• L’affaire du métro Charonne

    8 Février 2023

    Publié par El Diablo

     

     

     

    L’affaire du métro Charonne

    Le 8 février 1962, la police tue à la station de métro Charonne à Paris. Une manifestation contre l’OAS et la guerre d’Algérie vire à l’horreur, neuf personnes trouvent la mort.

    L’affaire du métro Charonne

    Début des années 60, en France. Que s’est-il passé ? 

    Porté par le contexte économique des Trente Glorieuses, le pays, en pleine croissance, favorise l’immigration de travailleurs venus -entre autres- des colonies. Dès 1945 l’ONI (l’Office National d’Immigration) voit le jour et est chargé de contrôler l’importation de main-d’œuvre. Les ouvriers étaient providentiels : non seulement car en nombre massif pour répondre aux besoins imposés par la politique de développement, mais aussi car assignés aux tâches les plus pénibles, et peu coûteux a bien des égards. Ils sont mis au ban de la société : leurs droits obéissent à une législation différente de celle du reste de la population, ils sont entassés dans des taudis, s’implantent dans des bidonvilles et sont victimes d’un racisme anti-Arabe grandissant durant la Guerre d’Algérie.

    C’est durant cette période que se forme l’OAS (l’Organisation Armée Secrète), une organisation menant des actions terroristes en Métropole et outre Méditerranée, dans l’objectif de raffermir le contrôle français sur l’Algérie et de la garder sous domination française. C’est en effet la volonté affichée par l’Etat français de se retirer de l’Algérie qui suscite de vives réactions : En 1961, lors d’un référendum conduit en Métropole et en Algérie, 25% des répondants se sont déclarés opposés à la cession du droit d’autodétermination aux Algériens ! (C’est-à-dire du droit au peuple d’organiser son propre pouvoir et Etat). A leur tête et dans leurs rangs, principalement des hommes politiques et des militaires. Leurs méthodes sont froides : assassinats, putschs et attentats. C’est lors d’un de ceux-ci à Paris, que l’OAS fera exploser dix charges de plastic le même jour et blessera grièvement une fillette de 4 ans, Delphine Renard.

    L’affaire du métro Charonne

    Delphine Renard :

    « Les apologistes de l’OAS

    continuent de brandir

    des idéaux racistes

    et fascisants » 

     

     Les souvenirs de Delphine Renard

     sur "France info" 

     L'histoire du jour

     Delphine Renard, la petite fille victime de l'OAS

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    Le 7 février 1962, en pleine guerre d'Algérie, une bombe explose chez André Malraux. Une petite fille de quatre ans, Delphine Renard, est grièvement blessée. Elle devient, malgré elle, le symbole des victimes du terrorisme. Aujourd'hui, dans un livre - "Tu choisiras la vie" (Grasset) - elle raconte l'évènement qui a changé sa vie.

    Delphine Renard est au milieu de ses jouets, dans sa chambre, à Boulogne Billancourt. Elle est allongée, par terre, plongée dans une livre. Soudain, une énorme explosion retentit. La pièce vole en éclats. La petite fille pousse un hurlement. Elle s'en souvient comme si c'était hier : "j'ai les yeux fermés, collés par le sang, mon côté droit n'est plus qu'une bouillie". Les secours se précipitent. Les reporters, aussi. Paris Match publie la photo de l'enfant. Le magazine écrit : "ce visage mutilé accuse l'OAS".

    L'OAS, c'est l'organisation de l'armée secrète, qui commet des attentats pour empêcher l'indépendance de l'Algérie. Quand les Français voient cette photo, quand ils découvrent l'histoire de Delphine Renard, ils sont bouleversés.

     

    Deux drames, en deux jours

     

    Si la bombe a explosé chez elle, c'est simplement parce que Delphine Renard habite le même immeuble qu'André Malraux. C'est lui, le ministre du général de Gaulle, qui était visé. Au moment de l'attentat, Malraux n'était pas chez lui.

    Le lendemain, une manifestation a lieu à Paris. Le préfet de police, Maurice Papon, l'a interdite. Mais des milliers de personnes descendent malgré tout dans la rue. Elles protestent contre les attentats. La police charge les manifestants. Il y a des bousculades. Neuf personnes sont tuées au métro Charonne.

    Deux drames, en deux jours. Après des mois de violence, après la répression du 17 octobre 1961, la guerre a atteint un niveau insupportable. D'ailleurs, les Français ne la supportent plus. Le conflit s'arrête quelques semaines plus tard. Les accords d'Evian sont signés le 18 mars 1962.

     

    À 61 ans, elle trouve la force d'écrire sur l'événement

     

    Pendant ce temps-là, Delphine Renard va d'hôpital en d'hôpital. Dans l'attentat, elle a perdu un œil. Elle subit des opérations en série. Elle grandit. Elle se construit, dans l'ombre de cette histoire. Parfois, dans la rue, des passants la reconnaissent : "Êtes-vous la petite Delphine Renard ?". Elle n'aime pas beaucoup ça.

    Elle suit des études brillantes. Elle devient critique d'art, puis psychanalyste. A 29 ans, elle perd son deuxième œil. Encore une conséquence, tardive, de l'attentat. Aujourd'hui, Delphine Renard a 55 ans. Elle a trouvé la force d'écrire sur l'événement qui a bouleversé sa vie.

    Le 7 février 1962, en pleine guerre d'Algérie, une bombe explose chez André Malraux. Une petite fille de quatre ans, Delphine Renard, est grièvement blessée. Elle devient, malgré elle, le symbole des victimes du terrorisme. Aujourd'hui, dans un livre - "Tu choisiras la vie" (Grasset) - elle raconte l'évènement qui a changé sa vie.

    Delphine Renard est au milieu de ses jouets, dans sa chambre, à Boulogne Billancourt. Elle est allongée, par terre, plongée dans une livre. Soudain, une énorme explosion retentit. La pièce vole en éclats. La petite fille pousse un hurlement. Elle s'en souvient comme si c'était hier : "j'ai les yeux fermés, collés par le sang, mon côté droit n'est plus qu'une bouillie". Les secours se précipitent. Les reporters, aussi. Paris Match publie la photo de l'enfant. Le magazine écrit : "ce visage mutilé accuse l'OAS".

    L'OAS, c'est l'organisation de l'armée secrète, qui commet des attentats pour empêcher l'indépendance de l'Algérie. Quand les Français voient cette photo, quand ils découvrent l'histoire de Delphine Renard, ils sont bouleversés.

     
    Delphine Renard, une petite fille victime de l'OAS par franceinfo

    Je vous conseille le livre de Delphine Renard «  Tu choisiras la vie » la petite fille victime de la criminelle et terroriste OAS… Je l’ai lu… Ces terroristes d’hier étaient aussi criminels que ceux d’aujourd’hui.

    Michel Dandelot 

     

                    

    L’affaire du métro Charonne

     

    Son livre commence ainsi «  Je veux dédier ce livre aux neuf personnes qui ont trouvé la mort au métro Charonne, le 8 février 1962, tuées par une police aux ordres du sinistre préfet Papon. Ces manifestants sont tombés pour avoir exprimé leur volonté de paix en Algérie et pour avoir osé élever leurs voix contre la barbarie de l’OAS : c’était au lendemain d’un attentat visant le ministre André Malraux et qui m’a seule atteinte. Ayant eu la chance de survivre, j’ai le sentiment de respirer aussi en leurs noms. Cinquante après, leur souvenir me porte à dénoncer comme eux, cette guerre sans fin et à m’associer à toutes les familles qui, comme la mienne, en ont été à jamais meurtries. Je rends également ici hommage à tous ceux qui, un jour, ont rencontré sur leur route la folie du terrorisme aveugle » Delphine Renard.

     

     

    Et maintenant

    nous attendons

    les reconnaissances

    officielles

    d’émmanuel Macron

    au nom de la France

    Le 8 février est un crime d'état : un dépôt d'une gerbe du préfet lallement et 6 lignes du président macron

    en 2022

    sont très insuffisants

    reconnaissances des crimes d'etat, des crimes du guerre, du crime contre l'humanité sont indispensables pour tourner définitivement

    la page

     

     

     

    Après des années d’exactions, c’est l’évènement de trop qui étend le sentiment d’insécurité à une partie élargie de la population. En effet, si même les enfants sont touchés, qui peut se prétendre à l’abri ? A l’époque seule une portion d’intellectuels et de militants, pour la plupart d’extrême gauche, soutiennent des positions anticolonialistes. Même lors du massacre du 17 octobre 1961, seuls les milieux déjà sensibilisés aux problématiques liés à la colonisation et aux rapports de pouvoir ont réagi. Néanmoins, le 8 février 1962, au lendemain de l’attentat, on comprendra que la réprobation a cette fois-ci trouvé écho au sein de l’opinion publique.

    Un rassemblement pacifiste et pacifique 

    Ce sont 60.000 individus – soit plus de 2% de la population parisienne de l’époque – qui sortiront investir les rues de la capitale pour protester. La manifestation est lancée sous l’impulsion des grands syndicats historiques, incluant la CGT, et l’UNEF ainsi que des partis de gauche ; bien qu’interdite ils prennent en charge l’organisation et l’encadrement de l’évènement. Différentes processions qui connaissent globalement peu de heurts sont tenues « contre le fascisme et l’OAS » et « pour la paix en Algérie » dans plusieurs quartiers parisiens. Des cortèges fusionnent et la foule se masse au carrefour Voltaire-Charonne dans le 11ème ; les organisateurs s’apprêtent à prononcer le mot de la fin et annoncer la dissolution du rassemblement. Il est 19h30.

    Un barrage des forces de l’ordre, à proximité du carrefour se meut. Une masse s’en détache. Des silhouettes aux long bras s’en distinguent et approchent. Il s’agit en fait de policiers en marche en direction de la foule, armés de leurs longues matraques – « les bidules » comme on les appelle –. Des dignitaires parmi les organisateurs ainsi que des élus vont à leur rencontre pour annoncer que la dislocation vient d’être prononcée, tenant pour signe évident la foule qui est calme, non-organisée en cortège et qui fait même dos aux policiers. C’est alors qu’à quelques dizaines de mètres des manifestants, un homme en civil, accompagnant les forces de l’ordre crie « Ca ne fait rien. On s’en fout, cognez ! ». La police charge les contestataires, bâtons levés.

    L’affaire du métro Charonne


    Le massacre 

    Sans sommation, par surprise, le choc est décuplé dans sa violence. Personne ne les a vu arriver, et les premiers malheureux reçoivent les coups avec stupeur. Une stupeur qui se mue en une panique, et se répand de proche en proche dans les rangs. La foule prise d’assaut s’agite et cherche à fuir, plongés dans l’urgence des cris de leurs camarades. Ils comprennent rapidement que ce n’est pas une habituelle escarmouche avec les forces de l’ordre, qui n’ont de toutes façons pas de raisons de s’en prendre à eux. Alors rapidement, il faut pour chacun trouver un abri, une voie de salut. Craignant peut-être de rencontrer plus de policiers via les rues avoisinantes (certaines étant barrées), et pensant pouvoir échapper au saccage, d’instinct une partie du cortège cherche à se terrer dans les bouches du métro Charonne. 

    A la surface, la furie ne se désamorce pas. Ceux ayant pu se cacher témoignent « J’ai pu trouver refuge derrière une porte cochère, et là, j’ai entendu pendant une demi-heure des cris déchirants, des coups de sifflet, des chocs et des bruits divers ». Au métro, la panique est telle qu’une bousculade prend place. Les personnes chutent les unes sur les autres dans les escaliers, et s’entassent dans une masse grouillante dont nul ne peut se tirer. La dizaine de personnes ayant pu arriver indemnes dans la station Charonne ne trouveront aucune voie de sortie : toutes sont verrouillées. Ils tenteront alors d’aider ceux qui, sous le poids des leurs et de leurs convictions, étouffent, brisés au bas de l’escalier.

    C’est dans ces circonstances que la maréchaussée achèvera de détruire le contrat social qui les lie à la population qu’ils doivent protéger. Ils vont s’en prendre aux gens piégés du métro. Ils s’emparent d’abord des personnes qu’ils ont battu pour les lancer par-dessus les rambardes donnant sur l’escalier et les quais. D’autres s’occupent de frapper -jusqu’à briser leurs bâtons- ceux qui en haut de l’escalier cherchent malgré tout à s’engouffrer dans la masse compacte, pour s’abriter des coups. La manifestation contre le terrorisme a tourné au massacre. Perpétré par les garants de la sécurité publique.

    Une quinzaine de minutes durant, ils s’acharneront sur les manifestants. Impossible en bas de pouvoir efficacement dégager qui que ce soit sous la pression de la pluie d’insultes, de coups, de projections en tout genre. La police ira jusqu’à vandaliser le mobilier urbain pour le jeter sur les entassés : table de café, pièces en fonte, grilles d’aération. Certains iront même poursuivre dans les couloirs et sur les quais, les personnes qui ont pu les atteindre pour s’y réfugier. Pour finir, ils lanceront des grenades de gaz lacrymogène dans l’espace confiné de la station.

    Des corps meurtris et des personnes inconscientes sont extraites. Fractures du crâne, des membres, plaies, asphyxies, traumatismes. 9 personnes décèdent : 3 femmes, 5 hommes, et un adolescent de 15 ans. Tous âges, tous sexes, tous protestants pour la paix. On dénombrera 126 blessés, affluant vers les cliniques parisiennes, dont un tiers resteront plus de 5 jours hospitalisés. Quelles conséquences, pour un bilan si lourd ?

     

    Suites 

    Tout d’abord à court-terme : un mouvement de solidarité sociale nait spontanément et rassemble (les estimations à ce sujet sont très dispersées) autour de 400 000 personnes aux obsèques des victimes, 5 jours après le drame. L’émotion est retentissante et beaucoup n’hésiteront pas à poser leurs congés pour y participer. Du côté des pouvoir publics, la veille des obsèques le Premier Ministre Michel Debré visitait la police de Paris pour leur « apporter le témoignage de sa confiance et de son admiration ». En outre, il signifiera également au Préfet de police de l’époque, Maurice Papon on dont il a su exécuter une mission souvent délicate et difficile ». Aucun doute possible, la répression a été exécutée sous l’égide bienveillante des plus hautes sphères républicaines.

    La tendance à moyen et long terme confirmera ceci. Jusqu’aujourd’hui, les seuls liens entre l’affaire et la justice sont la dépense de l’argent public en procédures engagées qui aboutiront sur des non-lieux, les renvois entre instances juridiques et dédouanements successifs. La pierre majeure venant sceller tout espoir de justice vis-à-vis des actes terroristes commis est également placée par l’Etat, et renforcée par les pouvoirs en place successifs : il s’agit des lois d’amnistie. Celles-ci consistent à couvrir de manière rétroactive les actes passibles de décision de justice d’un groupe d’individus, souvent, suite à un contexte de conflit à implications politiques. C’est en quelques sortes, une grâce présidentielle étendue à plusieurs personnes.

    L’affaire du métro Charonne

    De gauche à droite : Maurice Papon, Michel Debré et Charles de Gaulle. Les têtes du pouvoir en place à l’époque de la répression.

    Amnistie, amnésie 

    Pensées en amont même de l’indépendance algérienne, celles-ci feront l’objet d’une rare diligence dans leur mise en place et promulgation. En 1962, en premier lieu, seront prononcés décrets et ordonnances concernant les militants algériens, pour les couvrir vis-à-vis de toute poursuite judiciaire portant sur leurs actes de résistance, actes ayant par ailleurs été reconnus comme légitimes lors des accords d’Evian. S’agirait-il en un sens d’admettre qu’il n’y avait pas de motif valable donnant lieu à la domination de générations d’algériens ? Car curieusement, l’autre pendant des mesures adoptées concerne cette fois les « faits commis dans le cadre des opérations de maintien de l’ordre ». Exonérant ainsi de fait tout militaire coupable de torture, massacre de civils ou de transgression des droits humains élémentaires. Le texte de loi ne sera pas absolu dans son application, et ne concernera pas, par exemple, les français engagés auprès du FLN ou les déserteurs.

    Les lois d’amnisties seront alors complétées et étendues sur plusieurs années pour tenir compte d’un maximum de cas, sous diverses influences.  On relèvera en particulier des lois visant à blanchir les membres de l’OAS et affiliés, spécifiquement. Un des faits les plus marquants est lié à François Mitterrand : alors président, il impose en 1982 le passage d’une loi -via le célèbre 49.3- visant à réhabiliter les militaires, policiers et fonctionnaires impliqués dans les actions pour menées pour le primat de l’Algérie Française. En clair, déjà absous par la justice française, le Président leur permettra en plus, pour la plupart, de réintégrer leur corps de métiers, de retrouver leurs décorations militaires, et également de toucher une pension. Les faits ont de quoi étonner. D’autant plus pour un gouvernement de Gauche. Serait-ce un us républicain, d’instrumentaliser les pouvoirs pour tempérer sa relation aux milieux d’extrême droite, comme à Charonne ?

    Début des années 2020 en France. Qu’est-ce qui a changé ? 

    Le sujet reste ouvert et commenté par les historiens étant donné que les pouvoirs publics n’ont jamais pu (ou voulu) faire la lumière sur cette affaire. Diverses lectures sont proposées, mais celles incluant la maitrise des relations entre l’Etat et les partisans de droite conservatrice, qui sont plus nombreux en proportion parmi les forces de maintien de l’ordre que dans le reste de la population semble tenir le mieux en cohérence la trame des évènements sus-cités.

    La désinformation de concert du ministre de l’Intérieur et de la Droite au sujet des circonstances de la manifestation. L’approbation ouverte du Premier Ministre quant à la bonne gestion faite par le Préfet de Police de ses troupes. L’acharnement d’une section spéciale d’officiers sur des manifestants ouvertement liés au communisme. Les amnisties en faveur des terroristes et autres violents, y compris au nom de l’Etat. Leur réhabilitation opérée par François Mitterrand, qui exécute ainsi sa promesse de campagne. (Il ira même jusqu’à convaincre sur cette base l’ex-chef de l’OAS d’appeler à son vote).

    Chacune de ces actions, perpétrées à dessein, pour afficher un soutien et ainsi transiger avec une extrême droite trop présente et trop influente parmi les sphères de pouvoir françaises. Chacune d’entre elles, sont autant de relais qui ont contribué à faire tomber le silence sur les tombes de Charonne.

    SOURCE : L'affaire du métro Charonne - Récits d'Algérie (recitsdalgerie.com) 

    « C’était la guerre d’AlgérieXavier Driencourt : "L'Algérie devrait être la Californie de l’Afrique" »

  • Commentaires

    6
    Jeudi 9 Février 2023 à 10:29

    L'on ne saurait trop recommander aux lecteurs de saisir le député et le sénateur (extérieur au "Rassemblement national") de leur circonscription de cette proposition de loi et de leur demander de la soutenir !

    5
    Mercredi 8 Février 2023 à 14:09

    PROPOSITION DE LOI 

    tendant à la reconnaissance de la répression d'une manifestation à Paris le 8 février 1962. 

     

    (adressée aux présidents de groupes parlementaires de l’Assemblée nationale et du Sénat, hors "RN")

     

    EXPOSÉ DES MOTIFS

     

    Mesdames, Messieurs,

    Il y a soixante et un ans, le 8 février 1962, au lendemain de l’un des attentats les plus odieux commis par l’Organisation armée secrète (OAS) en métropole, plusieurs dizaines de milliers de manifestants défilent en plusieurs cortèges, dans le calme, autour de la Bastille, pour exiger l’instauration de la paix en Algérie et dénoncer les actes commis en région parisienne par ce mouvement terroriste.

    Alors que la dislocation a été annoncée, des brigades spéciales d’intervention, sous les ordres du préfet de police Maurice Papon et l’autorité du ministre de l’intérieur et du Premier ministre chargent, sans raison, le cortège du boulevard Voltaire à la hauteur de la station de métro Charonne.

    La brutalité inouïe de leur intervention évoque une volonté de tuer pour l’exemple. Les manifestants, par centaines, sont sauvagement matraqués, jetés à terre, refoulés dans la bouche de métro : sur la foule entassée, les policiers projettent des grilles d’arbres en fonte.

    Certains sont pourchassés jusque dans les couloirs d’immeubles, les cafés.

    Nul n’est épargné : femmes, enfants sont frappés avec une égale violence. Tard dans la soirée se dégage peu à peu le triste bilan. On apprend qu’il y a des morts. Combien ? 1, puis 2, puis 3 et 5.

    En fait, il y en aura 8, dont trois femmes et un adolescent d’à peine plus de quinze ans, auxquels s’ajoutent quelque 250 blessés dont une centaine grièvement atteinte. Un mois et demi après, une neuvième victime succombe à ses blessures.

    Le nom de ces morts vaut d’être rappelé ici : Jean-Pierre Bernard, 30 ans, dessinateur ; Fanny Dewerpe, 31 ans, secrétaire ; Daniel Féry, 16 ans, apprenti ; Anne-Claude Godeau, 24 ans, employée PTT ; Édouard Lemarchand, 41 ans, menuisier ; Suzanne Martorell, 36 ans, employée au journal L'Humanité ; Hippolyte Pina, 58 ans, maçon ; Raymond Wintgens, 44 ans, typographe et Maurice Pochard, 48 ans, décédé à l'hôpital.

    À l’instar de ceux du 17 octobre 1961 ayant touché tant de Français musulmans d’Algérie, les événements survenus le 8 février 1962 seront occultés par tous les gouvernements, résonnant comme une page peu glorieuse de l’histoire de nos institutions et, singulièrement, de la préfecture de police.

    Sous l’influence notamment de chercheurs et historiens, le voile a pu être levé.

    De même que la réalité de la pratique de la torture durant la guerre d'Algérie a pu être établie et reconnue, confortée par la reconnaissance officielle faite par le Président de la République, il convient que la vérité s’impose à propos de Charonne et que justice soit enfin rendue à l’ensemble des victimes : celles qui ont trouvé la mort le 8 février 1962 comme celles qui ont survécu à leurs blessures, dont le courage et le sacrifice ont été salués par les Français unis par centaines de milliers, sans distinction d’appartenance ou affinité politique ou syndicale, autour du cimetière du Père Lachaise, pour un hommage solennel, dans le silence et le recueillement, le jour des obsèques.

    Les dépôts de gerbes effectués par le Président de la République à l’occasion du soixantième anniversaire tant du 17 octobre 1961 que du 8 février 1962 ont constitué un premier pas.

    Le 13 février 1962, l’union nationale a prévalu sur toute autre considération, s’agissant de dénoncer une tragédie non fortuite survenue dans le contexte d’événements qui ne disaient pas encore leur nom.

    Soixante et un ans plus tard, la réconciliation des Français, non seulement avec leur propre mémoire de la guerre d’Algérie, mais aussi et surtout avec l’histoire d’une République alors incertaine impose une initiative forte, à la fois symbolique par le moment où elle intervient, dépassionnée dans son inspiration et fondatrice par les valeurs qui la sous-tendent.

    En cette année 2023, année du 61e anniversaire de la fin de la guerre d’Algérie, les auteurs de la présente proposition de loi suggèrent que la France, par la voix de son Parlement, reconnaisse la tragédie du 8 février 1962 en consacrant le caractère criminel de la répression dont des manifestants pour la paix civile ont été l’objet ce jour-là.

     

    PROPOSITION DE LOI

    Article 1er

    La France reconnaît le caractère criminel de la répression, sous l’autorité du préfet de police, de la manifestation organisée le 8 février 1962 à Paris.

    La France reconnait également les souffrances endurées par les victimes de ces violences ayant survécu à leurs blessures.

     

    Article 2

    Le lieu du souvenir dédié aux hommages publics à la mémoire des victimes mentionnées à l’article 1er est la place du 8 février 1962 à Paris-11e.

     

     

    *

     

    Soutien à la proposition de loi - Premières personnalités signataires 

     

     

    RENARD Delphine, grièvement blessée dans l’attentat dirigé contre André MALRAUX

     

    GAVOURY Jean-François, président de l’association des victimes de l’OAS (ANPROMEVO)

     

    BERNARD Eloise, petite-fille d’une victime de “Charonne“

     

    WINTGENS ép. LABORIE Catherine, petite-fille d’une victime de “Charonne“

     

    RIFFAUD Madeleine, résistante, journaliste, Croix de guerre, Chevalier de la Légion d’honneur

     

    STORA Benjamin, historien

     

    PRADEL Jacques, président de l’association des pieds noirs progressistes

     

    ASCARIDE Ariane, comédienne

     

    ERNAUX Annie, écrivaine, prix Nobel de littérature

     

    HIDALGO Anne, Maire de Paris

     

    PATRICE Laurence, Maire adjointe de Paris chargée de la mémoire

     

    VILLANI Cédric, mathématicien

     

    VIEU-CHARIER Catherine, ancienne Maire adjointe de Paris

     

    RUSCIO Alain, historien

     

    AUDIN Pierre, fils de Maurice AUDIN

     

    LALLAOUI Mehdi, président de “Au nom de la mémoire“

     

     

    GAY Fabien, directeur de “L’Humanité“

    4
    Mercredi 8 Février 2023 à 11:57

    Commémoration de "Charonne" ce matin à Paris, mais également à Nantes, cet après-midi : cf. https://fapt44.reference-syndicale.fr/actus/commemoration-ne-pas-oublier-charonne-rassemblement-a-la-memoire-danne-claude-godeau-le-08-fevrier-2023

     

     

    3
    Jean-Philippe OULD A
    Jeudi 2 Février 2023 à 12:37

    Un livre d'une qualité exceptionnelle mérite d'être signalé : " Charonne 8 février 1962. Anthropologie historique d'un massacre d'Etat", écrit par Alain Dewerpe, fils de l'une des trois femmes tuées ce jour-là, Annie Dewerpe. La documentation d'une rare précision révèle que les deux commissaires qui commandaient les deux compagnies auxquelles ils ont donné l'ordre de  jeter les Algériens dans la Seine au pont de Neuilly et au pont saint Michel le 17 octobre 1961, étaient les deux mêmes commissaires placés à la tête des deux mêmes compagnies mises en position le 8 février 1962 à Charonne. L'ordre était, je cite l'auteur : "Cognez-les!". Le préfet Papon utilisait bien, et en toute connaissance, ce que les hommes de ces deux compagnies là étaient capables de commettre sous les ordres de ces deux chefs là, à la demande du préfet Papon, placé sous l'autorité du ministre de l'intérieur Roger Frey. C'est bien un massacre d'Etat suivi d'un mensonge d'Etat que cet ouvrage démontre de façon implacable et irréfutable. Encore un descendant de victimes obligé d'établir la vérité.

    2
    yvon priou
    Jeudi 2 Février 2023 à 10:43

    Grande honte et horreur aussi  10 jours plus tard pour l'Armée Française, le 18 février 1962 en Algérie -  L'O.A.S. utilise deux avions T28, français basés à la Senia prés d'Oran, pour bombarder le cantonnement F.L.N. d'Oujda au Maroc. - Oujda - PC de l'ALN  au Maroc ou étaient envoyés des Prisonniers Français. - Que sont-ils devenus ??  ceux qui y étaient encore prisonniers ??  

    1
    Danièle Ponsot
    Jeudi 2 Février 2023 à 08:13

    L'horreur absolue pour les victimes et une grande honte pour le pouvoir politique et la police!( couverte par le pouvoir en question!)

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