• A Béziers : Najat Vallaud-Belkacem tacle Ménard "L'histoire ne doit être ni falsifiée, ni instrumentalisée"

    A Béziers : Najat Vallaud-Belkacem tacle Ménard "L'histoire ne doit être ni falsifiée, ni instrumentalisée"

    Béziers

    La ministre de l'Education Najat Vallaud-Belkacem a mis en garde vendredi contre toute instrumentalisation de l'histoire lors d'une visite au lycée Jean-Moulin de Béziers, ville dirigée par un maire proche du Front national coutumier des polémiques.

    L'histoire ne doit être ni "falsifiée par telle ou telle idéologie", ni "instrumentalisée", ni "romancée", a martelé la ministre lors de sa visite dans ce lycée de 2.300 élèves. Une trentaine de professeurs d'histoire, dont une quinzaine enseignaient à Jean-Moulin, avaient, début 2016, demandé à Robert Ménard dans une lettre ouverte de cesser de "torturer la mémoire" du héros de la Résistance et enfant du pays.

    Vendredi matin, Robert Ménard qui multiplie depuis son élection en 2014 les polémiques sur la guerre d'Algérie, la figure de Jean Moulin, l'immigration ou la laïcité, a quitté la pièce lors d'un échange entre la ministre, une enseignante et des élèves de Terminale sur l'enseignement moral et civique.

    La ministre s'est contenté de répondre qu'elle ne connaissait pas "l'agenda" du maire.

    Elle a expliqué être venue à Béziers notamment pour "soutenir des enseignants très mal à l'aise devant les phrases de leur édile".

     

    A Béziers : Vallaud-Belkacem tacle Ménard "L'histoire ne doit être ni falsifiée, ni instrumentalisée"

    2 déc. 2016 — Profs d’histoire à Béziers, aujourd’hui c’était cadeau ! 2 décembre 2016

    Merci Madame la ministre !

    Une fois n’est pas coutume, les habitués de cette page d’accueil du site des Clionautes qui voient plutôt en surtitre cette phrase qui constitue notre fil rouge depuis 2014 : « profs d’histoire à Béziers, c’est pas un cadeau ! » seront sans doute surpris !

    À intervalles réguliers, sur le bulletin municipal de la cité natale de Jean Moulin, et à notre corps défendant, les professeurs d’histoire assistent avec dépit à une instrumentalisation systématique de notre discipline d’enseignement. De la captation de l’héritage de Jean Moulin, « M. le Maire ! Cessez de torturer la mémoire de Jean Moulin ! »
    à la divulgation de contrevérités à propos de l’histoire de la guerre d’Algérie, jusqu’à l’assimilation des réfugiés à des envahisseurs barbares, rien ne nous aura été épargné.
    L’instrumentalisation de l’histoire : c’est à Béziers !
    À l’évidence, comme d’autres personnalités du monde politique, le locataire de l’hôtel de ville se sert de l’histoire pour faire passer un message qui n’a que peu de rapport avec la formation de la jeunesse, des collégiens, comme des lycéens.
    Depuis 2014, à l’initiative d’un groupe de professeurs du lycée Jean Moulin de Béziers, vite rejoints par l’immense majorité des historiens biterrois, et bien au-delà, un mouvement a été initié pour dire à tous ceux qui seraient tentés d’instrumentaliser notre discipline d’enseignement : stop !
    Les Clionautes, association nationale de spécialistes, dont le siège social se trouve en terres biterroises ont mis toute leur énergie, consacré tous leurs moyens pour que ce qui relève à notre sens de l’usurpation, ne reste pas sans conséquences.
    Najat Vallaud Belkacem, ministre de l’éducation nationale, a toujours été attentive, au rendez-vous de l’histoire de Blois notamment, à la parole des historiens. Et c’est à ce titre que les Clionautes ont entretenu avec constance tous les contacts nécessaires pour que cette journée du 2 décembre marque la reconnaissance, et au plus haut niveau, de la spécificité de l’enseignement de notre discipline dans le système éducatif.

    « Invitez-moi à Béziers ! », me disait Najat Vallaud Belkacem lors d’une rencontre au rendez-vous de l’histoire de Blois. « Message reçu Madame la ministre. Cela a été mis en œuvre, avec toute la détermination et la passion de l’histoire qui nous anime.

    C’est au lycée Jean Moulin, comme symbole de la résistance, mais cela aurait pu être au lycée Marc Bloch, pour une apologie de l’histoire Apologie de l’histoire ou métier d’historien, au lycée Henri IV, comme un rappel de l’Édit de tolérance, [1] que la ministre de l’éducation nationale s’est rendue, pour assister à la présentation de travaux d’élèves.
    Deux professeurs d’histoire géographie de cet établissement, deux Clionautes, [2] ont ainsi présenté leur séances de travail sur la laïcité comme sur la trajectoire de Jean Moulin. Des lettres à la liberté, à la tolérance, ont également été lues par des lycéens et des collégiens.
    Au moment où l’on agite des références à un roman national plus ou moins fantasmé, où l’on accumule les contrevérités sur l’élaboration des programmes scolaires, et cela va très au-delà de la cité de Béziers, les Clionautes sont toujours présents, dans leurs classes, dans les amphithéâtres des universités, mais également au-delà, pour donner à voir et à comprendre.
    Historiens et géographes dans la Cité, ce que nous sommes par nos actions d’éducation populaire à la médiathèque André Malraux, nous animons un cycle ouvert au public pour la deuxième année consécutive. Et nous apportons à nos concitoyens les outils de compréhension du monde, l’histoire, la géographie, et au confluent de ces deux disciplines, une initiation à la géopolitique contemporaine.
    Dans toutes les académies, sur tout les points du territoire, les Clionautes ne se limitent pas à une présence sur les réseaux sociaux, au maniement de l’hyperbole dans des motions qui se perdent dans le tourbillon de l’actualité. C’est ce travail patient, opiniâtre et résolu, en direction des 28 000 professeurs d’histoire et de géographie en activité, mais au-delà vers nos concitoyens, qui fonde notre identité.
    Historiens et géographes, acteurs dans la Cité, éveilleurs d’esprit critique et passeurs de savoirs, nous sommes et serons des sentinelles contre l’instrumentalisation de l’histoire, d’où qu’elle vienne, et par-delà les alternances.

    Bruno Modica
    Président des Clionautes
    Professeur au Lycée Henri IV de Béziers

    Par Bruno Modica

    [1] Nous faisons ici référence à l’Édit de Nantes consacrant la tolérance à l’égard du culte protestant après les guerres de religion en 1598

    [2] Béatrix Pau et Laurent Galy

    Cette pétition a été remise au maire de Béziers…

    Mais qu’il a jeté à la poubelle comme d’habitude !!!

    Professeurs d’histoire-géographie et d’éducation civique, nous constatons depuis bientôt deux ans au travers des publications du bulletin municipal ou des interventions médiatiques du premier édile de notre cité, un « certain » intérêt pour l’Histoire et le patrimoine.
    En tant que professeurs et pédagogues, nous devrions nous en féliciter.
    Hélas, l’instrumentalisation et le « retricotage » de l’Histoire à des fins strictement polémiques confinent désormais à une orientation idéologique telle qu’il nous a paru relever de notre devoir de citoyens d’exprimer publiquement notre désaccord. Précisément parce que nous sommes des professeurs profondément attachés à la rigueur de la démarche historique.
    Permettez-nous, Monsieur le Maire, au nom de l’ensemble des professeurs d’histoire-géographie du Biterrois, de vous adresser les trois vœux qui suivent en forme de requêtes.

    Le premier vœu sera celui de l’apaisement et de la sérénité. 

    Parce qu’« ici, c’est Béziers » et que la situation nationale est déjà suffisamment tragique, les Biterrois ont, plus que jamais, un besoin impérieux de concorde et de confiance en l’avenir. Aussi, débaptiser un nom de rue pour rouvrir des plaies et raviver de vieilles rancœurs en faisant de Béziers la vitrine de la réhabilitation de l’OAS ou créer un raccourci historique inapproprié en référence implicite à la crise des migrants « Quand les Barbares envahissaient l’empire romain » ne nous paraît pas concourir à l’établissement d’un climat serein au cœur de notre cité.
    De la même manière, ressusciter d’entre les morts les poilus biterrois dans un mauvais tour de spiritisme lors de la traditionnelle commémoration du 11 novembre et leur prêter une interrogation sur ce qu’ils diraient « en voyant certaines rues de nos communes où le Français doit baisser la tête ? »  nous paraît relever d’une utilisation pour le moins abusive et peut-être indécente de l’Histoire.

    Parce qu’« Ici, c’est Béziers », ville méditerranéenne de tradition républicaine pétrie de tolérance, le deuxième vœu sera celui du rassemblement et de l’unité : rassembler plutôt que diviser.

    Ainsi, tenons-nous à rappeler, Monsieur le Maire, que l’organisation de manifestations religieuses dans un espace semi-public ne s’inscrit pas dans la tradition laïque garante de cohésion sociale et protectrice des libertés. Nous savons que Mairie et École sont deux piliers fondateurs de notre République laïque ; en ce qui nous concerne, nous sommes scrupuleusement attachés au respect des obligations de réserve et de neutralité qui nous incombent sur notre lieu de travail et dans notre enseignement.
    De même, se réclamer de Charles Martel - « Je veux retrouver notre France […], celle de Charles Martel » - ne peut, selon nous, contribuer à renforcer l’unité des Biterrois.
    Au sujet de cette dernière et bien malheureuse référence historique , il convient de rappeler qu’en son temps, ledit Charles Martel fut le plus grand spoliateur de l’Église et surtout le bourreau de notre cité qu’il mit à sac, pilla et incendia en 737 .  Enfin, le troisième et dernier vœu sera pour nous le plus cher :
    celui du respect de la mémoire.
    Parce qu’« ici, c’est Béziers », nous devons paix, respect et déférence à la mémoire de Jean Moulin, enfant de Béziers
    et unificateur de la Résistance française.

    « Trop souvent, ceux qui nous attaquent se dissimulent derrière la figure de Jean MOULIN. Ces gens-là sont des faussaires » twittait le premier magistrat le 9 décembre dernier, mettant en garde ceux qui voudraient récupérer l’héritage du plus célèbre des Biterrois.
    Mais quelques heures plus tard, le même jour, le premier édile poursuivait dans un autre tweet : « Dimanche, au nom de Jean MOULIN, au nom de la République, nous ferons barrage à la gauche ». 
    Nous rappellerons, Monsieur le Maire, qu’en son temps, Jean Moulin - dont le père était professeur d’histoire à Béziers -
    avait fait le choix lucide et courageux de ne pas se soumettre à une idéologie reposant sur l’exclusion, la division et la fascination malsaine pour un passé idéalisé. Homme de tolérance et de conviction, il avait su rassembler autour de lui et du général de Gaulle, les résistants de toutes obédiences et de toutes origines, refusant de transiger avec le régime collaborateur de Vichy, dictature antisémite, xénophobe, régime d’ordre et d’exclusion aux antipodes de la République et de ses valeurs.
    Nous n’avons pas la prétention d’être les dépositaires de la mémoire de Jean MOULIN. Mais nous savons que si son cénotaphe se trouve au Panthéon, c’est parce qu’il était le visage de la France républicaine.
    Alors, Monsieur le Maire, de grâce, précisément parce qu’ « ici, c’est Béziers », les citoyens que nous sommes, professeurs
    d’histoire-géographie du lycée de votre ville qui porte cet illustre nom, font le vœu, à l’orée de cette année 2016, que vous cessiez de « torturer » la mémoire de Jean MOULIN et que vous laissiez ses mânes reposer définitivement en paix.


    Pendant ce temps, Najat Vallaud-Belkacem chante "Le Chant des partisans" dans un lycée de Béziers (et ce n'est pas un hasard)

    La vie politique française ne s'arrête pas avec le renoncement de François Hollande. Certains veulent paraître indifférents à la tempête médiatique qui s'abat sur l'Élysée. Ce vendredi 2 décembre, par exemple, Najat Vallaud-Belkacem était en visite dans un lycée. Rien qui ne provoque un intérêt extrême de la part des journalistes. Madame étant ministre de l'Éducation nationale, sa présence dans une enceinte scolaire n'est pas susceptible, a priori, de déclencher l'hystérie médiatique.

    Sauf que cette visite était particulière puisqu'elle avait lieu dans le lycée Jean Moulin de Béziers, la ville dirigée par Robert Ménard, maire élu en 2014 avec le soutien du FN. Et c'est là que Najat Vallaud-Belkacem et plusieurs élèves ont entonné le Chant des partisans, hymne de la Résistance durant l'occupation nazie. Une séquence sur laquelle la ministre de l'Éducation nationale a décidé de communiquer en diffusant un extrait de sa prestation sur les réseaux sociaux, le tout accompagné d'un message sans détour :

    La République est partout chez elle.

    Et donc à Béziers, sous-entendu.

    L'intervention de Najat Vallaud-Belkacem et la communication qui a suivi ne doivent rien au hasard. La ministre de l'Éducation nationale était dans l'Hérault à l'invitation de l'association de professeurs d'histoire-géographie Les Clionautes. L'association s'est fortement opposée à Robert Ménard par le passé, accusant monsieur le maire d'instrumentaliser de manière "populiste" l'histoire, notamment lorsqu'il parle de la guerre d'Algérie ou de Jean Moulin. L'intéressé avait pour sa part dénoncé "un procès en légitimité, propre à la pensée de gauche". Ambiance.

    La venue de Najat Vallaud-Belkacem s'inscrivait donc dans un contexte particulier. C'est elle, d'ailleurs, qui avait insisté auprès du président des Clionautes, Bruno Modica, pour qu'il la reçoive. "'Invitez-moi à Béziers !', me disait Najat Vallaud Belkacem lors d’une rencontre au rendez-vous de l’histoire de Blois", raconte-t-il sur le site internet de l'association, ce vendredi.

    La visite ministérielle se faisait sur le thème des valeurs de la République. Des projets portés par les lycéens ont été présentés à la socialiste dont un, développé par des élèves de terminale S et L. sur la vie de Jean Moulin. Le Chant des partisans a alors été évoqué. C'est à l'initiative de Najat Vallaud-Belkacem que la salle a repris le chant de ralliement des résistants. "Vous connaissez les paroles ?" a-t-elle demandé aux élèves et comme ceux-ci répondirent par l'affirmative, elle a ajouté :

    J'aime beaucoup ce chant donc allez-y, chantez-le !

    Et ce que ministre demande, ministre l'obtient, du moins la plupart du temps. Les élèves ont donc entonné le chant écrit par Joseph Kessel et Maurice Druon, sur une musique d'Anna Marly.

    "C'était un message d'hommage à la Résistance et à Jean Moulin, commente l'entourage de Najat Vallaud-Belkacem. Forcément, à Béziers, ça prend une connotation particulière." Ou comment confirmer par l'allusion que le chant était – aussi – un message adressé à Robert Ménard.  

     

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