• Casbah d’Alger : des personnalités de plusieurs pays contestent la désignation de Jean Nouvel

     

     

    Casbah d’Alger : des personnalités de plusieurs pays contestent la désignation  de Jean Nouvel

    Casbah d’Alger : des personnalités

     de plusieurs pays contestent la désignation

    de Jean Nouvel

    La désignation de l’architecte français Jean Nouvel pour restaurer la Casbah d’Alger suscite une vive polémique. Plus de 400 personnalités algériennes, françaises, américaines, canadiennes, européennes et arabes ont envoyé une lettre l’invitant à se retirer du projet.

    Les parrains de la nouvelle Casbah

    Casbah d’Alger : des personnalités de plusieurs pays contestent la désignation  de Jean Nouvel

    Abdelkader Zoukh, Valérie Pécresse et l’architecte Jean Nouvel lors d’une visite de la Casbah d’Alger, le 16 décembre. Alvaro Canovas / Paris Match

    C'est l'architecte français Jean Nouvel, associé à l’Institut d’aménagement et d’urbanisme de la région Ile-de-France, qui est en charge de la rénovation du quartier mythique d'Alger : la Casbah.

    Comment redonner du lustre au quartier le plus symbolique d’Alger ? Quel visage pour la Casbah en 2050 ? C’est la tâche que viennent de confier les autorités algériennes à l’architecte Jean Nouvel associé à l’Institut d’aménagement et d’urbanisme de la région Ile-de-France. Valérie Pécresse, Jean Nouvel et Abdelkader Zoukh main dans la main, qui l’eût cru ? L’enjeu est colossal. Il s’agit de transformer un quartier d’une centaine d’hectares où résident 45 000 habitants. Classé depuis 1992 au patrimoine mondial de l’Unesco, ce haut lieu de l’histoire récente de l’Algérie – de la bataille d’Alger sous l’ère coloniale aux attentats de la « décennie noire » à la fin du siècle –, la Casbah concentre tous les problèmes d’insalubrité, d’habitat dégradé, de mobilité et de mise en valeur du patrimoine local. Ce projet d’envergure s’intègre dans une vision plus large de changement de la capitale puisque le port de marchandises va être déménagé d’ici à cinq ans et remplacé par une marina pour bateaux de plaisance. Alger veut en effet ouvrir ses portes aux touristes.

    Dimanche 16 décembre, Valérie Pécresse et Jean Nouvel ont sillonné la Casbah, longtemps quartier symbole pour les Algérois d’un certain art de vivre. En quelques décennies, il est devenu l’un des plus vétustes. Le pouvoir algérien a décidé d’en faire une priorité de sa nouvelle politique urbaine. Architecte en vogue dans le monde arabe depuis la réalisation du Louvre d’Abu Dhabi et du Musée national du Qatar, Jean Nouvel s’est fixé un défi : « Faire d’Alger une ville monde. »

    SOURCE : https://www.parismatch.com/Actu/Politique/Les-parrains-de-la-nouvelle-Casbah-1595687 

    Casbah d’Alger : lettre ouverte

     à Jean Nouvel

    Plus de 400 signataires des deux rives de la Méditerranée adressent une lettre ouverte à Jean Nouvel à propos de la convention tripartite que celui-ci a signée avec la Wilaya d'Alger et la Région Ile-de-France pour « revitaliser » la Casbah d'Alger.

    Cher Jean Nouvel,

    Le 6 mars 1999, il y a bientôt vingt ans, vous titriez “Boulogne assassine Billancourt” dans les colonnes du Monde; un texte courageux s’indignant avec force de la destruction programmée (et désormais réalisée) du patrimoine historique ouvrier que représentait “le paquebot” de l’Île Seguin dans la proche banlieue de Paris.

    Nous débutons cette lettre ouverte en mentionnant ce texte car c’est à la personne qui a écrit celui-ci que nous souhaitons nous adresser. Ce lundi 17 décembre, nous sommes beaucoup à avoir été choqué·e·s en apprenant qu’une convention tripartite avait été signée entre la Wilaya d’Alger, la région Île-de-France et vos ateliers afin de, nous dit-on, “revitaliser” la Casbah d’Alger — étymologiquement, “revitaliser” implique redonner de la vie, ce qui nous permet de nous demander si la vie, pourtant vibrante, qui caractérise aujourd’hui les rues sinueuses de ce quartier n’est pas digne d'être considérée comme telle.

    La Casbah d’Alger, pour nous, bien avant d’appartenir à l’humanité — celle dont on nous dit qu’elle possède un patrimoine mondial — appartient d’abord à ses habitant.e.s, qu’ils possèdent un titre de propriété ou non, ensuite aux Algérien·ne·s dont la lutte révolutionnaire contre le colonialisme français a régulièrement pris appui sur sa capitale et en particulier, sa Casbah, et enfin aux militant·e·s anti-coloniaux·ales de l’Afrique, du Sud Global, mais aussi du Nord, tant la Casbah par son urbanisme et son architecture incarne un symbole puissant des luttes de ceux et celles qui ne peuvent mettre à profit que leur passion et leur environnement face aux forces asymétriques que leur opposent les armées et polices coloniales.

    La Casbah, les français l’ont déjà partiellement détruite trois fois. Suivant l’invasion de la Régence d’Alger en 1830, les officiers coloniaux avaient déjà bien compris le danger potentiel de son urbanisme insurrectionnel; ils ont ainsi ordonné la destruction de toute la partie basse de la ville, privant ainsi la Casbah de son accès à la mer. Plus tard, les autorités coloniales y construiront des immeubles haussmanniens, reprenant les tactiques urbanistes contre-insurrectionnelles déjà appliquées à Paris et Marseille. A la fin des années 1930, lorsque les autorités coloniales ont fait “la guerre aux taudis” et ont ainsi détruit le quartier de la Marine. Entre 1956 et 1957, c’est toujours au sein de la Casbah que la fameuse “bataille d’Alger” trouve son paroxysme. Dans la nuit du 10 août 1956, des terroristes français y placent une bombe rue de Thèbes qui détruit plusieurs immeubles et tue 80 habitant·e·s. Le 8 octobre 1957, ce sont les parachutistes français qui, après avoir étouffé ce quartier de la ville pendant un an, dynamitent la maison où se sont réfugié·e·s les dernier·e·s survivant·e·s du FLN à Alger: Hassiba Ben Bouali, Zohra Drif, Ali Ammar dit Ali la Pointe, Petit Omar et Yacef Saâdi. Comme vous l’avez peut-être vue durant votre courte visite, cette maison a été laissée telle quelle ces six dernières décennies afin d’en faire un mémorial, un mémorial sans architecte.

    Toute modification de la Casbah qui ne viendrait pas directement de ses habitant·e·s doit ainsi faire preuve d’une connaissance et d’un respect sans faille de son passé et de son présent, bien au delà des instructions que la Wilaya d’Alger puisse elle-même fournir ou comprendre. Des projets qui n’auraient pas à cœur de servir en premier lieu ses habitant·e·s ainsi que le legs historique, politique et culturel de cette ville dans la ville, et qui leur préféreraient des ambitions touristiques ou financières ne sont pas dignes de ce lieu de vie et d’histoire. L’annonce de projets culturels notamment, alors que de nombreuses habitations ne sont pas étanches et que l'évacuation d’eau du quartier constitue aujourd’hui l’un des problèmes majeurs du quartier, nous semble par exemple particulièrement problématique et là encore, déconnectée des préoccupations quotidiennes des habitant·e·s. De même, le déblocage d’un budget stupéfiant pour financer cette étude ne peut que contraster avec le peu de moyens criant que le tissu associatif de la Casbah affronte au jour le jour dans ses initiatives.

    Aujourd’hui, nous apprenons donc que vous collaborez avec Valérie Pécresse la Présidente de la Région Île-de-France. Devons-nous vous rappeler que les décisions de celle-ci pèsent chaque jour un peu plus sur les résident·e·s précarisé·e·s de la métropole parisienne qui, pour beaucoup, sont des personnes ayant (directement ou par l’intermédiaire de leur histoire familiale) souffert du colonialisme français, en particulier celui-ci qui sévit pendant 132 ans en Algérie? Celle qui, en plus de ses politiques inégalitaires, n’hésite pas à se joindre à une foule islamophobe qui agressent les fidèles musulman·ne·s de Clichy lorsque ceux·elles-ci prient dans la rue pour protester contre la transformation de leur salle de prière en bibliothèque par la municipalité (novembre 2017). Celle qui n’hésite pas non-plus à déclarer qu’elle serait favorable à une loi visant à doubler les peines de prisons pour des faits commis dans certains quartiers populaires, au mépris de toute constitutionnalité (octobre 2018). Nous vous laissons apprécier le lien que de telles actions et discours peuvent avoir avec l’histoire coloniale française et sa continuation sous d’autres formes.

    La décision qu’a prise la Wilaya d’Alger de “revitaliser” la Casbah, est la sienne, et nous laissons le soin à nos ami·e·s en Algérie de combattre celle-ci si ils le pensent nécessaire; là n’est pas notre rôle. Nous, architectes, historien·ne·s, electricien·ne·s, agent·e·s d’entretien, universitaires, artistes, et autres militant·e·s internationaux.ales, pour qui la Casbah continue de représenter l’un des symboles les plus forts d’une architecture révolutionnaire, nous faisons appel à votre conscience politique afin que vous renonciez à ce projet. N’acceptez pas d’être complice d’une quatrième vague de transformation brutale française de la Casbah. Tout architecte se doit d'être complètement responsable des conditions et conséquences politiques des projets qu’il accepte; toute position qui ferait de lui ou d’elle un.e simple exécutant·e constituerait une insulte à sa fonction et à sa capacité d’agir. Parfois, cette capacité d’agir politiquement se situe au sein de la conception du projet elle-même; à d’autres moments, elle se trouve plutôt dans le refus ou la renonciation à ce même projet. C’est le cas ici et vous avez ce pouvoir.

    Nous vous demandons donc: désistez-vous et recommandez à la Wilaya d’Alger certain·e·s de vos confrères·soeurs algérois·es qui sauront problématiser ce projet de manière à préserver la Casbah et ce que celle-ci signifie, plutôt que de la contrôler, la modifier et la gentrifier.
    Nous vous remercions de nous avoir lu·e·s et espérons que vous nous avez également entendu·e·s. 

    SOURCE : https://www.humanite.fr/casbah-dalger-lettre-ouverte-jean-nouvel-665443 

     

    Contribution du Dr Arab Kennouche

    «  La Casbah d’Alger rendue à la France »

    Casbah d’Alger : des personnalités de plusieurs pays contestent la désignation  de Jean Nouvel

    Le wali d'Alger avec Valérie Pécresse et Jean Nouvel. D. R.

    Par Dr Arab Kennouche – On se souviendra encore longtemps, même après la mort de l’actuel wali d’Alger, Abdelkader Zoukh, de sa décision historique de rendre l’âme de La Casbah à ceux-là mêmes qui l’ont souillée et maintes fois violée à travers l’histoire. Au-delà du talent international de Jean Nouvel lui-même, associer des travaux de réhabilitation du cœur de la nation algérienne à l’ancienne puissance colonisatrice ne relève pas uniquement de la stupidité de l’auteur de la décision, mais d’une démarche provocatrice de très mauvais goût.

    Complexe de colonisé ou bien simple démarche ahurissante entreprise sans grande réflexion, Zoukh vient de franchir le Rubicon de la bêtise en permettant aux anciens de l’Algérie française de se refaire un bain de jouvence en venant redonner un coup de peinture fraîche là où, auparavant, les canonnades de la grande armée et les pétarades de Massu et Bigeard se faisaient entendre pour effacer toute trace d’algérianité. On se demande à ce tarif-là où sont passés nos valeureux ministres de la Culture et des Moudjahidine qui, très certainement, ont accordé leur blanc-seing pour que Nouvel vienne apposer sa marque de concepteur gaulois sur l’édifice ancien d’art et de tradition islamique.

    Mais, faut-il encore repêcher le wali Zoukh et ses acolytes en les envoyant s’instruire sur les liens de l’histoire, de l’architecture et de la politique afin qu’ils ne nous transforment pas toutes les demeures mauresques et les mosquées d’Alger en monuments à la gloire de la France et, pourquoi pas, à la colonisation française en Algérie. Pourquoi alors ne pas donner une note «tour Eiffel» au sanctuaire des martyrs, ou bien encore redessiner tout Alger sur les plans de Marseille ? Il saute déjà aux yeux qu’Alger sous Zoukh est redevenue cette ville coloniale d’antan : tout y est blanchi à la chaux et remaquillé pour qu’émerge l’Alger des colons contre la vraie Alger qui fut avant tout une ville musulmane.

    Berbère, turque, arabe, c’est l’étendard de l’islam qui flotta longtemps sur Alger avant que les Français ne s’en emparent en tentant de la défigurer. Ce patrimoine musulman de la ville n’a jamais été mis en valeur et pourtant il regorge d’innombrables endroits, palais, mosquées, portes que l’on a drapés de l’étendard français, comme sous la férule de Zoukh. Blanchir Alger et faire plaisir aux Français, pour qu’ils s’y retrouvent, eux, dans leur ville.

    Geste de très mauvais goût que cette venue de Jean Nouvel, qui doit faire pouffer de rire toute la gente OAS et consorts qui, nostalgiques de l’Algérie française ou en mal de judéité-sioniste en terre algérienne, trouvent là un couloir idéal pour venir se réinstaller en défigurant les lieux autant que possible comme à l’époque de la colonisation. Il faut bien s’appeler Zoukh et se vanter d’avoir redonné à la ville toute sa splendeur d’antan, comprendre l’Alger des années 30 de Pépé le Moko, pour ne pas voir le grand boulevard néocolonial, haussmannien s’il en est, que le maire d’Alger est en train de tracer à la France, passée maître dans la mise en valeur de son «exception culturelle» à l’étranger.

    «Ye’l gomplexé wa !», se serait exclamé notre fameux inspecteur Tahar, devant autant de bassesse humaine, ne serait-ce que pour tourner en ridicule les fonctions de maire d’une ville qui pourtant a accueilli les plus grands révolutionnaires de cette planète. Ecrire l’histoire d’Alger entre Barberousse, Che Guevara, Ali La Pointe et y insérer un Jean Nouvel casbahique postmoderne relève d’un goût douteux et fera couler beaucoup d’encre encore dans les annales de cette ville frondeuse et à laquelle on a trop souvent accolé l’image d’une France fleurissante en Méditerranée.

    Ya’l meskin ! Pauvre de vous, cher Monsieur Zoukh, mais comment vous convaincre de votre indigence patriotique et de votre grande immoralité en pérennisant sciemment le vieux rêve néocolonial de la France, de se refaire une santé en Algérie, argument que vous ne pouvez repousser car celle-ci refuse de reconnaître ses crimes abominables ? D’ailleurs, vous qui occupez une fonction politique dans ce pays ne faites que corroborer cette thèse de l’impunité, bien plus, celle de la mission civilisatrice de la France clamée haut et fort depuis Alexis De Tocqueville et Jules Ferry, jusqu’à Sarkozy et Macron, et qui trouve le plus grand écho dans la future empreinte architecturale que laissera Jean Nouvel sur un symbole puissant de la résistance algérienne, grâce à votre décision honteuse.

    Ma teghfelch ! Ne baissez point la garde, ya messiou l’mir ! Fut-ce un moment de fatigue qui vous poussa vers l’ignominie ou bien vos conseillers se sont-ils attardés sur le pastis du colon ? N’avez-vous pas senti l’âme de ces murs sacrés à l’histoire pluriséculaire pour que vous la vendiez à un vulgaire architecte venu d’ailleurs et de nulle part, dont les ordinateurs sont sans commune mesure avec les mains et les cœurs qui ont façonné ces multiples ruelles, ces dédales de l’histoire à n’en plus finir, bien longtemps avant que ne vienne souffler le vent de la mort et de la trahison ? Ou bien voulez-vous transformer Alger en vulgaire Marrakech pour que l’oligarchie mondiale y vienne humer son petit souk et y déambuler à moindre frais ?

    A. K. 

    SOURCE : https://www.algeriepatriotique.com/2018/12/27/contribution-du-dr-arab-kennouche-la-casbah-dalger-rendue-a-la-france/

     

    Même la fachosphère française s’en mêle et n’est pas contente…

    Casbah d’Alger : des personnalités de plusieurs pays contestent la désignation  de Jean Nouvel

     

    Manuel Gomez écrit dans Riposte laïque qui est un site web d'extrême droite créé en septembre 2007 et se présente comme appartenant au mouvement laïc. À l'origine de plusieurs controverses, le site consacre la plus grande partie de ses articles à une islamophobie ouvertement déclarée. Wikipédia . Manuel Gomez, lui aussi n’est pas content :

    Grâce à Pécresse, les Franciliens paieront pour la casbah d’Alger

    On peut se poser la question, nous qui connaissons la Casbah d’Alger, qui l’avons traversée des dizaines de fois, jusqu’en 1962, montant des rues Bab-el-oued et Bab-Azoun, par la place de Chartres, les rues de la Lyre, Marengo et Randon, jusqu’aux boulevards de Verdun et de la Victoire, cette Casbah d’Alger, qui n’a jamais été un lieu ni très fréquentable, ni très touristique, n’en déplaise à ceux qui ne l’ont jamais traversée, ni aux cinéastes et à certains écrivains et historiens qui l’ont imaginée, que peut bien espérer réaliser Jean Nouvel, à moins de tout détruire et de reconstruire du neuf. Mais dans quel style ?

    Réaliser une architecture du présent, comme il se plaît à le faire, ou conserver une architecture berbéro-mauresque ?

    Abdelkader Zough, préfet d’Alger, remercie Houria Bouhired (présidente de l’association « Sauvons la casbah d’Alger ») d’avoir offert un tableau à Jean Nouvel et une tenue algérienne à Valérie Pécresse (présidente de la région Île-de-France).

    « Nous avons une convention de coopération avec le conseil d’Île de France qui se charge de payer l’architecte et son équipe. La wilaya d’Alger ne donnera pas un sou à Jean Nouvel. Il se chargera des études et de la réflexion. Les Algériens ne doivent pas se tromper. C’est une chance pour nous d’être accompagnés par un architecte mondialement connu. Il va nous conseiller pendant deux ans, installer une équipe pour réfléchir et proposer une conception (il ne coûtera pas un sou aux Algériens, certes, mais nous coûtera une fortune à nous, Français, puisque c’est nous qui réglerons la note, et elle sera salée !).

    Il est difficile d’imaginer ce que pourrait faire Jean Nouvel de cette Casbah qui est, dit-on à Alger, le symbole puissant des luttes anti-coloniales !

    Totalement absurdes ces affirmations de notables et politiciens algériens qui « rappellent que les Français ont détruit trois fois la Casbah d’Alger, à partir de 1830 ».

    Quand ils tentent d’expliquer que « la partie basse de la ville (donc de la Casbah) a été effacée pour être remplacée par une place (la place du Gouvernement, devenue place des Martyrs) et qu’à cause de cette place, « la Casbah » n’a plus accès à la mer depuis ».

    Que, plus tard, les affreux colonialistes que nous sommes ont construit des « immeubles haussmanniens » (immeubles qui font la renommée de notre capitale, Paris) et, qu’à la fin des années 30, les autorités coloniales « ont fait la guerre aux taudis », détruisant le quartier de la Marine.

    Qu’au cours de « la bataille d’Alger », la destruction de la Casbah avait atteint son paroxysme quand, dans la nuit du 10 août 1956, des terroristes français avaient placé une bombe dans une maison, rue de Thèbes, qui avait détruit plusieurs maisons et tué 80 habitants (dans cette fameuse maison de la rue de Thèbes, le communiste Timsit entreposait les explosifs et fabriquait les bombes qui massacraient nos femmes et nos enfants).

    Enfin, que le 8 octobre 1957, ce sont les parachutistes français qui avaient dynamité la maison où s’étaient réfugiés « les derniers survivants du FLN à Alger » : Yacef Saadi, Ali la Pointe, Petit Omar, Zohra Drif et Hassiba Ben Bouali (notons au passage cette citation « les derniers survivants du FLN » ! N’est-ce pas la preuve, si elle était nécessaire, que la bataille était gagnée par notre armée et que ce sont les « politicards français » qui ont trahi la France et son armée ?).

    Il se trouve que j’ai été justement élevé dans ce quartier de la Marine.

    J’y ai fait mes premières courses en pantalon court dans les rues, le long des quais de l’Amirauté. Je me suis reposé sur les marches de la plus vieille mosquée d’Alger, « Djamaâ El Kebir » (construite en 1097 et terminée en 1324), qui se situait rue de la Marine, rue qui descendait de la place du Gouvernement jusqu’à l’entrée du port. Preuves que la basse Casbah n’a jamais été détruite et qu’elle n’a jamais eu « les pieds dans la mer » car, entre elle et le port, se trouvait un vaste terrain vague où se réunissait la foule et où se vendaient les esclaves blancs et noirs (les gravures de l’époque en font foi).

    Quant aux « immeubles haussmanniens », comme ils disent, les notables et les élites algériens se sont empressés de les occuper et d’y loger avec leur famille dès notre départ, en 1962.

    Notons tout de même que le préfet d’Alger nous informe « avoir remis en lumière » de nombreux bâtiments emblématiques de la capitale de l’Algérie, tels la place des Martyrs (notre place du Gouvernement, dominée par la statue équestre du duc d’Orléans), le square Port Saïd (notre square Bresson, construit vers le milieu du 19e siècle, où les ânes (nos bourricots) ont été remplacés par une multitude d’échangeurs de devises au marché noir (toutes les devises, mais plus particulièrement l’euro, la plus prisée, échangées à plusieurs fois leur valeur officielle).

    Il voudrait que la Casbah devienne un véritable endroit touristique, à l’instar du Jardin d’essai, au quartier du Hamma, qui a enregistré cette année 1,8 million de visiteurs (en très grande majorité algériens).

    Jardin d’essai qui, rappelons-le, fut construit, après assèchement des marais, à dater de 1832 et a trouvé sa forme actuelle vers 1867, sous le nom de « Jardin d’acclimatation », considéré comme le plus beau parc zoologique d’Afrique du Nord.

    Partiellement détruit par les bombardements aériens allemands durant la dernière guerre et, surtout, par l’occupation des troupes alliées après le débarquement de 1942, il fut restauré et ouvert de nouveau au public en 1947.

    Mais également, ce qui peut paraître surprenant, Notre-Dame d’Afrique et, à grand renfort de publicité internationale, la béatification, à Oran, des moines de Tibhirine, martyrs de l’Algérie, afin de donner un autre visage plus accueillant de ce pays alors que la justice algérienne pourchasse et condamne tous ceux qui osent pratiquer une autre religion que celle imposée : la religion musulmane.

    Il a été requis 3 ans de prison, sans libération conditionnelle, contre Habiba Kouider, 37 ans, convertie au christianisme, jugée pour pratique illégale d’une religion non musulmane.

    Quatre Algériens protestants ont comparu ce 25 décembre pour avoir incité un musulman à changer de religion et à la pratiquer dans un lieu de culte non autorisé : 5 années de prison et une très importante amende ont été requises (un million de dinars, l’équivalent de 7 600 euros).

    Cependant, Abdelkader Zoukh se trouve devant l’obligation de constater que son Alger la belle, la blanche, se couche à 18 h.

    En effet, il admet ne pouvoir obliger les gens à sortir de chez eux le soir, dès la nuit tombée. Il ne peut obliger les commerçants, les restaurants, etc. à rester ouverts après 18 h.

    « Alger ne vit pas la nuit et notre rôle est d’améliorer l’éclairage public, la sécurité, la prise en charge des SDF et d’organiser davantage de patrouilles de police ». 

    Pour lui, il s’agit d’une question de mentalité.

    Non, M. le préfet d’Alger, il ne s’agit pas de mentalité mais de peur. Les gens ne sont pas en sécurité dès que la nuit tombe. Les rues sont sombres, mal éclairées, c’est vrai, mais même la lumière n’empêcherait pas les agressions, les vols. La police est impuissante et les commerçants subissent bien malgré eux l’obligation de baisser le rideau à 18 h.

    C’est le triste constat actuel. Elles sont bien loin les années bénies de la colonisation, n’est-ce pas ?

    Je veux bien que l’on déplore le choix de Jean Nouvel, bien qu’il soit rémunéré par notre bourse, mais, de grâce, que l’on ne déforme pas l’Histoire de l’Algérie, ni celle d’avant 1830 ni celle d’après !

    Nous espérons très sincèrement qu’Alger, que l’Algérie, réussissent totalement leur métamorphose afin qu’elles puissent conserver chez elles toutes « ses centaines de milliers de « chances » qui s’enfuient  et voguent vers nous !

    Manuel Gomez

    SOURCE : https://ripostelaique.com/grace-a-pecresse-les-franciliens-paieront-la-reconstruction-de-la-casbah-dalger.html 

     

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