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D’anciens déportés appellent à faire barrage au RN : « Nous savons où mènent le racisme, l’antisémitisme, la restriction des libertés »
TRIBUNE
D’anciens déportés appellent à faire barrage
au RN : « Nous savons où mènent le racisme,
l’antisémitisme, la restriction des libertés »
Dix derniers survivants des camps nazis, qui savent mieux que quiconque à quoi conduit l’idéologie de l’extrême droite, appellent les citoyens à se mobiliser contre le Rassemblement national.
Ginette Kolinka, chez elle, à Paris, le 15 janvier 2023. (Frédéric Stucin/Libération)
Andrée Dupont-Thiersault
Bernard Duval
Législatives en Lot-et-Garonne : le résistant Jean Lafaurie appelle à voter pour Guillaume Lepers et "faire barrage à l’extrême droite"
Une grande complicité unit encore Guy et Pierrette Poirot. Photo ER/Patrice SAUCOURT
Par La Fondation pour la Mémoire
de la déportation
Nous, anciens déportés, avons pris connaissance des résultats du premier tour des élections législatives avec effroi et tristesse. Ce dimanche 30 juin 2024, plus de 10 millions de Français ont apporté leur voix aux candidats du Rassemblement national. Toute notre vie, en mémoire de nos camarades morts en déportation, nous n’avons cessé d’appeler nos concitoyens, en particulier les jeunes générations, à la vigilance contre la résurgence d’une idéologie raciste, antisémite et xénophobe incarnée par l’extrême droite.
Nous, derniers survivants des camps, savons où mènent le racisme, l’antisémitisme, la stigmatisation des étrangers, la mise au pas des esprits, la restriction des libertés. Dans cette période de crises, l’extrême droite prétend apporter des solutions, se nourrissant des inquiétudes et de la colère des Français. Mais, une fois au pouvoir, elle n’apporterait que la désunion nationale et l’installation dans notre pays d’un régime haineux, rejetant des millions d’individus en raison de leur origine, religion, genre, orientation sexuelle ou opinion politique.
Nous, derniers témoins de la barbarie nazie, savons à quoi conduit cette idéologie. Nous avons vu de nos yeux le mal qu’elle engendre. Ce n’est pas le monde que nous voulons laisser aux générations futures avant de nous en aller. Pour ne pas oublier, pour vivre en paix dans un monde humaniste, dimanche 7 juillet, nous appelons tous les Français attachés à notre démocratie à faire barrage au Rassemblement national pour l’empêcher d’accéder au pouvoir.
Signataires : Evelyn Askolovitch, Francine Christophe, Andrée Dupont-Thiersault, Bernard Duval, Ginette Kolinka, Jean Lafaurie, Jean-Claude Passerat, Léon Placek, Guy Poirot, Esther Sénot.
Dans la foulée des syndicats
et des sportifs, les historiens dénoncent un
RN "façonné par le nationalisme xénophobe
et raciste"
"Nous sommes prêts" à gouverner, a assuré lundi Jordan Bardella, chef de file du Rassemblement national, lors d'une présentation de son programme pour les législatives à Paris. • ©GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP
Pas un jour sans une nouvelle tribune ou une pétition dans les journaux pour appeler à voter contre le RN au second tour des élections législatives. La dernière concerne 1000 historiens qui indiquent dans Le Monde ne pas vouloir « se résigner à une nouvelle défaite, celle des valeurs qui, depuis 1789, fondent le pacte politique français ».
La mobilisation contre le RN ne faiblit pas. Elle s’intensifie même. Les pétitions, les tribunes et les déclarations de personnalités fleurissent dans les médias à l’approche du second tour des élections législatives. Cent soixante diplomates ici, mille architectes là, des diplômés de grande école, des soignants, des enfants et petits-enfants de résistants ou encore des personnalités du sport comme Marie-José Pérec, Yannick Noah ou Marcus Thuram, premier joueur des Bleus à prendre position en déclarant : "Il faut se battre pour que le RN ne passe pas".
Des tribunes de tous horizons dont certaines sont plus inattendues comme celles des "urbanistes mobilisés" qui estiment que si l’extrême droite arrivait au pouvoir, le désastre serait d’abord social. Car le RN, écrivent-ils, "préfère l’action policière et les caméras de surveillance à une politique d’aide aux quartiers en difficulté et de développement des services publics." D’autres formes de pétitions qui circulent, sont plus incisives comme le clip "No Pasarán", dévoilé le 1ᵉʳ juillet et dans lequel une vingtaine de rappeurs dénonce la montée de l'extrême droite. Les artistes se succèdent avec des passages très virulents : "Allez niquer vos mères Marine et Bardella" ou encore "tous les jours fuck le RN".
Les historiens
La dernière tribune de cette longue série concerne cette fois un collectif de plus d’un millier d’universitaires et de chercheurs d’horizons politiques différents. Il appelle "la France à ne pas tourner le dos à son passé" et à faire battre le Rassemblement national au second tour. Une prise de position rare.
Dans cette tribune publiée ce mardi 3 juillet dans le quotidien Le Monde, les historiens rappellent que "jusqu’à ce jour l’extrême droite n’est arrivée au pouvoir que dans la tourmente d’une défaite militaire et d’une occupation étrangère, en 194O". Ils décrivent le RN comme "héritier du Front national, fondé en 1972 par des nostalgiques de Vichy et de l'Algérie française", qui "s'inscrit ainsi dans l'histoire de l'extrême droite française, façonnée par le nationalisme xénophobe et raciste, par l'antisémitisme, la violence et le mépris à l'égard de la démocratie parlementaire".
Pour Gilles Manceron, historien et spécialiste de l’histoire coloniale, la France est incontestablement à un tournant. "Nous sommes à un moment important, inédit dans l’histoire contemporaine de la France. Si on met à part l’épisode de la défaite française de 1940 qui a été saisi par une droite extrême comme une divine surprise […] Celui que nous vivons actuellement est peut-être plus grave, parce qu’il est dû à des phénomènes internes de la France".
Un mauvais signal pour les Outre-mer
Le Rassemblement national dans sa convergence vers la normalisation du parti entamée en 2011, a trouvé Outre-mer un terrain favorable sur ses thèmes de prédilection comme la vie chère, la sécurité ou encore l’immigration. "Ça ne veut pas dire qu’il y a une vraie compréhension et je ne pense pas que cette montée du RN laisse présager des choses favorables pour ces territoires", indique Gilles Maxence qui exprime sa crainte de voir changer le regard sur ces populations ultramarines si ce parti arrive au pouvoir. "Ce sont des personnes qui ont une citoyenneté française incontestable et les voir mises en danger, regardées avec suspicion, avec rejet, c'est quelque chose d’inquiétant."
« Les gens s’en foutent »
Des pétitions, des tribunes, des consignes de vote qui ne semblent pas formaliser outre mesure le RN, ni même les électeurs. Invité de RTL, le maire de Perpignan, Louis Alliot a balayé d’un revers de main ces différentes initiatives. « Je m’excuse du terme, mais les gens s’en foutent de ce que disent, soit les états-majors parisiens, soit les personnalités diverses et variées. Les gens s’en foutent, affirme-t-il.
En pleine campagne, le délégué départemental du Rassemblement national (RN) à La Réunion, Johnny Payet, s’est attiré les foudres de la quasi-totalité des élus de la région après ses propos sur l’esclavage, mais sans conséquence sur le verdict des urnes puisque le RN s’est qualifié au second tour dans la totalité des sept circonscriptions de l’île.
Interrogé par un auditeur sur Réunion La1ère sur le choix de son parti de voter contre la reconnaissance de l’esclavage comme crime contre l’humanité, en 2020, au Parlement européen, le patron local du RN a déclaré : "Pour moi, le passé, c’est le passé. On ne peut pas mettre la faute du passé sur les politiques d’aujourd’hui. (…) Aujourd’hui, on a fait un pas de mille ans. On ne doit plus parler d’esclavage. Je dis à mes petits-enfants que l’esclavage, c’est fini. On doit regarder devant nous. C’était une façon de vivre il y a des années et des années. Il faut le mettre sur le côté". Avant d’ajouter, "Personnellement, je ne fête pas le 20 décembre", la journée hommage à l’abolition de l’esclavage dans l’île.
Difficile d’analyser la portée des initiatives contre l’extrême-droite relayées par les médias. Ces pétitions auront-elle un effet dans les urnes ? Gilles Manceron se montre plutôt réservé. "Très sincèrement j’en doute. Je l’ai signée des deux mains, comme on dit, mais je ne suis pas persuadé que cela puisse avoir un effet tangible. On ne peut pas le savoir."
©la1ere
"Le monde ne doit pas tourner le dos
à son histoire" : un millier d'historiens
appellent à faire barrage à l’extrême droite
Un millier d'historiens ont appelé à voter contre le Rassemblement national au second tour des élections législatives, dans une tribune publiée par "Le Monde".
Une prise de parole pour dénoncer "le danger que représente aujourd'hui le RN aux portes du pouvoir".
Une prise de position rare. Un millier d'historiens, emmenés par des chercheurs et des universitaires connus pour leurs convictions de gauche, ont appelé à voter contre le Rassemblement national, dans une tribune publiée mardi 2 juillet dans le quotidien Le Monde. Elle exhorte à "voter dans chaque circonscription pour battre le candidat ou la candidate du RN", dimanche. "La France ne doit pas tourner le dos à son histoire. Jusqu'à ce jour, l'extrême droite n'est arrivée au pouvoir que dans la tourmente d'une défaite militaire et d'une occupation étrangère, en 1940", écrivent ces historiens.
"Nous ne nous résignons pas à une nouvelle défaite, celle des valeurs qui, depuis 1789, fondent le pacte politique français et la solidarité nationale", ajoutent-ils. Ils décrivent le RN comme "héritier du Front national, fondé en 1972 par des nostalgiques de Vichy et de l'Algérie française", qui "s'inscrit ainsi dans l'histoire de l'extrême droite française, façonnée par le nationalisme xénophobe et raciste, par l'antisémitisme, la violence et le mépris à l'égard de la démocratie parlementaire".
Cet appel a notamment été signé par Benjamin Stora, Thomas Piketty, Patrick Boucheron, Pierre Nora, Mona Ozouf, Michelle Perrot et Antoine Lilti. Ce dernier, invité sur LCI, a souligné une prise de parole par "des historiens qui n'ont pas l'habitude d'intervenir politique dans l'espace public" et qui "ne donnent jamais de consigne de vote".
Des personnalités qui "viennent d'horizons extrêmement différents et qui se sont d'ailleurs souvent combattues, mais qui ont jugé, ici, nécessaire de se rassembler pour exprimer à partir de l'Histoire et de leur connaissance historique, le danger que représente aujourd'hui le Rassemblement national aux portes du pouvoir", explique dans la vidéo en tête de cet article l'historien nommé au Collège de France.
« Algérie-Palestine : nouvelle provocation raciste de Louis Aliot à Perpignan5 juillet 1962 : à Oran ils occultent l'OAS !!! »
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