• André Gazut, réalisateur de « Pacification en Algérie » : « J’ai réalisé ce film par devoir de mémoire et de vérité »

     

    André Gazut, réalisateur de « Pacification en Algérie » : « J’ai réalisé ce film par devoir de mémoire et de vérité »

    André Gazut, réalisateur de « Pacification en Algérie » : « J’ai réalisé ce film par devoir de mémoire et de vérité »

    Rencontré, lors de la neuvième édition du Festival international du cinéma d’Alger (FICA), en sa qualité de membre du jury fiction, le cinéaste français revient, dans cet entretien, sur la conférence qu’il a animée pour débattre autour de son film documentaire, Pacification en Algérie, diffusé en 2002 sur Arte.

    Comment l’idée de réaliser Pacification en Algérie vous est venue, plus de 40 ans après avoir déserté l’armée française ?
    Je voulais faire ce film depuis longtemps, notamment à partir de l’an 2000 où on a beaucoup parlé en France de la guerre d’Algérie grâce aux articles de Florence Beaugé du quotidien Le Monde, etc. Patrice Barrat m’a alors  proposé de faire ce film, d’autant plus que j’avais fait en 1974, un film qui n’a pas été diffusé en France sur le général Jacques Paris de Bollardière, le seul général français qui a eu un accrochage avec Massu, refusant l’aventure, il a quitté l’armée par la suite, il est devenu pacifiste, il s’est opposé aux essais nucléaires.
    Divisé en deux parties, la première intitulée Le sale boulot parle de la soumission à l’autorité des militaires, en l’occurrence, des appelés. La deuxième intitulée la politique du mensonge celle des autorités politiques militaires et ecclésiastiques pendant cette période.

    Comment vous avez élaboré le fil conducteur de votre film, notamment la récolte des témoignages ?
    En 2000, la presse a fait resurgir une mémoire, Notamment le Monde et l’Humanité, dans laquelle nombre d’appelés de l’armée française ont écrit ce qu’ils ont vécu.
    Il faut savoir qu’avant cela, cette question a été tabou en France, cela m’a permis par rapport aux projections que je faisais en France sur Jacques Paris de Bollardière, de repérer les personnes susceptibles de parler sur cette question. Il y a par la suite un témoignage des plus étonnants, celui d’un appelé officier qui dit « moi j’avais peur pendant la guerre, je n’ai pas déserté et j’aurai dû le faire», cet homme est venu pour pouvoir parler de ce lourd fardeau du passé et libérer sa conscience. Dire que ce film a crée un soulagement chez beaucoup d’appelés ayant fait la guerre d’Algérie.

    Produit et diffusé par Arte, avez-vous ciblé un public précis pendant la narration ?
    Les jeunes en France connaissaient peu ou mal la guerre d’Algérie. Il fallait donc les amener à découvrir comment la guerre est née, dans quel climat elle a baigné. Deuxièmement, je voulais permettre aux plus âgés, ceux qui avaient fait la guerre d‘Algérie, et qui n’avaient pas très bien compris ce qu’ils avaient vécu, de leur fournir une réflexion. Je devais également raconter l’histoire tout en prenant en considération les téléspectateurs allemands et français de la chaîne Arte, il fallait donc rendre l’histoire de la colonisation française en Algérie dans un contexte mondiale, à commencer par la seconde guerre mondiale, la guerre froide, etc.

    Avez-vous réalisé Pacification en Algérie  par devoir de mémoire ?
    D’une manière consciente ou inconsciente, la guerre d’Algérie ne m’a jamais quitté, parce que ça a été le fil conducteur de tout ce que j’ai fait en télévision. Sa particularité résidait dans le soulèvement du problème de la justice et celui de la soumission. Réaliser Pacification en Algérie a été fait par devoir de vérité, par devoir de mémoire ainsi que par devoir de découverte pour l’actuelle et les prochaines générations.

    Que pensez-vous de la qualité des films projetés au FICA ?
    Je suis surpris par l’authenticité des films déjà projetés. Des œuvres de grandes qualités dont l’engagement, dans toutes ses dimensions est le fil conducteur des œuvres projetés. Un festival original qui propose aux cinéphiles des films de très grande qualité.

    Entretien réalisé par Kader Bentounès

    SOURCE : http://www.elmoudjahid.com/fr/actualites/131550

     

    André Gazut, réalisateur de « Pacification en Algérie » : « J’ai réalisé ce film par devoir de mémoire et de vérité »

    Comment a-t-on justifié la “sale guerre” menée par la France en Algérie ? Comment a-t-on pu laisser faire, accepter l’inacceptable, la torture et la barbarie ?

    Dans la seconde partie de Pacification en Algérie, André Gazut pose la question des responsabilités, morales et politiques, des élites. Un réquisitoire accablant. Dans cette seconde partie, André Gazut reprend la chronologie où il l’avait laissée.

    On est en 1956, la “pacification” suit son cours dans l’indifférence générale. À part les familles où l’un des fils est appelé à combattre, peu de gens se sentent concernés par “les événements” d’Algérie.

    Pourtant, c’est bientôt “la bataille d’Alger”. Les paras ont tous les pouvoirs pour réprimer le “terrorisme” et ne s’en privent pas : arrestations massives, torture, exécutions sommaires. Quiconque dénonce les pratiques de l’armée est aussitôt accusé de subversion communiste et sanctionné. À la télévision, le président du conseil ment aux Français.

    Alors que l’armée sabote systématiquement les tentatives de négociation avec le FLN, les tendances factieuses s’exacerbent en son sein.

    En mai 1958, elles imposent le retour aux affaires du général de Gaulle, puis fomentent le “putsch des généraux” en 1961 contre cette nouvelle République qui négocie l’indépendance de l’Algérie. J’accuse ! À la différence de la première partie, la Politique du mensonge n’est pas centrée sur le vécu des appelés. Le ton change, les images se font plus dures : André Gazut accuse.

    Il interroge les plus proches collaborateurs du pouvoir et dénonce les hommes politiques, socialistes en tête, qui ont lâché la bride à l’armée et couvert ses exactions, pourvu que les résultats suivent. Il utilise des extraits de son film censuré sur le général de Bollardière, et fait intervenir le général Massu, le colonel Argoud, chef de “l’action psychologique”, le ministre résident Robert Lacoste, Gisèle Halimi et Pierre Messmer, ministre des Armées de de Gaulle.

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    « Le capitalisme doit être détruit Jean ZieglerJe vais répondre au pire discours d'un ancien "con battu" que je n'ai jamais lu auparavant... Il s'appelle Chagny je l'appellerai "Charognerie" »

  • Commentaires

    2
    Samedi 15 Décembre 2018 à 17:32
    Ministre de l’Interieur à l’époque, François Mitterrand a également couvert les agissements de l’Armee après avoir envoyé les premiers appelés en Algérie!
    1
    Samedi 15 Décembre 2018 à 13:08

    J'ai visionné le film J'y ai revu la séquence, que je connaissais, dans laquelle Guy Mollet, alors président du conseil, affirme avec un aplomb digne d'un arracheur de dents, qu'il n'y avait pas de torture en Algérie au temps où la France y faisait la guerre pour maintenir le colonialisme. D'une manière générale il n'y avait pas d'exactions. On "pacifiait". En fait "il ne fallait pas s'y fier" ! Et nous les gens qui avions le malheur d'avoir 20 ans à cette époque on nous avait enrôlé dans cette opération "humanitaire" ! Acceptera-t-on un jour de reconnaître les responsabilités dans cette affaire ? 

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