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France-Algérie, les mémoires mortes
France-Algérie, les mémoires mortes
© Romée de Saint Céran pour L'Incorrect
Les déclarations d’Emmanuel Macron, lors d’un échange avec une vingtaine de jeunes descendants de harkis le 30 septembre, et retranscrites le samedi suivant par Le Monde ont provoqué une crise diplomatique entre l’Élysée et Alger. Elles révèlent aussi que l’entente mémorielle entre les deux pays est tout bonnement impossible. Et c’est loin d’être du seul fait de la France.
Cette initiative a immédiatement été interprétée par le pouvoir algérien en place comme une manifestation d’hostilité.
Pauvre France ! Humiliée par l’Australie, la Grande-Bretagne et le puissant mais versatile allié américain à l’occasion de la signature du traité AUKUS en août dernier, elle se trouve, en plus, confrontée à une énième crise diplomatique avec l’Algérie. En cause, les mémoires de la guerre d’Algérie (1954-1962), éternelle pomme de discorde entre les deux pays. Après l’humiliation infligée par ces damnés anglo-saxons, l’Élysée a-t-il décidé de se passer les nerfs sur les Algériens en franchissant un cap rhétorique ? Emmanuel Macron a-t-il des visées électoralistes en pointant du doigt l’exploitation, en Algérie, par un « système politico-militaire », d’une « rente mémorielle » ? Le jour même, Gauthier Rybinski, chroniqueur de la chaîne France 24, n’hésite pas à accuser le président de la République d’aller « pêcher, draguer ou ratisser à la droite ou à l’extrême droite » en tenant de tels propos. Sur Europe 1 le même jour, Vincent Hervouët ne va pas exactement dans le même sens, avançant que le pouvoir algérien « entretient la mémoire de la guerre parce qu’il prétend que c’est un génocide et parce que c’est sa seule légitimité ».
Le traitement de la mémoire de la guerre d’Algérie a été problématique durant un demi-siècle en France et donné lieu tout d’abord à une politique d’amnistie que beaucoup ont voulu assimiler à une politique d’occultation pure et simple. En témoigne la série de décrets, adoptés dans les années qui suivent la fin du conflit : ceux des 20 mars et 14 avril 1962, effaçant « les infractions commises avant le 20 mars 1962 en vue de participer ou d’apporter une aide directe à l’insurrection algérienne » et celles « commises dans le cadre des opérations de maintien de l’ordre dirigées contre l’insurrection algérienne. » Cinq lois d’amnistie ont suivi ces décrets – en 1964, 66, 68, 82 et 2005 – qui concernaient les membres de l’OAS et ceux qui avaient soutenu ou participé au putsch de 1961. Le traitement mémoriel de la guerre d’Algérie a connu un tournant en France au début du XXIe siècle et jusque très récemment, quand le président Macron a chargé l’historien Benjamin Stora de rédiger un rapport préconisant différentes actions (commémoration, travaux sur les archives) pour faire en sorte que la mémoire de la guerre d’Algérie soit mieux appréhendée.
Le rapport Stora, commandé en juillet 2020 et achevé à la fin de cette même année, avait une visée politique claire ? : contribuer à l’apaisement des relations franco-algériennes autour du difficile sujet de la guerre d’Algérie. Mais cette manœuvre chargée de bonnes intentions ne tenait pas compte du fait que, si le travail mémoriel et historique a été long et difficile en France, il demeure inexistant en Algérie où le récit officiel de la guerre et de ses conséquences est un sujet éminemment politique, donnant lieu à une version officielle et strictement incontestable. « Au nom de la France, je dis aux harkis et à leurs enfants, à voix haute et solennelle, que la République a alors contracté à leur égard une dette », a déclaré Emmanuel Macron, devant près de 300 invités à l’Élysée, le 20 septembre, cinq jours avant la journée d’hommage national, prévue, en accord avec le rapport Stora, le 25 septembre.
Cette initiative a immédiatement été interprétée par le pouvoir algérien en place comme une manifestation d’hostilité. En Algérie, les harkis sont toujours considérés comme des traîtres et, pour un pouvoir algérien, notamment militaire, menacé par le récent mouvement du hirak, la mémoire de la guerre d’Algérie reste un sujet aussi tabou que vital. À partir des préconisations du rapport Stora, une crise diplomatique s’est donc enclenchée, qui a culminé en octobre avec le rappel de ses ambassadeurs par Alger, après la sortie d’Emmanuel Macron sur la « rente mémorielle ». On peut deviner, derrière les récents propos d’Emmanuel Macron, une visée électorale mais il est clair que, pour un pouvoir algérien de plus en plus fragilisé et lancé dans une politique de confrontation tous azimuts, également avec son voisin marocain, les mémoires de la guerre d’Algérie doivent rester des mémoires mortes.
SOURCE : https://lincorrect.org/editorial-monde-de-novembre-france-algerie-les-memoires-mortes-lincorrect/
Nous venons donc de lire : « Le traitement de la mémoire de la guerre d’Algérie a été problématique durant un demi-siècle en France et donné lieu tout d’abord à une politique d’amnistie que beaucoup ont voulu assimiler à une politique d’occultation pure et simple. En témoigne la série de décrets, adoptés dans les années qui suivent la fin du conflit : ceux des 20 mars et 14 avril 1962, effaçant « les infractions commises avant le 20 mars 1962 en vue de participer ou d’apporter une aide directe à l’insurrection algérienne » et celles « commises dans le cadre des opérations de maintien de l’ordre dirigées contre l’insurrection algérienne. » Cinq lois d’amnistie ont suivi ces décrets – en 1964, 66, 68, 82 et 2005 – qui concernaient les membres de l’OAS et ceux qui avaient soutenu ou participé au putsch de 1961.
Rien d’étonnant alors si on a vu inaugurer toute une série de monuments, de stèles en hommage aux criminels et terroristes de l’OAS :
Les monuments de l’Algérie française
en France méditerranéenne
Article écrit par le regretté François Nadiras en 2011. Merci de cliquer sur tous les liens de cette couleur pour avoir le maximum d'informations :
Les monuments les plus significatifs rendant hommage à l’OAS ... sans oublier le rond-point Bigeard d’Aix-en-Provence et, bientôt, celui de Banyuls.
Le mémorial des rapatriés à Nice (1973)
Ce mémorial, à l’initiative de la Fédération des Associations de rapatriés des Alpes Maritimes, a été inauguré le 25 février 1973, dans le Jardin d’Alsace-Lorraine, en présence de Jacques Médecin, sénateur-maire de Nice.
Roger Degueldre, chef du commando delta de l’OAS qui a assassiné les six inspecteurs des centres sociaux éducatifs le 15 mars 1962 à Alger, y est célébré comme un héros. Une petite plaque dans l’herbe, au pied du monument précise d’ailleurs : « Aux martyrs de l’Algérie française », et voici l’inscription gravée sur le socle :
Les nostalgiques de l’Algérie française sont venus le 23 avril 2011 devant ce monument pour célébrer le cinquantième anniversaire du putsch d’Alger.Pour en finir avec la répétition des mythes et l’instrumentalisation des douleurs, la section de Nice de la Ligue des droits de l’Homme, en lien avec toutes les associations républicaines, prépare une rencontre sur le thème de la reconnaissance des réalités de cette période de notre histoire et de la réflexion sur ses conséquences aujourd’hui.
Le monument aux martyrs de l’Algérie française à Toulon (1980)
Un monument doté d’une histoire étonnante – il a été détruit quelques jours avant d’être inauguré. Une histoire méconnue de la plupart des Toulonnais car la mairie qui fleurit régulièrement le monument se refuse à lui adjoindre une notice explicative écrite par des historiens.
Pour en savoir plus sur ce monument “historique”, consultez donc cette page.
Le monument de Perpignan (2003)
La stèle OAS du cimetière du Haut-Vernet à Perpignan.
La stèle des “fusillés de l’Algérie française”, inaugurée le 5 juillet 2003 au cimetière du Haut-Vernet de Perpignan en présence du premier adjoint, symbolise la mort d’un condamné au peloton d’exécution. Sous cette icône est gravée l’inscription : « Terre d’Algérie », et, en-dessous, une autre plaque énumère quatre noms : Bastien-Thiry, Degueldre, Dovecar et Piegts.
Le collectif de Perpignan, dont la LDH fait partie, demande que cette stèle qui « porte atteinte à la neutralité des cimetières », soit déplacée vers un lieu privé. Le préfet des Pyrénées-Orientales a interdit la cérémonie d’hommage prévue par des ex-OAS le lundi 7 juin 2010 – anniversaire de l’exécution en 1962 d’Albert Dovecar et Claude Piegts, membres du commando de l’OAS qui a assassiné Roger Gavoury commissaire central d’Alger, le 31 mai 1961.
La plaque du cimetière de Béziers (2003)
Cette plaque commémorative, avec des photos des quatre membres de l’OAS qui ont été fusillés après avoir été condamnés à mort, a été inaugurée le 6 décembre 2003 :
Photo Olivier Got.
La Ligue des droits de l’Homme demande que les monuments de ce type, notamment à Perpignan, Béziers, Marignane, soient retirés des espaces publics que sont les cimetières.
Le monument de Marignane (2005)
La stèle qui est exposée au cimetière Saint-Lambert de Marignane est semblable à celle de Perpignan, mais son habillage a varié dans le temps ainsi que son emplacement – voyez ce dossier.
La stèle de Marignane (cliché du 7 juillet 2005)
France-Algérie, les mémoires mortes ce sont aussi celles-ci en 2021 pour le président Macron qui a choisi son camp... la mémoire des factieux plutôt que le souvenir de grands démocrates :
Le 1er juin 2021 – 10h30
Jean-François GAVOURY écrit
sur sa page Facebook
Il y a soixante ans jour pour jour, heure pour heure, ma mère et moi apprenions par une radio périphérique l’assassinat de mon père à Alger, dont il était le commissaire central : il avait été tué la veille à 23h30.
Nous vivions à Charleville, dans les Ardennes ; je venais d’avoir onze ans.
En même temps, à titre associatif, que celui de l’ensemble des victimes civiles et militaires de l’OAS en Algérie et en France, je porte avec fierté le souvenir de ce père.
Alger a pu compter sur Roger Gavoury de février 1960 à mai 1961, parfois dans des circonstances d'extrême tension, en particulier lors des manifestations musulmanes du 11 décembre 1960 au cours desquelles il s’est physiquement interposé pour éviter que leur répression par des parachutistes désireux d’en découdre ne se solde par un véritable carnage.
Dès hier, l'Algérie, au travers de son quotidien "El Watan", a tenu à rendre hommage à sa mémoire en lui donnant et en me donnant la parole.
La France n'en a pas fait autant, dont j'avais sollicité en vain le chef d'État à cette fin.
Entre victimes et partisans de l’OAS, il a fait le choix d’honorer ostensiblement ces derniers le 26 mars : deux mois après, ses conseillers le lui ont fait assumer.
En d’autres termes, l’Algérie reconnaît les victimes de l’OAS cependant que la France les ignore.
L’article dont il s’agit a occupé une pleine page de l’édition papier du journal.
Voici, infra, la reproduction de sa version en ligne.
Jean-François Gavoury
Pupille de la Nation
Orphelin de guerre
Officier de l’Ordre national du Mérite
Médaille d’honneur de la police
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EL WATAN
[Source : https://www.elwatan.com/.../60e-anniversaire-de...]
C O N T R I B U T I O N
JEAN-FRANÇOIS GAVOURY 31 MAI 2021 À 10 H
EXCLUSIF
60e ANNIVERSAIRE DE L’ASSASSINAT DE ROGER GAVOURY : Le premier fonctionnaire français tué par l’OAS
Je vous le rappelle au nom du droit des morts à la parole et à la mémoire : l’OAS m’a tué !
C’était il y a soixante ans, jour pour jour.
C’était surtout quarante jours après le putsch d’Alger : Alger, où j’avais la charge du maintien de l’ordre et de la sécurité publique.
Sur le moment, les autorités civiles, militaires et judiciaires ont fait les choses en grand :
- j’ai bénéficié d’une cérémonie d’obsèques solennelle en l’École de police d’Hussein-Dey ;
- on a déposé sur mon cercueil, outre la croix de la Valeur militaire avec étoile d’argent qui m’avait été attribuée à la date du 21 avril 1961 (!), la médaille de chevalier de la Légion d’honneur et la médaille d’honneur de la police, décernées ces dernières à titre posthume ;
- j’ai été cité à l’ordre de la Nation ;
- on m’a promu contrôleur général de la sûreté nationale ;
- une fois ma dépouille transférée en métropole, le ministre de l’intérieur, Roger Frey, s’est rendu sur le lieu de ma sépulture et a assisté à mon inhumation ;
- les participants à mon assassinat ont été identifiés, recherchés, interpelés, traduits en justice et, pour trois d’entre eux, condamnés à mort et exécutés ;
- mon nom est inscrit sur une stèle présente depuis juin 2005 dans l’enceinte de l’institution qui forme les commissaires de police à Saint-Cyr-au-Mont-d’Or ;
- il est également gravé sur deux monuments aux morts, car mon acte de décès a été revêtu en novembre 1961 d’une mention marginale : « Mort pour la France ».
Nombre de mes collègues, de hauts fonctionnaires, de journalistes, d’historiens m’ont consacré quelques pages de leurs ouvrages, contribuant ainsi à l’entretien de mon souvenir, au détriment cependant de la considération due à tant d’autres policiers de tous grades et membres des forces de l’ordre abattus par l’OAS et soumis à la loi de l’oubli.
Le sort particulier qui m’a été réservé, je le dois à la date de mon assassinat davantage qu’à l’émotion suscitée par les circonstances dans lesquelles il a été commis.
J’ai en effet été la première victime causée par cette organisation dans les rangs de la fonction publique de l’État.
Mais que reste-t-il, aujourd’hui, de tout cela ?
Je laisse au plus jeune de mes fils, devenu orphelin de guerre à l’âge de onze ans, le soin de vous l’exposer, investi qu’il est depuis une quinzaine d’années dans la défense, contre vents mauvais et marées brunes, de la mémoire de l’ensemble des victimes de l’OAS.
Roger Gavoury
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Il y a soixante ans jour pour jour, deux des membres du "quarteron de généraux en retraite", Maurice Challe et André Zeller, étaient condamnés par le Haut Tribunal militaire à quinze ans de détention criminelle pour s’être rendus « coupables l'un et l'autre d'avoir en avril 1961, et notamment les 21 avril et jours suivants, en tout cas depuis temps non prescrit, sciemment dirigé et organisé un mouvement insurrectionnel ».
Il y a soixante ans jour pour jour, l’OAS assassinait à coups de poignard de parachutiste le commissaire central d’Alger, Roger Gavoury, faisant de mon père le premier fonctionnaire de l’État tué par cette organisation. Celle-ci s’était signalée quatre mois auparavant en poignardant dans le dos un avocat libéral algérois, Me Pierre Popie : c’était le 25 janvier 1961, quelques jours avant l'acte de naissance officiel de ce groupe armé qui ne tardera pas à s’ériger en authentique partie belligérante dans le cadre de ce conflit entre la France et sa colonie algérienne.
Dans les quarante-huit heures suivant la mort de mon père, Le Monde écrira : « Commissaire central à Casablanca et, après l'indépendance marocaine, principal conseiller français du gouvernement chérifien pour les questions concernant la police, M. Roger Gavoury avait pu attirer sur lui, au Maroc ou à Paris, la haine d'éléments extrémistes. »
En poste au Maroc d’août 1955 à février 1959, il aura connu, en effet, le changement de statut de ce pays et en aura techniquement assisté les responsables pour ce qui concerne l’organisation de la direction générale de la sûreté nationale (fondée le 16 mai 1956 et confiée à M. Mohammed Laghzaoui) ainsi et surtout que pour la mise en place de la relève des fonctionnaires de police français (3822 au 2 mars 1956) par des personnels marocains (1774 à la même date).
Mais il ne connaîtra pas l’indépendance de l’Algérie alors même qu’en prenant ses fonctions de commissaire central le 23 mai 1961, il s’était adressé à ses collaborateurs en ces termes : « L’horizon commence à blanchir et bientôt, je l’espère, luira sur l’Algérie l’aube de la paix. Je voudrais, de toute mon âme, être le Central de la pacification, la vraie cette fois, celle des esprits. Je rêve d’une Alger où les hommes s’entr’aiment enfin, sans plus être séparés par des races, des religions ou des mers. »
Survivant à une blessure contractée lors d’une opération de maintien de l’ordre au Maroc grâce à l’un de ses collaborateurs secouriste, payant de sa personne en se portant constamment aux endroits où la violence des manifestations algéroises de décembre 1960 prenait la forme la plus dangereuse, afin de limiter les heurts entre les communautés, visé par un attentat au plastic commis dans son studio le 14 avril 1961, mon père se croyait protégé par le sort. Mais la baraka ne vaut pas assurance contre la mort.
Privé dès l'enfance du droit à la vie ou à la vue, privé d'un bras, d'une jambe ou du membre le plus proche de leur famille, tel a été le sort des victimes de la guerre d'Algérie.
Respectueux de leur devoir filial de mémoire, les descendants de victimes civiles et militaires de l'OAS ont dû assister, impuissants, à l'absence de devoir de mémoire de l'État et se résoudre à se passer de la reconnaissance officielle par la Nation de leur souffrance si singulière.
C’est en vain que j’ai attendu, quatre longues semaines durant, l’annonce par le Président de la République d’un geste à l’occasion du 60e anniversaire de l’assassinat de mon père : cf. infra le texte de la correspondance dont je l’ai rendu destinataire le 1er mai (extraits).
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Pour l'honneur retrouvé de l'État face aux nostalgiques du putsch d'Alger.
Dans le cadre d'une cérémonie associative encadrée par des partisans du putsch des généraux et d'anciens jusqu'au-boutistes de l'Algérie française, Madame la ministre Geneviève Darrieussecq a déposé en votre nom, le vendredi 26 mars, une gerbe de fleurs devant le Mémorial national des "Morts pour la France" en AFN, quai Branly à Paris.
Dans le prolongement immédiat de ce geste en leur direction, un ancien officier de gendarmerie ayant appartenu au "SO" du Front national et un général radié des cadres de l'armée à titre disciplinaire par décret du 23 août 2016 se sont attelés à la rédaction d'un pronunciamiento, puis à la recherche de soutiens y compris parmi les militaires d'active, et ils ont fait publier leur texte dans un hebdomadaire le jour même du 60e anniversaire du putsch d'Alger le 21 avril 1961.
Dans l'exercice de ses fonctions à la tête des services de maintien de l'ordre républicain dans le Grand Alger, mon père, Roger Gavoury, commissaire central adjoint puis commissaire central, a dirigé la lutte contre l'OAS, dont il a été la première victime dans les rangs de l'État, le 31 mai 1961 : il a été cité à l’ordre de la Nation et la mention "Mort pour la France" a été apposée sur son acte de décès. Trois des dix participants à son assassinat ont été condamnés à mort et exécutés.
Il me paraît y avoir lieu de lever toute ambiguïté sur le sens à donner à votre contribution à la commémoration de la manifestation algéroise du 26 mars 1962 intervenue sur appel de l'OAS à l’insurrection ; il importe également d’exprimer votre désapprobation à l'égard de ceux qui, aujourd'hui, déshonorent la République en rompant ce pacte de neutralité et de loyauté auquel ils sont légalement tenus.
C’est dans cette double perspective que je vous propose de bien vouloir vous recueillir avec moi, le 31 mai, devant la première stèle érigée par une collectivité publique « EN HOMMAGE À TOUTES LES VICTIMES DE L'OAS EN ALGÉRIE ET EN FRANCE, CIVILS, MILITAIRES, ÉLUS, MAGISTRATS, FONCTIONNAIRES, DÉFENSEURS DES INSTITUTIONS ET DES VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE » : elle a été dévoilée le 6 octobre 2011, au cimetière du Père-Lachaise, par M. Bertrand Delanoë, alors maire de la capitale.
***
Rien n’est venu, alors même que sa présence en ce lieu et à cette date aurait pu consacrer sa conception conciliatrice des mémoires de la guerre d’Algérie en en élargissant le champ.
La proposition que je m’étais permis de lui soumettre ne tendait pas à obtenir un geste compensatoire ou de réparation de l'erreur ayant consisté à honorer le souvenir d'alliés objectifs de l'OAS sans s'être soucié au préalable des quelque 2.700 victimes de cette partie belligérante dans le conflit entre la France et l'Algérie.
Il s'agissait, en effet, d'une demande positive, visant à ce que soit posé un acte ayant valeur de symbole d'un sursaut mémoriel au bénéfice des serviteurs loyaux des institutions de la République à l'époque où celle-ci vacillait.
Bien entendu, l’intervention entendait également montrer à Monsieur Emmanuel Macron l’état de vigilance et le niveau d’exigence des familles de victimes de l'OAS au regard du respect du principe de pluralité dans la gestion de la politique publique de mémoire concernant la guerre d’Algérie.
Que M. Benjamin Stora reçoive ici l’expression de ma vive gratitude, puisqu’il était disposé à prendre part à cet hommage aux côtés du chef de l’État et de représentants de deux associations de victimes.
Ci- dessous :
Immeuble 4, rue du docteur Trolard à Alger.
Vue extérieure du studio n° 515 (côté impasse du docteur Trolard) occupé par une voisine de M. Roger Gavoury, commissaire central adjoint, locataire de l’appartement n° 513, après l’explosion, survenue le 14 avril 1961 [l’attentat, revendiqué par l’OAS, a été commis à l’aide d’une charge de plastic déposée devant la porte du logement faisant face à celui du commissaire Gavoury, dévastant les deux appartements].
7 commentaires
Ô combien je partage avec vous Jean-François Gavoury cette mémoire de nos pères assassinés, ainsi que votre déception devant l'absence de réponse présidentielle à votre demande.
Toutes mes pensées, amitiés fidèles
Cet anniversaire ne doit pas être facile à vivre pour toi, cher jean François. Bien amicalement
Mon amical et fraternel soutien ton ami Jean.
Je comprends la souffrance d'une telle situation, cependant il faut avoir confiance dans l'avenir, car les cause justes triomphent toujours.
Georges Eretzian Merci beaucoup de votre intervention. Je suis moi-même convaincu que les causes justes finissent toujours par triompher. S'agissant de celle que mon association et moi portons, j'avoue préférer la voir s'imposer ... de mon vivant ! Bien cordialement.
Cher Jean-François, merci de ce rappel, bien nécessaire en ce temps où la bête immonde est à nos portes.
Une nouvelle fois le président Macron à choisi son camp... la mémoire des factieux plutôt que le souvenir de grands démocrates.
Mon soutien fraternel et amical.
« Instituteur pendant la guerre d'Algérie Guy Beaujard était venu faire la guerre à la guerrePascal Blanchard. «La “repentance” sert à brouiller la capacité de penser le passé» ! »
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Commentaires
2PhilippeMercredi 10 Novembre 2021 à 15:02On a tous connu Chirac de droite et Chirac de gauche. La mémoire sur la guerre d'Algérie c'est pareil, au début elle était de gauche, et depuis Chirac elle est devenu de droite et en France en ce moment c'est comme si le rêve de martin Luther king était considéré comme une farce et que la ségrégation raciale en Amérique n'avait jamais existé: c'est ça le wokisme et Chirac était un woker il a fait croire à toute une génération du XXIème siècle au bien fait du colonialisme, le colonialisme de la conférence de Brazzaville
Question posée par l'actualité : va-t-on continuer à masquer les méfaits du colonialisme ainsi que la nature de la guerre menée en Algérie et qui avait pour objectif de perpétuer un tel système social ?
Ce qui se passe en Algérie avec le Hirak est un autre problème. Nous pouvons avoir notre opinion sur lui, de la même façon que sur la dégradation socio-économique à laquelle nous sommes confrontés en France. Mais ce qui est à l'ordre du jour c'est un jugement sur cette période de notre histoire.
Une période douloureuse pour les Algériens et aussi pour les jeunes Français qui ont eu le malheur d'avoir 20 ans en ces temps-là. Des souffrances qu'on aurait pu éviter si on avait accepté de prendre acte plus tôt de la réalité du colonialisme.
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Que dire? Je suis, moi aussi, scandalisée par le choix du Président Macron d'honorer les factieux plutôt que les victimes de la sinistre OAS!