• Guerre d’Algérie Quatre anciens combattants brivadois se souviennent du cessez-le-feu il y a cinquante-cinq ans

    Guerre d’Algérie

    Quatre anciens combattants brivadois

     se souviennent du cessez-le-feu

     il y a cinquante-cinq ans

    Guerre d’Algérie  Quatre anciens combattants brivadois   se souviennent du cessez-le-feu   il y a cinquante-cinq ans

    Roger Charbonnier et Jean-Baptiste Albaret ( ), René Bresson et Jean Pougnet ( .) ont vécu le 19 mars 1962 en Algérie. © pomme labrousse

    Ils avaient à peine plus de 20 ans et ont compris ce jour-là que cette guerre qui a tu si longtemps son nom allait enfin se terminer. Quatre Brivadois racontent leur 19 mars 1962.

    Cette année, cela fera cinquante-cinq ans qu'ils en sont revenus. Les Brivadois Jean Pougnet, Roger Charbonnier, René Bresson et Jean-Baptiste Albaret sont nés en 1940. Demain, ils seront devant le Monument aux morts pour commémorer le cessez-le-feu de la guerre d'Algérie, entré en vigueur le 19 mars 1962.

    Même si les morts et les souffrances n'ont pas cessé ce jour-là, le 19 mars 1962 reste à leurs yeux « une date historique, quoi qu'on puisse dire. » Basé à Azazga, en grande Kabylie, Jean Pougnet ne se souvient pas exactement de ce qu'il a fait lors de cette journée-là. Il se souvient en revanche de l'ambiance sonore. « Il y avait des youyous, des klaxons…… Les habitants manifestaient leur joie. »

    « Nous, les appelés, nous étions heureux et fous de joie »

    Jean-Baptise Albaret était en caserne à Maison Carrée, près d'Alger. « À midi sur les ondes des radios, le général de corps des armées Ailleret nous a annoncé le cessez-le-feu en Algérie. Nous, les appelés, nous étions heureux et fous de joie d'en finir avec cette sale guerre. » Roger Charbonnier, alors à Oran, a aussi appris la nouvelle à travers le transistor. « Au début, on n'y croyait pas », assure René Bresson, qui se trouvait à Bougie (Bejaïa), entre Alger et Constantine, au bord de la mer.

    À Oran et ailleurs, les appelés célèbrent cet accord qui signifie pour eux le retour à la maison. « Le mess a travaillé, ce jour-là », sourit Roger Charbonnier. Mais Jean-Baptiste Albaret tempère : « j'ai eu plus peur après qu'avant. L'OAS (*) est passé à l'offensive. » Car le cessez-le-feu n'a pas signifié l'arrêt des violences. « On s'interposait entre l'OAS et la population, raconte Roger Charbonnier. C'est là que l'on s'est rendu compte que ce n'était pas encore terminé. »

    Après la joie de l'annonce, vient la crainte du lendemain. « On était content, on pensait rentrer rapidement en France. Puis on a été désarmé, explique Jean Pougnet. On était à la fois soulagé et angoissé. » Roger Charbonnier aussi se souvient de la peur. « On commence à avoir la trouille quand on est libérable. On se dit qu'on est passé à travers tout ce temps… »

    Jean Pougnet ne sera libéré que six mois plus tard, le 15 septembre. « Être désarmés, ça nous a fait réfléchir… Après, c'était totalement désorganisé. » Il se souvient aussi d'avoir « protégé, dans des fermes, des femmes de harkis avant qu'elles soient évacuées ».

    «Finalement, on a eu plus peur après qu'avant le 19 mars»

    Bien des mois plus tard, donc, c'est le retour. « On ne nous a pas posé de questions et nous, nous n'en parlions pas, reconnaît Roger Charbonnier. Par exemple, je n'ai jamais discuté de ça au boulot, alors que j'avais des collègues qui avaient aussi fait la guerre d'Algérie. » René Bressson explique ce silence comme le fruit d'une habitude. « J'ai un grand-père qui a fait la guerre de 14 et on n'en a jamais parlé. En plus, quand on était en Algérie, le courrier était censuré. » L'habitude de se taire est prise. Il ne faut pas oublier que René Bresson a reçu, lorsqu'il a été appelé, un petit livret accompagné d'une feuille volante. Dans ce texte de propagande intitulée L'Algérie, on lit notamment les mots suivants : « Jeune Français […], tu ne vas pas en Algérie pour mener la guerre sur une terre étrangère mais pour assurer la pacification sur une terre française. »

    Jean Pougnet, lui, a parlé de l'Algérie avec ses filles. Il en a aussi « gardé une souffrance. La nuit, je me réveillais en sursaut. La guerre, c'est un traumatisme. »

    Cérémonie. Elle se tient demain, départ à 10 h 45 devant la mairie de Brioude.

    (*) Organisation armée secrète, violemment opposée à l'indépendance de l'Algérie.

    La guerre d'Algérie oppose pendant près de huit ans la France aux combattants du Front de libération nationale (FLN).

    Entre 300.000 et 400.000 morts côté algérien (1 million 500000 sources algériennes) (dont 200.000 civils) ; 30.000 côté français (25.000 soldats, dont 13.000 appelés).

    Entrée en vigueur du cessez-le-feu après les accords d'Évian. Cette date n'est officiellement reconnue comme Journée du souvenir pour les victimes de la guerre d'Algérie que depuis une loi de 2012, défendue par Alain Néri, sénateur (PS) du Puy-de-Dôme.

    Pomme Labrousse

    SOURCE : http://www.lamontagne.fr/brioude/opinion/politique/2017/03/18/quatre-anciens-combattants-brivadois-se-souviennent-du-cessez-le-feu-il-y-a-cinquante-cinq-ans_12326559.html 

     

     

     

     

     

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