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Décès d’Alban Liechti
Décès d’Alban Liechti
Vincent Liechti écrit :
Cette nuit mon papa a rejoint ma maman sa bien-aimée partie il y aura bientôt 2 ans. Il a rejoint aussi le panthéon immatériel des combattants de la paix et de l'amitié entre les peuples.
Jardinier de profession, adhérent du PCF et autrefois de la JC, après avoir été le premier soldat à avoir écrit au président de la République son refus de faire la guerre au peuple algérien en lutte pour son indépendance il aura longtemps présidé le très actif et étoffé comité local du mouvement de la paix de sa ville de Trappes et des environs. Il est aussi un des fondateurs de l'Amicale des Combattants Contre le Colonialisme devenue Agir Contre le Colonialisme Aujourd'hui, dont il a été le secrétaire aux côtés d'Henri Alleg puis le président après le décès de ce dernier et jusqu'en 2022. (Photo Thomas Liechti).
Thomas Liechti écrit :
Très ému ce matin d'apprendre le décès de grand père dans la nuit. Alban comptait beaucoup pour nous, toute la famille, ses proches, ses amis et ses camarades...
Pour beaucoup il était d'abords un grand militant communiste, une figure historique de la lutte contre la guerre d'Algérie, contre l'impérialisme, les guerres et les armements.
Pour moi, il était tout ça mais d'abords un grand père formidable qui me laisse avec tant de mémoires de moments joyeux.
Il va beaucoup me manquer, nous manquer à tous je crois.
« Sincères condoléances mon ami Vincent et à toute ta famille et vibrant Hommage à Alban qui a eu l’immense courage de refuser la violence (ce qui l’a conduit en prison) dans une époque très troublée. Respect et reconnaissance ».
Michel Dandelot
Nous apprenons le décès
d’Alban Liechti
Article de Jacques CROSLa nouvelle nous est parvenue par un post de Louis Cardin. Alban Liechti était un insoumis de la guerre d’Algérie. Il avait signifié dans une lettre adressée au président de la République, qui était alors René Coty ; son refus de prendre les armes contre les Algériens qui se battaient pour leur indépendance et leur liberté.
Une position courageuse qui ne fut pas sans conséquence. Alban fut en effet condamné à de la prison par la justice militaire et à l’issue de sa peine se vit incorporé dans une unité. Il ne mettait pas de cartouche dans son arme.
Un engagement qui avait valeur d’exemple même si peu d’appelés du contingent auraient été capables de l’imiter. Il a représenté un cas d’opposition résolue à cette guerre anachronique, injuste et complètement inefficace par rapport à l’objectif de pacification qui était présenté.
Il a marqué de son action un courant anticolonialiste qui s’est manifesté sous d’autres formes, moins spectaculaires mais qui ont existé. Il aura été un symbole fort de la paix et de l’amitié entre les peuples.
J’avais eu l’occasion de le rencontrer à Béziers lors des obsèques de René Duvalet militant anticolonialiste qui était retiré à Cazouls les Béziers. J’avais lu son histoire racontée dans un livre qui a pour titre « Le Refus ».
Il était né en 1935 et était pensionnaire d’un EHPAD depuis quelque temps.
Nous présentons nos condoléances à tous ceux que ce deuil affecte.
Jacques CROS
SOURCE : http://cessenon.centerblog.net/6577287-nous-apprenons-le-deces-d-alban-liechti
Mort d'Alban Liechti, le « soldat du refus »
de la guerre d'Algérie
Le militant communiste, Alban Liechti, premier appelé français à avoir refusé de tirer sur le peuple algérien, est décédé à l’âge de 89 ans.
Par Alain Ruscio
Alban Liechti fut l’un des signataires de l’Appel des Douze contre la torture, lancé par l’Humanité en 2000.
© DRIl est des hommes qui programment méthodiquement leur entrée dans l’Histoire par la grande porte. Alban Liechti, la modestie faite homme, n’était pas de cette engeance. Il laissera pourtant dans la guerre d’indépendance de l’Algérie une trace d’envergure (1). En 1956, Alban Liechti, malgré ses 21 ans, est déjà un militant aguerri, membre de l’Union des jeunesses républicaines de France (UJRF), l’ancêtre des Jeunesses communistes, et du PCF. À 13 ans, il avait manifesté à Paris contre la présence du général Ridgway et y avait été blessé. La guerre d’Algérie vint le happer sans qu’il n’ait rien demandé, comme tous ceux de sa génération. Alban était un homme entier. Ce fut un NON catégorique. Il fut le premier soldat français à refuser de porter les armes contre le peuple algérien. Choix d’homme, choix de communiste, choix d’internationaliste. S’ensuivront quatre années de sa jeune vie passées en prison, sans que sa flamme intérieure, ses convictions, ne vacillent.
Courant juin 1956, le régiment d’Alban est avisé du départ prochain en Algérie. Le 2 juillet, il prend la plume pour s’adresser au président de la République, René Coty : « Dans cette guerre, ce sont les Algériens qui défendent leurs femmes, leurs enfants, leur patrie, ce sont les Algériens qui combattent pour la paix et la justice. » C’est pourquoi, ajoute-t-il, « je ne peux prendre les armes contre le peuple algérien en lutte pour son indépendance ». Le 5, il est tout de même envoyé à Alger. Désigné par la hiérarchie comme un « lâche », un « mauvais Français », il doit s’expliquer devant les autres appelés, parfois agressifs. Il persiste. Direction immédiate vers une première prison.
Hostile à la nouvelle « sale guerre »
C’est tout sauf un geste spontané qu’il a accompli. Hostile à la nouvelle « sale guerre » (après celle d’Indochine), il l’était, comme la quasi-totalité des jeunes appelés là-bas. Communiste, il aurait pu accepter la forme de lutte que préconisaient l’UJRF et le PCF : partir en Algérie, y acquérir de l’autorité auprès des autres soldats, puis les amener doucement à s’opposer au conflit, enfin les entraîner à l’action ponctuelle, en un mot « faire du travail de masse ». Personne n’a le droit d’affirmer que ceux des militants qui ont choisi cette voie se sont fourvoyés, sont moins respectables que les « soldats du refus ». Alban, d’ailleurs, n’a jamais, ni alors ni depuis plus de soixante ans, porté de jugements de ce type, n’a jamais donné de leçons. Mais cette attitude n’était pas faite pour lui. Tout simplement. Il s’est comporté comme il pensait qu’il devait se comporter, lui, individu communiste – et le mot « individu », ici, importe –, voilà tout.
D’où le retard certain de son parti pour, finalement, le soutenir. La première fois que j’ai employé cette formule devant lui, il m’a rétorqué : « Tu ne verrais pas plutôt ”un certain retard“ ? » Tout Alban Liechti était là. Il reconnaissait, comment faire autrement, qu’il n’avait pas été immédiatement compris par ses camarades. Mais, justement, c’étaient – et ce furent jusqu’à son ultime souffle – ses camarades.
Pourtant, si l’organisation communiste en tant que telle hésita, elle incita le Secours populaire français à entamer immédiatement une campagne de solidarité. Tout au long de l’emprisonnement d’Alban, puis de celle des 45 autres soldats du refus (René Boyer, Jean Clavel, Claude Despretz, Pierre Guyot, Léandre Letoquart, Serge Magnien, Jean Vandart, Raphaël Grégoire…), (2) ce fut le SPF – et, au sein de cette organisation, surtout des militants communistes – qui déploya une activité intense. On se doit de citer ici des personnalités d’exception, ses parents, celle qui devint son épouse attentive et active, Yolande, et Julien Lauprêtre, déjà dirigeant du SPF, qui firent un véritable tour de France, multipliant les rencontres, les initiatives, portant le débat sur le front de l’opinion publique. L’Humanité, l’Avant-Garde (UJRF-Jeunes communistes) et la Vie ouvrière (CGT) se joignirent ensuite à la campagne.
Il n’a jamais cessé de militer
Alban Liechti fut envoyé en prison militaire – on imagine ce que cela pouvait signifier dans ces années – d’abord en Algérie (Tizi Ouzou, Fort-National, Hussein-Dey, Maison-Carrée…), puis en France (Baumettes, Carcassonne…). Il fut finalement libéré de ses obligations militaires le 8 mars 1962 (dix jours avant les accords d’Évian), après six années passées sous les drapeaux, dont quatre dans les prisons de la République (la IVe et la Ve). Il avait alors 27 ans.
Dans cette institution où les officiers pour l’Algérie française (les OAS et les autres) ne cessaient de parler politique, dans cette armée qui avait mené sans état d’âme et avec la plus extrême violence deux guerres coloniales, Alban Liechti et ses camarades avaient eu le tort de faire entendre des voix discordantes, celles de l’amitié entre les peuples. Le tort ? Non, l’honneur.Alban Liechti, jusqu’à ses derniers moments, n’a cessé de militer. Il était, comme l’a si bien chanté Ferrat, « de ceux qui manifestent ». Il animait l’association Agir aujourd’hui contre le colonialisme (Acca), fondée naguère par Henri Alleg et les « anciens » du Parti communiste algérien. Il fut l’un des signataires de l’Appel des Douze contre la torture, lancé par l’Humanité en 2000. Il remarquait, ces derniers temps, qu’il en était l’ultime survivant. Une page, avec lui, s’est donc tournée. Nous ne verrons plus son éternelle écharpe rouge, son symbole, sa passion.
(1) Son récit de vie, le Refus, a été réédité par les éditions le Temps des cerises.
(2) Ce fut également l’engagement de Marc (Yvan) Sagnier (1937-1995), un jeune ouvrier-tailleur de pierres d’Aigues-Mortes, membre des Jeunesses communistes, qui fut déporté pendant onze mois au bagne de Timfouchy dans les sud algérien. Lire dans LES GARDOIS CONTRE LA GUERRE D'ALGERIE, Bernard Deschamps, préface d’Henri Alleg, décembre 2011, pages 75 à 94. Edité également en Algérie par les éditions El Ibriz.
SOURCE : Mort d'Alban Liechti, le « soldat du refus » de la guerre d'Algérie - L'Humanité (humanite.fr)
Alain Ruscio m’écrit :
Merci pour la publication.
Je t’envoie une photo prise à une Fête de l’Huma, vers 1990… Nous étions jeunes, Alban avait les cheveux courts et une belle moustache ! Bon souvenir.
Alain
« Guerre médiatique : des journalistes européens demandent la suspension de l'accord d'association UE-IsraëlHistoire d’une chanson : « Le Temps des Cerises » »
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Commentaires
Que notre ami Alban repose en paix Respect, honneur et hommage à son engagement pour la libération de l'Algérie Courage et condoléances à sa famille et proches
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Oui, une immense tristesse pour moi aussi.
Cela faisait un peu plus de 60 ans que nous nous retrouvions pour des combats identiques : anticolonialisme, paix, mémoire de la guerre de Libération de l'Algérie, et tout particulièrement la demande de reconnaissance de la responsabilité de la France dans les crimes contre l'humanité, les crimes de guerre, les crimes d'état... commis en son nom dans cette période.
Et puis un autre lien particulier nous réunissais : nous avions le même arrière petit-fils !!