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Guerre d’Algérie: « pas question d’écrire une histoire commune » (Benjamin Stora)
« Je constate que Benjamin Stora et son homologue algérien Abdelmadjid Chikhi sont d’accord sur un point : pas question d’écrire une histoire commune. Je pose une seule question qui m’intéresse vraiment : la France officielle reconnaîtra-t-elle un jour ses crimes d’Etat, de guerre et contre l’humanité lors de la colonisation de l’Algérie qui a duré 132 ans terminée par la SALE guerre d’indépendance de près de 8 longues années ? Et j'ajoute ce qu'écrit si souvent mon camarade Jacques Cros n'oubliez pas les appelés du contingent dont l'histoire semble occultée..." il écrit :
« Un point qui concerne plus précisément la France c’est le sort qu’elle a fait subir aux jeunes qui ont eu 20 ans à cette époque. Ils ont ainsi perdu de longs mois de leur jeunesse quand ce n’est pas pire. Et là il y a, c’est notoire, carence dans l’organisation qui est censée les représenter »
Michel Dandelot
Guerre d’Algérie: « pas question d’écrire une histoire commune » (Benjamin Stora)
10 août 2020 Par Agence France-Presse
Il n’est « pas question d’écrire une histoire commune de l’Algérie », dans le cadre de la mission qui lui a été confiée par l’Elysée pour favoriser une réconciliation franco-algérienne, affirme lundi l’historien français Benjamin Stora dans une interview à un média algérien.
Il n’est « pas question d’écrire une histoire commune de l’Algérie », dans le cadre de la mission qui lui a été confiée par l’Elysée pour favoriser une réconciliation franco-algérienne, affirme lundi l’historien français Benjamin Stora dans une interview à un média algérien.
M. Stora a été chargé par le président français Emmanuel Macron de « dresser un état des lieux juste et précis du chemin accompli en France sur la mémoire de la colonisation et de la guerre d’Algérie ».
Dans une démarche parallèle, le président algérien Abdelmadjid Tebboune a nommé un spécialiste, Abdelmadjid Chikhi, directeur général des archives algériennes, pour mener un travail de « vérité » sur les questions mémorielles entre les deux pays.
« Dans la mission confiée par le président français, Emmanuel Macron, je dois remettre un rapport faisant un état des lieux sur l’histoire des rapports entre la France et l’Algérie », explique Benjamin Stora, dans une interview au quotidien francophone Le Soir d’Algérie.
« Il n’est pas question d’écrire une histoire commune de l’Algérie, mais d’envisager des actions culturelles sur des sujets précis, à déterminer, comme par exemple les archives ou la question des disparus », souligne l’historien.
Dans un récent entretien avec l’AFP, M. Chikhi a lui aussi estimé qu’« il ne s’agit pas d’écrire l’Histoire » mais « de voir comment amener les deux pays à gérer leurs mémoires ».
Dans la même interview, Benjamin Stora, qui a été critiqué pour avoir une vision « partiale » de la guerre d’Algérie, attribue les attaques dont il a fait l’objet aux « héritiers des ultras de l’Algérie française qui n’ont jamais accepté l’indépendance ».
« La bataille pour la décolonisation des imaginaires est une entreprise de longue durée », observe-t-il.
Né en 1950 à Constantine en Algérie, Benjamin Stora est l’un des spécialistes les plus réputés de l’histoire de l’Algérie, en particulier de la guerre (1954-1962) qui déboucha sur l’indépendance du pays.
France-Algérie : « Les archives coloniales relèvent d’un patrimoine commun »
Selon l’historien Fouad Soufi, les documents relatifs à la colonisation constituent « un héritage à partager » et les restitutions devraient être étudiées au cas par cas.
Une personne consulte des tracts distribués par l’armée française pendant la guerre d’Algérie, dans une salle du service historique de l’armée de terre du fort de Vincennes, en 2001. DANIEL JANIN / AFP
Fouad Soufi est un historien et archiviste algérien, chercheur au Centre de recherche en anthropologie sociale et culturelle (Crasc) d’Oran et ancien sous-directeur à la Direction générale des archives nationales d’Algérie. Alors que Paris et Alger ont récemment amorcé un dialogue sur la mémoire franco-algérienne, il estime que la question des archives, l’un des volets du litige entre les deux pays, devrait être appréhendée à travers le concept de « patrimoine commun ».
Quels gestes la France pourrait-elle faire pour apaiser le contentieux mémoriel avec l’Algérie ?
Le problème mémoriel n’est pas, à mon avis, un contentieux aussi grave qu’il n’y paraît. Encore faut-il que chacun écrive sa part d’histoire et que celle-ci soit acceptée par l’autre. Il faut bien commencer par arrêter ce conflit. Toute démarche qui va dans le sens de l’échange, de l’ouverture, est respectable.
Comment les historiens algériens appréhendent-ils ce dialogue mémoriel ?
« Ce qui s’écrit en Algérie relève souvent plus de la mythologie que d’une vision académique de l’histoire. »
Les historiens algériens qui regardent cette période de manière objective, comme un problème d’histoire et non comme un problème politique, sont très mal vus. Il y a du chemin à parcourir avant qu’ils ne fassent leur place. Entre le volume de pages qui s’écrivent en France sur cette histoire commune et ce qui s’écrit en Algérie, le déséquilibre est trop grand pour qu’on arrive à quelque chose. Ce qui s’écrit chez nous relève encore souvent plus de la mythologie que d’une vision académique de l’histoire. En France aussi, ce travers existe, mais il n’est pas majoritaire. Les historiens français nous ont montré qu’ils étaient capables d’avoir une vision objective et saine de cette histoire. De notre côté, malheureusement, les conflits historiographiques ont été mêlés à la politique. Il s’agit souvent plus de conflits internes que de conflits avec la France.
L’une des dimensions de ce contentieux est la domiciliation des archives relatives à la présence coloniale française en Algérie. Quel est votre point de vue d’historien sur le sujet ?
La question des archives est le nœud gordien de toute cette affaire. La régler reviendrait à admettre, côté algérien, que la guerre de libération nationale, c’est de l’histoire, un objet qu’il faut appréhender comme événement historique. Et côté français, ce serait reconnaître que l’Algérie est un autre pays, un pays comme un autre.
Au moment de l’indépendance de l’Algérie, en 1962, la France a rapatrié en métropole les archives dites de « souveraineté », tout en laissant aux Algériens les archives dites de « gestion ». Faut-il restituer à l’Algérie les archives originales de « souveraineté », comme certains le réclament ?
Où s’arrête la souveraineté et où commence la gestion ? On ne peut pas « gérer » sans avoir une relation avec la « souveraineté ». Je fais partie de ceux qui disent : « On commence par reconnaître que ces archives sont nées en Algérie. Elles n’ont de sens que par rapport à l’Algérie. Elles ne peuvent que rester en Algérie. » Et là il n’y a ni souveraineté ni gestion. Ensuite, ce qui me paraît le plus important, c’est de revenir au concept de « patrimoine commun » qui intéresse autant les Français que les Algériens. Dans ces conditions, les restitutions devraient être étudiées au cas par cas, par fonds, par séries et même par sous-séries.
« La plus belle leçon qu’on pourrait donner au monde, ce serait d’admettre que ces archives sont à la France et à l’Algérie. »
Bien sûr, cela contredirait le principe archivistique fondamental de « respect des fonds ». Je pense personnellement que ce principe peut être dépassé par celui de « bien commun », de « bien culturel commun » que l’on peut partager. Il y a des fonds, de gestion comme de souveraineté, qui intéressent en priorité les Français, et d’autres qui intéressent en priorité les Algériens. L’ensemble de ces fonds constituent un bien ou un patrimoine commun. Il s’agit d’un héritage à partager entre héritiers. Au plan archivistique, cela semble compliqué, mais c’est ce que le Danemark a fait avec l’Islande, puis avec les îles Feroé et le Groenland. Il n’y a pas eu de drames.
La plus belle leçon qu’on pourrait donner au monde, ce serait d’admettre que ces archives sont à la France et à l’Algérie, qu’elles sont à l’Algérie et à la France.
Avez-vous toujours défendu cette ligne ?
Quand la France, sous François Mitterrand, avait proposé ce principe de « patrimoine commun », j’étais à l’époque un peu radical – ce devait être la jeunesse – et je soutenais : « Oui, bien commun, mais les originaux rentrent chez nous et vous gardez les copies. » Maintenant, je pense qu’il faut en discuter, on peut utiliser positivement ce bien commun. On peut se mettre d’accord autour de dossiers à régler au cas par cas. Car si on prend l’option de faire des copies, on en a pour un siècle.
Une fois le partage opéré entre les deux Etats, il y a la question de l’accès des chercheurs à ces archives. Or, les entraves politico-bureaucratiques ne manquent pas…
Bien sûr, si des historiens français doivent venir consulter des archives en Algérie, ils doivent pouvoir le faire sans passer par un système bureaucratique qui n’a d’autre objet que de fermer l’accès aux archives. Déjà, les historiens algériens rencontrent des difficultés. Ils se plaignent. On ne leur dit jamais « non », mais plutôt « on ne trouve pas ». Les historiens français qui sont venus ici ont eu plus de facilités. J’en suis heureux pour eux, d’autant qu’ils ont réalisé de bons travaux.
Dans l’autre sens, comment se passent les recherches effectuées en France par les historiens algériens ?
C’est difficile. Il leur faut obtenir un visa et financer des déplacements à Aix-en-Provence, siège du Centre des archives d’outre-mer, ou à Vincennes pour les archives militaires. Cela coûte, c’est compliqué. Mais, à ma connaissance, ils ont obtenu ce qu’ils ont demandé.
Etes-vous optimiste quant à une perspective de réconciliation mémorielle ?
Il faut bien que ça s’arrête. Ça fait quand même soixante ans que ça dure. Il faut bien un jour se regarder en face et se dire : « Les gars, calmons-nous, la guerre est finie. » Alors, bien sûr, c’est difficile pour des victimes qui ont tout perdu, leur maison, parfois leurs parents ou leurs enfants. Mais la souffrance des uns ne doit pas faire oublier la souffrance des autres. Là aussi, c’est une souffrance commune due à une guerre. On ne peut pas continuer de mépriser les uns ou les autres.
Le président Tebboune a dit « souhaiter » des excuses de la part de la France. Pensez-vous que cette exigence doive constituer un préalable à la réconciliation ?
J’ai l’impression que M. Tebboune a « souhaité » ces excuses sans grande conviction. Oui, demandons des excuses, ça ne mange pas de pain. On peut aussi demander des excuses globalement à l’Europe. Après on demandera globalement des excuses au capitalisme puis au communisme et même à l’islamisme. Mais alors il faudra demander des excuses à l’histoire mondiale tout entière. Bon, j’exagère. Ce que je veux dire, c’est : pourquoi pas, mais qu’est-ce que ça va changer aux mentalités ? De toute façon, les extrémistes des deux côtés, en Algérie comme en France, ne se satisferont jamais de rien.
Entre ces deux pôles extrémistes, n’y a-t-il pas, des deux côtés de la Méditerranée, une opinion médiane mûre pour une réconciliation mémorielle ?
« Le système colonial est un système négatif qui ne pouvait être que raciste et indifférent à la souffrance des Algériens. »
Elle existe. Du côté des historiens, les échanges n’ont jamais cessé. Et du côté de la population, autant qu’il m’en souvienne, il y a eu de fructueux échanges, avec ces visites en Algérie de pieds-noirs qui sont revenus revoir leurs maisons, leurs amis. Tout le monde les a très bien accueillis. Bien sûr, certains de ces pieds-noirs en ont faussement conclu : « Les Algériens nous regrettent. » Oui, ils vous regrettent, car on regrette toujours un ami qui est parti. Mais ils ne vous regrettent pas en tant que membres d’un système qui ne pouvait être que raciste, qui ne pouvait être qu’indifférent à la souffrance des Algériens. Le système colonial est un système négatif car le racisme en est consubstantiel. Il a produit, en particulier, cet esprit « petit Blanc ». C’est normal, car à force de dire à n’importe qui qu’il est « supérieur au meilleur des Arabes », il va finir par le croire.
Cet esprit « petit Blanc », il continue peut-être un petit peu. Mais tant que c’est en France, cela ne nous intéresse pas. En Algérie même, quand ces pieds-noirs reviennent, ils sont chaleureusement reçus, même s’il peut y avoir certaines critiques. Des gens ont pu dire : « Ils nous ont tués. » Oui, mais ce ne sont pas ces personnes-là. C’est très complexe, il y a de tout. Oui, il y a le capitaine des paras qui torture, mais il y a aussi le médecin qui soigne et qui sauve la vie d’un prisonnier. Oui, il y a des prisonniers qui ont été jetés du haut d’hélicoptères, mais il y a aussi des appelés qui ont laissé s’enfuir des condamnés à mort qui étaient aux mains des parachutistes. Il y a des histoires très compliquées. C’est pour cela que j’ai fini par défendre l’idée d’un patrimoine commun.
« 75 ans après Hiroshima : comment l'histoire d'un crime de guerre a été réécrite« Des héritiers de l’Algérie française » qui nient l’indépendance de l’Algérie ? »
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Commentaires
Un officier avait certainement plus de possibilités d'intervenir qu'un deuxième classe. Je n'ai vraiment pas eu l'occasion de m'opposer à un ordre qui m'était donné. Sauf une fois peut-être. J'étais de garde à l'entrée du bordj quand des Algériens s'en sont pris à l'adjudant-chef qui était débordé. Je n'ai jamais su le motif de cette manifestation. L'adjudant-cher m'a crié "Mais tirez !". Ce n'était pas véritablement un ordre, plutôt un aveu d'impuissance. J'ai simplement souri ! Une autre fois on m'a donné à garder des gens qui avaient été "interrogés" toute la nuit. Que pouvais-je faire ? Manifester par mon regard de la compassion, c'est tout ce que j'ai pu faire. Nous étions dans une certaine logique et devions nous exécuter. Une autre fois j'ai protesté contre des violences dont j'ai été témoin. Mais c'était le 19 mars 1962 dans l'après-midi et le droit était de mon coté.
J'ai un copain qui après des exactions commises sous ses yeux a refusé de hisser les couleurs en haut du mât, il les a arrêtées à mi-course. Mais il état maréchal des logis et son capitaine, très chrétien, avait manifesté sa désapprobation à propos des exactions qui avaient été commises. Dans un autre contexte une telle attitude était vraiment risquée de la part du maréchal des logis.
On peut se raconter des histoires. On n'avait pas vraiment la possibilités de s'opposer. Evidemment on n'était pas obligé de faire du zèle, ce que je me suis bien garder de faire !
4Hairault PaulMardi 11 Août 2020 à 18:12Dans mon ouvrage: "les bagnards d'Assi Bou Nif" je parle de Benjamin Stora:
Le 17 avril 2002, j’ai été choisi avec sept autres « anciens d’Algérie » pour témoigner lors d’une journée de formation organisée par les professeurs d’histoire de la région. C’était près de Poitiers, au Futuroscope, il y avait 150 professeurs, les quatre directeurs départementaux d’offices d’anciens combattants, un inspecteur général de l’éducation nationale et surtout l’historien Benjamin Stora.
J’étais le seul témoin des Deux-Sèvres. Après avoir lu mon livre le président départemental de l’association des professeurs (APHG) m’avait contacté et invité à cette grande journée. La matinée fut consacrée à nos témoignages. De nombreux camarades parlèrent de leurs souffrances morales et physiques, deux d’entre nous furent blessés dans des accrochages avec l’ALN. Ils parlèrent aussi de l’indifférence générale ressentie à leur retour et ils déplorèrent les campagnes excessives faites pour dénoncer une torture ayant hélas, hélas existé, mais pour nous c’était trop, il fallait en parler, mais on en parlait trop. Lors de mon intervention, pendant vingt minutes, j’ai présenté mon ouvrage, ensuite, j’ai confirmé les opinions émises par mes camarades, à savoir que notre retour en métropole s’était fait dans l’indifférence générale et que maintenant nous subissions une campagne de dénigrement.
Cette journée avait deux objectifs : ajouter un acte civique (la mémoire contre l’oubli) et réhabiliter les archives orales, auxiliaires de l’histoire. Mais le moment fort de la journée fut la conférence de Benjamin Stora, professeur des universités, enseignant à l’Ecole des Langues Orientales et spécialiste de l’Algérie. J’ai été impressionné par la clarté de son propos. En deux heures, il retraça 170 ans d’histoire, 170 ans d’occasions perdues.
Au cours de cette journée, je pense que les jeunes professeurs se sont enrichis de nos témoignages. Je me souviens avoir vu, le soir même, sur FR3, un reportage consacré à cet événement. Une jeune enseignante avait bien résumé les difficultés de son métier : « Après un cours sur la guerre d’Algérie, le lendemain, mes élèves reviennent en disant : « ce n’était pas ça la guerre d’Algérie !» En effet le soir après les cours, avec les parents, les récits sont différents car les parents peuvent être des pieds-noirs, des Algériens, des militaires de carrière et aussi, bien sûr, des appelés du contingent. Quarante ans après, chacun pense encore détenir sa vérité ».
Pour moi, cette journée d’avril 2002 reste un très bon souvenir, Benjamin Stora m’a impressionné et j’ai été flatté : les organisateurs lui ont offert un exemplaire des « Dernières nouvelles du jour » mon 1er ouvrage concernant la guerre d'Algérie
J’ai revu plusieurs fois cet historien à la télévision, son discours est toujours aussi passionnant.Je n'ai pas oublié cette enseignante interrogée sur FR3.
Le choix des appelés n'était pas aussi dichotomique que ne l'indique Jacques Cros. Heureusement il y avait d'autres
attitudes possibles entre obéir et s'insoumettre. En tant qu' officier appelé j'ai pu éviter des conséquences graves. Et quand j'ai
appris il y a quelques années qu'aucun des harkis que je commandais, et qui étaient restés en Algérie, n'avait été tué, j'ai compris
que c'était une des conséquences positives de mes instructions concernant le comportement des soldats, et qui, pour la plupart,
allaient dans le sens d'une future indépendance
2Yvon PriouMardi 11 Août 2020 à 10:38Les Oubliés de la République seront-ils enfin reconnus ??
Il est toujours plus facile de commencer une guerre que de la terminer. Si dès septembre 1959, à travers son discours sur l’autodétermination du peuple algérien, le général de Gaulle « comprit » l’inéluctabilité de l’indépendance de l’Algérie, il fallut encore plus de deux ans pour parvenir à la signature des Accords d’Evian. Plusieurs dizaines de milliers de jeunes Algériens, qui avaient répondu à la conscription, servaient alors dans l’armée française et ils constituèrent le noyau de la Force d’Ordre, dite Force locale, devant assurer le maintien de l’ordre sous les ordres de l’Exécutif provisoire, entre le cessez-le-feu du 19 mars 1962 et le vote d’autodétermination du 1er juillet 1962 dont le résultat ne faisait guère de doute. Faute de cadres indigènes compétents en nombre suffisant (même après 130 ans de colonisation), des militaires français, engagés et 3 000 à 4000 appelés du contingent, furent affectés à ces unités de Force locale.
Par contre il sera difficile de reconnaître ceci ci-dessous ???
Récemment lu dans la revue «Science & Vie» - «Algérie 1954-62 - La dernière guerre des français»
M. Paul Delouvrier (1914- 1995) ancien Délégué Général du Gouvernement en Algérie, révélait «post mortem» que la France, par l’intermédiaire des compagnies pétrolières, «arrosait»les fellaghas pour que les gazoducs ne soient pas sabotés. Cette révélation était un secret de polichinelle, depuis longtemps éventé, mais qui devait rester tabou sous le fameux sceau du «Secret Défense».
Un hors série de Science et Vie, publié en octobre 2004, les révèle au grand public.
Dans ses confidences, Paul Delouvrier détaille les conditions dans lesquelles il a été nommé en décembre 1958 délégué du gouvernement en Algérie et explique qu’il a demandé - et obtenu - « un milliard de francs lourds par an [...] pour sortir le gaz du Sahara et l’amener à la côte ». « Pourquoi les tuyaux n’ont pas été transpercés ?
C’était facile avec les fellaghas. Simplement parce que je me suis entendu avec Tunis », où siégeait le Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA), selon Paul Delouvrier.
« Et le gaz est sorti parce que je me suis entendu pour que jamais les fellaghas ne le touchent », selon l’ancien représentant français à Alger, ajoutant que les compagnies pétrolières « ont arrosé suffisamment [...] des gens qui, après, allaient acheter des armes pour tuer des Français ».
Copie du Numéro 434 L’ancien D’Algérie Nos lecteurs écrivent Ou est la vérité ? Récemment dans la revue «Science & Vie» - «Algérie 1954-62 - La dernière guerre des français» M. Paul Delouvrier (1914- 1995) ancien DGG (*) en Algérie, révélait «post mortem» que la France, par l’intermédiaire des compagnies pétrolières, «arrosait» les fellaghas pour que les gazoducs ne soient pas sabotés. Cette révélation était un secret de polichinelle, depuis longtemps éventé, mais qui devait rester tabou sous le fameux sceau du «Secret Défense».Il est évident que cet «impôt révolutionnaire» servait à acheter des armes, dont la fameuse copie du Mauser allemand en Tchécoslovaquie, qui reproduisait même l’aigle nazi avec la croix gammée.
En caricaturant, on peut dire que nos proches, abonnés de GDF en France dans ces années-là, payaient les armes pour nous tuer !
Familier (**) du tronçon ferroviaire Biskra El Kantara-Batna je m’aperçus très vite, avec mes camarades, que les trains de wagons citernes de pétrole brut d’Hassi-Messaoud-Bône ou Philippeville n’étaient jamais l’objet de déraillements par mines, alors que, malgré des ouvertures de voies quotidiennes avec pelotons cynophiles, les trains de voyageurs ou de marchandises étaient périodiquement l’objet de ces attentats. D’autre part, ces mines, indétectables ou non détectées, étaient toujours placées dans des endroits où la voie ferrée était de part et d’autre très dégagée et jamais dans des zones au relief accidenté, pour que celle-ci ne soit pas trop longtemps obstruée... pour les convois pétroliers ! Pour ma part (**), je peux relater que le 30 novembre 1959, lors de la traversée de l’oléoduc, récemment achevé, au col du Foum el Zegag, le général d’armée Demetz (5 étoiles) vint en inspection par hélicoptère. Nous lui présentions les armes en tenue 46, sans aucune protection, sauf un GMC avec une tourelle de 12,7... Non montée et une quinzaine de militaires faiblement armés, et en pleine zone dite interdite Passivité des fells, efficacité du plan Challe, inconscience militaire ou accord tacite local avec les fells ? Suite aux révélations de M. Delouvrier, les Algériens ont réagi et rejeté - mollement et discrètement - ces arguments en insinuant que, sachant depuis 1954 l’indépendance de l’Algérie inéluctable, il ne fallait pas saboter les structures économiques du pays (ponts, barrages, gazoducs, oléoducs, etc.). Est-ce qu’un jour un historien digne de foi se penchera sur ce sujet que j’appellerai «La bataille du rail, du gaz et du pétrole en Algérie 1954-1962 » pour dire une vérité peut-être cruelle mais qui balaierait la fameuse Raison d’Etat, 40 ans après, pour devenir un fait historique ?
Jean Claude MARY 92370 CHAVILLE
Oui chacun des protagonistes doit être maître de son expression sur ce qu'il a vécu.
Les appelés du contingent ont-ils eu la possibilité d'aider les Algériens dans leur lutte pour leur indépendance et leur dignité ? S'il s'agit des idées je peux répondre par l'affirmative. Si la question concerne les actes spectaculaires comme certains soldats du refus ont pu le faire, je suis plus réservé. Nous étions pris dans l'engrenage militaire et sauf événement exceptionnel nous n'avions que l'obligation d'obéir. Ceux, très rares, qui ont choisi l'insoumission ont souffert cruellement du choix qu'ils avaient fait. Evidemment nous nous inclinons devant le courage dont ils ont fait preuve.
Oui, c'est l'idée à laquelle je suis profondément attaché. les anciens d'Algérie qu'ont été les appelés du contingent n'ont pas trouvé de structure leur permettant d'apporter leur contribution à la condamnation du colonialisme et de la guerre menée pour le maintenir. Leurs témoignages seraient pourtant précieux pour éclairer les générations actuelles sur une histoire qui a des échos dans notre actualité avec le regain de racisme et de xénophobie que l'on enregistre par ces temps de crise.
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Je pourrais citer une absence caractérisée de zèle dans l'accomplissement de ma tâche de soldat. L'histoire se passe en août 1960. J'étais a cette époque à la base arrière de mon régiment située à Aïn el Hadjar. Le passage d'une katiba dans le voisinage est signalé. Branle-bas de combat, sauf pour moi qui reste sinon l'arme au pied du moins dans le râtelier, C'est que je ne pouvais pas prendre le risque de présenter les armes à l'ennemi officiel. Il n'y a pas eu d'accrochage, j'ignore en fait comment l'affaire s'est soldée pour les "rebelles". Moi par contre j'ai été interpellé par le lieutenant qui commandait la base arrière pour ne pas 'être saisi de mon Garrand et ne pas avoir couru sus aux fellagas Je me suis justifié en avançant l'argument que je n'avais pas reçu d'ordre ! Il n'y a pas eu de suite. Je ne suis pas resté plus longtemps à la base arrière mais c'était sans rapport avec ce manque pourtant patent de zèle. Non c'est l'enquête de la sécurité militaire qui a jugé que je ne devais pas rester à un poste qui relevait du secret défense. Sans doute craignait-on que je ne communique le plan des cuisines aux Russes ! Je suis donc reparti en zone opérationnelle où vu tout ce qui m'a été confié, porter le poste radio, le fusil mitrailleurs, les sacoches permettant de le pourvoir j'ai compris que ma place était indispensable à cet endroit !