commémorative des opérations de sécurité et de maintien de l'ordre en Algérie? Je ne me la suis jamais procurée ! Sur le Ville d'Alger qui nous rapatriait en avril 1962 je devais être un des rares, peut-être le seul, à ne pas l'arborer.
    A propos d'ancien combattant je joins un document qui date de quelques années :

    Oui, je sais,  je n’ai pas l’apparence d’un ancien combattant. Et c’est vrai que je manquais tellement d’enthousiasme en tant qu’appelé du contingent pendant la guerre d’Algérie que je n’ai pas combattu grand-chose. Si, quand même, j’ai combattu l’absurdité de cette guerre coloniale anachronique, sans autre issue prévisible que celle de l’indépendance de l’Algérie.

    Ah, j’ai aussi combattu le putsch des généraux en avril 1961.

    J’ai combattu mon ennui, mon désœuvrement…

    J’ai opposé la force d’inertie à l’imbécillité de plusieurs de mes supérieurs.

    Toutefois, je le reconnais, je n’ai jamais fait preuve d’un zèle intempestif quand nous partions en opération, si tant est qu’on puisse appeler opération quelque chose qui ne donne pas de résultat.

    Bref, nous n’avions aucune chance de gagner cette guerre !

    Mais comme j’ai contribué à faire flotter le drapeau français aux confins du Sahara j’ai droit au titre d’ancien combattant. Je bénéficie ainsi d’une retraite de combattant de 506.62 euros par an, payable en deux fois. Qu’on se le dise, je suis un parti intéressant !

    Et ce lundi 17 novembre j’ai reçu, je suppose en tant qu’ancien combattant,  un courrier de M. Jean-Marie Bokel, secrétaire d’Etat à nos affaires. Il est gentil M. Bokel, il m’envoie le discours qu’a prononcé Nicolas Sarkozy à l’occasion du décès de Lazare Ponticelli, le dernier poilu.

    J’ai lu, un bel exercice de style ! Il parle comme un livre celui qui a rédigé le texte. Tout y est : la boue, les rats, les poux, la nuit, la peur, les rafales de mitrailleuses, les éclats d’obus… Il est même fait état de « la folie des hommes qui avaient longtemps tissé la trame sinistre qui allait prendre dans ses fils une jeunesse héroïque pour la conduire au sacrifice. »

    Est  également cité Lazare Ponticelli qui répétait aux enfants des écoles « Ne faites pas la guerre. »

    Ah, il y a quand même un peu de confusion puisque sont amalgamées la guerre de 14 – 18 et la Résistance. Qu’allaient défendre les poilus ? Anatole France donne la réponse : « On croit mourir pour la patrie et on meurt pour des industriels. »

    Si l’auteur parle comme un livre il manque quelques pages. Qui a voulu la guerre de 14 – 18 et pourquoi ? Au nom de quels intérêts ? De quelle logique ? Je vais combler la lacune en rappelant cette phrase de Jaurès que j’aime beaucoup : « Le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l’orage. »

    Hélas le risque de guerre revient sur le devant de la scène avec la crise financière et la récession. Une bonne petite guerre, ça vous relance l’économie et les profits capitalistes !

    Au fait que faisons-nous en Afghanistan ? Que font les Américains en Irak ? Quelles sont les perspectives ? L’Iran ? Que signifie la création de la base militaire d’Abou Dhabi ? Pourquoi veut-on que la France réintègre l’OTAN ?

    Il est gentil M. Bokel mais je ne crois pas qu’il ait tout assimilé de la problématique ! C’est qu’il a de graves antécédents le maire de Mulhouse, il est dans la lignée de Guy Mollet dont les choix politiques m’ont conduit à  être aujourd’hui un ancien d’Algérie ! 

    Le 19 mars 1962

    A cette date j’étais encore « sous les drapeaux » et mon unité se trouvait à Géryville, une sous-préfecture au sud de Saïda, située sur les hauts plateaux à l’est du Chott Ech-Chergui, qui porte aujourd’hui le nom de El Bayadh. Culminant à 1376 m la ville est la capitale de l’alfa.

    Dans les dernières semaines qui avaient précédé le 19 mars nous avions été déplacés à plusieurs reprises. Venus de Bou-Ktoub nous étions arrivés une première fois à Géryville, en étions repartis pour l’oasis « Les Arbaouets » et nous étions à nouveau à Géryville. Après le cessez-le-feu nous avons encore quitté la ville pour l’oasis de Ghassoul située plus au sud. C’est d’ailleurs à partir de Ghassoul qu’a commencé vers la fin avril mon long rapatriement en France.

    Personne ni chez les gradés ni parmi la population européenne ne donnait l’impression d’une prise de conscience de ce qui se passait avant le 19 mars.

    Le cessez-le-feu entrait en vigueur à midi. Dans la cour du cantonnement Kadri Benkadour, que les circonstances avaient amené à être dans l’armée française, m’avait invité à boire une bière pour célébrer la fin de la guerre. L’espoir changeait de camp, le combat changeait d’âme !

    Déjà, je l’ai su par la suite, des militaires de carrière d’origine arabe ou kabyle, négociaient leur pardon auprès des Algériens en détournant des munitions qu’ils faisaient passer au FLN.

    Dans l’après-midi de ce 19 mars 1962 ma section a été appelée à une opération de maintien de l’ordre dans un quartier périphérique de Géryville. Il y avait là des mechtas, c’est-à-dire des maisons basses avec un toit en terrasse. Leurs occupants avaient mis de petits drapeaux verts, ceux du FLN, sur ces toits.

    Un groupe de soldats de mon unité, normalement affectés au garage, constitué de pieds-noirs qui avaient participé aux barricades de janvier 1960 à Alger et qui à ce titre et sous peine de sanctions pénales s’étaient vus contraints de s’engager, a fait irruption dans le quartier. Apparemment ils n’avaient pas reçu d’ordre mais agissaient de leur propre chef. Leur action consistait à se faire ouvrir les portes et à faire enlever les drapeaux. Les gens n’ayant pas le choix ils obtempéraient. Malgré les coups frappés une porte ne s’ouvrit pas. Tout simplement parce que l’habitant était chez ses voisins. Les coups contre la porte ont redoublé au point de risquer de l’enfoncer. Le propriétaire des lieux est sorti et a été molesté par le groupe.

    Je n’ai pas pu m’empêcher de crier mon indignation d’un : « Chapeau l’armée française ! » qui a pu été entendu par tous et notamment par le lieutenant qui commandait notre section, un « deux barrettes », un certain Baguet. Ne sachant comment réagir il appela le capitaine par radio. Celui-ci ne tarda pas à venir sur les lieux et me demanda ce que j’avais dit. J’amputais un peu mon propos en reconnaissant que j’avais crié « Chapeau ! » et je complétais en déclarant que je trouvais indigne que l’armée ne respecte pas les engagements de notre gouvernement qui venait de signer les Accords d’Evian, lesquels se traduisaient par le cessez-le-feu.

    A vrai dire le capitaine était embarrassé. Il savait que j’étais communiste mais me rendait justice, je ne lui avais jamais posé de problème particulier. Il ajouta qu’il m’avait même proposé pour être Premier canonnier ! Il faut vous préciser que j’étais pratiquement le plus ancien dans le grade le moins élevé ! En fait sa proposition n’était pas vraiment franche, puisque, je l’ai appris par la suite, j’avais bien été inscrit sur une liste mais à la fin, de façon à ne pas être promu. J’ai donc fini mon service militaire comme Deuxième canonnier ce qui au demeurant n’avait aucune espèce d’importance !

    Mais ce qui s’était passé dans les faubourgs de Géryville était sans commune mesure avec ce qui s’est déroulé au centre. Des fusillades ont éclaté pendant une partie de l’après-midi. Le bruit a couru que le commando Georges, normalement basé à Saïda, avait ouvert le feu sur la population qui avait été appelée par le FLN à manifester. Il y avait une trentaine de morts a-t-il été dit. Je n’ai jamais pu établir la réalité ce qui a eu lieu. Je pense que le couvre-feu a été décrété par l’autorité militaire.

    Il y a eu dans le secteur où opérait ma section un autre fait que je vais relater. Un officier, un lieutenant me semble-t-il, qui n’appartenait pas à notre unité, m’a apostrophé. Il tenait une MAT (mitraillette) à la main et était complètement paniqué, m’expliquant que pendant que nous regardions en face nous risquions d’être attaqués par l’arrière. Décidément encore un qui n’avait absolument rien compris. Je n’ai pas pu dialoguer vraiment avec lui tellement nous étions à des années lumière l’un de l’autre mais mon visage a dû être suffisamment expressif pour qu’il mesure le fossé qui nous séparait.

    Le lendemain ma section était encore de service de maintien de l’ordre mais cette fois j’en ai été dispensé par le capitaine qui m’a affecté à la fonction de garde chambre. Chaque jour l’un d’entre nous restait en effet au cantonnement pour ce faire. Toutefois l’état d’esprit n’était plus à la soumission parmi le contingent et Jean-Pierre Valade, originaire de la Corrèze, avait déclaré : « S’il y a encore des choses qui ne vont pas il y en aura d’autres pour le dire ! » 

    Jacques Cros

     


    Bressuire (Deux-Sèvres) 

    Ils ont ramené un peu d'Algérie

    Gilbert Cron et Roger Guionnet ont le même souvenir ambigu du conflit algérien qu'Emmanuel Audrain tente de retranscrire dans son documentaire.

    La plaie est sourde chez les anciens combattants.

    Je n'ai rien vu. J'étais un planqué. Je ne faisais pas partie d'une unité combattante et je n'ai pas eu l'occasion de combattre. Il y avait sans doute du danger mais je n'étais pas en première ligne. Gilbert Cron ne tient pas forcément un discours consensuel parmi les anciens combattant d'Algérie.

    Il a pourtant passé 14 mois dans l'Oranais entre 1961 et 1962, alors que les affrontements entre l'OAS et l'armée montaient en puissance. Mais le Chapelais minimise son rôle dans ce conflit. Il parle plutôt d'autres qui, eux, ont combattu et vu les horreurs d'une guerre qui a longtemps nié ce terme.
    Roger Guionnet non plus « n'a pas vu la guerre ». Le Cerizéen a quant à lui passé six mois au Maroc en 1955. « J'ai fait partie des premiers contingents de maintenus (NDLR : appelés dont le service a été prolongé) . Je suis resté à l'arrière. »
    On ne peut pas avoir participé à cette guerre sans en garder un lien ambigu avec l'Afrique du Nord.

    Les hypocrites qui nous ont envoyé là-bas disaient « C’est du maintien de l’ordre »

    Il a fallu attendre 1999 pour qu’ils reconnaissent « officiellement » que c’était une guerre…

    « On nous a servi un baratin autour de la défense de la civilisation », se souvient Roger. « On avait appris au catéchisme que les catholiques étaient les bons, les protestants des hérétiques et les musulmans des infidèles. »
    « J'aurais dû refuser de faire cette guerre », regrette Gilbert, comme si la désertion avait été un choix facile. « J'applaudis aux gestes de repentance de l'État français. On devrait aller plus loin. Mais je ne condamne pas ceux qui n'ont pas le même point de vue. Cela peut justifier ce qu'ils ont fait. Je suis pour le devoir de mémoire à condition qu'il inclue le colonialisme, les humiliations. »
    Gilbert est un ancien combattant malgré lui. « Je n'ai pas adhéré aux anciens combattants en revenant d'Algérie. Je ne me voyais pas bomber le torse pour une médaille, aller aux banquets. Je ne voulais plus en entendre parler. « J'ai été frappé en arrivant là-bas de voir les enfants faire les poubelles », se souvient Roger…
     

     

     


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    Vraiment amis algériens n’avez-vous pas un jeune capable de diriger votre pays ? Enfin ne le prenez pas trop jeune, nous Français sommes tellement déçus d’en avoir choisi un qui avait 39 ans lors de son élection en 2017…

    Les images de Bouteflika et l’image

     de l’Algérie : Insoutenable !

    Le déplacement du président Bouteflika à El Alia le 1er novembre 2018 ( Capture d'écran)

     

    Emmitouflé dans un manteau noir, coiffé d’une toque d’astrakan, poussé sur un fauteuil roulant auquel il est attaché par une ceinture de sécurité, le président Bouteflika a fait le déplacement le 1er novembre à El Alia sous un ciel gris, pour se recueillir à la mémoire des chouhada, au Carré des martyrs.

    Le visage livide, les traits fatigués, les yeux hagards, comme en état d’hébétude, le chef de l’Etat paraissait extrêmement affaibli. Il semblait encore plus diminué que lors de ses dernières apparitions publiques.

    Une nouvelle fois, les images font peine à voir. Quand on regarde l’état du Président, tout rabougri, écrasé par l’immense gerbe de fleurs exposée devant lui, quand on voit sa difficulté à prononcer la Fatiha, à saluer la Garde républicaine, à serrer la main à la cohorte de personnages officiels alignés au bord du tapis rouge ou encore à embrasser l’emblème national déployé face à lui, on se dit : quel spectacle affligeant !

    Comme cela a dû être pénible pour lui, cette sortie officielle forcée juste pour faire croire qu’il conserve encore toutes ses forces, toutes ses chances de rempiler. Mais la vérité est là. Nue. Crue. Cruelle. Comme ces images. On voit bien qu’il est au bout du rouleau. Et il nous vient à l’esprit le mot «acharnement», celui de son entourage ou de ses démons qui lui infligent (et à nous aussi) pareille mascarade.

    Un massacre, une torture visuelle, ces images. Et on se demande pour la énième fois : mais qu’est-ce qui a pris son clan, ses proches, de lui faire subir un protocole aussi indigne ! N’aurait-il donc personne pour le conseiller, pour veiller sur lui ? Aurait-il réellement la main sur le sérail au point de prendre la route de Zéralda à Bab Ezzouar contre l’avis de ses médecins et de sa fratrie ?

    Car le résultat est juste cauchemardesque. Ici, nul besoin de sémiologie de l’image, nul besoin d’être Roland Barthes ou Jacques Séguéla pour conclure à un désastre en termes de com’. Un suicide visuel. Tout le contraire de cette tentative d’icône nationale que cultive désespérément le Président narcissique qui s’est longtemps rêvé en Mandela avant de terminer en Bourguiba en fin de règne, peu avant le coup d’Etat médical qui le renversa. On se dit que la dernière chose dont cette personne a besoin est de s’exhiber ainsi pour donner l’impression qu’il peut encore tenir les rênes de cet immense pays, quand la raison eût recommandé des soins intensifs en gériatrie et un accompagnement autrement plus humain, loin de la violence du mot «pouvoir».

    On se prend presque de pitié pour ce vieux renard de la politique qui a sillonné 20 fois le monde, et qui se trouve aujourd’hui relégué au rang de vieux potentat fatigué, usé par les intrigues et vidé jusqu’à la dernière goutte par les luttes de pouvoir. Le pouvoir. Le vampire suprême. Nosferatu rongé par la maladie.

    Et nous vient le mot «insoutenable», auquel succède le mot «injuste», comme l’affront qui nous est fait par la voix de Ould Abbès qui prête à cet homme, à cet éctoplasme, l’intention de prolonger encore la torture de cinq ans. De nous accabler de cinq autres longues années de fiction présidentielle qui ne fait plus rire personne, qui ne passionne personne et ne sert même plus à entretenir l’illusion que c’est cela, ce fantôme, qui préserve l’Algérie du chaos et qui nous met à l’abri du scénario libyen. Oui, quel affront !

    Quelle insulte pour les chouhada ! Et quelle honte pour l’Algérie de Ben M’hidi ! Oser nous faire ça un 1er Novembre. Décidément, les démiurges qui tiennent le script de ce mauvais feuilleton n’ont aucun scrupule. Ils ne manquent pas seulement d’imagination, ils manquent surtout d’humanité. De dignité. C’est pénible. Pénible…

    Cela vient s’ajouter à tout le triste album du 4e mandat et ses milliers de clichés insupportables. Sans compter les détournements féroces, les moqueries du «Petit Journal» de Canal+ et maintenant «Quotidien» (du même Yann Barthès) sur TF1…Mais la palme revient à l’unanimité à ces mises en scène risibles, rivalisant de servilité et de ridicule, où l’on voit de hauts commis de l’Etat, des walis, des ministres, des notables se prosterner et multiplier courbettes et gestes d’allégeance devant un simple portrait à l’effigie du Président.

    On aura tout vu. Abdelaziz Bouteflika n’aura fait que nous infliger humiliation sur humiliation. Si par extraordinaire, il lira ce papier, si un bout de sa conscience fonctionne encore, nous lui adressons solennellement ce message : Monsieur le Président, si vous n’avez cure de votre propre image, de votre dignité, au moins faites-le pour l’Algérie.

    Briguez 100 mandats si vous voulez, restez sur le trône 1000 ans encore si cela peut contenter votre ego, mais de grâce, au moins épargnez-nous ce sinistre spectacle. Restez chez vous, ne sortez plus. Epargnez-nous la comédie d’une régence capable de remplir son rôle, quand tout concourt à donner de votre fonction l’image la plus dégradante et la plus vile. 

    SOURCE : https://www.elwatan.com/edition/actualite/les-images-de-bouteflika-et-limage-de-lalgerie-insoutenable-05-11-2018 

     


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    Entre radicalisme et amateurisme :

     les réseaux d’ultra droite toujours plus

    belliqueux en France

    Ils se vivent comme des "croisés". Les djihadistes, les migrants et le gouvernement sont leurs cibles prioritaires. Depuis juin 2017, trois réseaux d’ultra droite ont été démantelés en France. Leur engagement oscille entre une radicalité de plus en plus belliqueuse et un amateurisme confondant.

    Entre radicalisme et amateurisme : les réseaux d’ultra droite toujours plus  belliqueux en France

    En juin 2018, plusieurs membres du groupe AFO sont arrêtés, comme ici à Tonnay-Charente (Charente-Maritime). Ils sont soupçonnés d'avoir voulu commettre des attentats contre des musulmans.• Crédits : XAVIER LEOTY - AFP

    Le dernier coup de filet au sein de l’ultradroite remonte au 6 novembre 2018 avec l’arrestation de six personnes en Ille-et-Vilaine, en Isère et en Moselle, liées au groupe identitaire des Barjols. Quatre ont été mises en examen et deux incarcérées. Mais en juin 2017, la DGSI avait déjà procédé à deux premiers coups de filet dans les milieux d’ultradroite et démantelé les réseaux nommés OAS (inspiré de l’Organisation de l'armée secrète, anti-indépendantiste, pendant la guerre d’Algérie ; neuf mises en examen dont quatre incarcérations) et AFO (Action des forces opérationnelles, 10 mises en examen dont trois incarcérations)

    Constitution de milices

    Si le nombre de militants d’ultra droite semble stable en France (les chercheurs et les autorités parlent d’un noyau dur d’un millier de militants soutenus par un ou deux milliers de sympathisants), ils semblent plus déterminés et plus belliqueux depuis les attentats islamistes qui ont débuté en 2015. "On a des structures que l’on peut qualifier de traditionnelles, de la mouvance d’ultra droite comme Génération identitaire, le Bastion social ou des royalistes comme l’Action française, explique Laurent Nuñez, secrétaire d’État auprès du ministre de l’Intérieur, et ancien directeur général de la Sécurité intérieure (DGSI). Notre inquiétude porte bien évidemment sur ces mouvements mais pas seulement. Car on voit apparaître maintenant un certain nombre de structures qui se constituent sous forme de milices d’auto-défense, en prévision de ce que serait le Grand soir de la menace islamiste sur notre territoire, considérant d’ailleurs que les pouvoirs publics n’en font pas assez pour lutter contre le terrorisme. Cette inquiétude est d’autant plus justifiée que trois réseaux ont été démantelés depuis le début du quinquennat actuel. Ces mouvements peuvent constituer un réel danger." Laurent Nuñez, à la tête de la DGSI du 22 juin 2017 au 16 octobre 2018, a supervisé dans ce cadre le démantèlement des réseaux OAS et AFO.

    Le terrorisme islamiste mais aussi l’islam en général, une immigration "sauvage" et "non maîtrisée" qui s’incarne dans la figure du migrant, mais aussi le gouvernement accusé de tous les laxismes : telles sont leurs cibles de choix. "Ils se préparent à répondre à une situation qu’ils jugent décadente de conflagration ethnique, et pensent que nous sommes dans un état de guerre civile larvée, constate le politologue Jean-Yves Camus, directeur de l’Observatoire des radicalités politiques de la Fondation Jean Jaurès. Depuis les attentats commis par des islamistes, il y aurait en France selon eux quelque chose de l’ordre de la sécession, de l’occupation et de la guerre intérieure entre la population "de souche" et une population d’origine maghrébine et musulmane. Pour eux, les Musulmans sont une sorte de cinquième colonne qui subvertit la France de l’intérieur. Donc ils désirent se charger du travail que l’État, d'après eux, ne fait pas." 

    Qui sont les militants concernés ?

    L’ultra droite recrute dans toutes les classes sociales, toutes les générations et partout en France. Selon l’enquête concernant le groupe AFO que la cellule investigation de Radio France a pu consulter, les dix personnes arrêtées en Nouvelle-Aquitaine, en Ile-de-France et en Corse sont âgées de 32 à 69 ans. Se décrivant comme un mouvement de "patriotes", AFO est issue d’une scission au sein du mouvement nationaliste légal Volontaires pour la France (VPF) qui dénonce "l’islamisation" de la France mais qui certifie inscrire son action dans le respect des lois de la République. On apprend dans l'enquête qu'AFO a été infiltrée par un agent de la DGSI. L'organisation tenait un site internet (aujourd’hui fermé) où était expliquée leur idéologie politique et où étaient disponibles des fiches pratiques pour se constituer une trousse de premiers secours, savoir réagir en cas d’attaque terroriste ou bien en cas d’arrestation. Selon nos informations, ces fiches pratiques juridiques ont été rédigées par un avocat parisien, membre de Volontaires pour la France, qui avait représenté Saddam Hussein lors d'un procès en diffamation intenté en France par le dictateur dans les années 90.

    Pendant plusieurs mois, les militants d’AFO qui vivaient en Nouvelle-Aquitaine, en Corse et en Ile-de-France se sont réunis régulièrement et communiquaient entre eux en s’affublant de surnoms : le chef présumé du groupe se faisait appeler Richelieu, Ninon de l’enclos étant sa compagne. On trouve aussi Garbo, Souvigny, Attila, Tommy… Les militants d’AFO se désignaient aussi par des couleurs selon leur degré d’implication : "les blancs" sont les simples sympathisants, "les gris" sont chargés de la formation et de la logistique, et "les noirs" pour le passage à l’action, car certains avaient clairement envisagé des actes terroristes. Voilà pourquoi, selon le secrétaire d'État Laurent Nuñez, "ces arrestations ne sont pas que préventives. Elles ont été décidées car dans les trois cas, il y avait une menace suffisamment caractérisée. On ne court aucun risque." 

    Selon le dossier, AFO projetait de tuer 200 imams radicalisés et le rappeur Médine, accusé de sympathies djihadistes, ou d’empoisonner de la nourriture halal dans des supermarchés. Au sein du réseau OAS, le chef de file Logan Nisin avait envisagé d’assassiner Christophe Castaner et Jean-Luc Mélenchon. Quant au réseau issu des Barjols, son animateur envisageait de s’en prendre à Emmanuel Macron. Originaire de l’Isère, il s’était rendu en Moselle (où il a été interpellé avec un couteau) au moment même où le chef de l’État y passait dans le cadre de son itinérance mémorielle pour le centenaire de l’Armistice. "Je sais que les tenants de cette ligne considèrent que c’est de la communication gouvernementale et que l’on ferait mieux de s’occuper de la menace terroriste islamiste mais on s’en occupe, insiste Laurent Nuñez. La menace que représentent ces mouvements d’ultradroite est loin de la simple communication. Les services de renseignements et la Justice ont réuni des éléments probants qui démontrent que ces individus allaient passer à l’action.

    Des armes, des explosifs et des anciens militaires

    Dans le cadre d’AFO, la DGSI s’est décidée à passer à l’action après que plusieurs militants ont confectionné des grenades artisanales et les ont testées dans des forêts autour de Chablis (Yonne) et Saint-Amand-Montrond (Cher). Deux individus ont acheté des armes à Ciney (Belgique) à l’occasion d’une des plus grandes bourses aux armes d’Europe. Parmi eux, on trouve un ancien militaire ayant servi en Afghanistan. AFO comptait dans ses rangs un autre ancien militaire et un policier à la retraite (le chef présumé du groupe). 

    D’une façon générale, l’ultradroite française cherche à recruter parmi les anciens des forces régaliennes. "C’est une vieille habitude que d’essayer de recruter parmi les gens qui ont servi dans les corps en uniforme, qui passent pour la partie 'saine' de la Nation, rappelle Jean-Yves Camus. Là, est apparue il y a quelques années, une sous-catégorie qui intéresse particulièrement les groupes radicaux : le militaire qui était engagé sur un théâtre d’opérations extérieures qui, revenu de Bosnie, d’Afghanistan et du Sahel, a des préventions voire des comptes à régler avec l’islam en général. Ils sont revenus avec une détestation sinon une haine de cette religion et avec un savoir-faire en matière d’explosifs ou d’armes automatiques." Selon Laurent Nuñez, aucun soldat, gendarme ou policier en fonction n’a été repéré au sein des groupuscules d’ultradroite, mais il se dit "vigilant".

    "Un paysage à la Mad Max"

    Adeptes du tir sportif et – parfois – de la confection de grenades, les militants d’ultradroite sont de plus en plus portés sur le survivalisme. Importé des États-Unis, le survivalisme mêle écologie radicale et techniques de survie dans la nature en cas de catastrophe nucléaire ou chimique, d’attentat majeur ou de guerre civile. Dans le cas de l’ultra droite, cela se double d’entraînements paramilitaires voire de la constitution "d’ilots blancs"  réservés aux "Français de souche". "Ils achètent des terres, un corps de ferme qu’ils équipent de façon à ce qu’elle soit indépendante et autonome avec des panneaux solaires, des éoliennes, des pompes pour l’eau de source, décrit Stéphane François, chercheur au laboratoire Groupe Sociétés, Religions, Laïcités (GSRL) du CNRS. Ils constituent des réserves de nourriture, de préférence des conserves qui se gardent très longtemps. Il y a des jardins, des animaux. Ça c’est pour le côté gentil car il y a aussi achat d’armes. Le but est de devenir autonome pour créer cet îlot. On est quasiment dans un univers à la Mad Max."

    Il existe ainsi de ces "ilots blancs" dans les campagnes en Bretagne et en Bourgogne et des identitaires souhaiteraient en installer en Champagne et en Picardie. Oubliées les tristes "ratonnades" des années 80 et 90 : l’extrême droite radicale privilégie d’autres modes d’action.

    Ces militants qui se voient comme des "croisés" d’un Occident menacé par la "submersion migratoire" et par l’islam ont des références intellectuelles très marquées. Le magazine Réfléchir et agir diffuse 5 000 exemplaires par numéro. La Nouvelle revue d’Histoire de Dominique Venner reste encore très lue, comme les penseurs Philippe Vardon ou Guillaume Faye. Les militants d’ultra droite ne dédaignent pas non plus des auteurs plus connus du grand public comme Eric Zemmour, Laurent Obertone ou Renaud Camus, le théoricien du "grand remplacement". Leurs héros politiques se trouvent à l’étranger via certains dirigeants considérés comme les meilleurs résistants à l’islamisme : Bachar al-Assad, Vladimir Poutine ou Viktor Orban. 

    "Il n’existe pas de Daech d’extrême-droite"

    S’il est indéniable qu’au sein des trois réseaux démantelés depuis juin 2017, des propos ont été tenus en réunion ou bien sur internet, des armes ont été achetées et des explosifs fabriqués, leur capacité à passer réellement à l’acte interroge. Selon le dossier AFO, les apprenti-chimistes du groupe avaient du mal à trouver les bons composants pour fabriquer des explosifs en magasin de bricolage. Est-il vraiment aisé d’empoisonner de la nourriture halal emballée dans des boîtes cartonnées ou des films plastiques ? Comment distinguer un imam radicalisé d’un imam non-radicalisé ? Pour le chercheur Stéphane François, les militants d’ultradroite restent largement _"amateurs. Si on a pu les arrêter en amont, c’est que les groupes sont assez exubérants. Ils s’expriment, donc la DGSI peut les suivre."_Jean-Yves Camus estime pour sa part qu’_il n’y a pas, en France," de Daech d’extrême droite. On n’a même pas d’OAS version 2018. On a affaire à une mouvance qui n’a pas les mêmes degrés de structurations et de moyens."_Mais tous deux pensent qu’il faut rester vigilant et ne pas écarter la piste d’initiatives personnelles et isolées de militants passés par ces réseaux.

    Au sein du groupe AFO, le dossier nous apprend que deux membres du groupe - toujours incarcérés - dont l’ancien d’Afghanistan, trouvaient leurs comparses trop mous et pas assez déterminés. Ils auraient ainsi envisagé de s'autonomiser pour mener des actions radicales. "Nous craignons à la fois l’action violente préparée par le groupe structuré et l’individu appartenant à ce groupe, survolté par ce qu’il peut entendre, qui décide de passer à l’action seul, un scénario à la Breivik [militant norvégien d’extrême-droite qui avait tué à lui seul 77 personnes en 2013, NDLR], explique le secrétaire d’État Laurent Nuñez. Je rappelle que pour l’un des trois groupe démantelés, l’attention des services de renseignement avait été attirée par l’adoration que portait le responsable du groupe à Breivik."

    Pour les bons connaisseurs du dossier, le passage à l’action violente d’un ou plusieurs groupuscules d’extrême droite feraient le jeu des islamistes. Le directeur général de la DGSI de l’époque, Patrick Calvar, a évoqué en 2016 et 2017, devant la commission d’enquête sur les attentats du 13 novembre, un risque de confrontation entre l’ultra droite et le monde musulman. Cette vision binaire et manichéenne de la France accréditerait la thèse du conflit de civilisations que recherchent les islamistes. "L’optique de la confrontation ethnique généralisée est dans l’horizon des islamistes radicaux, explique Jean-Yves Camus. L’idée est, que des deux côtés, les individus soient sommés de choisir. Vous êtes musulman, vous voyez se développer la détestation de ce que vous êtes donc vous rejoignez vos 'frères'. Le reste de la population, les Français dits 'de souche', verrait l’ensemble de la population culturellement musulmane comme une entité homogène et verrait la nécessité de les expulser ou de passer à des formes d’actions plus violentes."

    Merci d'arrêter la vidéo après l'avoir visualisée, plusieurs autres vidéos suivent qui n'ont rien à voir avec le sujet :

    SOURCE : https://www.franceculture.fr/droit-justice/entre-radicalisme-et-amateurisme-les-reseaux-dultradroite-toujours-plus-belliqueux-en-france 

     


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  • Essonne: six mois de prison avec sursis pour le maire "shérif" qui avait menacé des gens du voyage

    Mercredi, le maire de Wissous a été condamné à six mois de prison avec sursis pour avoir menacé des gens du voyage avec un katana.

    Le tribunal correctionnel d'Évry a condamné mercredi le maire Debout la France de Wissous (Essonne), Richard Trinquier, à six mois d'emprisonnement avec sursis pour avoir menacé des gens du voyage avec un sabre japonais.

    Le tribunal a également condamné l'édile, absent au moment du jugement, à une amende de 1.500 euros comme l'avait demandé mi-octobre le procureur, qui avait requis quatre mois de prison avec sursis. 

     

     

    Essonne : le maire qui avait menacé

     des gens du voyage jugé ce mercredi

    Le maire Debout la France de Wissous dans l'Essonne est jugé ce 21 novembre pour avoir menacé des gens du voyage à l'aide d'un sabre japonais et d'une arme de poing en avril dernier.

    Essonne : le maire qui avait menacé des gens du voyage jugé ce mercredi

    Richard Trinquier, maire de Wissous, dans l'Essonne. Crédit : JACQUES DEMARTHON / AFP

    Le tribunal correctionnel d'Évry, dans l'Essonne rendra son jugement ce mercredi 21 novembre concernant le maire de Wissous, Richard Trinquier, accusé d'avoir menacé des gens du voyage avec un sabre japonais, en avril dernier.
    Une peine de quatre mois d'emprisonnement avec sursis avait été requise à l'audience début octobre. Le parquet avait également demandé une amende de 1.500 euros à l'encontre de l'édile Debout la France. "Vous avez donné à la fonction que vous exercez un côté guignolesque", avait tancé le représentant du ministère public dans son réquisitoire.

    Les faits s'étaient déroulés début avril lorsqu'une dizaine de caravanes s'étaient installées sur le parking d'une crèche en construction de cette ville de la banlieue parisienne de 8.000 habitants.

    Alors que la police municipale tentait de négocier une solution de relogement, en fin de journée, Richard Trinquier, 69 ans, alcoolisé, s'était rendu sur les lieux. Gilet pare-balles sur le dos, étoile de shérif siglée "police" accrochée à sa veste, il avait exhibé un katana de un mètre de long avec lequel il aurait menacé ses contradicteurs.

    J'étais dans une situation de stress, je pensais

     que j'allais mourir

    Richard Trinquier, maire de Wissous 

    A la barre, Richard Trinquier, costume gris clair et voix posée, avait martelé avoir agi en état de légitime défense, arguant s'être senti menacé : "J'ai eu peur. J'étais dans une situation de stress, je pensais que j'allais mourir".
    Interrogé sur le choix de l'arme, un katana japonais, il avait expliqué qu'étant en partie d'"origine asiatique, le katana faisait sens". "Vous ne faites pas le maintien de l'ordre dans la péninsule asiatique !", lui avait rétorqué avec sarcasme le procureur. Richard Trinquier avait justifié son action par "une certaine conception de (s)on devoir".

    Une personnalité ambivalente

    Maire depuis 1995 avec une interruption entre 2008 et 2014, l'édile, né d'un père français colonel pendant la guerre d'Algérie et proche de l'OAS (Organisation de l'armée secrète), et d'une mère vietnamienne, est un habitué des controverses.
    En 1995 et alors qu'aucune loi n'encadre les polices municipales, il avait armé ses agents de 357 Magnum, puis de fusils à pompe et s'était octroyé le port d'arme avant d'être finalement désarmé par le Conseil d'État. 
    Personnalité ambivalente, il avait accepté en 2015 par "souci d'humanité" qu'un bébé rom qui avait succombé à la mort subite du nourrisson soit enterré dans sa ville après le refus du maire de la ville voisine de le voir inhumé dans son cimetière. 

    SOURCE : https://www.rtl.fr/actu/justice-faits-divers/essonne-le-maire-qui-avait-menace-des-gens-du-voyage-juge-ce-mercredi-7795645387 

     


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    Pétain : fasciste un jour, fasciste toujours !

    Par L'Union Juive Française pour la Paix  

    L’idée d’inviter tous les fauteurs de guerre, de Trump et Nétanyahou à Poutine ou Erdogan pour célébrer le centenaire de la fin de la Première guerre mondiale avait déjà un goût plus qu’amer et la manifestation du 11 novembre 2018, place de la République à Paris, a voulu répondre à cette provocation. 

    Le président Macron y a rajouté une incroyable tentative de réhabilitation du Maréchal Pétain.

    1914-18 : une boucherie impérialiste

    « On croit mourir pour la patrie. On meurt pour des industriels » a écrit Anatole France. La Première Guerre Mondiale est une horreur. Ceux qui ont ordonné ou dirigé cette guerre sont des criminels. S’il y a des célébrations à faire, ce sont celles de ceux qui ont enduré les souffrances des tranchées, des bombardements, des gaz expérimentés sur eux, ce sont les colonisés réquisitionnés et envoyés à l’abattoir. Un siècle après cette guerre, le minimum aurait été de réhabiliter les 675 « fusillés pour l’exemple » comme l’a magnifiquement rappelé Monseigneur Gaillot lors de sa prise de parole place de la République.

    Pétain n’est pas le « héros de Verdun », il est un boucher parmi d’autres : Nivelle, Gouraud, Foch, Joffre … Il est l’un des acteurs d’une guerre impérialiste qui n’a pas seulement sacrifié des millions d’êtres humains, mais qui est aussi à l’origine entre autres du démembrement du Proche-Orient.

    Pétain et le colonialisme

    Tous les généraux et maréchaux de la guerre de 1914-18 ont aussi commis des crimes pendant les guerres coloniales. On retrouve logiquement Pétain pendant la guerre du Rif dans le Nord du Maroc. L’armée espagnole dirigée par un certain général Franco étant en échec, l’armée française vient à son secours (1925). Pétain et Franco utiliseront massivement les armes chimiques et en particulier le gaz moutarde pour écraser l’insurrection.

    Pétain retrouvera Franco à Madrid en devenant en 1939 ambassadeur d’une France qui a reconnu le nouveau régime fasciste.

    Pétain et le fascisme français

    Celui qui déclare le 17 juin 1940 « je fais à la France le don de ma personne » en fondant le régime de Vichy n’a pas été seulement un supplétif de l’Allemagne nazie.

    C’est le fascisme français qui a promulgué dès 1940 la loi sur les dénaturalisations puis le statut des Juifs. C’est la police de Pétain qui traquera les Juifs, les communistes, les résistants. C’est elle qui remettra à l’occupant celles et ceux qui sont destiné-e-s aux camps d’extermination. Cette police fera même du zèle en déportant aussi les enfants.

    Il n’y a pas « Pétain le héros » et « Pétain qui s’est fourvoyé ». Le Pétain de Verdun annonçait celui de Vichy. Le Pétain qui massacrait au Maroc annonçait le collabo antisémite.

    La révision de l’histoire tentée par le Président Macron, qu’elle soit guidée par l’idéologie ou par des considérations électorales est honteuse, bien qu’elle soit cohérente avec l’ensemble de l’action politique de Macron.

    Qu’attendre d’autre, en effet, d’un président et d’un gouvernement déterminés à poursuivre les ventes d’armes qui alimentent les guerres actuelles (notamment au Yémen), la traque aux réfugiés et la fermeture des frontières, le démantèlement des services publics et l’accroissement des inégalités en France ?

    L’Union Juive Française pour la Paix (UJFP) 

    SOURCE : https://oumma.com/petain-fasciste-un-jour-fasciste-toujours/

     

     

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    Collabo un jour

    Collabo toujours 

     

     


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    En stigmatisant les français de religion musulmane ou juive essayent-t-ils de déclencher une guerre civile où n’est-ce pas plutôt de la politique politicienne pour se faire remarquer en vue des prochaines élections municipales ?

    Menus sans porc stoppés dans les cantines à Ouistreham : le tribunal de Caen tranchera fin novembre imitant ainsi Chalon-sur-Saône

    La commune de Ouistreham a arrêté les menus de substitution dans ses cantines. Les parents d’élèves du Calvados demandent leur rétablissement au tribunal administratif de Caen.

     

    La commune de Ouistreham (Calvados) a stoppé les menus de substitution dans ses cantines scolaires en janvier 2018. (©Hans/Pixabay)

     

    Depuis le mois de janvier 2018, la commune de Ouistreham près de Caen (Calvados) a arrêté de proposer des menus de substitutions dans ses cantines scolaires. Il s’agit de plats de remplacement sans porc (et non halal) pour les élèves de confessions musulmane ou juive.

    Une première dans le Calvados

    « Quand nous l’avons appris, nous sommes tombées des nues », réagit Carole Lecomte, présidente de la FCPE (Fédération des Conseils de Parents d’Élèves) du Calvados.
    La FCPE qui a décidé de porter l’affaire devant la justice pour que les menus de substitution soient rétablis à Ouistreham. Le sujet sera débattu lors de l’audience du tribunal administratif de Caen le vendredi 30 novembre 2018.
    Pour l’association des parents d’élèves du Calvados, l’arrêt par une commune des menus de substitution serait une première : « je n’ai pas connaissance d’un autre cas », pense Carole Lecomte.

    À Ouistreham comme dans d’autres communes, cela existe depuis de nombreuses années et cela ne soulève aucun problème. À Ouistreham, les élèves concernés sont peu nombreux. Mais depuis près d’un an, des petiots n’ont pas de menus équilibrés. Ils se retrouvent parfois sans plat principal et les parents ne peuvent faire autrement.

    La décision a été prise par la municipalité en décembre 2017. Pour le maire (LR) de Ouistreham Romain Bail : les menus de substitution n’ont jamais existé officiellement. Il y en avait, mais pour des cas particuliers, médicaux par exemple. Nous, on a formalisé.
    Pourtant dans les faits, les menus de substitution avaient cours. Romain Bail l’avoue : « à la demande des parents, si un enfant ne mangeait pas de porc, on proposait un autre plat. Mais je rassure, les enfants ont toujours assez à manger »
    Sur les raisons de cet arrêt des menus de substitution, Romain Bail met en avant « un aspect pratique et un aspect de laïcité. » Pour lui :

    Il n’y a pas vocation à faire entrer la religion dans l’école.

    La FCPE est d’un avis diamétralement opposé : « notre credo c’est de défendre l’école publique gratuite, la laïcité. »

    La laïcité n’a rien à voir avec les menus de substitution. Ce qui m’embête c’est justement le dévoiement du principe de laïcité. Nous, on défend le droit des parents.

    Un précédent annulé à Chalon-sur-Saône

    En France, la justice a récemment tranché sur le sujet. Le 28 août 2017, le tribunal administratif de Dijon (Côte-d’Or) a « annulé la décision de la ville de Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire) et de ne plus proposer de menu de substitution dans les cantines scolaires quand du porc est servi. »
    Un jugement confirmé par la
    cour administrative d’appel de Lyon (Rhône). Dans son arrêt du 23 octobre 2018, le tribunal note : « l’existence de menus de substitution aux plats contenant du porc dans les cantines scolaires, ne porte pas atteinte aux principes de laïcité et de neutralité du service public. »

    SOURCE :  https://actu.fr/normandie/ouistreham_14488/menus-sans-porc-stoppe-dans-cantines-ouistreham-tribunal-caen-tranchera-fin-novembre_19588714.html

    Chalon-sur-saône - justice/éducation

    Porc à la cantine : la décision de justice

    n’est pas appliquée

    Malgré la décision d’appel, les menus de substitution n’ont pas fait leur retour sur les tables des élèves de la cantine.

    La cour d’appel de Lyon a constaté que les restaurants scolaires de Chalon proposaient des menus alternatifs depuis 1984 sans qu’il soit démontré que cette pratique provoquait des troubles à l’ordre public, ni des difficultés d’organisation ou de gestion de ce service. Photo Gilles DUFOUR

    Mardi 23 octobre, la cour administrative d’appel de Lyon a rendu sa décision au sujet du litige qui oppose depuis trois ans et deux mois la ville de Chalon à la Ligue de défense judiciaire des musulmans. Selon les juges, les enfants usagers de la cantine des écoles de Chalon doivent de nouveau se voir offrir « un choix leur permettant de bénéficier d’un menu équilibré sans avoir à consommer des aliments proscrits par leurs convictions religieuses ou philosophiques ». Comme c’était le cas depuis 1984, pratique instaurée par l’ancien maire RPR, Dominique Perben.

    Le pourvoi en cassation n’empêche pas l’exécution

     de la décision

    Or depuis la rentrée, l’organisation de la cantine scolaire n’a pas connu de changement. Ainsi, jeudi 6 décembre, le plat principal et unique sera du « jambon blanc supérieur » (garniture : gratin de pommes de terre au fromage à tartiflette). Même si les juges n’ont pas prévu de pénalités de retard, le jugement de la cour d’appel de Lyon a force exécutoire, c’est-à-dire qu’il est applicable immédiatement. Un pourvoi en cassation ( comme ce que s’apprête à faire le maire de la droite dure) n’empêche pas l’exécution de la décision. Pour la faire respecter « une demande d’aide à l’exécution du jugement » peut être déposée à la cour d’appel de Lyon. Mais seulement à l’issue d’un délai de 3 mois à partir de la notification du jugement. Jusqu’au 23 janvier donc, il ne devrait pas y avoir de plat alternatif quand du porc est prévu au menu des petits Chalonnais mangeant à la cantine.

    NOTE. Sollicitée, la préfecture, fera une réponse ultérieurement.

     


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    L’écrivain franco-algérien Akli Tadjer face

    aux lycéens refusant de lire sa prose 

    © Karim Yahiaoui, France 24 | L'écrivain Akli Tadjer, en déplacement dans la Somme (nord de la France), vendredi 16 novembre 2018.

     

    L’auteur de "Porteur de cartable", Akli Tadjer, était invité dans une classe de terminale dans le nord de la France, vendredi, pour expliquer son roman, objet d’un rejet de la part d’élèves qui s’assument comme racistes.

    "J’ai pu leur dire mes convictions, ma façon de voir le monde". Vendredi 16 novembre, l’écrivain franco-algérien Akli Tadjer a rencontré les élèves de terminale du lycée Pierre Mendès-France, à Péronne, dans la Somme. Invité par le professeur de français, l’auteur a cherché à dialoguer avec les lycéens qui avaient refusé de lire des extraits d’un de ses huit romans, "Porteur de cartable", paru aux éditions Jean-Claude Lattès.

    Le dialogue s’annonçait tendu depuis que l’enseignante avait prévenu l’auteur, le 27 septembre dernier, que des élèves de sa classe avaient protesté contre la lecture de son livre, qui narre l'histoire d'une amitié entre le fils d'un combattant du Front de libération nationale (FLN) et un fils de Pieds-Noirs. La raison de ce refus ? "L’auteur n’est pas Français (j’aimerais qu’ils écrivent le français comme [lui]…), l’histoire ne concerne pas la France (ils ne savaient pas que l’Algérie avait été française) et il y a du vocabulaire en arabe… Un élève a refusé de lire pour ne pas prononcer le nom ‘Messaoud’. J’ai dû l’exclure", raconte la professeure dans un message à l'auteur.

    L’écrivain franco-algérien Akli Tadjer face aux lycéens refusant de lire sa prose

    Droit de vote l'année prochaine 

    L’affaire, relayée par Akli Tadjer lui-même, a fait grand bruit sur les réseaux sociaux, et les médias – dont France 24 – étaient nombreux à le suivre, vendredi, dans la Somme. À l'issue de sa rencontre avec les lycéens, l’auteur raconte avoir demandé aux élèves de lever la main s’ils ne s’estimaient pas racistes. La plupart des mains se sont élevées, "autrement dit, ce n’est pas une classe de néo-nazis", se rassure-t-il. Cependant, deux personnes ont bravé les regards, mains abaissées. "Non, je ne suis pas raciste. C’est politique" ont-elles argumenté. "Ça veut tout dire", a commenté l’écrivain face caméras, "sachant qu’ils auront le droit de vote l’année prochaine".

    "Je le prends comme de la provocation, ils ont 17 ans", analyse Akli Tadjer. "La provocation passe par des mots racistes aujourd’hui. Je reste optimiste, ils vont grandir, et changer de provocation", espère-t-il, avant de rappeler : "Je me suis déplacé pour expliquer que le racisme n’est pas un rêve, pas un idéal, mais un délit".

    Quand l’auteur a demandé aux élèves leurs projets d’avenir, plusieurs ont émis le souhait d’émigrer aux États-Unis. "Vous serez alors dans la peau d’un étranger !", a rétorqué Akli Tadjer. Si le paradoxe a peut-être résonné aux oreilles des lycéens, l’écrivain ne s’avoue pas vainqueur : "Ce n’est pas clos. Ce n’est pas parce que je repars du lycée que c’est fini."

    SOURCE : https://www.france24.com/fr/20181116-france-ecrivain-franco-algerien-akli-tadjer-lyceens-refus-lire-roman-porteur-cartable

    Le courrier picard écrit :

    Péronne: rencontre entre l’écrivain

     franco-algérien et les lycéens

     ou la grande réconciliation

    L’écrivain franco-algérien Akli Tadjer face aux lycéens refusant de lire sa prose

    La rencontre littéraire s’est bien tenue vendredi 16 novembre au lycée Pierre Mendès-France de Péronne, entre les élèves d’une Terminale Bac pro, même les réfractaires de septembre, et l’auteur franco-algérien Akli Tadjer.

    LES FAITS

    – Fin septembre, lors d’un cours de français d’une classe de Terminale Bac pro, plusieurs élèves, sur fond d’intolérance voire de racisme, ont refusé de lire des extraits du « Porteur de cartable ». 

    –  Des sanctions sont tombées pour sept élèves qui ont fait l’objet d’un rappel à la loi du gendarme référent et l’un d’eux passera prochainement en conseil de discipline.

    –  L’écrivain Akli Tadjer a tenu à maintenir la rencontre avec l’ensemble de la classe qui a eu lieu vendredi en début d’après-midi au lycée général et technologique Pierre Mendes-France de Péronne.

    L’écrivain franco-algérien Akli Tadjer face aux lycéens refusant de lire sa prose

    Le rejet vient souvent de l’ignorance. Et parmi ces élèves, certains ne savaient même pas que la guerre d’Algérie appartenait aussi à l’histoire contemporaine de la France. Auteur en 2002 du livre Le porteur de cartable, racontant le destin croisé de deux garçons que tout sépare pendant ce conflit colonial, l’écrivain Akli Tadjer a bien rencontré les 25 élèves, de Terminale Bac pro mécanique, tous des garçons, dans l’établissement, en présence notamment de son éditrice Isabelle Laffont, présidente des éditions Lattes, du professeure de français, de l’inspecteur pédagogique responsable de la cellule laïcité de l’académie, Jérôme Damblant et du chef d’établissement André Prudhomme. L’échange d’une heure s’est déroulé sans journaliste, ni micro, ni caméra, pour ne pas fausser la rencontre et préserver les élèves. Après la rencontre, les principaux interlocuteurs ont tenu un point presse, sous le signe de l’apaisement.

    «  C’était un moment que j’attendais. Je n’ai rien préparé et j’y suis allé avec mon cœur. Les jeunes étaient tous attentifs. J’ai d’abord raconté l’histoire de ma vie, mes parents analphabètes et la littérature qui m’a épanoui, confie Akli Tadjer. Quand j’ai demandé à la classe qui n’était pas raciste. Tous ont levé le doigt sauf deux. Je les ai trouvés finalement assez courageux. Ils ont dit qu’ils n’étaient pas racistes et que c’était politique…  ».

    «  Ce sont des jeunes qui ne lisent pas et ne voyagent pas à travers la lecture, mais seulement avec des images de télé et leur jeu vidéo. Je leur ai dit que si un jour ils vont aux États-Unis, ils seront aussi considérés comme des étrangers. D’un seul coup, ils ont réalisé quelque chose.  »

    L’échange a même abouti à un épisode « féerique ». «  À part des SMS, personne n’écrit dans cette classe. Et puis un élève a confié qu’il a écrit un livre et tout le monde l’a applaudi. Même si l’affaire était mal enclenchée, je suis venu sans a priori. Les élèves ont appris des choses sur moi et moi j’ai aussi appris d’eux  », a conclu Akli Tadjer, satisfait de s’être déplacé jusqu’à Péronne.

    «  Ce fut un moment de réparation marqué par l’authenticité des élèves à travers l’échange  », s’est félicité le responsable laïcité de l’académie Jérôme Damblant. «  Avec cette rencontre, nous espérons que nous avons planté quelques graines de doutes qui porteront leurs fruits peut-être dans 5-10 ans  », a souligné le proviseur André Prudhomme. Son établissement travaille « le vivre ensemble » depuis toujours, a-t-il insisté, ce qui n’est pas la garantie d’aucun dérapage.

    Quant à l’enseignante de français qui a toujours tenu à rester à l’écart de la polémique fort médiatisée, «  elle est soulagée et contente  », selon sa hiérarchie, que la rencontre pédagogique et littéraire est allée à son terme. L’institution n’a pas reculé.

    «  Il faut aller au contact de ces élèves qui ne sont pas forcément dans des classes littéraires  », a insisté Akli Tadjer. L’écrivain, dont le dernier romain s’intitule La vérité atteindra l’aurore, participe bien à cinquante rencontres par an en milieu scolaire, pour prêcher l’ouverture d’esprit et l’élévation des âmes par la littérature.

    SOURCE : http://www.courrier-picard.fr/149628/article/2018-11-16/peronne-rencontre-entre-lecrivain-franco-algerien-et-les-lyceens-ou-la-grande 

    Ecoutez sur France-bleu :

    L’écrivain franco-algérien Akli Tadjer 


     


     


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    TROP D’INJUSTICES
     par Patrick Apel-Muller

    Vous trouverez de tout parmi les « gilets jaunes ». Et même des patrons ou des agitateurs d’extrême droite, mais surtout des salariés, de ceux qui galèrent jusqu’à la fin du mois, se paient des vacances au rabais ou y renoncent, courent les routes pour se rendre au travail ou conduire les enfants à l’école et au sport, qui ont dû s’éloigner des villes centres pour trouver à se loger à peu près dignement, qui voient leurs salaire, APL ou retraite rognés… Comme la grande majorité des Français qui les soutiennent. Depuis dix-huit mois que gouverne un président arrogant et méprisant, ils constatent une injustice croissante avec ces ultra-riches qui ont bénéficié de la suppression de l’ISF et d’une kyrielle de cadeaux, quand eux paient l’addition, celle des carburants mais aussi des services publics qui s’étiolent, des droits sociaux qui s’affaiblissent. Cette toile de fond explique la flambée de colère. Trop d’injustices accumulées.
    Vers quoi penchera ce mouvement ? Les poujadistes de service voudraient l’enfermer dans un « ras-le-bol fiscal » qui s’accompagnerait du renoncement à des politiques publiques de progrès et à des augmentations de salaires. Le combat contre les dérèglements climatiques sera-t-il affaibli par le prétexte écologique brandi par le gouvernement pour faire payer les milieux populaires ? Pas si facile. Une réaction de classe, parfois confuse, parcourt les rangs des gilets jaunes. Elle peut prendre de la force si elle dialogue avec la gauche de transformation, rencontre des propositions alternatives, dispose de porte-voix politiques.
    « Politiques »… le mouvement s’en méfie, qui a trouvé ses relais sur la Toile ou dans des proximités du quotidien. Des déceptions au long cours l’expliquent. Sur les barrages ou les points de rassemblement, beaucoup n’ont jamais manifesté, ni même rencontré des militants depuis des années. Mais là, ils se bougent, contraignent le gouvernement à lâcher quelques miettes et forcent Emmanuel Macron à des manœuvres d’urgence sur le pont du Charles-de-Gaulle. À suivre.
     

    Patrick Apel-Muller

    Directeur de la rédaction

     de L'Humanité

     


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    A la veille de la grande manifestation dit des « gilets jaunes » un fou est à enfermer d’urgence dans un hôpital psychiatrique… Il s’appelle Ménard maire de la ville la plus pauvre de France : Béziers !!!

     

    L'affiche de Robert Ménard comparant gilets jaunes et poilus passe mal

    "Contre Macron le 17, soutenez la France des tranchées". Tel est le message que Robert Ménard a publié sur Twitter, le mercredi 14 novembre, pour appeler à la mobilisation des gilets jaunes, le samedi 17 novembre contre la hausse des prix du carburant. Deux visuels, représentant des poilus, ne manquent pas de faire réagir, ce jeudi 15 novembre.

    Une mémoire des poilus "salie"

    " Les gilets jaunes assimilés aux poilus qui sont morts pour la France, on atteint des sommets à l’extrême droite. Je ne sais même pas s'il faut en rire ou en pleurer", a déclaré de son côté le journaliste Jean Quatremer, correspondant de Libération.

    De son côté, la Ligue internationale contre le racisme et antisémitisme (LICRA) a qualifié le parallèle "indécent".

    La dernière trouvaille de @RobertMenardFR : Capter l’héritage des poilus au service du #populisme C’est indécent. Les poilus sont morts pour la France. Pas pour servir de produit de réclame électoraliste à des démagogues en campagne. #17Nov 

    Par le passé, le co-fondateur de Reporters sans frontières a déjà fait parler de lui en publiant des affiches chocs. L'une d'entre elle présentait notamment une jeune femme, attachée sur les voies alors qu'un train s'approche droit sur elle. Objectif affiché, réclamer l'arrivée du TGV dans sa ville.

    Rappelons-nous quelques affiches

     du décérébré de Béziers


     

     


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    14 – 18 : « C’est complètement idiot

     la guerre »

    14 – 18 : « C’est complètement idiot   la guerre »

     « Quand mettrez vous les sans-papiers hors de chez nous »… dit cet espèce de vétérans qui, si ça se trouve est un faux vétérans ? parce qu'on a appris qu'il y a des vermines qui se déguisaient en faux  vétérans.  Lors d'un déplacement à Verdun, Macron a salué des vétérans. L'un d'eux l’a interpelé en disant ça... La réponse présidentielle fut : « ceux qui n’ont pas de papiers et qui n'ont pas le droit d'asile, croyez-moi on va les... On va continuer le travail  ». Et freluquet 1er de continuer son itinérance mémorielle comme si de rien n’était... Puis en ce 11 novembre Manu va appeler à ne pas tomber dans « la fascination pour le repli, la violence et la domination »... Ce mec c’est thèse et antithèse à chaque instant.

    Quant à toi vieille ganache qui n’aime pas les « étrangers », je vais t’en remémorer un d’étranger sans papier : Lazare Ponticelli ça te dit quelle chose dans ta pauvre tête d’arriéré sous ton béret rouge ? C’était le dernier poilu survivant sur les 8,5 millions qui servirent de pâté à canon entre 1914 et 1918. Cet Italien de naissance, né en 1897, parti tout seul de son village natal du nord de l'Italie, à 9 ans et demi, pour fuir la misère et gagner son « paradis », la France, fit, qu’il fut un « sans papier » et vécut de petits boulots payés au black pendant des années. Arrivé à l‘âge de 17 ans, et en trichant sur son âge, il joignit la légion étrangère pour comme il le confia « « J'ai voulu défendre la France parce qu'elle m'avait donné à manger »... De ce long conflit, dont il sorti indemne, il retint une chose : « vous tirez sur des pères de famille, c'est complètement idiot la guerre ». Il y a donc bien vétérans et vétérans ! Il y a ceux qui furent embarqués dans cette boucherie et n’en tirèrent aucune gloriole, et surent qu’ils avaient bien malgré eux tués pour survivre, dans un conflit dont ils n’eurent aucun des tenants et aboutissants, car, les raisons en étaient autres que la sempiternelle : « défense de la patrie », « la défense de la liberté, de la démocratie » ou bien « faire face à l’envahisseur  » et « contrecarrer la volonté hégémonique du boche »... Ils savaient bien ces survivants de l’enfer sur terre que ces millions de morts et d’estropiés avaient souffert de tout cela pour rien... D’ailleurs la soi-disant « der des der » se répétera avec le nazisme 21 ans après par la seconde guerre mondiale. Et puis il y a eu ce vétéran à Verdun, qui très bien décrit d’ailleurs par une émigrée avec papiers, née au Maroc : Leïla Slimani. Elle dit à propos de ce militaire de carrière à la retraite : «  Ce vétéran, je le connais. Ou plutôt, je le reconnais. Cette voix amère, ce ton aigre, cette façon hautaine de cracher les syllabes lorsqu'il dit « sans-papiers »  »... Ce type de ganache décorée qui aurait pu dire il n’y a pas si longtemps des mots comme : métèques, nègros, sales youpins, bougnoules, Bridés, Viets... Quant à la réaction de Macron, elle est du niveau de ce triste personnage, car, je suis certain qu’un Chirac, un Mitterrand auraient vertement répondu au cacochyme médaillé : « ces sans-papiers » comme vous dites ne sont pas sans visage. Ils ne sont pas des figures abstraites sur qui on peut allègrement se défouler. Ils sont étudiants, nounous, chefs cuisiniers, chercheurs en sciences sociales, écrivains, gardes-malades, parents, enfants, soutiens de famille. Qui prend leur défense face au discours nauséabond ? Qui s’inquiète qu’ils soient poursuivis, méprisés dans un pays où pourtant ils s’intègrent, travaillent, aiment et tentent de survivre ? » Je viens de citer de nouveau Leïla Slimani, marocaine, avec papiers... Il ne faut pas que Benêt/Beret rouge lise, ou il va en avaler son slip kangourou à tous les coups !!!

    Leïla Slimani condamne des propos

     de Macron sur les migrants

    14 – 18 : « C’est complètement idiot   la guerre »

    La romancière franco-marocaine Leïla Slimani quitte l'Élysée après un entretien avec Emmanuel Macron, le 6 novembre 2017 / afp.com/ludovic MARIN

    À Verdun, le chef de l'État a eu un rapide échange

     avec un vétéran souhaitant expulser "les sans-papiers".

    L'échange a fait peu de bruit, hormis une diffusion par l'équipe de Quotidien. Mardi 6 novembre, lors d'un déplacement à Verdun dans le cadre de son "itinérance mémorielle", Emmanuel Macron a salué, comme souvent, plusieurs vétérans. L'un d'entre eux en a profité pour demander au chef de l'État quand il mettra "les sans-papiers hors de chez nous". "Ceux qui n'ont pas de papiers et qui n'ont pas le droit d'asile, croyez-moi on va les... On va continuer le travail", lui a répondu le président.

    Fin de l'histoire ? Visiblement non, puisque ce samedi matin, Le Monde publie une tribune réprobatrice signée par Leïla Slimani, l'auteure auréolée du prix Goncourt pour Chanson douce, nommée ambassadrice de la francophonie par Emmanuel Macron lui-même. "Ce vétéran, je le connais. Ou plutôt, je le reconnais", entame-t-elle. Et de condamner "cette voix amère, ce ton aigre, cette façon hautaine de cracher les syllabes lorsqu'il dit 'sans-papiers'". "Tous les métèques de France vous le diront, tous les Arabes, les Noirs, les sans ou avec papiers vous le confirmeront : ces propos sont de plus en plus courants."  

    "Macron aurait pu les défendre"

    Après avoir énuméré les franges de la population française de plus en plus hostiles d'après elle à l'immigration, Leïla Slimani poursuit en reprochant ce gage donné par le chef de l'État à son interlocuteur: "ceux qui peuvent vivre librement dans leur pays doivent être reconduits."  

    "Il me semble qu'Emmanuel Macron aurait pu défendre avec plus de vigueur et de froideur ceux que cet homme rêve de mettre dehors. Il aurait pu lui répondre sèchement qu'on ne parle pas ainsi des gens en les résumant au vocable 'sans-papiers'", estime la romancière, qui tacle ensuite la "pensée complexe" jadis attribuée au président par ses conseillers. "Il aurait pu lui dire, puisqu'il faut défendre la 'pensée complexe', que l'immigration est une question ô combien complexe parce qu'elle est humaine, douloureuse, existentielle." 

    Réquisitoire

    Et de poser cette question sous forme de réponse à l'engagement d'Emmanuel Macron: "Vit-on librement en Afghanistan, pays vers lequel tant de 'sans-papiers' continuent d'être expulsés, voyant leur destin basculer dans l'horreur? (...) Dans combien de pays d'Afrique vit-on aujourd'hui en homme et en femme libre ?" 

    Présentée par l'Élysée comme le "visage de la francophonie ouverte sur un monde pluriculturel" lors de sa nomination il y a presque un an jour pour jour, Leïla Slimani faisait alors partie "d'une nouvelle génération" que le président de la République voulait "faire émerger". Aujourd'hui, elle conclut sa tribune avec ce réquisitoire : "Personne ne devrait mépriser le droit légitime de chacun à rechercher le bonheur. Personne ne devrait avoir le droit de parler avec légèreté ou condescendance des exilés, des travailleurs de l'ombre, des invisibles qui n'ont peut-être pas de papiers mais qui ont des droits." 

     

    Toutes ces commémorations du centenaire de l’armistice du 11 novembre 1918, ne font que glorifier l’acte de guerre, et ainsi que la guerre est une option lorsque les nations s’opposent ; entamons des Marseillaises, et que la garde républicaine joue Sambre et Meuse. Chacun y va de son : « morts au champ d’honneur », dans chaque village des monuments « morts pour la patrie »... Pour les plus « grands » c’est étape éternité au Panthéon. Toutes ces pitreries, d’un Emmanuel Macron qui enjoint les dirigeants internationaux à « faire le serment de placer la paix plus haut que tout  »...  Alors que y’a pas plus va-t-en guerre que la mafia de l’OTAN... Et dire que presque tous gobent de telles salades... Me laisse Pontoise à pantois.

    En fait cette boucherie inutile prit sa source entre des nations aux intérêts divergents : l’Allemagne voulait une plus grosse part du gâteau colonial (1 million de km2) comparé à l’Angleterre (5 millions de km2) et la France (3,5 millions de km2). De plus, le jeu des alliances joua à plein pot : la Serbie attaquée par l’empire austro/hongrois, fit que la Russie dut venir en aide aux serbes ce qui fit que l’Allemagne alliée de l’empire centrale déclara aussi la guerre et comme la France et l’Angleterre étaient alliés aux russes... Pour faire bonne mesure l’empire ottoman se joignit à l’Allemagne et l’Italie aux français, et baboum ! c’était parti pour l’hécatombe ! En rétrécissant le tableau, il y avait de la part de la noblesse et de la grande bourgeoise industrielle une peur des « masses laborieuses », avec la montée du syndicalisme, des mouvements socialistes, anarchistes, et la révélation du marxisme/communisme. Ne pas oublier aussi, que depuis 1870 et la défaite de napoléon III contre Bismarck, et comme conséquence la perte de l’Alsace-Lorraine, ces jeunes générations avaient été élevées au biberon de l’esprit de revanche, et la reprise de ces deux provinces à l’empire allemand, surnommé l’ennemi héréditaire des français... Comme on peut le voir, la population générale n’avait absolument rien à voir dans tous ces micmacs, pourtant ce fut elle qui trinqua. « les grands se chamaillent, les petits se tabassent ». Un vétéran anglais dans un émission nous dit « pourquoi deux pays doivent ils se faire la guerre, c’est comme un meurtre ».

    Qu’aujourd’hui que nous pleurions tous ces morts, ces estropiés inutiles d’accord, mais que tout ça soit célébré par des défilés, des musiques militaires, des parades guerrières, que des vétérans plastronnent avec leurs médailles agrafées au poitrail, ce qui prouve bien que nous n’avons rien appris car, cette affreuse guerre de 14 devait être la dernière et qu’aujourd’hui, tous disparus les poilus, il y a ceux de la seconde guerre mondiale, de Corée, d’Indochine, d’Algérie, du Tchad, des Balkans, d’Irak, d’Afghanistan, du Mali, et...D’autres encore...Et d’autres à venir. Nous n’avons rien appris disais-je !!! L’histoire bégaie.

    Tout ce déballement commémoratif me donne la gerbe, surtout un Macron jouant « le président de tous les français et de toutes les époques morts au champ d’honneur pour défendre la patrie en danger », c’est se foutre de nos gueules de voir cette demie portion se prosterner devant les mausolées à la mémoire de ceux disparus bien trop tôt... Et que fait-on des pleurs de ces femmes, sans mari, sans frère, sans père ? Qu’en fait-on ? Et du 1,2 million d’orphelins de 1918, et toutes ces gueules cassées qui durent souffrir leur existence entière, de ces gazés aveugles, tubards et de tous ces hommes qui une fois revenus du front furent incapable de se réadapter à la vie civile, à la vie de famille... La génération perdue.

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    Le seul, qui au moins assume sa « fuck you attitude », sa « rien à branler attitude » c’est Trump-trompe : comme il pleuvait un peu trop à son goût, il est resté dans son hôtel avec son taupe model d’épouse au lieu d’aller se crotter les godasses dans un cimetière américain à Bois-Belleau dans l'Aisne... Les 7800 tombes pourront bien attendre le deuxième centenaire en 2118... Chez les morts, même ceux du champs d’honneur, y’a pas l’feu, on peut attendre !

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    On croit mourir pour la patrie ; on meurt pour des industriels (Michel Collon), et j’ajouterai ma touche personnelle ; on croit commémorer la paix en fait, on célèbre les guerres... Et donc, les industriels ; et Vive la consommation mémorielle ! Vive la vente d'armes même à des dictateurs et criminels de guerre... Notre  beau pays la France est devenu le 3e exportateur d'armement derrière les Etats-Unis et la Russie. Elle n'est pas belle la vie !!! De quoi vous plaignez-vous ? Allez viens faire un tour dans les Rafales vétéRance véreux... tu oublieras les sans-papiers... pour quelques temps... puis tu iras rejoindre ta fachosphère... puis un jour tu retrouveras, peut-être le "grand vétéran" Pétain...

    14 – 18 : « C’est complètement idiot   la guerre »


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    L’engagement des Algériens dans le conflit mondial de 1914-1918 dans les rangs de l’armée française a été évoqué, le 11 novembre, à Alger, par l’ambassadeur de France lors d’une rencontre pour la paix organisée à l’occasion du centenaire de l’armistice de 1918.

    À l'occasion du centenaire de l'armistice de 1918, l'ambassade de France en Algérie a tenu à marquer l'évènement en organisant, le 11 novembre, une rencontre pour la paix au lycée international Alexandre Dumas, à Alger, en la présence de plusieurs ambassadeurs et de représentants d'ambassades ainsi que deux responsables du ministère algérien des Affaires étrangères. La cérémonie a été présidée par Xavier Driencourt, l'ambassadeur de France à Alger.

    «C'est important de célébrer ici l'Armistice. Ce matin, au cimetière de Bouloghine, j'ai tenu, après avoir lu le message du président de la République [française, ndlr], à évoquer les morts algériens pour la France pendant toutes les guerres, pas uniquement de la Première guerre mondiale», a déclaré le diplomate devant la presse après avoir rappelé les dégâts de cette «terrible période de l'Histoire [de la Première Guerre mondiale, ndlr] qui coûta la vie à 18 millions de personnes, dont 8 millions de civils». 

    Malgré les deux guerres mondiales qui ont provoqué la mort de plusieurs dizaines de millions de personnes, selon l'ambassadeur de France, l'Humanité n'a pas tiré toutes les leçons nécessaires pour asseoir la paix dans le monde. «Aujourd'hui encore, des conflits majeurs nous ébranlent: je pense à la Syrie, à l'Irak, au Yémen, à la Libye, au Sahel, au Congo, au Soudan du Sud, à la Centrafrique, à l'Afghanistan, à la Birmanie, et à tant d'autres encore», a-t-il affirmé en soulignant que «la paix se construit grâce à la solidarité face aux épreuves, à l'ouverture sur le monde, à la culture, à la mixité sociale, à la prospérité économique. Il s'agit d'un travail permanent». 

    Dans ce sens, M. Driencourt a salué l'engagement de la diplomatie algérienne pour la paix, «qu'elle a notamment démontré dans le rôle majeur de médiateur qu'elle a joué dans de nombreux conflits et négociations difficiles, de l'Iran à l'Érythrée en passant par le Mali». Dans ce cadre, il a notamment souligné que les Nations unies ont institué le 16 mai Journée internationale du Vivre ensemble, grâce à une proposition de l'Algérie.

    Pour rappel, en février 1912, les autorités coloniales en Algérie avaient instauré un service militaire obligatoire, à la suite de quoi, selon l'historien français Gilbert Meynier, 175.000 Algériens ont intégré les rangs de l'armée française durant la Première Guerre mondiale, où certains furent affectés aux usines de fabrication d'armement. L'identité et le nombre des morts et des disparus algériens demeurent toujours imprécis, voire peu connus.

    SOURCE : https://fr.sputniknews.com/international/201811121038862549-armistice-premire-guerre-mondiale-celebree-en-algerie/ 

     

     


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    Hommage à Brigitte Lainé, l’infatigable conservatrice de notre mémoire

    Hommage à Brigitte Lainé, l’infatigable conservatrice

    de notre mémoire

    Le 8 novembre 2018, Brigitte Lainé était inhumée dans sa ville, Saint-Denis. Une très grande dame, courageuse, nécessaire, férue de vérité et de justice notamment sur le massacre des Algériens du 17 octobre 1961, dont il convient de rappeler l'engagement. Hommage signé de l'historienne Mathilde Larrère.

    Remontons vingt ans en arrière. Maurice Papon, haut fonctionnaire de Vichy, condamné à Bordeaux en 1998 à dix ans de réclusion criminelle pour « complicité de crimes contre l’humanité », attaque Jean-Luc Einaudi en diffamation. L’historien avait écrit dans une tribune parue dans  Le Monde le 20 mai 1998 que la répression policière perpétrée le 17 octobre 1961 à l’encontre des manifestants nord-africains constituait « un massacre » perpétré « par des forces de police agissant sous l’ordre de Maurice Papon ». Jean-Luc Einaudi avait procédé en recoupant plusieurs témoignages car les archives étant fermées, il n’avait pu y avoir accès.

    « C’était au fur et à mesure qu’on découvrait des cadavres. C’était beaucoup de repêchages dans la Seine. C’était des Algériens »

    Il fait citer Brigitte Lainé, conservatrice à la Ville de Paris, en charge des archives judiciaires. Le 11 février 1999, elle s’avance à la barre. Son témoignage est édifiant. Il va à l’encontre de la thèse du nombre officiel de disparus ce 17 octobre 1961 lors de la manifestation pacifique des Algériens contre le couvre feu raciste décrété par le préfet de Police. Cotes d’archives à l’appui, Brigitte Lainé égrène la liste des cadavres de manifestants retrouvés dans la Seine et ailleurs, évoque les procès-verbaux des commissaires. Ces derniers précisent ainsi dans quelles conditions, à quels lieux tel corps a été repêché  quelles sont les marques de violence, les blessures par balles, les crânes fracassés par les matraques (les « bidules » de la police comme on disait) ou les crosses de fusil. « C’était au fur et à mesure qu’on découvrait des cadavres, raconte Brigitte Laîné. C’était beaucoup de repêchages dans la Seine. C’était des Algériens », ajoute-t-elle. Avant de préciser : « On mettait souvent les lettres FMA pour « Français musulmans d’Algérie’ ». La conservatrice engagée dénonce aussi une politique de destruction des archives.

    Manquement au devoir de réserve et délit d’obligation

     du secret

    Ce témoignage, c’était un « acte de courage civique » pour Jean-Luc Einaudi, mais un « manquement au devoir de réserve », un « délit d’obligation du secret » selon l’administration…Pour Einaudi, pour l’histoire et la mémoire du 17 octobre 1961, le procès est un succès : Papon est débouté. La longue marche pour la reconnaissance du massacre s’ébroue doucement. Mais pour Brigitte Lainé et son collaborateur conservateur Philippe Grand, la sanction administrative tombe. Le directeur des Archives de Paris de l’époque, François Gaisnault, la prive, ainsi que son collègue des dossiers dont ils s’occupent, leur interdit tout contact avec le public, les interdit de réunions de service. Placardisés… Les pétitions de soutien d’historiennes et d’historiens se succèdent ; à la mairie de Paris, les Verts et le PC se mobilisent. En vain. Les ministres de la culture changent, les archives d’octobre 1961 sont même finalement ouvertes, une plaque doit être déposée en face de la préfecture de police en mémoire des victimes mais les archivistes, eux, restent au placard.

    2004, l’honneur retrouvé pour Brigitte Lainé

    En janvier 2001, Brigitte Lainé dépose une requête auprès du tribunal administratif de Paris qui lui donnera raison deux ans plus tard, en avril 2003, reconnaissant « le caractère d’une sanction disciplinaire déguisée » et redonnant l’honneur à Brigitte Lainé et Philippe Grand. Pourtant, ce jugement ne sera pas appliqué par le maire de Paris de l’époque, le socialiste Bertrand Delanoë. Philippe Grand partira à la retraite au mois d’avril 2004 sans avoir été rétabli dans ses fonctions. Il faudra un nouveau jugement du Tribunal administratif, le 4 mars 2004, condamnant le maire de Paris à une astreinte de 100 euros par jour en cas de non exécution de jugement pour qu’enfin, au bout de plusieurs mois, Brigitte Lainé finisse par être rétablie dans ses droits. Une justice sans la réhabilitation professionnelle puisque la conservatrice ne retrouvera jamais la totalité des fonctions dont elle avait été privée plus de cinq ans auparavant. Brigitte Lainé a pris sa retraite en 2008.

    C’est cette grande dame, passionnée par son métier, conservatrice en chef honoraire et lanceuse d’alerte pourrait-on dire aujourd’hui, amoureuse de sa ville de Saint-Denis et victime d’un acharnement de sa hiérarchie qui nous quittait le 2 novembre 2018. Après avoir oeuvré avec courage et abnégation pour la mémoire des Algériens tués le 17 octobre 1961, à nous de lui rendre hommage aujourd’hui.

    Mathilde LARRERE, historienne

    Crédit photo : LeJSD.com, portrait de Brigitte Lainé publié le 20 janvier 2012 

    SOURCE : https://www.bondyblog.fr/opinions/tribune/hommage-brigitte-laine-linfatigable-conservatrice-de-notre-memoire/


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    Marseille. « Gaudin et toute sa clique doivent démissionner »

    Marseille. « Gaudin et toute sa clique doivent

    démissionner »

    La marche blanche organisée, samedi, en hommage aux huit victimes de l’effondrement de deux immeubles a rassemblé plusieurs milliers de personnes. Entre dignité et colère, les habitants du quartier demandent désormais des comptes.

    Derrière une banderole « Noailles meurt, Marseille en deuil », la marche blanche en hommage aux victimes s’est terminée, samedi, devant une mairie de Marseille, où les drapeaux avaient enfin été mis en berne, au cri de « Gaudin démission » ! Partis de Noailles, le quartier où deux immeubles se sont effondrés lundi dernier, faisant huit morts, cinq hommes et trois femmes selon le bilan définitif, des milliers de Marseillais, 8 000 selon la police, ont arpenté le centre-ville pour exprimer leur colère et leur désarroi après le drame. Au croisement de la rue d’Aubagne, où les deux bâtiments se sont écroulés, le cortège a observé une émouvante minute de silence, suivie d’une salve d’applaudissements.

    « Aujourd’hui, on est là pour les morts, se souvenir d’eux et leur rendre hommage. Mais on ne va pas en rester là, on va demander des comptes à la mairie. Pendant que les pompiers prenaient des risques pour fouiller les décombres, les élus participaient à une soirée chocolat, ils l’ont même tweeté. C’est un mépris horrible, prévenait Nathalie, une manifestante particulièrement remontée. Gaudin et sa clique doivent démissionner, j’espère que la justice démontrera leur responsabilité. » Le maire LR a justifié son absence à la marche blanche en expliquant qu’il « ne voulait pas créer de tension ».

    404 habitants ont été relogés en urgence

    Les familles et les proches des huit victimes – dont un artiste peintre, une étudiante italienne de 25 ans, une mère de famille comorienne, un jeune Sénégalais… – avaient pris la tête de ce cortège plein de dignité et de tristesse, mais où pointaient également la colère et l’écœurement. « Je pense à mes amis Chérif et Tahar qui étaient venus dormir chez moi et qui sont morts comme presque tous mes voisins. Je venais de sortir de l’immeuble pour aller acheter des cigarettes quand tout s’est effondré », témoignait ainsi Rachid, un miraculé encore traumatisé. « L’immeuble tombait en ruine, des pierres s’en détachaient… »

    Alors que les gestes de solidarité d’associations, de commerçants et de particuliers se multiplient, de nombreux bâtiments de ce quartier central de Noailles ont été évacués par précaution dans l’attente de l’arrivée d’experts envoyés par Paris. 187 familles, soit 404 habitants, ont été relogées en urgence dans des hôtels, majoritairement dans les quartiers Nord.

    Comme un symbole de l’état de délabrement d’une partie du parc locatif marseillais, un balcon s’est effondré samedi après-midi, lors du passage de la marche blanche, sur le boulevard Garibaldi. Une grand-mère et son petit-fils de 7 ans qui regardaient passer la marche ont chuté du premier étage et une jeune fille a été atteinte par des gravats. Tous trois ont été hospitalisés et l’immeuble a été évacué par précaution.

    « On ne peut même plus marcher dans la rue dans cette ville ! » pestait André, un des nombreux riverains scandalisés. « Je connais bien le quartier, mon activité me fait visiter de nombreux immeubles et tout le monde sait que c’est dégradé et insalubre. J’ai alerté depuis des années la mairie de secteur, mais à chaque fois c’est la même réponse : ce n’est pas grave. Eh bien oui, c’est grave, mais il faut attendre des drames pour que nos élus le comprennent. » 

    Associations et habitants prévoient

     d’autres rassemblements

    « Il y a des rats dans les murs et tout est laissé à l’abandon depuis trop de temps », renchérissait un voisin. « Il faut dire au maire qu’une ville, ce n’est pas que des hôtels de luxe et des boutiques pour les touristes. »

    Le quotidien local la Marseillaise a lancé, la semaine dernière, une enquête citoyenne en partenariat avec plusieurs organisations comme Emmaüs Pointe Rouge, Droit au logement, le Donut infolab, ou encore la Confédération nationale du logement sous le #BalanceTonTaudis, pour recenser les immeubles dangereux. Une fois l’hommage aux victimes passé, les associations et les habitants de Noailles prévoient, eux, d’autres rassemblements cette semaine, cette fois pour demander des comptes à la municipalité sur sa gestion, en vingt-trois ans de mandat, de l’habitat insalubre. En 2015, un rapport remis au gouvernement par l’inspecteur général honoraire Christian Nicol faisait état de 40 000 logements indignes à Marseille hébergeant 100 000 personnes, soit 13 % du parc des résidences principales, alors que la moyenne nationale est de 6 %. À Noailles, ce chiffre atteint 48 % !

    Marc Bussone

    SOURCE : https://www.humanite.fr/marseille-gaudin-et-toute-sa-clique-doivent-demissionner-663469 

    La marche blanche et la déclaration

     du Collectif du 5 novembre Noailles

     en Colère

    Samedi 10 novembre, près de 8000 personnes, selon la police, ont défilé dans les rues de Marseille du cours Julien jusqu'au Vieux-Port devant l'Hôtel de ville lors d'une marche blanche en mémoire des victimes des effondrements d'immeubles de la rue d'Aubagne le matin du lundi 5 novembre.

    Devant l'Hôtel de ville, après un moment de colère de la foule et quelques prises de parole de proches de victimes, un porte-parole des habitants, associations et commerçants du quartier de Noailles a lu leurs revendications. Ils appellent à une marche de la colère le mercredi suivant, le 14 novembre, afin de "s'assurer que ces mesures soient mises en place et pour réclamer enfin partout dans Marseille un logement digne pour toutes et tous" et invitent "tous les quartiers, toutes les marseillaises et tous les marseillais" à les rejoindre.

    Alors qu'il ne pleuvait pourtant pas, un bout de balcon au 20 boulevard Garibaldi s'est effondré lors du passage du cortège. Bilan: 3 blessés légers.

     

    Une marche blanche au souffle de révolution

    à Marseille


    1. Une foule impressionnante de plusieurs milliers de personnes a participé samedi 10 novembre 2018 à une marche blanche en hommage aux victimes de l’écroulement de deux immeubles vétustes du centre-ville de Marseille.

    2. Vendredi soir, les corps des cinq hommes et trois femmes découverts sous les décombres de l’immeuble du 65, rue d’Aubagne, ont été identifiés.

    3. Lors du passage du cortège, un balcon s’est partiellement effondré devant le 22, boulevard Garibaldi, faisant 3 blessés légers.

    4. Plusieurs immeubles ont été évacués dans la semaine rue d'Aubagne et alentour par crainte d’un « effet domino ».

    5. Environ 360 habitants ont été relogées par la mairie. « Ils moquent de nous, ils nous envoient à l'extérieur de Marseille, dans le 15e arrondissement », dit un évacué, rencontré dans la marche blanche samedi.

    6. Imane, 28 ans, a perdu sa mère Oumoune morte dans les décombres du 65, rue d'Aubagne.

    7. Sur le Vieux-Port, Saïda, qui a perdu son cousin Chérif, éclate en sanglots.

    8. Sur le Vieux-Port, les claquements de main, qui parcourent la foule comme une vague, se propagent aux immeubles adjacents.

    9. À l'approche de la mairie, des huées montent de la foule, accompagnés de « Gaudin démission », « Gaudin assassin » et « Gaudin aux Baumettes ». « Ça ne sert à rien, il n'est pas là ! », lâche une femme à côté de moi. Sur la façade, les drapeaux sont en berne. 

    10. Après une minute de silence, un discours collectif des des habitant.e.s, associations et commerçant.e.s de Noailles réuni.e.s le 10 novembre 2018 est lu par un habitant de la rue d'Aubagne et militant de gauche. On peut le retrouver dans intégralité sur la page Facebook du Collectif du 5 novembre, Noailles en colère.

    11. « Il y a aujourd'hui des victimes, des morts à qui nous rendons hommage et, des familles de victimes avant tout à qui nous apportons toute notre solidarité et affection. Il y a aussi des centaines de personnes qui ne sont pas de simples évacués comme le dit la mairie mais des victimes indirectes, traumatisées psychologiquement.»

    12. « Nous, habitants, associations et commerçants du secteur seront extrêmement vigilants dans les jours et semaines à venir pour que ces mesures soient appliquées au plus vite. Nous refusons enfin que ce drame soit l'occasion pour la mairie ou les spéculateurs de "dégager" quiconque du quartier pour installer d'autres populations. »

    13. Une marche de la colère est prévue mercredi 14 novembre à 18 heures rue d'Aubagne afin de « nous assurer que ces mesures soient mises en place et réclament un logement digne pour toutes et tous ».

    14. À l'issue de la marche, des Marseillais se recueillent rue d'Aubagne. Plus haut, des experts perchés sur une grande échelle examinent les immeubles voisins à ceux effondrés. Certains pourraient encore être démolis.

    15. Les noms des 8 personnes mortes dans l'effondrement écrites sur un drap, devant les bougies et leurs photos, rue d'Aubagne, le 10 novembre 2018.

    16. À Noailles, un salon de coiffure le 10 novembre 2018. La vie continue, les cheveux ont toujours besoin d'être coupés.

    17. À la mairie des 1er et 7e arrondissements, la Croix-Rouge accueille tout le week-end les dons.

     

    SOURCE : https://blogs.mediapart.fr/58110/blog/101118/une-marche-blanche-au-souffle-de-revolution-marseille 

     

    Immeubles effondrés : « On n'en a pas assez fait » reconnaît Jean-Claude Gaudin

    Près d'une semaine après les effondrements de deux immeubles qui ont fait 8 morts dans la cité phocéenne, le maire de la ville reconnaît ses torts.

    Source AFP  | Le Point.fr
    Le maire de la ville n'a pas participe a la marche blanche organisee samedi 10 novembre par les familles des victimes.

    Le maire de la ville n'a pas participé à la marche blanche organisée samedi 10 novembre par les familles des victimes.

    © BORIS HORVAT / AFP

    Au lendemain de la marche blanche en mémoire des 8 morts dans les effondrements d'immeubles à MarseilleJean-Claude Gaudin (LR) s'est exprimé. « On n'en a pas assez fait » pour éradiquer l'habitat insalubre, a-t-il reconnu dimanche. Selon lui, « c'est compliqué, parce qu'on ne nous laisse pas manœuvrer, et donc il est clair que l'insalubrité existe encore ». Celui qui est aux manettes de la ville depuis 23 ans a ajouté, lors d'une conférence de presse à l'hôtel de ville, vouloir s'attacher « à faire des efforts sérieux de ce côté-là ».

    Une note confidentielle de l'agence régionale de santé révélée par Le Monde étrille le service communal d'hygiène et de santé (SCHS) de la ville de Marseille, jugeant que ses agents ont tendance à « sous-évaluer » les dysfonctionnements dans les immeubles et à « minimiser » leur impact sur la santé des habitants. Jean-Claude Gaudin, interrogé par la presse sur cette note, a assuré que la mairie allait « renforcer ce service-là ». Tout en reconnaissant les failles de la mairie sur l'habitat insalubre (menaçant la santé des occupants), le maire a estimé, concernant les immeubles en péril, que « dès que nous sommes alertés, nous prenons (...) les arrêtés de péril ». Durant la conférence de presse, le maire a une nouvelle fois écarté la possibilité d'une démission, martelant « je ne fais pas tout bien, j'en suis sûr, mais je suis là et je reste là » !


    « Ma présence [à la marche blanche], peut-être aurait pu provoquer des tensions »

    Le maire de Marseille a aussi expliqué avoir préféré ne pas participer à la marche blanche de samedi, en hommage aux 8 victimes de la rue d'Aubagne : « Ma présence, peut-être, aurait pu provoquer des tensions. » La marche blanche organisée par les familles et les proches des victimes de la rue d'Aubagne a réuni dans les rues de Marseille 8 000 personnes selon la police, « une marée humaine » selon les organisateurs.

    Tout au long de la semaine, les critiques à l'égard de la gestion de Jean-Claude Gaudin (LR), aux manettes de la ville depuis 23 ans, n'ont cessé de croître. Un rapport remis en 2015 au gouvernement faisait état de 40 000 logements indignes à Marseille, menaçant la sécurité de près de 100 000 habitants (Marseille en compte plus de 860 000 selon l'Insee). Une enquête a été ouverte et confiée à la police judiciaire pour déterminer les circonstances exactes de la catastrophe et d'éventuelles responsabilités.

     


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    Centenaire de l’Armistice marquant la fin

    du premier conflit mondial

    Les Algériens de la Grande Guerre

    ces oubliés de l’Histoire

    Centenaire de l’Armistice marquant la fin  du premier conflit mondial  Les Algériens de la Grande Guerre  ces oubliés de l’Histoire

    Il y a cent ans, la signature de l’Armistice, dans un wagon-restaurant à Compiègne (87 km au nord-est de Paris), marque la fin de la Première guerre mondiale. Une guerre meurtrière à laquelle des milliers d’Algériens ont pris part et dans laquelle des milliers laisseront leur vie. L’Armistice, signée le 11 novembre 1918 à 5h15 par les généraux allemands et les alliés, entrera en vigueur à 11h12 avec un cessez-le-feu qui signifiera la fin du premier conflit mondial.

    Soixante-douze chefs d’Etat et de gouvernement, dont le Premier ministre Ahmed Ouyahia, ont participé aux cérémonies commémoratives de la signature de l’Armistice. La Première guerre mondiale a causé plus de 18,6 millions de morts, d’invalides et de mutilés, dont 8 millions de civils. On compte environ 9 millions de morts, dont beaucoup d’Algériens qui avaient participé aux différentes batailles, dont la célèbre de Verdun. Les historiens parlent d’environ 500 000 soldats morts après la guerre des suites de blessures ou de maladies contractées pendant la guerre. Des millions de blessés. Dans cette guerre terrible, l’Algérie a fourni à la France coloniale des milliers de soldats soumis au service militaire obligatoire et, le plus souvent, envoyés au front dans des sections d’assaut. Plus de 175 000 soldats venus d’Algérie participèrent à cette guerre, 26 000 d’entre eux ne reviendront jamais. L’Histoire le retiendra, plus de 150 000 soldats algériens ont été engagés dans le premier conflit mondial et furent présents dans toutes les campagnes de guerre, de la Tunisie à l’Italie, et poursuivirent les combats en Provence, dans les Vosges et libérèrent l’Alsace.

    Durant toute la période de la guerre, ils constituaient une véritable « réserve » de soldats pour la France coloniale. Les soldats algériens, des tirailleurs, embarqués le  5 août 1914 à Alger, arrivèrent le 15 août à la frontière belge. Ils étaient remarquables pour leur bravoure et leur courage au combat, selon les historiens. Ils étaient reconnus comme des hommes qui combattaient « avec ardeur et beaucoup de bravoure ». Le professeur d’histoire contemporaine, Pierre Vermeren, a estimé, dans une interview à «Paris Match», que les soldats algériens ont été les plus valeureux, et la prise de conscience du nationalisme algérien « s’était faite dans les tranchées et les usines ». Ces soldats resteront néanmoins les oubliés de l’Histoire même si certains d’entre eux seront décorés plus tard par la France. Cette dernière a entrepris la construction de la Grande Mosquée de Paris dans les années 1920 en l’honneur des « 70 000 morts musulmans » durant cette guerre qui ne les concernait pas. Une étude sur la base de données « Mémorial Genweb » révèle que parmi les morts pour la France durant cette guerre, les prénoms Mohamed et Ben Mohammed figurent dans la liste des 50 prénoms qui ont versé le plus lourd tribut au conflit. 1 204 d’entre eux étaient nés sur le territoire algérien. 

    SOURCE : https://www.algerie360.com/centenaire-de-larmistice-marquant-la-fin-du-premier-conflit-mondial-les-algeriens-de-la-grande-guerre-ces-oublies-de-lhistoire/ 


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  • Dis, Papet, c’est quoi la Paix ?

    Combien de fois ai-je entendu certains dire

     « il faudrait une bonne guerre... »

    Bonne la guerre ? Quelle horreur !

     

    La paix mon petit, c’est l’infime espace temps

     entre deux guerres !

     

    Le choix a été fait le 11 novembre 1918 de préparer

    encore pire pour vingt ans après

    et maintenant un gaspillage gigantesque

    dans des armements de plus en plus meurtriers,

    destructeurs et ruineux, pour préparer la fin de cette

    probable erreur de la nature que nous semblons être.

     

    Je ne pense pas que nous allons vers une ère de paix

    la raréfaction des ressources va faire qu’il y aura de plus

    en plus de conflits, sans compter les réfugiés climatiques.

    L’homme est capable du pire et du meilleur en même temps

    c’est-à-dire :

    — il peut tuer des millions de ses semblables par la guerre et

    — il peut sauver des millions de ses semblables en créant des hôpitaux.

    Mais il ne sera jamais capable que du meilleur exclusivement

    c’est sa nature. 

     

     

    Dis, Papet, c’est quoi la Paix ?

    Nous voilà dans les commémorations. Celle de la plus aberrante boucherie qu'il soit. Macron et ses illustres invités vont nous faire de beaux discours. Auxquels on peut préférer les paroles d'Henri Barbusse dans « Le feu, journal d’une escouade » : 

    « Plus que les charges qui ressemblent à des revues, plus que les batailles visibles déployées comme des oriflammes, plus même que les corps à corps où l’on se démène en criant, cette guerre, c’est la fatigue épouvantable, surnaturelle, et l’eau jusqu’au ventre, et la boue et l’ordure et l’infâme saleté. C’est les faces moisies et les chairs en loques et les cadavres qui ne ressemblent même plus à des cadavres, surnageant sur la terre vorace. C’est cela, cette monotonie infinie de misères, interrompue par des drames aiguës, c’est cela, et non pas la baïonnette qui étincelle comme de l’argent, ni le chant du coq du clairon au soleil ! »  

    Pendant la grande boucherie 14-18, les profiteurs et fauteurs de guerre se la faisaient belle. Les grands boulevards de Paris affichaient une vie trépidante ; les théâtres, les brasseries, les cafés concerts, les boites de nuits étaient pleins de fêtards…

    Pendant que les Français Schneider, De Wendel et autres faisaient discrètement la bringue avec leurs homologues, rivaux et… amis allemands Krupp, Thyssen et autres fabricants de choses en aciers bien pointues, bien aiguisés, qui entrent dans les viandes, qui labourent les chairs, qui brisent les os, qui éclatent les crânes, qui arrachent les yeux, qui explosent en beaux feux d’artifices de mort, les sans-dents de la France d’en-bas s’étripaient avec ceux de l’Allemagne d’en-bas. Pour le plus grand profit des précédents.

    La droite la plus bornée, la plus avide, la plus lâche se lâchait, se goinfrait, s’engraissait, se tapissait la tripe de sauces chaudes et onctueuses pendant que les ploucs des campagnes et les manards des villes se faisaient trouer la viande. C’est cette même droite que l’on retrouvera parmi les vichystes, les patrons et les collabos en 40 pendant que les cocos, au coude à coude avec la droite républicaine gaulliste, se battaient. C’est cette même droite sans vergogne, cupide, inculte, avide, pleine de morgue, qui pavane sans vergogne en rêvant de trumpiser le pays.

     La guerre est « l’art » de faire s’entretuer des gens pauvres, qui ne se connaissent pas, au profit de gens riches qui, eux, se connaissent… Cette maxime à la véracité sans cesse renouvelée à travers les époques a été superbement illustrée par cette chanson de tonton Brassens qui par la dérision lucide marque le désespoir, la résignation mais aussi la révolte de ceux qu’on envoyait à l’abattoir pour rien, sinon transcender la connerie humaine, seule approche que l’on puisse avoir de l’infini…

    Eh oui, la guerre, ça pue le sang, la merde, la peur, la mort...

    La guerre, c'est l'ombre omniprésente de la mort. De celle qu'on donne comme de celle qu'on redoute.

    La guerre, ça sent la poudre qui excite, mais ça sent surtout la sueur aigre de la trouille, la merde du camarade qui se chie dessus, l'odeur doucereuse et écœurante du cadavre qui gonfle au soleil puis dont le ventre éclate, libérant la tripaille putride où grouillent les vers.

    La guerre, c'est le désespoir du camarade touché et qui attend des secours qui ne peuvent venir.

    La guerre, c'est l'égoïsme salvateur, primordial qui vous fait penser - lorsque votre voisin d'attaque tombe à côté de vous, haché par une rafale ou la tête explosée par une roquette – qui vous fait crier dans votre pauvre tronche : « ouf, c'est lui, c'est pas moi ! »

    La guerre, ce sont les cris de douleur du camarade touché, les hurlements et les sanglots, les aboiements somme toute rassurants de la vieille bête d'adjudant qui hurle ses ordres.

    La guerre, l'embuscade, c'est le corps qui s'efforce de se rétrécir au-delà du possible, qui voudrait s'infiltrer dans le plus petit interstice, qui voudrait se fondre dans la boue de la tranchée, la caillasse du djebel ou la vase de la rizière.

    La guerre, ce sont les ongles qui se crispent sur la terre à chaque rafale qui vous cherche, qui va vous trouver. C'est la haine de l'autre, de celui qui veut votre peau. C'est le doigt qui ne relâche plus la détente de votre fusil dérisoire.

    La guerre, c'est de la merde.

    La Paix, petit, c'est une belle garce que l'on cherche. Toujours. Mais qu'elle est belle ! Et précieuse...

     

    Pour retrouver quelques espoirs en l’homme visualisons cette vidéo : 

    Source : https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/dis-papet-c-est-quoi-la-paix-209444 

     

     


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    NI PÉTAIN, NI AUCUN !  Coup de gueule de Daniel Mermet

    « Ceux qu’ont l’pognon, c’est pour eux qu’on crève »

    NI PÉTAIN, NI AUCUN !

    Coup de gueule de daniel mermet

    NI PÉTAIN, NI AUCUN !  Coup de gueule de Daniel Mermet

    Ni Pétain, ni les autres. En honorant nos brutes galonnées, Macron ne fait que rabâcher le vieux mensonge des maitres et de leurs larbins : historiens, militaires et politiciens. Faire croire que, du poilu au maréchal, ils ont héroïquement donné leur sang pour nous autres et pour la France. Des Résistants en somme ?

    « Ils se battirent pour que la France reste la France ». Des sanglots dans la voix, Macron repeint les poilus en résistants et en héros qui seraient morts pour sauver la France. Mais la France depuis un siècle rejette ce mensonge des maitres et des brutes galonnées. Non, ils ne se sont pas sacrifiés, ils ont été sacrifiés. Le Chemin des Dames n’est pas le Vercors. Non, ils n’ont pas consenti, ils ont été contraints. Chacun en France a un grand-père qui fut un morceau de cette chair à canon. Sous ces quatre années de commémoration insipide la mémoire a fait son chemin souterrain malgré tout. Une lettre retrouvée, un nom sur du marbre, un dessin sur un carnet, un bout de soulier, des silences. Rien de glorieux dans ces silences mais des souffrances sans fond, sans nom. Un hébètement. En faire des résistants est une insulte à leur mémoire tout comme à la mémoire des résistants du Limousin ou de l’affiche rouge. Fous de peur, de poux et de pinard, la gueule arrachée dans la boue des tranchées, jamais la chair à canon n’a accepté d’être de la chair à canon. Jamais. Le poilu, ce héros, c’est la figure que l’oligarchie impose depuis un siècle, de commémorations en représentations, de films en livres scolaires, de recherches savantes en bandes dessinées. Pour Macron et son vieux monde il s’agit d’effacer ce que disait Anatole France « On croit mourir pour la patrie, on meurt pour des industriels ». Voilà pourtant bien de quoi débattre âprement aujourd’hui. 

    Cette guerre fut la matrice de la violence totalitaire mais aussi le moyen d’amputer la force ouvrière et paysanne. Le chauvinisme a servi à détruire le profond mouvement social du début du 20eme siècle. Dans les neufs premiers mois de la guerre, 500 000 petits français furent tués. Par consentement ? Pour que la France reste la France ? Oui, celle de Nivelle, de Foch, de Mangin, de Pétain, des banques et de la grande industrie, et du monde politique à leur service, c’est-à-dire le monde de Macron, le beau monde avec du sang de pauvre sur ces gants blancs, le beau monde qui porte l’entière responsabilité de ce massacre, le beau monde criminel. « Un massacre entre des gens qui ne se connaissent pas au profit des gens qui se connaissent et ne se massacrent pas » disait Paul Valéry. Est-ce là, une manière de voir a posteriori, après la bataille en somme ? Non. En 1915, depuis la prison où elle était enfermée pour incitation à la désobéissance, Rosa Luxembourg écrivait dans son journal : 

    « La guerre entre les nations est venue imposer la lutte des classes, le combat fratricide du prolétariat, massacre d’une ampleur sans précédent. Ces millions de morts, neuf sur dix sont des ouvriers et des paysans, c’est une guerre inédite, industrielle, déclenchée au nom du nationalisme mais menée pour la domination des marchés. Cette guerre ouvre en vérité la voie à la mondialisation du capital, à la conversion de toute richesse , de tout moyen de production en marchandise et en action boursière. Elle transforme les êtres en matériel humain. C’est l’avenir d’un socialisme humaniste que cette guerre est en train de détruire ». 

    Nous, nos héros, nos résistants, sont les 15 000 qui désertèrent chaque année, ce sont d’abord les mutins, les milliers de mutins qui mirent la crosse en l’air, les 3 700 qui furent condamnés, les 953 fusillés pour l’exemple, nos héros sont aussi les mutilés volontaires et tous ceux qui fredonnaient la chanson de Craonne, quitte à se faire casser les dents à coups de crosse. Oui, ceux là « se battirent pour que la France reste la France ». La nôtre. Celle de Georges Mermet, mon père. Pas un héros non plus celui-là, mais « de la viande », une de ses expressions quand il nous racontait le Chemin des Dames, la Somme, l’Italie, « On était de la viande ». Né en mai 1897, mon père, apprenti orfèvre de Belleville, mobilisé au début de 1916 fut de tous les fronts et de toutes les blessures jusqu’au bout. Éventré, brûlé, traumatisé, il n’a pas fait ça pour votre France monsieur Macron. Je ne veux pas parler à sa place, on n’ouvre pas une boutique dans un cimetière mais, en hommage à sa mémoire je veux juste évoquer ce 13 mai 1993, lors de son enterrement dans l’église de notre banlieue rouge. Discours, fleurs et recueillement, lorsque deux messieurs s’approchèrent et déployèrent un drapeau tricolore sur le cercueil. De la part de la mairie ? De la part d’une organisation d’anciens combattants ? Toujours est-il qu’aussitôt, à la demande de notre mère, l’un d’entre nous se glissa jusqu’à eux et leur demanda d’enlever immédiatement ce bout de tissu. Ce qu’ils firent aussitôt, lentement, laissant apparaître le beau bois blond du cercueil, blond comme la chevelure de Georges lorsqu’il avait vingt ans au Chemin des Dames.

    Daniel MERMET

    « On croit mourir pour la Patrie, on meurt

    pour des industriels. »

    En cette année du 100e anniversaire, les médias racontent « comment » a eu lieu la Première Guerre mondiale (dix millions de morts), mais jamais pourquoi. « Morts pour la patrie », proclament tous nos monuments officiels. Mensonge ! 14-18, c’était déjà une guerre du fric. Non seulement chez les « méchants » (Allemagne, Autriche), mais aussi chez les « gentils (France, Angleterre, Belgique…), le véritable enjeu était : quelle puissance dominera le monde et contrôlera ses richesses ?

    « La guerre est un massacre de gens qui ne se connaissent pas, au profit de gens qui se connaissent mais ne se massacrent pas. » (Paul Valéry)

    Et vous, qu’en pensez-vous ? 

     


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    En France, il faut aborder "sans regimber" l'histoire

    de la colonisation

    En France, il faut aborder "sans regimber" l'histoire de la colonisation

    Michèle Riot-Sarcey

    En France, il serait "grand temps" de rompre avec la distillation "parcimonieuse" dans les programmes scolaires en envisageant d’aborder, "sans regimber", l’histoire réelle de la colonisation, a affirmé l'historienne Michèle Riot-Sarcey. 

    "Il ne suffit pas de mentionner le fait colonial, mais de rompre définitivement ce long silence ponctué de tentatives désastreuses d’enseigner les effets positifs de la colonisation", a-t-elle souligné dans une tribune publiée jeudi soir par Libération.

    L'historienne, fondatrice en 2005 du Comité de vigilance face aux usages publics de l’histoire (CVUH), appelle à mettre au jour les "multiples faits" de résistances qui "n’ont cessé de ponctuer le temps colonial", soutenant que "rompre le silence, n’est pas l’équivalent d’un prêche pour une réconciliation des mémoires (les mémoires ne se commandent pas)".

    L'auteure du "Procès de la liberté" (La Découverte, 2016) et coordinatrice de l’ouvrage collectif "De la catastrophe" (éd. du Détour, 2018), plaide pour que les élèves reçoivent des comptes rendus d’une "conflictualité dans le temps long des insurrections et des résistances".

    "En effet, quel que soit son âge, l’élève a besoin de référence positive à laquelle il peut s’identifier", a-t-elle dit, relevant que les années de silence "ne peuvent être compensées par la reconnaissance tardive et sélective des morts sous la torture".

    Selon elle, les héritiers des victimes du massacre du 17 octobre 1961 des Algériens à Paris, "événement à propos duquel on a tant tardé à dévoiler la part maudite de la police française et donc de l’Etat", réclament "la reconnaissance d’un combat juste".

    "Comment ont-ils pu réagir aux déclarations récentes d’Emmanuel Macron sur la vérité de la mort de Maurice Audin ? Combien sont-ils encore à attendre ce dévoilement si parcimonieux ? Des milliers selon les historiens", a-t-elle expliqué, rappelant qu'avant eux, Jean-Luc Einaudi, "peu apprécié" par l’Académie, avait révélé la pratique "illégale" de l’armée française.

    "La mémoire du passé, on le sait, est moteur d’histoire, rendre accessible et visible les stigmates de celui-ci est de la responsabilité de tous pour éviter de nourrir les ressentiments", a-t-elle dit, appelant à réviser l’esprit des programmes scolaires en France. "Or, si nous voulons accorder justice à tous ceux et celles qui attendent en vain une prise en compte de leur histoire, c’est-à-dire la nôtre, il serait bon de réviser l’esprit des programmes scolaires qui relègue à la marge cette part éminemment nationale du passé", a-t-elle soutenu.

    SOURCE : http://www.aps.dz/algerie/80415-en-france-il-faut-aborder-sans-regimber-l-histoire-de-la-colonisation 

    Se référer au passé

     selon Michèle Riot-Sarcey

     

    Michèle Riot-Sarcey, professeur émérite d’histoire contemporaine de l’Université Paris 8, a codirigé avec Claudia Moatti l’ouvrage collectif "Pourquoi se référer au passé ?" (Editions de l’atelier, janvier 2018) 

    "Il faut faire une histoire globale où tous les enjeux du passé pourraient être restitués, avec le racisme, l'antisémitisme, la misogynie, montrer qu'ils ont accompagné l'histoire de l'humanité." Il faut faire une histoire globale où tous les enjeux du passé pourraient être restitués, avec le racisme, l'antisémitisme, la misogynie, montrer qu'ils ont accompagné l'histoire de l'humanité."  

    Michèle Riot-Sarcey est professeure émérite d'histoire contemporaine à l'Université Paris 8, spécialiste d'histoire politique française, elle a contribué à introduire le concept de genre en France. Elle est l'auteure, entre autre, de La Différence des sexes, et du Réel de l'utopie, et plus récemment du Procès de la liberté, une histoire souterraine du XIXème siècle en France. 

    Elle vient de diriger avec l'historienne Claudia Moatti Pourquoi se référer au passé, qui paraît aux Éditions de l'Atelier. Pour s'y référer, et comment l’interpréter. L'historienne y préconise de restituer au passé tout son potentiel critique pour nourrir nos actions, plutôt que de tenter de rejouer le passé. Il s'agit de penser l'Histoire dans un temps qui ne serait pas linéaire, mais toujours recommençant, en mouvement, en progrès 

    "Ceux qui usent du passé en maîtrisent l'instrumentalisation. Il est interprété pour légitimer une pensée commune que l'on voudrait imposer." Michèle Riot-Sarcey

    Intervenante :

    Professeure émérite d’histoire contemporaine et d’histoire du genre à l’université Paris-VIII, historienne du politique et du féminisme.

     

    SOURCE : https://www.franceculture.fr/emissions/la-grande-table-2eme-partie/se-referer-au-passe-selon-michele-riot-sarcey 

     


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    la place de pétain est dans

    le caniveau

     de l’Histoire

    Peu importe son rôle lors de la Première Guerre mondiale, sa conduite durant la seconde le disqualifie à tout jamais.

    Auschwitz Birkenau
    Camp allemand nazi de concentration et d'extermination (1940-1945) 

     

    Il est des crimes qui ne peuvent être pardonnés. Ceux du Maréchal Pétain en font partie. N'en déplaise à notre président, le «héros» de Verdun a poussé si loin l'ignominie que d'aucune manière, il ne peut prétendre figurer dans une commémoration nationale, quelle que soit sa nature. C'est là non seulement une faute morale, une sorte de compromission avec l'une des figures les plus repoussantes de l'histoire de France mais c'est surtout un crachat adressé à tous ceux qui furent victimes de ses lâches agissements.

    Peu importe le rôle joué par Pétain lors de la Première Guerre mondiale, sa conduite durant la seconde le disqualifie à tout jamais. Quand on se soumet de la sorte à l'occupant nazi, quand on devance ses demandes, quand, de son propre chef, on adopte des lois scélérates, quand, sans même en référer à l'autorité de tutelle, on dépêche ses gendarmes pour mieux cueillir, au pied levé, des familles entières de juifs, envoyés par la suite à Drancy avant de finir à Auschwitz et pour mieux déporter tziganes, francs-maçons, homosexuels et opposants politiques, quand on a sur sa conscience la mort de dizaines de milliers d'innocents qui ont disparu dans des circonstances qui sont autant d'insultes au genre humain, quand on a les mains sales d'actions en tout point contraires à la morale élémentaire, on ne peut prétendre être honoré ou célébré par les plus hautes autorités de l’État.

    Imprescriptibles, clamait avec raison Vladimir Jankélévitch quand il évoquait les crimes nazis. Imprescriptible, avons nous envie de hurler aujourd'hui quand nous songeons à ce que fut le régime de Vichy, à sa lâcheté, à ses innombrables renoncements, à cette abjection absolue représentée par les rafles, les dénonciations, les mises à mort, tout cet opéra de la souffrance dont Pétain fut le principal ordonnateur.

    Non, monsieur le président, on ne peut pas à la fois honorer la mémoire du vainqueur de Verdun et dire en même temps tout le dégoût inspiré par ses agissements plus tardifs, tant ces derniers, par leur singulière monstruosité, leur ardente inhumanité, leur immonde barbarie, anéantissent à jamais la grandeur supposée d'un pareil personnage. À eux seuls, les morts du Vel d'Hiv, tous ces enfants arrachés à leur avenir pour finir dans les camps de la mort, engloutissent dans les ténèbres les triomphes des années passées.

    L'ombre d'Auschwitz est si grande, si douloureuse, si profondément inscrite dans nos mémoires qu'elle agit à rebours, de manière rétroactive, et précipite dans les bas-fonds tous ceux qui, de près ou de loin, dans son immédiate contemporanéité ou dans ses lointaines origines, ont pu rendre son avènement possible. Le crime fut tellement hors-norme, qu'il n'a ni passé, ni avenir, ni présent. Il est le temps intemporel de l'histoire, celui qui se joue de la chronologie, des dates d'anniversaire, des saillies héroïques des époques révolues pour mieux juger les hommes à l'aune de leur forfait.

    Qui a participé à cette entreprise funèbre ne peut connaître le repos, ne peut prétendre à une certaine clémence au regard de ses actions d'avant, aussi glorieuses ou décisives furent-elles. Les morts des camps, ces morts laissés sans tombe, sans sépulture, nous y obligent. Ceux qui ne sont jamais revenus nous disent, par la lucarne de leur larmes silencieuses, non seulement de ne jamais les oublier, mais aussi de châtier, aussi longtemps que leur souvenir perdurera, les responsables de ces pareilles atrocités.

    Hier comme aujourd'hui.

    Et aujourd'hui comme demain.

    SOURCE : https://www.slate.fr/story/169575/place-petain-caniveau-histoire?utm_source=Ownpage&_ope=eyJndWlkIjoiZGJiNGZiODY1YzRhMTRkMDBjYjkyNTkyYzg1MjcxYjQifQ%3D%3D

    PÉTAIN, L'IMPOSTEUR DE VERDUN

    À 60 ans passés, ce général obscur se forge une réputation - mieux, une légende - au cours de l'une des batailles les plus sanglantes de la guerre. La République avait besoin d'un sauveur, elle s'en trouve un, au prix de quelques mensonges. 

    Pétain, vainqueur de Verdun. L'affirmation a tant de fois été répétée qu'elle est devenue une vérité. Même la déchéance et la condamnation du maréchal pour trahison, en 1945, n'ont pas réussi à ébranler cette affirmation admise par tous, sans jamais être démontrée. Un siècle après les événements, il est temps de s'interroger sur cette vulgate qui ne va pas de soi. Non, Pétain n'est pas le vainqueur de Verdun. Dans la mémoire favorable au général Pétain, construite dans l'entre-deux-guerres, le Picard apparaît comme un sauveur dès sa prise de commandement, le 25 février 1916 à minuit. Selon les souvenirs de son chef d'état-major, Bernard Serrigny, les officiers en position auraient été soulagés à l'annonce de sa nomination. Le commandant Pineau, qui fait lui aussi partie de son état-major, soutient même que la situation s'améliore immédiatement sous le coup de cette nouvelle, « comme par enchantement ». Pétain lui-même se donne le beau rôle, se prétendant prédestiné puisqu'il écrit, dans La Bataille de Verdun , qu'il étudiait déjà les cartes de la région fortifiée avant que l'on ne fasse appel à lui. « Je considérais comme extrêmement probable ma désignation sur le front de Verdun », affirme-t-il. Or, cette figure du Pétain thaumaturge qui, par sa seule présence, rassurerait les combattants et redresserait les énergies, est une légende.

    RENDONS À CASTELNAU...

    Comme Pétain le reconnaît dans sa correspondance à sa maîtresse - « Il était moins cinq » -, la situation qui se rétablit in extremis le 26 février ne doit rien à sa présence ni à ses ordres, mais au sacrifice des poilus, d'une part, et aux instructions du général de Castelnau, de l'autre. Depuis le 21 février et l'attaque d'une brutalité inouïe des Allemands sur la rive droite de la Meuse, le commandant en chef des armées françaises, Joffre, reste sur ses gardes, craignant que ce ne soit un piège, une manoeuvre destinée à ce qu'il y envoie ses réserves tandis que l'ennemi attaquera encore plus violemment ailleurs. Sous le choc, les troupes de Verdun refluent durant quatre jours. La chute de la citadelle paraît inévitable. Le 24 février, à 21 h 45, Joffre se décide à nommer Pétain à la tête de la défense de la région, mais en prévoyant l'installation de son état-major à Bar-le-Duc, bien au sud de Verdun, et en lui recommandant d'interdire le franchissement de la Meuse aux Allemands. Il semble donc avoir lui-même acté la chute prochaine de la rive droite aux mains de l'ennemi. En attendant, Pétain est convoqué au Grand Quartier Général (GQG) de Chantilly pour le 25 février à 8 heures du matin : c'est dire qu'il ne pourra pas se rendre à Verdun avant la fin de la journée. Or le temps presse.

    Le général de Castelnau, l'adjoint de Joffre, ne tient plus en place. La situation est grave et les heures sont décisives. Aussi, il fait réveiller Joffre aux alentours de 23 heures et obtient l'autorisation de se rendre à Verdun pour apprécier la situation et y prendre les décisions qui s'imposent. Dans la nuit, par téléphone, et dans la matinée du 25, à Dugny - QG du général Herr, le commandant de la région fortifiée -, Castelnau multiplie les ordres : il y fait avancer le 20e corps, arrivé en renfort, mais que l'on n'a pas laissé passer sur la rive droite car la situation paraît perdue. On lui objecte que, si jamais le corps d'armée passe la Meuse, il risque d'être pris dans la nasse. Il suffira que les Allemands bombardent les ponts pour lui interdire toute retraite et l'anéantir.

    Castelnau s'en moque et coiffe le commandement local pour pousser le 20e corps en avant. À la fin de la journée, les renforts parviennent enfin aux défenseurs de Verdun, harassés par cinq jours et quatre nuits de combat. Le 26 février, l'offensive allemande est enrayée. Sans cette intervention énergique de Castelnau, la chute de la rive droite de la Meuse - dont le commandement local comme le GQG avaient déjà fait leur deuil - était inéluctable.

    PÉTAIN A FAILLI RATER SON RENDEZ-VOUS AVEC L'HISTOIRE

    Il se sent effectivement si prédestiné à la défense de Verdun que le 24 février, à 16 heures, il quitte son cantonnement de Noailles (Oise) sans avertir son chef d'état-major de sa destination. Or, à 22 heures, un télégramme signé de Joffre annonce que la 2e armée doit se mettre en route, et convoque Pétain pour 8 heures à Chantilly ! Serrigny est catastrophé : il doit retrouver son chef au plus vite.

    Le sachant homme à femmes et connaissant ses habitudes à l'hôtel parisien Terminus, face à la gare du Nord, Serrigny s'y précipite et retrouve son général en chemise de nuit et en galante compagnie autour des trois heures du matin. Après sa rencontre avec Joffre, Pétain passe la journée du 25 sur les routes enneigées, à tenter de rejoindre Souilly (Meuse), où Castelnau l'attend. Il y parvient à 19 heures et est investi de la défense de la rive gauche... comme de la rive droite avec effet à minuit et ordre de tenir bon. Mais les ordres, et notamment la montée en ligne du 20e corps d'armée, ont déjà été donnés. Bien sûr, pour les besoins du mythe, les défenseurs de Pétain tairont le rôle fondamental de Castelnau, ou essaieront de le diminuer au maximum. « On raconte volontiers, écrit Serrigny, que le général de Castelnau a joué dans la bataille un rôle capital ; qu'il a en somme rétabli les affaires avant l'arrivée du général Pétain. Lui-même le laisse entendre. En réalité ce jour-là son action se réduisit au changement de commandement. » C'est un peu fort.

    PAS VRAIMENT CHARISMATIQUE

    Toujours est-il que ce 25 février Pétain ne rétablit pas la situation par sa seule présence. La vérité est que ce soir-là il est seul avec Serrigny, son état-major étant bloqué sur les routes de Seine-et-Marne, recouvertes par 40 centimètres de neige. Pis : dans le froid glacial de la maison du notaire de Souilly, où il a pris momentanément ses quartiers, il attrape mal et se réveille le 26 avec une toux vive, une pneumonie pour les uns, une bronchite pour d'autres. Quoi qu'il en soit, il est contraint de garder le lit, mais cache ce triste sort à ses subordonnés, en dehors de Serrigny et du général de Barescut, sur qui repose l'organisation de la défense de Verdun. On est, en tout cas, très loin de la légende de l'homme qui, par son seul charisme, redonne confiance à la troupe.

    UNE GLOIRE POLITIQUE FABRIQUÉE

     DE TOUTES PIÈCES

    Au demeurant, les soldats ignorent à peu près qui est ce général. Ce n'est qu'avec le battage médiatique autour de la bataille de Verdun que Pétain devient un personnage connu et reconnu des Français. En février 1916, sa réputation n'a rien à voir avec celle de mars. C'est d'ailleurs peut-être là une des sources du mythe associant Pétain et Verdun. Et Pétain n'est responsable de rien. S'il est flatté par la presse, qui lui tresse des lauriers de papier, la raison est purement politique. Jusqu'en 1916 en effet, Joffre veillait à ce que la presse ne vante aucun autre général que lui-même. Même Gallieni a vu son portrait censuré en 1915. La France ne devait avoir qu'un seul héros, et le gouvernement fermait les yeux parce qu'il estimait que la concurrence de popularité pouvait être un problème politique. Mais depuis l'offensive allemande à Verdun, tout change : la censure autorise les récits louangeurs, parce que la résistance acharnée de Verdun flatte l'orgueil national, mais aussi parce que la France se cherche une nouvelle étoile depuis que celle de Joffre n'illumine plus grand-chose.

    Les politiques, exaspérés par Joffre, ses échecs répétés de 1915, et sa cécité sur la situation à Verdun malgré les avertissements qu'il a pris pour des intoxications de l'ennemi, en ont assez du « grand-père » et rêvent de s'en débarrasser. À la Chambre, dans la commission de l'armée, c'est la bronca contre Chantilly et le GQG. Même chose au Sénat, où Clemenceau tire à boulets rouges sur le haut commandement. Le gouvernement ne le soutient pas plus que la corde le pendu. Et si Joffre n'est pas remercié, c'est qu'il prépare une offensive sur la Somme, qui doit être décisive. On attend donc le résultat de cette bataille franco-britannique, en se promettant de lui régler son compte en cas d'échec.

    Le rapport avec Pétain ? En autorisant les éloges sur le général chargé de la défense de Verdun, le gouvernement est tout simplement en train de préparer un successeur à Joffre dans l'opinion. À partir du moment où la bataille de Verdun devient le symbole de l'affrontement franco-allemand, les journalistes et politiques se précipitent à Souilly pour y rencontrer l'homme qui doit mener ce formidable combat. Ils y découvrent un général bourru, qui se répand en propos acrimonieux sur le GQG en général et sur le général en chef en particulier, se plaignant en permanence de n'avoir pas assez de moyens.

    Cela comble d'aise les adversaires de Joffre, qui s'en reviennent avec des munitions pour mener leur guerre de couloir. Maurice Barrès, dans L'Écho de Paris , le décrit comme une sorte de messie, parlant de « majesté naturelle » : « Il tient dans ses mains le volant des destinées françaises. » Et Joffre ? Le sénateur Henry Bérenger, adversaire du général en chef, le compare à Gallieni, le vrai vainqueur de la Marne. Pichon, dans Le Petit Journal , autre sénateur à la dent dure contre le haut commandement, vante son « esprit de décision » et la « netteté de son coup d'oeil ». Le capitaine Henry Bordeaux en rajoute au cas où le portrait ne serait pas assez reluisant : « Il force l'obéissance sans un mot, rien que par son attitude. Il prend naturellement l'ascendant sur tout ce qui l'entoure [...]. Il est créé et mis au monde pour le commandement. » Son portrait paraît en couleurs dans L'Illustration , le 11 mars, puis en noir et blanc dans Le Miroir , le lendemain, et le QG de Souilly devient le lieu à la mode. Le président Poincaré s'y rendra à six reprises en 1916. Le général Pétain sait jouer le militaire aux manières rudes, le râleur qui parle vrai, et se crée de solides amitiés politiques, à gauche comme à droite. Officiellement, il se dit horripilé par la réclame faite autour de lui, mais il s'attache en même temps les services des écrivains Henry Bordeaux et Louis Madelin, ce qui démontre un sens aigu de la publicité. Passé du grade de colonel à celui de général d'armée en seulement deux ans, Pétain se sent pousser des ailes, « il se gobe », comme écrit le général Fayolle. Le colonel Jacquand, proche de Castelnau, le voit comme un prétentieux souffrant d'une « hypertrophie du moi ».

    Il se prétend indifférent à l'opinion publique, mais il sait la capter pour entamer une épreuve de force avec Joffre afin d'obtenir plus de troupes. Son ordre du jour du 10 avril, ponctué d'un viril « On les aura », est à ce sujet un exemple achevé de communication politique. En réalité, le mot n'était pas de lui, mais de Serrigny, et Pétain avait hésité à le signer car il ne trouvait pas la formule rédigée en bon français. Il est vrai que « Nous les aurons » manquait de coffre et de puissance et, contrairement à « On les aura », n'aurait pas pu devenir un slogan national. L'ambitieux Pétain joue donc sa carte, mais celle-ci est jouée elle-même par les politiques qui préparent la relève de Joffre et portent aux nues cet inconnu pour éliminer le commandant en chef. La gloire de Pétain, qui apparaît en mars 1916, alors que la situation est toujours précaire, est donc une gloire fabriquée, politique, qui sert Pétain autant qu'elle se sert de lui. À l'époque, la manoeuvre n'est pas passée inaperçue. Joffre l'a vue venir à cent lieues, et les officiers supérieurs également : « J'ai la conviction qu'on chauffe un successeur dans la personne de Pétain », écrit ainsi le colonel Jacquand. Le soi-disant vainqueur de Verdun n'est qu'une arme dans la main des adversaires de Joffre. Une réputation, cela tient à peu de chose.

    PANIQUARD EN CHEF ?

    Avec ses demandes incessantes d'hommes et de matériel, celui que le GQG ne nomme plus que Philippe Auguste se rend naturellement insupportable à Joffre, qui, tout à la préparation de sa bataille de la Somme, voudrait que Pétain mène la bataille de Verdun à l'économie. Inquiet par la réclame faite autour de sa personne, Joffre décide de l'éloigner de Verdun en l'élevant, le 1er mai, au rang de chef du groupe des armées du centre. La défense de Verdun est alors confiée au général Nivelle, plus en phase avec la ligne de « défensive-agressive » du GQG, et qui promet de livrer bataille avec des moyens limités sans pleurnicher sans cesse auprès du gouvernement ou des parlementaires. Pétain ne s'y trompe pas : sa promotion n'est autre qu'un débarquement. Il le dit à un ministre de passage : « Voyez en moi un général relevé de son commandement. » Mais le Picard est coriace, et si Joffre s'adresse directement à Nivelle, court-circuitant Pétain, ce dernier se rend régulièrement à Souilly pour y superviser la bataille.

    Pétain ne cesse de se montrer alarmiste, prédisant les pires catastrophes. D'un tempérament pessimiste et prudent jusqu'à la pusillanimité, il crie au loup et finit par soulever les craintes des politiques qui l'ont porté aux nues. Le 31 mai, à Saleux, lors d'une rencontre avec Poincaré et le chef de l'armée anglaise, Douglas Haig, il lâche que « Verdun sera pris », ce qui suscite la colère du président français, qui parle d'une « entreprise de démolition ». Témoin de la scène, Haig confie à ses carnets que « Pétain est un homme fini ». En juin, devant le président du Conseil effaré, il dira : « Nous sommes au bout du rouleau. » Dès le 3 mars, l'homme qui était chargé de défendre la rive droite s'était employé à concevoir un plan d'évacuation sur la rive gauche. Certes, un chef doit parer à toute éventualité, mais Pétain a une fâcheuse tendance à envisager le pire. Ainsi, le 7 mai, dans une lettre à Joffre, il estime que l'armée française s'use inexorablement et qu'elle finira par avoir le dessous ! En juin, sous les coups d'attaques redoublées des Allemands, il est même atteint d'une véritable panique. Il conseille à Nivelle de replier ses canons sur la rive gauche de la Meuse ! Le 23 juin, il téléphone au GQG : « La situation est grave à Verdun ; si on ne me donne pas quelques unités fraîches, je serai obligé de repasser sur la rive gauche. » Et il propose de commencer à évacuer l'artillerie. Nivelle, alors consulté, juge la situation sérieuse mais affirme qu'il tiendra. Évidemment, dans ses souvenirs, le général devenu maréchal ne dit pas un mot de ce catastrophisme que les historiens désireux de ne pas attenter à la grande figure ont eux aussi préféré taire.

    Au fond, en tant que chef de l'armée de Verdun, Pétain n'a commandé que peu de temps, du 26 février au 30 avril 1916. Nivelle, lui, a officié du 1er mai jusqu'à la mi-décembre. Deux mois pour l'un, sept mois et demi pour l'autre. Plus encore, Robert Nivelle est le chef qui a relancé l'offensive et qui, de juillet à décembre, a repris le terrain perdu à l'ennemi de février à juin. Le 24 octobre, malgré les conseils de prudence de Pétain, une attaque menée par la division Mangin permet de reprendre le fort de Douaumont, tombé dans les premiers jours de la bataille. Dans la nuit du 2 au 3 novembre, le fort de Vaux est repris à son tour. Le 15 décembre, contre l'avis de Pétain, « affreusement restrictif » aux yeux de Mangin, Nivelle dégage définitivement la région fortifiée en repoussant les Allemands presque sur leurs bases de départ, fait 11 387 prisonniers et prend 115 canons.

    Ces nouvelles sont alors saluées par la presse avec un vif enthousiasme. Robert Nivelle est encensé. Le Petit Journal , Le Pays de France , L'Illustration , Le Rire rouge publient des portraits de ce formidable général qui a repris le terrain concédé aux Allemands. Et, à l'époque, c'est bien lui le vainqueur de Verdun ! Le 29 août, Joffre soutient cette thèse qui permet de diminuer le rayonnement de son principal rival à la tête du GQG : « Quant au sauveur de Verdun, c'est Nivelle. » Des années plus tard, dans ses Mémoires , il n'en démord pas : « Si l'histoire me reconnaît le droit de juger les généraux qui opérèrent sous mes ordres, je tiens à affirmer que le vrai sauveur de Verdun fut Nivelle, heureusement secondé par Mangin. » En décembre 1916, une nouvelle étoile brille au firmament militaire, qui rejette Pétain dans l'obscurité. Se félicitant de cette éclipse, Joffre s'adresse sans ménagement à Pétain : « Vous aurez beau faire, il en sera ainsi, vous serez le battu, Nivelle le vainqueur de Verdun ! » Cela n'est pas faux, mais Joffre ignore le discrédit qui pèsera bientôt sur la mémoire de Nivelle. L'artilleur, qui s'impose en décembre à la tête du GQG, remplaçant Joffre et coiffant Pétain, se déconsidère en effet lors de l'offensive du Chemin des Dames, en avril 1917. Remplacé par Pétain le 15 mai, Nivelle a fait tomber dans la boue de l'Aisne les lauriers de vainqueur qu'il a gagnés sur la Meuse. Pétain n'a eu qu'à se baisser pour les ramasser. La légende et la propagande feront le reste. Ces querelles de chefs à l'ego surdimensionné ne doivent cependant pas dissimuler l'essentiel : les seuls vainqueurs de Verdun, ce sont les poilus et les 163 000 tués d'une bataille de trois cents jours.

    Un évêque entretient la flamme

    En débaptisant sa place Philippe-Pétain, renommée place de la Libération en 1945, et en le rayant de la liste de ses citoyens d'honneur, la ville de Verdun a depuis longtemps tourné le dos à l'encombrant maréchal. Les pétainistes de l'ADMP (Association pour la défense de la mémoire du maréchal Pétain, fondée en 1951) continuent cependant à cultiver le souvenir. Depuis 1951, ils organisent une messe en hommage au « grand homme » tous les 10 novembre, au sein de l'ossuaire de Douaumont, et cherchent à réhabiliter le Pétain de 1940 en se dissimulant derrière celui de 1916. Jusqu'il y a peu, cette manifestation d'extrême droite passait plutôt inaperçue mais depuis quelques années l'honneur fait à l'homme de la collaboration avec Hitler ne passe plus. Déjà, des élus ont rappelé l'évêché à un peu plus de discernement. En 2014, la traditionnelle messe a été ajournée pour la première fois. Pourtant, le 21 février 2015, Mgr Gusching, évêque de Verdun, a convié l'ADMP à une célébration aux côtés d'anciens combattants. Le 10 novembre 2015, les pétainistes se font discrets, la messe étant annoncée comme une commémoration de l'armistice de 1918. En réalité, c'est bien l'homme de Montoire qui continue d'être honoré sur la terre de Verdun par une poignée de sectateurs, avec la complicité des autorités ecclésiastiques. Jusqu'à quand ? J.-Y. L. N. 

    Le poilu, seul vainqueur

    Pour se prévaloir du titre de vainqueur, il faut pouvoir se revendiquer d'une stratégie couronnée de succès. Or, comme l'écrit le meunier Pierre Roullet, qui y a combattu, « il ne fallait pas être un grand stratège pour commander à Verdun ». De fait, la défense du saillant français sur la rive droite de la Meuse consiste à faire monter au front les divisions et à les retirer quand elles sont trop éprouvées. La grande trouvaille de Pétain, c'est la mise sur pied de cette noria. Si cette rotation rapide des unités présente l'avantage de maintenir la combativité des hommes et de leur faire supporter l'insupportable parce qu'ils savent que cela ne durera pas, la noria n'a pas vraiment d'intérêt stratégique. Elle s'explique surtout par le refus de Joffre de céder ses réserves, conservées jalousement pour l'offensive de la Somme : le général en chef prête ses divisions mais veut les voir revenir ! Finalement, sur le plan stratégique, il n'y a pas vraiment de vainqueur. À part le fantassin, dont on n'a jamais ménagé le sang. J.-Y. L. N. 

    L'AVIS MITIGÉ DE CLEMENCEAU

    « [Pétain] n'a pas d'idées, il n'a pas de coeur, il est toujours sombre sur les événements, sévère sans rémission dans ses jugements sur ses camarades et sur ses subordonnés. Sa valeur militaire est loin d'être exceptionnelle, il a dans l'action une certaine timidité, un certain manque de cran. [...] C'est un administrateur plus qu'un chef. À d'autres, l'imagination et la fougue. Il est bien à sa place si, au-dessus de lui, se trouvent des hommes pour décider en cas grave. » (cité dans Pétain en vérité , de Marc Ferro, Tallandier, 2013). 

    LES HÉROS OUBLIÉS, NIVELLE ET CASTELNAU

     

    Robert Nivelle (1856-1924), reconnu par Joffre comme le vrai vainqueur de Verdun, voit son étoile pâlir lors de l'échec du Chemin des Dames en 1917, qui coûtent 350 000 hommes (morts ou blessés) et déclenchent des mutineries parmi les troupes. Quant à Édouard de Castelnau (1851-1944), premier défenseur de la ville, il pâtit auprès du gouvernement de ses convictions catholiques, qui le firent surnommer le « Capucin botté » et ne lui permirent pas de recevoir en 1918 le bâton de maréchal.

    SOURCE : https://www.historia.fr/p%C3%A9tain-limposteur-de-verdun?fbclid=IwAR1KQhOUwcAN0pIIkPoAaV1FfGr584PeeM2Uo65hBEpwDd1-vXWkGNhTTK0

     

     


    1 commentaire
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    Ce matin j’ai reçu le commentaire ci-dessous d’un internaute, inconnu pour moi, avec le pseudo 77réhabilitation66. Je remercie cet internaute car il me permet de remettre en ligne un article daté du 17 juin 2014. Et d'ajouter la commémoration de 2017. C’est sûrement la phrase du président Macron « Pétain fut un grand soldat pendant la première guerre mondiale » qui a incité cet internaute à me rappeler cet article ancien.

    Michel Dandelot 

     

    Ils refusèrent leurs voix à la dictature   de Pétain *** Le 10 juillet 2014 à Vichy  sera commémoré la mémoire des « 80 » parlementaires n’ayant pas voté les pleins pouvoirs à Pétain

    Ils refusèrent leurs voix à la dictature

     de Pétain *** Le 10 juillet 2014 à Vichy

    sera commémoré la mémoire des « 80 »

    parlementaires n’ayant pas voté

     les pleins pouvoirs à Pétain

    Ils refusèrent leurs voix à la dictature   de Pétain *** Le 10 juillet 2014 à Vichy  sera commémoré la mémoire des « 80 » parlementaires n’ayant pas voté les pleins pouvoirs à Pétain

     

    Le 10 juillet 1940, Pétain demandait au Parlement de mettre fin à la République. Bien sûr, la demande n'était pas rédigée ainsi. Le héros de 1918 — vingt-deux ans plus tôt — avait travesti sa demande. Il a sollicité du Parlement les pouvoirs constituants, afin de rédiger une nouvelle constitution qui serait approuvée par de nouvelles assemblées. En réalité, fort de ce vote, il a, le lendemain, pris tous les pouvoirs. Seuls quatre-vingts parlementaires ont voté non. Le Comité est né de la volonté de Jean Marielle pour leur rendre hommage. Plus tard, les parlementaires qui avaient quitté la France pour l'Afrique du Nord où le combat pouvait continuer, ont été associés à cet hommage. 

    Outre la cérémonie annuelle du 10 juillet à Vichy qui a désormais pris un éclat particulier depuis que le Président de l'Assemblée nationale et le Président du Sénat la président alternativement, le Comité entretient la mémoire de ces parlementaires.  

    Christophe POMMERAY 

    Secrétaire général  

    du Comité en l'honneur des quatre-vingts parlementaires 

    Ils refusèrent leurs voix à la dictature   de Pétain *** Le 10 juillet 2014 à Vichy  sera commémoré la mémoire des « 80 » parlementaires n’ayant pas voté les pleins pouvoirs à Pétain

    Belleville-sur-Allier : la stèle des 80 parlementaires qui ont voté contre les pleins pouvoirs à Pétain
     

    Cérémonie du 10 juillet 2013 

    Une journée d’hommages 

    La tradition instaurée en 2009 a été respectée : le président de l’Assemblée nationale est venu, à Vichy, rendre hommage aux parlementaires du 10 juillet 1940 dans le cadre d’une journée d’hommages et en présence de nombreuses personnalités. La journée d’hommages a commencé par un déjeuner à la sous-préfecture de Vichy où la conversation a, pour l’essentiel, porté sur l’événement historique du 10 juillet 1940 alors que quatre-vingts parlementaires s’opposèrent, par leur vote mais en vain, à la dévolution des pleins pouvoirs constituants à Pétain. Charles de Courson, député de la Marne, a évoqué son histoire familiale puisque son grand-père maternel, Léonel de Moustier, est un des quatre-vingts, souvent désigné comme « le seul député de droite » parmi eux. Gérard Charasse a quant à lui rappelé l’historique de cette commémoration, d’abord timide puis gagnant en importance avec la visite de Michel Rocard, premier ministre, en 1989. Vingt ans après, sous l’implusion du député de Vichy, s’instaurait la tradition d’une alternance de présidence de cette manifestation entre le président de l’Assemblée et celui du Sénat, tradition que Gérard Charasse a inaugurée  avec Bernard Accoyer et Gérard Larcher et que perpétue aujourd’hui l’actuel président de l’Assemblée. En sortant de la résidence de madame Balussou, sous-préfète de Vichy,  les personnalités marquaient un arrêt à la stèle présente devant l’hôtel du Parc ou un gerbe était déposée par le président de l’Assemblée avec William Athlan et Hubert Peretz, respectivement président de l’Association cultuelle israélite de Vichy et de ses environs et président du centre culturel Anne Frank. Après ce premier moment de recueillement commençait la cérémonie d’hommage aux quatre-vingts. Après des dépôts de gerbes, dont celle des députés de l’Allier, les discours se succédaient. Par la suite, le cortège se rendait à Bellerive-sur-Allier où a été inauguré un square des quatre-vingts parlementaires. La journée des membres du Comité devait se finir par l’assemblée générale de l’association tenue à la mairie de Vichy, laquelle, après avoir entendu le rapport d’étape d’Audrey Mallet, titulaire de la bourse de thèse Jean Marielle pour 2012, devait décider de reconduire cette bourse pour 2014. 

    Ils refusèrent leurs voix à la dictature   de Pétain *** Le 10 juillet 2014 à Vichy  sera commémoré la mémoire des « 80 » parlementaires n’ayant pas voté les pleins pouvoirs à Pétain

    Les quatre-vingts premiers résistants 

    Discours du 10 juillet 2013 

    Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale,
    Monsieur le Préfet,
    Monsieur le Président du Comité pour l’hommage aux 80 parlementaires,
    Mesdames Messieurs les Élus,
    Mesdames et Messieurs,
     

    C’est un grand honneur de vous recevoir, Monsieur le président de l’Assemblée Nationale, pour rendre hommage aux parlementaires qui ont eu l’immense courage de refuser de voter les pleins pouvoirs au maréchal Pétain le 10 juillet 1940.
    A cette époque, la plupart des journaux importants ont dû cesser leur publication, et ceux qui restaient, relayaient la propagande du gouvernement Pétain. Le 18 juin 1940, le Matin titrait « La France doit mettre bas les armes ». Le 1er juillet, l’éditorial du Figaro affirmait que « Dans la France blessée, des forces se raniment, qui sont celles mêmes auxquelles le maréchal Pétain fait appel ». Cette reprise en main des médias a permis aux nostalgiques de l’Ancien régime, comme aux partisans de l’Ordre nouveau, de dénoncer le "relâchement des années trente" et d’appeler au "redressement national" au prix d’une soumission aux régimes totalitaires, d’une négation des valeurs de la République.
     

    Ce contexte nous permet de mesurer combien héroïque fut cet acte de résistance. Ils ont dit non à l’inacceptable, refusé la lâcheté et la soumission, et n’ont répondu qu’au seul appel de leur conscience. Et nous savons qu’ils ont payé cher, parfois de leur vie, la défense d’un idéal républicain, démocratique, d’une certaine idée de la France.
    Exemplaires et clairvoyants ces parlementaires ont affirmé leur défiance envers un pouvoir autoritaire qui enterrait la représentation nationale, piétinait les droits des citoyens français et les droits de l’homme les plus élémentaires.
    C’est l’honneur du parlement que ces quatre-vingts parlementaires ont brandi haut et fort, et au-delà, l’honneur de notre pays.
    C’est cet héritage que nous avons le devoir de préserver.
     

    Aujourd’hui un fossé s’est creusé entre la représentation nationale et nos concitoyens, fossé qui dénote une défiance de la population envers ceux qui la représentent.
    Le contrat social qui repose sur un accord implicite, « les gouvernés d’un jour doivent être les gouvernants de demain », semble lointain.
     

    Préserver cet héritage , c’est avant tout, pour nous élus, combler cette fracture.
    C’est créer ou recréer un lien de confiance avec nos concitoyens.
    C’est protéger tous les lieux d’exercice de pouvoirs locaux, au plus proche des habitants.
     

    Préserver cet héritage, C’est développer les droits des citoyens, leur permettre de contrôler les décisions prises en leur nom.
    C’est aussi résister aux puissants lobbies industriels, économiques ou financiers et mettre le bien commun au cœur de notre action.
     

    La démocratie rénovée ne peut grandir que dans une République exemplaire et c’est ce à quoi nous devons nous attacher tous ensemble sous votre Présidence, Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale et sous celle de Jean-Pierre BEL, Président du Sénat. 

    Je vous remercie. 

    Mireille SCHURCH 

    Sénatrice de l’Allier 

    Ils refusèrent leurs voix à la dictature   de Pétain *** Le 10 juillet 2014 à Vichy  sera commémoré la mémoire des « 80 » parlementaires n’ayant pas voté les pleins pouvoirs à Pétain

    Voici le discours prononcé ce même jour par le Président de Vichy Val d’Allier, Jean-Michel GUERRE lors de l’inauguration du square des 80 parlementaires à Bellerive-sur-Allier : 

    Monsieur le président de l’Assemblée nationale, Mesdames, Messieurs les parlementaires et élus d’Auvergne, Mesdames, Messieurs les représentants du Comité des 80 et Mesdames, Messieurs les présidents d’associations, Chers concitoyens, chers amis, 

    Il y a soixante- treize ans, la Troisième République vivait ses derniers instants. Dix-huit jours après un armistice honteux mis en scène à Rethondes par le maître absolu de l’Allemagne nazie, notre démocratie était jetée aux orties par une très large majorité de ceux qui avaient été élus pour la servir et la défendre ! 

    En votant dans un incroyable chaos, parfois même sans s’en rendre compte, les pleins pouvoirs au Maréchal Pétain, 569 députés et sénateurs signaient le plus sanglant des chèques en blanc à celui qui, durant quatre longues années, serait le serviteur servile et zélé de l’Occupant, allant au-delà même de ses attentes pour piétiner les valeurs fondamentales de notre République. 

    Ils n’étaient que quatre-vingts en ce 10 juillet 1940 à dire non à ces pleins pouvoirs donnés à un seul homme. Et parmi ces quatre-vingt, Marx Dormoy, Eugène Jardon et Isidore Thivrier, parlementaires de l’Allier, décidément terre républicaine. 

    Ils n’étaient que quatre-vingts à ne pas se résigner, à croire en une autre voie pour sortir de la débâcle dans laquelle la France s’enfonçait. 

    Ils n’étaient que quatre-vingts à rejoindre dans le même courant de pensée les de Gaulle à Londres, Jean Moulin, Pierre Mendès-France, Jean Zay et Alexis Wiltzer à bord du Massilia - parmi d’autres dans ce qui allait devenir la Résistance avec un grand R. Les armes remplaceraient les idées et les mots dans le vide d’une institution privée de son expression démocratique. 

    Oui, c’est dans l’enceinte de l’opéra de Vichy – ville qui n’avait pas choisi d’accueillir ce gouvernement et qui en porte encore injustement les stigmates - que s’est jouée l’une des tragédies les plus sombres de notre histoire contemporaine. 

    Merci au « Comité des 80 » de perpétuer chaque année la mémoire de ces hommes qui connaîtraient pour beaucoup par la suite la torture, la prison, la mort… 

    Ils doivent continuer d’être pour nous tous des exemples, des consciences. Ils doivent nous guider dans la vigilance impérative qui doit être la nôtre face à toute dérive constitutionnelle. Une petite poignée de voix peut suffire à détourner un texte de son essence démocratique ! 

    Car oui, la République est fragile ! Avant ce 10 juillet 1940, elle avait succombé au coup d’État du 2 décembre 1851 orchestré par le futur Napoléon III. Après, elle a vacillé encore dans le tourment de la Guerre d’Algérie. Attention : les tentatives totalitaires ne meurent pas ! Elles sont d’autant plus perfides quand elles sont suscitées par la voie parlementaire elle-même… 

    Le 10 juillet 1990, à l’occasion du cinquantenaire du vote des pleins pouvoirs au Maréchal Pétain, le gouvernement avait délégué Jean Poperen, alors Ministre chargé des relations avec le Parlement. Vous me permettrez aujourd’hui de le citer : « L’institution parlementaire, comme la liberté elle-même, dont elle est un des moyens d’expression, nous en avons mesuré le prix quand nous l’avions perdue. C’est pourquoi, ceux qui ont une responsabilité politique nationale – gouvernement, parlementaires – doivent avoir à cœur de la préserver de ses propres défauts, c’est à dire les leurs ! ». 

    Voilà bien le délicat et périlleux exercice d’une République dont les serviteurs se doivent d’être irréprochables. 

    Il y a un peu plus de vingt ans, Jean Poperen poursuivait : « Honneur pour la République, dont cette terrible journée (le 10 juillet 1940) nous rappelle que ses ennemis ne désarment jamais et qu’il nous faut toujours la défendre. Car c’est bien d’elle qu’il s’agissait : il fallait que la guerre soit perdue pour que la République fût abattue. « Étrangler la gueuse !, disaient certains ». D’autant plus étranglée la République que les lois du printemps 36 avaient donné chair au vieux rêve du 19ème siècle : la « République Sociale » ! Ce nouveau « printemps des peuples », certains chez les puissants de la Société, ne l’avaient pas pardonné ! ». 

    Combien de règlements iniques, combien de mesures discriminatoires, combien d’abandons et de trahisons aux fondements de notre nation auront-ils lieu du 10 juillet 1940 jusqu’au Gouvernement provisoire de la France de 1944 ? 

    Dès l’obtention des pleins pouvoirs, Philippe Pétain et ses ministres allaient transformer la France, jadis terre d’asile, en un pays infréquentable pour toutes les diversités qui en avaient fait sa richesse. 

    Dès le 15 juillet, c’est une loi relative à la procédure de déchéance de la qualité de Français. Le 17 juillet, les citoyens français nés de père étranger n’ont désormais plus le droit d’exercer un emploi dans l’administration. Le 22 juillet, c’est une loi portant sur la révision des naturalisations qui est promulguée. 

    Le 27 juillet, c’est la création d’une Commission chargée de réviser les naturalisations effectuées après 1927. Le 13 août, une loi dissout les « sociétés secrètes », les obédiences maçonniques étant les premières visées. Le 27 août 1940, la loi Marchandeau réprimant la diffamation raciale est abrogée. 

    Le 27 septembre, une loi relative à la « situation des étrangers en surnombre dans l’économie française » est promulguée. Rapidement, dès lors, en zone non occupée, plus de 40 000 travailleurs étrangers sont regroupés dans des camps de travail forcé, sous la surveillance des gendarmes. 

    Le 3 octobre, c’est la promulgation de la première loi portant statut des Juifs de France, suivie, le 4 octobre, d’une loi complémentaire sur les ressortissants étrangers de « race juive ». Le 7 octobre, le gouvernement abroge le décret Crémieux du 24 octobre 1870, qui attribuait la nationalité française aux juifs d’Algérie, lesquels sont désormais réduits au statut de l’indigénat. Ce premier trimestre d’activité du pouvoir était bien rempli ! 

    Le pire était à venir… 

    A Bellerive ce jour, honorés et fiers de la présence de Claude Bartolone, président de l’Assemblée nationale, pour leur rendre avec vous cet hommage, les « 80 » trouvent sur cette rive de l’Allier un square à leur mémoire.
    Un lieu soulignant leur courage, prolongeant aux regards d’aujourd’hui leur insoumission à toutes les formes de barbaries.
    La paix peut régner là où les droits sont respectés, là où les peuples sont nourris, là ou individus et nations sont libres.
    Les 80 ont résisté, regardé différemment, souvent sans complaisance malgré l’intensité de leur souffrance ou de leur solitude.
    Car tous ont voulu l’amélioration de la condition des autres avant de se soucier de la leur.
    Éveillés à la liberté.
    L’esprit de la République est là.
    Ils en sont l’exemple, ils sont nos exemples.
     

    Je vous remercie. 

    Jean-Michel GUERRE 

    Ils refusèrent leurs voix à la dictature   de Pétain *** Le 10 juillet 2014 à Vichy  sera commémoré la mémoire des « 80 » parlementaires n’ayant pas voté les pleins pouvoirs à Pétain

    Ils refusèrent leurs voix à la dictature   de Pétain *** Le 10 juillet 2014 à Vichy  sera commémoré la mémoire des « 80 » parlementaires n’ayant pas voté les pleins pouvoirs à Pétain

    Ils refusèrent leurs voix à la dictature   de Pétain *** Le 10 juillet 2014 à Vichy  sera commémoré la mémoire des « 80 » parlementaires n’ayant pas voté les pleins pouvoirs à Pétain

    Ils refusèrent leurs voix à la dictature   de Pétain *** Le 10 juillet 2014 à Vichy  sera commémoré la mémoire des « 80 » parlementaires n’ayant pas voté les pleins pouvoirs à Pétain

     

    C’était en 2017

    Hommage à Vichy (03)

     aux 80 parlementaires qui dirent non

     à Pétain le 10 juillet 1940

    Ils refusèrent leurs voix à la dictature   de Pétain *** Le 10 juillet 2014 à Vichy  sera commémoré la mémoire des « 80 » parlementaires n’ayant pas voté les pleins pouvoirs à Pétain

    Un hommage aux 80 parlementaires qui refusèrent de voter les pleins pouvoirs au maréchal Pétain a eu lieu ce 10 juillet devant l'opéra de Vichy. / © Claude Fallas

    Le 10 juillet 1940 lors de la Seconde Guerre mondiale, la quasi-majorité des parlementaires donnaient les pleins pouvoirs au maréchal Pétain. Sauf 80 qui ont voté non. Une cérémonie s’est tenue devant l’opéra de Vichy dans l’Allier pour leur rendre hommage. 

    Le 10 juillet 1940, le maréchal Philippe Petain demandait aux parlementaires de lui donner les pleins pouvoirs. Après la débâcle française face à l’armée allemande, les députés et sénateurs de l’époque se réunissent pour voter cette mesure. La quasi-majorité accepte, sauf 80 parlementaires qui votent non. 

     

    Ils refusèrent leurs voix à la dictature   de Pétain *** Le 10 juillet 2014 à Vichy  sera commémoré la mémoire des « 80 » parlementaires n’ayant pas voté les pleins pouvoirs à Pétain

    Chaque année, une cérémonie rend hommage à ces parlementaires qui osèrent s’opposer au maréchal Pétain. L’hommage s’est déroulé ce 10 juillet à 11h30 devant l’opéra de Vichy, lieu symbolique puisque c’est à cet endroit que le Congrès avait  voté il y a 77 ans. La cérémonie était organisée par la ville de Vichy et « le Comité en l’honneur des 80 parlementaires » qui est présidée par le cussétois Joseph Bléthon. 

    Ils refusèrent leurs voix à la dictature   de Pétain *** Le 10 juillet 2014 à Vichy  sera commémoré la mémoire des « 80 » parlementaires n’ayant pas voté les pleins pouvoirs à Pétain

    Un hommage aux 80 parlementaires qui s'opposèrent au maréchal Pétain pendant la Seconde Guerre mondiale a lieu chaque année à Vichy. / © Claude Fallas

    4 Auvergnats parmi les 80 parlementaires 

    Parmi les 80 parlementaires à avoir dit non au maréchal Pétain en 1940, 4 étaient auvergnats. Isidore Thivrier (maire de Commentry et député socialiste de l’Allier), Marx Dormoy (maire de Montluçon et sénateur socialiste de l’Allier), Eugène Jardin (maire de Domérat, Allier) et enfin Maurice Montel (député du Cantal et maire de Ruynes-en-Margeride).

    Deux d’entre eux connurent une fin tragique. Marx Dormoy, le sénateur de l’Allier fut révoqué en septembre 1940 puis interné. Il fut assassiné le 26 juillet 1941, un attentat souvent attribué à La Cagoule, un mouvement d’extrême-droite de l’époque. Quant à Isidore Thivrier, il décéda en mai 1944 dans le camp de concentration de Natzwiller-Struthol en Alsace.

    Le dernier survivant des 80 parlementaires qui votèrent non, est le député du Cantal, Maurice Montel. Il fut inhumé en 1996 à Ruynes-en-Margeride. Philippe Seguin, alors Président de l’Assemblée nationale fut présent à ses obsèques.
     

    Ils refusèrent leurs voix à la dictature   de Pétain *** Le 10 juillet 2014 à Vichy  sera commémoré la mémoire des « 80 » parlementaires n’ayant pas voté les pleins pouvoirs à Pétain

    L'hommage a était organisé par la mairie de Vichy et le "comité en l'honneur des 80 parlementaires" devant l'opéra, lieu où le congrès avait effectué le vote il y a 77 ans. / © Claude Fallas 

     

    Les intervenants dans LA VIDEO, CI-DESsous

    Vichy : hommage aux 80 parlementaires qui refusèrent de voter les pleins pouvoirs à Pétain le 10 juillet 1940
    Un hommage a été rendu aux 80 parlementaires qui refusèrent de donner les pleins pouvoirs au maréchal Pétain le 10 juillet 1940 à Vichy, dans l'Allier. Intervenants : Joseph Blethon (président du Comité en l'honneur des 80), Catherine Martin-Zay (Fille de Jean Zay) et Christophe Pommeray (Secrétaire du Comité en l'honneur des 80).  
    - Claude Fallas et Hélène Goutany. Montage de Benoît Coutine. 

    SOURCE : https://france3-regions.francetvinfo.fr/auvergne-rhone-alpes/allier/vichy/hommage-vichy-03-aux-80-parlementaires-qui-dirent-non-petain-10-juillet-1940-1295361.html 

     

    Ils refusèrent leurs voix à la dictature   de Pétain *** Le 10 juillet 2014 à Vichy  sera commémoré la mémoire des « 80 » parlementaires n’ayant pas voté les pleins pouvoirs à Pétain

    Liste détaillée des 80 parlementaires ayant voté « Contre »

     

     ChambreDépartementParti ou groupe parlementaire
    Marcel-François Astier Sénat Ardèche Gauche démocratique
    Jean-Fernand Audeguil Chambre des députés Gironde SFIO
    Vincent Auriol Chambre des députés Haute-Garonne SFIO
    Alexandre Bachelet Sénat Seine SFIO
    Vincent Badie Chambre des députés Hérault Parti radical
    Camille Bedin Chambre des députés Dordogne SFIO
    Émile Bender Sénat Rhône Gauche démocratique
    Jean Biondi Chambre des députés Oise SFIO
    Léon Blum Chambre des députés Aude SFIO
    Laurent Bonnevay Chambre des députés Rhône ARGRI
    Paul Boulet Chambre des députés Hérault Gauche indépendante
    Georges Bruguier Sénat Gard SFIO
    Séraphin Buisset Chambre des députés Isère SFIO
    Gaston Cabannes Chambre des députés Gironde SFIO
    François Camel Chambre des députés Ariège SFIO
    Pierre de Chambrun Sénat Lozère PDP
    Auguste Champetier de Ribes Sénat Basses-Pyrénées PDP
    Pierre Chaumié Sénat Lot-et-Garonne Gauche démocratique
    Arthur Chaussy Chambre des députés Seine-et-Marne SFIO
    Joseph Collomp Chambre des députés Var SFIO
    Octave Crutel Chambre des députés Seine-Inférieure Parti radical
    Achille Daroux Chambre des députés Vendée Parti radical
    Maurice Delom-Sorbé Chambre des députés Basses-Pyrénées GDRI
    Joseph Depierre Sénat Rhône SFIO
    Marx Dormoy Sénat Allier SFIO
    Alfred Elmiger Chambre des députés Rhône Gauche indépendante
    Paul Fleurot Sénat Seine Gauche démocratique
    Émile Fouchard Chambre des députés Seine-et-Marne UPF
    Édouard Froment Chambre des députés Ardèche SFIO
    Paul Giacobbi Sénat Corse Gauche démocratique
    Justin Godart Sénat Rhône Gauche démocratique
    Félix Gouin Chambre des députés Bouches-du-Rhône SFIO
    Henri Gout Chambre des députés Aude Parti radical
    Louis Gros Sénat Vaucluse SFIO
    Amédée Guy Chambre des députés Haute-Savoie SFIO
    Jean Hennessy Chambre des députés Alpes-Maritimes Gauche indépendante
    Lucien Hussel Chambre des députés Isère SFIO
    André Isoré Chambre des députés Pas-de-Calais Parti radical
    Eugène Jardon Chambre des députés Allier UPF
    Jean-Alexis Jaubert Chambre des députés Corrèze Parti radical
    Claude Jordery Chambre des députés Rhône SFIO
    François Labrousse Sénat Corrèze Gauche démocratique
    Albert Le Bail Chambre des députés Finistère Parti radical
    Joseph Lecacheux Chambre des députés Manche ARGRI
    Victor Le Gorgeu Sénat Finistère Gauche démocratique
    Justin Luquot Chambre des députés Gironde SFIO
    Augustin Malroux Chambre des députés Tarn SFIO
    Gaston Manent Chambre des députés Hautes-Pyrénées Parti radical
    Alfred Margaine Chambre des députés Marne Parti radical
    Léon Martin Chambre des députés Isère SFIO
    Robert Mauger Chambre des députés Loir-et-Cher SFIO
    Jean Mendiondou Chambre des députés Basses-Pyrénées Parti radical
    Jules Moch Chambre des députés Hérault SFIO
    Maurice Montel Chambre des députés Cantal Gauche indépendante
    Léonel de Moustier Chambre des députés Doubs RIAS
    Marius Moutet Chambre des députés Drôme SFIO
    René Nicod Chambre des députés Ain UPF
    Louis Noguères Chambre des députés Pyrénées-Orientales SFIO
    Jean Odin Sénat Gironde Gauche démocratique
    Joseph Paul-Boncour Sénat Loir-et-Cher USR
    Jean Perrot Chambre des députés Finistère Parti radical
    Georges Pézières Sénat Pyrénées-Orientales SFIO
    André Philip Chambre des députés Rhône SFIO
    Marcel Plaisant Sénat Cher Gauche démocratique
    François Tanguy-Prigent Chambre des députés Finistère SFIO
    Paul Ramadier Chambre des députés Aveyron USR
    Joseph-Paul Rambaud Sénat Ariège Gauche démocratique
    René Renoult Sénat Var Gauche démocratique
    Léon Roche Chambre des députés Haute-Vienne SFIO
    Camille Rolland Sénat Rhône Gauche démocratique
    Jean-Louis Rolland Chambre des députés Finistère SFIO
    Joseph Rous Chambre des députés Pyrénées-Orientales SFIO
    Jean-Emmanuel Roy Chambre des députés Gironde Parti radical
    Henry Sénès Sénat Var SFIO
    Philippe Serre Chambre des députés Meurthe-et-Moselle Gauche indépendante
    Paul Simon Chambre des députés Finistère PDP
    Gaston Thiébaut Chambre des députés Meuse Parti radical
    Isidore Thivrier Chambre des députés Allier SFIO
    Pierre Trémintin Chambre des députés Finistère PDP
    Michel Zunino Chambre des députés Var SFIO

     


     


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    Audin et en même temps Pétain ?

    Audin et en même temps Pétain ?

    Dimanche prochain, à 11h précises, toutes les mémoires, la mémoire française comme celles de tant de nations belligérantes, entendront résonner l’écho des cloches et des clairons qui sonnèrent il y a cent ans la fin des combats de la Première Guerre mondiale.

    Le 11 novembre n’est pas un jour de victoire, ni même de paix. Le 11 novembre est un jour de deuil en France et dans le monde. Le deuil de plusieurs millions de morts, de blessés et d’invalides.

    Dans la mémoire de notre pays, c’est le plus grand deuil que nous ayons eu à porter car cette guerre a marqué, et marque encore, de sa trace indélébile chaque commune, chaque famille. Cette journée singulière appelle donc au recueillement et au respect des morts.

    En aucun cas, il ne doit être troublé par le bruit médiatique d’un Président de la République qui mêle confusément cérémonies patriotiques et visées électoralistes à travers un périple dans des territoires oubliés par la politique du gouvernement depuis deux ans. Les morts pour la France, leurs familles et l’ensemble des Françaises et des Français n’ont pas besoin de gesticulations et de petites phrases d’un Président de la République qui vagabondent sur les routes de France, fussent-elles celles du front occidental de la Grande Guerre.

    En cette veille de 11 novembre, les morts de la Première Guerre mondiale méritent que le devoir de mémoire qui leur est dû ne serve pas « en même temps » à faire autre chose. Aujourd’hui, alors que cette itinérance s’achève que va-t-il en rester ? Quel message le chef de l’État a-t-il voulu faire passer? Celui d’honorer Pétain et les maréchaux ?

    A l’approche du 11 novembre 2018, je me questionne sur le sens de l’action du Président de la République sur les questions mémorielles.

    Pourquoi avoir voulu programmer et assister à une cérémonie en hommage aux huit maréchaux de la Grande Guerre à l’Hôtel national des Invalides le 11 novembre au matin ? Quelle nécessité y a-t-il pour un Président de la Vème République de vouloir rendre légitime un hommage républicain à celui des huit qui, il n’y a même pas 80 ans, a mis à bas cette même République pour imposer aux Français un régime autoritaire, fasciste et antisémite ?

    Monsieur le Président de la République, vous avez ainsi, par cette seule volonté, effacé d’un geste cinq ans de paix des mémoires, cinq ans d’hommage à tous les combattants, cinq ans pendant lesquels la mémoire d’un tirailleur sénégalais, d’un soldat bavarois ou d’un capitaine de Saint-Cyr étaient à égalité. Vous revenez à la France de la Chambre bleu-horizon de l’après-guerre, au culte des maréchaux de l’entre-deux-guerres dont l’histoire nous a appris à quoi il avait mené.

    Monsieur le Président de la République, j’aurai aimé que vous suiviez l’exemple de vos prédécesseurs sur cette question. Vous dénonciez récemment le climat actuel en Europe en faisant un parallèle avec la situation des années 1930. Pourquoi alors organiser, légitimer, dans le Dôme des Invalides, une cérémonie dans laquelle sera glorifié le Maréchal Pétain, le général vainqueur de Verdun certes, mais surtout l’homme de la Collaboration, des lois antisémites, l’homme de la Rafle du Vél’ d’Hiv ?

    Monsieur le Président, l’Histoire ne s’est pas arrêtée le 11 novembre 1918. S’il appartient aux historiens de l’écrire, les mémoires sont quant à elles notre bien collectif et elles ne peuvent être oubliées. Après 1918, il y a eu le 10 juillet 1940 et quatre sombres années qu’aucun passé, fusse-t-il considéré comme glorieux, ne saurait effacer. La République ne peut pas honorer quelqu’un qui a agi contre la République.

    Nous savons désormais que dans votre « en même temps » mémoriel, Monsieur le Président de la République, Maurice Audin vaut bien Philippe Pétain.

    SOURCE : https://blogs.mediapart.fr/edition/les-invites-de-mediapart/article/081118/audin-et-en-meme-temps-petain 

     

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    "Aucun hommage ne sera rendu  à Pétain" :  Griveaux tente de clore  la polémique   et confesse un manque de clarté

    "Aucun hommage ne sera rendu

    à Pétain" :

    Griveaux tente de clore

    la polémique

     et confesse un manque de clarté 



     

    "Hommage" au maréchal Pétain :

     Alexis Corbière dénonce "l'errance

    mémorielle" d'Emmanuel Macron

     

    Invité de la matinale d'Europe 1, jeudi, le député La France insoumise Alexis Corbière a critiqué les propos d'Emmanuel Macron à propos du maréchal Pétain, tenus mercredi.

    Pour Alexis Corbière, Emmanuel Macron "ne maîtrise pas bien ce qui est en train d'avoir lieu" avec ses propos polémiques sur le maréchal Pétain, qu'il a qualifié mercredi de "grand soldat" de la Première Guerre mondiale. "Il fait un parcours mémoriel qui ne peut pas être une errance", a dénoncé le député La France insoumise sur Europe 1, jeudi, à propos de la semaine de commémorations auxquelles participent le chef de l'État.

    "Pas légitime" que la République lui rende hommage. "Si ça commence par là, en nous expliquant qu'il est légitime que la République rende hommage à celui qui va tuer la République pendant quatre ans, qui va mettre en place une législation antisémite (…), cet homme, il n'est pas légitime que la République lui rende hommage", s'est emporté celui qui est également professeur d'histoire. "Sa parole doit rester forte et compréhensible", a-t-il poursuivi au micro d'Audrey Crespo-Mara.

    Une comparaison malvenue avec les propos de de Gaulle. "Il n'a pas à nous expliquer dans l'Histoire quel était le rôle du maréchal Pétain. (…) La parole du président de la République doit avoir une portée symbolique particulière", a-t-il ensuite développé, replaçant les propos du général de Gaulle, qui affirmait en 1966 que "la gloire qu'il acquit à Verdun (…) ne saurait être contestée ou méconnue par la patrie", dans un contexte où "il fallait réintégrer cette mémoire-là dans l'histoire nationale". "Là, on est 100 ans plus tard et je ne crois pas qu'il y ait un enjeu à parler aux pétainistes français", a-t-il estimé.

     

    SOURCE : http://www.europe1.fr/politique/hommage-au-marechal-petain-alexis-corbiere-denonce-lerrance-memorielle-demmanuel-macron-3796031#xtor=EPR-202-[Quotidienne]-20181108&lacid=europe1_656877

     


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    Puisque Macron voulais célébrer Pétain, avant un second rétropédalage de l’Elysée, mais nous avons enregistré sa honteuse intention et nous  rendons hommage à Jaurès

    Puisque Macron voulait célébrer Pétain, avant un second rétropédalage de l’Elysée, mais nous avons enregistré sa honteuse intention et nous  rendons hommage à Jaurès. En 1914, il était assassiné par un nationaliste pour avoir prophétisé le cataclysme de la grande guerre. 104 ans plus tard, les communistes poursuivent fidèlement son combat : aujourd'hui son siège est occupé par le député PCF Hubert Wulfranc.

    Dans un premier temps souvenons-nous

    d'Hubert Wulfranc ancien maire

    de Saint-Etienne-de-Rouvray

    Puisque Macron voulais célébrer Pétain, avant un second rétropédalage de l’Elysée, mais nous avons enregistré sa honteuse intention et nous  rendons hommage à Jaurès

    L´actuel député PCF de Seine-Maritime, Hubert Wulfranc, était maire de Saint-Etienne-du-Rouvray lors de l´attaque terroriste du 26 juillet 2016. Dès le lendemain de l´assassinat du père Jacques Hamel, l´élu communiste avait organisé un rassemblement interreligieux dans le stade de la ville. Un an après, il évoque l´élargissement de sa compréhension personnelle de la recherche du bien et l´un des miracles de cette tragédie : « Je n´ai jamais considéré que mes convictions me permettaient d´avoir la vérité toute faite. J´ai découvert des interlocuteurs eux-mêmes vecteurs de paix et d´amitié entre les hommes. Si miracle il y a, c´est d´avoir donné plus de force à tout cela ». Entretien du 24/07/2017. 

      

    À l’occasion des commémorations du centenaire de la fin de la Grande guerre, l’Assemblée nationale a rendu hommage à Jean JAURÈS et Georges CLEMENCEAU, deux destinées singulières de notre histoire parlementaire, en dévoilant deux plaques commémoratives à leurs emplacements historiques dans l’hémicycle. La volonté d’apposer une plaque au nom de JAURÈS et de CLEMENCEAU rétablit une dette vieille de 100 ans envers l’histoire. A l’heure des doutes sur la construction européenne et du repli des peuples sur les nationalismes, il s’agit d’un signal fort envoyé pour rappeler l’importance de la paix et de la cohésion en Europe, cette paix que JAURÈS voulait sauver en 1914 et que CLEMENCEAU voulait garantir en 1918.

    Puisque Macron voulais célébrer Pétain, avant un second rétropédalage de l’Elysée, mais nous avons enregistré sa honteuse intention et nous  rendons hommage à Jaurès

    Hommage à Jean Jaurès

     et Georges Clemenceau

    Histoire d'une rivalité

    C’est l’histoire d’une rivalité célèbre.

    Celles de deux adversaires, dont les échanges, souvent hostiles, n’empêchaient pas l’admiration.

    Jaurès et Clemenceau : deux destins politiques hors norme, deux incarnations de la France, deux orateurs exceptionnels, qui se sont affrontés plus d’une fois dans l’hémicycle.

    La verve de Clemenceau contre l’éloquence de Jaurès : leurs duels oratoires ont marqué l’histoire parlementaire.

    Dans ces débats mémorables, il nous reste la trace de leurs différences.

    Jaurès l’idéaliste, l’humaniste désireux d’œuvrer par le socialisme pour l’émancipation de la classe ouvrière. Clemenceau, l’homme d’État, le réaliste, l’incarnation de l’ordre et de la fermeté, hostile au collectivisme tout en étant l’artisan de réformes sociales.

    Divisés sur la question sociale et, plus tard, sur celle de l’entrée en guerre contre l’Allemagne, Jaurès et Clemenceau n’ont pourtant pas toujours été des adversaires.

    Républicains au début de leur parcours politique, les deux hommes sont issus des rangs de la gauche. Clemenceau fut l’un des piliers du Parti radical. Jaurès, la figure majeure du socialisme en France.

    À la fois journalistes, rédacteurs en chef et fondateurs de journaux : Jaurès et Clemenceau furent tous deux d’ardents défenseurs de la liberté de la presse. Le premier fonda le journal l’Humanité en 1904. Le second participa à de nombreuses aventures éditoriales.

    Plusieurs causes furent, par-delà les différences, communes aux deux hommes : comme la défense des grévistes de la mine de Carmaux en 1892, la séparation des Églises et de l’État, la création de l’impôt sur le revenu, le développement de la protection sociale, la critique du colonialisme, ou le combat pour la reconnaissance de l’innocence du capitaine de Dreyfus.

    Jean Jaurès fut assassiné à Paris par un nationaliste le 31 juillet 1914, trois jours avant le déclenchement de la guerre qu’il voulut à tout prix empêcher.

    Chef de guerre victorieux en 1918, Georges Clemenceau a acquis le rang de héros national.

    En posant deux plaques à leur nom dans l’hémicycle, l’Assemblée nationale rend hommage le 7 novembre 2018 à Jean Jaurès et George Clemenceau.


     


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  • Ode à l’extrême-droite Pétain, collabo et bourreau de 1917 :  « un grand soldat » selon Macron

    Propos de Macron sur le maréchal Pétain : nouveau rétropédalage de l'Élysée

    Aucun hommage n'est prévu samedi. Le président avait jugé « légitime » de rendre hommage au maréchal aux Invalides, Pétain ayant été « un grand soldat ».

    Ode à l’extrême-droite Pétain, collabo et bourreau de 1917 :  « un grand soldat » selon Macron

    Source AFP

    Le maréchal Pétain « a été un grand soldat, c'est une réalité. La vie politique comme l'humaine nature sont parfois plus complexes que ce qu'on voudrait croire », a estimé Emmanuel Macron.

    Alors qu'Emmanuel Macron avait soutenu cette idée de rendre hommage au maréchal Pétain ce samedi aux Invalides, en début de soirée, l'Élysée a assuré le contraire. Le chef de l'État avait a notamment jugé « légitime » de rendre hommage au maréchal Pétain samedi aux Invalides, soulignant que le dirigeant du régime de Vichy avait été « pendant la Première Guerre mondiale un grand soldat », même s'il a « conduit des choix funestes » pendant la Seconde.

    Ode à l’extrême-droite Pétain, collabo et bourreau de 1917 :  « un grand soldat » selon Macron

    Mais ce mercredi soir, Benjamin Griveaux et Marlène Schiappa ont tenté d'apaiser la situation en assurant qu'« aucun hommage ne sera rendu à Pétain ». « Dans les propos qu'a tenus le président, il n'était nullement question d'hommage républicain, mais de vérité historique », précise le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux sur son compte Facebook .

    «  Je n'occulte aucune page de l'Histoire »

    «  Il est légitime que nous rendions hommage aux maréchaux qui ont conduit l'armée à la victoire, comme chaque année. Mon chef d'état-major sera présent à cette cérémonie », a-t-il précisé, interrogé par des journalistes en arrivant à la préfecture des Ardennes pour un conseil des ministres délocalisé. « Je n'occulte aucune page de l'Histoire », a souligné le chef de l'État, en réponse à certaines critiques contre la célébration de Philippe Pétain, qui fut ensuite chef du gouvernement collaborationniste de Vichy (1940-1944).

    «  Il a été un grand soldat, c'est une réalité. La vie politique comme l'humaine nature sont parfois plus complexes que ce qu'on voudrait croire. » « J'ai toujours regardé l'histoire de notre pays en face », a-t-il lancé. « Je me suis toujours opposé au défaitisme français ou à la complaisance envers toute idéologie. Mais je reconnais la part que nos maréchaux et notre armée ont jouée. Nous lui devons la victoire », « la victoire d'une nation combattante », a-t-il conclu, au 4e jour de son périple de commémoration du centenaire de l'armistice de 14-18.

    Une polémique naissante

    Le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) s'est dit «  choqué » mercredi par les propos du président Emmanuel Macron. « La seule chose que nous retiendrons de Pétain, c'est qu'il a été, au nom du peuple français, frappé d'indignité nationale lors de son procès en juillet 1945 », a déclaré le président du Crif, Francis Kalifat, cité dans un communiqué. Plusieurs élus, surtout à gauche, ont également protesté. « Le maréchal #Joffre est le vainqueur militaire de la guerre de 14-18. #Pétain est un traître et un antisémite. Ses crimes et sa trahison sont imprescriptibles. Macron, cette fois-ci, c'est trop ! L'Histoire de France n'est pas votre jouet », a tweeté le leader de La France insoumise, Jean-Luc Mélanchon.

     


    Ode à l’extrême-droite

    Pétain, collabo et bourreau de 1917 :

     « un grand soldat » selon Macron

    Ode à l’extrême-droite Pétain, collabo et bourreau de 1917 :  « un grand soldat » selon Macron

    « Un grand soldat » que Pétain : bourreau des soldats mutinés de 1917, chef du régime de Vichy, collaborateur du régime nazi et de l’extermination des juifs. De quoi ravir les rangs de l’extrême-droite.

    Aucuns présidents de la république n’ont osé le faire

    Macron le fera !!! HONTE à LUI !!!

    Cliquez sur le lien ci-dessous pour écouter la phrase de macron qui

    risque de lui coûter très cher. C’est PEUT-être la phrase de trop :

    https://twitter.com/twitter/statuses/1060107419131490309 

    A peine une semaine après les dénégations de Florence Parly, ministre des Armées, face à Jean-Jacques Bourdin, sur le plateau de RMC, Emmanuel Macron confirme la volonté du gouvernement de rendre hommage, lors de la cérémonie du 11 novembre, au Maréchal Pétain.

    Derrière le couac et le rétropédalage, il y a la concession du président au programme de l’Etat major des Armées, en charge de l’organisation de la cérémonie de commémoration du centenaire de la fin de la guerre 14-18, prévoyant de rendre hommage, aux Invalides, aux huit maréchaux de la Grande Guerre, dont Pétain.

    Cet hommage rendu à la mémoire du chef du régime fasciste de Vichy, qui collabora au régime nazi et à l’extermination de 10 millions de personnes (tzigane, homosexuels, communistes, opposants politiques…) en Europe, dont 6 millions de juifs, marque un recul incroyable dans la reconnaissance des responsabilités de l’Etat français lors des génocides de la Seconde Guerre mondiale. Du jamais vu depuis 1995 et la cérémonie du 54ème anniversaire de la rafle du Vél’ d’Hiv, où Jacques Chirac avait reconnu la participation de la France aux crimes nazis.

    Mais le « grand soldat de la Première Guerre mondiale », en 1940, n’en était pas à ses premiers faits d’armes. Contrairement à ce que voudrait faire entendre Emmanuel Macron, le maréchal Pétain s’est, dès la première guerre mondiale, forgé cette expérience de bourreau dont on connait les suites. En 1941, c’est ce même Pétain qui, lors de son « discours du mauvais vent » contre la Résistance, rappelle ses exactions commises : « En 1917, j’ai mis fin aux mutineries » avait-il alors lancé.

    En effet, en avril 1917, avec l’échec de l’offensive du général Nivelle sur le Chemin des Dames, la boucherie de 200 000 soldats français tués, la colère gronde dans les tranchées. Au printemps et à l’été 1917, se multiplient les actes de mutineries de soldats qui, selon l’historien André Loez, expriment « un refus de la guerre massif et multiforme ». Le maréchal Pétain, succède à Nivelle. Il a la charge de mettre fin à l’opposition à la guerre et de fraternisation avec « l’ennemi » qu’expriment alors les soldats français. Pétain les réprimera dans le sang : la plupart des soldats mutinés sont fusillés sans plus de procès ; 600 sont condamnés à mort par des conseils de guerre à la justice expéditive. Autant de soldats refusant la guerre assassinés sous les ordres de Pétain.

    Macron, en honorant Pétain, honore le bourreau de 1917 et le symbole de la collaboration française. En réhabilitant la mémoire du plus illustre fasciste français, Macron participe à la banalisation et à la diffusion des idées de l’extrême-droite. De quoi nourrir ce « climat années 30 » qu’il dénonçait hypocritement il y a à peine quelques jours...

    SOURCE : http://www.revolutionpermanente.fr/Petain-collabo-et-bourreau-de-1917-un-grand-soldat-selon-Macron?fbclid=IwAR1d6ItPxF09dlP2d7ukAtx2KgQ1tw3iVl5ltGdrYjZUOuL8n5noKyLFHSY 

    Ode à l’extrême-droite Pétain, collabo et bourreau de 1917 :  « un grand soldat » selon Macron

    Pétain, un "grand soldat"?

    Pour rappel :

    Pétain fut l’un des principaux commandants français à Verdun et à ce titre est l’un des grands responsables de cette boucherie. Le mythe du chef «soucieux de la vie de ses hommes» ne peut pas tenir face à l’horreur de Verdun.
    Pétain a également eu en charge la répression des mutineries de 1917. Pour cela, il met en place des mesures d’exception qui suppriment les instructions préalables et les possibilités de recours pour conseils de guerre. Cinq cents condamnations à mort sont prononcées auxquelles il faut ajouter les peines de prison, de travaux forcé, les renvois en première ligne…
    Contrairement à une légende tenace, Pétain n’a en aucun cas modéré la répression. Les grâces des soldats condamnés à mort furent le seul fait du pouvoir politique.
    En 1925, Pétain devient commandant en chef des forces françaises dans l’effroyable guerre du Rif. Dans cette sale guerre coloniale, les troupes aux ordres de Pétain commettent des crimes de guerre : les villages rifains sont rasés par l'aviation et l'artillerie, l'armée française ne fait pas de prisonniers.
    « Les faits sont têtus ». Le mythe entretenu par les milieux réactionnaires qui entend distinguer le « grand soldat » de celui qui au crépuscule de sa vie se serait fourvoyé dans « des choix funestes » en 1940 ne tient pas. Oser rendre hommage à Pétain n’est pas seulement une ignominie vis-à-vis des victimes du régime de Vichy : c’est aussi une infamie vis-à-vis de toutes ses victimes d’avant 1940.

    Henri POUILLOT 

    Honte au Président de la République

    Ode à l’extrême-droite Pétain, collabo et bourreau de 1917 :  « un grand soldat » selon Macron

    A Charleville-Mézières le Président de la République déclare : "Le maréchal Pétain a été, pendant la Première Guerre mondiale, un grand soldat..."
    Puis il a annoncé qu’un hommage sera rendu samedi prochain, aux Invalides, aux chefs militaires de la Grande guerre. Parmi les huit maréchaux célébrés, le maréchal Pétain. Emmanuel Macron, chef des armées, n’y assistera pas lui-même mais sera représenté par son chef d’état-major particulier, l’amiral Bernard Rogel.
    Rendre hommage aux millions de morts pendant cette guerre est légitime, mais honorer les chefs militaires de cette guerre qui ont une telle responsabilité dans cette grande «boucherie», avec les centaines de soldats fusillés pour l’exemple parce qu’ils réagissaient face aux atrocités subies, est déjà contestable
    Le plus odieux, irresponsable, c’est d’honorer le Maréchal Pétain. Certes il eu un rôle important à cette époque, mais condamné à mort après-guerre, il a été frappé d'indignité nationale, sa peine a été commuée en détention à perpétuité par le général de Gaulle.
    Honorer Simone Veil au Panthéon, et en même temps, quelques semaines plus tard, le traitre, l’antisémite, Pétain aux Invalides : rien ne justifie une telle honte.
    Nous exigeons n’annulation d’une telle cérémonie. Il n’est pas admissible que dans cette période de commémoration de la fin de cette terrible guerre, une telle ignominie puisse être commise au nom de la France : où seraient nos valeurs humanistes ?

    Henri POUILLOT

    ET VOUS MACRON VOUS AVEZ été UN GRAND SOLDAT ?

    C’est peut-être

    votre phrase

     de trop… l’avenir pourrait

    bien nous le confirmer !!! 

     

     


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    11 novembre 2018

    Cent ans d’hypocrisie

     

    Cent ans d’hypocrisie

    Le centenaire de l'armistice de 1918 ne doit pas faire oublier que, derrière les discours de paix, la compétition absolue n’a pas cessé.

    Il y a cent ans, au faîte de sa puissance militaire et industrielle, la vieille Europe entreprit de s’autodétruire. L’ombre du Vieux Monde (le vrai) qui s’écroule en 1918 se projette encore jusqu’à nous, comme un mort-vivant.

    L’ancienne prétention impérialiste des États européens à occuper tous les espaces terrestres et maritimes connus, et à organiser entre eux la compétition – jusqu’à la guerre – pour en être la puissance dominante, laisse encore ses traces qui n’en finissent pas de pourrir le monde et surtout les femmes et les hommes qui y vivent, d’abord dans les États d’Afrique (conférence de Berlin, 1885) et d’Orient (le soi-disant Levant issu des accords Sykes-Picot en 1916). Des murs artificiels – « frontières » – ont été érigés entre les peuples – et parfois au milieu des peuples – par les Européens… qui en ont décrété l’intangibilité.

    Depuis quatre ans, un peu plus que d’habitude, nous avons eu droit à beaucoup de poncifs. Certes, on oublie moins qu’autrefois ce que la France doit aux soldats de ses colonies, enrôlés de force ou par des promesses jamais tenues (cela se reproduira en 39-45), on évoque le massacre des innocents perpétrés par des généraux arrogants, la lâcheté de la plupart des parlementaires soumis aux marchands d’armes. On a même pu entendre l’évocation des mutins de Craonne. Mais la version officielle de l’État ne retient guère, au fond, toutes ces trahisons infligées à la République. Le «périple mémoriel» mis en scène par Emmanuel Macron, s’il a l’avantage de ne pas s’en tenir au culte d’une mémoire militaire malvenue, est surtout hypocrite, et le parterre qui sert de vitrine à la concorde internationale, avec notamment la présence de Trump et de Poutine – grands pacifistes – à la cérémonie du 11 novembre, ne saurait tromper notre jugement.

    Derrière les discours de paix, la compétition absolue n’a pas cessé, incluant désormais des multinationales privées. On espionne et contre-espionne. On invente et vend des armes toujours plus meurtrières qui perpétuent les boucheries d’antan : larmes de crocodile à Verdun, contrats juteux à Ryad… On perpétue aussi la modernité européenne et son modèle économique carboné, destructeur de la nature et qui nous laisse encore des milliards de particules dans les airs ). Confrontés autrefois au socialisme, aujourd’hui à l’écologie, des dirigeants d’entreprise s’accommodent de plus en plus de pouvoirs autoritaires, quand ils ne les financent pas carrément ; ces tentations (néo)fascistes s’appuient aussi sur des fractions abandonnées du peuple et reprennent une option sur le monde, depuis le Brésil ou la Hongrie, l’Italie ou les États-Unis. La dictature chinoise et l’autocratie russe ne sont pas en reste…

    La Société des Nations issue du désastre de la Grande Guerre fut incapable de réguler les intérêts étatiques divergents, spectatrice de toutes les défaites morales qui suivirent. L’ONU aujourd’hui reste certes le moins mauvais garant de la paix, mais que faire quand reprend le jeu des alliances et du bilatéralisme tous azimuts, dont Donald Trump a fait sa méthode diplomatique au service exclusif des intérêts économiques des grosses entreprises de son pays?

    L’Europe a certes fait du chemin depuis en trouvant sa paix intérieure. On ne se fait plus la guerre, mais on se concurrence toujours (l’arme est fiscale) et les salariés sont trop souvent la variable d’ajustement. Le travail détaché nous l’a montré. Surtout, par la cohorte de précaires et chômeurs que génère son modèle économique, l’Europe nourrit la bête qui n’était pas totalement morte. Invoquer le refus du national-populisme, comme le fait Emmanuel Macron, quand dans le même temps on l’alimente par l’accentuation inouïe des inégalités, ne ressemble pas à la sagesse de celui qui retient les leçons, mais plutôt au cynisme de l’apprenti sorcier.

    La « nuée qui porte l’orage » qu’avait vue Jaurès plane toujours au-dessus de nos têtes. Sortir de la barbarie aurait sans doute été l’enjeu fondamental de cette commémoration. Proposer une feuille de route pour une nouvelle étape de civilisation humaine, et a minima un nouveau cours européen, voilà un devoir digne pour qui préside la République française. Au lieu de cela, Emmanuel Macron propose aux Européens une « paix armée » aux relents de guerre froide et se pose en sauveur d’une démocratie qui s’empoisonne elle-même. Au fond, il perpétue le monde des morts-vivants.

    SOURCE : https://www.politis.fr/articles/2018/11/cent-ans-dhypocrisie-39575/?fbclid=IwAR1FBVC3bpi6_K4XafWgnwwfBEf5bK7wPX0WZf1TQd9AEqtzY0ocljpp0sM 

     


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    « À l’hégémonie arabo-islamique a succédé l’hégémonie islamiste : nous en avons payé chèrement le prix », a rappelé Hocine Belalloufi, ancien rédacteur en chef d’Alger Républicain. B. Bensalem/Andia.fr

     

    Algérie. La mémoire de Maurice Audin miroir d’une identité plurielle

     

    Mercredi, 7 Novembre, 2018

     

    Rosa Moussaoui 

     

    Le 27 octobre, à Alger, des militants de gauche consacraient une rencontre au jeune mathématicien communiste assassiné en 1957. Ils sont revenus sur la participation d’Algériens d’origine européenne à la lutte d’indépendance.

    C’est un tout jeune espace de débat, de solidarité et de culture, inauguré au printemps dernier, « ouvert à tous ceux qui pensent que la construction d’une alternative de gauche est encore possible » en Algérie. À la veille des ­commémorations du 1er novembre, date du déclenchement en 1954 de la guerre d’indépendance, l’espace des résistances Ahed Tamimi consacrait, à Alger, une rencontre à l’affaire Audin. Pas seulement pour mémoire : il fut surtout question du miroir que la figure du jeune mathématicien communiste, torturé et assassiné en 1957 par l’armée française, tend à l’Algérie d’aujourd’hui.

    « Leur algérianité n’était pas à prouver, elle tenait

     à leur combat »

    En introduisant la discussion, l’essayiste Hocine Belalloufi, ancien rédacteur en chef d’Alger Républicain, a d’abord salué la reconnaissance par l’État français de sa responsabilité dans cet assassinat, « un premier pas, une victoire pour Josette Audin, mais aussi pour le peuple algérien, car Maurice Audin est le symbole de tous les disparus ». « Ici, certains officiels présentent Maurice Audin, Fernand Iveton, Henri Maillot, Raymonde Peschard ou Maurice Laban comme des “amis” qui auraient aidé le peuple algérien. C’est une idée politiquement fausse et dangereuse », a-t-il prévenu, en donnant le la d’un débat vif, dense et chaleureux sur les fondements de l’identité algérienne. Celle-ci tient-elle à des critères culturels et religieux ou à l’engagement choisi dans le destin d’un peuple ? En ­retraçant la vie brève du militant du Parti communiste algérien qui lui donnait, ­lycéen, des leçons de mathématiques, l’historien Mohamed Rebah insistait, très ému, en guise de réponse, sur les choix politiques d’Audin : « Il a engagé sa vie sur une voie. Il voulait détruire l’ordre colonial sanglant, raciste, pour bâtir une société juste et fraternelle avec le peuple libéré. » « Ces Algériens d’origine européenne, souvent communistes, n’ont pas “aidé” : ils ont cru à une Algérie plurielle et démocratique, ils ont donné leur vie pour ce rêve, quand d’autres faisaient le choix de la lâcheté », insistait aussi le syndicaliste Nordine Bouderba.

    À quel moment ce rêve d’un pays pluriel s’est-il brisé ? Dès le lendemain de l’indépendance, ont estimé de nombreux participants, avec l’adoption, en 1963, d’un Code de la nationalité soumettant les « non-musulmans » à une demande d’acquisition de la nationalité algérienne. « On a dit, alors, à des militants d’origine européenne descendus des maquis, sortis de prison ou échappés à la peine de mort : demandez la nationalité algérienne, elle peut vous être refusée. Pour certains, ça s’est éternisé. Leur algérianité n’était pourtant pas à prouver, elle tenait à leur combat, à leur sacrifice. C’était humiliant », s’est souvenu l’avocat Ali Kechid. Dans l’assistance, tous ont défendu la nécessité de promouvoir une conception démocratique et progressiste de l’identité nationale, fondée non pas sur des référents culturels, linguistiques ou religieux, mais sur un engagement politique à vivre dans une communauté nationale. Discussion d’une brûlante actualité, alors que le pays s’interroge, se dispute et souvent se déchire sur la place à rendre à la culture et à la langue amazighes (berbères), longtemps marginalisées par le dogme d’un nationalisme arabo-islamique toujours prégnant dans les rouages de l’État. « De nombreuses crises qui ont secoué le pays depuis 1962 trouvent leur source dans cette conception étriquée de l’identité nationale. À l’hégémonie arabo-islamique a succédé l’hégémonie islamiste : nous en avons payé chèrement le prix », a rappelé Hocine Belalloufi.

    Une conviction partagée irriguait cette riche discussion : l’identité n’est ni statique, ni figée, ni valable pour tous et pour toujours, elle se forge dans les luttes du moment. « À l’indépendance, les bras étaient encore ouverts. Ils se sont refermés peu à peu. Aujourd’hui, nous voulons une Algérie avec ses Européens, ses juifs, ses communistes ! », a lancé, en conclusion, une participante très applaudie.

    Unanime sur l’appartenance de Maurice Audin à la nation algérienne, l’assistance l’était aussi sur la nécessité de poursuivre le travail de mémoire sur les deux rives. « Emmanuel Macron a reconnu la responsabilité de l’État français et de son armée. Mais il s’est refusé à dire que ce déchaînement de violence était la conséquence d’un système : le colonialisme », a fait remarquer Nacéra Saïdi, membre du Collectif Ahed Tamimi. À Alger, le dossier des disparus n’est pas refermé.

    Rosa Moussaoui 

    SOURCE : https://www.humanite.fr/algerie-la-memoire-de-maurice-audin-miroir-dune-identite-plurielle-663306 

     


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