• Dans le Pays « dit des Droits de l’Homme » le racisme sous toutes ses formes s’amplifie. Voici un nouveau témoignage

     

     

    Dans le Pays « dit des Droits de l’Homme »

    Le racisme sous toutes ses formes s’amplifie

    Voici un nouveau témoignage

    Dans le Pays « dit des Droits de l’Homme »  le racisme sous toutes ses formes s’amplifie. Voici un nouveau témoignage

     

    J'ai failli mourir en plein Paris pour avoir mis

    le drapeau algérien sur mes épaules

     PAR YIDIR 

    Si j’écris ce texte, c’est parce que j’entends tous les jours des faits de racisme et que maintenant que je l’ai vécu, je les vois autrement ; je ressens ce que les autres victimes ressentent. C’est pour cette raison que j’ai souhaité témoigner, afin d’inciter les autres victimes à déposer plainte mais aussi pour dire « plus jamais ça ».

    Je suis un jeune homme d’origine algérienne. Dans la nuit du 14 juillet, je sortais dans le septième arrondissement parisien avec des amis pour regarder le match de la Coupe d’Afrique des Nations et assister au feu d’artifice. Lors de cette soirée, je portais le drapeau algérien pour célébrer la victoire du pays et j’ai donné le drapeau tricolore à l’un de mes amis, comme je l’ai expliqué à l’association SOS Racisme lorsque je suis venu obtenir un soutien et un accompagnement il y a quelques semaines.

    Vers 2h du matin, alors que je marchais à proximité du Musée d’Orsay avec mon drapeau sur les épaules, un groupe de huit personnes m’a interpellé. C’est alors que deux d’entre eux se sont rapprochés. L’un d’eux m’a frappé violemment au visage avec un objet en verre qui s’est brisé sur ma tête et dont les éclats ont été projetés au sol.

    Pris de panique, j’ai pris la fuite. C’est à ce moment-là que des insultes racistes ont été proférées, à plusieurs reprises : « Sale arabe, bougnoule, dégage d’ici, ici c’est la France. » Les agresseurs m’ont poursuivi et m’ont arraché le drapeau des épaules.

    J’ai couru jusqu’à une rue passante. C’est là que les agresseurs ont rebroussés chemin en apercevant d'autres passants.

    Suite à cette agression, j’ai décidé de déposer plaine et de me faire accompagner par SOS Racisme sur le plan juridique. Atteint d’un traumatisme crânien bénin, je suis encore en état de choc et je bénéficie désormais d’un suivi psychologique.

    Si j’écris ce texte, c’est parce que j’entends tous les jours des faits de racisme et que maintenant que je l’ai vécu, je les vois autrement ; je ressens ce que les autres victimes ressentent. 

    C’est pour cette raison que j’ai souhaité témoigner, afin d’inciter les autres victimes à déposer plainte mais aussi pour dire « plus jamais ça ». Mon histoire, à l’heure où les actes racistes fracturent notre société et où la haine anti-étrangers et anti-algériens semble se propager, me parait essentielle à être racontée. En allant voir SOS Racisme, je me suis rendu compte que je n’étais pas seul et qu’il était également de mon devoir d’inciter les autres victimes à se manifester et à demander justice.

    Si vous êtes victime de racisme ou de toutes autres formes de violences (sexistes, antisémites, homophobes, etc.) saisissez les associations, ne restez pas seul !

    YIDIR 

    En réponse à ce témoignage, parmi les 116 commentaires j’ai choisi celui de Jean Riboulet parce j’ai mis sur mon blog plusieurs articles concernant ce dernier, je vous les rappellerai ci-dessous.

    Michel Dandelot

    PAR JEAN RIBOULET 

     

    Cher jeune homme, recevez tout mon soutien, le soutien d'un grand-père qui a vécu des événements  historiques graves comme la guerre d'Algérie. De nombreuses unités de l'armée française pratiquaient un racisme  mortifère. J'ai mal supporté cette période que la France a tendance à oublier volontairement ou non. Quand j'ai terminé ce service militaire insupportable, en 1961, au mois d'octobre de cette même année, j'ai aussi subi moralement les assassinats du mois d'octobre. Une honte de notre Etat français. Avec la fin de la guerre en 1962, le racisme continue malheureusement d'exister et vous en êtes une des victimes. J'ai exprimé ma honte dans un livre édité en juillet 2018. Vous en trouverez le contenu dans un billet de mon blog publié le 12 juillet 2018 : 

    UNE HISTOIRE SOUVENT OUBLIÉE (LIVRE COULEUR KAKI) 

     

    Tout mon soutien à vous et tous ceux qui subisse ces horreurs,

    Amicalement, Jean 

    SOURCE : https://blogs.mediapart.fr/yidir/blog/080819/jai-failli-mourir-en-plein-paris-pour-avoir-mis-le-drapeau-algerien-sur-mes-epaules 

     

    Dans le Pays « dit des Droits de l’Homme »  le racisme sous toutes ses formes s’amplifie. Voici un nouveau témoignage

     

    Rives-en-Seine : Jean Riboulet, soldat français pendant la guerre d’Algérie, raconte son histoire dans son livre « Couleur kaki »

    Rives-en-Seine : Jean Riboulet, soldat français pendant la guerre d’Algérie, raconte son histoire dans son livre « Couleur kaki »

    Jean Riboulet, à partir d’archives, produit un livre fort, « il faut intégrer la guerre d’Algérie dans la mémoire officielle »

     

    Le Caudebecquais Jean Riboulet est connu pour ses œuvres picturales et poétiques... Il expose et vend ses tableaux et a publié différents ouvrages (Humeurs, L’Encyclopédie Poétique, Les ongles sous la peau).

    Cette fois-ci, Jean Riboulet revient sur son vécu d’appelé du contingent entre 1958 et 1961 où il servira en Algérie, ce territoire où la France menait « des opérations de maintien de l’ordre ». Comme beaucoup de soldats, il parlera peu de cette guerre. Mais il y a quelques mois, il ouvre un carton oublié dans l’armoire de sa mère décédée. « Tous les courriers envoyés à ma famille pendant près de deux années et demie, sont là, sous mes yeux » précise-t-il.

    Il était temps d’en parler

    À 80 ans, Jean, voyant ses petits-enfants grandir, se sent obligé de parler de sa propre histoire « militaire imposée », qui fut celle de générations de jeunes hommes qui ont dû vivre par la suite avec leurs souvenirs enfouis. Alors c’est sous la forme d’un livre, Couleur kaki, que Jean Riboulet témoigne « de la guerre de ses 20 ans », pas seulement pour les siens mais pour le grand public qui doit savoir.

    Son livre se base sur cette correspondance retrouvée : « Les lettres que j’ai envoyées à ma famille ne sont qu’un pâle reflet de la réalité. Il m’importait de ne pas l’inquiéter avec les risques, parfois la violence, les frayeurs et les dangers auxquels nous étions confrontés », mais aussi en regard de références historiques, souvent mal connues.

    « Couleur kaki » (Editions Edilivre). À commander en librairie, à la Fnac ou auprès de Jean Riboulet au 02 35 96 39 12 (avec dédicace).

    SOURCE : https://www.paris-normandie.fr/lillebonne/rives-en-seine--jean-riboulet-soldat-francais-pendant-la-guerre-d-algerie-raconte-son-histoire-dans-son-livre-couleur-kaki-KF13430785

      

     

    "Devoir de vérité" par Jean Riboulet 

    Un article du Site Médiapart le 19 décembre 2012

     

    Devoir de vérité 

    Rives-en-Seine : Jean Riboulet, soldat français pendant la guerre d’Algérie, raconte son histoire dans son livre « Couleur kaki »

    L’Histoire se compose d’innombrables histoires. Les historiens cherchent celles-ci pour les confronter, les additionner, chercher leurs vérités et transmettre leurs propres analyses vers l’avenir en les fusionnant avec d’autres voire en contrariant celles-ci. Dans l’article de Lenaig Bredoux du 19 décembre 2012 sur Mediapart, "Hollande face au passé colonial de la France", personne ne nie l’Histoire et la mémoire de l’Histoire. 

    Et là, en Algérie, la colonisation commence en 1830. La rencontre entre les présidents Hollande et Bouteflika (1) consiste, comme l’a dit ce dernier à L’A.F.P., à tirer les enseignements « sans excuses, ni repentance ». Comme le dit la sénatrice socialiste Bariza Khiari : « il faut la vérité, la reconnaissance des faits historiques ». Mais cette vérité est pourtant souvent bafouée, contredite parce qu’il existe partout des oppositions morales (voire immorales), politiques ou sociétales qui tendent à l’étouffement de tout signe de vérité, de culpabilité. Seule la longueur de l’espace-temps permet un jour d’entrevoir cette vérité.  Si tel n’était pas le cas les historiens n’auraient pas lieu d’exister. 

    Il en est ainsi de la répression du 8 mai 1945 dans la région de Sétif qui a fait environ 50000 morts dus à l’armée française. Même chose à Paris le 17 octobre 1961 où la police  de Maurice Papon massacre entre 250 et 300 algériens. Mais l’Histoire montrera bien d’autres évènements, tout aussi importants dans leur monstruosité humaine quoique pouvant paraître anecdotiques par le nombre de victimes. Ainsi, nombre d’appelés du contingent ont vécu cela pendant leur service militaire (obligatoire !) ce que les dirigeants politiques de l’époque, comme la SFIO par exemple et aussi la droite, se refusaient d’appeler la "guerre d’Algérie", préférant l’appellation "maintien de l’ordre". J’ai fait partie de ces jeunes hommes qui ont exécuté des ordres insupportables ou vu des actes inhumains. Il faut exhumer  ces histoires pour la clarté de l’Histoire. 

    Comment ne pas évoquer ici ces "Nouvelles de la Zone interdite" de Daniel Zimmerman qui ont valu presque un bannissement à son auteur par une censure immonde mais une défense de Jean-Paul Sartre ? Comment ne pas évoquer ici des souvenirs  personnels parmi de nombreux pour démontrer que rien ne permet d’oublier les faits barbares de la colonisation ? Je me permets de le faire avec deux souvenirs. 

    Le premier a lieu en Petite Kabylie lors d’une opération militaire du côté de Bordj Tahar dans la région de Djijelli, Jijel aujourd’hui. Nous étions en observation dans un village, le long de la route qui le traversait. Un convoi de la Légion étrangère ou d’un régiment de parachutistes passe et s’arrête devant nous. Les véhicules reviennent d’une "action de maintien de l’ordre". Devant moi un camion est arrêté. Un homme, un fellagha, est ficelé sur la calandre tout contre le moteur bruyant et brûlant du véhicule. L’homme est anéanti par une abominable souffrance, mais vivant. Son regard, fier mais presque suppliant, perce le mien. Peut-être devine-t-il mon désarroi, l’horreur qui me saisit. Le ventre torturé, la tête nauséeuse, je le regarde. Une sueur honteuse envahit mon corps. Je ne fais rien. Aujourd’hui encore je suis coupable de cette immobilité. 

    Un autre souvenir, parmi d’autres, surgit. En 1960, Toujours dans le même secteur géographique (Chekfa), notre unité du 129ème R.I. est chargée "d’un regroupement de population" autour de la base 901. Pour ce faire nous ouvrons un camp entouré de barbelés avec des constructions sommaires où s’entassent des familles entières. Camp de concentration ? Presque ! Mais dans le même temps nous détruisons des demeures modestes mais ancestrales, ces mechtas dispersées dans le djebel. Nous imposons aux gens de les éloigner de leur propre vie. Aujourd’hui encore, j’ai honte de ma non révolte.  

    Le sentiment de culpabilité ne peut être effacé par une repentance officielle et je comprends la position du gouvernement algérien. Mais au-delà de « tirer les enseignements de notre expérience passée pour corriger “dans l'action” la trajectoire d'une coopération et d'un partenariat toujours perfectible », comme le dit A. Bouteflika (1), la France  est tout de même coupable. Coupable d’exactions et de crimes et il convient de se souvenir que des officiers comme les généraux Aussaresses et Bigeard ont bel et bien existé, avec leurs tortures, leurs mains souillées de sang, de celui de centaines de gens qui voulaient être libres mais aussi celui de gens qui luttaient pour cette liberté comme Maurice Audin par exemple. 

    Le Président de la République doit continuer ses devoirs de vérité en ouvrant tous les dossiers pour que l’Histoire de notre passé colonial, notamment en Algérie, continue à s’écrire sans tabou sans réserve. 

    Jean Riboulet

    (1) Lorsque Jean Riboulet a écrit ce témoignage, en 2012, il ne pouvait pas savoir que Bouteflika allait être démi de ses fonctions présidentielles par le mouvement révolutionnaire existant en Algérie aujourd'hui... mais cela est une autre histoire.

     

    « Lettre ouverte aux forces de l’ordre encore dignes de leurs fonctions: réagissez ! PAR GENEVIÈVE LEGAY"Un peu de mémoire utile pour les nôtres" l'écrivain algérien Ahmed Halfaoui »

  • Commentaires

    1
    Lundi 12 Août 2019 à 21:04

    Un beau parcours...Chapeau!

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