-
Algérie-Palestine : nouvelle provocation raciste de Louis Aliot à Perpignan
Article mis en ligne en mars 2024
Algérie-Palestine : nouvelle provocation
raciste de Louis Aliot à Perpignan
A Perpignan, le maire RN, Louis Aliot, organise une exposition intitulée «Soixante ans après, l’histoire se répète : FLN et Hamas, mêmes méthodes, même stratégie». Des associations protestent contre un maire qui a donné le nom d'un chef de l’organisation terroriste de l’OAS, Pierre Sergent, à une esplanade de la ville. Par Gilles Manceron, Fabrice Riceputi et Alain Ruscio.
Le samedi 23 mars est programmé à Perpignan le vernissage d’une exposition intitulée « Soixante ans après l’histoire se répète : FLN et Hamas, mêmes méthodes, même stratégie ». Les organisateurs en sont le maire RN Louis Aliot et le Cercle algérianiste, un organisme financé sur fonds publics et bien connu pour ses falsifications de l’histoire et son culte de l’Algérie coloniale. Treize organisations locales appellent à une manifestation de protestation contre cette nouvelle provocation de Louis Aliot. Rappelons qu’il avait déjà fait adopter par son conseil municipal un hommage à l’officier putschiste et chef criminel de l’OAS, Pierre Sergent, en attribuant son nom à une esplanade de la ville.
Toujours soucieux de satisfaire le noyau dur de son électorat nostalgique de l’Algérie coloniale et admirateur des crimes de l’OAS, le maire de Perpignan renoue donc, un demi-siècle après, avec une pratique très répandue durant la guerre d’Algérie : l’exposition d’images d’« atrocités du FLN », réelles ou non, destinées à disqualifier le combat pour l’indépendance d’une grande partie du peuple algérien et à réduire celui-ci au « terrorisme ». En 1957, Jean-Marie Le Pen, tout juste rentré de son séjour de parachutiste tortionnaire, en organisait déjà de semblables lors de sa « caravane pour l’Algérie française ». Le gouvernement de Guy Mollet, qui encourageait la torture à Alger, en fit une brochure de propagande très largement diffusée. Sans doute s’agit-il des mêmes images.
L’amalgame fait à présent par Louis Aliot et son parti entre le FLN algérien et le mouvement islamiste palestinien Hamas au nom d’une permanence « terroriste » arabe et musulmane, comme l’a fait remarquer Nicolas Lebourg dans un article du quotidien L’Indépendant, est ancienne dans la «fachosphère». Elle se fonde principalement sur un déni, fort répandu bien au-delà du RN, de la nature coloniale tant de l’Algérie française que de la Palestine qui a connu au XXème siècle, dans le contexte de l’expansion générale des empire coloniaux, d’abord l’arrivée de nombreux immigrants juifs fuyant l’Europe, puis une occupation complète par Israël après 1967.
L’histoire de l'Algérie, comme celle de plus de la moitié des pays aujourd’hui représentés à l’ONU, a été marquée par une longue et violente colonisation de 1830 à 1962. Depuis 1948 avec la Nakba, l’expulsion violente de 800000 Palestiniens, celle de la Palestine est bel et bien marquée elle-aussi par un phénomène colonial, même si celui-ci n’a pas pour origine l’expansionnisme d’un État métropolitain mais un mouvement de refuge d’individus fuyants des persécutions racistes.
La guerre menée par la France en Algérie pour maintenir sa domination s’est faite au prix d’innombrables crimes de guerre et crimes contre l’humanité, dont, par exemple, l’institutionnalisation de la torture et la répétition de massacres de civils en guise de représailles collectives. Comme l’a montré Frantz Fanon, la résistance des colonisés a été quant à elle profondément marquée en miroir par cette violence de longue durée. Et la résistance algérienne a parfois dirigé sa violence non seulement contre l’armée d’occupation mais aussi contre certains éléments de la population civile, comme ce fut le cas par exemple en mai 1945 ou en août 1955 dans le Constantinois. Cette terrible dynamique a parfois débouché sur l’acceptation de pratiques arbitraires qui ont obéré le futur de l’émancipation du pays.
Si un parallèle avec la Palestine existe, il réside en cette violence coloniale subie sans limite et dans des ripostes elles-mêmes criminelles. La « prison à ciel ouvert » de Gaza, on le sait, a nourri des idéologies, des pratiques politiques et un appareil politico-militaire au sein de la résistance palestinienne qui, en prétendant œuvrer à la résistance et à l’émancipation, a commis des actes de nature terroriste. Les massacres du 7 octobre l'ont dramatiquement illustré. Mais ils ne peuvent en aucun cas justifier la véritable guerre à la population palestinienne qu’exerce depuis cinq mois l’État israélien et son armée. Une guerre qui a déjà tué au moins 30 000 civils tout en terrorisant et affamant deux millions et demi de Palestiniens de Gaza, en frappant aussi ceux de Cisjordanie. Tout comme l’assassinat de civils européens lors d’émeutes de colonisés en Algérie ne justifiait pas les massacres aveugles en représailles collectives de milliers de civils algériens par l’armée française.
Louis Aliot et les dirigeants du RN, qui n’ont jamais admis le droit à l’indépendance du peuple algérien, qui vouent un culte aux tortionnaires et assassins ayant sévi au sein de l’armée française, et pour lesquels l’ère coloniale représente un âge d’or dont ils sont nostalgiques, sont totalement disqualifiés pour émettre un tel parallèle historique et se découvrir ainsi soudainement les soutiens des Juifs d’Israël et faire croire qu’ils sont des adversaires de l’antisémitisme.
Cette lamentable exposition à Perpignan confirme que le soutien apporté par le RN à la guerre génocidaire israélienne à Gaza n’a qu’une seule motivation : diffuser le racisme anti-arabe et l’islamophobie dont l’extrême droite a fait en France son fonds de commerce électoral. Comme jadis le suprémacisme blanc du FN le conduisait à admirer et à soutenir l’apartheid sud-africain, et, comme en 1940 l’antisémitisme de certains des fondateurs de ce courant politique les conduisaient à collaborer avec les nazis.
SOURCE : Algérie-Palestine : nouvelle provocation raciste de Louis Aliot à Perpignan | Le Club (mediapart.fr)
Exposition FLN-Hamas de la Ville
de Perpignan : treize associations et partis
politiques appellent à une manifestation
Le 12 novembre 2023, Louis Aliot, le maire RN de Perpignan avait organisé un rassemblement contre l’antisémitisme et déployé, à cette occasion, une banderole demandant de libérer les otages après les attaques du Hamas en Israël. Nicolas Parent - Nicolas Parent
Une manifestation sera organisée samedi 23 mars 2024, dans la matinée du vernissage de l’exposition polémique de la Ville de Perpignan qui assimile FLN et Hamas.
La Ville de Perpignan, avec le cercle Algérianiste, présentera ce samedi 23 mars 2024 à la salle des Libertés une exposition dont le nom, et le thème, ont créé la polémique : "60 ans après, l’histoire se répète. FLN et Hamas : mêmes méthodes, même stratégie".
Au lendemain du décryptage de cette analogie historique dans L’Indépendant par l’historien perpignanais spécialiste de l’extrême droite en France, Nicolas Lebourg, l’opposition s’organise.
Pas moins de treize associations et partis politique, penchant à gauche, appellent à une manifestation le jour même du vernissage de l’exposition.
La gronde est portée par : l’association de solidarité avec tous les immigrés (ASTI), le Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (Mrap), La Ligue des droits de l’homme, l’Association nationale des pieds-noirs progressistes et leurs amis, L’Alternative, Le Comité Pour la Mémoire, Contre l’Oubli, La fédération Franco Algérienne, le Mouvement pour la paix et les partis politiques Génération. s, Europe Écologie Les Vers, France Insoumise et le Nouveau parti anticapitaliste NPA.
Josie Boucher, présidente de l’Asti qui se dit "scandalisée par l’instrumentalisation des victimes de guerre", précise que le rassemblement se fera sur le boulevard Wilson, côté allées Maillol. Un rendez-vous, éloigné de l’entrée de la salle des Libertés, "pour montrer notre désaccord mais sans provocation". Le rassemblement est prévu à 9 h 30.
Jacki Malléa m’écrit :
Michel bonjour
Ce matin, suite à la provocation d'Aliot, nous avons organisé un rassemblement.
Voici les photos et le communiqué que j'ai lu.
Bonne journée
Communiqué
Vous trouverez ci-joint à l’initiative du collectif « Pour une histoire franco-algérienne non falsifiée » soutenu par : L’ASTI, le MRAP, la LDH, l’ANPNPA, L’Alternative, l’AFPS, Le Mouvement de la Paix, Le Comité Pour la Mémoire Contre l’Oubli, La Fédération Franco-Algérienne, Génération.s, la CGT, EELV, FI, NPA.
Le Collectif pour une histoire franco-algérienne non falsifiée dénonce la nouvelle provocation du maire RN/FN de Perpignan et des nostalgiques de l’Algérie française qui avec leur exposition « 60 ans après, l’histoire se répète : FLN et Hamas, mêmes méthodes, même stratégie », instrumentalisent les crimes odieux commis par le Hamas le 7 octobre dernier pour jeter le discrédit sur la lutte légitime que mène aujourd’hui le peuple palestinien, menacé d’un génocide par le régime d’extrême-droite de Netanyahu et la lutte tout aussi légitime qu’a menée le peuple algérien pour son indépendance. Contre les amalgames, les révisionnismes et les falsifications de l’histoire coloniale et l’instrumentalisation de l’histoire de notre pays, notre collectif réaffirme son combat pour la vérité, la justice, l’amitié entre les peuples et la construction d’une mémoire partagée et apaisée.
Le 23 mars 2024
Les photos de la manifestation à Perpignan
« Législatives : RN, une majorité absolue qui s'éloigne ? • FRANCE 24 *** Le maire de Perpignan Louis Aliot en colère et ridiculiséD’anciens déportés appellent à faire barrage au RN : « Nous savons où mènent le racisme, l’antisémitisme, la restriction des libertés » »
-
Commentaires
3Ponsot DanièleLundi 25 Mars à 08:272Ould AoudiaSamedi 23 Mars à 15:04Honneurs aux organisations et aux participants de cette contre manifestation. Jean Philippe AoudiaEh oui, c'est bien à une instrumentalisation de l'action du Hamas le 7 octobre à laquelle on assiste. Elle est utilisée pour refuser la résistance des Palestiniens contre le colonialisme pratiqué par Israël de même que dans la guerre des mémoires la lutte armée engagée par le FLN pour en finir avec une domination coloniale similaire et obtenir l'indépendance de l'Algérie.
Ajouter un commentaire
J'ai une anecdote concernant le célèbre chant "Maréchal nous voilà :". Elle se passe dans un lycée d'Heilbronn ville jumelée avec Béziers en décembre 2001. Je participais à un échange scolaire.
Un collègue allemand qui enseignait l'histoire nous demande d'intervenir dans un de ces classes pour évoquer la France au temps de l'Occupation. Aidé par le prof d'allemand de mon collège je fais un topo sur la question. Et à la fin nous entonnons le célèbre "Maréchal nous voilà !" Nous avons été applaudis par notre jeune public.
Cela n'e m'est arrivé que deux fois au cours de ma carrière et les deux fois c'est en Allemagne !