• Bientôt un équipement public baptisé Gisèle-Halimi à Saint-Denis

     

     

    Bientôt un équipement public baptisé Gisèle-Halimi

    à Saint-Denis

    La ville de Saint-Denis annonce qu’un équipement public prendra le nom de l’avocate engagée pour la cause des femmes, décédée fin juillet. Dans une ville où, pour l’instant, moins de 5 % des rues font référence à un personnage féminin.

     

    Bientôt un équipement public baptisé Gisèle-Halimi à Saint-Denis

    En mars 2006, Gisèle Halimi était venue à Bobigny, pour débattre avec des lycéens à l’issue de la projection d’un téléfilm sur le procès de Bobigny. LP/M.C.

     

    Son nom est indissociable de la Seine-Saint-Denis et du « procès de Bobigny » en 1972, qui s'est terminé par la relaxe de Marie-Claire Chevalier, une adolescente de 16 ans qui avait avorté après son viol. Gisèle Halimi, avocate et féministe qui l'avait défendue et qui vient de mourir, le 28 juillet, à 93 ans, a contribué à l'aboutissement de la loi Veil et de la légalisation de l'IVG en 1975. La municipalité socialiste de Saint-Denis compte lui rendre hommage en baptisant un équipement public à son nom.

    « Une fois que nous aurons discuté avec les ayants droit et obtenu leur accord, nous annoncerons le choix de la structure que nous avons sélectionnée », précise Oriane Filhol, maire-adjointe à Saint-Denis, en charge des Solidarités.

    Un nom encore peu donné en Seine-Saint-Denis

    Jusqu'à présent, le nom de l'avocate est d'ailleurs encore peu donné dans le département. « À ma connaissance, il n'y a que deux rues qui s'appellent Gisèle-Halimi, à Saint-Ouen et Bobigny, ajoute l'élue. Il y a en revanche un collège, à Aubervilliers (NDLR : qui a été inauguré en 2019). » 

    Bientôt un équipement public baptisé Gisèle-Halimi à Saint-Denis

    Aubervilliers, le 19 septembre 2019. Le collège Halimi avait été inauguré plus d’un an après son ouverture, alors que les équipes travaillaient depuis plusieurs mois dans des préfabriqués. LP/C-E.AK 

    L'initiative a pourtant du sens en Seine-Saint-Denis qui a été à l'avant-garde du combat en faveur des droits des femmes. Au-delà du « procès de Bobigny », le département est aussi le premier à avoir créé en 2002, un observatoire des violences envers les femmes. 

    Ernestine Ronai, qui en est la responsable, avait d'ailleurs fait la connaissance de Gisèle Halimi dans les années 1990, lors d'un débat à Epinay-sur-Seine. « Je garde d'elle cette phrase très forte Ne vous résignez jamais et qui a été le titre d'un de ses livres. »

    «Un retard à rattraper»

    Le choix de Saint-Denis ouvre en tout cas le chemin à la féminisation de l'espace public. « Moins de 5 % des rues de la commune portent des noms de femmes et nous comptons faire évoluer la situation, poursuit Oriane Filhol. C'est symbolique, mais c'est une façon de leur donner de la visibilité. »

    Un avis que partage Ernestine Ronai : « Ce n'est pas anecdotique, estime-t-elle. Une plaque de rue, de place ou d'un bâtiment est un moyen de montrer l'histoire de nombreuses femmes qui ont été occultées tout au long de leur vie. On a vraiment un retard à rattraper. »

    À Saint-Denis, le changement a commencé à s'initier en 2015 avec l'ouverture du quartier Confluence, en bord de Seine. Une de ses rues s'appelle Rosa-Park, en hommage à cette Afro-américaine qui a refusé en 1955 de laisser sa place dans un bus, à un passager blanc.

    Dans ce même secteur, Fatima Bedar a donné son nom à un jardin. Cette adolescente de 15 ans du 93 avait été retrouvée noyée dans le canal de Saint-Denis, à l'issue de la terrible et sanglante répression de la manifestation rassemblant des Algériens, le 17 octobre 1961.

     

    Bondy, ville pionnière sur la question

    Dans le département, la ville en pointe est Bondy où la proportion de femmes qui s'affichent sur les plaques de rues dépasse désormais les 24 %, contre une moyenne comprise entre 2 et 6% en France.

    Cette féminisation enclenchée avant 2014 avait été poursuivie par l'ancienne maire (PS), Sylvine Thomassin. En 2019, après vote des habitants, cinq rues du futur quartier des Rives de l'Ourcq célébreront Gisèle Halimi mais aussi la chanteuse Aretha Franklin, la magistrate et femme politique Simone Veil, la militante yézidie Nadia Murad et l'anthropologue Françoise Héritier.

    Rendre visible les femmes à Saint-Denis passe également par des actions concrètes que met déjà en œuvre la Mission droits des femmes, en faveur de l'égalité et contre les violences. Oriane Filhol compte travailler sur les déplacements, en organisant des marches exploratoires et sur l'éducation auprès des jeunes.

    Et le projet prioritaire à l'étude dès la rentrée, sera la mise en place d'un bureau d'aide aux victimes en mairie, avec le recrutement de travailleurs sociaux et conseiller juridique. « Le but sera d'accompagner les femmes qui hésitent ou renoncent à défendre leurs droits », conclut Oriane Filhol.

     

    Le procès de Bobigny, «terriblement actuel» 

     

    En 2013, Gisèle Halimi avait assisté à l’inauguration de la rue portant son nom, à Bobigny. Mais l’avocate était déjà venue, sept ans plus tôt, dans la commune, pour débattre au Magic cinéma avec 80 lycéens, du « procès de Bobigny » et de son combat pénal auprès de Marie-Claire Chevalier.

    À cette occasion, les élèves avaient assisté en avant-première à la projection d’un téléfilm racontant cette affaire. « Ce procès historique est aussi terriblement actuel, avait alors expliqué Gisèle Halimi devant les élèves. La loi sur l’IVG s’applique mal à cause du nombre insuffisant de médecins et de centres pour pratiquer des avortements. Et puis il faut encore faire changer les mentalités sur la condition de la femme. » Des mots qui restent encore valables en 2020.

    SOURCE : https://www.leparisien.fr/seine-saint-denis-93/bientot-un-equipement-public-baptise-gisele-halimi-a-saint-denis-07-08-2020-8364987.php 

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