• Ceux qui utilisent Facebook savent que des souvenirs des années précédentes sont envoyés chaque jour, celui-ci date de 2012

                            

    Il y a 52 ans l’Algérie

     La jeunesse engloutie

     des appelés…

     par Yves Gondran 



        

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      Ci-dessus, le départ des appelés du contingent

     en gare de Valence Photo Archives Progrès

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      Yves Gondran aujourd’hui

    SOURCE : http://www.leprogres.fr/france-monde/2012/03/13/la-jeunesse-engloutie-des-appeles

    L’appel au contingent en 1955, le gouvernement décide d’envoyer le contingent en Algérie et rappelle la classe 1954. Les appelés montent dans les bateaux. Yves Gondran se souvient.

    Le jour de l’an 1961, alors que le métier d’instituteur s’ouvrait à lui, Yves Gondran faisait sa valise. Comme des milliers d’appelés avant lui, sa destination était l’Algérie, pour une guerre qui ne disait pas son nom. Grenoble, sa ville natale, Lyon, Marseille et enfin, de l’autre côté de la Méditerranée, Sétif…

    « Les dernières images de la métropole sont restées gravées à jamais », confie aujourd’hui Yves Gondran, comme celles « des carreaux de faïence du tunnel de la Croix-Rousse, avec le sentiment de franchir le passage de mon adolescence à l’âge d’homme ». Mais d’autres sensations l’attendent, qu’il pourra transcrire dans cette correspondance avec ses parents, qu’il entreprend dès le premier jour, comme son père, prisonnier en 1940 puis détenu au camp de représailles de Rawa-Ruska, l’avait fait en écrivant à sa mère. D’une génération l’autre…

    Sa mère, « à l’approche de la fin de sa vie », lui remettra ses lettres, conservées dans le fond d’une armoire. « Plus de 200 lettres mais qui en fin de compte ne parlent pas de la guerre ». Elles étaient faites pour rassurer.

    « Jeudi 18 mai 1961 :… Belle journée bien tranquille […] Je vous envoie des photos samedi. Je les avais prises à Sétif. Cela fera encore des souvenirs de la base ALAT 101 » où se trouve Yves Gondran.

    Certes, les morts, on ne pouvait les ignorer, mais ils sont ailleurs, juste à côté : «mardi 26 septembre 1961 : […] Dans la nuit de samedi à dimanche six officiers ont été attentés. Un commandant mort. Une grenade a été envoyée sur un camion, huit militaires blessés ! L’O.A.S. prend un peu trop ses aises !…. »

    Presque 50 ans après son retour, Yves Gondran entreprend de publier ses lettres pour faire œuvre de témoignage. Il sait qu’elles « racontent à peine l’expression des doutes et des douleurs » qu’il a dissimulés et il y ajoute des « chroniques mensuelles » : « L’embuscade » où rode l’odeur de la mort, avec « ces corps aplatis sur la terre des abords ou sur la route. Morts…. » ; avec « La torture dans l’oued » où « la proximité du ruisseau n’est pas rassurante, pour qui sait que la torture de la baignoire est une pratique reconnue pour obtenir du renseignement»; ou encore à « Dellys, la jeune Kabyle » dont l’image enflamme dans les chambrées les gus, sans femmes depuis des mois… »

    La dernière lettre d’Algérie est datée du 17 juillet 1962, quatre mois après la conclusion du cessez-le-feu. Le retour à Grenoble ne se fera qu’en décembre. «…Le silence des pièces m’a accueilli ». Tout était en place comme avant. « Le miroir, en face de moi, m’a renvoyé l’image d’un homme vieilli de dix années au moins […] Dans cette nouvelle solitude, au bord de je ne sais quel entonnoir au fond duquel m’attendaient Moloch et les lycanthropes, j’ai pleuré sur mon enfance. Sur ma jeunesse perdue. J’avais vingt-trois ans et cinq mois. »

    1914-1918 :

    249000 hommes sont mobilisés en Algérie dont 73000 citoyens français et 176000 Algériens d’origine indigène.

    1939-1940 :

    93000 citoyens français sont à nouveau mobilisés en Algérie aux côtés de 123000 musulmans.

    3 juillet 1940

    Destruction d’une partie de la flotte française à Mers el-Kébir.

    8 novembre 1942

    Alger est libérée par les troupes alliées avec l’aide de la Résistance. La ville deviendra le siège du Comité français de la Libération nationale.

    8 mai 1945

    À Sétif, une manifestation en faveur de l’indépendance algérienne dégénère avant de s’étendre à d’autres villes du Constantinois. Au cours des émeutes, 103 membres de la communauté européennes sont tués. La répression menée par l’armée française est féroce (entre 20000 et 30000 morts).

    20 septembre 1947

    Promulgation d’une loi sur le statut de l’Algérie. Une assemblée algérienne est créée. Elle est composée de deux collèges comptant le même nombre d’élus. Le premier représente les Européens et l’élite algérienne. Le second représente le reste de la population. En octobre, le parti indépendantiste de Messali Hadj remporte une large victoire aux municipales.

    Juillet 1954

    Le Mouvement national algérien (MNA) est fondé par les partisans de Messali Hadj. Puis, en octobre, le Front de libération nationale (FLN) est à son tour créé. Les deux mouvements seront rivaux au point de devenir ennemis.

    1er novembre 1954

    Le FLN entame la lutte armée. Des attentats sont perpétrés, une caserne attaquée à Batna et un couple d’instituteurs français, les Monnerot, abattus sur une route entre Biskra et Arris. C’est la « Toussaint rouge », premier épisode de ce qui sera la guerre d’Algérie.

    Gérard Chauvy

     

    Vos commentaires

     

    migimi  

     

    20 ans en 1959 !!!

    Pour une fois que l'on donne la parole aux "fantômes" de la guerre d'Algérie... oui vous connaissez ces mômes de 20 ans, à qui l'on a fait croire que l'Algérie c'était la France et qui partaient pour le maintien de l'ordre !!! C'était pourtant la guerre ; avec des gens qui mourraient des deux côtés… mais chut, fallait pas le dire ! Diable cela aurait "culpabilisé" et donner mauvaise conscience aux incapables qui ont ignoré la réalité de ce pays aux profits de certains ! Si vous aviez vu la pauvreté et la misère de ces pauvres gens; comme moi vous auriez compris que ce ne serait jamais la France. Le plus fort : lorsque la plupart des médias parlent de ces faits, très souvent, nous étions des tortionnaires et des tueurs sanguinaires en occultant honteusement la responsabilité des politiciens. Alors, après le silence, la honte sur le contingent: trop c'est trop, je n'en peux plus de me taire !  Pour finir, les "Anciens d'Algérie" ce sont laissés diviser, par les mêmes qui nous ont envoyé là-bas !

     momo le gone

    Nous, appelés

    Oui on nous a volé notre jeunesse, des copains sont morts ou handicapés à vie, tout cela pour RIEN !!!

      L’auteur de l’article que vous venez de lire, Yves Gondran

      a aussi écrit plusieurs livres dont celui-ci :

    101.jpg

    http://www.mg-editions.com/collections/101-chers-tous-deux-correspondance-et-chroniques-guerre-d-algerie-1961-1962.html 

    Chers tous deux

    Correspondance et chroniques - Guerre d'Algérie

     1961-1962

    Depuis l'Algérie, j'ai écrit à mes parents plus de 200 lettres de janvier 1961 à juillet 1962.

    Il m'a semblé utile de conserver la trace de ces textes.

    Pour faire entendre le témoignage d'un soldat englué dans cette guerre que l'on nommait « opérations de maintien de l'ordre ».

    Pour faire entendre l'écho de ces années où l'histoire balbutiait dans des contradictions inépuisées. De la guerre coloniale à l'autodétermination puis à la négociation.

    Pour faire entendre ce qu'un fils pouvait proposer comme réconfort à ses deux parents plongés dans l'inquiétude quotidienne deux années durant.

    L'ensemble de ces courriers est ponctué par vingt-quatre chroniques mensuelles. Ces textes écrits au cours de l'année 2010 révèlent la furieuse alchimie vécue là-bas.

    L'histoire contemporaine est présente tout au long de l'ouvrage au fil des chronologies des évènements, de l'Algérie à la métropole, en passant par la calme vie provinciale de Grenoble, ma ville natale, en 1961 et 1962. Qui peut dire le désarroi et la fêlure de notre génération dans cette dernière guerre coloniale ? Qui peut dire la nature de notre chagrin au cours de ces années de
    désillusion ? Qui peut dire pourquoi nous sommes rentrés chez nous muets et vieillis ?

    Qui peut dire notre inépuisable angoisse ?

     

     
     
     
    « Son film "Retour en Algérie " d'Emmanuel Audrain et ses mots libèrent les Anciens d'Algérie *** Notez 10 nouvelles dates sur Paris *** "Les souvenirs de la mascarade" La fachosphère va avoir du "boulot" il existe aujourd'hui près de 7000 lieux du 19-Mars-1962... voici donc une brève qui vient d'arriver »

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