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La mairie de Périgueux choisit la plaque informative au déboulonnage de la statue du controversé Bugeaud
La mairie de Périgueux choisit
la plaque informative
au déboulonnage de la statue
du controversé Bugeaud
La statue de Bugeaud sur la place du même nom à Périgueux (Dordogne) a désormais sa plaque à son pied pour informer sur l'histoire controversée du maréchal. © Radio France - Lisa Guinic
Expliquer plutôt qu'oublier : la mairie de Périgueux en Dordogne a inauguré une plaque informative au pied de la statue du maréchal Bugeaud, sur la place du même nom, ce mardi 5 septembre 2023. Ce personnage historique controversé est à l'origine d'exactions dans l'Algérie du début du XIXe siècle.
À l’occasion des 170 ans de l’inauguration de la statue du maréchal Bugeaud, Delphine Labails, entourée du Conseil municipal et de Olivier Le Cour Grandmaison, maître de conférences en science politique à l'université d'Evry-Val d'Essonne ont procédé à la présentation d’un panneau informatif portant un éclairage historique sur ce personnage controversé, ainsi qu’une information plus générale sur la place Bugeaud et l’auteur renommé de la statue.
Delphine Labails maire socialiste de Périgueux
« Face à ce constat, d’autres auraient sûrement décidé de déboulonner la statue et de renommer la place. Pour ma part, je préfère éclairer l’Histoire, la regarder droit dans les yeux et c’est la raison pour laquelle j’ai choisi d’installer ici même un panneau explicatif et pédagogique sur l’histoire de ce lieu d’abord, sur cette statue comme objet, et notamment comme objet d’art et enfin sur la biographie de Thomas Robert Bugeaud. Afin que chacune et chacun, en passant ici, puisse connaître, au regard de faits avérés, cette histoire. »
"Cela me dit quelque chose parce que c'est le nom de la place, mais c'est tout", "Je n'ai pas trop écouté les cours d'histoire***"*** ou encore "Pas du tout" : difficile pour les Périgourdins, même s'ils passent devant la statue du personnage tous les jours, de décrire qui était Thomas Robert Bugeaud. La mairie de Périgueux espère peut-être y remédier en inaugurant ce mardi soir une plaque informative sur le maréchal qui trône sur la place éponyme, en centre-ville.
A l'occasion des 170 ans de l'installation de la statue à Périgueux, les élus de la Ville de 2023 ont fait le choix d'éclairer sur l'histoire d'un personnage historique controversé : le maréchal Bugeaud a beaucoup fait pour la modernisation de l'agriculture, notamment à Lanouaille en Périgord vert d'où il était originaire, mais il est aussi à l'origine d'une "pacification" de l'Algérie, colonie française au début du XIXe siècle, particulièrement meurtrière. Il y a mené razzias, politiques de la terre brûlée, en détruisant les ressources d'oasis, et enfumades, c'est-à-dire mises à feu de l'entrée des grottes où s'étaient réfugiés des civils.
Ne pas "effacer" l'histoire
Pas question donc de déboulonner la statue. Un mouvement a ainsi pris, au Royaume-Uni et aux Etats-Unis notamment, après la mort de George Floyd, un Afro-Américain asphyxié sous le genou d'un policier en 2020. "En tant qu'élus de la République, notre rôle n'est pas de réécrire l'histoire, déclare Delphine Labails, maire de Périgueux, lors de l'inauguration de la plaque. Nous savons que notre histoire collective comporte des parts sombres, nous ne pouvons pas les effacer, nous ne voulons pas les effacer.
La maire de Périgueux, Delphine Labails, a souligné vouloir "éclairer l'histoire" lors de l'inauguration du panneau informatif place Bugeaud. © Radio France - Lisa Guinic
"Je préfère éclairer l'histoire, la regarder droit dans les yeux",** a ajouté l'édile. Olivier Le Cour Grandmaison, universitaire en sciences politiques, qui a participé à la rédaction du texte sur la plaque, a fait part de son envie de voir l'initiative périgourdine suivie ailleurs. On trouve par exemple le cours Bugeaud à Limoges. A Paris, le maréchal Bugeaud a son avenue et sa statue, sur le musée du Louvre.
La plaque informative au pied de la statue du maréchal Bugeaud pour informer, plutôt que déboulonner. © Radio France - Lisa Guinic
Tout avait commencé ainsi :
8 juillet 2020
Périgueux : faut-il déboulonner la statue
du Maréchal Bugeaud ?
Depuis mardi, une corde entoure le cou de la statue du Maréchal Bugeaud à Périgueux. Les deux artistes à l'origine de cette action invitent à la réflexion autour de ce monument la gloire de cette figure militaire périgourdine controversée.
Les artistes ADNX et Klemere ont installé une corde autour du cou de la statue du Maréchal Bugeaud à Périgueux. © Radio France - Théo Caubel
La statue du Maréchal Bugeaud à Périgueux doit-elle tomber ? La question n'est pas nouvelle mais elle revient depuis plusieurs semaines après le déboulonnage de plusieurs statues à l'étranger de figures historiques jugées racistes. Le débat est relancé cette semaine à Périgueux après que le collectif d'artistes ADNX et Klemere ait installé une corde autour du cou du Maréchal. Une flèche au bout invite les passants à tirer dessus pour faire tomber le monument. "Le sens de l’Histoire" indiquent les auteurs de cette oeuvre.
Des exactions nombreuses en Algérie
Si le Maréchal Bugeaud est un ancien député de la Dordogne au XIXe siècle, le collectif se réfère surtout à son passé en Algérie. Une période durant laquelle Bugeaud pratique les politiques de la terre brûlée et des "enfumades" qui consistent à asphyxier des personnes réfugiées ou enfermées dans une grotte.
Pourtant le déboulonnage du Maréchal est loin de faire l'unanimité. C'est même le contraire. "C'est notre histoire. Et on n'est pas responsable des faits et gestes de nos aïeuls" explique un Périgourdin rencontré plage Bugeaud à Périgueux. "C'est une mode à laquelle il ne faut pas céder" ajoute une autre habitante.
"Compléter la statue"
Les artistes ADNX et Klemere invitent les passants à tirer sur la corde pour faire tomber la statue du Maréchal Bugeaud © Radio France - Theo Caubel
Certains proposent néanmoins de compléter le monument. "Il faudrait que d'autres artistes participent pour peut-être expliquer qui est réellement ce personnage", estime une Périgourdine. Même si certains, en minorité, préféraient qu'on remplace la statue par une autre figure qui elle n'aurait pas un passé raciste.
Pour complément. Merci.
Amitiés.
Une partie du texte de la plaque inaugurée le mardi 6 septembre 2023 à Périgueux qui rappelle le rôle de Bugeaud lors de la colonisation de l'Algérie et lors de la révolution de février 1848.
"Bugeaud reprend du service militaire sous la Monarchie de Juillet (1830-1848). Nommé gouverneur général de l’Algérie en décembre 1840, le général Bugeaud a pour mission de «pacifier» cette colonie. Il va en réalité y engager une guerre totale, particulièrement meurtrière pour les populations autochtones, et marquée par de nombreuses destructions de villages et d’oasis. Confronté à de multiples résistances, Bugeaud déclare aux officiers qu’il commande : « Si ces gredins [les Arabes] se retirent dans leurs cavernes, (...) fumez-les comme des renards. »
De là de terribles enfumades commises à l’encontre de différentes tribus. Nommé Maréchal en 1843, Bugeaud est définitivement de retour en France en 1847. Il est prêt à tout pour défendre la Monarchie de Juillet lors de la révolution de février 1848.Ennemi de la République, il est certes politiquement battu mais il ne renonce pas puisqu’il rédige un traité de la guerre contre-révolutionnaire en milieu urbain intitulé "De la guerre des rues et des maisons" (1849).
Bugeaud meurt du choléra au début de la Deuxième République (1848-1852), après avoir été nommé commandant en chef de l’Armée des Alpes par Louis-Napoléon Bonaparte (1808-1873), futur Napoléon III. "
Plutôt que déboulonner la statue
de Bugeaud, « homme condamnable »
Périgueux y ajoute un rappel historique
La Ville a dévoilé la plaque qui rétablit la vérité historique 170 ans jour pour jour après l’érection de la statue, qui a aussi donné son nom à la place de Périgueux. © Crédit photo : Stéphane Klein/ « Sud Ouest »
C’est la question historique qui fâche en Dordogne et au-delà. La Ville de Périgueux a préféré maintenir la statue du maréchal conquérant de l’Algérie pour « regarder l’Histoire en face sans la réécrire »
Cliquez sur la croix de la vidéo pour mettre le son :
Le maréchal Bugeaud désormais à pile ou face, d’un côté « le grand homme de guerre », de l’autre « l’homme condamnable ». À Périgueux, sur la place qui porte son nom, depuis ce mardi 5 septembre 2023, 170 ans jour pour jour après l’érection de la statue de Thomas Robert Bugeaud, marquis de la Piconnerie, duc d’Isly (1784-1849), la Ville a choisi de « regarder l’Histoire droit dans les yeux ».
Jeanne-Thérèse Bontinck, cheffe du projet patrimoine de Périgueux, a présenté la statue réalisée par le sculpteur Auguste Dumont, également auteur de celle d’Excideuil. Stéphane Klein/ « Sud Ouest »
« Nous le savons aujourd’hui, le maréchal Bugeaud n’a jamais été un héros », a déclaré solennellement en cette date anniversaire Delphine Labails, maire socialiste de Périgueux, lorsqu’elle a dévoilé un panneau explicatif et pédagogique sur l’histoire du militaire « érigé en héros dans la France du XIXe siècle ».
« Un souvenir populaire »
Sur le socle de la statue, réalisée par Auguste Dumont, « qui fut Grand Prix de Rome », Thomas Robert Bugeaud, issu d’une famille noble du Périgord vert, est toujours « celui qui a vaincu, pacifié et colonisé l’Algérie », ainsi que « l’ami et conseiller des laboureurs, qui a aimé et pratiqué l’agriculture ». En particulier dans ce Périgord où il fut maire d’Excideuil (où il a aussi sa statue) et créateur du premier comice agricole français à Lanouaille. Si on baisse le regard, Bugeaud, est cette fois « un homme condamnable lié à l’histoire coloniale de la France », symbole de sa barbarie en Algérie.
« Bugeaud a déclaré sans sourciller ‘‘ Eussé-je 50 000 femmes et enfants devant moi, je mitraillerais’‘ »
Voici le point de vue
de l'historien Pascal Blanchard
« Gueugnon (Saône-et-Loire) « Lors de la guerre d’Algérie, on a vécu des choses auxquelles on n’était pas préparé »Orthez : le témoignage poignant de l’appelé Castéra sur la torture en Algérie »
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Commentaires
6LAMBOUR JacquesJeudi 7 Septembre 2023 à 19:47Je n'avais pas vu la photo avec la corde, cette image, ce jugement lapidaire me choque.
Du coup, et du cou, je suis d'accord avec un seul point de vue de Delon. Il nous est difficile de juger.
C'est d'ailleurs ce que ressentent tous les anciens appelés quand on leur balance avec un regard qui en dit plus long que tous les commentaires "Ah oui, t'as fait la guerre d'Algérie !"
Par contre, je ne trouve pas du tout que cette initiative alimente la haine, la vérité historique s'adresse à l'intelligence, et non aux ressentiments.
Ce qui est anachronique Monsieur Delong c'est de se voiler la face sur les méfaits du colonialisme et du rôle joué par Bugeaud dans la conquête d'un pays étranger avec toutes les violences que cela comportait.
Quant à la question de savoir pourquoi les Africains n'aiment pas la France, interrogez vous sur les conséquences du néocolonialisme qu'elle pratique dans ses anciennes colonies.
Entièrement d'accord avec Pascal Blanchard. Conserver et expliquer.
Si en temps utile on avait d'avantage expliqué dans nos livres d'histoire les forfaits du boucher Bugeaud en Algérie, peut-être qu'une promotion de Saint Cyr Coëtquidan n'aurait pas eu l'impudeur de choisir ce nom comme nom de baptême.
3DELONGMercredi 6 Septembre 2023 à 16:54C'est anachronique !
Les principes de 1840 n'ont rien à voir à ceux de nos jours.
De plus cela alimente le ressentiment de haine à l'égard de notre pays eu égard à la coulpe excessive de certains
2LAMBOUR JacquesMercredi 6 Septembre 2023 à 10:38Lui, il perd l'auréole de sa casquette.
Moi, je tire mon chapeau à cette intelligente initiative.
Nous, nous oublieront pas.
Et la fanfare de Périgueux a pour l'inauguration de cette plaque informative joué "La casquette du père Bugeaud" ?
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Michel Dandelot
Ancien appelé
de la sale guerre d'Algérie
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du
Combattant
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mais le
colonialisme
Bugeaud-bourreau
des «indigènes» algériens
et ennemi
de la République
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Mon dernier message me turlupine. Pourquoi cette corde au cou m'a spontanément choqué, et me choque encore bien que je saisisse l'intention et les explications des artistes et des concepteurs. Merci à eux, d'inviter les passants à ce déboulonnage symbolique.
Mais en ce qui me concerne la corde n'évoque pas le renversement de la statue et de l'image légendaire qu'elle était censée véhiculer. La corde au cou m'évoque la mise à mort... Nous somme dans une société qui a supprimé la peine de mort. Cette suppression ne peut s’accommoder d'aucune exception quelque soit la monstruosité des crimes commis.
Si on admet le contraire on pourrait alors s'accommoder d'une statue, pourquoi pas, guillotinée, décapitée.
Je demande aux artistes de bien vouloir m'excuser, mais je ne pouvais me taire.
Jacques Lambour
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