• Disparition. Lucien Hanoun *** L’Algérie, le siècle et trois guerres

    Disparition. Lucien Hanoun

    L’Algérie, le siècle et trois guerres

    Figure du combat de l’indépendance de l’Algérie, s’est éteint samedi 8 avril 2018. Il animait avec Alfred Gerson la Voix du soldat, publication clandestine à destination des appelés.

    17 numéros clandestins de La Voix du Soldat paraissent entre septembre 1955 et novembre 1956

    Né à l’orée de la grande boucherie de 1914-1918, il a traversé le siècle et trois guerres. Lucien Hanoun s’est éteint samedi, à l’âge de 104 ans. Communiste, anticolonialiste jusqu’au dernier jour, il avait soufflé ses cent bougies à la Fête de l’Humanité, entouré de ceux qui partageaient ses combats. Lucien Hanoun était l’une de ces attachantes et lumineuses figures dont l’Algérie progressiste avait autrefois le secret. Il est né dans une famille algérienne de confession juive à Oued Rhiou, dans l’Oranie. « Les plus pauvres vivaient sur la colline, les autres, dans le village de colonisation, sur la route reliant Alger à Oran », racontait-il en 2014 au micro d’Aline Pailler, sur les ondes de France Culture. Prise de conscience précoce de la séparation radicale qui fonde l’ordre colonial… Son père, enrôlé comme zouave dans l’armée française durant la Première Guerre mondiale, meurt en Serbie, en 1915. Pupille de la nation, l’enfant fréquente l’école républicaine française, poursuit ses études à Alger, avant d’intégrer le lycée Lakanal de Sceaux, en khâgne. Il devient professeur de français.

     Révoqué de l’éducation nationale à Alger parce que juif

    Membre, un temps, des étudiants socialistes, il les quitte lorsqu’éclate la guerre d’Espagne et rejoint, en 1938, le PCF. Mobilisé à Alger en 1939, il est nommé, après la défaite de 1940, à Sidi-Bel-Abbès. Pas pour longtemps : les lois antisémites de Vichy gangrènent aussi la colonie. Lucien Hanoun est exclu de l’éducation nationale, comme 465 professeurs ou instituteurs révoqués en Algérie cette année-là parce que juifs. Il enseigne clandestinement à Alger, avant d’être rappelé en 1944 dans l’armée française d’Afrique du Nord. Démobilisé en août 1945, il s’implique au Parti communiste algérien (PCA), s’occupe de la diffusion de l’organe du parti, Liberté, anime la cellule de la Casbah, s’attire les foudres de l’administration académique qui goûte peu son activisme en faveur de la scolarisation des enfants indigènes. Lorsque le PCF et le PCA décident, en 1955, de lancer une publication clandestine pour contrecarrer la propagande militaire du journal le Bled, il est adjoint au résistant Afred Gerson pour rédiger la Voix du soldat. Dix-sept numéros paraissent jusqu’à son arrestation, en novembre 1956. Alfred Gerson, lui, reste dans la clandestinité jusqu’en mars 1957. Tous deux passent finalement entre les mains des tortionnaires de la Villa Sésini. Condamné à quatre ans de détention, Lucien Hanoun est traîné d’une prison à l’autre, avant d’être transféré aux Baumettes, à Marseille. En 1961, il retourne clandestinement à Alger. Après l’indépendance, citoyen algérien, il reprend l’enseignement et le combat syndical. Hélas, l’Algérie plurielle dont il rêvait n’a pas pris corps… En 1967, il s’exile en France, finit sa carrière de professeur au lycée de Thiais, en banlieue parisienne. Sans jamais rien renier de ses convictions anticolonialistes. Les obsèques de Lucien Hanoun auront lieu demain 11 avril 2018 à 14 h 30, au cimetière de Thiais.

    Rosa Moussaoui

    Journaliste à la rubrique Monde 

    SOURCE : https://www.humanite.fr/disparition-lucien-hanoun-lalgerie-le-siecle-et-trois-guerres-653392 

     

    « A Meylan en Isère, la Fraternité St-Pie X veut construire une église. A l'endroit où elle a rendu hommage à Jean Bastien-Thiry, officier de l'OAS condamné à mort... Le livre de Dalila Kerchouche « Mon père ce harki » commenté par Jacques Cros... Et le témoignage de Dalila Kerchouche dans l'émission de Thierry Ardisson »

  • Commentaires

    1
    Mardi 10 Avril 2018 à 20:17
    J'ai connu Lucien Hanou. Son demi-frère, Marcel Timsit était le secrétaire départemental de mon syndicat, le SNES. On m'avait chargé de prononcer une allocution lors de ses obsèques en septembre 2000. On m'avait mis en relation avec Lucien Hanou pour que j'étoffe mon texte avec les précisions qu'il était en mesure de me fournir. Quelque temps après je l'avais emmené avec la veuve de son demi-frère voir un couple de camarades qui avaient collaboré à Alger Républicain et qui étaient retirés à Cazouls-les-Béziers. Il m'avait communiqué un document concernant l'accès de son ancêtre à la nationalité française. C'était antérieur au décret Crémieux remis en cause par Vichy. Mais le document n'avait pas empêché l'application des mesures prises contre les Juifs.
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