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Benjamin Stora : "La Marche des Beurs" a été la fin d'un long cycle d'invisibilisation"
Benjamin Stora : "La Marche
des Beurs" a été la fin d'un long cycle
d'invisibilisation"
Souvenir de la petite enfance de Benjamin Stora, le voici à 3 ans, tenant la main de sa " grand soeur "
A l'occasion de la présidentielle en Algérie, l'historien Benjamin Stora est l'Invité d'"Au Coeur de l'Info Week-End". Co-auteur d'une Bande Dessinée réalisée avec le dessinateur Nicolas le Scanff, "Les Algériens en France, une histoire de générations", il évoque un siècle d'immigration algérienne à travers de grandes dates qui ont forgé le destin de cette communauté en France, sortie de l'invisibilité dans laquelle la colonisation l'avait plongée.
En Algérie, une campagne
présidentielle sous le signe
de la répression
Plus de 200 personnes sont détenues en raison de leurs opinions, ou simplement pour avoir exprimé un avis. Une situation dénoncée par la diaspora algérienne, qui dit son « refus de cette dérive autoritaire ».
La répression s’inscrit dans un « continuum depuis 2019 » et la période du hirak. « Les arrestations n’ont jamais cessé, et les lois ont été plus répressives», dénonce « l’appel de la diaspora algérienne du 14 août 2024 pour une Algérie libre et démocratique ». Ici, le février 2021, à Alger.
© Farouk Batiche/ZUMA Press/ZUMA/REAElles et ils sont membres « du hirak et de l’opposition dans sa diversité ». Ce jeudi 5 septembre, ces signataires de « l’appel de la diaspora algérienne du 14 août 2024 pour une Algérie libre et démocratique » ont alerté sur la période sombre que connaît leur pays, ce « climat de terreur » comme l’énonce l’un de leurs membres, Ouerdia ben Mamar. Pour elle, « les conditions d’une élection ne sont pas réunies », notamment en raison des « centaines de prisonniers politiques, de journalistes en prison pour avoir exprimé un avis sur la situation (dans le pays) ».
La participation, seul enjeu du scrutin
De fait, les deux seuls candidats sélectionnés pour affronter le président sortant et candidat à sa réélection, Abdelmadjid Tebboune, ne sont considérés que comme des « pseudo-concurrents », selon l’expression employée par Malika Baraka. Cette cardiologue, elle-même condamnée par le régime, décrit ainsi un processus de « plébiscite annoncé, avec comme seul enjeu le taux de participation ».
Les autres candidats, Abdelaali Hassani Cherif, pour le parti islamo-conservateur du Mouvement de la société pour la paix, et Youcef Aouchiche, du Front des forces socialistes, ont été « choisis pour accompagner la pérennité du système », selon Malika Baraka, qui pointe pour le second l’ancrage de son parti en Kabylie, et dont la candidature sert « avant tout à faire voter la région ».
En réalité, cette répression s’inscrit dans un « continuum depuis 2019 » et la période du hirak, rappelle Ouerdia ben Mamar, pour qui « les arrestations n’ont jamais cessé, et les lois ont été plus répressives, notamment avec l’article 87 bis ».
Un texte voté en 2021 qui permet de jeter en prison pour terrorisme toute personne visant « à accéder au pouvoir ou à changer le système de gouvernance par des moyens non constitutionnels ». Autant dire que tout Algérien peut ainsi se retrouver derrière les barreaux. Pourtant, Malika Baraka se félicite que des « voix courageuses, à l’intérieur comme à l’extérieur du pays, se fassent encore entendre ».
Un nouveau hirak
Comme voilà cinq ans, lors du hirak, un mouvement « pour porter la voix des revendications citoyennes, pour l’ouverture démocratique et le respect des droits humains », témoigne Youcef Ammar-Khodja, également signataire de l’appel.
Pour l’heure, tous ces citoyens encouragent à une « défection électorale comme acte de résistance », poursuit-il. Les militants dénoncent également une pression des autorités françaises, pourtant brouillées avec Alger, avec des refus d‘autorisation de manifester pour d’hypothétiques troubles à l’ordre public.
Algérie : Tebboune réélu
avec une faible participation
Le président élu la première fois en 2019 repart pour un second mandat. La tâche s’annonce difficile alors que la jeunesse algérienne, qui avait massivement manifesté au moment du hirak, ne voit toujours pas ses revendications prises en compte par le pouvoir.
À 20 heures, le taux de participation s’élevait à 48,03 %.
© REUTERS/Ramzi BoudinaLes Algériens étaient appelés aux urnes ce 7 septembre pour élire leur président de la République. Sur un total de 5,630 millions de « votes enregistrés, 5,320 millions ont voté pour le candidat indépendant » Tebboune, « soit 94,65 % des voix », a déclaré le président de l’Autorité nationale indépendante des élections (Anie) Mohamed Charfi.
Ce dernier avait annoncé dans la nuit de samedi à dimanche, et avec trois heures de retard, « un taux moyen de participation de 48,03 % à 20 heures », sans donner le nombre exact de votants. Dit autrement, 52 % de la population n’a pas jugé utile de se déplacer pour ce scrutin joué d’avance, tous les observateurs tablant sur une victoire de Abdulmadjid Tebboune dès le premier tour.
Deux faire-valoir
Abdelmadjid Tebboune a été élu la première fois en 2019 avec le soutien du chef d’état-major, le général Ahmed Gaïd Salah, mort trois jours après l’investiture de son protégé. « J’ai été parmi les premiers à revendiquer ce que demande le hirak aujourd’hui », disait alors celui qui avait été premier ministre sous la présidence d’Abdulaziz Bouteflika, forcé de démissionner sous les coups de boutoir de la jeunesse algérienne et du hirak (le « mouvement »).
Cinq ans après, Tebboune s’est présenté à nouveau devant les Algériens, mais plus question de hirak. À part lui, deux candidats seulement ont été autorisés à participer à cette présidentielle : l’islamiste Abdelaali Hassani Cherif, du Mouvement de la société pour la paix (MSP), et le représentant du Front des forces socialistes (FFS), mouvement kabyle, Youcef Aouchiche.
Deux candidats qui se sont avérés comme des faire-valoir plutôt que comme des personnalités crédibles. Le pouvoir peut bien s’enorgueillir d’un score de 95 %, promesses de Tebboune d’augmenter les allocations chômage, les pensions et les programmes de logement public n’ont pas fait illusion, surtout parmi les jeunes.
Devenir la deuxième économie d’Afrique
C’est que celui qui se présentait comme précurseur des revendications du hirak, a plutôt fait dans la répression, jetant en prison les leaders du mouvement et, quand il ne le pouvait pas, faisant arrêter les parents pour que les enfants engagés, forcés de se cacher, se livrent aux autorités.
En décembre 2019, Abdelmadjid Tebboune avait été élu avec 58 % des suffrages, mais une participation de seulement 39,83 %, soit 60 % d’abstention. Il peut donc se prévaloir d’une meilleure assise, mais personne n’est vraiment dupe. Aidé par la manne du gaz naturel dont l’Algérie est le premier exportateur africain, Tebboune a promis de faire de l’Algérie « la deuxième économie en Afrique ».
Ce qui pourrait entrer en contradiction avec d’autres promesses, notamment celle de sortir l’économie algérienne de la presque totale dépendance des revenus des hydrocarbures. L’invasion de l’Ukraine par la Russie en 2022 a stimulé la demande européenne de gaz algérien et fait remonter les prix de l’énergie, augmentant ainsi les recettes de l’État.
Ce qui n’a pas empêché la France, au mépris du droit international et de l’ONU, de reconnaître la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental alors que l’Algérie a toujours soutenu le Front Polisario.
SOURCE : Algérie : Tebboune réélu avec une faible participation - L'Humanité (humanite.fr)« Michel Barnier Premier ministre : la xénophobie et les idées de l’extrême droite arrivent au pouvoirPacte avec l’extrême droite : Macron a appelé personnellement Le Pen pour qu’elle valide le Premier Ministre »
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Commentaires
Il me semble qu'il y a deux problèmes : 1- La situation en Algérie a bien des égards inquiétante avec la situation économique et sociale qu'a mis en exergue le hirak 2- Ce qui se passe en France avec le racisme que subissent les "Beurs".