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Carole Filiu et Ferhat Mouhali : l’amour pas la guerre *** Ils créent un documentaire "Ne nous racontez plus d'histoires"
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Elle est française fille de pied-noir. Lui Algérien, né en Kabylie. Ils se sont mariés 60 ans après le début d’un conflit dont leurs familles conservent une mémoire très différente.
Dans l’embrasure de la porte, Aghilas, « tigre » en Kabyle, le chat de Carole Filiu et Ferhat Mouhali, guette les visiteurs. Facétieux, il n’aura de cesse de distraire ses maîtres décidés à évoquer leurs deux routes qui se sont croisées malgré des histoires familiales et des mémoires officielles antagonistes.
Née à Marseille en 1986 d’un père pied-noir et d’une mère lorraine, Carole Filiu a baigné toute son enfance dans les récits d’une Algérie française vécue «comme un paradis perdu». Sa famille d’origine catalane s’est implantée au début du siècle dernier à Burdeau, village dénommé ainsi en hommage à un ministre de la Marine et des Colonies de la IIIe République, désormais appelé Mahdia. Dans cette région d’élevage, son arrière-grand-père fonde une usine de viande congelée dont le principal client est l’armée. Après une période prospère, l’usine fait faillite et les Filiu quittent Burdeau pour Alger dans les années 1950.
Mémoire traumatique
En 1954 débutait la guerre d’Algérie. Pendant 8 ans elle allait bouleverser la vie de l’autre côté de la Méditerranée et déboucher sur l’Indépendance, poussant les pieds-noirs au « retour » dans un pays souvent inconnu : la France. Déracinés, nombreux sont ceux qui ont trouvé un nouveau port d’attache dans le Sud de l’Hexagone. Une part de ces rapatriés qui a soutenu l’Organisation de l’armée secrète (OAS) dans son recours au terrorisme pour maintenir la domination coloniale, a progressivement confisqué la mémoire et la parole pieds-noires. D’autres ont suivi un tout autre cheminement. 60 ans après le déclenchement de la guerre, la Marseillaise est allée à leur rencontre pour une série en sept épisodes intitulée « 1954-2014 : souvenirs d’Algérie ». Après Michelle Foulquier, Carole Filiu et Ferhat Mouhali qui appartiennent à une génération nouvelle travaillant à dépasser les rancœurs, achèvent cette suite de portraits.
Les grands-parents de Carole y mènent une vie douce. « Très attachés à l’Algérie, il ne voulaient pas partir, ils ont attendu jusqu’au dernier moment pour la quitter », rapporte-t-elle. « Mon père qui avait 14 ans et ma tante plus jeune ont été envoyés en France un peu plus tôt. Ça a été une grande douleur, un choc pour lui », résume la jeune fille. Les silences de la société française sur la guerre d’Algérie la laisse face à cette « mémoire traumatique ». Du CP à la terminale, elle passe sa scolarité à l’école Provence, « 12 ans chez les jésuites c’est trop », plaisante-t-elle. « Dans ce milieu très blanc et très catholique on ne croisait pas beaucoup d’immigrés », confie-t-elle. Difficile de se représenter « l’autre », celui que l’on croisait dans tous les récits familiaux mais le moins possible dans les rues de Marseille. « Il n’y avait pas de racisme mais peut-être une peur intériorisée depuis les événements tragiques vécus en Algérie », témoigne Carole.
Ferhat Mouhali, lui aussi est né en 1986, du côté de Béjaïa en Kabylie. Il grandit dans une famille qui a pris part à la guerre d’Indépendance. « Nous n’en parlions pas beaucoup à la maison sauf ma grand-mère qui m’a montré le lieu où son frère est mort, tué par l’armée française », raconte le jeune homme. C’est avant tout à l’école qu’il entend parler du conflit. « Le récit officiel qu’on nous enseigne est une glorification de la guerre. C’est un monde en noir et blanc dans lequel l’ensemble des Algériens s’est levé d’un coup face à l’ensemble des méchants Français », ironise Ferhat aujourd’hui. Derrière le manichéisme officiel, il perçoit au fil des ans l’auto-justification d’un régime sénescent. À son arrivée à l’Université de Béjaïa, il découvre peu à peu la complexité de la guerre : les porteurs de valises mais aussi les Harkis, les massacres, la diversité de la résistance algérienne, les assassinats entre Algériens.
Il s’investit « dans le militantisme des droits de l’Homme » et prend des responsabilités dans l’association de gauche Rassemblement actions jeunesse (RAJ). Très attaché à l’identité kabyle, il s’agace d’ailleurs qu’entre autres préjugés « les Français voient l’Algérie comme un bloc, un pays uniquement "arabe" ».
Dans le même temps, Carole étudie l’histoire à Aix puis le journalisme à Bordeaux. Après un passage par SudOuest.fr « le travail derrière un ordi ne me plaisait pas du tout », une copine dont le mémoire portait sur l’Algérie et la résurgence de son histoire familiale, lui donne envie de réaliser un webdoc sur l’autre rive de la Méditerranée. Ce sera Fatea, «femmes au travail en Algériguerre e», un voyage à la rencontre d’Algériennes qui témoignent de leur quotidien.
Lorsque Carole se rend en Algérie pour le réaliser, l’universitaire de Béjaïa qui devait l’aiguiller sur place est indisponible et la met en contact avec Ferhat, un étudiant formé par la documentariste progressiste Habiba Djahnine. C’est le début d’une belle histoire à deux.
« Quand je suis allée en Algérie ma famille était un peu inquiète, une copine m’a même dit au revoir comme si je ne reviendrais jamais... Mais ça été une super découverte, partout lorsqu’on m’interrogeait sur la raison de mon intérêt pour l’Algérie et que je parlais de mon père, on me disait "bienvenue chez vous" », se remémore Carole, enthousiaste. Ferhat qui vient de réaliser un court métrage sur le délabrement du système hospitalier algérien, qui sera primé à Tizi Ouzou et Paris, décide de s’engager avec Carole pour la réalisation et le montage de Fatea. « Ce projet m’a plu parce qu’il proposait un regard nouveau sur les femmes algériennes, une approche qui dépasse la victimisation et qui sort des alentours d’Alger », indique-t-il.
En 2012, le jeune homme participe à l’université d’été de la Fémis, prestigieuse école de cinéma parisienne, au cours de laquelle il réalise un court-métrage sur les porteurs de valises et rencontre la famille de Carole. « Il est venu aux 90 ans de ma grand-mère lorraine et quand il lui a dit son prénom, elle a répondu "ah bon ? C’est pas français ça" », rapporte-t-elle avec un sourire plein d’affection. Dans la branche pied-noire les présentations s’opèrent également sans difficulté majeure. « Bien sûr j’ai senti quelques préjugés mais il y en a des deux côtés », reconnaît Ferhat.
Lorsqu’ils se marient en février 2013 après un cheminement administratif de plusieurs mois, le père de Carole ne parviendra pourtant pas à traverser la Méditerranée. « Je ne lui en veux pas, il refuse absolument de revenir. Je comprends sa décision au regard de ce qu’il a vécu », affirme Carole.
Entourée par sa mère, une amie et son frère, la voilà en Algérie pour se marier. « Tout le monde l’a acceptée même si mon grand-père s’est inquiété que son frère qui devait la "présenter" ne soit pas musulman », se souvient Ferhat avec un geste de la main qui renvoie la remarque au rang d’anecdote.
Pas encore de bébé en vue si ce n’est un film en préparation : « ne nous racontez plus d’histoires ! », un message adressé à leur pays respectif et aux mémoires sélectives.
Hervé Gourdel et les haines qui montent
Après l’enlèvement d’Hervé Gourdel, Carole et Ferhat ont parlé des possibles répercussions dans les sociétés algérienne et française. « Ce qui me touche, c’est qu’on voit l’Algérie comme un abattoir. Il faut arrêter les généralisations. Il y a 35 millions d’Algériens et beaucoup ont été les premières victimes de l’intégrisme », insiste Ferhat.
Quant aux rancœurs issues de la guerre, le couple a bon espoir de les voir s’estomper. Pour Carole, « un changement de génération est nécessaire. Je ne crois pas que tous les enfants des nostalgiques de l’OAS dont la mémoire est encore aujourd’hui instrumentalisée politiquement aient la même haine des Algériens ». Quant à Ferhat, il estime « qu’au delà des discours officiels, le peuple algérien a largement dépassé la haine des Français ».
Avec fracas, Aghilas le chat tigré interrompt une dernière fois la discussion en poursuivant à travers la pièce un petit papier rose. « On a récupéré ça aux voiles de la paix », s’amuse Carole en le déroulant. Une citation de Clémenceau y est inscrite : « Il est plus facile de faire la guerre que la paix ».
Léo Purguette
Alors Carole et Ferhat vont créer un documentaire
“Ne nous racontez plus d’histoires”:
la vérité sur la guerre d’Algérie
Journaliste et réalisateur, Carole Filiu et Ferhat Mouhali lancent une levée de fonds et invitent les internautes à participer au projet de leur prochain documentaire sur “ce que la France et l’Algérie ont toujours caché à propos de la guerre d’Algérie” : ” Ne nous racontez plus d’histoires”.
Elle est journaliste, il est réalisateur. Elle est française, fille de pieds-noirs, il est Algérien. Ils ont vécu la même guerre mais ont en mémoire des souvenirs différents. Un départ précipité et douloureux pour l’une. “Le récit mythifié d’une indépendance glorieuse” pour l’autre. Ensemble à la vie comme à la scène, Carole Filiu et Ferhat Mouhali sont animés par un projet commun : réaliser un film pour tenter de faire la lumière sur “ce qui a été caché au sujet de la guerre d’Algérie” en donnant la parole aux “discours des témoins volontairement oubliés, des historiens qui se battent contre la guerre des mémoires pour faire entendre une vérité qui agace. Un chemin qui nous mène vers la remise en question de notre passé, la réponse à nos incertitudes et une meilleure compréhension de l’autre”, peut-on lire sur kisskissbankbank.com, une plateforme de financement participatif à laquelle les réalisateurs ont fait appel pour permettre aux internautes de contribuer financièrement afin que le projet puisse se concrétiser.
Voici un avant-goût du synopsis :
Le 5 juillet 1962, l’Algérie se libère après sept ans d’une guerre meurtrière et cruelle. Depuis, la France et son ancienne colonie manipulent l’écriture de l’histoire de ce conflit. L’armée algérienne a fait de cette guerre le mythe fondateur qui légitime sa place au pouvoir. La France a rendu tabou la torture, l’abandon des harkis, le refus des soldats à participer à cette guerre, le soutien de certains Français au FLN. Aujourd’hui, la guerre des mémoires enflamment toujours certains extrémistes, Il est temps d’éclairer l’histoire pour qu’Algériens et Français construisent ensemble une relation plus apaisée.
« Ne nous racontez plus d’histoires ! » vous fait découvrir ce que ces deux Etats nous ont caché sur cette guerre depuis cinquante-quatre ans.Deux mémoires, une histoire commune
Je suis Française, il est Algérien. Toute notre enfance a été bercée par la guerre d’Algérie. Souvenirs traumatisants d’un départ forcé pour moi, journaliste fille de pieds-noirs, récit mythifié d’une indépendance glorieuse pour lui, réalisateur militant des droits de l’Homme ; chacun a eu droit à sa version de l’Histoire.
Je suis Carole Filiu, il est Ferhat Mouhali. Couple dans la vraie vie et réalisant ensemble des projets documentaires, c’est au fil de notre nouveau film, des voyages et des rencontres de chaque côté de la Méditerranée que nous voulons retracer l'histoire vécue de ce conflit. Loin de l’historiographie officielle, nous partons à la rencontre des témoins aux discours volontairement oubliés, des historiens qui se battent contre la guerre des mémoires pour faire entendre une vérité qui agace. Un chemin qui nous mène vers la remise en question de notre passé, la réponse à nos incertitudes et une meilleure compréhension de l’Autre.
Le film
Le film sera composé de deux parties de 45 minutes chacunes. Ces parties seront liées par une introduction, une transition et une conclusion générale. Afin de se répondre, chaque partie sera construite sur le même récit en France et en Algérie : celui de notre recherche d’une histoire plus objective de notre passé.
Nous ne cherchons pas à faire un documentaire historique compilant des images d’archives et des entretiens d’historiens. Notre histoire est celle de milliers de jeunes qui cherchent à mieux comprendre leurs origines. Le film sera intimiste en ce sens que nous mettons en scène notre démarche : à l’aide de la voix-off et via notre présence devant la caméra. Nous présenterons des membres de notre famille (en particulier la famille pied-noir de Carole), des images de notre passé (photographies de villages coloniaux, de moudjahid), témoins d’une mémoire qui refuse d’autres aspects de l’histoire.
Village d'Agmoun en Kabylie, détruit par les bombardements français
Nous montrerons des paysages, des lieux chargés de cette histoire collective empruntés par nos personnages : ports d’Alger et de Marseille, bâtiments français abandonnés en Algérie, camps de harkis en France, métros parisiens parcourus par les porteurs de valise, ... L’idée de voyage, de découverte sera prégnante tout au long du film : nos parcours en bateau, en train, en voiture seront intégrés, telle une enquête. Les interventions des témoins de la guerre, des historiens permettront de répondre au fur et à mesure à nos questions. La parole des jeunes, essentielle, donnera une valeur universelle à notre questionnement : bien qu’intime, ce film veut mettre en lumière les questionnements de toute une génération envers son passé. En mettant face à face deux utilisations opposées de l’Histoire, «Ne nous racontez plus d’histoires !» souligne l’importance du geste citoyen d’aller au-delà du récit officiel.
Camp de harkis de Bourg-Lastic peu après leur arrivée en France
Pourquoi un tel film aujourd'hui ?
En Algérie, la guerre est un mythe
qu'on ne peut remettre en cause
Depuis 1962, l’État algérien surveille l'Histoire de la guerre de Libération. Une guerre qui l'a vu naître et qui a justifié la prise du pouvoir par un certain nombre de ses participants. Une guerre dont il faut surveiller son récit pour légitimer, au fil des ans, un système, une politique, une armée. Au fil de son écriture, cette Histoire institutionnalisée devient un mythe et oublie des grands pans de la réalité.
Dans les manuels scolaires, la plupart des concepteurs de la guerre disparaissent, les luttes intestines pour accéder au pouvoir se volatilisent, le massacre des harkis justifié et les Français qui ont aidé les Algériens à se libérer sont oubliés.
Aujourd'hui, la société entière est victime de cette instrumentalisation de l'Histoire de la guerre d'Algérie. Les jeunes ignorent la plupart du temps comment la guerre s'est réellement passée : il leur faut aller par eux-mêmes à la recherche de la véritable Histoire, à travers des livres, des articles de journaux, des reportages et documentaires le plus souvent diffusés à l'étranger. Internet permet un meilleur accès à cette information mais l'enseignement distillé à l'école façonne les manières de penser.
Aujourd'hui encore, il n'est pas possible de réaliser un film historique en Algérie sans passer par le filtre du ministère des Moudjahidin. Au plus haut sommet du pouvoir, l'Histoire continue d'être manipulée : le président Abdelaziz Bouteflika s'est autoproclamé « Abdelkader El Mali » et aurait, selon les textes officiels, mené la guerre de Libération sur le front Sud de l'Algérie. Les témoignages historiques ne lui accordent que quelques semaines passées sur place avant qu'il ne se réfugie dans des lieux plus tranquilles à l'étranger, mais peu importe. Écrite noire sur blanc, l'Histoire est transformée selon la volonté des gouvernants.
Dans la casbah d'Alger
En France, une guerre des mémoires qui n'en finit pas
Jusque dans les années 1980, la guerre d'Algérie est un tabou en France. Éliminée des manuels scolaires, quasi-inexistante à la télévision et au cinéma, le sujet qui avait déstabilisé la société et le monde politique français de 1954 à 1962 est absent du discours officiel. Mais que ce soit au sein des harkis, des immigrés algériens, des anciens combattants, des rapatriés ou des nostalgiques de l'OAS, tout un chacun porte le souvenir de cette guerre et affirme sa propre vision de cette Histoire. Ce n'est qu'au début des années 2000 et suite aux longs efforts des historiens que l’État s'empare enfin du sujet.
En 1999, ce dernier reconnaît que les « événements d’Algérie » constituaient véritablement « une guerre ». Les témoignages sur l'utilisation de la torture se multiplient et la population découvre alors un visage masqué de son Histoire. Mais l'Assemblée nationale, en votant la loi du 23 février 2005 indiquant dans son article 4 les « bienfaits d'une colonisation positive », prend ouvertement position en faveur des pieds-noirs et provoque une réelle « guerre des mémoires » au plus haut de l’État. Sous les déclarations d'hostilité, le président de la République abroge cet article en janvier 2006.
Aujourd'hui encore, symboles, dates anniversaires, création de lieux mémoriels, tout est sujet à tensions et crispations. Depuis le début de la guerre, les communautés affectives s'affrontent pour que l'écriture de l'Histoire corresponde à leur point de vue. Bien que la guerre soit enseignée au collège et au lycée, peu de jeunes Français sont aujourd'hui au courant des réalités de ce conflit : pratique de la torture, déplacements massifs de populations, abandon et enfermement dans des camps des harkis, participation de certains Français à la libération de l'Algérie etc. La guerre d'Algérie est apprise telle une guerre de décolonisation comme une autre alors qu'elle a profondément transformé la société et le paysage politique français, et ce depuis cinquante ans. Cette génération d'aujourd'hui a soif de connaissances et de découvertes. Elle cherche à connaître ses origines, à comprendre un conflit qui a modifié la vie de son entourage.
A la découverte de notre passé
Un film, deux parties et deux visages pour comprendre comment, des deux côtés de la Méditerranée, l'Histoire officielle a caché, dissimulé ou glorifié certains aspects d'une guerre commune. A travers notre regard, celui d'un militant algérien des droits de l'Homme et celui d'une journaliste fille de pieds-noirs, nous voulons mettre en avant ce qui a été caché, pourquoi et comment cette utilisation de l'Histoire à des fins politiques se poursuit encore aujourd'hui. Chacun, par son parcours et sa recherche de vérité sur un conflit qu'il ne connaît que partiellement et qu’il découvre au fur et à mesure du film, met en exergue les conséquences d'une telle politique mémorielle sur les jeunes algériens et français. Sur leur manque de connaissances de leur passé, et sur leur absence de compréhension de l'Autre. A travers ce fil rouge de notre recherche, nous rencontrerons des anciens soldats, militants, ou politiques qui témoigneront. Des historiens et sociologues qui étaieront leurs propos. Mais aussi et surtout des jeunes, récit vivant et direct de deux sociétés qui veulent connaître la réalité sur leur passé commun.
A Ghardaia
Les réalisateurs
Carole Filiu : Diplômée de l’école de journalisme de Bordeaux en 2009, je travaille d’abord pour le journal régional Sud Ouest puis pour le site de celui-ci, SudOuest.fr que je gère pendant huit mois. Durant deux ans, j’écrit, réalise et monte le webdocumentaire Fatea (Femmes au travail en Algérie) constitué de neuf portraits de femmes sur l’ensemble du territoire algérien. Ce webdoc qui est diffusé en décembre 2012 sur le site de TV5 Monde leur donne la parole et offre à l’internaute la possibilité d’entrer dans leur quotidien. Elles expriment leurs espoirs et désirs de changement d’un État en crise.
Après ce projet, soutenu par le CNC, hébergé par TV5 Monde et diffusé par les sites d’El Watan et Youphil, je souhaite interroger les sociétés algériennes et françaises sur leur point commun : une guerre de sept ans qui a bouleversé, de part et d’autre de la Méditerranée, des systèmes politiques, culturels et sociétaux. Avec Ferhat, nous échangeons nos visions, nos paroles avec le même objectif: celui de mieux appréhender notre passé et faire connaître des vérités jusque là cachées. Un objectif ambitieux qui correspond au parcours de deux jeunes réalisateurs souhaitant aller plus loin que le discours officiel qui les a forgé.
Ferhat Mouhali : Dès mon entrée en 2005 à l’université de Bejaia, où j’obtiens une licence en sciences économiques, mon parcours est rythmé par mon engagement militant. J’adhère à l’association nationale RAJ (Rassemblement Actions Jeunesse) : j’y occupe le poste de secrétaire général de la section de Bejaia. En parallèle, je suis une formation au théâtre durant deux ans. En 2010, je participe à la formation Bejaia Doc, mise en place par la documentariste Habiba Djahnine. J’y réalise mon premier documentaire, un court-métrage intitulé «Heureusement que le temps passe » sur le délabrement du système hospitalier algérien En 2012, j’obtiens avec celui-ci le prix du jury au festival national du film amazigh de Tizi Ouzou et en 2013 le coup de coeur du public du festival parisien Point Doc.
Durant l’université d’été de la Fémis qui s’est tenue en juin-juillet 2012 à Paris, je réalise le court-métrage « Des vies sous silence» où j’interroge la participation des Français à la libération de l’Algérie. Je travaille également avec Carole Filiu sur la réalisation et le montage du webdocumentaire Fatea. «Ne nous racontez plus d’histoires !» est l’occasion de faire connaître notre passé à mes compatriotes, afin que chacun puisse faire le bilan de cette guerre et avoir les moyens et outils de réflexion face à un pouvoir autoritaire.
« Leny Escudero, qui chantait "Pour une amourette", est mort aujourd'hui vendredi 9 octobre 2015,à l'âge de 82 ansInauguration d'un nouveau monument pour l'Algérie française Mais pour une fois ça ne se passe pas en France mais en Italie »
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