• Face à un Macron en pleine débâcle, quel scénario pour "l'après coronavirus" ?

     

    Face à un Macron en pleine débâcle, 

    quel scénario pour "l'après coronavirus" ?

     

    Face à un Macron en pleine débâcle, quel scénario pour "l'après coronavirus" ?

     

    Montebourg scrute l'avenir... 

    Macron lui tend-il un piège ?

    Le locataire de l'Elysée peut tenter de poursuivre la politique qui l'a fait détester par une majorité de Français en s'alignant sur les positions extrêmes du patron des patrons. De fait, Geoffroy Roux de Bézieux prône ouvertement la manière forte : faire payer cash la crise économique - et l'épidémie - par les salariés, et au-delà, par les Français dans leur ensemble. Le programme du président du Médef est clair : détricoter non seulement les acquis sociaux de la Libération, mais abroger toutes les lois sociales, fruits d'un siècle de luttes ouvrières.

    Ce programme radical a toutes les faveurs des possédants, du monde des affaires, en un mot des super-riches dont Macron est le représentant. 

    Mais, par son caractère revanchard, ce programme peut provoquer un choc en retour et soulever les foules, déjà hostiles au président.

    Aussi celui-ci hésite et réfléchit. Comment faire avaler la pilule au plus grand nombre. Déjà l'hôte de l'Elysée esquisse, au moins en paroles, un tête-à-queue remarquable. Il annonce urbi et orbi que "demain ne sera plus comme avant", et qu'il sera nécessaire de redonner du muscle à l'industrie française pour que ses branches essentielles ne dépendent plus de l'étranger. Les Français, y compris dans leur chair,  ont mesuré, avec l'épidémie,  le dommage national que la politique suivie jusqu'alors leur a fait subir.

    Le discours présidentiel tient compte de cet état d'esprit. Comment satisfaire à la fois le capital financier et ne pas se mettre à dos la France qui travaille au point que celle-ci se soulève ?

    Y aurait-il moyen pour les possédants de faire beaucoup de profits, sans risque d'une explosion populaire?

    Donald Trump s'est fait élire sur la remusculation industrielle des Etats-Unis, de ses infrastructures en piteux état, et le "retour à la maison" d'entreprises qui s'étaient délocalisées à l'étranger, programme ressenti positivement par les "cols bleus", retrouvant un emploi. 

    Pourquoi ne pas tenter telle une stratégie en France ?

    Une grande partie du patronat y trouverait son compte, les Bouygues, Vinci, Eiffage, et beaucoup d'autres, pourraient se tailler la part du lion en restructurant le réseau routier français, les ponts, les ouvrages d'art en perdition. De même, les usines d'automobiles, de biens électroménagers pourraient réintégrer le bercail dans la mesure où les conditions d'exploitation du personnel seraient modifiées à leur avantage...

    Macron ferait ainsi le chantage : "Chacun doit retrousser ses manches. Je réindustrialise la France, l'emploi serait gagnant, mais aux conditions du patronat".

    Et l'Europe, dans tout cela ? 

    Le "repli" sur l'hexagone semble un choix peu conforme aux dogmes communautaires, à l'abandon des frontières internes à l'Union, à la libre circulation des marchandises, des hommes et de l'euro, à la primauté de la Banque Centrale Européenne.  

    Mais le coronavirus  a submergé toutes ces oukases bruxelloises. Et c'est maintenant la politique du chacun pour soi, un sauve qui peut généralisé. A ce jeu-là, l'Allemagne, par sa domination industrielle et financière, maintient sa suprématie sur le continent. 

    Et la France, dans ce cadre,  peut - provisoirement- tenter de jouer sa partie. 

    Certes, cette nouvelle politique ne peut être crédible que si on change de personnel politique pour l'appliquer.

    C'est là que pourrait se dessiner un projet présidentiel avec l'arrivée d'Arnaud Montebourg à Matignon. A un poste inférieur, c'est difficilement envisageable. Avec le champion du "Made in France" aux affaires, le tournant élyséen paraîtrait plus crédible...Mais, l'ancien ministre de l'Economie personnifie, par ses prises de positions, l'inverse de celles de son successeur, Emmanuel Macron, et devenir son adjoint aujourd'hui dans de telles conditions...

    Et à ce jeu-là, Montebourg peut perdre toute crédibilité, sans en faire gagner au président.

    Cette option paraît peu crédible...

    Par contre, il peut enfiler son maillot de challenger pour 2022, ou même à plus court terme...

    Alors, sans Montebourg, à qui peut songer Macron pour donner le change et traduire son tournant "souverainiste" ?

    Depuis 2017, et la campagne électorale de l'actuel président, toutes les combinaisons, qui paraissent aujourd'hui saugrenues, sont possibles.

    Qui aurait songé à un mariage PS-Les Républicains, dans une "Gross Koalition" à l'allemande, noyée dans un magma d'élus sur CV ? 

    L'objectif d'Emmanuel Macron est aujourd'hui de donner le change : trouver le ou les politiques susceptibles d'incarner un changement de cap.

    Régner à Matignon, ou être ministre suscite beaucoup de vocations, que la veille, on aurait trouvé hors de propos. 

    Macron peut toujours certes compter sur ses playmobiles LREM et de parlementaires teintés de rose ou de bleu..

    Mais qui, dans l'opinion,  peut encore leur accorder quelque crédit ?

    Alors, que pourrait faire Macron ? 

    Il faut qu'il fasse appel à des personnalités de tonalité différente à celles qui règnent aujourd'hui, un peu d'opposition au niveau des pratiques,  en accord sur le fond  : européistes et atlantiques, et qui conservent dans leurs fiefs un restant de considération de "bon administrateur" de terrain.

    Ca ne durerait qu'un temps.
    Mais pour le capital, le temps, c'est de l'argent.

     Déjà ,un président de région, ancien ministre de Sarkozy, qui a sévi dans différents ministères, ne fait guère mystère de son ambition : plutôt d'allure bonhomme, un brin souverainiste, prêt à gouverner "avec tout le monde", Xavier Bertrand ferait l'affaire... Il n'est pas le seul. Et des surprises - comme en 2017 - sont à prévoir. Qui serait surpris de voir un Berger aux Affaires sociales ? Et des gens très à droite comme d'autres se donnent à bon marché, une teinture de gauche, écolos bien verts, le monde politique s'offre aujourd'hui des déguisements de carnaval inattendus pour créer l'illusion. 

    Mais depuis les gilets jaunes et le mouvement social de l'hiver dernier, notre peuple a beaucoup appris. Il sait s'organiser, faire tomber les masques et défier l'autorité. Le temps des carnavals est résolu. Du "président des riches" massivement dénoncé, au système lui-même qui fait de ceux-ci les maîtres de nos destinées, l'opinion a évolué.

    C'est demain la société qu'elle veut changer

     

    Ces derniers jours, l’ancien ministre du redressement productif semble revenu en grâce dans les médias.

    Jugez plutôt : matinale de RTL le 27/02, puis trois interviews dans la presse écrite avec le Figaro le 03/04, Ouest-France le 07/04, Libération (en une) le 08/04, sans oublier un passage dans le journal régional de France 3 Bourgogne le même jour. À ce rythme, on ne voit guère que Jérôme Salomon de plus médiatique. Que nous dit d’ailleurs l’ancien homme politique devenu entrepreneur ? Et surtout, pourquoi, alors qu’il ne cesse de répéter depuis trois ans qu’il est rangé des voitures, donner toutes ces interviews ? Voyons cela. 

    Comme au Vénézuela

    Montebourg a beau jeu de surfer sur le made in France, la souveraineté, l’indépendance de notre pays, précisément parce que toutes ces thématiques, il les a faites siennes depuis des années et lui avaient valu un très bon score aux premières primaires de la gauche de 2011, à contre-courant de la doxa solférinienne. 

    Alors, d’entendre son successeur à Bercy, Emmanuel Macron, marcher dans ses pas à l’occasion de la crise actuelle ne peut que le faire rire jaune, comme il le relève perfidement (« À Bercy, lorsque j’ai proposé des nationalisations, Emmanuel Macron expliquait que l’on n’était ‘pas au Venezuela’ et aujourd’hui lui-même propose donc de ‘faire le Venezuela’…»). Ces thèmes souverainistes qui le voyaient moqué par ses anciens camarades socialistes, dorénavant défendus par l’ancien secrétaire général de Hollande, cela ne manque en effet pas de sel ! 

    Outsider socialiste

    Les socialistes, justement, Montebourg évacue la question : « J’ai trente ans de socialisme dans les jambes. Mais aujourd’hui, je ne suis plus rattachable à un quelconque parti politique». Dont acte. 

    Montebourg, et c’est plus intéressant, voit même plus loin puisqu’il semble ne plus se confiner à l’intérieur du clivage droite/gauche en ajoutant «Je ne sais plus ce qu’est la gauche, même avec une couche de peinture écologique dessus. En revanche, je sais ce que sont la France et les aspirations des Français». Voilà bien une distanciation social…iste. 

    Ce qui nous amène à réfléchir sur le pourquoi de ce retour médiatique du bourguignon. Est-ce qu’il souhaite replonger dans le grand bain politique, et dans quel rôle ? Pour le moment, il donne plutôt l’impression de tâter l’eau avec son orteil pour voir si elle est bonne. Visiblement, elle l’est, à entendre les échos de ce retour. De là à y entrer jusqu’aux épaules ? 

    Si la réponse devait être positive, trois options semblent sur la table. 

    Les deux premières dépendent de Macron. 

    Le fameux « jour d’après » tant et tant rabâché par les journalistes et les politiques pourrait-il déboucher sur un big-bang amenant un gouvernement d’union nationale, comme appelé d’ailleurs de ses vœux par Jean-Pierre Chevènement, lui-même proche de Montebourg ? 

    Si oui, ce serait un tournant majeur du quinquennat, pour ne pas dire plus. 

    Option 1: Macron cède à la facilité et appelle Montebourg dans son gouvernement, comme super-ministre. En somme, Bercy mais sans personne dans les pattes, Économie, Budget, Industrie sous sa coupe. 

    Option 2: le nommer à Matignon, tout simplement. Le signal serait encore plus fort et vu  comme un sérieux gage de ré-orientation européenne de la France en faveur des pays du Sud, assumant enfin de s’opposer au Nord, c’est-à-dire Berlin. 

    Évidemment, ces deux options seraient certes logiques si Macron voulait accompagner ses paroles d’actes politiques concrets, mais extrêmement risquées en cela qu’elles remettraient en selle un sérieux candidat élyséen. En outre, elles supposent un énorme préalable, que Montebourg accepte de devenir le collaborateur de Macron. 

    Reste la troisième option, la plus difficile à mettre en place mais la plus simple à envisager : que Montebourg se lance dans la course à L’Élysée. C’est exactement ce que laisse à penser sa conclusion sybiline auprès de Libération. 

    La route est longue

    Montebourg ne se préoccupe pas, ou plus, des clivages, ne donne pas de brevets de gauche ou de droite, mais pense à la France et aux Français. C’est exactement le sens de l’élection présidentielle sous la Vème république, ce qui est amusant pour le défenseur obstiné de la VIème république qu’il est.

    Il aime son pays, connaît les difficultés des petits patrons, vit dans un département symbolique de la France périphérique, voit ses pires prédictions se réaliser, a l’expérience et le panache est encore jeune.

    La route est longue, et même pas droite pour Montebourg, qui devra en plus s’affirmer en dehors de sa zone de confort européo-économique sur les sujets régaliens qui sont certes mis sous le boisseau médiatique actuellement mais reviendront très vite dans le débat public demain. Il devra nécessairement s’ouvrir concrètement aux républicains des deux rives et parachever ce que son père spirituel Chevènement lui-même n’aura pas pu accomplir.

    Les difficultés sont nombreuses, mais sont indispensables à résoudre pour espérer remporter les suffrages et éviter que le pays ne tombe dans le populisme. Alors, en 2022, Macron verra-t-il après Marine hier la marinière se dresser face à lui ? 

    SOURCE : http://canempechepasnicolas.over-blog.com/2020/04/montebourg-le-retour.html

    « Que les journalistes à gage du pouvoir et du monde des affaires se taisent : depuis trente ans, ils ont tout fauxChristophe Barbier : Le Coronavirus éditorial »

  • Commentaires

    1
    Lundi 20 Avril 2020 à 10:44

    Oh, là, là ! Il cause, il cause le journaliste mais il ne résout pas le moins du monde les problèmes auxquels nous sommes confrontés. Pire même il ne les cerne pas vraiment ! C'est à un opération politicienne à laquelle il nous invite.

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