-
Commission Stora-Chikhi sur la Guerre d’Algérie : ce qu’en disent les harkis
Commission Stora-Chikhi sur la Guerre d’Algérie :
ce qu’en disent les harkis
Lors d'une manifestation des harkis à Paris. D. R.
Les harkis s’opposent à la constitution de la commission sur le travail mémoriel confié à Benjamin Stora et Abdelmadjid Chikhi. Ils ont exprimé leur refus en recourant carrément au Conseil d’Etat pour demander l’annulation de la décision du président français, Emmanuel Macron, de mettre en place cette instance. «Cette initiative présidentielle est perçue par les héritiers des différentes mémoires issues du conflit algérien comme une reprise en main par l’Etat de l’écriture de l’histoire de la colonisation et de la Guerre d’Algérie», souligne l’association Génération harkis.
«L’écriture officielle de l’histoire est dangereuse pour les libertés, notamment dans les secteurs de la recherche et de l’enseignement où elles ont vocation à s’exprimer», relève l’association présidée par Mohamed Djafour, qui justifie la saisine du Conseil d’Etat par «l’atteinte à différents principes de protée constitutionnelle, notamment l’atteinte au principe d’indépendance de la recherche universitaire, tout comme l’atteinte à la liberté d’enseignement des historiens».
Par ailleurs, le Collectif national Justice pour les harkis et leurs familles estime qu’«à peine lancée, la mission confiée par le président Macron à Benjamin Stora sur la colonisation et la Guerre d’Algérie suscite déjà beaucoup de critiques et d’interrogations». «Au-delà de cette nomination, nous devons surtout nous interroger sur la capacité de cette mission à mener à bien ce travail de vérité avec un délai de cinq mois qui lui est accordé», relève l’association, en arguant que «Benjamin Stora affirme lui-même que le travail de l’historien se fonde sur des archives et des témoignages, sur le recoupement et la confrontation d’informations, surtout si l’on veut mieux comprendre tous les tenants et les aboutissants de cette histoire terrible que fut la colonisation et la Guerre d’Algérie».
«Pouvons-nous être sûrs que les différents acteurs iront jusqu’au bout de [la] reconnaissance entière de part et d’autre sur l’histoire si particulière de ces supplétifs enrôlés à tours de bras au côté de l’armée française ?» s’interroge le collectif selon lequel «la guerre dans la guerre entre [le] FLN et le MNA […] a contribué grandement à l’enrôlement de ceux que l’on nommera communément harkis, avec tout ce que cela comporte d’insultant, aujourd’hui encore, dans la bouche de beaucoup d’Algériens voire ici, en France».
«Vouloir restituer le passé dans toute sa vérité suppose un travail historique d’une grande rigueur et une totale objectivité», souligne cette organisation, en ajoutant que «ce travail de vérité est d’abord conditionné à un véritable courage politique, sans arrière-pensée et dans le respect des groupes mémoriels concernés».
M. K.
« Essais nucléaires en Algérie : la France appelée à déterrer les déchetsA Alençon, son engagement dérange encore *** La mémoire d’Alfred Locussol, par Alain Ruscio »
-
Commentaires
Eh bien voilà une déclaration qui ne m'amènera pas à avoir de la sympathie pour ces victimes particulières que sont les harkis ! J'étais pourtant disposé à prendre en considération le drame auquel les avait conduits la France en les enrôlant dans les rangs de son armée pour combattre leurs compatriotes. Je n'ai plus rien à dire à ceux qui étaient pour le colonialisme et pour la soumission à la puissance coloniale. J'avais déjà de tels sentiments quand j'avais 20 ans. Il me semble qu'aujourd'hui ceux-là pourraient faire le point sur l'impasse dans laquelle on les a amenés.