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Hommage aux six inspecteurs des Centres sociaux éducatifs assassinés par l’OAS le 15 mars 1962 sur leur lieu de travail à Alger
Hommage aux six inspecteurs des Centres sociaux
éducatifs assassinés par l’OAS
le 15 mars 1962 sur leur lieu de travail
à Alger
Cérémonie commémorative le 15 mars 2021 de 9h00 à 9h30
au siège du ministère
de la transformation et de la fonction publiques 101 rue de Grenelle à Paris-7è.
Compte rendu
L’hommage rituel à Max Marchand, Mouloud Feraoun, Marcel Basset, Robert Eymard, Ali Hammoutène et Salah Ould Aoudia s’est déroulé le lundi 15 mars 2021, de 9h00 à 9h30, devant la plaque commémorative qui leur est dédiée au rez-de-chaussée de l’Hôtel de Rothelin-Charolais, siège actuel du cabinet de la Ministre de la transformation et de la fonction publiques, 101 rue de Grenelle à Paris-7è.
N’ont pu y prendre part, aux côtés de M. Pierrick Perrot, chef du cabinet de la ministre Amélie de Montchalin, que quatre personnes représentant Le Souvenir Français (M. Serge Barcellini, président général), l’association Marchand-Feraoun (MM. Jean-Philippe Ould Aoudia et Michel Lambart, président et vice-président) et l’Association nationale pour la protection de la mémoire des victimes de l’OAS (M. Jean-François Gavoury, résident).
Le contrôleur général des armées Serge Barcellini a rappelé que la réconciliation entre la France et l’Algérie, souhaitée par le Président de la République, avait donné lieu à plusieurs gestes d’apaisement mémoriel successifs. Il a estimé qu’à ces initiatives il importait d’ajouter, en 2022, des actes de réconciliation de la France avec elle-même, visant par exemple les harkis ainsi que ces victimes de l’OAS que furent ces six dirigeants des Centres sociaux éducatifs : des victimes en hommage auxquelles le ministre Lucien Paye avait prévu l’observation, le lundi 19 mars 1962, dans l’ensemble des établissements d’enseignement, en France comme en Algérie, d’une minute de silence, objet de quelques refus de participation, comme dans le cas de Samuel Paty le lundi 2 novembre dernier.
La teneur du propos de Jean-François Gavoury est reproduite ci-après dans son intégralité :
Intervention de Jean-François Gavoury
Président de l’ANPROMEVO
Paris, 15 mars 2021.
Monsieur le Chef de cabinet,
Monsieur le Président général du Souvenir Français,
Monsieur le Président et Monsieur le Vice-président de l’association Marchand-Feraoun,
Nous voici réunis, sous l’égide et dans les locaux du ministère en charge de la Fonction publique, pour un hommage à six serviteurs de l’État conjointement « assassinés dans l’exercice de leurs fonctions le 15 mars 1962 à Alger, victimes de leur engagement pour les valeurs de la République et pour l’indépendance de l’Algérie dans une relation fraternelle avec la France »
Inscription dédicatoire certes élogieuse, mais dont les termes recèlent le mystère - pour ne pas dire "le secret" - d’un assassinat sous X.
La guerre d’Algérie a pour caractéristique de ne pas nommer les belligérants alors même que certains d’entre eux se font des titres de gloire des tueries auxquelles il se sont livrés.
Tel est le cas de l’OAS, dont les anciens membres clament haut et fort leur absence de tout remords et érigent même en héros ceux des leurs qui ont été condamnés à mort par la justice française et exécutés à raison du nombre ou de la gravité de leurs forfaits.
Ici même, règne le silence. Et je doute que les personnalités entrant dans la salle Marchand-Feraoun soient toutes en capacité de mentionner à qui ce crime collectif a été imputé et si ses auteurs ont fait ou non l’objet de poursuites pénales.
Ni l'histoire ni la mémoire ne peuvent trouver leur compte dans cette discrétion, non plus que les familles de ces six martyrs ayant eu à supporter l’épreuve de l’impunité tant des bourreaux que de leurs complices.
Ainsi va la guerre d’Algérie, paradoxale entre toutes !
Rappelons que le statut de "Mort pour la France" - dont chacun(e) ici souhaite qu’il bénéficie enfin à Max Marchand, à Mouloud Feraoun, à Marcel Basset, à Robert Eymard, à Ali Hammoutène et à Salah Ould Aoudia - a pu être attribué à des victimes de ce conflit tombées en 1961 et 1962 sous les coups de belligérants appartenant à des camps opposés (partisans et adversaires de l'indépendance).
Continuer à considérer comme non éligibles à la qualité de "Mort pour la France" les victimes civiles de l’OAS - magistrats, élus, enseignants, fonctionnaires, membres de la société civile -, entretenir la discrimination entre elles et les représentants des forces de l’ordre (policiers, CRS) conduit à les installer dans une situation de victimes collatérales, alors même que l’OAS les avait ciblées.
Vous qui nous accueillez ce matin en cette maison de la transformation publique, aidez-nous. Mobilisez l’interministérialité et la ressource associative afin d’œuvrer à la réalisation d’un défi en même temps que d’un devoir : qu’honneur posthume soit ENFIN rendu en tout premier lieu à six victimes d’officiers et sous-officiers dévoyés ayant sombré dans le déshonneur en s’attaquant, contre la volonté de la Nation, à un État démocratique dont ils avaient vocation à incarner la légitime autorité.
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De son côté, M. Michel Lambart, au titre de l’association Les Amis de Max Marchand, de Mouloud Feraoun, et de leurs Compagnons, a tenu à revenir sur la naissance de l’OAS il y a soixante ans et sur quelques assassinats et attentats ayant marqué le parcours des activistes de l'Algérie française jusqu’à l’été 1962.
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Au nom de la ministre de la transformation et de la fonction publiques, empêchée, M. Pierrick Perrot, chef de cabinet, en a lu le message, concluant ainsi les interventions (cf. extraits ci-après) :
« Le combat de Max Marchand, de Mouloud Feraoun et de leurs Compagnons, c'est celui de nos agents publics qui s'engagent au quotidien au service de l'intérêt général.
« Contre les fanatismes, contre toutes les haines, notre devoir est d'honorer la mémoire de ces hommes et de ces femmes dévoués ; et cette phrase prend une tournure toute particulière quelques mois après l'assassinat barbare de Samuel Paty (vous l’avez évoqué, Monsieur Lambart), tué parce qu’il avait décidé d’incarner et de transmettre la Liberté.
« Le travail de mémoire, c’est un acte dans le temps, qui sera réservé aux historiens, c’est un engagement citoyen, chaque jour renouvelé, qui suppose de se pencher avec lucidité sur le passé pour mieux éclairer notre présent et mieux bâtir notre avenir.
« C’est en se souvenant, c’est en étudiant, c’est en commémorant que nous pourrons collectivement retrouver l’apaisement.
« Je remercie l’association Les Amis de Max Marchand, de Mouloud Feraoun, et de leurs Compagnons pour son humanisme, pour son infatigable action au service de leur mémoire. »
Enfin, deux gerbes ont été déposées par les participants au pied de la plaque commémorative.
« Algérie-France : le rapport Stora, rapport des possibles ?TRAMOR QUEMENEUR, HISTORIEN “IL EST DIFFICILE DE PARVENIR À UN APAISEMENT COMPLET DES MÉMOIRES” »
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