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La médaille de l’indécence décernée au gouvernement
La médaille de l’indécence décernée
au gouvernement
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Au sortir du conseil des ministres, Sibeth Ndiaye a indiqué qu’une médaille serait attribuée à celles et ceux qui ont fait face à l’épidémie de Covid-19. Une décision qui suscite la consternation chez les personnels soignants de la région, invités à réagir par «La Marseillaise».
La porte-parole du gouvernement a annoncé hier qu’une « médaille de l’engagement face aux épidémies » serait « réactivée », afin de « récompenser les personnes qui se sont dévouées pendant la crise du Covid-19 ». Cette proposition avait été portée par un député LR, Philippe Gosselin, qui avait déposé une proposition de loi en ce sens.
Souvenir du choléra
La décoration avait été créée à la suite de l’épidémie de choléra de 1884 et visait à « récompenser ceux qui se sont particulièrement dévoués pendant les périodes de maladie épidémique », a rappelé Sibeth Ndiaye. Cette récompense avait disparu au début des années 1960. « Elle pourra être décernée à titre individuel ou collectif et fera l’objet prochainement d’un décret qui la réactualisera », a expliqué la porte-parole. Elle a également indiqué qu’une promotion unique de l’Ordre national du mérite et de la Légion d’honneur sera publiée le 1er janvier 2021 avec « une part importante de personnes ayant contribué à la lutte contre le virus dans tous les domaines d’activité ».
Pascale Jourdan, infirmière, Marseille
« Est-ce que ça répond aux attentes des soignants ?! On se fout de notre gueule ! On a une banderole où il est justement écrit "ni prime ni médaille, des moyens pour les soignants". Qu’est-ce que vous voulez qu’on fasse d’une médaille alors que le point d’indice est gelé depuis 10 ans ? Ce qu’il nous faut ce sont des moyens pour l’hôpital et une reconnaissance des soignants. Le niveau d’études des infirmières n’est toujours pas reconnu. On demande à être catégorie A avec une prise en compte de la pénibilité. »
Marcel Touati, médecin, Marseille
« Le gouvernement Macron et sa porte-parole se moquent du monde. C’est effarant de s’imaginer contenter les soignants avec une décoration qui ne coûte rien. Il continue de gérer le monde de la santé comme le reste de la population. Ce que les soignants demandent, ce sont des rémunérations décentes et des recrutements massifs dans l’hôpital public et dans les Ehpad mais aussi l’effacement de la dette des hôpitaux comme le demande la lettre-pétition lancée par La Marseillaise. »
Elisa Gilabert, infirmière, Martigues
« Je suis partagée entre rage, dégoût et dépit. Leur médaille, leur hommage du 14 juillet, qu’est-ce qu’ils vont encore inventer pour ne pas commencer à faire contribuer les riches par l’impôt ?! Ce qu’on demande c’est un plan d’investissement massif. On veut une rémunération décente pas des primes. On veut rompre avec les logiques comptables dans l’hôpital public. Nous en réanimation, il a fallu faire intervenir les syndicats pour que les soignants soient payés en heures sup’ pendant qu’on les qualifiait de héros à la télé. »
Rémi Boiset, infirmier en libéral, Aix
« Je trouve cette idée infantilisante. Comme si on faisait ce métier pour une médaille... On se faisait gazer dans la rue il y a quelques mois et maintenant les mêmes parlent de nous comme des héros... J’ai des collègues qui ont attrapé le coronavirus parce qu’elles n’avaient pas de masques. Moi je travaille avec des masques fabriqués quand j’avais l’âge de 13 ans !!! Ce mercredi un pharmacien m’a refusé des masques FFP2... Il faut des moyens pour tous pas des médailles. »
L.M.
« Brève missive à l’attention du Président : supprimez les cérémonies du 14 juillet 2020 ! PAR OLIVIER LE COUR GRANDMAISONAprès le Covid-19, le gouvernement et l’Etat devront faire face à une épidémie de plaintes »
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Commentaires
On dira c qu'on voudra mais une médaille ce n'est pas rien ! Tiens ça me fait penser que j'en ai une, celle des opérations de maintien de l'ordre et de la sécurité en Algérie. Mais si on pouvait m'attribuer celle, réactivée, de 1884, je la mettrais sur ma poitrine ! Et même je suis disposé à défiler sur les Champs Elysées pour le 14 juillet. Je reconnais toutefois que je n'étais pas volontaire pour les sacrifices qui m'ont été demandés quand j'avais 20 ans pour défendre l'honneur et la gloire de notre patrie ! Mais bon, j'y étais. Ah, pour le covid-19 ? Eh non, je n'ai pas fait beaucoup et j'ai eu des angoisses, des fois qu'ils rappellent les réservistes lors de la réouverture des établissements scolaires. C'est que j'ai bien compris l'orientation que suivent nos dirigeants, les vieux il faut en tirer du travail et de l'argent.