• En procès, Éric Zemmour n’a jamais été aussi visible dans les médias

    JUSTICE

    En procès, Éric Zemmour n’a jamais été aussi visible dans les médias

    22/01/2020

    En procès, Éric Zemmour n’a jamais été aussi visible dans les médias

    L'écrivain doit être jugé ce 22 janvier pour son discours polémique à la "Convention de la droite", dans lequel il s'en était pris, entre autres, aux immigrés et aux musulmans.

    JUSTICE - Entre deux passages télé, Éric Zemmour a rendez-vous avec la justice. Le chroniqueur doit comparaître ce mercredi 22 janvier devant le tribunal correctionnel de Paris pour sa diatribe contre l’immigration et l’islam, prononcée en septembre lors de la “Convention de la droite”.

    Le polémiste doit être jugé -si la mobilisation des avocats contre la réforme des retraites n’entraîne pas le report du procès- pour “injure publique à caractère racial” et pour “provocation publique à la haine raciale” pour ce discours, diffusé en intégralité et en direct sur LCI, à l’occasion d’un événement organisé par des proches de l’ex-députée d’extrême droite Marion Maréchal.

    Au-delà de la réaction judiciaire, avec l’ouverture d’une enquête par le parquet de Paris quelques jours plus tard, l’intervention publique de cette figure médiatique avait remis en question la légitimité de sa parole et sa place sur les plateaux de télévision et dans les journaux. Ses propos, notamment parce qu’ils ont été diffusés nationalement, ont suscité un débat vif et profond dans les médias, dépassant les précédentes polémiques auxquelles Éric Zemmour est habitué.

    Pourtant, quatre mois plus tard, l’essayiste de 61 ans est plus présent que jamais dans le paysage médiatique français.

    CNews ne bouge pas

    Quatre soirs par semaine et pendant près d’une heure sur CNews, chaque mercredi pendant deux heures sur Paris Première dans “Zemmour et Naulleau”, régulièrement dans les pages du Figaro pour des chroniques, Éric Zemmour a l’embarras du choix pour diffuser ses idées politiques et ses prises de position sur les grands sujets sociétaux. Une exposition médiatique plus favorable que jamais pour l’auteur du Suicide français, qui bénéficie, rien qu’à la télévision, de près de deux fois plus de temps d’antenne que lorsqu’il jouait les snipers dans “On n’est pas couché” sur France 2, entre 2006 et 2011.

    Le 28 septembre, la goutte d’eau semblait pourtant sur le point de faire déborder le vase. À la tribune de la “Convention de la droite”, le journaliste avait livré une vision eschatologique de son époque, conspuant le procès intenté selon lui à “l’homme blanc hétérosexuel catholique”, “le seul ennemi à abattre”, épousant sans ambiguïté la thèse complotiste du “grand remplacement” des populations par des immigrés “colonisateurs”, et dénonçant les “problèmes aggravés par l’immigration” en France “comme dans toute l’Europe”. “Et tous nos problèmes aggravés par l’immigration sont aggravés par l’islam. C’est la double peine”, avait soutenu Éric Zemmour.

    Deux jours après ce discours, le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) dénombrait “près de 400” saisines de téléspectateurs s’alarmant de la diffusion de ces paroles sur la chaîne d’information en continu du groupe TF1. Dans les rédactions du Figaro, RTL et Paris Première, qui employaient toutes Éric Zemmour, le malaise s’était vite installé. L’essayiste y avait été rappelé à l’ordre, mais ses engagements n’avaient pas été remis en cause. Seule RTL a décidé, cinq jours plus tard, de cesser sa collaboration avec le polémiste. Sans lui fermer la porte à de nouvelles interventions lors d’émissions, “dans le cadre de la pluralité des opinions”.

    Mais les discussions les plus tendues ont eu lieu au sein de la rédaction de CNews, où l’essayiste est devenu, deux semaines après son discours, la vedette de “Face à l’info”, une émission quotidienne de débat animée par Christine Kelly. Après une motion demandant son départ de l’antenne, approuvée par l’ensemble des représentants du personnel de Canal+, qui détient la chaîne d’information, le groupe a finalement décidé que l’émission ne serait plus diffusée en direct mais enregistrée avec un léger différé. Une manière de responsabiliser la chaîne, qui doit filtrer les interventions de son chroniqueur, et de lui permettre de supprimer tout dérapage avant diffusion.

    “Libre expression”

    En quatre mois, la place du chroniqueur à CNews et l’opinion d’une partie de la rédaction n’ont pas évolué. ”Éric Zemmour a libre expression sur notre antenne”, déplore Laurent d’Auria, représentant de +Libres, syndicat majoritaire de Canal+, et secrétaire du Comité social et économique (CSE) du groupe. Le délégué syndical refuse de voir dans la position (“inchangée”) des signataires de la motion une forme de “censure”: “on soutient toutes les opinions, sauf celles qui sont délictuelles”, avance-t-il auprès du HuffPost.

    Quelques jours avant son discours polémique, et donc quelques semaines avant son arrivée sur CNews, Éric Zemmour avait en effet été définitivement condamné, après le rejet de son pourvoi en cassation, à 3000 euros d’amende pour provocation à la haine religieuse après des propos antimusulmans tenus cette fois en 2016, dans l’émission “C à vous” sur France 5. Dans cette affaire, son avocat a intenté un recours devant la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH).

    Il avait par ailleurs été condamné en 2011 à près de 10.000 euros d’amende pour provocation à la haine raciale pour des propos controversés sur “les Noirs et les Arabes” tenus l’année précédente sur France Ô et face à Thierry Ardisson sur Canal+. Il n’avait pas fait appel.

    Les audiences de son côté

    Lourd de ces condamnations et de la controverse sur la “Convention de la droite”, Éric Zemmour n’a pas pour autant poli son discours à l’antenne. En quatre mois, plusieurs séquences de “Face à l’info” ont suscité des polémiques, malgré la diffusion en différé. Le 3 décembre, le CSA a d’ailleurs adressé une mise en demeure à CNews pour une intervention d’Éric Zemmour dans laquelle il avait assimilé islam et islamisme.

    Il avait également évoqué la conquête de l’Algérie par la France dans les années 1840 en se disant, en tant que Français, “du côté” du général Bugeaud qui, lorsqu’il “arrive en Algérie, (...) commence à massacrer les musulmans et même certains juifs”. À la mi-octobre, il avait assimilé l’homosexualité à un choix et qualifié de “caprices” les “désirs d’enfants” des couples homosexuels.

    “Nous sommes les premières victimes de ces dérapages”, regrette Laurent d’Auria, rappelant que des annonceurs comme le groupe Ferrero ont fait le choix de retirer leurs publicités pendant les émissions d’Éric Zemmour. Sa présence médiatique, amplifiée par l’attention particulière dont il fait l’objet et par les réseaux sociaux, sur lesquels circulent régulièrement des extraits de ses interventions, risque selon Laurent d’Auria “d’hystériser le débat” politique au lieu “d’éclairer les gens” alors que “la société française n’est pas au mieux”.

    Pourtant, les audiences de “Face à l’info” ne montrent pas, à l’heure actuelle, de désintérêt du public. Au contraire, l’arrivée d’Éric Zemmour en octobre a permis à CNews de doubler le nombre de ses téléspectateurs sur sa tranche 19h-20h, ce qui lui permet de passer régulièrement devant BFMTV et LCI. Même passé l’effet de curiosité des premières semaines, les chiffres se maintiennent autour des 200.000 téléspectateurs, contre 83.000 personnes avant le mois d’octobre.

    Une preuve, selon l’avocat d’Éric Zemmour, que son client a une “parole forte, et qui porte”. “Les tentatives de trouver des succédanés n’ont jamais fonctionné”, insiste Me Olivier Pardo, qui souligne qu’Éric Zemmour est “toujours en débat”, face à des contradicteurs forcément consentants.

    Si l’éditorialiste est toujours à l’antenne, et si présent, c’est qu’il est “une pièce majeure du débat intellectuel français”, poursuit l’avocat, interrogé par Le HuffPost. “Et les employeurs regardent la réalité juridique”, ajoute-t-il, préférant voir le verre à moitié plein: “sur dix procédures contre Éric Zemmour, nous en avons gagné huit, et une autre est toujours pendante”.

    Reste à savoir si une nouvelle condamnation pourrait faire bouger les lignes dans les médias qui emploient Éric Zemmour. “Le problème se reposerait, et peut-être qu’on en reparlerait, imagine le syndicaliste Laurent d’Auria. Mais nous ne sommes pas en cogestion, et ce n’est pas nous qui décidons”.

    Contactée par Le HuffPost, CNews n’a pas souhaité s’exprimer à ce sujet.

    SOURCE : https://www.huffingtonpost.fr/entry/eric-zemmour-na-jamais-ete-aussi-visible-dans-les-medias-que-depuis-la-convention-de-la-droite_fr_5e1ed0bcc5b674e44b8fdbe3??ncid=newsltfrhpmgnews 

     

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  • Commentaires

    1
    Mercredi 22 Janvier 2020 à 08:25

    Il me semble qu'Eric Zemmour surfe sur un regain de l'idéologie raciste, xénophobe, et présentement islamophobe, que génère et développe la crise socio-économique que nous subissons.

    Le fond de ce qui est en cause, à savoir la limite atteinte par la logique de fonctionnement de notre société doit être analysé. Sans cette nécessaire réflexion les Zemmour et autre Ménard vont continuer à distiller les idées les plus dangereuses qui soient.

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