• Ces "Algériens" qui sont l'honneur de la France

    Ces "Algériens" qui sont l'honneur

     de la France

    «Le 17 octobre 1961, des Algériens qui manifestaient pour le droit à l'indépendance ont été tués lors d'une sanglante répression. La République reconnaît avec lucidité ces faits.». La République Française a donc substitué la lucidité à la vérité. Car, il y a, au moins, trois contre-vérités dans la première phrase. 

    ·  La vérité est que ces « Algériens » étaient Français. Les Algériens, eux, vivent dans la très indépendante République Algérienne Démocratique et Populaire. Merci pour eux. Ils se sont battus 132 ans pour pouvoir déclarer ces simples mots « Je suis Algérien », mots qu’ils disent en arabe maintenant. Et aujourd’hui, ils se moquent des turpitudes françaises vis-à-vis de leur conscience.

    La vérité est qu’ils ne manifestaient pas « pour le droit à l’indépendance »; « ils », ce sont les « Français musulmans algériens ». « Ils » sont sortis la nuit en famille et de manière tout-à-fait pacifique, non pour manifester mais pour braver un arrêté de Maurice Papon qui interdisait aux seuls Français musulmans algériens « de circuler dans les rues de Paris et de la banlieue parisienne ». Comme toujours chez Maurice Papon, il s’agissait de renier les valeurs de la France, celles de Liberté, d’Egalité et de Fraternité. Comme toujours chez les « Français d’en bas », rappelant les Parisiens de la Commune,  il s’agissait de défendre l’honneur de la France. Ceux que François Hollande nomme sans vergogne « Algériens », reprenant la sémantique de Maurice Papon, étaient de vrais Français qui faisaient acte de désobéissance civile à un « couvre-feu » sans fondement légal. Certains avaient participé au débarquement de Provence et libéré la France de la politique raciale de Vichy et du joug nazi. Où étaient les autres Français, « les hommes honnêtes de toutes opinions », les anciens résistants à la politique raciale de Vichy ? C’est là une autre question. Mais il est important d’insister qu’à l’époque, encore et déjà, l’Etat français était prisonnier de sa police qui menait une politique raciale... alors que ces « Algériens » défendaient la France éternelle.

     

    Ces "Algériens" qui sont l'honneur   de la France

    « France éternelle » : une expression chère à Alain Mimoun. Ali Mimoun Okosha, l’un de nos plus grands athlètes, est né en Algérie. Pourtant, ce champion olympique en 1956 n’est pas aujourd'hui qualifié d’« Algérien ».  Etonnant, non ?

    La vérité est qu’il ne s’agissait pas d’une « sanglante répression ».  Il s’agit d’un crime contre l’humanité. Il fut question de torture où les policiers français brûlaient vif « par morceaux », et tuaient « à coups de crosse et de manche de pioche par enfoncement du crâne, éclatement de la rate ou du foie, brisure des membres » ... « non sans les avoir délestés, au préalable, de leurs montres et de leur argent » (1). Suivaient-ils en cela les ordres de la hiérarchie ? Et si les corps de ces pauvres Français furent jetés dans la Seine, ce n’était pas pour réprimer une manifestation mais « pour les soustraire à l'examen des médecins légistes ». Il s’agissait donc bien d’une politique raciale de la police française. Et cette guerre larvée avait commencé bien plus tôt ; horrifié par sa propre police, un décret du 8 Juin 1961 demandait l’éviction des « ultras ». 62 « policiers » se sont vus ainsi signifier… leur retraite anticipée avec versement intégral de leur salaire pendant trois ans.

    De la brigade nord-africaine de la Préfecture de Police en 1925 à la DRCI d'aujourd'hui, il y a une constance dans la manière dont la police agit avec une certaine population française, ostracisée à dessein. Et, à l’époque comme aujourd’hui, elle est aidée en cela par certains politiciens qui ne font pas l’honneur de la France. 

    (1) http://17octobre1961.free.fr/pages/dossiers/Republicains.htm

     

    Ces "Algériens" qui sont l'honneur   de la France

     

    Documents :

    "Un groupe de policiers républicains déclare..." (extraits) 

       
    31octobre 1961
       
    "Ce qui s'est passé le 17 octobre 1961 et les jours suivants contre les manifestants pacifiques, sur lesquels aucune arme n'a été trouvée, nous fait un devoir d'apporter notre témoignage et d'alerter l'opinion publique. Nous ne pouvons taire plus longtemps notre réprobation devant les actes odieux qui risquent de devenir monnaie courante et de rejaillir sur l'honneur du corps de police tout entier.

    Aujourd'hui, quoique à des degrés différents, la presse fait état de révélations, publie des lettres de lecteurs, demande des explications. La révolte gagne les hommes honnêtes de toutes opinions. Dans nos rangs, ceux-là sont la grande majorité. Certains en arrivent à douter de la valeur de leur uniforme.

    Tous les coupables doivent être punis. Le châtiment doit s'étendre à tous les responsables, ceux qui donnent les ordres, ceux qui feignent de laisser faire, si haut placés soient-ils. Nous nous devons d'informer.


    Quelques faits, le 17 octobre...

    Parmi les milliers d'Algériens emmenés au parc des Expositions de la porte de Versailles, des dizaines ont été tués à coups de crosse et de manche de pioche par enfoncement du crâne, éclatement de la rate ou du foie, brisure des membres. Leurs corps furent piétinés sous le regard bienveillant de M. Paris, contrôleur général.

    D'autres eurent les doigts arrachés par les membres du service d'ordre, policiers et gendarmes mobiles, qui s'étaient cyniquement intitulés " comité d'accueil ".

    A l'une des extrémités du pont de Neuilly, des groupes de gardiens de la paix, à l'autre des CRS, opéraient lentement leur jonction. Tous les Algériens pris dans cet immense piège étaient assommés et précipités systématiquement dans la Seine. Il y en eut une bonne centaine à subir ce traitement. Ces mêmes méthodes furent employées au pont Saint-Michel. Les corps des victimes commencent à remonter à la surface journellement et portent des traces de coups et de strangulation.

    A la station de métro Austerlitz, le sang coulait à flots, des lambeaux humains jonchaient les marches des escaliers […].

    La petite cour, dite d'isolement, qui sépare la caserne de la Cité de l'hôtel préfectoral était transformée en un véritable charnier. Les tortionnaires jetèrent des dizaines de leurs victimes dans la Seine qui coule à quelques mètres pour les soustraire à l'examen des médecins légistes. Non sans les avoir délestées, au préalable, de leurs montres et de leur argent. M. Papon, préfet de police, et M. Legay, directeur général de la police municipale, assistaient à ces horribles scènes. Dans la grande cour du 19-Août, plus d'un millier d'Algériens était l'objet d'un matraquage intense que la nuit rendait encore plus sanglant.


    Quelques autres...

    A Saint-Denis, les Algériens ramassés au cours des rafles sont systématiquement brutalisés dans les locaux du commissariat. Le bilan d'une nuit récente fut particulièrement meurtrier. Plus de 30 malheureux furent jetés, inanimés, dans le canal après avoir été sauvagement battus.

    A Noisy-le-Sec, au cours d'un très ordinaire accident de la route, une Dauphine a percuté un camion. Le conducteur de la Dauphine, un Algérien, gravement blessé, est transporté à l'hôpital dans un car de police. Que s'est-il passé dans le car? Toujours est-il que l'interne de service constate le décès par balle de 7,65. Le juge d'instruction commis sur les lieux a été contraint de demander un supplément d'information.

    A Saint-Denis, Aubervilliers et dans quelques arrondissements de Paris, des commandos formés d'agents des Brigades spéciales des districts et de gardiens de la paix en civil "travaillent à leur compte", hors service. Ils se répartissent en deux groupes. Pendant que le premier arrête les Algériens, se saisit de leurs papiers et les détruit, le second groupe les interpelle une seconde fois. Comme les Algériens n'ont plus de papiers à présenter, le prétexte est trouvé pour les assommer et les jeter dans le canal, les abandonner blessés, voire morts, dans des terrains vagues, les pendre dans le bois de Vincennes.

    Dans le 18ème, des membres des Brigades spéciales du 3ème district se sont livrés à d'horribles tortures. Des Algériens ont été aspergés d'essence et brûlés "par morceaux". Pendant qu'une partie du corps se consumait, les vandales en arrosaient une autre et l'incendiaient.

    Ces quelques faits indiscutables ne sont qu'une faible partie de ce qui s'est passé ces derniers jours, de ce qui se passe encore. Ils sont connus dans la police municipale. Les exactions des harkis, des Brigades spéciales des districts, de la Brigade des agressions et violences ne sont plus des secrets. Les quelques informations rapportées par les journaux ne sont rien au regard de la vérité.

    Il s'agit d'un impitoyable processus dans lequel on veut faire sombrer le corps de police. Pour y parvenir, les encouragements n'ont pas manqué. N'est-elle pas significative la manière dont a été appliqué le décret du 8 juin 1961 qui avait pour objet le dégagement des activistes ultras de la préfecture de police? Un tel assainissement était pourtant fort souhaitable. Or, on ne trouve personne qui puisse être concerné par cette mesure ! Pour sauver les apparences, 62 quasi-volontaires furent péniblement sollicités qui obtiennent chacun trois années de traitement normal et, à l'issue de cette période, une retraite d'ancienneté... Ce n'est là qu'un aspect de la complaisance du préfet. En effet, au cours de plusieurs visites dans les commissariats de Paris et de la banlieue, effectuées depuis le début de ce mois, M. Papon a déclaré : " Réglez vos affaires avec les Algériens vous-mêmes. Quoi qu'il arrive, vous êtes couverts. " Dernièrement, il a manifesté sa satisfaction de l'activité très particulière des Brigades spéciales de districts et s'est proposé de doubler leurs effectifs. [...]

    Le climat ainsi créé porte ses fruits. La haine appelle la haine. Cet enchaînement monstrueux ne peut qu'accumuler les massacres et entretenir une situation de pogrom permanent.

    Nous ne pouvons croire que cela se produise sous la seule autorité de M. le Préfet. Le ministre de l'Intérieur, le chef de l'Etat lui-même ne peuvent les ignorer, au moins dans leur ampleur. Sans doute, M. le Préfet a-t-il évoqué devant le conseil municipal les informations judiciaires en cours. De même, le ministre de l'Intérieur a parlé d'une commission d'enquête. Ces procédures doivent être rapidement engagées. Il reste que le fond de la question demeure : comment a-t-on pu ainsi pervertir non pas quelques isolés, mais, malheureusement, un nombre important de policiers, plus spécialement parmi les jeunes? Comment en est-on arrivé là ?

    Cette déchéance est-elle l'objectif de certains responsables? Veulent-ils transformer la police en instrument docile, capable d'être demain le fer de lance d'une agression contre les libertés, contre les institutions républicaines ?

    Nous lançons un solennel appel à l'opinion publique. Son opposition grandissante à des pratiques criminelles aidera l'ensemble du corps de police à isoler, puis à rejeter ses éléments gangrenés. Nous avons trop souffert de la conduite de certains des nôtres pendant l'occupation allemande. Nous le disons avec amertume mais sans honte puisque, dans sa masse, la police a gardé une attitude conforme aux intérêts de la nation. Nos morts, durant les glorieux combats de la Libération de Paris, en portent témoignage.

    Nous voulons que soit mis fin à l'atmosphère de jungle qui pénètre notre corps. Nous demandons le retour aux méthodes légales. C'est le moyen d'assurer la sécurité des policiers parisiens qui reste notre préoccupation. Il en est parmi nous qui pensent, à juste titre, que la meilleure façon d'aboutir à cette sécurité, de la garantir véritablement, réside en la fin de la guerre d'Algérie. Nous sommes, en dépit de nos divergences, le plus grand nombre à partager cette opinion. Cependant, nous le disons nettement : le rôle qu'on veut nous faire jouer n'est nullement propice à créer les conditions d'un tel dénouement, au contraire. Il ne peut assurer, sans tache, la coopération souhaitable entre notre peuple et l'Algérie de demain.

    Nous ne signons pas ce texte et nous le regrettons sincèrement. Nous constatons, non sans tristesse, que les circonstances actuelles ne le permettent pas. Nous espérons pourtant être compris et pouvoir rapidement révéler nos signatures sans que cela soit une sorte d'héroïsme inutile. Nous adressons cette lettre à M. le Président de la République, à MM. les membres du gouvernement, députés, sénateurs, conseillers généraux du département, aux personnalités religieuses, aux représentants de la presse, du monde syndical, littéraire et artistique.

    Nous avons conscience d'obéir à de nobles préoccupations, de préserver notre dignité d'hommes, celle de nos familles qui ne doivent pas avoir à rougir de leurs pères, de leurs époux.

    Mais aussi, nous sommes certains de sauvegarder le renom de la police parisienne, celui de la France. "
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