• L'Algérie à Evian : l'issue victorieuse du 19 mars 1962 que les nostAlgériques ne digèrent toujours pas *** Evian une eau peu limpide un article du quotidien "Le Temps d'Algérie"

    Cet article est paru le 19 mars 2016

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    incompréhensible pour moi, paru ce matin 11 décembre

    m'a donné l'idée de le mettre de nouveau en ligne

    Michel Dandelot

    L'Algérie à Evian : l'issue victorieuse du 19 mars 1962 que les nostAlgériques ne digèrent toujours pas

    L'Algérie à Evian : l'issue victorieuse du 19 mars 1962 que les nostAlgériques ne digèrent toujours pas

    C’est l’image-histoire, celle de la délégation algérienne qui a négocié à Evian avec le gouvernement français. Une image et une date qui font encore enrager les nostalgiques de l’ordre colonial: à Béziers, Robert Ménard, maire pro-front national va mettre aujourd'hui les drapeaux en berne après avoir "effacé" l’indésirable date du 19 mars d’une rue de Béziers pour la remplacer par le nom d’un putschiste du 21 avril 1961.

    On voit dans cette image Krim Belkacem, chef de la délégation du GPRA (Gouvernement provisoire de la république) aux négociations d’Evian. Ses accompagnateurs du moment sont Mohamed Seddik Benyahia, Tayeb Boulahrouf, Lakhdar Bentobal, Redha Malek et M’Hamed Yazid.

    L’image a fait le tour du monde. Elle ne marque pourtant pas un "tournant", elle fixe une conclusion. Celle d’un long et douloureux combat des Algériens pour l’indépendance et la libération. Mais aussi celle de négociations dures entre le FLN et la France.

    Le 18 mars 1962, Krim Belkacem, chef de la délégation algérienne et ministre des Affaires extérieures du GPRA (Gouvernement Provisoire de la République Algérienne) et Louis Joxe, ministre des Affaires algériennes de de Gaulle, signaient, après onze jours de discussions à l’Hôtel du Parc, les accords d’Evian, un document de 93 pages et de 2026 mots.

    L'Algérie à Evian : l'issue victorieuse du 19 mars 1962 que les nostAlgériques ne digèrent toujours pas

    Les accords proclament un cessez-le-feu dès le lendemain, 19 mars 1962, devenu en Algérie le "jour de la victoire" (Youm Ennasr)... "Et en France LA VICTOIRE DE LA PAIX" Ils prévoient l'organisation rapide d'un référendum pour que les populations "choisissent leurs destins".

    Une conclusion à laquelle ne se résigneront pas les tueurs de l’OAS (Organisation armée secrète) qui engageront la politique de la terre brûlée en multipliant les tueries et les ratonnades et en créant un climat de haine et de peur qui poussera les français d’Algérie à quitter le pays.

    Le temps des Indigènes 

    54 ans, plus tard, Robert Ménard, maire de Béziers et ex-président de Reporters sans Frontières, n’a toujours pas digéré la "conclusion" du 19 mars, il met les drapeaux en berne, il continue, sur les thématiques du Front National, la guerre perdue pour son "paradis perdu".

    La photo de la délégation algérienne fixe un moment. Celui des "indigènes", d’une humanité de "second collège" qui, à la suite d’un combat dur et sanglant, négocie fermement l’indépendance sans aucune concession sur l’intégrité territoriale.

    Réda Malek, membre de la délégation algérienne, évoquera dans son livre (L'Algérie à Evian. Histoire des négociations secrètes 1956-1962. Paris, Le Seuil 1995) un "psychodrame" et un "feuilleton à rebondissement".

    De "suspension en reprise, de pourparlers publics en conciliabules secrets", les négociations entamées secrètement par l’intermédiaire de la très discrète diplomatie suisse, vont durer une année. Ce n’était pas la première négociation entre le FLN et les autorités françaises. Des discussions secrètes et parfois publiques ont commencé dès 1956.

    Evian était bien une conclusion. Le général de Gaulle, ainsi que le rapporte Yves Courrière, dans sa série sur la guerre d’Algérie, appelait régulièrement Louis Joxe, pour poser la question "Alors, c’est pour bientôt ?".

    Le 19 mars 1962, la France officielle a pris acte de la fin de l’Algérie coloniale.

     

     

    L'Algérie à Evian : l'issue victorieuse du 19 mars 1962 que les nostAlgériques ne digèrent toujours pas

    Evian, une eau peu limpide

    Un article du quotidien algérien 

     

    L'Algérie à Evian : l'issue victorieuse du 19 mars 1962 que les nostAlgériques ne digèrent toujours pas

    Longtemps, le mythe gouvernemental français aura leurré son monde. «De simples opérations de maintien de l'ordre dans nos départements français d'Afrique du Nord» était la litote officielle servie pour accompagner les cercueils et les blessés de retour en France. Cette fable ne pouvait perdurer et, depuis le 1er Novembre 1954, elle s'émoussa au fil des ans pour laisser place à la vérité, toute crue, d'une guerre de Libération, une guerre qui bottait les fesses à une armée française déjà vaincue lors de la bataille de Diên Biên Phu, moment clé de la guerre d'Indochine en 1954... Puis, vint l'annonce du cessez-le-feu !

    Le 19 mars 1962 à 12 heures, les «gueux» et les «bougnoules» devenaient enfin des êtres humains et pouvaient même boire de leur eau d'Evian… Une eau d'Evian qui aura charrié, entre ici et là-bas, l'esprit harki du courant colonialiste ! Un colonialisme machiavélique et manœuvrier. Le général De Gaulle n'avait-il pas lancé, à Alger, son fameux «Je vous ai compris !» aux colons, militaires et harkis ? Le même De Gaulle n'avait-il pas proposé, à nos combattants des villes et des campagnes, «la paix des braves»? Manœuvres, de part et d'autre, sans résultat car le peuple algérien, martyrisé, exigeait l'Indépendance. Un peuple qui malgré ses harkis continuait d'affirmer sa confiance au FLN et à son bras armé, l'ALN. En France, en 1961, la manifestation pacifique du 17 octobre où des Algériens de la région parisienne furent violemment réprimés par la police du préfet Papon, avait sonné le glas de la politique colonialiste. 

    Des centaines de manifestants ont été tués, blessés, jetés dans la Seine ou portés disparus. La police du ministre Frey et du préfet Papon fut l'alliée de l'innommable OAS et ses crimes perpétrés contre les pourparlers engagés alors à Evian. L'OAS criminelle est encore dans les mémoires. Elle aura avalé son bulletin de naissance mais laisse derrière elle des nostalgiques.
    La guerre qui avait duré près de huit ans laissait sur le carreau, à une heure d'avion, près d'un million de pieds-noirs originaires de France, d'Espagne, d'Italie ou de Malte. Combien de familles françaises comptaient des leurs en Algérie ? Beaucoup, et parmi elles, des Ménard ou des Sanchez qui ont encore cette date en travers de la gorge. C'est pour chouchouter ces nostalgiques que l'actuel maire de Béziers et ancien leader de «Reporters Sans frontières», Robert Ménard, a débaptisé une rue consacrée à la mémoire des accords d'Évian pour lui donner le nom d'un putschiste de l'OAS. C'est dans la même veine que le maire FN de Beaucaire dans le Gard, Julien Sanchez, a lui aussi annoncé qu'il allait débaptiser la rue du 19 Mars 1962, pour lui donner un nom «moins polémique».
    Une polémique qui court, qui court, comme la maladie d'amour chez un Sarkozy qui critiquait, hier, le fait que François Hollande ait choisi, aujourd'hui samedi, de commémorer la fin de la guerre d'Algérie avec «un bon et un mauvais côté de l'Histoire». Enième polémique franchouillarde qui renvoie à une Histoire où il est bel et bien inscrit, pour la postérité, que la France a subi une défaite militaire en Algérie. Cette France, n'en déplaise aux Sarko and Co, est du mauvais côté de l'Histoire et le restera tant que les massacres du 8 Mai 1945 à Sétif, Kherrata et Guelma n'ont pas été reconnus comme crimes coloniaux. Avec de tels événements, comment ne pas boire nos eaux minérales limpides et se dire que l'eau d'Evian est finalement insipide, chez nous !

    A. N.

    « L'ouverture des archives de la guerre d'Algérie avancée de 15 ans, annonce Roselyne Bachelot la ministre de la Culture qui veut ainsi répondre aux "falsificateurs de l'histoire".Le libre accès aux archives est certainement utile *** Un article de Jacques CROS »

  • Commentaires

    4
    Jacki MALLEA
    Dimanche 12 Décembre 2021 à 16:13

    Comment ne pas me souvenir de ce jour là ? J'avais autour de moi, des jeunes de mon âge heureux de savoir qu'ils allaient rentrer chez eux "vivants". C'était à l'armée bien sûr. Je n'ai jamais, depuis ce jour, cessé tous les 19 mars de penser à ce jour. Tout en ayant en mémoire l'image des cercueils de ceux qui n'ont pas connu ce jour. Pour moi par contre ce fût un jour, qui malgré le fait que je savais depuis longtemps qu'un jour l'indépendance serait prononcée, de réflexions. Que va-t-il advenir de notre famille ? Allons nous pouvoir rester ? Puis j'ai participé à la fête avec tous.

    N'oublions pas non plus qu'à Perpignan aussi, Pujol, le maire s'autorisait à mettre le drapeau de la République en Berne, ce jour là. Aliot va plus loin, le 19 mars 2021, 59 ans après, il a organisé une exposition de massacres perpétrés par le FLN. 

    3
    Gavoury J-F
    Samedi 11 Décembre 2021 à 11:59

    Oui Madame Ponsot - chère Danièle, si vous le permettez - vous êtes bien née : votre témoignage m'en convainc !

    Bien à vous,

    J-F. Gavoury

    2
    Ponsot danièle
    Samedi 11 Décembre 2021 à 11:33

    C'est une date à laquelle je suis très attachée! Moi aussi, j'étais en Algérie, à la maison car notre lycée avait fermé ses portes depuis février et je continuais à préparer mon 2ème Bac toute seule. C'est en avril que je suis allée ( je ne dis pas " revenue" car ce n'était pas un retour!) en France. Je venais juste passer mon Bac dans l'Académie de Clermont-Ferrand, une de mes soeurs pouvant nous héberger, ma maman et moi, jusqu'au passage des épreuves. Après les résultats ( j'avais été reçue), nous sommes retournées en Algérie où Papa nous attendait. Le 19 mars, c'était donc un jour particulier. Bien sûr, il y avait eu des voitures appartenant à des Pieds-Noirs  pour sillonner les rues de notre village en klaxonnant des : Tatata-Ta -Ta" rageurs . Mais chez nous qui étions Pieds-Noirs également, rien de semblable. Il y a longtemps que Papa nous avait expliqué que l'Indépendance était dans l'ordre des choses et qu'il espérait juste pouvoir rester encore longtemps, dans ce pays qui nous avait vu naître. A cause des exactions de l'OAS, et la fuite de presque tous les français du village, que les menaces de cette organisation de triste mémoire avait occasionnée, il en alla autrement et mes parents sont venus en France en 1965 ( ils se sentaient trop isolés, loin de nous tous, qui y étions venus en 1962 ou un peu plus tard ( moi, pour intégrer la Fac de lettres de Dijon, mon frère et mes soeurs et beaux-frères, pour leur travail. ) Papa avait été , avant le 19 mars, approché de façon musclée par l'OAS, mais avait toujours refusé de " manger de ce pain-là!" Bon, j'ai eu de la chance de vivre dans cette famille!!!

    1
    Samedi 11 Décembre 2021 à 08:17

    J'ai quelques souvenirs du 19 mars 1962. Ce jour-là j'étais à Géryville, aujourd'hui El Bayadh, et l'armée, probablement des harkis, a tiré sur la foule des Algériens qui manifestaient, au centre de la ville, leur satisfaction de l'évolution de la situation. C'est qu'on allait en effet vers la fin de la guerre et du colonialisme conclue par l'indépendance de l'Algérie. Il y a eu une dizaine de morts et un grand nombre de blessés. Nous étions quelques heures après le cessez-le-feu qui s'appliquait à midi.

    Le 14 mars 2015 j'étais présent au contre rassemblement qu'avaient organisé ceux qui sont pour la paix et l'amitié entre les peuples lors du changement du nom de la rue du 19 mars 1962 qui, suite à la décision du maire d'extrême droite de Béziers allait prendre celui d'un officier putschiste. Pour la circonstance on a pu entendre Ménard tenter de lancer le slogan complètement anachronique "Algérie française" !Qu'il ne fut pas suivi montre qu'il était en retard d'une guerre !

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