• "Algérie : quand l'Histoire percute l'actualité" par Benjamin Stora

    "Algérie : quand l'Histoire percute l'actualité" par Benjamin Stora

    2019

    "Algérie : quand l'Histoire percute l'actualité" par Benjamin Stora

    Algérie: quand l'Histoire percute l'actualité

     PAR BENJAMIN STORA

    Le 12 décembre 2019 auront lieu des élections présidentielles en Algérie. Mais la veille, le 11 décembre, les Algériens se souviendront surtout de ce qui s’est passé… le 11 décembre 1960. En ce jour de décembre 1960 à Alger, les masses algériennes vont faire irruption sur le devant de la scène, et «faire» l’histoire.

     

    Le 11 décembre 1960 à Alger 

    Quand l’histoire de la guerre d’indépendance algérienne vient percuter l’actualité récente de l’Algérie….. Le 12 décembre 2019 auront lieu des élections présidentielles en Algérie. Mais la veille, le 11 décembre, les Algériens se souviendront surtout de ce qui s’est passé … le 11 décembre 1960. En ce jour de décembre 1960 à Alger, les masses algériennes vont faire irruption sur le devant de la scène, et « faire » l’histoire. Dans la capitale de l’Algérie encore française, ce sont les ouvriers et les étudiants, les sans droits et les chômeurs qui vont tenter de s’emparer du centre des grandes villes d’où ils sont exclus. Prendre possession des espaces citadins, c’est déjà accéder à une forme de modernité, vouloir peser sur les décisions politiques, utiliser les villes comme des « caisses de résonance » pour faire valoir sa cause et ses frustrations.

    La « révolution algérienne » quitte donc les campagnes et se dirige vers les villes. Retour donc sur les grandes manifestations d’Alger en décembre 1960, moment annonciateur de l’indépendance qui arrive. Au moment où se déroulent sous nos yeux une « nouvelle révolution algérienne », commencée le 22 février 2019 par la demande de départ d’Abdelaziz Bouteflika, il est intéressant de voir comment les masses algériennes sont descendues dans la rue en décembre 1960, pour montrer leur volonté d’accéder à la naissance d’une République Algérienne.

    Avant le 11 décembre 1960 

    Dans son allocution radiotélévisée du 4 novembre 1960, le général De Gaulle, après avoir renouvelé sa proposition d’une « paix des braves », promet un meilleur niveau de vie par des réformes sociales et économiques à travers le « Plan de Constantine » et « les mille villages ». Il évoque ensuite « une République Algérienne » dont le projet sera soumis à un référendum le 8 Janvier 1961. Pour lui l’affaire est délicate, et il tient à évaluer les réactions de sa politique auprès de la communauté européenne et de l’armée française en Algérie, à travers un voyage de « sondage » qu’il entreprend du 9 au 12 décembre 1960. De leur côté, conscients de la gravité de la décision du chef de l’Etat, les partisans de l’Algérie française mobilisent pour la préservation du statut quo colonial.

    Les organisations extrémistes comme le Front de l’Algérie Française (le F.A. F). et quelques unités de l’armée sous la houlette du général Jouhaud établissent un programme d’action à cette occasion. Ils entendent accueillir le Chef de l’Etat français par une grève générale, des manifestations hostiles à sa politique et ils veulent faire participer les Algériens musulmans à ces manifestations, comme une sorte de répétition du 13 mai 1958. Le 9 décembre De Gaulle est effectivement mal accueilli à Aïn Témouchent, dans l’ouest algérien, première étape de son voyage. Des manifestants « pieds-Noirs » se préparent à l’action à Alger et lancent un mot d’ordre de grève générale. La ville est paralysée, des magasins sont saccagés, des milliers de litres d’huile de vidange déversés sur la chaussée. Le tout aux cris de « Algérie française ! », « De Gaulle au poteau ! »… Cherchant à provoquer l’intervention de l’armée française en leur faveur, les manifestants se rendent dans les quartiers arabes, incitant les Algériens à se joindre à eux en menaçant certains les armes à la main. Mais la « Fraternisation » du 13 mai 1958 est bien loin désormais. Le lendemain, 10 décembre 1961, alors que rien n’annonçait l’événement, des milliers Algériens défilent, mais pas du tout dans le sens espéré des partisans de l’Algérie française…

    Alger, le 10 décembre 

    Le samedi après-midi du 10 décembre 1960 à 16h 45, à hauteur du « Monoprix » de la rue d’Isly à Alger, une bagarre - la première - éclate entre « Français de souche » et « musulmans ». A 18 h, dans la nuit humide qui avance sur Alger avec un rideau de pluie, les passants voient une course vers le quartier Belcourt. Comme un torrent dans un tumulte, qui donne le frisson, « la foule, arborant des drapeaux F.L.N. dévale la colline où sont accrochés les bidonvilles. Elle se rue dans la rue de Lyon dévastant les magasins, faisant effondrer les vitrines dans un bruit de verre brisé. Des fenêtres soudain, des coups de feu claquent. Deux hommes et un enfant tombent mortellement frappés : un Européen pris de panique, venait de tirer de son balcon », note le quotidien français Libération. Des jeunes formés en plusieurs groupes dont quelques-uns déploient rapidement des drapeaux vert et blanc du F.L.N. avancent aux cris de « Algérie musulmane », « Abbas au pouvoir », « Libérer Ben Bella », « Lagaillarde au poteau ». Des renforts de gendarmes mobiles les arrêtent et ils n’insistent pas. Cependant, vers 19h 30, d’immenses flammes s’élèvent dans tout le quartier jusqu’à ce que les pompiers aient réussi à circonscrire le sinistre. Un jeune algérien musulman qui se trouve à la tête d’un groupe en prend la parole : « Nous ne nous attaquons pas au service d’ordre mais nous manifestons contre les Européens qui veulent nous obliger à fermer nos magasins et à défendre avec eux l’Algérie française, alors que nous voulons l’Algérie musulmane ».

    Au même moment, plusieurs milliers de musulmans descendent du clos Salembier (banlieue d’Alger) par le ravin de la Femme Sauvage avec, à leur tête, des femmes poussant des you-you et criant « Algérie algérienne ». Beaucoup d’entre eux, armés de gourdins, de barres de fer, de planches et de chaînes de bicyclette, remontent la rue de Lyon et attaquent la plupart des magasins situés entre la rue Musset et la rue Fernand-Costes. Quelques Européens, armés d’armes à feu tirent au revolver dans leur direction et, à l’angle de la rue de Lyon et de la rue Bigoni. Un musulman est lynché. A 19 h 45, le service d’ordre attaque les musulmans à coups de grenades lacrymogènes et de grenades offensives. Des forces militaires considérables, chars, automitrailleuses, camions chargés de gendarmes mobiles, descendent des hauts d’Alger vers Belcourt et le Ruisseau. Une vague de manifestants musulmans s’abat entre 21h 30 et 22 heures sur Diar El Mahçoul, brisant les voitures lapidant et défonçant les boutiques. 

    11 décembre 1960, journée décisive 

    Le dimanche matin du 11 décembre, une pluie fine continue de tomber sur la ville. Les manifestations reprennent à Belcourt. Elles sont le fait de groupes de cent à deux cents très jeunes musulmans qui arborent des drapeaux verts du F.L.N. et scandent « Lagaillarde au poteau ! » « Abbas au pouvoir » « Rencontre Abbas-De Gaulle ! » A 10 h, dix mille musulmans sont massés dans les rues de la Petite Casbah. Ils frappent des pieds sur les toits de tôle des baraques pour scander les slogans. Ils agitent au bout de perches une demi-douzaine de drapeaux F.L.N. Les you-you stridents des femmes percent à travers ce fracas. Les manifestations sont difficilement contenues par de puissants cordons de C.R.S. Un détachement de parachutistes béret rouge, commandé par le colonel Massot, vient prendre position l’arme au pied, face aux ruelles bondées de manifestants. A midi, les cris continuent , malgré les exhortations des hauts parleurs de la police à terminer cette manifestation.

    L’hebdomadaire France Observateur (en date du 15 décembre) raconte la scène, cette fois vue du côté des Européens. « Dimanche matin, vers 10 heures. Rue de Lyon (quartier Belcourt). Un groupe de jeunes pieds noirs d’une vingtaine d’années ( certains portent l’insigne Jeunes Nation) discutent. Sur le trottoir des flaques de sang frais. Ils parlent des contre-manifestants de la veille : « C’est une honte. Quand on pense qu’ils sont venus hier soir jusqu’ici avec les drapeaux des felouses ! Et l’armée qui n’a rien fait ! Nous on était rue Michelet. On s’attendait pas à ça. Quand on est arrivés, on a appris ce qui s’était passé. Heureusement, il y a des Français qui ont tiré des fenêtres. Les ratons se sont sauvés comme des lapins. Ils ont eu six morts. Quand aux tâches de sang frais sur lesquelles nous piétinons, ils en expliquent ainsi l’origine. « Celui là on l’a eu tout à l’heure. On l’a poussé dans l’encoignure de la porte, le fumier, et il a eu son compte. Je comprends ainsi que le malheureux a été tué et qu’il n’y a pas eu besoin pour cela de revolver. A 150 mètres de là, un cadavre sur un trottoir ; celui d’un ouvrier musulman avec des bottes, une large tâche de sang sur la poitrine, la tête recouverte par sa veste. Il vient d’être tué, une balle à bout portant en plein cœur. Autour du cadavre, une centaine de pieds noirs discutent. Un homme d’une soixantaine d’années, cheveux blancs, retraité ou petit rentier, montre la pointe de son parapluie : « Je l’ai enfoncé dans la tête des melons » dit il avec fierté ».

    De l’autre côté, dans les rangs des Algériens musulmans, les revendications se veulent plus explicites, il faut montrer sa force, dire que les souvenirs de « La bataille d’Alger » de l’année 1957 sont maintenant effacés. L’initiative est désormais reprise par le FLN. Un reporter de France Soir (paru le 13 décembre) rencontre un dirigeant du FLN d’Alger : «  Je descends une ruelle étroite à la pente abrupte et doit me frayer un passage parmi la foule compacte : femmes voilées, hommes et enfants. Devant moi à quelques dizaines de mètres une petite barricade derrière laquelle se pressent 200 ou 300 personnes qui hurlent à tue-tête. Encore un peu plus loin, j’aperçois les casques des C.R.S qui restent impassibles. Un café maure. A l’intérieur, beaucoup de monde attablé. Les gens sont calmes. Certains même sourient. On me prie d’entrer. On me pousse dans l’arrière-salle. (…) Les meneurs me donnent leur version des incidents qui ont fini par tourner au tragique : « Lorsque le général De Gaulle est venu en Algérie, les Européens ont manifesté, mais nous, on est restés tranquilles chez nous. Ce sont eux qui sont venus nous chercher. Ils ont envahi notre quartier. Ils nous ont obligés à fermer les cafés, le revolver à la main. On a voulu résister. Ils se sont mis à tirer. Hier nous avons eu six morts. Aujourd’hui cinq. Et les musulmans ajoutent : «  Nous sommes tous pour le F.L.N., nous n’avons jamais voulu bouger, mais maintenant nous sommes lassés de ce qui se passe en Algérie. Nous ne sommes pas pour le général De Gaulle, car dans l’état actuel des choses, il n’y a que deux solutions : ou une Algérie fasciste ou une Algérie indépendante. »

    En fin de matinée de ce dimanche 11 décembre 1960, la masse des manifestants musulmans ne cesse de grossir. Des Européens tirent. D’autres jettent des grenades d’un balcon sur des groupes de jeunes Arabes. La température monte. Des manifestants brandissent l’emblème ensanglanté et crient : « Messieurs les journalistes, il y a beaucoup trop de sang sur notre drapeau. Un million d’Algériens sont morts pour l’indépendance… » Des applaudissements, des coups de sifflet, des cris, des you-yous soulignent cette profession de foi. Les manifestants lèvent au-dessus de leur tête des bâtons, des cannes, des parapluies. C’est un tumulte extraordinaire. Une nouvelle pancarte improvisée apparaît au-dessus de la masse déchaînée. Elle proclame : « Vive l’Algérie indépendante ! Vive l’Armée de Libération Nationale ! Vive le F.L.N. » Des plaques de tôle arrachées aux baraquements sont, de minute en minute, couvertes d’inscriptions nationalistes.

    La manifestation musulmane se déplace vers les hauteurs du quartier de Diar El Mahçoul, boulevard de l’Amiral Guépratte. Les manifestants continuent à renverser et à briser les voitures qu’ils rencontrent sur leur passage. Les militaires français demandent aux Européens armés à la lisière du quartier du Hamma de se disperser et de rentrer chez eux. A Diar El Mahçoul les manifestants s’attaquent aux parcs de voitures, brisant certaines d’entres elles et s’emparent d’autres. Deux jeunes filles musulmanes habillées de vert et de blanc et portant le calot de l’A.L.N. chantent l’hymne du F.L.N. et des chants du maquis. Des échanges de coups de feu ont lieu entre les manifestants musulmans, toujours soutenus pas les « you you » des femmes, et les habitants d’immeubles proches de l’église St Jean-au-Ruisseau. Les paras du 18éme Régiment prennent place aux débouchés de la Casbah. A Belcourt les manifestants musulmans parvenus à proximité immédiate d’un détachement militaire jettent des pierres sur ce dernier. Les militaires ripostent et l’un des manifestants est grièvement blessé. A midi, sur la route du ravin de la « Femme Sauvage », un inspecteur de police des renseignements généraux est égorgé. Sa voiture est incendiée.

    Du célèbre quartier populaire de Bab-el-Oued parviennent des nouvelles alarmantes. Des heurts opposent « Français de souche » et musulmans au carrefour de la Rampe-Vallée et rue Mizon. Place des Trois-Horloges, où les parachutistes viennent de prendre position, deux cadavres s’offrent aux yeux des passants. Ceux de deux musulmans tués par balles. Le premier gît dans le caniveau, le dos au sol, les yeux encore ouverts. Il a été touché à la tête. Le second est recroquevillé au milieu de la chaussée. Les ambulances qui sillonnent sans arrêt les rues de la ville ne sont pas encore venus enlever les corps. On s’occupe d’abord des blessés.

    A 13h, la Casbah est encerclée par les zouaves. Elle est complètement fermée par des réseaux de barbelés et chevaux de frise. Il est interdit d’en sortir et tout musulman qui veut y pénétrer doit prouver qu’il y habite en présentant sa carte d’identité.

    C’est le début de l’après-midi dans le quartier Belcourt. 40 camions chargés de C.R.S et de gendarmes descendent le long de l’agglomération musulmane du Clos Salembier, où il y a notamment un bidonville musulman extrêmement important.

    Soudain alors que la pression se fait plus forte à la hauteur de la place du Gouvernement, des coups de feu éclatent. Plusieurs personnes tombent à terre. Hommes, femmes, enfants se mettent à courir dans tous les sens, tandis qu’en quelques minutes des ambulances arrivaient sur les lieux.

    Très rapidement, les manifestants musulmans remontèrent vers la Casbah bouclée par le service des jeunes brandissant toujours des drapeaux F.L.N. continuèrent à parcourir les rues étroites sous les acclamations des femmes musulmanes massées aux fenêtres.

    Le journal Libération note dans son édition du 12 décembre : « Après le recoupement de plusieurs témoignages, il apparaît que la plupart des musulmans tués au cours de cet après-midi tragique l’ont été pendant cette fusillade de Bab-El-Oued, les uns par les forces de l’ordre, les autres par les Européens qui se sont livrés à des excès. Plusieurs musulmans ont été lynchés dont deux dans un café maure. Plusieurs autres ont été abattus alors qu’ils s’enfuyaient après les premiers coups de feu ».

    De son côté France observateur écrit : « Une centaine de musulmans au moins ont trouvé la mort à cet instant. Et cela parce que Bab-el-Oued soudain, a eu peur. L’armée, certes a tiré, ou tout au moins certaines de ses unités. Au Ruisseau, par exemple, les parachutistes ont « nettoyé » à la mitraillette. Mais l’autopsie des corps, ordonné par la Délégation générale, contre l’avis semble-t-il des militaires, a démontré que la majorité des musulmans tués l’avaient été par de simples balles de revolver, c’est à dire par des balles tirées par des Européens ».

    A 15h, L’armée ouvre le feu sur les émeutiers musulmans rassemblés place du Gouvernement, en bas de la Casbah. À l’autre bout de la ville, dans le quartier du Ruisseau, les parachutistes tirent avec des armes automatiques. Premier bilan : cinq morts et plus de cent blessés. Au début de l’après-midi, des parachutistes arrivant de l’intérieur, en provenance de Télérgma à bord d’avions qui se posent sur l’aérodrome de Maison Blanche toutes les dix minutes, ont entrepris le « nettoyage » des barricades. Pourtant les manifestations se poursuivent. Deux mille musulmans portant des drapeaux F.L.N. sont rassemblés à 500 mètres en contrebas de la cité de Diar-El-Mahçoul. Des paras les contiennent. Un porteur de drapeau F.L.N manque de peu d’être lynché par des Européens.

    A 16 h, le drapeau F.L.N. flotte sur la Casbah et sur une synagogue désaffectée.

         Un combat de rue a lieu entre Européens et musulmans dans le quartier de la rue de Lyon, à la hauteur du boulevard Auguste-Compte. De nombreux coups de feu sont tirés par les Européens. Quarante gardiens de la paix et un commissaire de police parlementent avec les musulmans qui demandent à faire constater que parmi eux il y a les blessés par balles, et sans doutes des morts. Les dirigeants de la manifestation F.L.N. entourent un journaliste de Paris Jour : « Je dois dire qu’ils étaient très calmes et fort courtois. ·       Vous êtes journaliste ? ·       Oui ! ·       Vous êtes de Paris ? ·       Oui ! ·       Alors, voici ce que nous avons à dire et à faire savoir. Nous attendions ce moment depuis des années. Nous nous rappelons une chose : les 45 000 morts musulmans des émeutes de Sétif en 1945. Ces massacres ont été ordonnés par De Gaulle qui était alors chef du gouvernement. A présent, ce que nous voulons c’est l’indépendance. Il faut négocier avec Ferhat Abbas, avec le F.L.N. ·       Et le prochain référendum ? ·       C’est du bluff ! L’un des jeunes musulmans m’entraîne vers le « Bastion ». Il me montre un drapeau vert sur lequel on aperçoit de grands tâches rougeâtres. ·       Regardez ce drapeau. Eh bien ce que vous voyez dessus c’est du sang, le sang de nos camarades qui ont été blessés ce matin par des Européens ». Le journaliste de France Observateur écrit, le soir de cette manifestation : « Le 11 Décembre 1960, à Alger et sans doute aussi au même moment à Oran et dans d’autres villes réputées pacifiées, la peur a changé de camp ». Et son article se termine ainsi, par des phrases prononcées par de jeunes Algériens : ·    « Cela ne pouvait plus durer. Mon mari a disparu depuis 1957. Nous sommes des centaines dans le même cas… Il faut que cela finisse… ·       Nous ne sommes pas contre la France, nous ne sommes pas contre De Gaulle. Nous sommes contre le F.A.F et nous voulons que De Gaulle négocie avec le G.P.R.A. ·       Quel âge avez-vous ? ·       Dix-neuf ans, bientôt celui du service militaire. ·       Lequel ? ·       Vous ne le saurez pas ».

    Dans son Journal, en date du 11 décembre 1960, le grand écrivain algérien, Mouloud Feraoun (qui sera assassiné en mars 1962 par l’OAS), écrit :

    « Aujourd’hui donc, sortie des Arabes dans la rue. Il s’agit des gens de « chez moi », c’est à dire du Clos. Ils ont investi Mahçoul et Saada (Diar-el-Mahçoul et Diar-el-Saada, deux cités « nouvelles » au dessus de Belcourt). Ceux de Belcourt, du Ruisseau aussi. Il y avail les bidonvilles Nador, Scala, El Amal, Bodez, Abulker, tous. Il y avait Kouba. La kasbah, Bal el Oued ont voulu sortir aussi. Que s’est il produit en fin de compte ? C’était facile à prévoir, les Européens se sont affolés, l’armée s’est affolée ou a fait semblant de l’être. Il s’agissait ne de gouailler, ni de s’amuser, ni de jeter des bonbons. Il fallait mitrailler. La D.Q annonce à 22h cinquante et un morts dont quarante cinq musulmans. L’armée a tiré dessus. Ou les civils.

    Ainsi la situation est claire : les Arabes, que personne n’a poussés, excédés seulement par les fanfaronnades des pieds-noirs, sortent pour crier leur exaspération, ceux qui prétendaient les défendre, les couver, fraterniser avec eux leur tirent dessus. Bas les maques, Messieurs ! Vous pouvez tous les massacrer à présent, vous êtes fichus.

    (…) Pour demain, les écoles sont fermées, il y aura probablement les Arabes dans la rue et les soldats pour les descendre. La Kasbah, Hussein Dey, Maison Carrée, ect…. N’ont pas encore dit leur dernier mot. Ce soir, j’ai dû faire un détour de trente kilomêtres pour rentrer alors que je me trouvais à deux kilomètres de la maison, à Bouzaréah. Les Militaires bouclaient la ville. Evidemment, il sera facile de reprendre la situation en main, lorsqu’on aura affaire qu’aux Arabes parce que, avec les Arabes, on se sent fort et on use de sa force. N’empêche que ces mêmes Arabes ont fichu un sacré coup à deux années laborieuses de pseudo-pacification. On se croirait replongé dans les jours les plus sombres de 1957.

    Ajoutons enfin, pour terminer, que le travail de l’ONU devrait être facilité par de telles drames. Il n’y a plus moyen de farder la vérité : un peuple sous le joug souffre depuis six ans la plus injuste des souffrances, peut-on lui porter secours ou le laissera-t-on détruire ? » (1).

    Bilans et interprétations. 

    Les cris et slogans hostiles à l’Algérie française, les drapeaux vite confectionnés et brandis sous le nez de l’armée, constituent une grande surprise pour les Européens habitués au « calme » des Algériens depuis la terrible « Bataille d’Alger » de l’année 1957. Ils sont donc sidérés par l’irruption inattendue de ce peuple. Une réalité nouvelle fait brusquement irruption devant leurs yeux. Les « forces de l’ordre » françaises interviennent plusieurs fois, tirent dans la foule. Mais malgré la mort qui fauche hommes, femmes et enfants, les manifestants algériens, malgré le carnage, restent sourds aux rafales des soldats parachutistes. Certaines unités françaises, demeurées loyales au gouvernement, s’interposent entre Algériens et parachutistes, empêchant ces derniers de profiter de la situation. Terrifiés par la spontanéité des événements, certains « pieds-noirs » se barricadent chez eux, non sans en profiter pour tirer sur les Algériens à partir des terrasses et des balcons. Durant cinq jours, les manifestations algériennes se poursuivront à Alger et dans d’autres villes. On évalue aujourd’hui à près de deux cents le nombre de victimes algériennes, parmi lesquelles des femmes et des enfants. Un bilan officiel fait état de cent douze morts musulmans à Alger.

    Sur les causes de cette manifestation, plusieurs interprétations ont été avancées. Certains journalistes français, comme Claude Paillat dans ses Dossiers secrets de l’Algérie ou Yves Courrière dans son histoire de La guerre d’Algérie ont avancé l’hypothèse que des services policiers ou militaires français, favorables à la politique du général De Gaulle, et désireux de contrer le mouvement pied-noir qui quelques mois plus tard allait donner naissance à l’OAS, ont favorisé les manifestations algériennes. Pour l’historien algérien Messaoud Maadad, « beaucoup d’informations contradictoires entourent cet événement, laissant comprendre parfois que le mot d’ordre venait de certaines autorités militaires françaises qui voulaient contrecarrer les projets extrémistes. D’autres disent que les mots d’ordre venaient du F.L.N. qui voulait secouer l’opinion internationale à la veille de la XVè session de l’O.N.U. Il est difficile de connaître la vérité sur l’origine du mot d’ordre, tant les affirmations de part et d’autre sont nettes et fermes et surtout ne contredisent pas les faits. Cependant la spontanéité, la brutalité de l’intervention des masses dans la rue, militent à notre sens pour la prise de décision « innée » de ces masses pour faire valoir son « mot à dire ». (…) Les manifestations dites du « 11 décembre » furent, à notre avis, l’expression d’une révolte au sein même de la Révolution, car excédées par les manœuvres politiques, les promesses de paix, les illusions de bonheur, fatiguées d’un conflit où seule compte la force brutale, les masses algériennes profitèrent de la présence du chez d’Etat français sur le sol algérien pour dire « Assez ! » par dessus la menace de cette force brutale. »

    Et il est vrai que, quelque soit les manœuvres venant de toutes parts, une bataille décisive est gagnée par le GPRA. Il sera difficile désormais de parler de populations algériennes restés en masse fidèles à la France. L’illusion de « français musulmans encadrés par la terreur du F.L.N. » s’effondre. A la fin de l’année 1960 en Algérie, les Européens et le haut commandement sont fixés : l’Algérie « de papa » est bien morte, et le FLN a regagné sur la scène politique et diplomatique tout le terrain perdu par les armes.

    L’appel de Ferhat Abbas. 

    Le 16 décembre 1960, à 13 heures, le président du GPRA, Ferhat Abbas lance un appel au peuple et reproduit dans El Moudjahid N° 75, du 19 décembre 1960 :

    « Algériens et Algériennes, qui avez affronté avec abnégation, la fureur des ultras et de l’armée française, nous vous adressons l’expression émue de notre admiration ! (…) Frères et sœurs d’Algérie ! Vous avez écrit, avec le sang de nos martyrs, une page glorieuse de notre Histoire. En acceptant une mort héroïque, vous avez affirmé votre droit à la vie, vous avez gagné le droit à la dignité, vous avez mérité votre liberté. Quelle leçon aux imbéciles agités de la rue Michelet ! Quelle leçon aux apprentis fascistes et aux éternels racistes, qui, sûrs de la police et de l’armée françaises, se livrent impunément depuis six ans aux lynchages et aux tueries des patriotes, de ceux qu’ils devraient respecter parce qu’ils sont dignes de respect. Enfin quelle terrible leçon aux attardés de la « pacification », à ceux qui nourrissent encore l’illusion de séparer notre peuple de son armée et de son gouvernement. (…) Nous vivons un moment crucial de notre Histoire. Nous traversons de grandes épreuves. La bataille que vous venez d’engager à pris une grande ampleur. Le monde entier l’a enregistré comme une éclatante victoire de notre lutte de libération nationale. Cette bataille doit maintenant prendre fin. Elle n’est pas la dernière. D’autres épreuves nous attendent ». 

    (1) Mouloud Feraoun, Journal, pages 308, 309, Paris Ed Seuil, 1962.

     

    Contribution personnelle

     de Jean-François GAVOURY

     

    à la commémoration des événements

     

    du 11 décembre 1960 à Alger

    "Algérie : quand l'Histoire percute l'actualité" par Benjamin Stora

    Avec toute mon amitié,

    Jean-François Gavoury 

     

    Manifestations du 11 décembre 1960 à Alger

    (quartiers de Belcourt et du Ruisseau)

    Extraits du rapport adressé le 16 décembre 1960

    par le commissaire central adjoint d’Alger, Roger Gavoury

    au colonel Moullet, commandant le secteur Alger-Sahel

    "Algérie : quand l'Histoire percute l'actualité" par Benjamin Stora

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    " En milieu de matinée, quelques centaines de manifestants descendaient la rue Julienne en direction de la rue de Lyon.

    Je me suis porté à leur rencontre. Ils ont promis de se fixer sur place si j’allais les aider à ramasser leurs blessés dans les rues avoisinantes, prises sous le feu des habitants européens : je l’ai fait en intimant aux tireurs l’ordre de cesser le feu. J’ai secouru aussi quelques jeunes musulmans aux abois poursuivis par la foule.

    Vers 10 h 45, je suis arrivé rue de Lyon où j’ai trouvé le groupement du colonel Fonty, contenant une foule de musulmans que j’ai évaluée à 8 ou 10.000 et qui hurlait « Algérie musulmane », « Lagaillarde au poteau », etc... Aux abords de la rue de Lyon, des grappes s’accrochaient aux palissades d’un chantier. Peu à peu, la terrasse voisine se garnissait.

    De l’autre côté de la rue de Lyon, rue Lafontaine, dans le prolongement de la rue Rozet, une autre foule, qui fut toujours moins nombreuse, s’agglutinait.

    La volonté offensive de ces musulmans se traduisait par de puissantes poussées pour enfoncer le bouchon de C.R.S., mais jamais aucune violence ni voie de fait ne fut employée. Cependant, cette cohue énorme et explosive était très dangereuse en elle-même pour la population européenne du quartier, d’autant plus qu’aucun encerclement n’existait ni n’était possible avec les dizaines de ruelles et de venelles qui auraient pu lui permettre de se répandre dans tout Belcourt.

    Il était donc habile et indispensable de maintenir cet abcès de fixation.

    Je n’avais aucune responsabilité tactique dans ce dispositif confié au colonel Fonty. Je représentais la sécurité publique d’Alger. Mais j’approuve totalement Fonty dans son attitude patiente.

    J’ose affirmer, avec ma vieille pratique du maintien de l’ordre et mon expérience des foules musulmanes, qu’une telle manifestation ne pouvait être dispersée sans l’emploi massif des armes, étant donné le fanatisme des participants. Or, c’eut été un massacre, une maladresse mortelle, car c’eut été l’enchaînement sans fin de la violence.

    Certes les arabes renoncèrent peu à peu à percer et à défiler et décidèrent de tenir meeting sur place. Des drapeaux FLN apparurent, des discours furent prononcés, hostiles aux paras et aux « pieds noirs » plus qu’à la France. Mais ce n’était pas l’heure de s’exciter sur des emblèmes, des symboles : il y avait une disproportion gigantesque entre leur caractère choquant et les moyens nécessaires à les faire disparaître.

    Toute la journée, je suis resté auprès du colonel Fonty. Je maintiens mon approbation sans réserve à chacune de ses initiatives et je déclare solennellement que j’eusse agi de même que lui si j’avais eu la direction du service d’ordre.

    Vers 13 h 00, je suis allé derrière les manifestants, pour tenter d’en tirer un certain nombre vers le haut. J’ai échoué, mais je suis resté une heure parmi eux. J’ai peut-être contribué à en calmer certains. J’ai constaté qu’ils n’étaient pas armés, qu’ils n’étaient pas hostiles au service d’ordre et j’ai pu me déplacer parmi eux librement.

    Tous m’ont dit leur conversion définitive vers le FLN, leur espoir unique dans le G.P.R.A. Aucun n’a manqué de respect à l’égard du général de Gaulle (1) mais ils ont tous clamé leur impatience. Quand je parlais du référendum, ils me disaient "d’accord, à condition qu’il ne soit pas contrôlé par l’Armée mais par l’O.N.U. ou n’importe qui.".

    Toute la journée, Fonty a été ennuyé par les officiers ou les troupes de parachutistes, scandalisés par cette situation et réclamant de se voir confier le soin de la régler.

    Certains frémissaient d’impatience devant une si belle cible. D’autres étaient réellement inquiets et stupéfiés que la police prît la responsabilité de contenir un tel attroupement sans ouvrir le feu.

    Fonty eut un accrochage violent, devant moi, avec un lieutenant-colonel de parachutistes qui lui mit le pistolet sur le ventre. Moi-même, j’intervins contre un commandant du 504ème Train, puis contre un commandant de paras escorté d’un journaliste. Fonty et moi expulsâmes aussi un capitaine de paras, aux yeux très bleus.

    En fin de compte, les unités aéroportées n’intervinrent pas, mais, pour narguer les musulmans et, peut-être, la police, leurs camions défilèrent à de nombreuses reprises, tournant autour du pâté de maisons et, à chaque fois, le travail était un peu plus difficile pour les C.R.S..

    Dans le milieu de l’après-midi, à un moment où la foule s’élevait sans doute à 15.000, je l’ai exhortée à quitter les lieux sans ne commettre aucune violence ni chercher d’affrontement avec les C.R.S.. Faute d’interprète, cet appel a été traduit en langue arabe par un manifestant remarqué pour son attitude pacifiante.

    Ici se place un autre incident : mon appel terminé, un commandant – que je pense être celui du 504ème Train – se présente pour diffuser un message du Général, commandant le corps d’armée, message dont j’ai noté le texte : "Le Général autorise l’emploi des armes après sommations pour faire cesser tous actes de pillage et d’émeute caractérisés. Faire précéder l’ouverture du feu par les sommations réglementaires. Faire passer un public-adress pour diffuser le présent message.".

    J’ai refusé la possibilité à cet officier de diffuser son texte avant d’être couvert par vous-même : en effet, ces menaces auraient fait monter la température ; par ailleurs, elles ne s’imposaient pas puisqu’il n’y avait ni "émeute" ni "pillage caractérisé".

    Vérification faite, le message qui m’avait été présenté était une synthèse de deux textes : l’un s’arrêtait avant la phrase "Faire passer un public-adress" ; l’autre se terminait par cette même phrase, mais consistait en un simple appel au calme.

    En fin d’après-midi, des rafales d’armes automatiques, venant des hauteurs, dominèrent le fracas des slogans. Le bruit courut que les parachutistes opérant boulevard Cervantès avaient tiré dans la foule. Les manifestants eux-mêmes vinrent nous trouver, Fonty et moi, en implorant leur protection. Tant pour accéder à leur demande que pour tenir la foule par le haut, Fonty fit monter une compagnie, que je guidai à travers les manifestants. Puis je me rendis moi-même boulevard Cervantès. En fait, je ne vis qu’un mort devant les paras. Le capitaine, toujours le même, me déclara ensuite, de retour rue de Lyon, "Je vous préviens. Mon colonel se prépare à liquider votre fameux abcès de fixation avec les moyens que nous venons d’employer là-haut. Ça ne peut plus durer.".

    Pour recréer l’ambiance régnant alors dans le quartier de Belcourt, je cite quelques incidents périphériques :

    ·   Place Jeanne d’Arc, vers 15 h 00, j’intervins pour arrêter le feu des habitants européens descendus dans la rue ou tirant des balcons sur des arabes épars et épouvantés. Il y avait des morts et des blessés. C’est là que je pus arrêter moi-même le nommé Camps, en train de tirer.

    ·      Même intervention rue du 14 juillet.

    ·      Même intervention encore rue Chauzy : à l’angle de cette rue et de la rue Lafontaine, je surpris une cinquantaine de musulmans pillant la serrurerie "Mallare" et s’emparant de barres de fer, de cornières, etc … Sur mon injonction, ils remirent en place leurs armes et sortirent les mains vides. J’obligeai le veilleur à s’enfermer dans la serrurerie.

    La journée tirant à sa fin, les manifestants égosillés et fatigués avaient sensiblement diminué en nombre. On put alors les refouler dans la rue Rozet, les fractionner à partir de la rue Marey.

    Au bas du dernier raidillon, les C.R.S. marquèrent un temps d’arrêt pour respirer. Un haut-parleur que nous entendions depuis longtemps était à dix mètres devant nous, exhortant la foule à ne pas molester les C.R.S.. Deux cailloux tombèrent d’une terrasse. Un concert de protestations des musulmans fit arrêter les lanceurs.

    D’accord avec Fonty au moment de la charge finale, je m’adressai au dernier carré de 200 manifestants : "C’est fini. La police va vous dégager par les mêmes moyens qu’elle emploie contre les européens : les lacrymogènes, la matraque et la crosse.".

    Le haut-parleur, dans une dernière fanfaronnade, répondit : "Si vous avancez, je donne l’ordre d’ouvrir le feu.".

    A ce moment, les C.R.S. lancèrent leurs grenades et les manifestants disparurent en déroute.

    À 17 h 45, tout était fini, sans effusion de sang, sans que les européens de Belcourt aient subi d’exactions, et, comme par hasard, au cours des journées suivantes, Belcourt ne connut pas les troubles qui inquiétèrent le nord de la ville. ".

     

    (1) N.D.L.R. : Quarante-huit heures auparavant, le 9 décembre, le chef de l’État avait effectué un voyage à Tlemcen, où il avait déclaré : "L’avenir de l’Algérie est entre vos mains, à vous autres Algériens, de quelque communauté que vous soyez. Je dis à la communauté musulmane que c’est à elle qu’il appartient de prendre des responsabilités algériennes qui correspondent à sa valeur et à son importance". Sa visite avait été ponctuée d’émeutes, en particulier à Alger, où la journée du 10 décembre sera marquée par l’affrontement, dans le périmètre de la rue Michelet et du Palais d’été, entre l’armée - qui utilise pour la première fois les blindés - et la foule des Européens appelés à manifester en faveur de l’Algérie française.

     

     


     



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  • Commentaires

    1
    Jeudi 12 Décembre 2019 à 09:01

    Eh bien merci pour cet exposé d'un événement majeur dans l'évolution de la situation en Algérie. Le 11 décembre 1960 j'étais sous les drapeaux, cantonné à Bou-Ktoub un douar situé au bord du chott Ech Chergui. J'ai dû ignorer à peu près tout de ce qui se passait dans les viles algériennes et à Alger particulièrement. La guerre a continué pendant encore plus d'un an, y compris après le putsch des généraux félons en avril 1961. Ceci étant on constate avec la présentation des faits que la conscience de la population algérienne avait changé. Il me semble qu'en même temps les appelés du contingent se rendaient compte qu'il ne pouvait y avoir de solution militaire au problème algérien. Certes tout n'était pas clair dans les têtes mais, et on l'a vu avec la réaction à la tentative de Coup d'Etat de 1961 que les choses avaient bougé.

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