• Alexandre Arcady, l'enfant de la Casbah *** Ne manquez pas de lire les commentaires édifiants à la fin

     « Je l’ai écrit plusieurs fois : J’aime ces pieds-noirs, non extrémistes, non revanchards, non haineux, qui recherchent, au contraire l’amitié, la fraternité avec les Algériens. Aujourd’hui je vous signale l’article de Paris-Match qui nous parle d’Alexandre Arcady, rappelons-nous c’est lui qui avait accompagné Roger Hanin à sa dernière demeure à Alger, décédé le 11 février 2015. Ecoutons Alexandre Arcady parlant de Roger Hanin révélant qu'il allait être enterré en Algérie... Mais aussi prenez connaissance des commentaires édifiants à la fin de l'article" 

     Michel Dandelot

      

    Alexandre Arcady, l'enfant de la Casbah

    A l’occasion de la sortie de «7 rue du Lézard», ses Mémoires qu’il publie chez Grasset, le cinéaste Alexandre Arcady nous offre une visite guidée des rues d’Alger en même temps qu’un voyage dans ses souvenirs.

    Sa vie a commencé au numéro 7 de la rue du Lézard, l’une des venelles sinueuses qui serpentent le long de la Casbah d’Alger. De son enfance heureuse et baignée de soleil, Alexandre Arcady a gardé un souvenir si fort qu’il en a imprimé chacun de ses films. Ses plus gros succès, «Le coup de sirocco» (1979), «Le grand carnaval» (1983), se passent en Algérie. «Le Grand Pardon» (1982) ou «L’union sacrée» (1989), qui ont marqué des générations, sont une plongée dans l’univers des Juifs pied-noir. Tous mettent en scène des personnages hauts en couleur incarnés par Roger Hanin, Richard Berry, Patrick Bruel, Marthe Villalonga.

     

    "Aracady, Elemer, François, Attila et Maman; Tony est caché derrière le chariot de Ben Aknoun" © DR

    A l’occasion d’une édition du Salon international du livre, le réalisateur est revenu à Alger. Il y a retrouvé les odeurs, les images et cette «époustouflante beauté du littoral». Il ne résiste pas à la tentation de passer devant l’ancienne maison de ses parents. Son père, Alexandre Egry, militaire d’origine hongroise s’était inventé des racines juives pour épouser sa mère «la belle Driffa aux yeux verts». Ce n’est qu’à la mort de son père, qu’Alexandre Arcady a appris ce secret. D’autres secrets sont restés dans cet appartement familial où il a vécu avec ses cinq frères. Ce jour-là, il trouve l’immeuble décrépit et la grille fermée par un cadenas rouillé. Quelle déception ! Ces souvenirs sont bloqués derrière une porte.

    Les semaines suivantes, le réalisateur les passe à écrire sa vie, à fouiller dans son passé pour restituer tous les moments perdus. De son enfance jusqu’à son arrivée, en 1961, cité Balzac à Vitry-sur-Seine et son entrée dans le monde du cinéma. Comme ses films, son livre offre une succession d’images et de scènes souvent cocasses.

    Le soir de la sortie du «Coup de sirocco», son premier long-métrage, Alexandre Arcady a 32 ans. Le succès est, immense, et inattendu – surtout pour Roger Hanin toujours pessimiste. Lino Ventura est à l’affiche d’un film concurrent sorti le même jour. Il est minuit. Hanin dîne chez Edgar, près des Champs-Elysées quand il voit débarquer Lino Ventura. L’ancien catcheur s’approche avec sa démarche de cowboy. Les deux hommes se jaugent du regard, puis au lieu de dégainer, ils se prennent dans les bras.

     

    Scène de couscous sur "Le coup de sirocco" © DR

    Arcady aime les personnages au sang chaud et au grand cœur dans la vie comme dans ses histoires. Mais il croque aussi les monstres froids du monde politique qu’il a côtoyé. Tout arrive par hasard chez lui, et naturellement. Il a donné son premier rôle à Patrick Bruel, son premier job d’assistant-réalisateur à Luc Besson et fait débuter Régis Wargnier. Malgré l’histoire compliquée des rapports entre l’Algérie et la France, ses films ont gardé une certaine popularité en Algérie.  

    Pour le premier Festival d’été d’Alger en l’an 2000, Alexandre Arcady se trouve sur scène face à 5000 jeunes Algérois. Obligé d’improviser un discours, il est pris d’un trac fou. L’ambiance est électrique, l’Algérie sort de sa décennie terrible et une présence française même culturelle n’est pas toujours saluée avec enthousiasme. Le président Bouteflika pousse alors le cinéaste vers le micro. «Je suis heureux et fier d’être là, moi l’enfant de la Casbah», dit Arcady. Et le voilà ovationné. La preuve que ces films, parce qu’ils ne mentent pas, ont su toucher un large public et dépasser les clivages.

    «Oui, c’est vrai», reconnaît-il en descendant les rues de cette Casbah qu’il aime tant. Il reconnaît que cette partie là de l’histoire commune est bien partagée. Peut-être parce que les communautés juives et arabes vivaient ensemble bien avant l’arrivée des Français. Il rappelle qu’à l’arrivée des soldats français, en 1830, une importante colonie juive indigène était installée dans les grandes villes, à Alger, Constantine et Oran. «Certains Juifs pieds-noirs, peuvent témoigner aujourd’hui encore du fait que leur grands-parents ne s’exprimaient qu’en arabe», dit-il.

     

    Alexandre Arcady dans les rues d'Alger © Pascal Rostain

    Pour la sortie de son livre, Arcardy se transforme en guide de la capitale algérienne. Son immeuble de la rue du Lézard est toujours délabré, mais un voisin l’informe qu’il sera bientôt réhabilité. Le voilà de bonne humeur. Rien n’est jamais figé dans cette cité en perpétuel mouvement auquel le brassage ethnique a donné un cachet particulier. Alger-la-Blanche affiche son identité musulmane avec la construction d’une immense mosquée, mais rénove ses immeubles de style Art déco du centre. Là, chaque coin de rue évoque un souvenir, des anecdotes à l’ancien gamin séfarade de la Casbah.

    Sous les arcades, les mosaïques de vieilles réclames sont toujours incrustées au sol. Le bâtiment de l’ancien mess des officiers, où ses parents se sont rencontrés, est toujours là. Ses fondations remontent à l’occupation ottomane, qui a duré plus de trois siècles. Le cimetière juif flanqué sur une colline dominant la mer est gagné par la végétation. Une sépulture brille au milieu des autres, celle de Roger Hanin mort le 11 février 2015. Sur sa tombe, il a voulu qu’Arcady raconte… une histoire drôle avec un rabbin.

     

    Sur la tombe de Roger Hanin © Pascal Rostain

    Le passé ressurgit par petites touches comme au pied du restaurant Le Dauphin. Arcady se remémore un dialogue du «Grand Pardon». Son fils, Alexandre Aja (devenu, lui aussi, réalisateur), alors tout jeune,  joue le petit-fils de Roger Hanin qu’il interpelle ainsi: «Grand-père, c’était comment l’Algérie? 
     – Dans la Bible, il est dit qu’Israël, c’est le pays où coulent le lait et le miel. Eh bien tu vois, l’Algérie d’avant c’était pareil, en mieux.»

    Quelques photos supplémentaires de Paris-Match

     

     

     

     

    « Alexandra Lamy : le film "Nos Patriotes" a des résonances avec ce qui se passe aujourd'hui"Aujourd'hui 18 juin 2017 est un jour particulier... »

  • Commentaires

    1
    php
    Mercredi 10 Mars 2021 à 18:57

    J'ai vu le coup du sirocco pour la première fois de ma vie cette année: le début ok surement c'était comme ça tel que Camus le décrivait mais l'introduction du couscous en métropole juste pour se faire de l'argent et non pas pour se rappeler le pays: complètement faux!

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :