• Il y a 61 ans, la grève des huit jours : le coup de grâce politique à l’occupation française

     

    Pendant la guerre d'Algérie il y a eu aussi une grande grève rappelons-nous...

    Il y a 61 ans, la grève des huit jours : le coup de grâce politique à l’occupation française

    Il y a 61 ans, la grève des huit jours : le coup de grâce politique à l’occupation française

    «Mettez la révolution dans la rue, le peuple s’en emparera», disait Larbi Ben M’Hidi, l’un des pères de la révolution de Novembre. La grève des huit jours (28 janvier-4 février 1957) est venue en application de cette sentence visionnaire, atteignant un triple objectif : politique, diplomatique et médiatique. 

    Cette grève générale, décidée par la Commission de coordination et d’exécution du Front de libération national et dont les préparatifs étaient confiés aux chefs des six wilayas historiques, avait pour objectif premier d’associer les organisations populaires à l’action révolutionnaire.

    Il s’agissait de montrer aux yeux du monde que le peuple algérien était uni autour de la cause nationale et de sa direction révolutionnaire, pour faire échec à la propagande colonialiste qui prétendait que les révolutionnaires, qualifiés de hors-la-loi, étaient isolés.

    La violence de la réaction des forces françaises d’occupation, faite de tueries, d’arrestations massives et de torture, portait déjà en elle la preuve irréfutable du succès total de la grève générale, qui signifiait rien moins que la réalité de la représentativité de la direction révolutionnaire et la légitimation populaire de la lutte armée pour l’indépendance.

    Le succès de la grève générale ne pouvait être passé sous silence par les médias qui, dans la foulée, ne pouvaient non plus complètement ignorer les pratiques criminelles de l’armée d’occupation et des services de sécurité.

    C’est là qu’apparaît le caractère judicieux du choix de la date du déclenchement de la grève (le 28 janvier 1957), coïncidant avec l’ouverture d’une session de l’Assemblée générale de l’Organisation des nations unies (ONU), qui portera la question algérienne sur son ordre du jour.

    En ce sens, l’évènement aura marqué un tournant décisif dans la lutte du peuple algérien pour son indépendance. C’est, en effet, à partir de là que « les évènements d’Algérie », selon la sémantique pudique de l’occupant français, devenait « la guerre d’Algérie » aux yeux du monde.

    M.A. Boumendil

    SOURCE : http://www.algeriemondeinfos.com/2018/01/29/y-a-61-ans-greve-huit-jours-coup-de-grace-politique-a-loccupation-francaise/

    « Les commerçants Algériens, en tout cas, sont décidés à faire face au chantage et aux menaces, à la violence et à l’hystérie colonialiste avec la même détermination. Ils se joindront à leurs compatriotes, à l’ensemble de leur peuple pour observer, durant ces huit jours de la grève de protestation contre la politique de guerre et d’extermination que mène la France en Algérie, pour réclamer l’intervention des Nations Unies en vue d’un retour à la Paix, dans le cadre de l’Indépendance du peuple algérien »

    « Un grand nombre d’Algériens emplissent les prisons et les camps de concentration. (1) Les commerçants, cible facile pour les forces de l’arbitraire n’ont jamais été épargnés. C’est une nouvelle épreuve que leur promet le général Massu ; ils sauront y répondre par la volonté et la foi qui brisent les tyrannies les plus aveugles ».

    (1)     En moins d’une année, quatre secrétaires nationaux de l’UGCA furent écroués dans les camps de concentrations.  Quelle que soit la fureur que mettra le général Massu à poursuivre les paisibles populations au cours de ces huit jours de solidarité nationale, quel que soient les excès de la police et de l’armée françaises, les commerçants algériens, de même que tous leurs frères  démontreront à la face du monde leur inébranlable volonté de faire échec aux forces du mal, de triompher des manœuvres d’extermination dont certains clans nourrissent l’espoir ».

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    Le règne de la terreur et les visées de ruiner les commerçants en appelant les charognards à dépecer les proies n’ont pas eu prise sur la corporation présente plus que jamais sur le terrain de la désobéissance, de la contestation et de la résistance. Aux premières heures de la matinée du premier jour de grève, à Alger, c’est d’abord au moyen des hauts parleurs que les autorités militaires appellent les commerçants à ouvrir leurs boutiques. L’ultimatum est fixé pour huit heures trente. Après quoi « les haches et les maillets » passent à l’attaque. « Lacoste et ses généraux se préparaient à gagner des victoires. N’ayant pu remporter celles-ci sur les champs de bataille, ils ont voulu les remporter sur les magasins des pauvres et sur les boutiques fermées ».

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    Propagande mensongère de l'époque

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    Les parachutistes de Massu sont sur le pied de guerre. Dès les premières de la matinée du  28 janvier, ils lancent leurs assauts contre les devantures closes. Le spectacle est affligeant, digne de l’époque de Huns et des Vikings qui déciment tout sur leur passage. L’armée française est équipée d’instruments appropriés en de telles circonstances : des crochets et treuils sont accrochés aux jeeps, half-track, tank à chenillettes et tracteurs, éventrant et arrachant les rideaux et devantures des fonds de commerce (magasins et cafés) ; parachutistes qui quittent momentanément les salles de tortures, vont mettre à l’épreuve leurs muscles pour « terrasser » les rideaux les plus coriaces.

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    Ils achèvent la besogne en utilisant les barres de fer, des haches et des poinçons. Triste polyvalence des régiments qui ont renoncé à la guerre dans les djebels. C’est une véritable atmosphère de guerre que connaît la capitale. Une guerre contre une grève non violente, pacifique. « Des soldats armés sont postés sur toutes les terrasses ; les hélicoptères rasent les toits des immeubles, les patrouilles incessantes fouillent et contrôlent l’identité de chaque passant, les tanks tiennent des carrefours, la Casbah est inondée de tracts appelant les « Français-musulmans » à faire confiance aux forces de l’ordre ».

    D’autres tracts - apocryphes - imputés au FLN circulent. Pour faire peur à la communauté Européenne, les services psychologiques de l’armée française tentent de faire croire que le FLN à une « insurrection générale » qui constitue évidemment une grave menace à l’intégrité physique de l’élément européen. D’autres tracts - apocryphes attribués au FLN - contenaient ordres et des contre-ordres, des contradictions agencés de telle manière à saper le moral de la population algérienne et à semer le doute et la confusion dans les esprits.

    Les commerçants tunisiens ne sont pas épargnés de la fuerie. A Annaba et Constantine, leurs magasins sont dévastés. Dans la région de Tébessa, après la mise à sac d’une boutique d’un marchand de beignets, les soldats français obligent l’employé à allumer le feu et y poser une poêle à frire. Dès l’instant où l’huile commença à chauffer on plongea les mains du pauvre Tunisien dans la poêle en lui rappelant « qu’ici, c’est la France qui commande, ce n’est pas Bourguiba ».

    Déjà en 1956, le préfet d’Oran avait sanctionné des commerçants marocains qui avaient exprimé leur solidarité avec le peuple algérien en s’associant à la grève du 1er novembre 1956. Pendant la grève des huit jours, la répression s’étale dans tous les espaces du pays. Les autorités françaises frappent fort et dur les grévistes algériens  et les punir ainsi pour leur défi. A Annaba, les boulangers sont carrément placés en résidence surveillée. A Sidi-Bel-Abbès, 125 employés et commerçants sont mis sous mandat de dépôt. Des condamnations sont prononcées à raisons de 3 à 6 mois de prison pour chaque gréviste, peines assaisonnées de fortes amendes.

    Mais on ne pouvait mettre tous les commerçants en prison. Il n’y aurait pas de place pour tout le monde. Cependant pour Massu, il faut punir les «rescapés» autrement. Il faut les soumettre et les humilier à l’extrême. Alors le tortionnaire en chef fit placarder un peu partout dans les quartiers d’Alger un communiqué-menace - un de plus - de ne pas rouvrir les fonds de commerce sans ordre et sous condition de repentance de leurs propriétaires. Ainsi les grévistes qui auraient échappé aux «mesures d’urgence et d’exception» en signe d’avertissement, furent invités - menacés, c’est plus juste - de signer une déclaration par laquelle ils avoueraient leur regret d’avoir observé la grève et, en même temps, ils dénonceraient leur solidarité avec  le FLN.

    L’opération « musclée »  consistait à éventrer tous les magasins, visant à faire échec au mot d’ore du FLN. Jusqu’au 2 février - la fin de la grève était fixée au 4 février - les soldats éventreurs étaient encore à l’œuvre, notamment à Bologhine. Il ne suffisait pas à l’armée de forcer les rideaux. Il fallait saccager ce que l’on trouvait à portée de main. Dans les cafés les tables, les glaces et les chaises étaient brisés. Les étalages de marchands de légumes renversés, les fours des boulangers détériorés, les vitrines brisées et les denrées jetées parterre, pêle-mêle.

    « C’est ainsi que même après le défoncement de leurs boutiques et la mise à sac d’une partie de leurs biens dès le premier jour, les commerçants restent invisibles dans leurs grande majorité. Bien de détails rendent compte de l’ampleur du mouvement non seulement durant les deux premières journées, mais après, à la suite de l’intervention des militaires. En dépit des sacrifices exigés par l’observation de la grève, les déshérités et parmi eux les cireurs n’ont pas été dans les ruelles restées elles-mêmes vides jusqu’à la démonstration des militaires à l’extérieur et à l’intérieur des foyers ».

    Après l’armée, les pillards

    Soyons fiers de l'armée française pendant la guerre d'Algérie, après toutes les autres exactions, nombreuses fois citées : crimes de guerre, crimes d'Etat, viols, tortures etc... il faut ajouter le pillage.

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    Massu, la veille de la grève avaient impérativement menacé les commerçants qu’une fois leurs boutiques défoncées, la sécurité de leurs marchandises n’était plus garantie. Implicitement, le chef des parachutistes invitait la population européenne (population française d’Algérie) à se servir librement, c’est-à-dire se livrer au pillage organisé,  dans l’impunité la plus scandaleuse.

    (1)    Opération qui consistait d’attaquer par surprise les douars, les investir par la terreur et la brutalité puis les dépouiller de leurs biens. Le butin était partagé entre les soldats dévastateurs et leurs chefs.
    Nous savions après que, lors des premières années de conquête, les officiers supérieurs de l’armée française, après chaque razzia (1), pillaient les populations algériennes et partageaient argent et bijoux avec leurs soldats, devenus, somme toute, les uns comme les autres, des pillards en puissance. «Les Européens d’Algérie ne sont pas d’occasionnels pilleurs mais d’ataviques pillards».

    Les bérets rouges (des travailleurs français en uniforme) après avoir accompli «scrupuleusement» la sale besogne, abandonnent les magasins, portes béantes et défoncées, aux pillards qui arrivent pour dérober les biens d’autrui, les biens de propriétaires absents et que Massu s’est juré de punir parce qu’ils ont répondu massivement au mot d’ordre de grève générale du FLN. On embarque tout : des morceaux de savon, des boîtes de conserves, des réfrigérateurs, des tapis, des machines à laver.  Rien n’est épargné : les bureaux de tabac, les bijouteries. Les détrousseurs des magasins abandonnés ramènent caisses, cageots et même des véhicules pour charger le produit de la razzia du XXè siècle.

    Même les nantis sont de la partie par esprit de cupidité. « Rien n’est plus impressionnant dans cette ville (Alger) frappée de stupeur que la vision des boutiques ouvertes de force et abandonnées au bon plaisir des passants ». (Le Monde du 29 janvier 1957 - Cité par Résistance algérienne n° 20).   De bonnes âmes ? Il y en avait très peu pour réprouver les abus. Néanmoins Constantine, des pères blancs sont indignés par le comportement de certains de leurs ouailles du dimanche. Ils empêchent le pillage en se postant devant les magasins  défoncés.

    L’archevêque d’Alger, Mgr Duval, le mal aimé des pieds-noirs, s’est soulevé contre le brigandage organisé et toléré par la plus haute autorité. Il appela à la restitution des biens, tellement les choses avaient atteint un seuil alarmant. Quelques légères condamnations avec  sursis de quelques détrousseurs n’avaient pas suffi à circonscrire le scandale. L’honneur était loin d’être sauvé. La grève générale observée par les ouvriers et fonctionnaires de différents secteurs relevait de la «compétence» de l’UGTA qui va jouer un rôle éminemment actif dans l’organisation et la mobilisation des travailleurs. Dans ce domaine qui n’est aussi « voyant » comme celui des fonds de commerce qui sont mis à sac, l’armée française offre des spectacles tragi-comiques.

    Car comment obliger des milliers de travailleurs à rejoindre leurs emplois. C’est ce à quoi l’armée française va tenter en vue de briser la grève par des moyens qui frisent parfois le ridicule malgré toutes les brutalités auxquelles sont soumis les travailleurs en grève. D’abord, on met en mouvement le scénario classique : des voitures-radio parcourent les rues des quartiers « arabes » d’où l’on vocifère des appels à « la raison », pour inciter les ouvriers des différentes corporations à rejoindre leurs postes de travail. Ces moyens laissent les algériens indifférents. Mais en réalité la «reprise  du travail» doit se faire dans la brutalité et la violence.

    Tôt le matin, des camions militaires sont stationnés au niveau des principaux carrefours des quartiers musulmans de la ville d’Alger et plus particulièrement aux alentours de la Casbah, principal réservoir de la main-d’œuvre algérienne. La besogne ne va pas être de tout repos. L’opération se transforme carrément en rafles. Les hommes sont enlevés de leurs domiciles sous la menace de la mitraillette puis embarqués dans les véhicules qui font la tournée vers les lieux de travail.

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