• Hommage à Claude Bourdet, grand Résistant, grand journaliste politique *** Il a sa place à Paris inaugurée le 19/10/2003 par Bertrand Delanoé

     Hommage à Claude Bourdet, grand Résistant,  grand journaliste politique *** Il a sa place à Paris

    Interrogé en 1991 sur son action d'élu de Paris après la répression sanglante du 17 octobre 1961 contre les algériens de la région parisienne, Claude Bourdet évoque aussi l'engagement contre la guerre d"Algérie de son journal, France Observateur, et de son parti politique, le PSU. Des aspect importants d'une vie de militant où l'anticolonialisme avait une part essentielle. Des images inédites d'un militant exceptionnel qui a laissé très peu de traces filmées dans les médias.

    Rappelons que Claude Bourdet (1909-1996) avait été un grand résistant , membre du Conseil national de la résistance, avant d'être déporté à Buchenwald. Il avait reçu la distinction de Compagnon de la Libération.

     

      

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    Par Claudy Siar

    L'archive du jour est consacrée à la publication de l'article J'accuse…! par Émile Zola dans le quotidien L'Aurore, lors de l'affaire Dreyfus, en 1898.
    Le même jour, en 1955, France Observateur publie un article intitulé "Votre gestapo d'Algérie". L'auteur, le journaliste socialiste Claude Bourdet, ancien résistant déporté pendant la guerre, y renouvelle le "J'accuse" retentissant qu'il avait publié dans le même hebdomadaire le 6 décembre 1951, comparant les pratiques de torture de la police des renseignements généraux d'Algérie à celles de la Gestapo avant de conclure que personne ne pourra dire "je ne savais pas".

     

    13 janvier 1955 : Claude Bourdet :

     

    « Votre Gestapo d'Algérie. »  

     

    Le 6 décembre 1951, Claude Bourdet, ancien membre du Conseil National de la Résistance, publie dans L'Observateur (futur France Observateur) un article intitulé « Y a-t-il une Gestapo algérienne ? » .

    Il y dénonce les méthodes d'interrogatoire utilisées par la police française d'Algérie avec la complicité d'un certain nombre de magistrats. Cela se passait près de trois ans avant l'insurrection de la Toussaint 1954, après le trucage des élections par le gouverneur Naegelen et au moment où le combat mené par le Viêt-minh en Indochine commençait à inspirer de jeunes militants algériens.

    Dès l'apparition des premiers maquis, en 1954, la torture reprend de plus belle. La police, composée en majorité d'Européens d'Afrique du Nord, s'en prend à l'ensemble du mouvement nationaliste, y compris à des hommes qui se montrent hostiles ou réticents à l'égard de l'insurrection. C'est le cas de la plupart des dirigeants des trois courants du nationalisme algérien (messalistes, centralistes, amis de Fehrat Abbas) ainsi que du Parti communiste. Cela aura de lourdes conséquences pour l'avenir. En attendant, la torture devient pratique courante. Dans un nouvel article, « Votre Gestapo d'Algérie  », du 13 janvier 1955, Claude Bourdet écrit :

    « Le supplice de la baignoire, le gonflage à l'eau par l'anus, le courant électrique sur les muqueuses, les aisselles ou la colonne vertébrale, sont les procédés préférés, car "bien appliqués" ils ne laissent pas de traces visibles. Le supplice de la faim est également constant. Mais l'empalement sur une bouteille ou un bâton, les coups de poing, de pied, de nerf de boeuf ne sont pas non plus épargnés. Tout ceci explique que les tortionnaires ne remettent les prisonniers au juge que cinq à dix jours après leur arrestation ... Une fois que les Gestapistes ont dicté et fait signer à leurs victimes à demi-mortes "l'aveu" qu'il leur plaît d'attribuer, le reste du séjour à la police sert à remettre le prisonnier en état, au besoin à le soigner (mais oui!) afin qu'il soit présentable lorsqu'on le mène au juge... »

    Claude Bourdet donne quelques détails sur plusieurs de ces affaires : « Un cas significatif est celui de Adad Ali, conseiller municipal d'Alger. Il fut arrêté le 27 décembre [1954]. Le 30, son avocat, Maître Pierre Stibbe , signala au procureur de la République qu'il n'avait pas réapparu et n'avait pas été déféré à un magistrat et requit ce procureur, conformément au code d'instruction criminelle, de le faire mettre immédiatement en liberté ou de le faire conduire devant un magistrat. Le procureur invoqua ... "le débordement et la fatigue des policiers" et refusa de déférer à cette réquisition. Le 31 décembre, Mme Adad, craignant pour la vie de son mari, de santé très fragile, déposa une plainte en complicité de séquestration arbitraire contre le procureur. Quelques heures plus tard, Adad Ali était mené devant le juge d'instruction par cinq inspecteurs des R.G. Les journalistes, avocats, magistrats présents constatèrent qu'il était dans un état d'hébétude morale et de délabrement physique complet et portait de nombreuses traces de coups. »

    Suite à l'émoi suscité dans la presse par de telles allégations, le ministre de l'intérieur, François Mitterrand, ordonna une enquête qui fut confiée à M. Roger Wuillaume et adressée au gouverneur général Soustelle. Le rapport, daté du 2 mars 1955, reconnaît que les « sévices » « furent utilisés dans de nombreux cas » sont « de pratique ancienne » , mais qu'ils donnent des résultats indiscutables. Les procédés classiques d'interrogatoire prolongé, de privation de boisson et de nourriture « ne seraient pas d'une grande efficacité dans ces pays où les individus présentent une résistance extraordinaire aux épreuves de toute nature. Par contre, les procédés du tuyau d'eau et de l'électricité, lorsqu'ils sont utilisés avec précaution, produiraient un choc, au demeurant beaucoup plus psychologique que physique, et par conséquent exclusifs de toute cruauté excessive. »1

    Ce rapport (non divulgué) n'empêche pas le nouveau ministre de l'intérieur, Bourgès Maunoury, de nier l'existence de la torture, le 29 juillet 1955 devant l'Assemblée Nationale : « Ce que je puis dire, c'est qu'après les enquêtes déjà effectuées je ne connais aucun fait de torture tel que ceux qui ont été énoncés. » Dans le Monde du 15-16 avril 1956, en réponse à des articles de Claude Bourdet et du professeur Henri-Irénée Marrou, Bourgès, devenu ministre de la Défense nationale déclare : « Quand je vois que M. Marrou a parlé de « moyens infects », je dis que pas un seul soldat ne peut admettre cette imputation dans sa généralité.

    Nos soldats, eux, sont là-bas pour assurer ou rétablir la paix et pour protéger la vie de chacun, musulmans ou non. »

    Et Guy Mollet, le 14 avril 1957, devant la fédération socialiste de la Marne : « Parlons clair. Sans doute des actes de violence, extrêmement rares, ont été à déplorer. Mais ils ont été, je l'affirme, consécutifs aux combats et aux atrocités des terroristes. Quant aux actes de tortures prémédités et réfléchis, je dis que si cela était, ce serait intolérable. On a comparé à ce sujet le comportement de l'armée française à celui de la Gestapo. Cette comparaison est scandaleuse. Hitler donnait des directives qui préconisaient ces méthodes barbares, tandis que Lacoste et moi avons toujours donné des ordres dans un sens contraire. Des enquêtes ont d'ailleurs été ordonnées et des condamnations prononcées qui ont sanctionné des actes répréhensibles. Mais ceux-ci, je le répète, pourraient presque se compter sur les doigts de la main. »

    Le 23 novembre 2000, le général Massu à qui le gouvernement Mollet confia les pouvoirs de police à Alger, le 7 janvier 1957, déclare au journal Le Monde: « Mais j'ai dit et reconnu que la torture avait été généralisée en Algérie! Elle a été ensuite institutionnalisée avec la création du CCI [...] et des DOP [...], et institutionnaliser la torture, je pense que c'est pire que tout.  »

    Sources :

    Pierre Vidal-Naquet, La Raison d'État, Les Éditions de minuit, 1962, page 58, 69, 93, 111, La découverte, 2002; Pierre Vidal-Naquet, La torture dans la république, Maspéro, 1983, page 25; Jean-Luc Einaudi, Pour l'exemple, l'affaire Fernand Iveton, L'Harmattan, 1986, page 41; Gilles Martinet, Torture, mémoire, Algérie, Le Monde, 30 novembre 2000.

     

    Bourdet

     

     Hommage à Claude Bourdet, grand Résistant

     grand journaliste politique


    Inauguration le 19/10/2003 Paris 13ème

      de la place Claude Bourdet

    par le maire de l'époque Bertrand Delanoé

    « Yasmine Marzouk : du haut de ses 21 ans elle a tenu le discours le plus poignant de la cérémonie d'hommage aux victimes d'attentatsExprimons notre volonté de vivre en Paix dans un monde de solidarité, de justice et de fraternité »

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