• À Perpignan, l’extrême droite s’offre trois jours de célébration de l’Algérie française

     

     

     

    À Perpignan, l’extrême droite s’offre trois jours de célébration de l’Algérie française

    À Perpignan, l’extrême droite s’offre trois jours de célébration de l’Algérie française

     

    Le samedi 25 juin, le Collectif pour une histoire franco-algérienne non falsifiée rebaptisait symboliquement la place de la Victoire en "place Mouloud Feraoun.

     

    À Perpignan, l’extrême droite s’offre trois jours de célébration de l’Algérie française

    À Perpignan, l’extrême droite s’offre trois jours de célébration de l’Algérie française

    Discours de Louis Aliot (RN), le 24 juin, au couvent Sainte-Claire-de-la-Passion, en célébration de l'Algérie française. © Raymond Roig / AFP

     

    À quelques jours des 60 ans de l’indépendance de l’Algérie, le maire Louis Aliot (RN) met à l’honneur l’Organisation armée secrète (OAS) et les responsables du putsch d’Alger pendant un grand week-end d’hommage à « l’œuvre coloniale ».

    Le menu est copieux et pour le moins indigeste. Pendant trois jours, la ville de Perpignan, qui a versé pour l’occasion 100 000 euros au Cercle algérianiste, une association de nostalgiques de l’Algérie française, organise  jusqu'au dimanche 26 juin un événement où elle se proclame « capitale des Français d’Algérie ».

    Au programme : célébration de l’œuvre colonisatrice et « civilisatrice » de la France, mise à l’honneur des responsables de l’Organisation armée secrète (OAS) et des généraux putschistes… Le tout sous la tutelle du maire Rassemblement national (RN) Louis Aliot. À l’occasion d’un « dîner des 60 ans » [de l’exode des Français d’Algérie - ndlr], l’édile, issu d’une famille de pieds-noirs, « élèvera au rang de citoyen d’honneur de la ville » trois responsables du putsch d’Alger.

    Après une exposition relativement modeste l’an dernier sur « les victimes oubliées de la guerre d’Algérie » dans une salle jouxtant la mairie, le maire d’extrême droite a, cette fois, voulu faire les choses en grand. L’événement se déroule au palais des congrès, avec dix-neuf expositions dans cinq lieux de la ville.

    Il se terminera, dimanche matin, par une « procession » du palais des Congrès jusqu’à la cathédrale, « en présence des statues de Notre-Dame de Santa Cruz, Notre-Dame d’Afrique », suivie d’une « prière pour les nôtres ».

    Après de multiples demandes, Mediapart n’a pas été accrédité pour assister à l’événement. « Nous sommes complets et les dernières places qui restent seront réservées à nos adhérents », nous a répondu une responsable du Cercle algérianiste.

    Pendant le week-end, Perpignan réunit tout le ban et l’arrière-ban des défenseurs d’une Algérie éternellement française, les représentants d’une histoire mythifiée de l’œuvre coloniale en Algérie.  

    Tout le ban et l’arrière-ban des défenseurs d’une Algérie éternellement française est attendu à Perpignan.

    Dans ce monde qui se vit comme assiégé – un an après la publication, par exemple, du rapport Stora, le journaliste du Figaro Magazine Jean Sévillia, auteur de nombreux articles et ouvrages sur le sujet, viendra débattre avec l’essayiste Jean-Yves Faberon, auteur du nostalgique D’Algérie (L’Harmattan), d’une question qu’on pressent comme de plus en plus brûlante : « Face à la montée de la déconstruction de l’histoire de l’Algérie française, peut-on espérer un jour endiguer le phénomène ou faut-il le voir comme une fatalité ? »

    Dans ce cercle fâché avec le travail des historiens qui, année après année, est venu battre en brèche l’histoire mythifiée de la colonisation, avec son éternelle imagerie de « routes, hôpitaux, écoles » construits pour le plus grand bonheur d’une population algérienne, étonnamment ingrate, s’est mise en place une histoire parallèle qui se raccroche aux derniers alliés. La recherche historique les trahit ? Pourquoi ne pas interroger l’armée – ou une partie de l'armée – sur ce passé en train de s’estomper ?

    « En quoi l’armée peut-elle être un outil de transmission de la mémoire de la guerre d’Algérie ? », interroge ainsi, de manière révélatrice, l’une des tables rondes du week-end. Y ont participé Christophe Assémat, présenté comme un « docteur d’État en science politique ». Ce militaire, auteur d’un roman sous pseudonyme, Frères de solitude (éditions de l’École de guerre), est le fils de Jean Assémat, fondateur avec Roger Trinquier l’Union nationale des parachutistes (UNP), le théoricien de la « contre-subversion » et le défenseur de l’emploi de la torture en Indochine comme en Algérie.

    À la même table, se trouvait le père Kalka, aumônier du 1er régiment de chasseurs parachutistes. L’homme se livrait en 2016 à une attaque en règle contre l’islam lors d’une cérémonie d’un club de parachutistes organisée aux Invalides en 2016. Selon un compte-rendu de l’association, il aurait expliqué : « Nous avons peur, ne serait-ce que d’émettre une simple critique à l’adresse de l’islam. Vous pouvez insulter les chrétiens, les bouddhistes, les juifs, les hindous... Vous pouvez cracher sur la Madone et Jésus, mais malheur à celui qui critique l’islam. » Avant d’ajouter : « L’action est l’indispensable complément de la prière […]. La piété dans l’inaction s’apparente à une bigoterie de fiotte. »

    La soirée de vendredi s’est terminée en musique, avec un concert du Jean-Pax Méfret, le barde de l’OAS, organisation dont le chanteur né en Algérie, adulé de Zemmour, a fait partie, avant de devenir journaliste au journal d’extrême droite Minute, puis au Figaro Magazine. À son répertoire, des chants de l’Algérie perdue, dont « Les Barricades » – « le drapeau taché du sang d’Hernandez, la foule crie : “Algérie française !” » –, qu’a applaudi Louis Aliot, présent au premier rang.

    Les putschistes d’Alger vont devenir citoyens d’honneur de la ville

    La journée de samedi doit se clore sur une cérémonie où le maire RN déclarera « citoyens d’honneur » Hélie Denoix de Saint Marc et les généraux Edmond Jouhaud et André Zeller, les organisateurs du coup d’État d’Alger de 1961 pour s’opposer à l’indépendance de l’Algérie.

    Pour clore cette « OAS-pride », un square de la ville va porter le nom de Mourad Kaouah, député de l’Algérie française, proche de Jean-Marie Le Pen et figure du Front national en Catalogne.  

    En protestation, le Collectif pour une histoire franco-algérienne non falsifiée a organisé un contre-événement, avec un rassemblement le samedi dont le mot d’ordre était : « Perpignan capitale de la fraternité entre les peuples algérien et français ».

    Pour Josie Boucher, une des responsables du collectif, il s’agit de dénoncer « une propagande qui consiste à glorifier ce qu’a fait la France en Algérie, une insulte au peuple algérien ».

    L’instrumentalisation politique des pieds-noirs est une vieille histoire à Perpignan, que Louis Aliot porte à son paroxysme. Déjà, sous le mandat précédent du maire Les Républicains Jean-Marc Pujol, le collectif s’était battu contre l’inauguration d’une stèle à la gloire de l’OAS dans le cimetière de Perpignan, puis contre la création, avec les subsides de la mairie, du Centre de documentation des Français d’Algérie, qui célèbre, selon le collectif, « le bon temps des colonies »Le journal L’Indépendant rappelait récemment que Louis Aliot a octroyé une aide de 3,7 millions d’euros pour agrandir le couvent où se trouve le centre de documentation.

    Jacques Pradel, porte-parole de l’association des Pieds-noirs progressistes, une organisation qui entend empêcher l’extrême droite de confisquer la parole des rapatriés d’Algérie, participera à l’événement. « Le Cercle algérianiste est nostalgique non pas de l’Algérie mais de l’Algérie coloniale. Ils me font l’effet de gens qui ont arrêté de penser dans les années 1960 », regrette-t-il, soulignant que « jusqu’à aujourd’hui, cette association avait pris soin de ne pas trop afficher son soutien à l’OAS. Là, on a le sentiment que plus rien ne les retient. »

    « Comment peut-on imaginer parler de l’Algérie sans prendre en compte le travail des historiens ? », s’interroge-t-il encore.

    Ce dimanche, l’historien Gilles Manceron fera à une conférence pour démonter « le récit mensonger qui est forgé à Perpignan, notamment sur l’OAS, en présentant comme des résistants à un général traître à la France des factieux, des gens qui désobéissent à la France et à la République ».

    Dans la ville RN, les falsificateurs de l’histoire ont les honneurs de la mairie et occupent le palais des congrès. Les vrais historiens se contenteront de quelques tréteaux sur la place du Castillet.

    Lucie Delaporte 

    SOURCE : À Perpignan, l’extrême droite s’offre trois jours de célébration de l’Algérie française | Mediapart

     

    À Perpignan, l’extrême droite s’offre trois jours de célébration de l’Algérie française

    PERPIGNAN LA RÉVISIONNANTE

    va-t-elle sonner le glas des espoirs

    de présidence de Marine Le Pen ?

    À Perpignan, l’extrême droite s’offre trois jours de célébration de l’Algérie française

     

    Réponse

    de Jean-François Gavoury

    son père a été assassiné

    par la terroriste et criminelle

    OAS

    Le 31 mai 1961 

     

     

    À Perpignan, l’extrême droite s’offre trois jours de célébration de l’Algérie française

     

    Le programme du congrès national du Cercle algérianiste, réuni au cours de ce week-end à Perpignan, a été élaboré il y a longtemps. 

    Ses organisateurs n’imaginaient pas, alors, le score que les candidats du Rassemblement national allaient réaliser aux élections législatives : un score qui pourrait s’avérer embarrassant et devrait (selon les règles du bon sens) donner lieu à des adaptations de dernière minute dans l’ordre du jour ! 

    Comment, en effet, prétendre à l’image d’un parti républicain si, dans le même temps, le vice-président du mouvement, Louis Aliot, dans l’exercice de ses fonctions de premier magistrat municipal et partant au nom d’une personne morale de droit public, met à l’honneur des individus ayant recouru au putsch et à l’action criminelle de grande ampleur dans le but de renverser un Gouvernement légal, des autorités légitimes, des institutions, bref, l’ordre démocratique ? 

    Et comment Mme Marine Le Pen pourra-t-elle invoquer la respectabilité du Rassemblement national pour tenter d’accéder à la présidence de la plus puissante des commissions de l’Assemblée nationale si d’aventure, mardi prochain, son collègue des Bouches-du-Rhône José Gonzalez, nouveau doyen de l’hémicycle, ne résiste pas à la tentation de souligner ses antécédents de pied-noir d’Oran et sa nostalgie de l’Algérie française dans son discours d’ouverture de la première séance de la XVIe législature ? 

    En somme, un début de semaine prochaine à risque précédé d’un week-end de tous les dangers pour une MLP encerclée par les Algérianistes ! 

    Jean-François Gavoury 

     

    Perpignan: "Le Cercle algérianiste et le Rassemblement national c'est la même chose"

    À Perpignan, l’extrême droite s’offre trois jours de célébration de l’Algérie française

    • Le collectif "Pour une histoire de l'Algérie non falsifiée" veut rendre hommage à tous les morts de cette guerre. Independant - Clementz Michel
    • À Perpignan, l’extrême droite s’offre trois jours de célébration de l’Algérie française

    • Le collectif "Pour une histoire de l'Algérie non falsifiée" dénonce la tenue du congrès du cercle algérianiste avec des fonds publics. Independant - Clementz Michel

    À Perpignan, l’extrême droite s’offre trois jours de célébration de l’Algérie française

    • Une place Mouloud Feraoun a été symboliquement placée en ville par les sympathisants du collectif. Independant - Clementz Michel

    Alors que se tient à Perpignan le congrès du Cercle algérianiste, le collectif Pour une histoire de l'Algérie non falsifiée réunissait ce samedi 25 juin ses sympathisants pour conspuer l'intention de Louis Aliot de faire de ville la "capitale mondiale des Français d'Algérie".

    Centre des discussions ce samedi matin au pied du Castillet, l'annonce de Louis Aliot, le maire RN de Perpignan, d'inaugurer prochainement une place Pierre Sergent. "C'était un des chefs de l'OAS métropole, ayant commis des attentats terroristes, fustige un participant membre du collectif pour une histoire de l'Algérie non falsifiée. Ajoutez à cela des subventions de 3,7 millions d'euros d'argent public pour le centre de documentation à la gloire de l'Algérie française au moment où toute la ville soufre de partout, au moment où des immeubles s'écroulent dans le quartier Saint Jacques et vous comprendrez notre colère" (subventions venant de la Ville, l'Etat et la communauté urbaine, ndlr).

    Devant une banderole "Hommage à toutes les victimes de la guerre d'Algérie", plusieurs prises de paroles de responsable des associations et syndicats formant le collectif ont eu lieu. "À quelques pas d'ici, rappelait une responsable, le cercle algérianiste des P.-O. organise son congrès national avec le soutien de la mairie Rassemblement national qui a octroyé à cette association, alors qu'elle ne participe en rien à la vie culturelle locale, une subvention de 100 000 euros. Tout a été voté à l'unanimité au conseil municipal. Le centre de documentation échappe à tout contrôle de la recherche universitaire et ne présente que la vision tronquée du Cercle algérianiste et du Rassemblement national, puisque c'est la même chose.

    Ce dimanche à 17h le collectif propose au Casal (centre culturel catalan, avenue du lycée) une réunion publique avec des spécialistes de l'histoire de l'Algérie.

     

    SOURCE : Perpignan: "Le Cercle algérianiste et le Rassemblement national, c'est la même chose" - lindependant.fr

     

    Perpignan : 60 ans de l’exode des pieds-noirs,
    les détracteurs du Cercle algérianiste ripostent

     

    Le collectif réunit plusieurs associations, syndicats et partis politiques.

    Le collectif pour une histoire non falsifiée dénonce
    une réécriture de l’histoire

    À Perpignan, l’extrême droite s’offre trois jours de célébration de l’Algérie française

     

     

     

    Communiqué de presse

    Collectif pour une histoire franco-algérienne non falsifiée*

     L’instrumentalisation RN de la nostalgérie

     

    Les faits

    Le Cercle algérianiste des Pyrénées-Orientales, association nostalgérique financée à hauteur de 100 000 euros par la mairie RN de Perpignan en sus des 10 000 euros de frais de fonctionnement au titre de l’exercice 2022 (subventions votées à l’unanimité lors du conseil municipal du 24/03/2022) organise son congrès national du 24 au 26 juin prochains à Perpignan en cette occasion déclarée « capitale des Français d’Algérie », elle qui n’était déjà plus « la Catalane ».

    Ce congrès, présenté comme un « temps d’hommage et de transmission », investit complétement la ville avec 19 expositions dans cinq lieux différents, un « village des retrouvailles », une procession assortie d’effigies religieuses en centre-ville et une « prière pour les Nôtres », l’élévation au rang de citoyens d’honneur de la ville de représentants de familles de puschistes (putsch des généraux, 21 avril 1961) condamnés par la justice française (Hélie Denoix de Saint Marc, Edmond Jouhaud, André Zeller…), l’inauguration d’un square au nom de Mourad Kaouha (1919-1989), un proche de Jean-Marie Le Pen, membre du bureau politique du Front national et secrétaire départemental du FN pour les Pyrénées-Orientales, pour ne citer que quelques points du programme.

    Le tout avec le soutien et la participation active de Louis Aliot, et en l’absence de consultation de ses administrés.

    L’objectif de Louis Aliot

    Sur un terrain déjà fertilisé par ses prédécesseurs UMP/LR à la mairie de Perpignan (stèle OAS en 2003, Mur des disparus en 2007, Centre de documentation des Français d'Algérie en 2012), Louis Aliot a organisé en 2021 et 2022 des contre-commémorations du 19 mars destinées à « rétablir la vérité » sur la guerre d’indépendance algérienne (1954-1962), et consacrées exclusivement aux victimes du FLN. A ce jour, l’entreprise de réhabilitation du passé colonial s’amplifie, prend en otage l’ensemble de la ville et de sa population, et vise à en détourner l’identité en y inscrivant une lecture de l’histoire au service de l’idéologie FN/RN dont l’Algérie française fut la matrice idéologique.

    Louis Aliot valorise ainsi les fondamentaux du FN/RN tout en travaillant à consolider son ancrage territorial.

    Nous, Collectif pour une histoire franco-algérienne non falsifiée, dénonçons cette véritable insulte au peuple algérien et à son combat victorieux pour son indépendance contre le colonialisme français. Nous dénonçons la vision biaisée de l’histoire portée par les algérianistes et instrumentalisée par le maire RN de Perpignan. Nous dénonçons l’emprise exercée sur Perpignan, ville sacrifiée à la gloire de la colonisation et des criminels de l’OAS, sacrifiée socialement (en effet, quand 100 000 euros sont octroyés à une association qui ne participe en rien à la vie culturelle ou économique locale, des immeubles s’effondrent dans le quartier Saint-Jacques), sacrifiée culturellement (quand la disqualification de la recherche historique est discours officiel).

    Perpignan est une ville multiculturelle, elle ne doit pas être la capitale des français d’Algérie, mais celle de l’amitié entre toutes les communautés qui la composent et entre tous les peuples !

    *Premiers signataires : L’Alternative ! Endavant, ANPNPA (Association nationale des pieds noirs progressistes et leurs amis), AFPS, ASTI, Association Coup de soleil, CGT, FSU, LDH, Mouvement de la PAIX, MRAP, Génération.s, NPA, Solidaires …

                                                         

     

    À Perpignan, l’extrême droite s’offre trois jours de célébration de l’Algérie française

     

    À Perpignan, l’extrême droite s’offre trois jours de célébration de l’Algérie française

     

    À Perpignan, l’extrême droite s’offre trois jours de célébration de l’Algérie française

    À Perpignan, l’extrême droite s’offre trois jours de célébration de l’Algérie française

    À Perpignan, l’extrême droite s’offre trois jours de célébration de l’Algérie française

     INTERVENTION DE JACKI MALLEA

    En 1955, à la demande de Jacques Soustelle, gouverneur général de l’Algérie française, Germaine Tillion – ethnologue, ancienne résistante et déportée, survivante du camp de Ravensbrück – crée le service des centres sociaux-éducatifs pour lutter contre l’analphabétisme généralisé de la population algérienne. 

    De nombreux enseignants, dont Mouloud Feraoun, se mobilisent alors pour la réussite de cette action.

    Rappelons que le taux de scolarisation des enfants algériens est, à ce moment-là, de 15,4%. Après 132 ans des « bienfaits » dispensés par la colonisation, 80% des enfants « indigènes » sont à la rue !

    Le 15 mars 1962, six dirigeants des CSE sont réunis au centre social de Château-Royal dans la commune d’El Biar, dans la banlieue d'Alger. 

    A 10h30 ce jour-là, un commando Delta de l’OAS, sous le commandement de Roger Degueldre, fait irruption, les aligne contre un mur, et les massacre à l’arme automatique. 

    Roger Degueldre, ex-engagé dans la légion SS « Wallonie », sera condamné à mort le 28 juin 1962 pour les nombreux attentats dont il sera jugé responsable en tant que fondateur et numéro un des commandos Delta de l’OAS. Il sera fusillé le 06 juillet 1962 au Fort d’Ivry. 

    C’est le nom de cet individu, avec d’autres, qui figure sur la stèle de la honte, érigée dans le cimetière du Haut Vernet, grâce à la municipalité de Perpignan.

    Le 18 mars 1962 (date de la signature des Accords d’Evian qui mettent fin à la guerre d’indépendance algérienne), ont lieu les obsèques des six dirigeants des centres sociaux éducatifs. Devant leurs cercueils, M. Lucien PAYE, ministre de l’Education Nationale, s’exprime en ces termes :

    Devant ces six cercueils alignés, la douleur nous étreint, mais aussi la colère et la honte. Qu’un tel crime puisse avoir été inspiré, décidé et commis par des hommes qui se réclament de la France nous eût semblé naguère impossible. Ses auteurs se sont mis au ban de la conscience humaine. 

    Mais que cet acte ignoble en soi, ait eu pour victimes désarmés et impuissantes, des hommes qui s’étaient voués à l’éducation et à la promotion de la jeunesse musulmane, à la recherche généreuse de ce qui unit, au-delà de ce qui divise, à la préparation d'un avenir pacifique par-delà le douloureux présent, que ces hommes soient tombés au champ d'honneur de leur travail, surpris par traîtrise pendant qu'ils délibéraient de problèmes d'enseignement et d'action sociale ; que la lâcheté des tueurs se soit attaquée à l'œuvre la plus sacrée, et que ces tueurs se réclament d'une organisation qui se dit française, c'est là ce qui nous accable.

     

    Le fils d’une des victimes de ce massacre m’a demandé de lire un texte. 

    Avant de le faire, je vais vous demander d’observer une minute de silence pendant laquelle je vais énoncer les nom et fonction de ces 6 martyrs : 

    Marcel BASSET, inspecteur des centres sociaux éducatifs

    Ali HAMOUTENE, inspecteur de l’Education nationale, directeur adjoint au chef du service des centres sociaux-éducatifs, ancien instituteur

    Salah OULD AOUDIA, inspecteur des centres sociaux-éducatifs, ancien instituteur

    Mouloud FERAOUN, directeur adjoint au chef de service des centres sociaux-éducatifs, ancien instituteur, et écrivain

    Max MARCHAND, inspecteur d’académie, chef de service aux centres sociaux-éducatifs, et ancien instituteur

    Robert AYMARD, Inspecteur des centres sociaux-éducatifs, ancien instituteur

     

    À Perpignan, l’extrême droite s’offre trois jours de célébration de l’Algérie française

     

    Pour toutes les raisons que vient de dire Catherine nous sommes là ce matin mais aussi pour dire que notre combat pour la vérité pendant cette sombre période n’est pas une histoire ancienne
    Oui pour nous toutes et tous qui avons vécu cette période tirer les bilans, et dire la vérité, lutter contre les mensonges est aussi un devoir vis-à-vis des nouvelles générations.


    60ème anniversaire mais aussi cruelle actualité
     

    Car ceux qui aujourd’hui font l’apologie des crimes du colonialisme ici même et en ce moment appartiennent et en sont même issus du courant politique d’extrême droite qui a su manipuler, au profit des intérêts du colonialisme français et des gros colons le désespoir et l’aveuglement d’une bonne partie de la communauté pieds noirs pour les mener dans l’impasse sanglante du soutien à l’OAS et les pousser à l’exil et quitter un pays dans lequel ils avaient aussi leur place pour construire avec tous les algériens une Algérie nouvelle, débarrassée du talon de fer de l’impérialisme français. Mais ce sont les mêmes qui aujourd’hui surfent sur le désespoir des masses populaire pour imposer leur vision d’un société raciste et inégalitaire dont tout étranger serait exclu. Hier c’était Jean Marie Le PEN à la manœuvre aujourd'hui c’est Marine et son bras droit L. Aliot l’on sait avec quel succès aujourd’hui !
    Brulante actualité aussi car la guerre d’Algérie n’a jamais fini pour les descendants des ex colonisés qui même après plusieurs générations subissent discriminations dans tous les aspects de la vie , contrôle au faciès, violences policières dans nos quartiers au nom de la même idéologie raciste qui sous tendait les conquêtes coloniales. Car ranimer ces vieilles rancœurs et répéter ad nauseam le roman colonialiste qu’en Algérie c’était l’harmonie entre les communautés avant que les Algériens ne prennent les armes et que donc tout est la faute « des arabes » est en fait qu’un appel de plus à la haine justement contre les descendants de ces colonisés et qui constituent une part importante des classes populaires que le poison mortel du racisme et de l’islamophobie distillés par l’extrême droite et la droite cherche à diviser.
    Quelqu’un disait que sans connaitre la vérité sur le passé ont ne peut pas construire un avenir.
    Oui notre histoire n’est pas la leur ! Oui pour certains d’entre nous qui avons quitté notre pays à la fin de cette sale guerre coloniale nous partageons la douleur de l’exil et de la nostalgie avec tous ceux qui aujourd’hui fuient la misère et la guerre. Mais nous devons savoir désigner ou sont nos vrais ennemis et en aucun cas les algériens écrasés par le colonialisme depuis des décennies, à qui on avait volé leur terre et massacré leurs familles et à qui on avait refusé tous droits démocratiques.
    Oui notre histoire c’est celui de la fraternité et de la solidarité car la guerre d’Algérie n’était pas une guerre entre le peuple français et le peuple algérien mais une guerre de libération nationale entre des opprimés et des oppresseurs (notre propre impérialisme) et durant cette guerre des français métropolitains et français d’Algérie ont apporté leur soutien à ce combat pour la liberté en y laissant pour certains leur vie comme M. Audin ou Fernand Yveton.
    Cette guerre a été aussi une guerre fratricide au sein même des combattants pour l’Indépendance ce qui aussi en parti poussé par désespoir d’autres algériens dans les bras de leurs oppresseurs, je veux parler des harkis. Aujourd’hui nous voulons dénoncer le cynisme et la manipulation honteuse faites par les algerianistes des ressentiments justifiés d’une communauté qui a reçu comme seuls remerciements de la France d’être parqués pendant des décennies dans des camps comme celui de Rivesaltes et dons les enfants subissent la même discrimination que les autres descendants des colonisés.
    Pour conclure je dirais que nous sommes ici parce nous refusons ces appels à la haine, après avoir voulu effacer l’identité catalane de cette ville le maire veut maintenant la draper dans le bleu banc. Cette ville est multiculturelle et appartient à tous ses habitants quelques soient leur origine. Aujourd’hui nous voulons qu’elle soit celle de l’amitié entre les peuples algérien et français. C’est pourquoi nous voulons rendre hommage aux nôtres et symboliquement nous avons choisi de rebaptiser cette place « Place Mouloud FERAOUN » une des six victimes du massacre de Château Royal près d’ALGER en 1962 perpétré par le commando DELTA de l’OAS dirigé par DEGUELDRE (un des assassins sont le nom figure sur la stèle érigée dans la cimetière publique de PERPIGNAN en l’honneur des assassins de l’OAS)

    À Perpignan, l’extrême droite s’offre trois jours de célébration de l’Algérie française

    À Perpignan, l’extrême droite s’offre trois jours de célébration de l’Algérie française

     

    INAUGURATION D’UNE PLAQUE COMMEMORATIVE
    EN HOMMAGE AUX SIX DIRIGEANTS
    DES CENTRES SOCIAUX EDUCATIFS
    ASSASSINES PAR L’OAS
    PERPIGNAN
    26 JUIN 2022

     

    Madame /monsieur le président de l’association….
    Madame /monsieur le président de l’association….
    Monsieur …..représentant l’association Les 4 ACG
    Monsieur Jacques Pradel, président de l’ANPNPA
    Monsieur Gilles Manceron représentant national de la LDH,
    Monsieur Jacki Malléa président….
    Mesdames, messieurs, chers amis,

    Je regrette de ne pas être parmi vous aujourd’hui, mais un déplacement à l’étranger était prévu de longue date.
    Le 15 mars 2022, Monsieur François Gouyette ambassadeur de France en Algérie et Monsieur Laïd Rébigua ministre algérien des moudjahidine, ont rendu hommage aux six inspecteurs des Centres sociaux éducatifs, assassinés le 15 mars 1962 à Alger par un commando de l’OAS.
    L’ambassadeur de France a déposé une gerbe de fleurs au nom du Président de la République devant la plaque commémorative apposée sur le mur de l’école Salah Ould Aoudia.

    Samedi 19 mars 2022, au palais de l’Élysée, lors de la réception organisée à l’occasion des soixante ans de la signature des accords d’Evian, le Chef de l’État a déclaré :
    …le 15 mars 1962, c’est (à) un instituteur et romancier algérien, Mouloud Feraoun assassiné par un commando se réclamant de l’Organisation armée secrète 60 ans plus tôt que nous avons rendu hommage. Et je veux ici rendre hommage aux six inspecteurs des Centres sociaux créés par Germaine Tillion : Marcel Basset, Robert Eymard, Mouloud Feraoun, Ali Hammoutène, Max Marchand, Salah Ould Aoudia, tous les six.
    Les deux gestes du Président de la République sont de la plus haute importance car l’OAS est pour la première fois désignée, dénoncée et ses victimes honorées dans un hommage et une déclaration émanant du plus haut niveau de l’État.
    Aujourd’hui Perpignan, à son tour, rend hommage à six fonctionnaires de l’Éducation nationale, membres des Centres sociaux éducatifs, assassinés sur leur lieu de travail et dans l’exercice de leur fonction, victimes de leur engagement pour les valeurs de la République et pour l’indépendance de l’Algérie dans une relation fraternelle avec la France.

    Ce texte est gravé sur la plaque commémorative apposée le 12 décembre 2001 au 101 rue de Grenelle à Paris, siège à l’époque du ministère de l’Enseignement professionnel, Jack Lang étant ministre de l’Éducation nationale.
    Depuis cette date, et pendant 20 ans, un hommage est rendu chaque 15 mars, en présence d’un représentant du ministère de l’Éducation nationale quel que soit le parti auquel il appartient, à l’exception de Jean-Michel Blanquer.
    Madame Amélie de Montchalin, ministre de la Transformation et de la Fonction publiques a tenu à être physiquement présente ces cinq dernières années.

    Votre présence, mesdames et messieurs, aujourd’hui à Perpignan, s’inscrit dans le droit fil d’une tradition républicaine d’hommage à des héros et des martyrs de l’enseignement public.

    Le service des Centres sociaux éducatifs fut créé en 1955 par la déportée résistante Germaine Tillion pour lutter contre l’analphabétisation généralisée de la population algérienne.
    À cette date, un rapport du Commissariat au Plan précise que le taux de scolarisation des enfants algériens est de 15, 4%. Après 132 ans des « bienfaits » dispensés par la colonisation, 80% des enfants indigènes sont à la rue !
    Aucune cause, aucun combat, aucun désespoir ne peut justifier les crimes commis par l’OAS, en particulier ceux commis contre la Culture et l’Éducation tels :
     les destructions d’écoles ;
     le plasticage du musée des Beaux-Arts d’Alger en avril 1962
     les plasticages de la maison d’édition qui publia Camus ;
     l’incendie de la bibliothèque universitaire d’Alger le 7 juin 1962 par l’explosion de trois bombes au phosphore ;
    etc.
    Laissons à d’autres la basse besogne d’honorer des officiers qui ont sombré dans le déshonneur en voulant renverser par la force des armes notre République qu’ils avaient mission de défendre.
    L’Histoire nous apprend que les « intellectuels » sont la cible prioritaire des fascistes, des nazis, des djihadistes et autres intolérants de tout poil.

    Les singes sanglants de l’OAS, comme les a appelés Germaine Tillion, ont assassiné :
    Marcel Basset
    Robert Eymard
    Mouloud Feraoun
    Ali Hammoutène
    Max Marchand
    Henri Ould Aoudia

    C’est la grandeur des « intellectuels » de défendre au péril de leur vie les valeurs qui dépassent les États pour atteindre l’Homme. Leurs assassins ne s’y trompent pas. Avec leur mort disparaît ce qu’il y a de meilleur en l’humanité.
    Aujourd’hui, 14 juin 2022, à Perpignan, place des Victoires, des Français républicains honorent six valeureux enseignants, morts au champ d’honneur de l’Éducation nationale.

    Mesdames, messieurs, au nom de l’association les Amis de Max Marchand, de Mouloud Feraoun et de leurs Compagnons, soyez vivement remerciés.

    Jean-Philippe Ould Aoudia
    Fils de victime de l’OAS

    À Perpignan, l’extrême droite s’offre trois jours de célébration de l’Algérie française

     

    PERPIGNAN

    El fraternal Centre del Món, si si !

     

    Magnifique moment de fraternité humaine face à l’entreprise de haine orchestrée par la mairie RN de Perpignan, en ce 26 juin 2022 ! C’est ce qu’on peut retenir de cette très chaude après-midi où le Collectif pour une histoire franco-algérienne non falsifiée a fait salle pleine au centre culturel catalan de la ville, affirmant un courage politique à toute épreuve, sous la présidence de Josie Boucher, présidente de l’Asti (Association de solidarité avec tous les immigrés).

     

    Jacques Pradel, président de l’Association des pieds noirs progressistes, notamment (ANPNP) a exprimé la douleur de tous ces citoyens d’Algérie qui ont dû quitter ce pays qu’ils considéraient comme le leur dans le cadre d’une culture multiple. Elle a été balayée par cette sale guerre imposée par les règles d’un colonialisme qui a fait perdurer les humiliations et attisé les haines. Remy Serre, fondateur de l’Association des anciens appelés en Algérie et leurs amis contre la guerre, (4ACG) a apporté le témoignage de nombre de ceux qu’on a forcé, de 1954 à 1962, à être le bras armé de la France coloniale, dans tout ce qu’il a eu de cruel est d’injuste. Ce qu’on a appelé pudiquement « les événements », ce fut une guerre sans merci qui provoqua des dizaines de milliers de victimes française et des centaines de milliers de victimes algériennes, civiles et militaires. Il a exprimé sa volonté de continuer jusqu’au bout à donner aux jeunes générations le témoignage de la vérité dans toute ses caractéristiques avec un but essentiel, favoriser la réconciliation et l’amitié entre les peuples algériens et français.

    Eric Sivin, qui n’a pas fait la guerre d’Algérie, a accepté de prendre la suite de l’association des appelés (4ACG) afin d’empêcher l’oubli sur un sujet qui, en fait, concerne des dizaines de millions de Français qui sont, à un degré ou à un autre, enfants de ces générations qui ont vécu la guerre d’Algérie. La tâche est difficile mais passionnante. Elle s’inscrit dans le droit fil d’une lutte sans merci contre les idées de haine et d’exclusion qui ont envahi la majorité des comportements, particulièrement à l’extrême droite et à droite, mais bien pas seulement.

     

    L’histoire ne doit pas être une légende

     Dans le droit fil de cette constatation, Gilles Manceron, historien, membre de la LDH, a précisé les conditions historiques de cette guerre avec une finesse remarquable sur tous les sujets qui fâchent, notamment l’attitude soit guerrière, soit ambigüe soit très maladroite des directions de la gauche de l’époque, qui a contribué à désarçonner les capacités de résistance et d’alternative à une situation qui aboutira au drame du rapatriement d’un côté et à la persistance de l’esprit de revanche coloniale de l’autre dans l’opinion publique. Un large et passionnant débat a suivi avec la salle, chacun apportant soit son témoignage soit son analyse avec un esprit de respect et d’écoute remarquable.

    Qu’on se le dise, le centre du monde n’était pas dans l’étalage du révisionnisme historique, de la justification des crimes de l’OAS et de l’excitation des haines voulus par le maire de Perpignan. Il était là, fier et déterminé, dans cette salle de résistance qui en a appelé à renouveler à souhait ce genre d’initiative en l’élargissant à toutes celles et ceux qui ont intérêt à faire tomber les frontières de la haine entre les êtres humains.

    Reportage Yvon Huet pour le Travailleur Catalan

     

     

    À Perpignan, l’extrême droite s’offre trois jours de célébration de l’Algérie française

     

    Intervention de J. Pradel, Perpignan

    26 juin 2022

    À Perpignan, l’extrême droite s’offre trois jours de célébration de l’Algérie française

     

    C’est à Perpignan, après la mise en place en 2007 du “mur des Français disparus en Algérie’’ au couvent sainte-Claire (où 40 % des noms gravés étaient injustifiés !), que la décision a été prise de créer en 2008 l’Association des Pieds-Noirs Progressistes et leurs Amis. Salut à Roger Hillel et Jacki Malléa, ici présents !

    Pour présenter brièvement l’association, nous nous donnions deux objectifs.

    - L’un était de contester aux  organisations "nostalgériques" figées dans la haine et la louange absurde du passé colonial, encensé jusqu'à la réhabilitation et la glorification de l'OAS, le droit de parler au nom l’ensemble des pieds-noirs ; de faire entendre nos témoignages et nos analyses , en disant le bien-fondé de la lutte du peuple algérien pour se libérer du colonialisme.

    - Le second objectif, aujourd’hui prioritaire, était d’œuvrer à la réconciliation de nos deux pays, au renforcement de l’amitié entre les peuples des deux rives de la Méditerranée, d’affirmer notre engagement solidaire avec les immigrés algériens, les bi-nationaux et les Français d’ascendance algérienne, de lutter contre la montée des idéologies d’extrême droite, contre le racisme dans la diversité de ses formes, notamment celle qui fleurit aujourd’hui en France, l’islamophobie. 

    Mon intervention portera sur deux points : le congrès du Cercle algérianiste, et le rôle du FN/RN (puisque c’est lui qui en est le maitre d’oeuvre).

     

     A propos du congrès du Cercle algérianiste 

    Sans revenir sur le détail des trois jours de leur AG, relevons que le cercle algérianiste n’a jamais aussi clairement affiché tant de débauche dans le révisionisme historique et l’encensement de l’OAS, ce qui fut pour nous pieds-noirs le pire, la cause première de l’exil ; relevons surtout combien leurs positions extrême droitières sont en décalage avec la réalité de la société présente ; pour faire court, quelques éléments.

    - En décalage par rapport aux pieds-noirs. Ceux-ci se sont vite resitués dans les contradictions de la société française, fondus en elle en fonction de leur situation sociale, de leurs engagements, rencontres, etc. A côté d’une minorité d’excités enfermés dans une nostalgie absurde de l’Algérie française, la victimisation et le ressentiment, ils se distribuent par exemple sur l’ensemble de l’échiquier politique (quantité d’enquêtes ont montré qu’il n’existait pas de “vote pied-noir”).

    - En décalage par rapport aux travaux des historiens sur la colonisation et la guerre d’Algérie. Ces travaux ont largement fait progresser notre connaissance de la réalité des 132 ans de domination coloniale. La nostalgérie les tait et continue d’en haïr les auteurs.

    - En décalage par rapport au débat sur le passé colonial de la France et sur la résonance de ce passé dans notre société. Plusieurs facteurs alimentent ce débat : la diffusion des travaux des historiens dans la sphère publique et les médias ; la publication du rapport Stora (et la “publicité’’ faite autour) avec ses limites et ses attendus ; la multiplication des manifestations culturelles (littérature, théâtre, cinéma…) sur ces sujets ; les actions antiracistes et contre l’islamophobie ; les mobilisations citoyennes autour de dates symboliques (le 60ème anniversaire …) ; et jusqu’à l’impact laissé dans l’opinion française par la beauté du Hirak en Algérie. 

    Ce décalage est assumé, ils le mesurent, tout comme ils ont conscience de se ranger ainsi derrière les positions du FN/RN ; ce qui va plus loin qu’une ‘reconnaissance du ventre’ pour les 100.000€ accordés par la municipalité Alliot pour tenir leur AG. 

      A propos du rôle du FN/RN 

    Qu’on le veuille ou non, force est de reconnaître que les idées, l’idéologie du RN ont largement pénétré la société. En témoigne s’il le fallait le résultat des élections présidentielles et législatives, où la sauvegarde d’un front républicain contre l’extrême droite n’a pas joué. Il en est,  bien sûr, de la responsabilité du pouvoir macroniste tentant de sauver sa barque en renvoyant dos à dos la gauche dans sa diversité républicaine et le RN, mais la raison profonde est bien que l’idéologie fascisante, les idées d’extrême droite portées par le RN se sont banalisées (combien elles ne sont pourtant pas ‘banales’, faites de révisionisme, de haine, de racisme). 

    Comment comprendre que le RN, au travers de l’AG du cercle algérianiste dont il a été le maitre d’oeuvre, s’engage si ouvertement dans la glorification de l’Algérie française et de l’OAS ? Pourquoi disent-ils si fort aujourd’hui ce qu’ils pensaient mais camouflaient hier ? Ne s’agit-il pas pour le RN de pousser le bouchon un cran plus loin dans la bataille idéologique, en y intégrant leur vision du passé colonial de la France ? 

    Un discours qui ne s’adresse pas particulièrement aux pieds-noirs mais à tout le monde, et qui s’inscrit dans les batailles idéologiques qui se mènent, ou sont aujourd’hui à mener. Bravo au collectif pour une histoire franco-algérienne non falsifiée de s’y inscrire !

     

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