• Braun-Pivet et Larcher lancent une marche contre l’antisémitisme sur fond de polémique liée à la présence de l’extrême droite

     

    Braun-Pivet et Larcher lancent une marche

    contre l’antisémitisme sur fond de polémique

    liée à la présence de l’extrême droite

      Braun-Pivet et Larcher lancent une marche contre l’antisémitisme sur fond  de polémique liée à la présence de l’extrême droite

    Le président du Sénat, Gérard Larcher, et la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, ont lancé un appel conjoint à une marche ce dimanche contre l’antisémitisme, sur un parcours reliant le Palais Bourbon et le Palais du Luxembourg. AFP

    À l’appel de Yaël Braun-Pivet et de Gérard Larcher, une « grande marche contre l’antisémitisme » est prévue dimanche 12 novembre entre le Palais Bourbon et le Palais du Luxembourg. La France insoumise a annoncé son refus de défiler aux côtés du Rassemblement national qui a annoncé sa présence.

    Une « grande marche contre l’antisémitisme ». C’est l’appel conjoint lancé par la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet et le président du Sénat Gérard Larcher, qui ont invité « tous ceux qui se reconnaissent dans les valeurs de notre République » à se joindre à cette manifestation prévue dimanche 12 novembre.

    Pour les présidents des deux chambres du Parlement, qui ont publié une tribune dans Le Figaro, « la République est en danger ; ses fondements mêmes sont attaqués », faisant référence à la recrudescence d’actes antisémites depuis le déclenchement, le 7 octobre dernier, de la guerre entre Israël et le Hamas.

    « Un sursaut s’impose, pour manifester clairement que la France n’accepte pas l’antisémitisme et que les Français ne se résignent pas, et ne se résigneront jamais à la fatalité des haines (…) Notre laïcité doit être protégée, elle est un rempart contre l’islamisme », ont-ils ajouté.

    Présence dissonante de l’extrême droite

    À cette marche prévue « entre le Palais Bourbon et le Palais du Luxembourg » se joindront Éric Ciotti, le président des Républicains, des élus du Rassemblement national, dont son président Jordan Bardella, mais aussi Eric Zemmour et Marion Maréchal Le Pen, le président et la vice-présidente de Reconquête, qui ont unanimement salué l’initiative. Une présence dissonante qui ne passe pas pour de nombreux élus et acteurs politiques.

    Si le Parti socialiste a appelé à participer à cette marche, tout en jugeant « illégitime » la présence du RN, la France insoumise (FI) par la voix de son coordinateur, Manuel Bompard, a jugé « incongru de participer à une manifestation de cette nature en présence du RN ». Le parti de Marine Le Pen tente depuis plusieurs mois, et de façon prégnante depuis le début du conflit au Proche-Orient, de se présenter comme un rempart pour les Juifs de France contre les supposés assauts de l’islamisme, tentant de faire oublier son passé antisémite. Interrogé dimanche dernier sur l’antisémitisme de Jean-Marie Le Pen condamné à de nombreuses reprises pour ses déclarations en la matière, le président du RN a fait craqueler le vernis : « Je ne sonde pas les cœurs et les reins, mais je ne le crois pas », a alors répondu Jordan Bardella.

    De son côté, Jean-Luc Mélenchon, le leader de FI, s’est montré beaucoup plus tranchant sur l’initiative des deux présidents des chambres parlementaires, en dénonçant dans un tweet l’étrangeté de cet « arc républicain » qui va « du RN à la macronie de Braun Pivet », avec une allusion au soutien inconditionnel apporté par la présidente de l’Assemblée nationale à Israël dans sa riposte aveugle menée à Gaza contre le Hamas. « Les amis du soutien inconditionnel au massacre ont leur rendez-vous », a conclu le leader la France insoumise.

    Marche contre l'antisémitisme : le secrétaire national

    du PCF, Fabien Roussel, "ne défilera pas" aux côtés du RN

    Fabien Roussel, secrétaire national du Parti communiste français (PCF), était l'invité des "4 Vérités" sur France 2, mercredi.

    Les présidents de l'Assemblée nationale et du Sénat ont appelé, mardi 7 novembre dans une tribune publiée dans Le Figaro, à une marche contre l'antisémitisme à Paris, dimanche. "Je pense que le RN, au regard de son histoire, n'a pas sa place dans un tel rassemblement", a estimé le secrétaire national du Parti communiste français (PCF), Fabien Roussel, mercredi dans les "4 Vérités" sur France 2, en réaction à la participation annoncée du Rassemblement national"Pour ma part, je ne défilerai pas à ses côtés", a poursuivi le député PCF.

    "Nous défilerons peut-être à un autre endroit"

    "Je vais rencontrer les autres responsables des forces de gauche républicaines. Nous défilerons peut-être à un autre endroit, mais pas avec eux [les élus du RN]", a poursuivi Fabien Roussel. "Le sujet aujourd'hui, c'est de rassembler les Français contre l'antisémitisme, contre le racisme, pour un cessez-le-feu et pour la paix, pour une solution à deux États", a poursuivi le secrétaire national du PCF.

    "Les députés du RN, aujourd'hui, sont ceux qui ne veulent pas de trêve humanitaire, qui défendent même le fait que s'il y a des enfants palestiniens qui meurent, ce sont des dommages collatéraux. C'est une horreur sans nom", a fustigé l'ancien candidat communiste à la présidentielle. "Comment peut-on aujourd'hui imaginer, y compris les présidents de l'Assemblée nationale et du Sénat, manifester avec ceux-là mêmes qui ne portent pas le même message que porte la diplomatie française ?", a-t-il interrogé.

    Sujet abordé à partir de 2 mn 40''

    Antisémitisme : les dessous de la marche

    de Larcher et Braun-Pivet

      Braun-Pivet et Larcher lancent une marche contre l’antisémitisme sur fond  de polémique liée à la présence de l’extrême droite

    Marine Le Pen et Jordan Bardella ont aussitôt annoncé leur présence, plongeant majorité et gouvernement dans l’embarras. Quant à Jean-Luc Mélenchon, il a opposé une fin de non-recevoir.Gérard Larcher et Yaël Braun-Pivet s'allient pour organiser une grande marche contre  l'antisémitisme en France. © LUDOVIC MARIN / POOL / AFP

    C'est une première. Le cabinet de l'Hôtel de Lassay a vérifié dans les archives : jamais, dans l'Histoire politique française, les présidents des deux chambres du Parlement avaient conjointement appelé à manifester. Mardi 6 novembre, les troisième et quatrième personnages de l'État, Gérard Larcher et Yaël Braun-Pivet, ont pris la plume pour tenter de susciter un « sursaut », « une mobilisation générale », « un cri des consciences » face à l'antisémitisme.

      Braun-Pivet et Larcher lancent une marche contre l’antisémitisme sur fond  de polémique liée à la présence de l’extrême droite

    Le point de vue des juifs de France adhérents à l'UJFP

    L’antisémitisme doit être combattu

    son instrumentalisation aussi

    Face à la recrudescence d'actes antisémites, la politique menée par le gouvernement français, loin de protéger les Juif·ve·s, les désigne comme cibles.

    Depuis le 7 octobre, on observe une recrudescence inquiétante d’actes antisémites. Les agressions physiques ou verbales et les graffitis à caractères antisémites se sont multipliés. Des synagogues ont été incendiées, celle de Kahal Adass Jisroel à Berlin et celle de El Hamma près de Gabès en Tunisie. Au Daghestan, l’aéroport de Makhatchkala a été le théâtre d’une émeute antijuive suite à l’annonce de l'atterrissage d’un avion en provenance d’Israël. Un climat qui plonge légitimement les Juifs et Juives de France dans l’angoisse et la colère. 

    En France, ces actes témoignent de la persistance et de la circulation des idées antisémites dans la société. Leur recrudescence doit être comprise dans un contexte de très forte polarisation politique et d’embrasement en Israël-Palestine 1. La réception de ces événements par le gouvernement français et son traitement médiatique est, de ce point de vue, catastrophique et irresponsable. La séquence particulièrement violente que nous traversons devrait amener les pouvoirs publics à saisir l’urgence de faire baisser la tension en garantissant l’expression légitime des émotions et des positions des un·e·s et des autres et la possibilité du débat public.

    Pourtant, le gouvernement a interdit et criminalisé les expressions de solidarité et de compassion avec le peuple palestinien au nom de la lutte contre l’antisémitisme, tout en affichant un soutien inconditionnel aux opérations de l’armée israélienne et à son gouvernement fasciste. Une politique d’autant plus dangereuse que les relations entre les populations juives et arabo-musulmanes, si souvent instrumentalisées, sont déjà très dégradées. Les Juif·ve·s sont ainsi collectivement et publiquement associé·e·s par les pouvoirs publics à l’État israélien qui mène une politique criminelle à Gaza et en Cisjordanie. Les Arabes et les Musulman·e·s sont plus que jamais dépeint·e·s en classe dangereuse, ennemie de l’intérieur, gagnée au terrorisme et à l’antisémitisme. Ni les Juif·ve·s, ni les Arabes et les Musulman·e·s ne peuvent sortir gagnant·e·s d’une équation qui nourrit et l’antisémitisme, et l’islamophobie.

    La lutte contre l’antisémitisme ne peut être menée en s’opposant à la solidarité avec le peuple palestinien et à la mobilisation pour un cessez-le-feu à Gaza. Elle ne doit pas, non plus, s’inscrire dans l’action d’un gouvernement engagé dans le tournant autoritaire et islamophobe. Face à la recrudescence, la priorité doit d’abord être de faire baisser la tension. La France devrait mettre tout son poids pour que  la “guerre de vengeance”, comme elle est nommée en Israël, s’arrête. Les crimes de guerre répétés d’un État se revendiquant être celui de tous les Juif·ve·s ne sont pas sans effets sur la perception des Juif·ve·s dans le monde. Sans être l’unique facteur d’antisémitisme, la politique israélienne de colonisation et d’occupation nourrit un ressentiment antijuif. En ce sens, un cessez-le-feu immédiat à Gaza doit être obtenu. 

    Au-delà de ces considérations conjoncturelles, la question de l’identification de l’antisémitisme et de son étendue réelle reste un enjeu crucial. Elle fait d’ailleurs l’objet de riches débats dans le champ de la recherche et le champ militant. Le présent communiqué n’a pas pour objet de développer ces discussions. Cependant, il doit être dit que les affirmations associant les expressions antijuives des masses arabo-musulmanes, exaspérées par la politique d’occupation et de destruction de “l’État des Juifs”, à la haine raciale antisémite des peuples européens, voire carrément au nazisme, relèvent d’une instrumentalisation abusive de l’histoire et des concepts. 

    Si l’idéologie du Hamas est bien pétrie d’éléments antijuifs et de représentations antisémites, l’idée qu’ils seraient les “nouveaux nazis” et que les massacres du 7 octobre soient comparables à la Shoah doit être combattue. Ce narratif, qui vise surtout à diaboliser les Palestinien·ne·s, n’offre aucune clé de compréhension des violences terribles qui ont visé les civil·e·s israélien·ne·s. Le Juif persécuté par le nazi est-il le même que le Juif ciblé par le Hamas ? Si la rhétorique du Hamas emprunte volontiers des références à l’antisémitisme européen, son antijudaïsme est surtout adossé à l’association de l’identité juive au statut de colon dans le cadre des rapports sociaux engendrés par la colonisation israélienne. En contexte palestinien, les catégories “Juif” et “Arabe” renvoient d’abord à des rapports de pouvoir et de domination.

    En France comme en Israël, la lutte contre l’antisémitisme est détournée par les pouvoirs publics et utilisée comme un outil de légitimation de politiques autoritaires et racistes. L’antisémitisme apparaît comme un mal anhistorique et l’antisionisme comme sa forme réactualisée. Des postulats, fort contestables, qui permettent de fondre la gauche, Hitler et les Palestinien·ne·s dans un ennemi commun. Dans ce cadre, cette “lutte contre l’antisémitisme” facilite la montée des extrêmes-droites, le renforcement de l’islamophobie et le recul des libertés politiques. Ce détournement coupe les Juif·ve·s des autres minorités nationales et des forces politiques de gauche. Pourtant, comme les autres, ils et elles paient cher le prix des politiques racistes et antisociales du gouvernement.

    La captation de la mémoire de la Shoah et des termes associés à l’histoire juive européenne est une constante dans la propagande de guerre israélienne. Elle n’est pas sans effets délétères sur la lutte contre l’antisémitisme si nécessaire aujourd’hui. Dans le contexte actuel, en France, les Juif·ve·s sont d’autant plus vulnérables qu’ils et elles sont de plus en plus isolé·e·s. Il est difficile d’imaginer une situation plus confuse que celle qui s’est aujourd’hui imposée, dans laquelle la lutte contre l’antisémitisme est détournée par des acteurs politiques qui facilitent en retour la circulation de l’antisémitisme. Si la lutte contre l’antisémitisme doit être, comme le mal qu’elle combat, multiforme, sa dimension politique est centrale. Sa boussole ne peut être que celle de la justice, de l’émancipation collective et des débouchés politiques en rupture avec les structures qui produisent l’antisémitisme. Sans cela, elle est désarmée.

    1 Rapport de la Commission nationale consultative des droits de l'homme, 2022.

    SOURCE : L’antisémitisme doit être combattu, son instrumentalisation aussi | Le Club (mediapart.fr) 

     

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  • Commentaires

    1
    Mercredi 8 Novembre 2023 à 16:45

    C'est la confusion la plus complète les héritiers de ceux qui ont approuvé les lois antisémites de Vichy défenseurs des Juifs ? Ils approuvent tout simplement la politique colonialiste des dirigeants israéliens. C'est une manière de revanche contre leur défaite en Algérie. Ils n'oublient pas de développer leur islamophobie même si leur position renforce l'antisémitisme !

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