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L’affaire Audin et la FNACA *** Un article de Jacques CROS
L’affaire Audin et la FNACA
Un article de Jacques CROS
Le président de la République a récemment reconnu à propos de Maurice Audin que son arrestation et probablement sa liquidation par l’armée française éclaire ce qu’était la justice au temps de la guerre d’Algérie. En vertu de pouvoirs qui leur avaient été confiés les militaires s’étaient substitués à la police et ils décidaient, sans avoir à rendre compte de leurs actes, du sort des personnes qui tombaient dans leurs mains.
La disparition du jeune mathématicien communiste, engagé pour l’indépendance de l’Algérie est une des victimes, la plus connue parmi les milliers qui ont ainsi disparu sans laisser de trace. La déclaration de Macron sur cette réalité a permis de lever un coin du voile de ce qu’étaient le colonialisme et la guerre menée pour tenter de le maintenir.
La FNACA aurait pu se saisir de cette situation nouvelle pour analyser les événements que ses adhérents ont vécus. Sa vocation est en effet de prendre en charge les intérêts matériels et moraux de ses adhérents. Ceux-ci, dans le meilleur des cas, ont gâché de longs mois de leur jeunesse dans cette aventure. Pour certains cela fut beaucoup plus.
Dans un article paru dans le numéro 570 de « L’Ancien d’Algérie », l’organe de cette fédération d’anciens combattants, le rédacteur en chef de ladite revue se penche sur cette actualité. Mais il n’a pas, c’est l’évidence, saisi l’opportunité du fait historique que nous avons pour notre part enregistré. Que le chef de l’Etat reconnaisse la responsabilité de la France dans les drames qui ont accompagné la guerre d’Algérie lui a échappé.
Il s’intéresse à une question annexe qui fait diversion par rapport à ce qui me paraît l’essentiel. Quelle a été l’attitude des soldats au cours de cette guerre ? Ce qu’ont vécu les appelés du contingent est variable et dépend de l’époque, du lieu où ils ont été incorporés, de leur affectation, des circonstances… Leurs réactions ont pu être diverses.
Je n’ai personnellement pas eu à participer à des exactions, j’ai pu à l’occasion être témoin de certaines. J’ai par contre pu prendre la mesure de l’ampleur de la misère que générait le colonialisme, forme aggravée de l’exploitation capitaliste, et des résultats de la volonté de domination militaire pour maintenir cet ordre des choses.
Le racisme allait bon train chez les hommes de troupe, la tendance étant de reporter sur plus faible que soit ce qu’ils subissaient. C’est le même phénomène que l’on observe aujourd’hui quand devant les difficultés sociales que nous vivons, ceux qui n’ont pas conscience de leur cause, s’en prennent aux immigrés rendus responsables de leurs malheurs.
J’ai donc des divergences avec la FNACA, ce que j’avais noté depuis des temps. Ne serait-ce pas plus pertinent de se saisir de l’affaire Audin et de la déclaration de Macron, quelles qu’en soient les motivations, à propos de la responsabilité de la France dans les drames qui ont accompagné la guerre d’Algérie plutôt que de faire diversion sur le sujet en abordant des effets seconds ? C’est l’interrogation que je livre à la réflexion de chacun.
Jacques Cros
SOURCE : http://cessenon.centerblog.net/6572849-l-affaire-audin-et-la-fnaca
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