• 56 ans plus tard... : Papon et Charonne

     

    En attendant les compte-rendus des commémorations 

    du 8 février 2020 des massacres de Charonne

    voici un rappel de celles de 2015

    56 ans plus tard... : Papon et Charonne

    56 ans plus tard... : Papon et Charonne

    Il y a comme ça des dimanches qui commencent plutôt bien. Une fois n’est pas coutume... Aux aurores, entendre annoncer la mort de Papon, ça donne un autre goût au café, pas de doute.

    Papon, pour ceux qui n’y pensaient plus, c’était quand même le seul haut fonctionnaire français à avoir été condamné pour complicité de crime contre l’humanité. Le seul... Eh oui... Pour avoir envoyé en camp des petits enfants, des vieillards, et même des adultes, après tout, qu’importe l’âge, c’est la déportation qui compte. Que tu aies eu 10 ans ou 50, une fois là-bas, ça changeait quoi ?

    Papon, lui, il n’y avait pas vu malice, dis donc. Il y a des types comme ça, être commissaire « aux affaires juives », ça ne leur pose pas problème. Les « affaires juives », qu’est-ce que ça pouvait bien recouvrir ces mots-là ? Il y aurait donc eu des particularités juives ? Va savoir. Avec tout ce temps qui a passé, on ne sait plus bien, à vrai dire.

    Ce qu’on sait, par contre, c’est que le bonhomme, il a continué sa belle carrière, tout enrubanné d’honneurs et de dorures, dans les palais de la République (la vôtre, la mienne, la nôtre...), nommé par de Gaulle, par Pompidou, par Giscard aussi, tous des gens éminemment fréquentables. Faut dire, la République, bonne fille, elle te l’avait nettoyé vite fait de ses turpitudes. Du coup, il a pu continuer son sale boulot.

    Il a été le chef de ceux qui ont flanqué à la Seine des manifestants algériens en octobre 61. Jamais on ne saura le nombre exact de morts, pour cette fois-là. Jamais. La honte. La honte sur notre belle démocratie, qu’on en est si fier, qu’on se permet même de donner des leçons aux autres. La honte devant ces petits enfants venus réclamer avec leurs parents le droit simplement normal de se balader le soir dans les rues. La honte...

    Et puis, Papon, ça a aussi été le Préfet de police de Charonne... Vous vous souvenez, de Charonne ? Chez moi, fatalement, on était contre la guerre d’Algérie, contre le colonialisme dans les opinions, alors, Charonne, on en parlait à table. C’était le 8 février 62. Les « gauches » avaient appelé à manifester contre l’OAS. La police a chargé.

    Les manifestants ont essayé de se réfugier dans le métro, à Charonne, mais voilà, va comprendre, les grilles étaient fermées. Piégés, ils ont été. On a relevé 8 corps. Huit, plus un neuvième qui est mort 3 mois plus tard. Le plus jeune n’avait pas 16 ans. Et 250 blessés.

    Parmi ces morts, il y avait une jeune femme : Fanny. La petite trentaine. Elle avait échappé aux rafles des années 40, déjà Papon. Manque de chance, 20 ans plus tard, il était encore là. Et Fanny, cette fois, elle a fait partie de la liste. Comme son beau-frère fusillé en 44.

    5 jours après, ils ont été 500 000 à suivre les cercueils jusqu’au Père Lachaise. Le fils de Fanny, Alain, a écrit une histoire de cette journée sinistre « Anthropologie historique d’un massacre d’Etat » Ca m’étonnerait qu’il ait fêté l’événement Alain Dewerpe, ce matin, mais il a dû se dire, sûrement : « Les salopards font de vieux os, ces derniers temps, les bourreaux meurent centenaires, ou quasi »

    Si d’aventure, ces jours-ci, surtout jeudi 8 février 2018 vous traînez du côté du Père Lachaise, allez-y, saluez les morts de Charonne. En n’oubliant pas Papon... Parce que c’est vrai, même si c’est un peu tard, les bourreaux meurent aussi.

    À Bordeaux, les oublis de Maurice Papon, qui déporta 1 560 juifs d’un « trait de plume »

    56 ans plus tard... : Papon et Charonne

    BORDEAUX, 1997. AUCUNE REPENTANCE CHEZ MAURICE PAPON (À DROITE). LE 2 AVRIL 1998, IL EST CONDAMNÉ À DIX ANS DE RÉCLUSION CRIMINELLE POUR «COMPLICITÉ DE CRIME CONTRE L’HUMANITÉ»

    Qu’il comparaisse est déjà une victoire

    Car Maurice Papon n’est pas n’importe qui. Né en 1910, en Seine-et-Marne, fils d’un notable et élu local, il sera dès 1931 membre d’un cabinet ministériel. Rien d’étonnant à ce qu’on le retrouve donc secrétaire général de la préfecture. C’est un fonctionnaire de Vichy, mais, dès le 23 août 1944, alors que Paris vient d’être libérée, il est nommé préfet des Landes. Il n’est pas le seul à être recyclé. On estime commodément que ces fonctionnaires ont assuré la continuité de l’État. Ils sont aussi très utiles pour faire contrepoids à l’influence des communistes au sortir de la Résistance. Pour Papon, c’est la suite de sa carrière qui va être – comment dire – prestigieuse… Préfet régional à Constantine dès les débuts de la guerre d’Algérie, il est préfet de police de Paris de 1958 à 1967. Les débuts du procès, destinés à dresser le portrait de l’accusé, rappelleront sa responsabilité dans la répression de la manifestation des Algériens du 17 octobre 1961 et de celle de Charonne en février 1962. Député du Cher en 1968, il est nommé, par Raymond Barre, ministre du Budget en 1978 et le restera jusqu’en 1981. C’est cette même année que sont découverts des documents touchant au « service des questions juives ». Ils attirent l’attention sur la responsabilité de Maurice Papon dans la déportation des juifs bordelais en dix convois ferroviaires vers Drancy, avant les camps de la mort. Il faut en lire la liste dans l’acte d’accusation. Dans celui du 26 août 1942, il y a 81 enfants. Les plus âgés ont seize ans, les plus jeunes s’appellent Maurice Griff et Anné Leizerecwicz. Ils ont trois ans. L’avocat Daniel Boulanger, puis Serge Klarsfeld et Michel Slitinsky, fils d’un des déportés, vont mener un combat acharné pour l’inculpation de Papon. Qu’il comparaisse est déjà une victoire, mais l’accusé va jouer sur tous les tableaux. Dès les premiers jours, il obtient sa libération au motif de son état de santé. On le verra déjeuner dans un restaurant haut de gamme, en appréciant de grands vins. Car l’homme n’en rabat pas sur ce qu’il est ou prétend être. Un haut fonctionnaire, un homme au parcours irréprochable, serviteur de l’État. Tantôt toutefois, il ne se souvient pas ; tantôt il n’a fait que transmettre un document, ignorait la destination des déportés, en aurait même sauvé quelques-uns et résisté à sa manière – ce qui ne sera jamais établi. Il biaise, brouilles les cartes, renvoie la balle à ses supérieurs au sommet de l’État ou à ses subordonnés. Jour après jour, la presse suit ce procès hors normes. Il s’agit du procès d’un homme, mais aussi d’une classe dirigeante qui, de lâchetés en compromissions et en proximités idéologiques, va collaborer consciemment à la bonne marche de la machine nazie. Le 2 avril 1998, Maurice Papon est condamné à dix ans de réclusion criminelle pour « complicité de crime contre l’humanité ». Laissé libre car il se pourvoit en cassation, il s’enfuit en Suisse mais est arrêté. Il ne fera que trois ans à Fresnes, en raison de son état de santé. Il meurt en 2007 et est enterré avec sa Légion d’honneur… "Oui vous avez bien lu « un bourreau est enterré avec sa Légion d’honneur … lui qui a fait connaître l'horreur des camps d'extermination nazi à 1560 juifs... hommes, femmes, enfants... lui qui est responsable de la tragédie de Charonne... et du massacre le 17 octobre 1961.

    CHARONNE, N'OUBLIONS JAMAIS... C'était la commémoration de 2015... une triste année pour la France...

    Dans cette vidéo vous entendrez aussi Jean-François GAVOURY Président de l'ANPROMEVO

    56 ans plus tard... : Papon et Charonne

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