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« Ça devient ridicule » : le Nouveau Front populaire face à l’impatience du peuple de gauche
Bonjour Michel,
Depuis le 8 juillet, nous attendons avec impatience la feuille de match du Nouveau Front Populaire. Plus précisément nous attendons le nom du ou de la capitaine d’équipe.
Le moins qu’on puisse dire c’est qu’on commence à s’impatienter.
Alors, quoi de mieux qu’un vote des député•es du Nouveau Front Populaire pour mettre tout le monde d’accord ?
Pour que ce vote ait lieu il faut que l’on soit les plus nombreuses et nombreux à leur demander.
Pour leur demander en signant merci de cliquer sur ce lien :
Extrait du texte
“Ces 9 jours de négociation, ne nous ont mené à rien. Procédez à un vote entre les député.es du Nouveau Front Populaire pour désigner dans un premier temps la candidature du Président·e de l’Assemblée Nationale puis du futur Premier·e Ministre. ”
Notre mobilisation a été une composante clé dans la réussite de cette campagne, nous ne pouvons nous résigner à l’échec.
Ensemble, interpellons les partis du NFP pour qu’ils sortent de l’impasse.
« Ça devient ridicule » :
le Nouveau Front populaire face
à l’impatience du peuple
de gauche
Alors que les tractations s’éternisent, le peuple de gauche pousse les partis à s’accorder sur une candidature unique pour le poste de premier ministre.
© Valerie Dubois / Hans LucasDevant le blocage des discussions entre forces politiques, les sympathisants du NFP comme la société civile organisée expriment leur exaspération et leur inquiétude. Ils attendent un accord rapide car la situation politique l’exige.
« Incompréhension », « consternation »
« dégoût », « ridicule », « inquiétude »…
À chaque sympathisant de gauche son sentiment, mais tous partagent la même exaspération. Comédien de premier plan ou intermittent du spectacle précaire, fonctionnaire territorial ou avocat, pigiste ou militante féministe, ils ne décolèrent pas.
Dix jours que les négociations traînent au sein du Nouveau Front populaire (NFP) ; dix jours que la coalition étale ses fissures au grand jour sans répondre aux aspirations unitaires du peuple de gauche ; dix jours que l’alliance laisse les mains libres à Emmanuel Macron pour bafouer le verdict des urnes. Depuis que le NFP est arrivé en tête des élections législatives, les partis s’avèrent incapables d’avancer une candidature commune pour la fonction de premier ministre. Au grand dam de leurs électeurs.
L’Humanité a donc interrogé une douzaine de sympathisants et de personnalités issues de la société civile organisée. Leurs mots sont souvent directs, parfois crus, pour décrire leur agacement. « Je suis saoulée, déçue, en colère et surtout inquiète, lâche la militante féministe Caroline De Haas. La campagne a été enthousiasmante, avec des milliers de personnes qui ne s’étaient jamais engagées en politique. Je ne minimise pas les désaccords entre partis mais l’urgence les oblige à trouver une solution. Vous êtes chiants, gérez-vous ! »
Les dissensions affichées au grand jour
« La gauche est en train de faire la démonstration qu’elle n’est pas prête pour gouverner et le RN se frotte les mains. Je ne comprends pas ce laisser-aller. Ça devrait être l’alerte générale. C’est déprimant », souffle Malik, franco-marocain de 35 ans vivant à Calais (Pas-de-Calais).
L’avocat Arié Alimi, figure de la Ligue des droits de l’homme, avertit : « J’ai l’impression que les partis ne tiennent pas compte du travail collectif inédit accompli par la société civile. Or, si aucune solution n’est trouvée, nous aurons la poursuite de la politique néolibérale d’abord, puis l’avènement de l’extrême droite. »
Dès l’annonce de leur courte majorité à l’Assemblée nationale, le NFP et ses principaux dirigeants se sont mis autour d’une table pour faire émerger un premier ministrable. Quasiment une vingtaine de noms ont été avancés sans qu’aucun ne permette un consensus.
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« J’ai l’impression que les partis ne tiennent pas compte du travail collectif inédit accompli par la société civile. »
Arié Alimi, figure de la Ligue des droits de l’homme
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Vendredi, les électeurs de gauche croyaient avoir trouvé la perle rare pour Matignon en la personne d’Huguette Bello, présidente du conseil régional de La Réunion. Veto du Parti socialiste, officiellement en raison de son absence au moment du vote de la loi sur le mariage pour tous.
Depuis lundi soir, c’est Laurence Tubiana, économiste, diplomate et négociatrice de la COP21, qui est au cœur des discussions. Veto de la France insoumise, qui voit en elle un profil trop « Macron-compatible ». Voilà les négociations au point mort et le NFP précipité dans l’impasse devant les prétentions de deux forces équivalentes. Et les sympathisants de gauche se montrent de plus en plus impatients.
« On a fait campagne pour l’union »
« J’avais de l’espoir mais je me sens maintenant en insécurité. Nous nous sommes battus contre le RN mais les partis de gauche n’assurent pas. Ça devient ridicule. Je ne sais pas comment ils mettront le programme en œuvre mais il y a une opportunité à saisir. Sinon, je voterai blanc et ils auront le résultat de leur immobilisme », prévient Nathalie, 55 ans, médiatrice sociale près d’Angers (Maine-et-Loire).
Alexis, journaliste pigiste de 29 ans, se dit lui « fatigué et confus » mais il s’interdit « d’être désespéré » : « Écologiste, communiste, socialiste ou insoumis, je m’en fous. Je veux qu’ils se recentrent sur l’essentiel, à savoir le programme. Personne ne leur reprochera de se faire censurer par des adversaires politiques. » Il attend qu’un nom émerge vite.
La gauche s’était pourtant donné jusqu’à la fin de la semaine dernière pour trouver une solution. Mais le délai officiel est fixé par la Constitution, laquelle indique que la nouvelle Assemblée nationale « se réunit de plein droit le deuxième jeudi qui suit son élection ». Ce jeudi 18 juillet, aura lieu le scrutin pour la présidence du Palais Bourbon. Temps fort sur lequel Emmanuel Macron veut s’appuyer, grâce aux manigances avec la droite, pour empêcher la gauche d’accéder au perchoir, puis au pouvoir.
Le temps presse, donc. « On est pétrifiés, dans l’attente, comme il y a quinze jours, mais cette fois, la société civile a fait le job, assure la drag-queen Sara Forever, intervenante au meeting parisien de l’entre-deux-tours, place de la République. J’ai envie de dire aux chefs de parti que l’Histoire les jugera. » Comme pour Matignon, les différentes formations du NFP ont acté le principe d’une candidature commune pour la présidence de l’Assemblée. Ne reste plus qu’à se mettre d’accord sur un nom. Pas une mince affaire au vu de la cacophonie des derniers jours.
Au-delà des divergences stratégiques, la gauche – et particulièrement les socialistes et les insoumis – a donné un triste spectacle médiatique, s’écharpant par télévision ou radio interposée. Et en oubliant parfois le risque que l’extrême droite profite de la situation.
« Pour mieux comprendre, il faut prendre une image. Celle d’une énorme horloge qui indique minuit moins une, propose l’historienne Mathilde Larrère. Nous avons été nombreux à attacher une corde à l’aiguille et à tirer pour la ramener à minuit moins le quart, avant de la passer aux partis. Mais, au lieu de continuer à tirer, ils se sont assis à une table, se sont engueulés et ont fait des tweets. L’aiguille est repartie au point de départ et nous sommes dégoûtés. »
« On savait cette union bancale mais dès que quelqu’un essaie de mettre une cale, un autre l’enlève. Je me sens trahi par leur incapacité à se mettre d’accord », pointe l’acteur Grégory Montel, connu notamment pour son rôle dans la série Dix pour cent (France 2). Rosa, intermittente du spectacle de 26 ans qui penche plutôt pour la FI, déplore « l’image fissurée » montrée par le NFP « alors qu’on a fait campagne pour l’union ».
Le PS veut un compromis, pas la FI
Deux femmes – Huguette Bello et Laurence Tubiana –, qui n’ont rien demandé à personne, se sont retrouvées au milieu des tirs. « Je vois passer des propos qui me font honte. Vous avez le droit de ne pas être d’accord. Mais, entre partenaires (et de manière générale, d’ailleurs), on se respecte ! Les femmes engagées ne sont pas vos paillassons émotionnels », a tenté de recadrer, sur X, Marine Tondelier, secrétaire nationale des Écologistes, qui veut être une facilitatrice d’alliance, comme son homologue communiste Fabien Roussel. Ce dernier voit, dans la paralysie du NFP, « un manque de respect pour les électeurs qui ont exprimé leur volonté que ça change ».
PS et FI disposent de forces relativement équivalentes au Palais Bourbon et revendiquent tous deux le leadership de l’alliance, donc Matignon. Une querelle qu’il ne faudrait pas réduire à une bataille d’ego, tant leurs stratégies divergent. Les roses estiment qu’il y a un chemin pour gouverner et que l’un des leurs permettrait des compromis avec les centristes ; les insoumis ne veulent, eux, pas lâcher le programme sur lequel 182 députés ont été élus.
Mais devant le blocage, chacun renvoie à l’autre le bâton de la division. « J’ai de l’espoir mais, comme disait Gramsci, j’ai l’optimisme de la volonté et le pessimisme de la raison. J’ai comme l’impression d’une incompatibilité entre la FI et le PS », observe Jean-Yves, militant communiste en Seine-Saint-Denis. Ce comédien de 76 ans voit dans « les masses populaires » et leurs représentants syndicaux et associatifs de possibles arbitres, car ce sont eux « qui, en 1936, s’étaient mobilisés pour obliger le Front populaire à appliquer son programme ».
C’est le sens d’une lettre ouverte, adressée aux chefs de partis et parue mardi soir dans le Monde, signée par plusieurs personnalités comme la secrétaire générale de la CGT Sophie Binet, l’actrice Judith Godrèche ou encore l’économiste Julia Cagé. « Ne nous décevez pas, écrivent-elles. Vous avez été capables de vous réunir en 24 heures, de vous mettre d’accord sur un programme en quelques jours. Alors, vous pouvez être capables de proposer un gouvernement commun. Si tel n’était pas le cas, vous devrez assumer vos responsabilités. » S’ils l’ignoraient encore, les responsables politiques savent désormais qu’ils sont sous surveillance populaire.
« Dominique Sopo écrit sur sa page Facebook : « Dirigeants du Nouveau Front populaire soyez à la hauteur des espoirs et des attentes de la population » Le NFP choisit le député communiste André Chassaigne comme candidat à la présidence de l'Assemblée »
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Commentaires
C'est vrai que c'est long!