• France – Algérie : le musée de la discorde

     

    France – Algérie :

    le musée de la discorde

      France – Algérie :  le musée de la discorde

    L’hôtel de Montcalm, au cœur de Montpellier, devait accueillir le musée. En 2019, c’est un centre d’art contemporain qui a été inauguré dans ce bâtiment. | S. ROUCHALÉOU (DEPLUSJEAN)/CC BY-SA 3.0

    Préconisée par le rapport Stora, la relance du projet du « Musée de l’histoire de la France et de l’Algérie » peine à se concrétiser en raison des contentieux mémoriels entre les deux pays.

    Cet ancien projet a été récemment relancé par les autorités françaises, après des années de blocage, dû notamment à la sensibilité politique du dossier de la mémoire.

    Ce musée, qui devrait voir le jour à Montpellier dans le Sud de la France, doit sa relance au Rapport Stora, qui l’a préconisé pour concrétiser la volonté affichée du président français Emmanuel Macron d’aller dans le sens de l’apaisement des mémoires avec l’Algérie.

    Au départ, cela devait être le musée phare de la réconciliation des mémoires françaises et algériennes liées à l’histoire de la colonisation et de la guerre d’Algérie. Mais le projet d’un musée sur l’histoire franco-algérienne a cristallisé, dès son origine, les tensions liées aux enjeux des mémoires de la colonisation en France.

    Cette idée, née il y a plus de vingt ans, a longtemps été portée par l’ancien maire de Montpellier, Georges Frêche, dont la ville abrite d’importantes communautés de familles rapatriées d’Algérie (pieds noirs, harkis, anciens appelés…).

    Toutefois, le maire, réputé proche de ces communautés importantes électoralement, voulait faire un « Musée de la présence française en Algérie » afin de mettre en avant « l’œuvre française en Algérie ». Cela a suscité un tollé, notamment au Parti Socialiste, le parti politique du maire.

    Face aux polémiques et à la « guerre des mémoires » qui surviennent, le projet change plusieurs fois de nature, passant de « Musée de l’histoire de la France en Algérie » qui donne la part belle au récit « pied-noir » à « Musée de l’histoire de la France et de l’Algérie » plus inclusif des récits et des mémoires algériennes.

    Cependant, avec l’accumulation des difficultés politiques et des controverses mémorielles, le projet est finalement abandonné par le nouveau maire de la ville en 2014.

    Musée de l’histoire de la France

    et de l’Algérie : symbole de la volonté d’apaisement

    Arrivé au pouvoir en 2017, Emmanuel Macron érige l’apaisement mémoriel avec l’Algérie comme une des priorités de son mandat, multipliant les signes d’ouverture, comme la reconnaissance de certains crimes de l’armée française pendant la Guerre d’Algérie.

    Ce volontarisme s’est concrétisé par la commande à l’historien Benjamin Stora d’un rapport sur la mémoire de la colonisation et de la guerre d’Algérie, avec pour mission de suggérer des propositions pour aller dans le sens de l’apaisement entre les deux pays dont les relations sont empoisonnées par le dossier de la mémoire.

    Une de ses préconisations du rapport Stora est donc la relance du projet de musée, mais cette fois-ci, il sera piloté directement par l’État et non plus par les pouvoirs et intérêts locaux.

    Michaël Delafosse, l’actuel maire de Montpellier, l’assure : « Je souhaite que ce soit un musée piloté par l’État, donc un musée national. Il est important qu’une telle institution s’inscrive dans la politique culturelle de la France. »

    Néanmoins, et malgré cette volonté politique, les modalités et la date de l’ouverture de ce musée ne sont pas encore connues. Citée dans le Journal du Dimanche, une conseillère à l’Élysée tempère : « Ce sera très long: ça ne débouchera pas avant 2025, au mieux. »

    Le temps, entre autres, de mettre en place la structure et le cadre du musée, mais aussi de récupérer toutes les collections avec les objets, documents, photographies… dispersés après l’abandon du projet.

    SOURCE : France - Algérie : le musée de la discorde (tsa-algerie.com)

     

     Suite à l’article ci-dessus mise au point

     

    de Jean-Philippe Ould Aoudia

     

    fils de victimes de l’OAS

     

    L’association Jeunesses et Mémoires Franco-Algériennes demande le soutien à la tribune ci-dessous pour obtenir la création d’un Institut muséal des relations entre la France et l’Algérie à Montpellier.

    Parmi les dix-huit jeunes gens issus de familles ayant intimement vécu la guerre d’indépendance et que le Président de la République a reçus le jeudi 30 septembre 2021, plusieurs étaient membres de cette association.

      France – Algérie :  le musée de la discorde

    Gautier Delort, arrière-petit-fils du général Salan

    L’arrière-petit-fils du général Salan, chef suprême de l’OAS, faisait partie des convives, alors qu’aucun descendant des 2700 victimes de cette organisation à l’origine d’une guerre civile en 1961-1962, n’avait été invité au partage des mémoires blessées de la guerre d’Algérie.

    Deux étudiants, dont les parents ont lutté pour l’indépendance, et qui s’étaient engagés dans l’association en ont démissionné, parlant même d’imposture dans laquelle ils ont été pris à témoin lors du déjeuner élyséen (in Le Monde samedi 16 octobre 2021, p. 32). Apparaît clairement que certaines mémoires ne sont pas bienvenues aux yeux des promoteurs du futur Institut muséal de Montpellier.

    Aucune précision n’apparaît sur le comité de pilotage du projet dont les objectifs utilisent souvent les mêmes mots que ceux dont se réclame le Centre national de documentation des Français d’Algérie créé à Perpignan et dont on connait la partialité, le mépris des Algériens et la promotion indécente de l’Algérie française.

    À l’évidence, l’Institut muséal des relations entre la France et l’Algérie à Montpellier n’est qu’un outil supplémentaire pour vanter les bienfaits de la colonisation et pour taire les crimes de l’OAS en France et en Algérie.

     

    Docteur Jean-Philippe Ould Aoudia

    Fils de victimes de l’OAS

     

    TRIBUNE 

    Il y a deux ans, le 20 janvier 2021, Benjamin Stora remettait son rapport au Président de la République française, Emmanuel Macron, dans lequel une des préconisations concernait la relance du projet de musée de la France et de l’Algérie à Montpellier, qui avait été abandonné en 2014.

    Cette préconisation s’inscrit dans un travail de long terme mené par différentes organisations, associations et personnalités de la société civile pour l’émergence d’un institut de la France et de l’Algérie.

    En octobre 2021, le groupe Regards de la jeune génération sur les mémoires franco-algériennes a appuyé à nouveau cette demande auprès du Président de la République, pour la création de cet institut de la France et de l’Algérie : un lieu muséal où histoire, mémoires, art, dialogue et coopération pourraient coexister. Le Président de la République s'y était alors engagé. Lors de son voyage en Algérie fin août 2022, le Président de la République a renouvelé sa volonté de mener ce projet d’institut de manière conjointe et d’en faire selon ses mots un lieu “où la mémoire (...) projette un espace à la fois de recherche, de vérité, sans doute de reconnaissance, mais aussi de création, de culture, de partage.”…

    …Le projet a été repoussé à plusieurs reprises en raison de désaccords politiques sur le rôle qu’il doit occuper, questionnant tour à tour s’il doit être davantage politique, sociétal ou muséal …

    Depuis plus d’un an, de nombreux chercheurs se sont réunis de manière régulière, pour concevoir le projet scientifique qui préfigure cet institut, tandis que l’association Jeunesse et Mémoires Franco-Algériennes est allée à la rencontre de plus d’une centaine de jeunes. Ces jeunes ont partagé avec eux leur désir d’un espace de dialogue où puissent s’exprimer leur identité et leur double héritage culturel dans le respect de la diversité des mémoires.

    Tous ces témoignages, ces engagements, ces héritages, sont autant de preuves qu’un institut de la France et de l’Algérie doit voir le jour mais aussi et surtout que ce lieu doit être une émanation de la société civile.

    Premiers signataires :

    ● Yoann Sportouch et Linda Torche, co-présidents de l’association Jeunesse et

    Mémoires franco-algériennes

    ● Benjamin Stora, historien

    ● Tramor Quemeneur, historien, membre de la Commission mémoires et vérité

    ● Agnès Aziza, membre de la Commission mémoires et vérité

    ● Catherine Brun, professeur de littérature à l’Université Paris Sorbonne Nouvelle, membre de la Commission mémoires et vérité

    ● Yacine Tassadit, anthropologue, membre de la Commission mémoires et vérité

    ● Rachid Temal, sénateur

    ● Lætitia Bucaille, Professeur de sociologie politique, membre de la Commission

    mémoires et vérité

    ● Cécile Renault, maîtresse des requêtes au Conseil d’Etat

    ● Rostane Mehdi, juriste

    ● El Mouhoub Mouhoud, économiste

    ● Rachid Ouramdane, chorégraphe et Président directeur de Chaillot-théâtre national de la danse

    ● Karim Amellal, délégué interministériel à la Méditerranée

    ● Matthias Tronqual, directeur de la scène nationale de l'Essonne

    ● Stéphanie Chazalon, directrice de l’Institut des Cultures d’Islam

    ● Michel Talata, artiste plasticien

    ● Maya-Inès Touam, artiste-plasticienne

    ● Lyes Salem, acteur, scénariste et réalisateur

    ● Katia Kameli, artiste

    ● Yasmine Abrous, Alfred Aussedat, Alma Bensaid, Nour Berrah, Antoine Bourdon, Clémence Carel, Valentin Drets, Aurélien Sandoz, Linda Torche, membres de l’association Jeunesse et Mémoires franco-algériennes 

     

    Tarn : Salan : un «hommage»

     

    qui ne passe pas pour le PCF

      France – Algérie :  le musée de la discorde

     Michel Petit, Hervé Pignel-Dupont, président des amis de Raoul Salan, et Gautier Delort, arrière-petit-fils du général, devant la plaque en hommage au général Salan. DDM - BR.M.

     

    Pour la section de Castres-Labruguière-Montgane du Parti communiste français, c’est un « hommage » qui ne passe pas. Dans un communiqué envoyé à la presse, le PCF dénonce la cérémonie organisée par le maire de Roquecourbe Michel Petit qui consistait à rendre hommage à Raoul Salan en dévoilant une plaque sur la maison qui a vu naître le 10 juin 1899 « ce général d’armée, militaire le plus décoré de France, décédé à Paris le 3 juillet 1984 ».

    « Chef militaire à Alger en mai 1958 – le général Salan demeurera célèbre pour son rôle dans le putsch d’Alger, puis comme chef de l’OAS, l’organisation de l’Armée secrète, organisation politico-militaire des ultras de l’Algérie Française, responsable non pas seulement d’une agitation brouillonne mais bien de crimes de sang. Ce sont des dizaines et des dizaines d’attentats et d’assassinats qu’a commandités cette organisation en Algérie comme en métropole, d’avril 1961 à 1962 – jusqu’à l’attentat du Petit-Clamart contre le général de Gaulle, indique les communistes sud-tarnais. Les dirigeants de l’OAS, dont Salan, furent condamnés – la réclusion criminelle à perpétuité dans le cas de Salan – en raison de ces crimes de sang ainsi que pour la tentative de putsch d’avril 1961. Et c’est bien pour cela que la République ne peut, sans se renier, lui rendre hommage. Les amnisties ultérieures ne changent rien au jugement de l’histoire, même si certains s’évertuent aujourd’hui, dans la foulée des élucubrations dangereuses d’un Zemmour, à en travestir le sens. Cet hommage officiel, de la part du maire et des élus de Roquecourbe est indigne de la part d’élus républicains. Et si M. Petit et ses colistiers avaient voulu honorer un célèbre Tarnais et Roquecourbain, ils auraient pu, et ce de manière rassembleuse et républicaine, commémorer Emile Combes, le promoteur de la loi de 1905 sur la séparation des Eglises et de l’État. Hélas, à l’hommage légitime au défenseur de la laïcité, ils ont préféré une tentative indécente de réhabilitation d’une cause indéfendable. »

     

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  • Commentaires

    2
    Danièle Ponsot
    Vendredi 14 Avril 2023 à 08:49

    Jacques, je partage votre point de vue! Attendons la suite....

    1
    Cros Jacques
    Vendredi 14 Avril 2023 à 08:32

    Il y a eu une opposition forte sur les conceptions qu'avait Frèche, l'ancien maire de Montpellier, à propos de ce musée qu'il voulait être une ilu=lustration des aspects positifs de la présence française en  Algérie.

    Les choses aviet semble-t-il évolué. Oui mais... n s'interroge avec l'ambiguïté qui caractérise le travail de mémoire sur l'histoire du colonialisme et de la guerre menée en Algérie pour tenter de le perpétuer.

    On ne peut pas passer l'éponge sur ce qu'était le système colonial et les exactions commises pendant le conflit qui a duré de 1954 à 1962

    Personnellement je reste circonspect par rapport à ce qu'est l'objectif de ce musée même si je prrends acte qu'il sera créé sous la responsabiit é de '!Etat. C'est qu'à ce niveau aussi on entretient la confusion !

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