• La guerre est finie, M. Ménard. Et malheur à ceux qui veulent en déclarer de nouvelles ! Vous allez bientôt comprendre...

     

    La guerre est finie, M. Ménard !

     

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    11 décembre 2014 |  Par Alexis Corbière 

    La guerre est finie, M. Ménard !

    La bassesse d’esprit entraine généralement la bassesse des actes. Ce 11 décembre, à Béziers, le Maire Robert Ménard présentera au Conseil municipal une délibération pour effacer le nom de la « rue du19 mars 1962 ». Très courte, située dans un quartier pavillonnaire récent où, hormis les riverains, nul n’a raison de passer, elle est un lieu bien modeste pour rappeler le souvenir du cessez-le-feu de la guerre d’Algérie. Mais, pour Ménard, quelques mètres de rue, c’est encore trop.

    Pourtant, ce conflit fut particulièrement douloureux. Environ 1,7 million d’appelés y participèrent. Plus de 25 000 soldats français y perdirent la vie, dont plusieurs Biterrois tel l’aspirant Michel Pidoux dont, en hommage, une rue de la ville porte le nom. 65 000 furent blessés.

    Par respect pour eux, il importe qu’une date commune permette de commémorer ces vies perdues.

    C’est donc ici à un symbole que le maire d’extrême droite de Béziers a décidé de s’en prendre. Quel symbole ? Celui qui manifeste que la guerre d’Algérie est bel et bien finie. Mais M. Ménard veut qu’elle continue encore et toujours.

    Bien sûr, de nombreux civils furent assassinés après le 19 mars 1962 et des dizaines de milliers de « harkis » engagés dans l’armée française furent massacrés. Il ne faut rien oublier. Bien sûr, la souffrance des « pieds noirs » fut immense, forcés de quitter un pays qu’ils avaient tant aimé et dans le sol duquel sont enterrés leurs ancêtres. Bien sûr, cette date fit débat avant d’être choisie avec la loi du 6 décembre 2012. Mais avec elle, enfin, «La République française institue une journée nationale du souvenir et de recueillement à la mémoire des morts civils et militaires de la guerre d'Algérie (...) fixée au 19 mars».

    Il revient aux historiens d’aider à construire une mémoire commune lucide et apaisée. Donnons-leur la parole et écoutons-les plutôt que de chercher, pour de sombres raisons politiciennes, à diviser les Français – les Biterrois en particulier – avec des petits bouts de mémoire et de rancœur chauffés à blanc.

    Il est temps d’admettre que la guerre d’Algérie fut une guerre coloniale et aussi une guerre civile entre Français, et qu’elle était perdue d’avance parce que le bon droit républicain et son idéal égalitaire n’était pas aux côtés de l’armée française. Aussi dur et cruel à entendre que ce soit pour certains, notre armée a hélas combattu en Algérie pour maintenir un ordre injuste contre le parti des humiliés et des opprimés, en tuant plus de 200 000 Algériens combattants et civils.

    A l’époque, une poignée d’extrémistes, par leur comportement et leurs mots d’ordre, ont creusé un fossé entre les communautés et rendu irréconciliables Arabes et Européens d’Algérie. En 2014, les héritiers de ces ultras, profitent de circonstances passagères pour rejouer la guerre. Ils veulent une dérisoire revanche en effaçant des murs un symbole fragile que cette guerre appartient à l’histoire et qu’il faut aujourd’hui consolider la paix avec les héritiers des combattants d’hier.

    Pour l’honneur de Béziers, les élus municipaux doivent rejeter cette délibération.

    La guerre est finie, M. Ménard. Et malheur à ceux qui veulent en déclarer de nouvelles !

    (Cette tribune a également été publiée dans L'Hérault du Jour, version héraultaise de La Marseillaise)

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