• Effacer les échos d’une mémoire pervertie pour débloquer l’histoire

    Effacer les échos d’une mémoire pervertie pour débloquer l’histoire 

     

    Nostalgérie, l’interminable histoire de l’OAS Alain Ruscio. Éditions la Découverte, 316 pages, 21 euros.

    C’est l’adjectif qu’il convenait d’employer : « interminable ». Car l’historien Alain Ruscio, qui connaît par cœur cette histoire de l’un des mouvements terroristes intimement lié à la décolonisation, réitère le douloureux constat de la façon dont les idées et l’action de l’Organisation armée secrète – ou des hommes qui l’ont composée avant même sa fondation – ont imprégné et continuent d’exercer un certain attrait au sein de la politique française, à droite, à l’extrême droite. D’une certaine façon, ils ont « bloqué l’histoire ».

    La « persistance de la foi en une cause », l’Algérie française et, partant, la préservation de l’empire colonial français, s’explique pour partie, note Ruscio, par la « ténacité » de ce lobby, mais aussi par « la perméabilité des parois qui séparent droite classique et monde extrémiste en ce domaine ».

    En témoignent les hommages sous forme de stèles, de plaques, que les élus de droite et d’extrême droite du Sud (à Béziers, Nice, Grasse, Perpignan, Narbonne…) inaugurent à grand renfort de discours magnifiant le « paradis » perdu, avant tout pour flatter un électorat pied-noir abusivement considéré d’un seul tenant.

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     Ménard devant la stèle à Béziers des quatre criminels et terroristes,condamnés à mort et fusillés

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    Et voici Elie Aboud membre du parti "Les Républicains" et pourtant aussi extrémiste que son acolyte Ménard

    C’est que, de Jean-Marie Le Pen et Pierre Poujade à Louis Aliot et Robert Ménard, en passant par Valéry Giscard d’Estaing (longtemps soupçonné d’être « l’agent 12 A », premier informateur de l’équipe 12 de l’OAS-Métro), des liens, apparents ou cachés, existent qui consacrent une « fraternité » des nostalgériques. Dans une enquête historique très détaillée, multipliant les sources (13 pages de bibliographie et filmographie !), l’historien suit le parcours de ces Français d’Algérie à la « mentalité d’assiégés », qui, dès que la France a pris pied sur ce bout de continent africain, en 1830, se sont constitués en milices.

    Une genèse qui ne pouvait que favoriser un rapprochement avec l’extrême droite, notamment avec « le dernier bastion fasciste d’Europe », l’Espagne (où l’OAS est née en février 1961). Aujourd’hui encore, les échos de ce mouvement résonnent dans la société française. Une « restauration coloniale » est à l’œuvre depuis que les relais politiques demandent « l’amnistie » pour les tueurs de l’OAS (15 355 attentats revendiqués, 1 622 morts et 5 048 blessés européens et musulmans) ou que la République giscardienne a réintégré les « enfants perdus » de cette aventure, Alain Griotteray ou Pierre Sergent (un des premiers membres du FN). Plus près de nous, c’est un Nicolas Sarkozy participant à la « perversion de l’histoire réelle » par une « lecture partiale d’un bilan mettant en avant les ‘‘aspects positifs’’» qui œuvre à la « réhabilitation des ‘‘valeurs’’ qui naguère ont fait la force de l’idéologie coloniale ». Pour ne pas répéter les errements, relire cette histoire à l’aune des discours présents est essentiel.

     
    « Non, les «massacres de harkis» ne sont pas un détail de l’histoire coloniale ! Par : Pierre Daum journaliste et essayisteAux nostalgiques de l'Algérie Française, aux anciens de l'OAS, et aux extrémistes de tous poils ...... »

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