• Le 7 mai 2017 nous connaîtrons le nom du nouveau président de la République... mais quel que soit le résultat nous continuerons à défendre les valeurs de liberté, de justice, de fraternité

    Le 7 mai 2017 nous connaîtrons le nom du nouveau président de la République... mais quel que soit le résultat nous continuerons à défendre les valeurs de liberté, de justice, de fraternité :  des valeurs que le terrorisme ignore et que la politique et l’Histoire s’emploient parfois à réviser. 

    Il y a cinquante-six ans : c’était hier, ce sera encore le 31 mai 2017

    Le 31 mai 2017 invitera à réfléchir sur la liberté, la justice, la fraternité : des valeurs que le terrorisme ignore et que la politique et l’Histoire s’emploient parfois à réviser. 

    Il y a cinquante-six ans, des légionnaires déserteurs, aidés de jeunes Algérois, assassinaient le contrôleur général de la sûreté nationale Roger Gavoury, commissaire central du Grand Alger, chargé de la répression des menées activistes. 

     

    Il y a cinquante-cinq ans : c’était hier, c’est encore aujourd’hui

    Roger Gavoury 

    Il y a bientôt cinquante-six ans, le 31 mai 1961 le commissaire d’Alger était le premier fonctionnaire victime de l’organisation. Un événement marqueur.

    À quoi servent les commémorations ? À l’heure où, un peu partout en France, l’activisme des nostalgiques de l’Algérie française – et plus largement de la colonisation – retrouve du souffle, les cinquante-six ans de l’assassinat de Roger Gavoury prendront un relief particulier dans la construction de l’histoire collective. Le 31 mai 1961, le commissaire central d’Alger était le premier fonctionnaire tué par l’OAS. Roger Gavoury est assassiné à coups de poignard dans son studio, alors qu’il dirigeait l’enquête sur les attentats au plastic et sur les complices civils du « quarteron » de généraux à l’origine du putsch d’avril 1961.

    Dès le 3 juin, la police judiciaire avertit : « Le crime a été commis en raison de l’attitude ferme manifestée par ce fonctionnaire, pour maintenir l’ordre à Alger et réprimer les troubles provoqués par les organisations subversives activistes. On peut donc estimer que cet homicide est le fait d’une bande armée en relation avec les insurgés d’avril 1961. » Le lendemain, l’OAS distribue un tract dans les boîtes aux lettres afin de justifier son meurtre : le commissaire Gavoury a été « jugé » pour « crime de haute trahison » et « complicité avec le régime ». Ancien commissaire des renseignements généraux en Algérie, Roger Le Doussal considère que Roger Gavoury avait permis d’éviter que la répression des « émeutes musulmanes (…) par des militaires ne tourne au carnage ».

    De son côté, l’historienne Anne-Marie Duranton-Crabol, spécialiste de l’extrême droite, note que cet assassinat constitue un « événement marqueur » dans l’histoire naissante de l’OAS ; « le meurtre servait d’avertissement pour tous ceux qui tenteraient de contrer le mouvement clandestin ». Traduits devant un tribunal militaire, ses assassins ont été condamnés à mort et trois d’entre eux ont été exécutés. Jean-François Gavoury, son fils, s’oppose depuis de longues années en justice à l’Adimad, association de combat pour l’Algérie française, à l’origine de l’érection de la stèle de Marignane qui honore notamment les assassins du commissaire.

    Comme Olivier Dard l’écrit dans Voyage au cœur de l'OAS (Éd. Perrin, 2005), avec cet acte, l’OAS assume, dès les origines, le choix consistant à "incarner le désordre en s’en prenant directement et physiquement aux symboles et aux institutions de l’État". 

    Dans sa préface du livre de Jean-Philippe Ould Aoudia intitulé La bataille de Marignane. 6 juillet 2005. La République, aujourd’hui, face à l’OAS (Éd. Tirésias, 2006), l’ancien ministre Pierre Joxe fustige «  la félonie de quelques officiers trahissant leur mission pour organiser l’assassinat d’innocents » et dénonce «  le terrorisme qui frappa des femmes et des enfants au nom de l’organisation armée secrète ». Et d’ajouter « Quelles que soient à présent les conséquences juridiques des lois d’amnistie, ces crimes-là sont aussi ineffaçables que l’honneur des serviteurs de l’État dont ils ont provoqué la mort et auxquels il est juste de rendre hommage. » 

    Oui, il est juste de célébrer publiquement le souvenir des victimes du terrorisme de l’OAS, comme l’ont fait et continueront à le faire les élus de la seule France qui vaille : de ceux de la République et non de ceux d’une autre France, qui en piétinent les fondements en collaborant avec des faussaires de la mémoire et des réviseurs d’Histoire sans prendre nécessairement conscience qu’ils favorisent ainsi la résurgence intérieure et extérieure des fascismes. 

    De quoi l'OAS est-elle le nom ? 

    L'ouvrage d'Alain Ruscio, "Nostalgérie", analyse le traumatisme suscité par la guerre d'Algérie et éclaire l'intensité des guerres mémorielles auxquelles elle donne lieu aujourd'hui.

     
    Il y a cinquante-cinq ans : c’était hier, c’est encore aujourd’hui
     

    Il aura suffi que le secrétaire d'Etat chargé des Anciens Combattants, Jean-Marc Todeschini, assistât, en 2015 en Algérie à la commémoration du massacre de Sétif, le 8 mai 1945, pour que se réveillent des voix que l'on croyait disparues. Les nostalgiques de la colonisation bougent encore. Comme en témoigne le livre d'Alain Ruscio, Nostalgérie, l'interminable histoire de l'OAS. 

    Plusieurs éléments expliquent cette situation. D'abord, il y a eu l'écriture fantasmatique d'une Algérie française heureuse, sentant bon le sable chaud nonobstant l'antagonisme entre une minorité - les pieds-noirs - et une majorité spoliée - ceux que l'on appelait alors les « musulmans », privés de toute citoyenneté réelle. Il faudra attendre le statut de 1947 pour que les « musulmans » (90 % de la population) puissent élire, dans une Assemblée algérienne, un nombre de représentants égal à celui des Européens (le reste). Cette assemblée fut en place jusqu'aux pouvoirs spéciaux votés en 1956. Résultat : sur cent trente-deux ans de présence française en Algérie, il y aura eu neuf ans durant lesquels on aura laissé quelques Algériens autochtones donner leur avis sur le devenir de leur pays. Comme l'écrit Ruscio : « Jamais le monde politique français - et encore moins le monde politique des Européens d'Algérie - n'a sérieusement envisagé une réforme politique qui aurait débouché sur l'égalité des habitants de l'Algérie. » 

    On imagine la violence du choc lors du processus qui devait conduire aux accords d'Evian de 1962, entérinant l'indépendance de l'Algérie. Pour y arriver, il fallut affronter le terrorisme européen né d'une collusion entre le petit peuple européen des villes, des militaires traumatisés par la perte de l'Indochine, des milieux d'extrême droite et des politiques en déshérence, dont certains avaient un glorieux passé de résistant et des liens encore étroits avec la mouvance gaulliste, y compris après le retour du Général en mai 1958. 

    Des plaies ouvertes... 

    C'est de cet ensemble disparate qu'est née l'Organisation de l'armée secrète (OAS) en 1961. Dirigée par le futur « quarteron de généraux en retraite », comme dira de Gaulle, elle avait aussi la sympathie de personnages qui siègent aujourd'hui sur les bancs de la « droite républicaine » et qui, à l'époque, étaient prêts à donner du coup de poing contre Marianne. L'un d'entre eux, informateur discret mais efficace, devait même être élu président de la République, son nom : Valéry Giscard d'Estaing. 

    Pour ne rien simplifier, l'OAS avait le soutien de l'immense majorité des Européens d'Algérie. Elle fit régner une terreur souvent nourrie de la terreur d'un FLN qui considérait que la fin (l'indépendance) justifiait tous les moyens. Au total, le bilan de l'OAS en Algérie et en métropole - où elle ira jusqu'à tenter d'assassiner de Gaulle - est impressionnant. La mise au jour de ses relais dans l'armée et au sein du pouvoir l'est tout autant, si l'on en juge par le nombre de cadres militaires qui furent soit radiés, soit passibles des tribunaux militaires. 

    C'est l'ampleur de ce traumatisme qui explique que la guerre d'Algérie soit un passé qui ne passe pas. Faute d'un bilan critique et lucide de cette période sombre, on a laissé des plaies ouvertes, au point de nourrir ce que Ruscio appelle « la rumination éternelle du passé colonial ». Pour les nostalgiques de l'OAS, c'est une forme de victoire idéologique posthume qu'ils ne méritent pourtant pas. 

     

    De quoi l'OAS est-elle le nom ? *** Commentaire de Jean-François GAVOURY président de l'ANPROMEVO

     

    Commentaire de Jean-François GAVOURY président de l’ANPROMEVO  (Association nationale pour la protection de la mémoire  des victimes de l’OAS)

    Le 7 mai 2017 nous connaîtrons le nom du nouveau président de la République... mais quel que soit le résultat nous continuerons à défendre les valeurs de liberté, de justice, de fraternité

     

    Heureuse initiative que la publication de cet article qui rappelle l’assassinat, dans la nuit du 31 mai au 1er juin 1961, du commissaire central d’Alger, Roger Gavoury, première victime causée dans les rangs de l’État par l’OAS : l’OAS, "une organisation idéologiquement criminelle et dans ses actes barbare", pour reprendre les mots si justes prononcés par Bertrand Delanoë le 6 octobre 2011 au cimetière parisien du Père Lachaise.  

    Puisque l’article dont il est question émane de "Marianne" et que cet hebdomadaire a été créé par Jean-François Kahn, rappelons ce que ce journaliste écrivait dans l’édition du 20 juin 1980 du quotidien "Le Matin" à la suite de l’inauguration à Toulon d’une stèle monumentale dédiée à la gloire des "Martyrs de l’Algérie française" :  

    « Oui, il faut savoir oublier.  

    « Mais qui oublie ?  

    « Oublient-ils, ceux qui ne craignent pas d’élever un monument à la gloire de l’OAS ? Oublient-ils, ceux qui osent réhabiliter un tueur dont les victimes furent plus nombreuses que celles du bon M. Landru ?  

    « Oublient-ils, ceux qui, côté cour, exigent du pouvoir une répression toujours plus aveugle et, côté jardin, font l’éloge de l’assassin du commissaire de police Gavoury ?  

    « Oublient-ils, ceux qui cherchent à canoniser l’homme qui tenta, au Petit-Clamart, d’assassiner le général de Gaulle ?  

    « Mais de quel oubli parle-t-on exactement lorsque, le jour de l’anniversaire du 18 juin, de tristes sires s’en vont - ce qui est parfaitement leur droit - déposer des fleurs sur la tombe du maréchal Pétain et en profitent pour rendre hommage - ce qui n’est plus tout-à-fait leur droit - au fait qu’il a renversé la République et a instauré en France un régime fascisant ?  

    « Oublier, oui.  

    « Mais est-il possible d’oublier quand ils reviennent et sans avoir, eux, oublié ? ».  

    36 ans après, même constat d’une histoire et d’une mémoire bloquées !  

    J-F. Gavoury

     

    Il y a cinquante-cinq ans : c’était hier, c’est encore aujourd’hui

    Nous n'oublierons jamais

    cette autre date historique :

    6 octobre 2011

     Inauguration de la première

    stèle en France en hommage aux victimes

    de l'OAS dont fait partie Roger Gavoury

    assassiné il y aura 56 ans

    le 31 mai 1961

    Il y a cinquante-cinq ans : c’était hier, c’est encore aujourd’hui

     

     

     

     

     

     

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