• L’impensable présence du RN et de Reconquête à la marche du 12 novembre contre l’antisémitisme


    Ils seront bien dans le même défilé

    L’impensable présence du RN   à la marche du 12 novembre contre l’antisémitisme

    L’impensable présence du RN   à la marche du 12 novembre contre l’antisémitisme

     

    LA HONTE

    L’impensable présence du RN

    et de Reconquête

    à la marche du 12 novembre contre

    l’antisémitisme

    Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher ont appelé à une « grande marche contre l’antisémitisme », dimanche 12 novembre. Mercredi soir, sur TF1, ils n'ont pas contesté la présence de l'extrême droite, tout en disant ne pas vouloir défiler « à côté ». En conséquence, la FI refuse en l’état d’y participer tandis que PCF, PS et EELV veulent créer un cordon physique les séparant des partis lepéniste et zemmourien.

    L’impensable présence du RN   à la marche du 12 novembre contre l’antisémitisme

    Rassemblement contre l'antisémitisme à Paris, le 19 février 2019. © Denis Meyer / Hans Lucas / AFP

    Marcher contre l’antisémitisme avec l’extrême droite ? L’idée, abjecte, avait déjà été envisagée dimanche par Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste, qui a fini par rétropédaler. Mardi, c’est de manière plus officielle que les présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat ont appelé à une marche, entre les deux Chambres, dimanche 12 novembre, « pour la République et contre l’antisémitisme ». Dans cette tribune commune publiée par le Figaro, Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher invitent « tous ceux qui se reconnaissent dans les valeurs de notre République » à cette manifestation.

    Une nouvelle tentative de laver l’image

     du parti d’extrême droite

    Comme Eric Zemmour, Jordan Bardella, président du Rassemblement national, et Marine Le Pen se sont précipités pour annoncer leur présence dans le cortège. Une nouvelle tentative de laver l’image du parti d’extrême droite, qui compte dans ses fondateurs deux anciens SS et dont plusieurs cadres actuels (le député Frédéric Boccaletti, le maire de Fréjus, David Rachline…) sont accusés d’antisémitisme.

    « Une marche contre l’antisémitisme, oui ! Avec les héritiers de la Waffen-SS, non ! » a vivement réagi Fabien Roussel au sujet de la mobilisation de dimanche. « Nous défilerons peut-être à un autre endroit, mais pas avec eux », a proposé le secrétaire national du PCF, mercredi matin, sur France 2.

    L’après-midi, le PCF, le PS et EELV ont finalement publié un communiqué commun appelant à participer à la marche mais en formant un « cordon républicain » physique. Ce qui permettrait de « distinguer dans la manifestation un cortège rassemblant tous les républicains et progressistes, d’une part, et le Rassemblement national et les forces d’extrême droite, d’autre part ». Ils précisent aussi vouloir défiler non seulement contre l’antisémitisme mais aussi « les fauteurs de haine et de racisme ». Car si les actes antisémites se sont multipliés depuis le 7 octobre (avec plus d’un millier signalés selon le ministère de l’Intérieur), les agressions islamophobes et racistes sont aussi en augmentation.

    Au préalable, Marine Tondelier (EELV) et le PS, bien que regrettant la présence de Marine Le Pen et Jordan Bardella, avaient indiqué qu’ils participeraient à la marche. Au contraire de la France insoumise, qui refuse catégoriquement de marcher dimanche. Y compris avec cette proposition de cordon physique : « La gauche d’avant prépare le terrain à l’extrême droite de demain », a commenté le député insoumis Paul Vannier au sujet du communiqué commun. Plus en phase avec la proposition initiale de Fabien Roussel d’organiser une autre marche, l’insoumise Aurélie Trouvé précise pour sa part : « Nous irons à toute initiative contre le racisme et l’antisémitisme qui mette un cordon sanitaire avec le RN et ses idées. Et nous sommes d’ailleurs en discussion avec les forces politiques, associatives et syndicales. C’était déjà en gestation avant leur appel. » La parlementaire ajoute : « Charge à Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher d’exclure le RN. La façon dont est écrit l’appel à manifester a permis au RN de s’y joindre. » De son côté, Jean-Luc Mélenchon a estimé que c’est « sous prétexte d’antisémitisme » et « sans demander le cessez-le-feu » que « les amis du soutien inconditionnel au massacre ont leur rendez-vous ». 

    La Macronie divisée

    En outre, l’invitation de Yaël Braun-Pivet et de Gérard Larcher, a priori ouverte au RN, n’est pas uniquement condamnée à gauche. La majorité macroniste se divise sur la question, comme elle l’est depuis un mois sur la situation au Proche-Orient, entre un groupe d’inconditionnels du gouvernement israélien – autour de la présidente de l’Assemblée et du président de groupe Sylvain Maillard – et les partisans d’un cessez-le-feu. Des députés comme Violette Spillebout soutiennent ainsi l’initiative de la présidente de l’Assemblée, précisant s’associer à un « appel à l’unité nationale pour combattre l’antisémitisme ». En revanche, pour sa collègue Sarah Tanzilli, « les membres d’un parti fondé par des antisémites n’ont rien à faire dans une marche contre l’antisémitisme ». Mais la députée évoque des difficultés à empêcher, concrètement, la présence de certains parlementaires, car « c’est l’Assemblée nationale qui dépose la manifestation en préfecture ».

    En janvier 2015, l’Élysée avait pourtant écarté le Front national de l’organisation de la marche républicaine après les attentats de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher, et ainsi poussé Marine Le Pen à ne pas s’y rendre. Un choix politique visant à ne pas défiler avec le RN est donc tout à fait possible.

    SOUVENEZ-VOUS

    JE SUIS CHARLIE - Retour sur la plus grande manifestation de l'histoire de France. Ils étaient près de 4 millions de personnes qui ont défilé à Paris et dans toute la France après les attentats.

    Le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, qui a annoncé la présence de la première ministre Élisabeth Borne dimanche, joue lui aussi la carte de l’impuissance. S’il estime que « le RN n’a pas sa place » dimanche, il s’en dédouane : « C’est une manifestation publique à laquelle chacun est libre, en conscience, de participer. » Stéphane Séjourné, président du parti Renaissance, a lui été plus offensif en appelant « solennellement les organisateurs ainsi que les partis politiques qui y participeront à ne pas être les complices de la banalisation d’un parti fondé par des antisémites ».

    Ces prises de position ont-elles changé la donne ? Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher se sont exprimés, mercredi soir, sur TF1. Les présidents des deux chambres persistent, jouant du « en même temps ». C’est-à-dire qu’ils ont déclaré ne pas vouloir défiler « à côté » du RN, qui peut donc se rendre tranquillement à la mobilisation. Ils assurent que cette marche n’est « pas politique » : « Nous n’avons invité aucun parti politique. (…) Il n’est pas question de savoir s’ils sont les bienvenus. » « Ne laissons personne salir le message que nous portons ! Les polémiques stériles ne doivent pas dénaturer notre initiative », a affirmé Yaël Braun-Pivet, qui marchera en tête du cortège avec son homologue du Sénat. Soit à quelques mètres de l’extrême droite qu’ils se refusent à repousser.

     

    La confusion la plus complète

    Le point de vue de Jacques Cros

    L’impensable présence du RN et de Reconquête à la marche du 12 novembre contre l’antisémitisme

    Dimanche 12 novembre les Français sont invités à participer à une marche contre l’antisémitisme. On pourrait souscrire, nous avons toujours été contre cette forme de racisme. Sauf que ce faisant ils auront l’occasion de manifester avec le RN dont plusieurs fondateurs se reconnaissent dans le régime antisémite de Vichy.

    C’est que si les gens d’extrême droite n’aiment pas spécialement les Juifs ils détestent encore plus les Arabes. C’est l’héritage de notre histoire coloniale dont ils sont incapables de se guérir. Mieux même, ils rendent les travailleurs d’origine étrangères, surtout s’ils viennent du Maghreb ; responsables de la crise socio-économique insupportable que nous subissons.

    Présentement les musulmans ont pris le relais des israélites comme boucs émissaires. Ça évite de mettre en cause les limites de notre système social sur lesquelles nous buttons. Cette mouvance est attachée à la perpétuation du capitalisme comme mode de fonctionnement du monde, qu’il s’agisse du domaine national ou international.

    Sur ce point c’est à peu près la même position que les initiateurs de la marche du 12. Ils amalgament l’action légitime contre l’antisémitisme au soutien inconditionnel à la politique colonialiste et d’apartheid que suivent les dirigeants israéliens, quelle que soit d’ailleurs leur étiquette, celle qui est la leur actuellement étant fascisante.

    Cette situation présente des similitudes avec celle que nous avons connue au temps du colonialisme dans lequel nous nous étions engagés et des guerres coloniales que nous avons faites pour tenter de le perpétuer. Cela a été le cas, notamment en Algérie. Spoliations, racisme, violence armée… en ont été les caractéristiques. Ce que vivaient les Algériens ressemble beaucoup au sort que connaissent les Palestiniens.

    Il nous paraît que cela devrait éclairer notre jugement sur ce à quoi on nous convie à participer. C’est que, comme à l’époque des guerres d’Indochine et d’Algérie, nous sommes pour la paix et celle-ci ne peut s’instaurer que dans la justice.

    SOURCE : La confusion la plus complète 

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  • Commentaires

    2
    Ponsot Danièle
    Jeudi 9 Novembre 2023 à 18:33

    Tout est dit dans votre commentaire, Jacques Cros!

    1
    Jeudi 9 Novembre 2023 à 15:11

    Il y a deux aspects dans cette affaire. La présence du RN dont les fondateurs se situent souvent parmi les nostalgiques du régime antisémite de Vichy est le premier. En gros l'extrême droite n'aime pas les Juifs mais déteste encore plus les Arabes !

    Le second est la confusion que l'on entretient. Sous couvert de dénoncer l'antisémitisme, ce que nous approuvons, on tente avec cette opération de nous faire soutenir la politique colonialiste et d'apartheid d'Israël.

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