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Jean d'Ormesson est mort... mais certains ne l'aimaient pas !!!!
Jean d'Ormesson est mort d'une crise cardiaque à 92 ans cette nuit. Les réactions affluent après le décès de l'écrivain et académicien.
Je ne vous en citerai qu’une seule celle du premier des Français :
C’est un fait bien connu quand quelqu’un meurt il a toutes les qualités… les hommages affluent… les amis par sincérité, les adversaires par hypocrisie…
Alors je tiens à vous rappeler cette histoire de quelqu’un qui n’aimait pas Jean d’Ormesson…
Jean Ferrat et le Vietnam.
Vu par Alain Ruscio
Historien, auteur de Que la France était belle au temps des colonies. Anthologie de chansons coloniales et exotiques françaises, Paris, Ed. Maisonneuve & Larose, 2001
Jean Ferrat n’est plus. De partout en France montent des hommages dont on sent bien qu’ils n’obéissent pas à la règle habituelle des mondanités. L’émotion est réelle, le respect est grand face à cet homme qui n’a jamais baissé pavillon, de Nuit et Brouillard à La jungle et le zoo, sans oublier Le bilan.
Pour ceux qui ont naguère, lors de la plus longue guerre du XXe siècle, eu le Vietnam au cœur – et qui aujourd’hui encore observent ce pays avec intérêt – le nom de Ferrat reste lié à quelques vers provocateurs jetés à la face de la suffisance coloniale, le tout chanté avec son sourire inimitable. Il fut :
« L’empêcheur de tuer en rond… Perdant avec satisfaction… Vingt ans de guerres colonialistes… La petite voix qui dit non… Dès qu’on lui pose une question… Quand elle vient d’un parachutiste »
Un épisode est resté célèbre : en avril 1975, la guerre du Vietnam s’achève enfin par la victoire des révolutionnaires. Le pays est ravagé, de partout dans le monde monte un sentiment de soulagement. Et qu’écrit l’éditorialiste du Figaro, Jean d’Ormesson ? Que, malgré tout, il regrette l’air de liberté qui flottait auparavant sur Saïgon. Drôle de liberté : le régime pro-américain pourchassait, emprisonnait jusque dans les cages à tigres de Poulo Condor, assassinait les opposants. Lisant cet article, l’ami Ferrat est saisi d’une sainte colère. Et écrit, d’une traite, une chanson-pamphlet digne de figurer dans une anthologie du genre. Il commence par rappeler que la presse conservatrice avait été continûment en faveur de la guerre coloniale, puis de la guerre américaine – ce qui était l’exacte vérité :
« Les guerres du mensonge, les guerres coloniales… C’est vous et vos pareils qui en êtes tuteurs… Quand vous les approuviez à longueur de journal… Votre plume signait trente années de malheur »
Il poursuit par un rappel de l’histoire des luttes :
« Allongés sur les rails, nous arrêtions les trains… Pour vous et vos pareils nous étions la vermine… Sur qui vos policiers pouvaient tirer sans fin… Mais les rues résonnaient de “Paix en Indochine“ »
Quelques vers firent énormément de bruit :
« Quand le canon se tait, vous, vous continuez »
Et surtout :
« Oui, vous avez un peu de ce sang sur les mains »
Parabole, sans aucun doute, car Monsieur d’Ormesson, certes solidement réactionnaire, n’était pas responsable de tous les écrits bellicistes de son journal dans le passé. Mais c’est la loi du pamphlet.
D’Ormesson, évidemment, réagit, et la chanson fut comme de bien entendu interdite d’antenne dans cette France blême et giscardienne.
Voilà Jean Ferrat : tout de colère contre les réacs, tout de fraternité envers les peuples. Tout de fidélité, aussi : il fut membre, jusqu’à ses derniers instants, de l’Association d’Amitié franco-vietnamienne.
Quand des artistes osaient attaquer de front des éditorialistes politiques dans leurs chansons ... Ici c'est Jean d'Ormesson qui est attaqué pour sa vision du colonialisme et de la guerre d'Indochine en particulier.
Paroles de « Un air de liberté »
de Jean Ferrat
Les guerres du mensonge les guerres coloniales
C'est vous et vos pareils qui en êtes tuteurs
Quand vous les approuviez à longueur de journal
Votre plume signait trente années de malheur
La terre n'aime pas le sang ni les ordures
Agrippa d'Aubigné le disait en son temps
Votre cause déjà sentait la pourriture
Et c'est ce fumet-là que vous trouvez plaisant
Ah monsieur d'Ormesson
Vous osez déclarer
Qu'un air de liberté
Flottait sur Saïgon
Avant que cette ville s'appelle Ville Ho-Chi-Minh
Allongés sur les rails nous arrêtions les trains
Pour v ous et vos pareils nous étions la vermine
Sur qui vos policiers pouvaient taper sans frein
Mais les rues résonnaient de paix en Indochine
Nous disions que la guerre était perdue d'avance
Et cent mille Français allaient mourir en vain
Contre un peuple luttant pour son indépendance
Oui vous avez un peu de ce sang sur les mains
Après trente ans de feu de souffrance et de larmes
Des millions d'hectares de terre défoliés
Un génocide vain perpétré au Viêt-Nam
Quand le canon se tait vous vous continuez
Mais regardez-vous donc un matin dans la glace
Patron du Figaro songez à Beaumarchais
Il saute de sa tombe en faisant la grimace
Les maîtres ont encore une âme de valet« Emmanuel MACRON en Algérie le 6 décembre : Un article d’Henri Pouillot, un autre d'observalgerie.com *** entre les deux ma réponseMme la Secrétaire d’Etat dites bien à votre président que s’il y a eu des morts après le 19 mars 1962 c’est de la faute de l’OAS »
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Commentaires
Merci MIchel pour ta "piqure te rappel" que j'ai envoyée à 2 autres médias, car le concert de
louanges escamote une partie du bonhomme et il faudrait que Macron prenne aussi connaissance de cette
chanson dans la veine anticolonialiste qu'il prétend partager.
C'est exact quand on meurt on est porté au pinacle ! Chez moi on dit "Il faut naître pour être beau, se marier pour être riche et mourir pour être brave" le mot brave étant employé dans son sens méridional, c'est à dire, gentil, aimable, généreux, altruiste...
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Brillant homme de lettres d'un côté, réactionnaire de l'autre, aussi hypocrite que François Mitterrand qu'il a si bien incarné au cinéma...Le plus à droite de sa famille, alliée à Pierre Brossolette. Son père, résistant, était ami de Léon Blum, socialiste, mais gérant loyal du capitalisme comme il l'a dit lui-même. Pas d'obsèques nationales, donc, pas plus qu'à Johny Halliday dont la fin terrible n'en fait quand même pas un héros. Emmanuel Macron ne parait pas avoir de vision très précise des vrais grands hommes...Tout est galvaudé.
Pourvu que le président se rappelle que l'Algérie est une nation avec laquelle on doit traiter d'égale à égale !