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Cela s’appelle la loi des tristes séries
Cela s’appelle la loi des tristes séries
En même temps que Jean-François Gavoury
voici Georges Vercoutre
Décès de notre camarade Georges Vercoutre
SOURCE : Décès de notre camarade Georges Vercoutre
Nous avons appris sa disparition pratiquement en même temps que celle de Jean-François Gavoury avec lequel il était lié. C’est d’ailleurs par Georges que j’étais entré en contact avec Jean-François. C’était en juillet 2009 à l’occasion d’une réunion que nous avions tenue afin d’organiser une protestation contre un rassemblement de nostalgériques devant une stèle qui rend hommage à quatre criminels de l’OAS.
Georges avait fait carrière aux Télécoms où il a eu des responsabilités en tant que cadre. Il a été en Algérie à ce titre et avait permis, grâce à sa ligne téléphonique personnelle, au général Ailleret d’entrer en communication avec la métropole lors du putsch d’avril 1961. Il en avait reçu des menaces de mort et avait dû quitter l’Algérie.
Georges avait passé l’essentiel de sa retraite à Vias où il avait une maison. Il avait perdu son épouse en décembre 2022 et peu de temps après était devenu pensionnaire dans un EHPAD situé à Cers. Il devait avoir 92 ans.
Nous l’avions eu deux fois avec nous à une de nos Marches de la Paix. La première fois c’est à Montagnac en 2010, la seconde à Vendres en 2011.
Il avait été blessé à Charonne le 8 février 1962 et j’avais eu l’occasion de participer avec lui à une rencontre qui s’était tenue sur la guerre d’Algérie dans les locaux du comité d’entreprise d’EDF à La Barthe. Une rencontre animée par Huguette Azavant, elle aussi blessée lors du drame de Charonne.
Je correspondais avec Georges, soit par internet soit au téléphone. Il était membre du Parti communiste.
A tous ceux que ce deuil affecte nous présentons nos condoléances de circonstance.
Jacques Cros
QUI EST NOTRE CAMARADE GEORGES FRANÇOIS ALCIDE VERCOUTRE ?
Né le 30 juin 1931 à Loos-les-Lille (Nord) Georges François, participe à 13 ans à l’édification de barricades, du 22 au 24 août 1944, à Fontenay- sous- Bois avec une population locale en lutte pour la libération de Paris
En 1961, il est chef de centre télécoms PTT à Bône (Annaba) en Algérie. Après le putsch des généraux, il reste dans la légalité républicaine, en liaison avec les généraux Ailleret et Olié, fidèles à la République et au chef de l’État le général de Gaulle. Il échappe de justesse à la sentence de sa condamnation à mort prononcée et confirmée dans un courrier de l’OAS* du 16 septembre 1961.
Il adhère en 1952 à la CGT-PTT et en 1962 il adhère et crée une cellule du PCF à Massy.
Georges est toujours en 2023, officier honoraire de l’armée française. Il est adhérent de l’ARAC* et de l’AFOR*, sa section officiers. Fervent communiste de toujours, Il est toujours membre de la CGT FAPT (PTT) et de son IHS CGT* de l’Hérault Marcel Caille, en liaison avec l’IHS CGT FAPT et Louis Cardin, adjoint au chef de centre des télécommunications algérien de Blida dans le cadre de la coopération (1965/1972.)
IL est le fils de Georges Edouard Vercoutre (N 8/12/1904 Lille – D 17/09/1988 Magalas) technicien des télécom, résistant parisien et correspondant du réseau de l’ingénieur PTT Keller, la « source K* » principal canal de renseignement de très haut niveau pour les alliés.
Son grand père Charles Edouard, combattant de la première guerre mondiale fortement abimé par les gaz de combat, est le vice-président de la Société de Secours Mutuel des Travailleurs de Lille.
En août 1944 il n’a que 13 ans quand il participe sans prévenir ses parents à Fontenay sous-bois à l’édification de la barricade du croisement de la rue de Nogent qui, avec les tirs depuis les fenêtres autour, dissuade les Allemands d’accéder au Fort de Nogent et à son dépôt de munitions. Le groupe réussit à faire rebrousser chemin à au moins 3 panzers aperçus et les adultes demandent bien sûr aux gavroches d’évacuer la barricade.
En novembre 1950 il se marie et devance ensuite l’appel de son service militaire. Il intègre l’artillerie antiaérienne à l’École d’officiers de Montpellier. Il est spécialisé dans les mathématiques et les calculs des viseurs optiques de tir. Il a 2 enfants et il se sépare et divorce avec son épouse en mai 1953.
Sous-Lieutenant à Montpellier il fait alors la connaissance de celle qui deviendra sa femme.
Il intègre le 1er FTA* à Romainville.
En 1954, Georges est reçu au concours de technicien supérieur des télécoms, il est nommé immédiatement par les PTT à Corte en Corse, et il y est promu chef de centre en 1957. Il s’occupe de l’installation des télécommunications sur l’ile, et notamment pour la base aérienne de Solenzara en cours de construction.
En 1956, il se marie à Corte en Corse et a deux enfants
Il est muté en novembre 1957 au centre téléphonique hertzien, dit Centre d’amplification de Bône, en Algérie et il en devient responsable. Il aura deux autres enfants.
Le centre d’amplification de Bône est le seul centre de communications d’Algérie et dépend de la DTRN* d’Alger, qui englobe les liaisons françaises et internationales. Les DTRN sont autonomes des Directions départementales des PTT, et le responsable d’Établissement est un chef d’Établissement principal, assimilé à un Directeur Départemental, c’est le cas de Georges, à Bône. Le faisceau hertzien est une technique de télécommunications française, à modulation d’amplitude.
La liaison hertzienne Bône-Paris comprenait des relais en Sardaigne, en Corse, et Grasse et Marseille.
Après le putsch des généraux, lorsqu’ils ont compris que Bône était la seule liaison téléphonique possible avec la métropole, les activistes de l’OAS viennent menacer Georges pour prendre possession du centre. Toutes les liaisons par le câble sous-marin d’Alger ont été sabotées par l’OAS. Officier armé, Il refuse fermement cette prise de contrôle par l’OAS.
Georges Vercoutre devient l’officier responsable civil et militaire des communications de l’Est algérien. Le général Ailleret est commandant de la Région Territoriale Est algérienne et du Corps d’Armée de Constantine. Le général s’oppose au putsch militaire et, en juin 1961 il devient le commandant interarmées supérieur en Algérie. IL se rend clandestinement, caché sous une djellaba, à Bône à la résidence familiale de Georges dans la semaine du 24 au 30 avril 1961, pour appeler Paris à partir du téléphone personnel de ce dernier.
À la question « de quel côté êtes-vous ? » il répond « je reste républicain. » Le général Ailleret, converse alors dans la chambre de Georges directement avec le Général Olié, chef d’État-Major de la Défense Nationale après avoir été le chef d’État-Major du chef de l’État, le Général de Gaulle. Le directeur Général des Télécommunications de France, Raymond Croze, médaillé de la résistance Française, fait partie intégrante de cette conversation. Raymond CROZE avait bien connu et collaboré avec Robert KELLER.
Georges Vercoutre reçoit plus tard au Central téléphonique de Bône une lettre de l’OAS datée du 16 septembre 1961 lui donnant 72 H pour quitter le territoire algérien sous peine « d’exécution de la sentence » (de mort), avec 22 autres personnes connues pour leurs sentiments libéraux (terme employé par la presse locale, comprendre Républicains) pour « activité dangereuse et néfaste à la cause de l’Algérie Française. »
Les personnes menacées ont quitté Bône précipitamment, sauf un policier, Salermo, qui a été abattu de plusieurs balles de révolver. Un officier de police, « cheval de Troie » de l’OAS, s’occupait de diriger la sale besogne, principalement en direction de policiers jugés « loyaux ».
L’officier a été arrêté à son domicile, sa chambre était ornée de portraits du Führer et des généraux factieux.
En octobre 1961, son épouse avec les 4 enfants quittent le sol algérien pour la métropole. l ‘Éducation Nationale la révoque pour abandon de poste. Elle est réintégrée ensuite en région parisienne.
Georges rejoint la métropole 4 jours après elle. Le jour de son départ en avion pour Marseille, l’hôtel Oasis d’Alger où il séjournait est plastiqué. Le container avec ses meubles et affaires est également plastiqué sur le quai Nord du port de Bône le 15 octobre au soir.
Le 8 février 1962 Georges manifeste à Paris contre l’OAS et échappe de peu à la terrible répression policière du préfet Papon. Il était descendu du métro avant la station Charonne. Un dessinateur de la direction des télécoms de Paris Jean Pierre Bernard a été tué avec 8 autres manifestants de la CGT et du Parti Communiste, écrasés devant les grilles fermées du métro, étouffés par les grilles des arbres jetées sur eux par les CRS ou morts des suites des blessures provoquées par les coups de matraques.
Il rejoint en 1962 le L N R (Laboratoire de Radio- Électricité) installé à Bagneux qui était un des Services du C N E T et c’est dans ce Laboratoire, qu’il fait la connaissance de Michèle, la fille de l’ingénieur Général Robert KELLER, initiateur du réseau de la « Source K ». Georges est le délégué CGT du LNR.
Fin 1962 Ivan Cabannes, Secrétaire général des PTT, dans une allocution devant l’assemblée générale de la Mutuelle des PTT à Alger en présence du ministre du travail Paul Bacon (Michel Maurice Bokanovski Ministre de l’industrie et Jacques Marette Ministre des PTT étaient présents sur 2 jours à cette assemblée) déclare ce qui suit « …C’est le directeur central des PTT à Alger qui, dès la prise de pouvoir des insurgés à Alger, fait savoir qu’il refuse de les servir. Il est arrêté le soir même, conduit en résidence surveillée, et, – je vous livre ce détail- il demeure toute la nuit les yeux bandés gardé par une sentinelle en armes. C’est (aussi) le chef de centre d’amplification d’une grande ville de l’est algérien qui est en même temps un port (Il s’agit de Georges Vercoutre à Bône) qui a rétabli spontanément le circuit téléphonique avec la direction générale des télécommunications à Paris.
C’est grâce à son action personnelle que la liaison a pu être établie le lendemain entre le gouvernement et l’État-Major à Paris, et les autorités civiles et militaires loyales de cette région. » L’émetteur du faisceau hertzien se trouvait nous dit Georges à Bouzizi à 8km au-dessus de Bône, en hauteur.
Il reçoit des félicitations avec inscription au Bulletin Officiel des armées le 8 novembre 1961 signées par le Général Ducourneau Commandant et Responsable territorial et du corps d’armée de Constantine.
Georges travaille au CNET à Massy ou toute la famille est logée. En 1962, il crée une cellule d’une cinquantaine de membres du parti communiste au CNET*, qui intègre des agents et ingénieurs du CNET et des ingénieurs polytechniciens, avec l’Inspecteur Jacques Truffy, qui est le responsable CGT du CNET.
En 1963, dans l’AFOR*, il est en liaison étroite avec le Colonel Rol-Tanguy, communiste et chef de la résistance parisienne libérateur de Paris.
Entre 1967 et 1973, il travaille au ministère des PTT, Direction des Télécoms (DGT*) Avenue de Segur et s’occupe du service naissant de la téléinformatique et de la création et l’installation du réseau REGIS* (début en 1968), c’est un « réseau de communications électroniques de secours gouvernemental et international » ; puis il s’occupe de la liaison par câble sous-marin New York-Rouen et sa dérivation Rouen-Manchester. Il obtient le diplôme d’honneur de Science-Po du titre d’expert international pour les télécoms.
De 1973 à 1976 il est au Sénégal pour la liaison téléphonique hertzienne Dakar-Golfe d’Aden et fait la connaissance de Léopold Sédar Senghor.
De retour à Montpellier en 1977, ses réalisations et son engagement suscitant des convoitises et il doit se défendre âprement en justice et gagne jusque dans les plus hautes instances juridiques après une dénonciation calomnieuse. Il participe avec le professeur Louis Serres à la mise en place, des télécommunications de l’antenne biterroise du SMUR.
De 1977 à 1992 il travaille en métropole et a donc connu le ministère de Paul Quilès et les débuts de la privatisation des Télécommunications et de l’Espace (PTE).
En 1984 il dirige les télécommunications de toute la région Alsace et la zone française de Baden-Baden en Allemagne.
Devant la dégradation des services dans les mains d’opérateurs privés, Georges s’indigne, je cite : « Ah, si vous reveniez, vous les anciens de la source K et tant de vos collègues, vous seriez scandalisés par les changements intervenus. »
En 2001 Georges reçoit la médaille vermeil de l’association Franco-britannique reconnue par les anciens combattants et son diplôme d’officier. Allocution et remise sont faites par le délégué de l’Est de l’Association, à Strasbourg, dans les locaux du cercle philosophique Goethe.
Georges est toujours en 2023, officier honoraire de l’armée française. Il est adhérent de l’ARAC et l’AFOR, sa section officiers. Fervent communiste de toujours, il est également membre de la CGT FAPT et de son IHS CGT de l’Hérault.
Georges insiste afin que ce témoignage soit rendu public afin qu’il puisse servir, pour les futures générations, de témoignage historique et prévenir toute tentative de falsification de l’Histoire.
Sources
Entretien enregistré de Georges Vercoutre, réalisé avec Dominique Miguel Duarte et Jean Claude Llinares de l’IHS CGT 34 Marcel Caille à l’hôpital de Béziers centre Perreal. le 28 juillet 2016.
Entretien enregistré réalisé par Jean-Claude Llinares avec Georges Vercoutre hôpital de Béziers le 21 octobre 2022
Photocopies aimablement cédées par Georges de documents historiques :
. Copie de l’Article de journal relatant selon l’agence américaine Associated Press la diffusion radiophonique clandestine par l’OAS de la lettre de l’OAS au général Ailleret.
. Courrier de l’OAS du 16 septembre 1961 et son enveloppe, qui ordonne à Georges Vercoutre de quitter le sol algérien sous 72H sous peine de mort.
. Allocution du 27 01 2001 (2pages) à l’Institut Goethe de Strasbourg du délégué Région Est de France de l’Association Franco-Britannique.
. Félicitations militaire du 27 décembre 1961 du général Ducourneau.
. Article de journal local sur l’expulsion par l’OAS de 22 « Libéraux » pro républicains.
. Bulletin de situation militaire personnelle de Georges Vercoutre du 5 janvier 1970.
. Copie de certificat d’huissier de plastiquage des affaires de Georges sur le port de Bône.
. Article de journal relatant l’allocution en 1962 à Alger de Mr Yvan Cabannes Secrétaire d’État aux PTT devant l’assemblée de la Mutuelle Générale des PTT.
Courriel du 23 septembre 2017 de Georges à Louis Cardin, Chef de centre des télécommunications PTT, historien spécialiste de l’histoire sociale de l’Algérie membre PCF, CGT, IHS CGT FAPT, ARAC et ANACR.
Archives nationales. Secrétariat général des PTT 1960 1970 https://www.siv.archives-nationales.culture.gouv.fr/...
Sigles utilisés
AFOR Association Française des Officiers de Réserve (Section de l’ARAC)
ARAC Association Républicaine des Anciens Combattants et Victimes de Guerre pour l'amitié, la Solidarité, la mémoire, l'antifascisme et la paix
CNET Centre National d’Études des Télécommunications
DGT Direction générale des Télécommunications
DTRN Direction des télécommunications du Réseau National
FTA : Force Terrestre Antiaérienne
IHS CGT Institut d’Histoire Sociale de la CGT
OAS : Organisation Armée Secrète
REGIS : Réseau Électronique Gouvernemental Interministériel Spécialisé
SMUR : Structure Mobile d’Urgence et de Réanimation
SOURCE K Le réseau de Renseignement crée sous l’occupation en région parisienne par l’Ingénieur Général Robert Keller, responsable parisien des lignes téléphoniques à grande distance LGD. Le père de Georges, technicien, était en liaison avec ce réseau de résistance sans jamais lui en parler sous l’occupation. https://unatrans.fr/documents/sourcek.pdf
Fiche réalisée par Jean-Claude Llinares.
Hérault : Le rôle secret et décisif du militant anticolonialiste Georges Vercoutre
L’ancien haut-fonctionnaire Georges Vercoutre s’est éteint à l’âge de 92 ans le 3 août à Cers dans l’Hérault. Ses camarades de l’Association Républicaine des Anciens Combattants de l’Hérault (ARAC 34), la Fédération CGT des Activités postales et de Télécommunications 34, les retraités FAPT 34 et l’Institut d’Histoire Sociale CGT 34 lui rendent hommage et révèlent son rôle décisif dans la guerre d’Algérie. Ses obsèques se dérouleront mardi 8 août. Cérémonie à 9h45 au Pech Bleu route de Corneilhan à Béziers.
Carte professionnelle de Georges Vercoutre, décédé le 3 août à l’âge de 92 ans à Cers (Hérault).( DR )
Georges Vercoutre a consacré sa vie à la lutte politique, syndicale, philosophique. Avec lui s’éteint un grand humaniste dont le parcours d’existence traverse l’Histoire en train de se faire, qui l’a rendu à la fois témoin et acteur de la décolonisation algérienne. Il restera pour tous ceux qui l’ont connu une figure de proue de toutes les résistances, tout ce qui met en danger la démocratie, la République, la Liberté, l’égalité, toute ces choses que notre époque doit se garder d’oublier, sous peine de consentir à la falsification de l’Histoire et de contribuer à une résurgence de cette sordide peste brune.
Georges Vercoutre dont dont toute la carrière professionnelle s’est effectuée dans le monde des télécommunications et des PTT avait un devoir de discrétion qu’il s’était imposé avant son départ. Nous révélons désormais que sans son action républicaine téméraire, l’histoire aurait pu basculer. En effet, son action en Algérie en 1961 a fait prendre un tournant décisif dans une guerre coloniale qui ne disait pas son nom. A l’époque, ce que l’on désignait hypocritement «d’événements d’Algérie» aurait pu installer un régime fasciste que Georges Vercoutre, au mépris de sa sécurité a combattu avec la dernière des énergies en faisant tout ce que ses fonctions de grand commis de l’Etat lui ont permis de mettre en place pour déjouer les buts des factieux.
Né le 30 juin 1931 à Loos-les-Lille (Nord) Georges François, participe à 13 ans à l’édification de barricades, du 22 au 24 août 1944, à Fontenay- sous- Bois avec une population locale en lutte pour la libération de Paris. En 1961, il est chef de centre télécoms PTT à Bône (Annaba) en Algérie. Après le putsch des généraux, il reste dans la légalité républicaine, en liaison avec les généraux Ailleret et Olié, fidèles à la République et au chef de l’État le général de Gaulle. Il échappe de justesse à la sentence de sa condamnation à mort prononcée et confirmée dans un courrier de l’OAS* du 16 septembre 1961.
Il adhère en 1952 à la CGT-PTT et en 1962 il adhère et crée une cellule du PCF à Massy. Georges est toujours en 2023, officier honoraire de l’armée française. Il est adhérent de l’ARAC* et de l’AFOR*, sa section officiers. Fervent communiste de toujours, Il est aussi toujours membre de la CGT FAPT (PTT) et de son IHS CGT* de l’Hérault Marcel Caille, en liaison avec l’IHS CGT FAPT et Louis Cardin, adjoint au chef de centre des télécommunications algérien de Blida dans le cadre de la coopération (1965/1972.) IL est le fils de Georges Edouard Vercoutre (N 8/12/1904 Lille – D 17/09/1988 Magalas) technicien des télécom, résistant parisien et correspondant du réseau de l’ingénieur général PTT Robert Keller, la « Source K* » principal canal de renseignement de très haut niveau pour les alliés. Son grand père Charles Edouard, combattant de la première guerre mondiale, blessé et fortement abimé par les gaz de combat, est le vice-président de la Société de Secours Mutuel des Travailleurs de Lille. En août 1944 il n’a que 13 ans quand il participe sans prévenir ses parents à Fontenay sous-bois à l’édification de la barricade du croisement de la rue de Nogent qui, avec les tirs depuis les fenêtres autour, dissuade les Allemands d’accéder au Fort de Nogent et à son dépôt de munitions. Le groupe réussit à faire rebrousser chemin à au moins 3 panzers aperçus et les adultes demandent bien sûr aux gavroches d’évacuer la barricade. En novembre 1950 il se marie et devance ensuite l’appel de son service militaire. Il intègre l’artillerie antiaérienne à l’École d’officiers de Montpellier. Il est spécialisé dans les mathématiques et les calculs des viseurs optiques de tir. Il a 2 enfants et il se sépare et divorce avec son épouse en mai 1953.Sous-Lieutenant à Montpellier il fait alors la connaissance de celle qui deviendra sa femme.Il intègre le 1er FTA* à Romainville. En 1954, Georges est reçu au concours de technicien supérieur des télécoms, il est nommé immédiatement par les PTT à Corte en Corse, et il y est promu chef de centre en 1957. Il s’occupe de l’installation des télécommunications sur l’ile, et notamment pour la base aérienne de Solenzara en cours de construction. En 1956, il se marie à Corte en Corse et a deux enfants Il est muté en novembre 1957 au centre téléphonique hertzien, dit Centre d’amplification de Bône, en Algérie et il en devient responsable. Il aura deux autres enfants. Le centre d’amplification de Bône est le seul centre de communications d’Algérie et dépend de la DTRN* d’Alger, qui englobe les liaisons françaises et internationales. Les DTRN sont autonomes des Directions départementales des PTT, et le responsable d’Établissement est un chef d’Établissement principal, assimilé à un Directeur Départemental, c’est le cas de Georges, à Bône. Le faisceau hertzien est une technique de télécommunications française, à modulation d’amplitude.La liaison hertzienne Bône-Paris comprenait des relais en Sardaigne, en Corse, et Grasse et Marseille. Après le putsch des généraux, lorsqu’ils ont compris que Bône était la seule liaison téléphonique possible avec la métropole, les activistes de l’OAS viennent menacer Georges pour prendre possession du centre. Toutes les liaisons par le câble sous-marin d’Alger ont été sabotées par l’OAS. Officier armé, Il refuse fermement cette prise de contrôle par l’OAS.Georges Vercoutre devient l’officier responsable civil et militaire des communications de l’Est algérien. Le général Ailleret est commandant de la Région Territoriale Est algérienne et du Corps d’Armée de Constantine. Le général s’oppose au putsch militaire et, en juin 1961 il devient le commandant interarmées supérieur en Algérie. IL se rend clandestinement, caché sous une djellaba, à Bône à la résidence familiale de Georges dans la semaine du 24 au 30 avril 1961, pour appeler Paris à partir du téléphone personnel de ce dernier. À la question « de quel côté êtes-vous ? » il répond « je reste républicain. » Le général Ailleret, converse alors dans la chambre de Georges directement avec le Général Olié, chef d’État-Major de la Défense Nationale après avoir été le chef d’État-Major du chef de l’État, le Général de Gaulle. Le directeur Général des Télécommunications de France, Raymond Croze, médaillé de la résistance Française, fait partie intégrante de cette conversation. Raymond Croze avait bien connu et collaboré avec l’Ingénieur Général et grand résistant Robert Keller.
Georges Vercoutre reçoit plus tard au Central téléphonique de Bône une lettre de l’OAS datée du 16 septembre 1961 lui donnant 72 H pour quitter le territoire algérien sous peine « d’exécution de la sentence » (de mort), avec 22 autres personnes connues pour leurs sentiments libéraux (terme employé par la presse locale, comprendre Républicains) pour « activité dangereuse et néfaste à la cause de l’Algérie Française. » Les personnes menacées ont quitté Bône précipitamment, sauf un policier, Salermo, qui a été abattu de plusieurs balles de révolver. Un officier de police, « cheval de Troie » de l’OAS, s’occupait de diriger la sale besogne, principalement en direction de policiers jugés « loyaux ». L’officier a été arrêté à son domicile, sa chambre était ornée de portraits du Führer et des généraux factieux. En octobre 1961, son épouse avec les 4 enfants quittent le sol algérien pour la métropole. l ‘Éducation Nationale la révoque pour abandon de poste. Elle est réintégrée ensuite en région parisienne. Georges rejoint la métropole 4 jours après elle. Le jour de son départ en avion pour Marseille, l’hôtel Oasis d’Alger où il séjournait est plastiqué. Le container avec ses meubles et affaires est également plastiqué sur le quai Nord du port de Bône le 15 octobre au soir.
Le réseau de la «Source K»
Le 8 février 1962 Georges manifeste à Paris contre l’OAS et échappe de peu à la terrible répression policière du préfet Papon. Il était descendu du métro avant la station Charonne. Un dessinateur de la direction des télécoms de Paris Jean Pierre Bernard a été tué avec 8 autres manifestants de la CGT et du Parti Communiste, écrasés devant les grilles fermées du métro, étouffés par les grilles des arbres jetées sur eux par les CRS ou morts des suites des blessures provoquées par les coups de matraques. Il rejoint en 1962 le L N R (Laboratoire de Radio- Électricité) installé à Bagneux qui était un des Services du C N E T et c’est dans ce Laboratoire, qu’il fait la connaissance de Michèle, la fille de l’ingénieur Général Robert Keller, initiateur du réseau de la « Source K ». Georges est le délégué CGT du LNR. Fin 1962 Ivan Cabannes, Secrétaire général des PTT, dans une allocution devant l’assemblée générale de la Mutuelle des PTT à Alger en présence du ministre du travail Paul Bacon (Michel Maurice Bokanovski, ministre de l’industrie et Jacques Marette, ministre des PTT étaient présents sur 2 jours à cette assemblée) déclare ce qui suit: « C’est le directeur central des PTT à Alger qui, dès la prise de pouvoir des insurgés à Alger, fait savoir qu’il refuse de les servir. Il est arrêté le soir même, conduit en résidence surveillée, et, – je vous livre ce détail- il demeure toute la nuit les yeux bandés gardé par une sentinelle en armes. C’est (aussi) le chef de centre d’amplification d’une grande ville de l’est algérien qui est en même temps un port (Il s’agit de Georges Vercoutre à Bône) qui a rétabli spontanément le circuit téléphonique avec la direction générale des télécommunications à Paris. C’est grâce à son action personnelle que la liaison a pu être établie le lendemain entre le gouvernement et l’État-Major à Paris, et les autorités civiles et militaires loyales de cette région. » L’émetteur du faisceau hertzien se trouvait nous dit Georges à Bouzizi à 8km au-dessus de Bône, en hauteur. Il reçoit des félicitations avec inscription au Bulletin Officiel des armées le 8 novembre 1961; signées par le Général Ducourneau Commandant et Responsable territorial et du corps d’armée de Constantine .Georges travaille au CNET à Massy ou toute la famille est logée.
En liaison avec Rol-Tanguy
En 1962, il crée une cellule d’une cinquantaine de membres du parti communiste au CNET*, qui intègre des agents et ingénieurs du CNET et des ingénieurs polytechniciens, avec l’Inspecteur Jacques Truffy, qui est le responsable CGT du CNET. En 1963, dans l’AFOR*, il est en liaison étroite avec le Colonel Rol-Tanguy, communiste et chef de la résistance parisienne libérateur de Paris. Entre 1967 et 1973, il travaille au ministère des PTT, Direction des Télécoms (DGT*) Avenue de Segur et s’occupe du service naissant de la téléinformatique et de la création et l’installation du réseau REGIS* (début en 1968), c’est un « réseau de communications électroniques de secours gouvernemental et international » ; puis il s’occupe de la liaison par câble sous-marin New York-Rouen et sa dérivation Rouen-Manchester. Il obtient le diplôme d’honneur de Science-Po du titre d’expert international pour les télécoms.De 1973 à 1976 il est au Sénégal pour la liaison téléphonique hertzienne Dakar-Golfe d’Aden et fait la connaissance de Léopold Sédar Senghor.De retour à Montpellier en 1977, ses réalisations et son engagement suscitant des convoitises et il doit se défendre âprement en justice et gagne jusque dans les plus hautes instances juridiques après une dénonciation calomnieuse. Il participe avec le professeur Louis Serres à la mise en place, des télécommunications de l’antenne biterroise du SMUR.
De 1977 à 1992 il travaille en métropole et a donc connu le ministère de Paul Quilès et les débuts de la privatisation des Télécommunications et de l’Espace (PTE).En 1984 il dirige les télécommunications de toute la région Alsace et la zone française de Baden-Baden en Allemagne.Devant la dégradation des services dans les mains d’opérateurs privés, Georges s’indigne, je cite : « Ah, si vous reveniez, vous les anciens de la source K et tant de vos collègues, vous seriez scandalisés par les changements intervenus. »
En 2001 Georges reçoit la médaille vermeil de l’association Franco-britannique reconnue par les anciens combattants et son diplôme d’officier. Allocution et remise sont faites par le délégué de l’Est de l’Association, à Strasbourg, dans les locaux du cercle philosophique Goethe.Georges est toujours en 2023, officier honoraire de l’armée française. Il est adhérent de l’ARAC et l’AFOR, sa section officiers. Fervent communiste de toujours, il est également membre de la CGT FAPT et de son IHS CGT de l’Hérault. Georges insiste afin que ce témoignage soit rendu public afin qu’il puisse servir, pour les futures générations, de témoignage historique et prévenir toute tentative de falsification de l’Histoire.
Il décède le 3 août 2023 à la maison de retraite de Cers dans l’Hérault après avoir lutté jusqu’au bout contre une terrible maladie. Il avait conservé intactes toutes ses convictions humanistes et progressistes.
Sources:
• Entretien enregistré de Georges Vercoutre, réalisé avec Dominique Miguel Duarte et Jean Claude Llinares de l’IHS CGT 34 Marcel Caille à l’hôpital de Béziers centre Perreal. le 28 juillet 2016. • Entretien enregistré réalisé par Jean Claude Llinares avec Georges Vercoutre hôpital de Béziers le 21 octobre 2022
• Photocopies aimablement cédées par Georges de documents historiques : Copie de l’Article de journal relatant selon l’agence américaine Associated Press la diffusion radiophonique clandestine par l’OAS de la lettre de l’OAS au général Ailleret. Courrier de l’OAS du 16 septembre 1961 et son enveloppe, qui ordonne à Georges Vercoutre de quitter le sol algérien sous 72H sous peine de mort. Allocution du 27 01 2001 (2pages) à l’Institut Goethe de Strasbourg du délégué Région Est de France de l’Association Franco-Britannique.. Félicitations militaires du 27 décembre 1961 du général Ducourneau.. Article de journal local sur « l’expulsion » par l’OAS de 22 « Libéraux » pro républicains. Bulletin de situation militaire personnelle de Georges Vercoutre du 5 janvier 1970. Copie de certificat d’huissier du plastiquage des affaires de Georges sur le port de Bône. Article de journal relatant l’allocution en 1962 à Alger de Mr Yvan Cabannes Secrétaire d’État aux PTT devant l’assemblée de la Mutuelle Générale des PTT.
• Courriel du 23 septembre 2017 de Georges à Louis Cardin, Chef de centre des télécommunications PTT, historien spécialiste de l’histoire sociale de l’Algérie membre PCF, CGT, IHS CGT FAPT, ARAC et ANACR.
• Archives nationales. Secrétariat général des PTT 1960 1970 https://www.siv.archives-nationales.culture.gouv.fr/siv/rechercheconsultation/consultation/ir/pdfIR.action?irId=FRAN_IR_001647
*Sigles utilisés:
AFOR: Association Française des Officiers de Réserve (Section de l’ARAC)
ARAC: Association Républicaine des Anciens Combattants et Victimes de Guerre pour l’amitié, la Solidarité, la mémoire, l’antifascisme et la paix
CNET: Centre National d’Études des Télécommunications
DGT: Direction générale des Télécommunications
DTRN :Direction des télécommunications du Réseau National
FTA : Force Terrestre Antiaérienne
IHS CGT: Institut d’Histoire Sociale de la CGT
OAS: Organisation Armée Secrète
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