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La visite d’Etat du président algérien en France une fois de plus reportée
La visite d’Etat du président algérien
en France une fois de plus reportée
France© Fournis par Hespress
La visite d’état en France du président algérien est de nouveau reportée selon toute vraisemblance. Ce voyage initialement prévu en mai puis en juin, ne devrait finalement avoir lieu qu’à la fin de l’été, voire à l’automne à moins d’un autre grave coup de froid en cette fin de saison où les épidémies de grippe sont fréquentes, ne le reporte une fois de plus.
Faut dire également que tous les quinze jours, c’est une nouvelle histoire qui résonne d’un côté de la Méditerranée à l’autre. En effet après avoir ajourné la visite présidentielle initiale en France de mai, Alger l’avait reportée au mois de juin et puis du coup et selon les informations d’une radio française, la troisième visite d’un chef d’Etat algérien en France… en soixante ans, est de nouveau reportée aux calendes grecs. Tebboune devait atterrir normalement à Paris dans la seconde quinzaine de juin, mais sa visite a mystérieusement été (encore une fois) reportée de quelques semaines croit savoir le média.
Trois visites en soixante et un ans d’indépendance on ne peut que s’interroger sur une telle paucité. Dans le sens inverse, tous les présidents français de la Vème République se sont rendus au moins une fois en Algérie. La toute première visite d’un chef d’Etat algérien remonte à novembre 1983 quand Chadli Bendjedid avait cru comprendre que les relations franco-algériennes avaient échappé aux rancunes. La dernière fut celle de Abdelaziz Bouteflika en juin 2000. En vain aussi car depuis, les rancunes ne se sont toujours pas tues.
Tout indique qu’après l’espoir qui avait prévalu lorsque la France et l’Algérie avaient soi-disant tourné officiellement la page d’une crise diplomatique (le temps d’un entretien téléphonique entre les deux présidents pour l’affaire Bourraoui), le régime sénile d’Alger, s’éloigne de la France, dans ce qui s’apparente à une dérive des continents. C’est que la liste des contentieux entre les deux pays est un peu trop longue à décanter. En effet et bien que les relations franco algériennes se soient officiellement apaisées par rapport à naguère, des tensions subsistent encore.
Alger n’a de cesse de voir des attaques répétées de l’autre côté de la Méditerranée. Par exemple à travers le livre publié récemment, l’ancien ambassadeur de France à Alger, Xavier Driencourt, dénonce le traité franco-algérien de 1968 qui définit les conditions d’accueil et de séjour des Algériens en France. Ce lundi, l’interview dans “L’Express » de l’ancien Premier ministre, Edouard Philippe, où il juge cet accord bilatéral laxiste et dépassé, a fait crisper un peu plus les relations entre les deux pays.
Cela dit, Emmanuel Macron et son homologue algérien n’arrivent pas à s’accorder sur une date de visite. On prétexte un agenda chargé de part et d’autre, le premier met en avant le contexte du conflit en Ukraine et le second aurait ce fameux un impératif de présence à Alger pour les commémorations de l’indépendance algérienne. Aussi tout en gardant l’espoir d’une « visite d’Etat » à Paris, on murmure qu’elle devrait se faire à la rentrée voire à l’automne prochain à moins que de nouvelles brouilles diplomatiques ne viennent réfréner le semblant d’ardeurs de part et d’autre.
C’est que le régime d’Alger reproche toujours à la France de maltraiter ses nombreux ressortissants. La crise des visas de 2021 a entraîné pendant des mois le rappel de l’ambassadeur d’Algérie en France. Les capos d’Alger reprochent à la France ses interventions militaires passées en Afrique, jugées intempestives, et ses liens avec le Maroc et Israël. Outre le contentieux historique brandi par l’État algérien – bien qu’il indiffère les Algériens d’Algérie –, le régime dénonce de prétendues ingérences françaises sur la scène politique algérienne.
Mais ils sont encore d’autres sujets litigieux et qui ne risquent pas de trouver une issue et constituent les grands points sensibles de la relation entre Paris et Alger. La question de la mémoire de la colonisation de l’Algérie par la France au 19e siècle et de la guerre d’Algérie (1954-1962), au cœur du reste, de plusieurs disputes ces dernières années, en est une. Les deux pays multiplient certes, des efforts pour reconstruire une relation plus apaisée mais bien d’accrocs perdurent encore.
SOURCE : La visite d’Etat du président algérien en France une fois de plus reportée
Ce que contient l’accord de 1968 entre la
France et l’Algérie
Remis en question par une partie de la droite française, l’accord qui facilite l’arrivée des Algériens en France a pourtant déjà été révisé à deux reprises. Explications.
Les présidents Abdelmadjid Tebboune et Emmanuel Macron, à Alger, le 27 août 2022. © Ludovic MARIN/AFP
Compte tenu de ses positions bien connues, Marine Le Pen n’avait pas beaucoup surpris quand elle a déclaré, le 20 octobre 2022 au micro d’Europe 1, « je souhaite remettre en cause l’accord de 1968 avec Alger ».
L’effet a été tout autre quand l’ex-Premier ministre d’Emmanuel Macron, Édouard Philippe, évoluant bien plus au centre de l’échiquier politique français, s’est exprimé dans les mêmes termes, le 8 juin, dans les colonnes de L’Express : « Il est temps de remettre en cause l’accord de 1968 avec l’Algérie. »
Venant d’un homme politique très populaire et possible candidat à la prochaine présidentielle, cette déclaration a provoqué des grincements de dents à Alger. Du côté de la droite gaulliste française, elle a levé un tabou : le 7 juin, le groupe Les Républicains déposait à l’Assemblée nationale une proposition de loi visant « à la dénonciation, par les autorités françaises, de l’accord franco-algérien du 27 décembre 1968 ».
Cet accord franco-algérien, qui venait compléter les accords d’Évian de 1962 et qui a été révisé en 1985, puis en 1994, établit un régime d’exception pour les Algériens facilitant – par rapport aux autres nationalités soumises au droit commun – leur entrée, leur résidence, leur régularisation et les modalités du regroupement familial en France.
Paris et Alger, se disant à l’époque « soucieux d’apporter une solution globale et durable aux problèmes relatifs à la circulation, à l’emploi et au séjour des ressortissants algériens sur le territoire français » et « conscients de la nécessité de maintenir un courant régulier de travailleurs », y prévoyaient, mesures concrètes à l’appui, « de faciliter la promotion professionnelle et sociale des travailleurs algériens, d’améliorer leurs conditions de vie et de travail, et de favoriser le plein emploi de ces travailleurs qui résident déjà en France ou qui s’y rendent par le canal de l’Office national de la main-d’œuvre, dans le cadre d’un contingent pluriannuel déterminé d’un commun accord ». Avec à la clé, notamment, des règles relativement souples en matière de regroupement familial.
La possible remise en question du texte pourrait donc avoir des conséquences pour un grand nombre d’Algériens résidant en France ou ayant prévu de s’y rendre prochainement, et l’inquiétude est vive.
“Ces sorties sont perçues ici comme un élément du débat politique interne français, réagit à Alger le diplomate et ancien ministre Abdelaziz Rahabi. La déclaration de Philippe est regrettable car elle peut être lue comme une déclaration de politique étrangère du candidat qui place l’Algérie au centre du débat de la prochaine présidentielle après que les précédentes se sont focalisées sur l’islam ».
Agenda franco-français
À plus court terme, l’ouverture de ce débat s’inscrit dans la préparation d’une énième grande loi française visant à « contrôler l’immigration » dont le projet a été présenté en février. Dans la même interview, Édouard Philippe affirme également son soutien aux propositions du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, mais juge la loi en préparation « insuffisante » quelques lignes avant d’évoquer la remise en question de l’accord de 1968. Cherchait-il, dans cette interview, à jeter un pont entre la Macronie et la droite, tout en coupant l’herbe sous le pied de l’extrême droite ? Ayant abondé dans son sens, les Républicains n’y semblent pas insensibles.
Édouard Philippe n’a d’ailleurs pas été le premier, le 8 juin, à permettre à la droite de s’approprier la proposition de supprimer l’accord de 1968. Le 22 mai, le diplomate Xavier Driencourt signait pour le think tank Fondapol un texte intitulé « Que faire de l’accord franco-algérien de 1968 ? »
« La question qui se pose aujourd’hui, conclut l’auteur, est celle de la remise à plat du dispositif créé en 1968 au profit des Algériens, voire de son éventuelle suppression. » À son sens, l’accord est obsolète et son réexamen rendu nécessaire par le refus d’Alger de délivrer des laissez-passer à ses ressortissants faisant l’objet d’une Obligation de quitter le territoire français (OQTF).
Ambassadeur de France à Alger de 2008 à 2012, puis de 2017 à 2020, Driencourt peut se targuer d’être un bon connaisseur de l’Algérie où il a officié au plus fort du « règne » des Bouteflika, puis à leur chute.
Il en a tiré un essai paru en mars 2022, L’Énigme algérienne. Chroniques d’une ambassade à Alger (L’Observatoire), très critique et alarmant sur le régime algérien, où il formulait déjà la proposition de mise en cause de l’accord de 1968. Fondapol, qui se présente comme progressiste et libéral, a été à l’origine fondé par l’UMP de Jacques Chirac. Avec trois publications sur dix depuis janvier, le sujet migratoire semble également au premier rang de ses préoccupations.
Comme le déplore Abdelaziz Rahabi, ces agendas franco-français négligent le contexte fragile des relations entre Alger et Paris. Après la crise des visas avec le Maghreb déclenchée entre septembre 2021 et décembre 2022 par la réduction drastique des documents accordés par Paris, la relation entre les gouvernements français et algérien se relève à peine de la brouille de février-mars déclenchée par l’affaire de la militante franco-algérienne Amira Bouraoui qui avait motivé le rappel de son ambassadeur par Alger.
Le réchauffement devait se poursuivre avec la visite d’État du président algérien Abdelmadjid Tebboune, plusieurs fois annoncée et repoussée, et qui, selon certaines sources, pourrait maintenant être reportée à l’automne. L’ouverture du débat sur l’accord de 1968 jusqu’à l’Assemblée nationale a-t-elle rouvert la plaie ?
“Ce n’est pas la première fois que la révision de l’accord est mise sur la table. Elle avait même été annoncée par Valéry Giscard d’Estaing en même temps que l’expulsion de 30 000 détenteurs de cartes de résidents par an, que nous nous préparions à recevoir. Mais Mitterrand, à l’époque ami de l’Algérie, est arrivé au pouvoir”, rappelle le diplomate algérien Rahabi, alors impliqué dans le dossier, qui se demande « à quoi cela sert-il d’ouvrir cette boîte de Pandore alors que le régime commun tend à devenir la règle pour les Algériens, dans les consulats comme dans les préfectures ? D’ailleurs, regardez les statistiques, les Algériens ne constituent même pas le premier contingent de migrants ». En effet, précise l’Insee, »les immigrés arrivés en France en 2020 sont plus souvent nés au Maroc (9,5 %), en Algérie (7,1 %), en Tunisie (4,5 %) ».
Interrogée quant à l’éventuelle volonté du gouvernement français de dénoncer l’accord de 1968 lors d’un point presse organisé ce jeudi 8 juin dans l’après-midi, la porte-parole du ministère des Affaires étrangères a, de son côté, rappelé que le texte avait déjà été « amendé à plusieurs reprises (…) pour l’adapter aux intérêts des deux pays et des populations , y compris pour tenir compte de l’impératif de lutte contre les migrations irrégulières » et que la « coopération migratoire » restait un sujet que les deux gouvernements abordent dans le cadre d’un « dialogue régulier », laissant ainsi entendre qu’une dénonciation pure et simple du traité n’était pas à l’ordre du jour à Paris.
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SOURCE : Ce que contient l’accord de 1968 entre la France et l’Algérie – Jeune Afrique
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